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Chambre des représentants de Belgique
Séance du jeudi 10 novembre
1831
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre, notamment
lettre relative au fait personnel levé par le président le 4 novembre (Pirson, de Gerlache)
2) Proposition de loi accordant des facilités
aux habitants des territoires cédés par le traité des 24 articles (en matière
notamment de naturalisation) (Nothomb, Gendebien, Ch. Vilain XIIII, Delehaye, Devaux, Gendebien, Milcamps, Dewitte, Lebeau)
3) Proposition de loi relative au droit des
barrières (Jonet)
4) Projet de loi accordant des crédits
provisoires pour l’exercice 1831
5) Proposition de créer une commission d’enquête
sur les causes et les auteurs des revers de la campagne militaire du mois
d’août 1831 (Milcamps, Marcq, Dumortier, Barthélemy, d’Elhoungne, Milcamps, d’Huart, Le Hon, Gendebien,
Barthélemy, Le Hon, de Theux, Van Meenen, Gendebien, Destouvelles, d’Elhoungne, Van Meenen, Devaux, Lebeau, Gendebien,
Van Meenen, Dewitte, F. de Mérode, Lebeau, Gendebien, Bourgeois)
(Moniteur belge n°150, du 12 novembre 1831)
(Présidence de M. de Gerlache.)
La séance est ouverte
à une heure moins un quart.
M.
Jacques fait l’appel nominal.
M. Dellafaille donne lecture du
procès-verbal de la dernière séance. Il est adopté.
PIECES ADRESSES A LA
CHAMBRE
M.
Lebègue fait l’analyse des pétitions.
M. le président. - J’ai reçu une lettre de M. Pirson ; elle
m’est adressée comme président de la chambre ; cependant elle commence par ce
mot : Messieurs. Veut-on qu’il en soit donné lecture ? (Oui ! oui !)
M.
Lebègue donne lecture de cette lettre :
« Dinant, 7
novembre 1831.
« A MM. les
membres de la chambre des représentants.
« Messieurs,
« C’est de mon
lit que je dicte ces quelques mots.
« Je ne sais si
je dois une réponse aux explications que M. de Gerlache a données à la tribune
national, le 4 novembre, sur la lettre que j’avais adressée au journal l’Emancipation. Oui, ne fût-ce que comme
acte de remerciement envers ceux de mes collèges qui ont invoqué des réserves
en ma faveur. M. de Gerlache lui-même a fait une réserve qui semble provoquer
cette réponse ; elle sera courte.
« Je ne peux que
me répéter, quant aux faits ; quant aux termes, ils pourront être moins durs,
parce que je ne suis plus sous la première impression de circonstances aussi
fâcheuses que possible.
« Je sais fort
bien, dit M. de Gerlache, que M. Pirson pouvait toujours demander la parole
pour un rappel au règlement. Eh bien ! j’ai demandé la parole pour un rappel au
règlement, et M. le président me l’a refusée. Il m’a opposé une décision de la
chambre, prise la veille en comité secret, d’après laquelle on ne pourrait
demander la parole, même pour un rappel au règlement.
« Après grande
altercation, il a été reconnu, par M. le président lui-même, que le bureau
s’était trompé, et que cette décision n’existait pas. J’ai obtenu la parole.
« Quant au fait
de ma visite à M. le président, elle n’avait d’autre but que d’empêcher un
antécédent qui, s’il pouvait d’établir avec quelques renforcements
liberticides, renverserait de fond en comble la constitution. Je lui proposai
de demander moi-même la clôture de la discussion en public, et c’est à ce
propos que je jure sur mon honneur que les noms de Seron et de Robaulx furent
prononcés par M. de Gerlache. Peut-être ajouta-t-il : « et aux membres de
l’opposition qui n’ont pas voulu se soumettre au comité secret. » Ensuite,
M. de Gerlache me fait dire une sottise que personne ne croira : je lui aurais
annoncé, dit-il, que je demanderais la parole contre le règlement. C’est bien
au contraire pour le rappel au règlement que je la lui ai demandée, qu’on me
l’a refusée d’abord, et qu’enfin je l’ai obtenue.
« Je renouvelle
un rapprochement que j’ai fait.
« M. le
président a été prévenu que je demanderais la parole pour un rappel au
règlement. Quand je l’ai demandée, on m’a opposé une décision qui n’existait
pas, qu’on a reconnue être l’effet d’une erreur au procès-verbal de la veille ;
eh bien ! si, dans ce rapprochement, M. le président n’y a été pour rien, ce
qui est dans l’ordre des choses possibles, cette circonstance est malheureuse
pour lui, et a pu exciter en moi une prévention, dont heureusement il n’est pas
victime ; vous l’avez absous.
« Quant aux
pardons ironiques qui se succèdent dans les explications de M. de Gerlache, son
appel à Denis de Syracuse, à la femmes de César et autres gentillesses
d’après-dîner, voire même le caractère d’un enfant d’Escobard dont il
m’acquitte, je n’ai rien à dire !
« M. Lebeau, en
comité secret, a dit, « par habitude, » que la minorité était dupe
des orangistes ; et moi je répète que la minorité a été dupe de certains chefs
de file qui ont de bonnes raisons pour craindre la lumière. M. le président,
tout rusé qu’il est, a pu de même être leur dupe.
« J’ai l’honneur
d’être votre affectionné collègue, Pirson.
« P. S. Je vous
ai dit, messieurs, que j’étais alité. Je retournerai à mon poste aussitôt que
ma santé me le permettra. »
M. le président. - Si M. Pirson désire de nouvelles
explications, j’attendrai qu’il soit de retour. (Non ! non ! C’est assez !) Dans tous les cas, je ne répondrai pas à
une lettre.
PROPOSITION DE LOI
ACCORDANT CERTAINES FACILITES AUX HABITANTS DES TERRITOIRES CEDES PAR LE TRAITE
DES 24 ARTICLES
M. Nothomb a la parole pour lire
la proposition qu’il avait déposé il y a quelques jours, et dont les sections
avaient autorisé la lecture.
Le soussigné, membre
de la chambre des représentants, a l’honneur de faire la proposition suivante :
« Léopold, Roi
des Belges,
« A tous
présents et à venir ;
« Considérant
que les populations des territoires dont la cession est exigée par le traité de
séparation entre la Belgique et la Hollande qu’elles se sont associées à la
révolution belge, et ont contribué par leurs efforts, leur courage et leurs
sacrifices, à fonder l’indépendance de la patrie ;
« Que la
Belgique, tout en cédant à la loi de nécessité qui lui impose l’abandon de ces
territoires ne peut méconnaître la dette qu’elle a contractée envers les
habitants, et qu’il est en son pouvoir de la remplir ;
« Nous avons, de
commun accord avec les chambres, décrété et nous ordonnons ce qui suit :
« Art. 1er. Les
habitants des places et territoires qui seraient séparés de la Belgique par le
traité imposé par la conférence de Londres continueront à être considérés comme
Belges, à la condition que leur intention est de jouir des bénéfices de la
présente disposition, et de fixer leur domicile en Belgique.
« La déclaration
devra être faite à partir du jour de l’exécution du traité, dans le délai et de
la manière déterminés par l’article 133 de la constitution.
« Art. 2. Les
fonctionnaires de l’ordre judiciaire et administratif, qui auront usé du
bénéfice de la disposition précédente, jouiront des deux tiers de leur
traitement actuel aussi longtemps qu’ils n’auront pas été placés avec le même
titre et le même grade en Belgique.
« Art. 3. Dès
que l’état financier de la Belgique le permettra, il sera formé un fonds
destiné à indemniser ceux des habitants qui, s’étant gravement compromis sans
être fonctionnaires publics, se seront établis en Belgique conformément à
l’article premier, et dont les intérêts auront été lésés par ce déplacement.
« Bruxelles, le
7 novembre 1831.
« Signé :
Nothomb. »
Après la lecture de
sa proposition, l’orateur ajoute. - Comme dans plusieurs sections, on a trouvé
que la discussion de ma proposition serait prématurée, et qu’elle devait être
soumise à l’éventualité de l’adoption des 24 articles par le gouvernement, j’en
ajournerai le développement, si cette opinion est partagée par la chambre. (Appuyé.)
M. Gendebien. - Je ne sais si,
dans les sections, on s’est occupé de la tempestivité ou de l’intempestivité de
la discussion de la proposition de l’honorable M. Nothomb. Dans la nôtre, il
n’a été question que de savoir si la chambre devait entendre la lecture de
cette proposition. Quant à moi, messieurs, je pense qu’il est du plus grand
intérêt d’en entendre le développement, et de prendre une décision. C’est une
fiche de consolation que nous donnons à des hommes que nous avons eu la
faiblesse d’abandonner ; c’est le moyen d’éviter peut-être de leur part une
séparation violente, et je ne pense pas que la chambre doive reculer devant une
mesure de justice et d’équité.
M. Ch. Vilain XIIII appuie M. Gendebien,
sur le motif que, si la chambre veut ajourner la discussion, elle ne peut
prononcer (manque quelques mots).
M. Nothomb. - Je propose lundi pour mes développements.
M.
Delehaye. - Je partage les sentiments de M. Gendbeien,
mais il me semble que, pour ne pas rendre une décision inutile, il faut
attendre que le gouvernement ait accepté le traité de paix ; car, jusqu’ici, il
n’y a pas lieu de statuer sur la proposition de M. Nothomb.
M.
Devaux
partage l’avis du préopinant.
Après une longue
discusison, à laquelle prennent part M. Ch. Vilain XIIII, M.
Gendebien, M. Milcamps, M. Dewitte et M.
Lebeau,
sur la question de savoir si ces développements seront entendus lundi ou seulement
après l’adoption des 24 articles, l’assemblée décide que ces développements
auront lieu lundi.
PROPOSITION DE LOI
RELATIVE AU DROIT DES BARRIERES
M. Jonet donne lecture de la
proposition suivante :
« Vu les articles
27 et 28 de la constitution, et les articles 34 et 35 du règlement,
« J’ai l’honneur
de proposer à la chambre le projet de loi suivant :
« Léopold, etc.
« Vu l’article
7, paragraphe 1, du décret du 6 mars 1831, portant : « Sont exempts : les
chariots, voitures et animaux exclusivement chargés d’engrais, fumiers ou
cendres pour l’agriculture, lorsque le chariot sera au moins au deux tiers
complets ; »
« Attendu que,
dans certaines localités, les préposés à la recette des barrières exigent,
contrairement à l’esprit de cette loi, des droits sur les chariots, voitures et
animuax qui passent à vide en allant chercher ou aprèsavoir condut du fumier,
des centres ou de l’engrais pour l’agriculture ;
« Nous avons, de
commun accord avec les chambres, décrété et nous ordonnons ce qui suit :
« Artilce
unique. Sont exempts du droit de barrière, non seulement les chariots,
voitures et animaux exclusivement chargés d’engrais, fumiers ou cendres pour
l’agriculture, lorsque le chariot sera au moins au deux tiers complets, mais
encore les chariots, voitures et animaux qui passent aux barrières à vide en
allant chercher ou après avoir conduit les fumiers, cendres ou engrais
prédésignés.
« Mandons et
ordonnons, etc.
« Bruxelles, le
8 novembre 1831. »
La chambre entendra
lundi les développements de cette proposition.
PROJET DE LOI
ACCORDANT DES CREDITS PROVISOIRES POUR L’EXERCICE 1831
M. de Theux fait un rapport au
nom de la commission chargée de proposer un prohet sur les crédits provisoires
à accorder au ministre des finances.
- Le rapport, les
conclusions de la commission et les tableaux joints au rapport seront imprimés
et distribués.
La discussion est
renvoyée à samedi.
PROPOSITION DE CREER
UNE COMMISSION D’ENQUETE SUR LES CAUSES ET LES AUTEURS DES REVERS DE LA
CAMPAGNE MILITAIRE DU MOIS D’AOUT 1831
M. le président. - L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition
de M. Gendebien et des questions contenues dans le rapport de M. d’Elhoungne.
M.
Milcamps parle contre la proposition de la commission.
M. Marcq parle également
contre la proposition.
M. Dumortier, répondant à M.
Milcamps, insiste sur la nécessité d’une enquête qui a été demandée par une
proposition signée par 14 membres de la chambre, quelque temps après l’invasion
du pays par l’armée ennemie, qui s’était avancée jusques aux portes de la
capitale. L’orateur finit par demander la nomination de la commission.
M.
Barthélemy. - Messieurs, vous avez ordonné une enquête, et
j’entends dire sans cesse que le droit d’enquête est vague et indéfini, et que
la constitution ne trace aucune limite à l’exercice de ce droit. Je suis fâché
de le dire, mais quand on a fait la constitution, on aurait dû, pour s’éclairer
sur l’enquête, en référer au bon sens et aux usages constitutionnels. On s’est
dit : « En Angleterre, le droit d’enquête est consacré ; nous voulons
aussi être investis du même droit. » Comment procède-t-on donc en
Angleterre ? Le parlement juge et administre. Quand la chambre des lords accuse
un de ses membres, elle règle la forme des débats qui s’ouvrent dans son sein
sur la forme des débats judiciaires. Quand il s’agit d’une question d’impôt,
elle ordonne une enquête de commodo et
incommodo, ou consulte des négociants et des fabricants. Pour vous,
messieurs, vous avez aussi plusieurs manières précises d’exercer le droit
d’enquête que vous donne l’article 40 de la constitution. Vous pouvez faire une
enquête sur les titres et les qualités des membres de votre chambre ; vous
pouvez encore vous former en chambre des mises en accusation : alors vous
prenez des informations, vous posez des faits, et vous invitez la personne dont
vous voulez avoir des renseignements à se présenter. Voilà la marche à suivre,
si un délit a été commis par un ministre. Rappelez-vous, messieurs, ce qui
s’est passé lors de la proposition faite à la chambre des députés de France par
M. Labbey de Pompières, et tendant à l’accusation du ministère Villèle. La
chambre avait ordonné une enquête, mais on avait oublié d’indiquer le mode
qu’il convenait de suivre ; on avait oublié de dire que la commission aurait le
droit de faire citer devant elle les témoins dont les dépositions devaient
corroborer ou détruire l’accusation. Quelques témoins se présentèrent, d’autres
se refusèrent à venir, et l’accusation tomba. Quand, au contraire, on a mis en
accusation le ministère Polignac, alors aucune formalité légale n’a été
oubliée, et à l’acte d’accusation a succédé, en vertu du pouvoir que la chambre
avait donné à sa commission, l’audition de nombreux témoins. Mais vous,
messieurs, vous voulez faire une enquête quand vous n’avez pas à procéder sur
une plainte précise, quand il y a tout à la fois plainte contre tous et contre
personne : à qui la commission s’adressera-t-elle pour avoir des renseignements
? Sur les onze premières questions proposées par la commission, on ne pourra
s’adresser qu’au ministre de la guerre ; car ces questions consistent à savoir
quel était l’état de l’armée à telle ou telle époque (manque deux ou trois mots) égard. Eh bien ! comme le ministre de la
guerre n’est pas obligé, il ne répondra pas ; il refusera les explications
verbales, et à défaut de ces explications, la commission demande la
communication des dossiers, des archives et de la correspondance du ministre.
La commission aura-t-elle un moyen pour obliger le ministre à lui faire cette
communication ? Non, et il arrivera précisément ce qui est arrivé en France
pour la proposition de M. Labbey de Pompières.
J’entrerai dans
quelques détails pour vous prouver que vous savez déjà les réponses qui peuvent
être faites à la plupart des questions.
Le 22 juin, époque
voisine du 30 (rire), le
gouvernement, prévoyant le cas où, à cette dernière date, le congrès
décrèterait la reprise des hostilités ; le gouvernement, dis-je, convoqua un
conseil de généraux pour savoir si l’on pourrait prendre l’offensive ou rester
seulement sur la défensive. Les généraux Daine, Tiecken de Terhove, Goethals,
Vauthier et Gobet assistèrent à ce conseil. Après leur délibération, le régent
les invita à faire part au conseil des ministres de leur résolution. J’étais
présent avec notre collègue, M. Duvivier, qui avait alors par interim le
portefeuille des finances. Ils déclarèrent qu’il y avait impossibilité de
songer à la guerre offensive, parce que l’armée ennemie était plus nombreuse
que la nôtre. Quant aux autres raisons qu’ils alléguèrent, je vous les ai fait
connaître en comité général. Ils furent d’accord qu’on pouvait tenir la
défensive, et consultés sur les positions à occuper, ils répondirent que le
général Tiecken de Terhove, s’appuyant sur Anvers, barrerait la route de Breda,
et aurait à sa droite le général Daine. Quant à d’autres points militaires,
qu’il importait de surveiller, les généraux, considérant les mesures à prendre
comme résultat d’une délibération entre eux et en famille, promirent de s’en
occuper en conseil, et se bornèrent à déclarer encore que la ligne de la Meuse
serait couverte par des troupes qui viendraient du Luxembourg.
Le 12 août,
cependant, la jonction des corps d’armée de Tiecken et de Daine n’était pas
opérée, et nous voyons dans le mémoire du général Daine, dans sa correspondance
avec M. Tiecken de Terhove, ces deux faits positifs. M. Daine écrit à son
collège et lui demande : Où êtes-vous ? (Rires
prolongés.) M. Daine répond à son tour : Je suis à Hasselt. (Rire général.) Douze lieues séparent
seulement les deux généraux au 1er août, et au moment de la reprise des
hostilités, vous croyez qu’ils feront leur jonction ? Pas du tout, ils laissent
la porte ouverte. (On rit de nouveau.) Et
quand on envoie des ordres au général Daine, on le trouve occupé à se battre
dans la Campine. Il avait un plan à lui, dit-il : il voulait proyer la guerre
dans le Brabant même. (Nouvelle hilarité)
; et pendant qu’à travers les marais il aurait été dans ces provinces attaquer
quelques places, on aurait pris toute la Belgique ! Dans sa correspondance, il
reconnaît qu’il y avait nécessité de couvrir Diest ; le général Tiecken ne put
se charger de ce soin, et le général Daine envoya alors un colonel. Un colonel
pour résister à une armée de 24,000 hommes, et protéger une position ! Mais,
dit encore le général Daine, j’ai reçu ordre de couvrir Diest et immédiatement
contrordre. Mais c’est tout naturel : après l’ordre transmis, le général écrit
au gouvernement que l’ennemi, loin de s’avancer vers Diest, se porte sur Venloo
; on lui ordonne alors, et cela parce que ses renseignements devaient avoir
quelque poids, de se diriger lui-même sur Venloo, par où cependant les
Hollandais n’arrivaient pas. Ils se concentrèrent sur la route de Diest, et
profitèrent, pour entrer, de la porte qui leur était ouverte. Voilà
pourquoi ils arrivèrent de Breda à Tirlemont, et jusque sous les murs de
Louvain. Il est donc inutile de demander le pourquoi, et de s’informer où en
étaient les approvisionnements, les vivres et les fournitures à Louvain ; car
personne assurément que l’ennemi venir sans coup férir jusque-là.
On veut une enquête
sur les désastres qui nous ont accablées au mois d’août, et non sur les
désastres du corps d’armée du général Daine, qui, blotti dans Hasselt comme un
lièvre, ne pouvait échapper, et qui courait un péril d’autant plus grand que le
chemin de Diest lui était fermé si les ordres du prince
d’Orange eussent été mieux exécutés. Quant au sort de l’armée, qui, guidée par
un instinct de conservation (rires),
s’est jetée sur Liége, je n’appellerai pas cela un désastre. On demande encore
pourquoi le maréchal Gérard a porté son corps d’armée par Nivelles, par Wavre,
quand déjà l’armée ennemie entourait Louvain ? Devons-nous supposer, messieurs,
que le maréchal Gérard, qui nous a rendu un service immense, ne savait pas son
métier, lorsqu’il est évident que, quand le prince d’Orange a connu l’approche
de l’armée française, la première brigade sous les ordre du général Lawoestine
occupait déjà un des flancs de l’armée hollandaise ? La plupart des questions
me paraissent inconstitutionnelles, puisqu’elles devraient s’adresser au Roi,
qui était le chef de l’armée. Dans la série des questions, on demande encore :
« S’est-on adressé à Angleterre ? » Oui, sans doute, et la flotte
anglaise, qui venait protéger la Belgique, ne s’est retirée que sur l’assurance
donnée par le roi Guillaume que le prince d’Orange ramenait l’armée dans
l’intérieur de la Hollande. La cause des désastres, en un mot, ne sortira pas
de l’enquête ; vous la connaissez par avance : le pays manquait de grandes
capacités, et il n’est pas très honorable pour un pays qu’une commission
d’enquête vienne hautement lui faire cet aveu.
M. d’Elhoungne. - Messieurs, si je
prends la parole en ce moment sur une question et sur des faits qui doivent
navrer de douleur le cœur de tout représentant belge, ce n’est pas pour occuper
l’assemblée de questions oiseuses et tout à fait étrangères à l’objet en
délibération, mais c’est pour ramener la discussion sur son véritable terrain.
De quoi s’agit-il,
messieurs ? Vous le savez : un honorable membre a articulé des faits, il les a
soumis à votre appréciation, et vous les avez jugés assez graves pour qu’une
commission les examinât. La commission a cru devoir préciser quelques faits
nouveaux, et elle vous les a soumis en demandant que les uns et les autres
fussent renvoyés à la commission d’enquête. Là-dessus, une discussion s’ouvre :
on dit que la preuve de ces faits sera difficile, impossible,
inconstitutionnelle ; qu’elle ne mènera à rien. Messieurs, il me semble que
toute cette discussion est inutile ; il ne s’agit aujourd’hui que de charger la
commission d’enquête de faire porter ses investigations sur ces faits, et,
quand ils seront prouvés, on en tirera telle induction que de raison.
Ici, l’orateur
explique pourquoi l’exercice du droit d’enquête est encore vague ; cela vient
du rare usage qu’on en a fait.
La plupart des
questions, a-t-on dit, reprend l’orateur, ne peuvent être éclaircies que par M.
le ministre de la guerre, et, s’il refuse de vous répondre, vous n’aurez aucun
moyen de l’y contraindre. Je ne sais pas, messieurs, sur quoi l’on peut
supposer que le ministre de la guerre ne répondra pas. En Angleterre, le droit
d’enquête s’étend jusqu’à permettre au parlement d’aller fouiller non seulement
dans les archives et dans les dépôts publics, mais encore dans les papiers
privés, dans les registres et livres de commerce des négociants. Si l’on ne
veut pas aller jusque-là, la commission aura certainement le droit de consulter
les dépôts publics, et elle se les fera ouvrir volontairement ou forcément.
(manque quelques mots) ne sont pas les opérations du maréchal
lui-même que nous voulons attaquer : cette question ne tend qu’à savoir si, par
de fausses indications, par de faux renseignements, on ne lui aurait pas fait
prendre une direction autre que celle qu’il aurait dû tenir.
Un
autre reproche a encore été fait ; et ici, je dois le dire, je vois avec
douleur que, depuis quelques temps, on fait intervenir fréquemment le nom du
Roi dans nos discussions. Messieurs, le nom du Roi ne devrait jamais être
prononcés dans cette enceinte, par le même motif que, dans toutes les
religions, on défend d’invoquer en vain le nom de Dieu. Il faut entourer le nom
du Roi d’une espèce de superstition qui le protège et le recommande sans cesse
à notre vénération. Si on peut prononcer le nom du roi dans cette assemblée,
que ce ne soit que pour proclamer le bien qu’il fait, mais jamais insinuer
qu’il aurait pu mal faire. On a dit que, dans les affaires du mois d’août, le
Roi était le général en chef de l’armée : quand cela serait, messieurs, le
blâme retomberait encore sur les généraux qui peuvent être au moins soupçonnés
de n’avoir pas fait tout ce qu’on était en droit d’attendre d’eux. Je pense que
ce que j’ai dit est suffisant pour prouver qu’il n’y a aucun inconvénient à
renvoyer à la commission les deux séries de questions proposées. (Aux voix ! aux voix !)
M. Milcamps répond à M.
Dumortier que son intention n’a pas été de soutenir qu’il ne devait pas y avoir
d’enquête, mais seulement de prouver que les questions proposées par la commission
ne devaient pas lui être renvoyées.
M.
d’Huart. - Messieurs, il ne s’agit pas aujourd’hui de
savoir s’il y aura ou non une enquête : cela a été décidé d’une manière
solennelle, et tout le monde en a reconnu l’urgence ; cependant un honorable
préopinant a dit qu’elle ne produirait rien, et que ses effets seraient manqués
sur l’armée commandées actuellement par d’autres chefs. Mais, messieurs,
n’importe-t-il pas de prouver, à la face de l’Europe entière, que les revers de
la Belgique ne sont pas l’effet du manque de courage de l’armée et de la
nation, mais bien le résultat de l’incurie ou peut-être même de la trahison de
quelques hommes ?
Puisqu’il
importe de mettre la vérité au jour et de dévoiler les coupables, il est
essentiel pour arriver à ce but d’environner de tous les renseignements
possibles la commission d’enquête que vous allez nommer, et je pense que les
articles du rapport en discussion renferment des données et des indications
très importantes, sur lesquelles il sera fort utile d’appeler l’attention de
cette commission.
J’insiste donc pour
que le rapport soit renvoyé en enter.
M. le Hon reconnaît qu’une
enquête a été ordonnée, et ce n’est pas ce fait qu’il veut contester ; mais il
déclare qu’il votera pour le rejet des questions posées par la commission,
parce qu’il les croit inutiles, préjudiciables, et, sous quelques rapports,
inconvenantes.
L’orateur prouve que
ces questions sont inutiles, dans ce sens que la chambre peut se dispenser de
les sanctionner et les renvoyant à la commission, attendu que, si c’est pour
l’éclairer, il suffit, d’après le rapport de la commission elle-même, qu’un
membre lui soumette ces question ou d’autres quelconques, pour qu’elle les
prenne en considération, puisqu’elle doit recueillir la lumière de quelque part
qu’elle lui vienne.
Si, au contraire,
c’est un ordre auquel la chambre voudrait que la commission obéît, il ne faut
pas dire qu’on lui renvoie ces questions à titre de renseignements. Je ne
comprends pas la nécessité du vote de la majorité de la chambre, dit l’orateur,
quand un seul membre a le droit de faire autant que la chambre tout entière.
Les questions sont donc inutiles.
Il n’y a pas de vote
de la chambre, pas d’appel nominal sans une sanction quelconque ; ici le vote
de la chambre n’en aurait pas, puisqu’on pourrait ne pas avoir égard à son vœu
; sous ce rapport, je considère la chose comme préjudiciable.
J’ai lu les 21
articles de la commission ; quelques-uns contiennent des renseignements bons à
consulter ; mais, arrivé à l’article 12, on n’y voit plus que des détails
stratégiques dont il pourrait bien rejaillir quelque ridicule sur la chambre.
Je n’ai pas, pour ma part, des connaissances stratégiques aussi étendues pour
pouvoir apprécier l’importance de tel ou tel point, de tel ou tel accident de
terrain, et pour affirmer que tel ou tel lieu soit ou non la clef du pays ;
cela pourrait, tout au plus, être apprécié par les militaires qui siègent dans
cette chambre. Mais le but moral, le but politique de l’enquête n’est pas là.
Les désastres du mois d’août sont connus, les causes principales de ces
désastres le sont aussi : laissez à la commission le soin de porter la lumière
sur ce qui nous est encore inconnu de ces événements. La commission que vous
nommerez méritera assez votre confiance pour que vous vous en rapportiez à
elle.
J’ai parlé d’articles
qui m’ont semblé inconvenants. Un honorable membre a dit avec raison qu’on ne
pouvait invoquer ici le nom du chef de l’Etat, et il a raison quand il s’agit
de défendre un acte quelconque de l’administration. Mais, messieurs, les
numéros 15 et 16 des questions proposées ne pouvant être
lues sans que la pensée se porte sur celui qui seul a fait vaillamment son devoir
dans les journées d’août, je veux dire le Roi, qui, comme vous le savez, était
le général en chef de l’armée, je vous le demande, si un général avait commis
quelque faute et que la commission lui en demandât compte, que diriez-vous si
ce général répondait : Je n’ai fait que me conformer aux ordres du Roi ? Un
ministre qui signe un acte, même par ordre du Roi, en est responsable, et si
cet acte est coupable, rien ne peut l’excuser ; il a pu ne pas obéir au Roi.
Mais concevez-vous un général qui refuserait d’obéir au Roi, sous prétexte que
ses ordres ne sont pas conformes à la science de la stratégie ? Ce serait,
messieurs, l’anarchie dans l’armée.
Après quelques autres
critiques de détail, l’orateur déclare qu’il s’en rapportera, pour sa part, à
ce que la commission d’enquête croira devoir faire, et il termine en disant que
les questions proposées tendraient à restreindre les attributions de la
commission.
M.
Gendebien. - Je ne répondrai pas aux observations qui ont
été faites sur le droit d’enquête, puisque l’enquête est ordonnée ; seulement,
comme un membre a demandé s’il y avait un attentat commis, je le prie de se
reporter au mois d’août, et de se demander si ce n’était pas bien après les
malheureux événements de cette époque que le droit d’enquête pouvait être
consacré. Selon moi, messieurs, le corps du délit est constant. Mais, dit-on,
il faut des faits pertinents et une judication de personnes. On pourrait
préciser les faits, et nommer les personnes : mais avant d’accuser, on a voulu
d’éclairer ; on a voulu s’occuper des choses, avant d’arriver aux personnes. On
a longuement discuter la question de savoir comment la commission réunirait les
faits et ferait entendre les personnes ; il ne s’agit nullement de cela
aujourd’hui ; on propose seulement de savoir si les articles seront renvoyés à
la commission d’enquête, soit pour que la commission porte les investigations
sur tels ou tels points, soit pour qu’elle use des articles à titre de
renseignements. La commission dont vous avez entendu le rapport a été d’avis de
ne renvoyer les deux séries d’articles que comme renseignements, pour éviter
précisément de commencer par une accusation, qui était aussi dans le droit (manque quelques mots) présentera une loi
ou les moyens à employer pour arriver aux fins que vous vous êtes proposées ;
aujourd’hui nous n’avons pas à nous occuper de semblables propositions. On
s’est étendu longuement sur un conseil de généraux tenu au mois de juin ; je ne
reviendrais pas sur cette circonstance, si, en prononçant le nom du général, on
n’avait pas déversé le blâme sur lui. Mon devoir est de le défendre puisqu’on
l’accuse. Je déclare hautement et publiquement que je regarde le général Daine
comme incapable d’avoir trahi. S’il eût pu concevoir un projet de trahison,
c’eût été quand il était chef de la seule armée que la Belgique eût sur pied ;
quand cinq ou six complots, aujourd’hui bien connus, étaient organisés au
profit de la famille déchue. Le général Daine, fidèle alors, n’a cessé de
l’être dans ces derniers temps. Le général s’est trouvé dans une position
fâcheuse ; la voici :
Il était brave, et
capable de conduire habilement une attaque ; mais il avait déclaré que, n’ayant
jamais commandé un corps d’armée aussi considérable, il demandait un bon corps
d’état-major. Eh bien ! il n’avait pas avec lui un seul général ; on ne
comptait pour son corps d’armée, s’élevant de 12 à 15,000 hommes, que trois
colonels, et on lui envoyait le général de Failly, qui, pendant son ministère,
avait fait preuve d’une complète incapacité. Le général Daine a fait une faute,
dit-on ; je ne le pense pas. Mais il avait une armée moins nombreuse, mais il
avait à sa droite la garnison de Maestricht. Quant au mouvement opéré pour
faire la jonction, c’est peut-être pour avoir été exécuté trop ponctuellement
qu’il a été fatal à ce corps d’armée. J’ai cru donner ces explications, parce
que le général Daine est absent, et qu’on l’accuse. Rappelez-vous, messieurs,
qu’en France le général Daine, sans nom, sans appartenir à aucune caste
privilégiée, est devenu colonel de simple soldat. On a trouvé le renvoi à la
commission d’enquête des deux séries d’articles inutile, préjudiciable et
inconvenant : il faut pourtant que la chambre prenne une décision sur le
rapport qu’elle a entendu. Si vous aviez voulu, ainsi que je l’avais proposé,
que la commission se livrât à des investigations sur des points précis, il
aurait fallu les discuter d’abord pour imposer ensuite une obligation, un
devoir, à la future commission d’enquête. Maintenant il ne s’agit que de lui
donner des renseignements, sans la lier en aucune manière. Ce renvoi ne sera
pas préjudiciable, puisqu’il ne préjuge en rien. On vous a dit encore,
messieurs, qu’il y avait du danger à invoquer le nom du Roi dans nos débats, et
que, les généraux couvrant leur responsabilité du nom du Roi, nous arriverions
nécessairement à des questions inconvenantes. Je vous prie de vous souvenir que
sous le gouvernement hollandais on agissait ainsi, et de pareils prétextes ne
manquaient pas pour accuser les membres des états-généraux d’attaques
personnelles contre le roi. Pour moi, cette considération ne peut m’arrêter ;
j’ai mon devoir de citoyen et de député à remplir, et ma conscience toute
constitutionnelle me dit que je ne dois pas hésiter à remplir ce devoir. Il y a
moins d’inconvenance dans la position des questions que dans l’observation qui
a été faite par un des préopinants et qui n’entrait dans l’esprit d’aucun des
membres de la commission.
L’orateur ajoute
quelques mots pour répondre aux contradictions que M. le Hon a signalées dans
la position des questions, et il termine en disant que les contradictions
importent peu, puisque la commission, libre dans son examen, pourra en faire
justice.
M. Barthélemy déclare qu’il n’a pas eu l’intention de mettre
en doute la bravoure personnelle du général Daine ; il a cité des faits ; il
est fâché que la conséquence en soit défavorable au général.
Après
une réplique de M.
le Hon
à M. Gendebien, on entend encore M. de Theux contre le renvoi des
propositions à la commission.
M. Van Meenen parle aussi contre,
et demande la question préalable sur la série des questions.
M. Gendebien fait remarquer que le Roi ne commandait pas
seul l’armée, puisqu’il y avait trois corps d’armée différents, et qu’il ne
pouvait être aux trois en même temps ; qu’il est tout à fait insolite de
prétendre qu’on veuille atteindre le Roi. Il ajoute que la commission a cru,
pour procéder régulièrement, qu’il ne fallait pas lier la commission d’enquête,
et qu’elle devait lui renvoyer les deux séries de questions comme simples
renseignements. Il ne conçois pas par quelle subtilité on peut soutenir que ces
questions ne sont pas des renseignements.
M. Destouvelles. - Je demande la
parole pour une motion d’ordre. L’article 24 du règlement porte : « que la
question préalable (c’est-à-dire qu’il n’y a a pas lieu à délibérer), la
question d’ajournement et les amendements seront mis aux voix avant la
proposition principale. » M. Van Meenen a demandé la question
préalable ; il me semble qu’elle doit être mise aux voix. Nous avons assez longtemps
discuter sur une question toute simple.
M. le président. - Je crois que M. Destouvelles n’a pas bien
compris la proposition de M. Van Meenen.
M. Destouvelles. - Eh bien ! Je
demande en mon nom la clôture de la discussion.
M. d’Elhoungne. - Je demande aussi
la clôture ; mais, avant, je prie la chambre de vouloir bien me permettre
quelques mots d’explication.
Voix nombreuses. - Non ! non !
M. le président. - Vous pouvez demander la parole contre la
clôture.
M. d’Elhoungne. - Alors je parlerai
contre la clôture. Je prie mes collègues de vouloir bien m’entendre, parce que
j’ai besoin de me justifier sur un fait personnel. On a cherché à faire entende
que la prérogative du Roi était compromise relativement à son commandement de
l’armée… (Interruption.)
Plusieurs voix. - Mais ce n’est pas
un fait personnel.
M. d’Elhoungne. - Pardon, messieurs
; je suis rédacteur des articles, et tout ce qui est dirigé contre ces articles
est dirigé contre moi. Si j’avais pu penser qu’on eût regardé quelques-uns des
articles dont il s’agit comme portant atteinte aux prérogatives et à
l’inviolabilité royales, j’aurais été le premier à en demander le
retranchement. On a eu l’air de dire que les questions 14, 16 et 18 ont une
tendance indirecte contre la personne du Roi… (Nouvelle interruption. Quelques membres échangent avec l’orateur des
mots qui ne parviennent pas jusqu’à nous.) On me fait observer que je suis
dans l’erreur. Alors je n’ai rien à dire.
-
La clôture de la discussion est mise aux voix et prononcée.
M. le président. - La commission a posé des conclusions
tendantes à renvoyer les deux séries de questions, à titre de renseignements, à
la commission d’enquête.
M. Van Meenen. - Je prie M. le
président de se souvenir que j’ai demandé la question préalable, et qu’elle
doit être mise aux voix avant la question principale.
M. le président. - Mais vous n’avez rien déposé sur le bureau.
M. Devaux. - La question
préalable est aussi une motion d’ordre ; elle se trouve dans le règlement, et
n’a pas besoin d’être rédigée en forme de proposition et d’être déposée sur le
bureau (manque quelques mots) qui se
trouve dans le règlement, et cependant on a refusé dernièrement de le mettre
aux voix, parce que la proposition n’en avait pas été faite par écrit sur le
bureau.
M.
Lebeau. - Deux propositions sont faites maintenant.
L’une est la question préalable, et nos précédents sont là pour attester que
c’est une espèce de fin de non-recevoir ; l’autre est la clôture demandée par
M. Destouvelles, et les antécédents du congrès et de la chambre prouvent que ni
l’une, ni l’autre, n’ont besoin d’être rédigées par écrit et déposées sur le
bureau.
M. Gendebien. - Il convient
surtout de procéder régulièrement. On a proposé la question préalable ; je sais
qu’elle doit être mise aux voix avant le fonds, mais elle a été présentée trop
tard. En effet, messieurs, la question préalable signifie qu’il n’y a pas lieu
à délibérer ; et vous, au contraire, vous avez reconnu qu’il y avait lieu à
délibérer, puisque vous avez nommé une commission et entendu son rapport. Il
n’y a plus qu’un mode à suivre. Renverra-t-on à la commission d’enquête les
deux séries de questions comme simples renseignements ou ne les renverra-t-on
pas ? Voilà ce qu’il faut mettre aux voix. Eh bien ! ceux qui voudront renvoyer
diront oui, ceux qui ne voudront pas diront non.
M. Van Meenen. - Je ne puis admettre le raisonnement de notre
honorable collègue M. Gendebien. Il a dit que nous ne sommes plus dans les
termes utiles pour proposer la question préalable, parce que nous avons
délibéré ; mais je dis que jusqu’à ce jour nous n’avons pas délibéré, nous
n’avons fait que discuter. D’ailleurs, il suffit de l’article 24 de notre
règlement pour voir que la question préalable doit être mise aux voix avant la
question principale. Ainsi elle peut être proposée jusqu’à ce que le fonds soit
mis aux voix.
M. Gendebien présente de nouvelles observations.
M.
Dewitte et M. F. de Mérode parlent pour la question préalable.
M. Lebeau. - Je prie la chambre
de ne pas se méprendre sur mes intentions. Il m’importe peu que la question
soit résolue d’une manière ou de l’autre ; mais, dans l’intérêt du règlement,
je dois m’élever contre l’opinion de M. le président lui-même. La question
principale doit toujours être mise aux voix avant la question principale ? Or,
quelle est la question principale ? C’est de savoir si l’on renverra à la
commission d’enquête les deux séries de questions. Eh bien ! M. Van Meenen
propose la question préalable, c’est-à-dire qu’il n’y a pas lieu à délibérer
sur cette question principale. M. le président ne peut donc sortir de là ; il
faut qu’il mette d’abord aux voix la question préalable, pour savoir si l’on
doit ensuite délibérer sur le fond. Il faut nécessairement suivre cette marche,
sous peine de violer le règlement.
M. le président dit qu’on a toujours déposé sur le bureau les
propositions de question préalable, parce qu’elles sont toutes différentes de
celles qui n’ont pour objet que l’ajournement de la clôture.
Après de nouvelles
observations de M. Gendebien et M. Bourgeois., la question de
savoir s’il y a lieu de poser d’abord la question préalable est mise aux voix
et résolue négativement.
M. le président. - Maintenant, je mets aux voix les conclusions
de la commission, qui tendent à renvoyer les deux séries de questions à la
commission d’enquête.
- Une première
épreuve est douteuse. On demande l’appel nominal.
En voici le résultat
:
Ont voté pour : MM.
Berger, Brabant, Cols, Corbisier, de Haerne, Delehaye, d’Elhoungne,
Dellafaille, de Meer de Moorsel, de Roo, d’Hoffschmidt, d’Huart, Dubus,
Dumortier, Gendebien, Helias d’Huddeghem, Jamme, Jonet, Leclercq, Pirmez, C.
Rodenbach, Vuylsteke, Watlet.
Ont voté contre : MM.
Barthélemy, Bourgeois, Dautrebande, de Gerlache, F. de Mérode, W. de Mérode,
Desmanet de Biesme, Destouvelles, de Terbecq, de Theux, Dewitte, de Woelmont,
Dugniolle, Dumont, Duvivier, Goblet, Hye-Hoys, Jacques, Lebègue, Lefebvre,
Legrelle, Le Hon, Mary, Milcamps, Morel-Danheel, Nothomb, Osy, Polfvliet,
Raymaeckers, Ullens, Vandenhove, Van Innis, Van Meenen, Ch. Vilain XIIII, Zoude.
MM. Lebeau et Devaux
s’abstiennent.
M. le président. - 24 membres ont voté pour, 37 contre ; 2 se
sont abstenus de voter.
La proposition de la
commission est rejetée.
La séance est levée à
quatre heures et demie.
Noms des
représentants absents sans congé : MM. Blargnies, Boucqueau de Villeraie, Cols,
Coppens, Dams, Ch. De Brouckere, H. de Brouckere, de Muelenaere, de Sécus,
Domis, Fallon, Fleussu, Gelders, Jaminé, Jullien, Lardinois, Olislagers,
Poschet, A. Rodenbach, Rogier, Tiecken de Terhove, Vergauwen, H. Vilain XIIII.