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Chambre des représentants de Belgique
Séance du vendredi 13 avril 1832
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre
2) Proposition de loi relative à l’exportation
des grains (proposition Osy) (Jonet, Osy,
de Theux, A. Rodenbach, Barthélemy, d’Elhoungne, H. de Brouckere, Leclercq, Destouvelles)
3) Projet de loi portant le budget de l’Etat
pour l’exercice 1832 (département de l’intérieur). Frais d’administration des
provinces, notamment traitement des gouverneurs et des greffiers provinciaux (Jamme, Rogier, A.
Rodenbach, de Muelenaere, H. de Brouckere, H. Vilain XIIII,
Ch. Vilain XIIII, de Theux, Pirson, Angillis, d’Elhoungne, Dubus, d’Hoffschmidt, Rogier, Jamme, Ch. de Brouckere, Dumortier, Fallon, d’Elhoungne, Ch. de Brouckere,
de Muelenaere, Jullien, de Theux, Ch. de Brouckere, Rogier, Barthélemy, Jullien, de Theux, Dubus, Dumortier, Rogier), frais de bureau des provinces (de
Theux, Lebeau, Dubus, de Theux, Dubus, de
Theux, Ch. de Brouckere, d’Elhoungne,
Milcamps, de Theux, Dubus, de Muelenaere),
traitement des commissaires de district de la Flandre occidentale (de Theux, Dubus, de Muelenaere, A. Rodenbach,
Barthélemy, Angillis)
(Moniteur belge n°106, du 15 avril 1832)
(Présidence de M. de Gerlache.)
La séance est
ouverte à 11 heures.
Après l’appel
nominal, M. Dellafaille donne lecture du procès-verbal, qui est adopté.
PIECES ADRESSEES A LA CHAMBRE
M. Liedts
analyse ensuite quelques pétitions, qui sont renvoyées à la commission.
L’ordre
du jour appelle le rapport de la commission chargée d’examiner la proposition
de M. Osy, relative à l’exportation des grains.
M.
Jonet, rapporteur. - (Nous
donnerons son discours). (Note du webmaster : ce discours n’a pas été
retrouvé).
M. Osy. - Je demande que la chambre fixe la discussion de
cette proposition à lundi prochain, car si on la retardait, la loi ne serait
pas rendue à temps.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Il me semble qu’il faudrait avant tout coter le
budget, qui est aussi très urgent.
M. A. Rodenbach demande que, pour ne pas interrompre le budget, il y
ait une séance du soir.
M. Barthélemy dit qu’il suffirait d’avancer la prochaine séance d’une heure.
Sur la proposition
de M. d’Elhoungne, la chambre décide qu’il y aura séance dimanche prochain, et renvoie à
ce jour la discussion de la proposition.
M. H. de Brouckere. - Puisque nous en sommes sur le règlement de nos
délibérations, je profiterai de cette occasion pour prier MM. les membres de la
section centrale de hâter l’examen du projet de loi sur l’organisation
judiciaire, afin que, pendant les petites vacances que nous aurons probablement
après les budgets, chacun de nous puise l’emporter chez soi et le méditer.
M. Leclercq
et M. Destouvelles répondent que la section centrale a proposé plusieurs modifications à
ce projet de loi, modifications que M. le ministre de la justice s’est chargé
de rédiger lui-même, et que le seul retard vient de l’absence forcée de M.
Raikem, qui a été obligé de se rendre à Liége. Du reste, M. Destouvelles
annonce que le projet de loi, simplifié comme l’entend la section centrale,
exigera une discussion beaucoup moins longue.
PROJET DE LOI PORTANT LE BUDGET DE L’ETAT POUR L’EXERCICE 1832
(DEPARTEMENT DE L’INTERIEUR)
La suite de
l’ordre du jour est la discussion du budget de l’intérieur.
Discussion des articles
Chapitre II. - Frais d’administration des
provinces
Article
premier
M. Jamme. - Je désire voir la chambre adopter les propositions
de la section centrale, en ce qui concerne le traitement des gouverneurs et
celui des membres de la députation des états provinciaux, savoir : 1,350 fl.
pour ces derniers et 5,000 pour les gouverneurs, à la réserve de ceux du
Limbourg et du Luxembourg.
Comme premiers
fonctionnaires de la province, les gouverneurs sont tenus à une représentation,
qui leur enlève une partie de leurs traitements.
Il me serait
facile de démontrer que de cette représentation, que des rapports fréquents du
gouverneur, non seulement avec toutes les autorités de la province, mais avec
ses administrés, il doit résulter plus d’unité et de promptitude dans le
service, plus de confiance dans le gouvernement, et finalement beaucoup
d’amélioration dans l’esprit public.
Les gouverneurs
sont les intermédiaires nécessaires entre le pouvoir exécutif et toutes les
autorités qui lui sont subordonnées et qui sont inférieures à la sienne.
Ce n’est pas,
messieurs, que je jugerai jamais d’un gouverneur autrement que par ses actes ;
mais je n’en reste pas moins persuadé qu’il est grandement utile que ces
fonctionnaires puissent représenter d’une manière conforme au rang qu’ils
occupent dans la hiérarchie administrative. Je voterai pour le maintien de leur
traitement actuel, avec la réduction proposée pour ceux des provinces de
Luxembourg et de Limbourg.
Je conçois que, si
on adopte que le traitement des gouverneurs doit être le même pour tous les
gouverneurs, hormis pour ceux des deux provinces mutilées par le traité de
Londres, on peut suivre le même principe pour le traitement du greffier des
états, sous le rapport de l’uniformité ; mais la réduction proposée de 500fl.
me semble trop forte ; je puis même dire qu’il ne faut pas de réduction sur le
traitement d’une classe de fonctionnaires, dont l’importance des fonctions ne
peut être méconnue. Le greffier des états est l’homme permanent de
l’administration, dont il contresigne tous les actes.
A
l’égard des frais de voyage de cette administration, de son matériel, du
traitement des commissaires de district et de leurs abonnements, ce sont des
points sur lesquels on ne peut établir de régularité autre qu’une régularité
relative, calculée sur l’étendue des provinces, quant à ce qui regarde les
frais de tournée et ceux du matériel, et calculée sur le nombre des communes,
quant aux traitements des commissaires de districts et de leurs abonnements.
Il est, messieurs,
une marche facile à suivre, selon moi ; il existe un tableau au ministère de
l’intérieur, un tableau des districts, du nombre des communes dont ils se
composent et de leur population.
Si ce tableau
existe, comme on me l’a assuré, j’invite le ministre à le mettre sous les yeux
de l’assemblée ; il sera d’une grande utilité pour éclairer la discussion.
M. Rogier
fait remarquer que la réduction sur les gouverneurs du Luxembourg et du
Limbourg est tout à fait prématurée.
Quant aux membres des
étafs députés, il croit que leurs traitements de 1,350 fl., loin d’être trop
forts, devraient être portés à 1,800 fl., parce qu’il lui paraît impossible de
trouver des hommes capables pour une somme aussi minime.
Pour le greffier
des états, il est le premier fonctionnaire après le gouverneur ; dans l’ordre
administratif, il est au gouverneur ce qu’est au ministre le
secrétaire-général, et il a la surveillance des bureaux.
Si les ministres
sont mobiles, ajoute l’orateur, il n’est pas écrit que les gouverneurs soient
éternels, et les traditions administratives sont dans le domaine du greffier.
Il
s’oppose ensuite à toute diminution sur les employés, dont les traitements ont
été suffisamment restreints par la suppression des leges, et qui, en
accomplissant un travail obscur et peu agréable, n’ont aucun espoir
d’avancement ni de pension.
Il s’attache à
démontrer que le travail des bureaux des gouvernements de province est très
étendu, quoiqu’on ait dit hier que c’était peu de chose ; et il cite, par
exemple, les correspondances avec les ministres, le gouverneur, les chefs de
corps, les commissaires de districts, les régences des villes et les communes
rurales.
Il ajoute, pour le
matériel, qu’il faut attendre une année ou deux pour apprécier le résultat des
adjudications, avant de le réduire.
M. A. Rodenbach. - Le budget des provinces pour 1832 est moins élevé
que celui de 1831 ; cela prouve que l’économie qui, aux yeux de certaines
personnes, n’est que la vertu des petites âmes, fait des progrès en Belgique.
Vous n’ignorez pas, messieurs, que dans la discussion du budget nous avons vu
des ministres qui ont demandé des allocations supérieures à leurs besoins ; car
souvent eux-mêmes ont consenti à diminuer leurs chiffres. On peut en tirer la
conséquence que quelques gouverneurs de province, à l’instar de leurs patrons,
ne sont pas encore assez pénétrés de l’ordre et de la règle qu’ils devraient
mettre dans leurs dépenses.
Pourquoi le
gouverneur de Liége demande-t-il pour frais de route 1,000 florins, tandis que
le gouverneur de la Flandre occidentale n’en demande que 510, et que ceux de la
Flandre orientale, le Brabant et le Hainaut n’en demandent que 475, etc., etc.
?
Pourquoi, pour la
province de Liége, demande-t-on 400 florins pour les frais de route du greffier
des états, tandis que pour le greffier d’Anvers, on ne demande que 75 florins,
et pour celui de la Flandre occidentale 100 florins ?
Pourquoi demande-t-on dans le Hainaut pour frais de route et de séjour
des états-députés 712 florins, tandis qu’on n’en demande à Anvers que 300, et
dans la Flandre orientale seulement 200 ?
Pourquoi, dans la
province de Liége, demande-t-on 600 florins pour port de lettres et abonnement
de journaux, tandis qu’à Anvers et dans le Hainaut on n’en demande que 150 ?
Enfin je
demanderai pourquoi on alloue dans la Flandre orientale 1,300 florins pour
indemniser les médecins et chirurgiens chargés de l’examen des miliciens,
tandis qu’à Anvers ils n’en reçoivent que 700, et dans le Brabant 790 ? Il me
semble qu’on pourrait supprimer cette dépense en faisant remplir ces fonctions
par des chirurgiens militaires. Cela ferait une économie de plus de 8,000
florins. Tous ces divers chapitres sont susceptibles de réductions, sans nuire
à la marche du gouvernement. D’ailleurs, il ne faut point perdre de vue que
l’économie est un grand revenu.
M. le ministre des
affaires étrangères (M. de Muelenaere). - Je dois répondre deux mots à l’honorable
préopinant. Il a fait remarquer la différence qui existe entre les allocations
demandées pour frais de voyage des gouverneurs ; je répondrai que ces sommes ne
sont qu’éventuelles. Autrefois les frais de route étaient payés d’après un
arrêté du gouvernement précédent ; aujourd’hui ils sont tellement réduits,
qu’aucun gouverneur ne sera tenté de voyager, à moins qu’il n’y soit engagé par
l’intérêt de sa province. Toutefois, la différence des allocations demandées
provient de ce que des gouverneurs sont plus sujets à faire des voyages que les
autres, surtout ceux des provinces maritimes. Je me rappelle qu’étant
gouverneur de la Flandre orientale, j’ai eu occasion moi-même de faire un
voyage certainement utile, puisqu’il a servi à préserver non seulement la
Flandre orientale, mais encore la Flandre occidentale, d’une inondation.
D’ailleurs, je répète que ces frais de route ont été extrêmement réduits, et
que les allocations ne sont qu’éventuelles.
M. H. de Brouckere. - Je suis d’accord avec l’honorable M. Rogier sur certains
points, mais je ne puis partager son avis sur d’autres. D’abord, pour ce qui
concerne les gouverneurs du Luxembourg et du Limbourg, je m’oppose, comme lui,
à la réduction de la section centrale, parce que le traité du 15 novembre n’a
pas encore reçu d’exécution, et que ce n’est que lorsqu’il sera exécuté, si
tant est qu’il le soit, qu’on pourra examiner s’il faut diminuer ces
traitements, parce que, jusqu’à présent, on n’a point calculé les appointements
des gouverneurs sur la population de la province. En effet, le gouverneur de la
province de Namur reçoit la même rétribution que celui de la Flandre orientale
dont la population est trois fois plus forte. Quant à ceux du Limbourg et du
Luxembourg, vous savez, messieurs, que de précautions et de surveillance ils
doivent employer en ce moment ; ils ont besoin vraiment d’une patience
angélique ; et, d’ailleurs, leur position est plus dispendieuse que celle des
autres, puisque tous leurs arrangements ne sont que provisoires, et qu’ils sont
sujets, à chaque instant, à se voir transférer dans d’autres localités.
Je passe aux états
provinciaux, à l’égard desquels je ne suis plus de l’opinion de l’honorable
membre. Il a dit que si l’on n’accordait aux membres de ces états que 1,350
fl., on ne trouverait plus que des hommes incapables, qui n’auraient pu trouver
à se placer dans le barreau ou dans la médecine ; mais les membres des états
députés peuvent exercer en même temps les fonctions d’avocat.
Plusieurs membres. - Non, ils ne peuvent pas plaider.
M. H. de Brouckere. - Ils peuvent au moins les remplir dans le cabinet.
D’ailleurs, la position des états députés est très agréable, et la somme de
1,350 fl. me semble suffisante.
Quant aux
greffiers des états, je trouve qu’il est injuste de mettre celui du Brabant sur
la même ligne que ceux des autres provinces, car il a toujours joui d’un
traitement supérieur, et sous le gouvernement des Pays-Bas, il avait 4,000 fl.
La réduction de la section centrale est hors de proportion à son égard.
Toujours les fonctionnaires de Bruxelles ont été plus rétribués que ceux des
provinces ; je ne vois pas pourquoi on agirait autrement envers le greffier des
états. Je ferai observer d’ailleurs que le secrétaire de la régence a 2,500
fl., et n’en donner que 2,000 au greffier des états serait le mettre au-dessous
de ce secrétaire. On a plaidé la cause des membres des gouvernements
provinciaux et on a dit qu’ils n’avaient aucune issue pour avancer. Quant à
moi, je connais un chef de division qui est devenu greffier des états, et même
un sous-chef de division qui est devenu gouverneur. Je connais également des
chefs de division qui jouissent d’une pension de 800 fl.
Lorsque nous
arriverons au traitement des commissaires de district, je devrai m’élever
contre la réduction qu’on veut leur faire subir ; car ils ont déjà été réduits,
et l’on sait qu’ils sont obligés à des dépenses que n’ont pas à supporter les
autres fonctionnaires.
M. H. Vilain XIIII. - Messieurs, par la discussion générale que vous
venez d’ouvrir sur les diverses allocations à accorder aux provinces dans leurs
budgets économiques, l’assemblée a été mise
même d’embrasser avec plus d’étendue la réalité des besoins des
provinces, et d’en faire une juste comparaison. Je profiterai de cette faculté,
et je passerai en revue les crédits demandés pour les traitements des
gouverneurs, des greffiers, les frais de bureaux, les appointements es
commissaires de districts, et l’étendue de leur travail.
La section
centrale est généralement tombée d’accord de fixer le traitement des
gouverneurs à 7,000 fl. Cette allocation peut être adoptée pour le moment, mais
je crois que plus tard, il sera essentiel de la modifier en prenant pour base
la population, et par conséquent le travail dans chaque gouvernement. C’est
dans ces vues de justice distributive que la section centrale a travaillé à
l’égard des commissaires de districts : « Les traitements et les
abonnements de ces fonctionnaires, dit-elle, doivent être gradués en raison de
l’importance et de la population des districts. » Pourquoi n’en serait-il
pas de même des gouverneurs, astreints à plus d’assiduité, de dépense et de
représentation, à proportion du nombre des citoyens qu’ils doivent administrer
? Je me réserve de revenir sur ce sujet au moment de la discussion de la loi
provinciale, et je prouverai que, là comme ailleurs, la peine doit être
récompensée selon ses œuvres.
Quant au
traitement de 2,000 florins accordé à chaque greffier distinctement, je ne puis
y consentir. Ce fonctionnaire est à peu près au gouverneur ce qu’est au
ministre le secrétaire-général. Les gouverneurs éprouvent aussi dans un pays
constitutionnel de fréquentes vicissitudes de déplacement. Ils sont les hommes
du système en faveur, et ressentent le contrecoup de chaque révolution
ministérielle. Le greffier, au contraire, est l’homme de la province, il doit
pour ainsi dire la posséder et continuer par lui-même le mouvement des rouages
de l’administration. Il faut ainsi pour cette place un fonctionnaire capable et
un jurisconsulte éclairé, qui puisse trouver dans son salaire le dédommagement
de travaux plus lucratifs ailleurs. Le traitement de 2,500 florins ne me semble
donc pas excessif. Ce traitement avait déjà été proposé par la commission
nommée pour la rédaction de la loi provinciale, et il est même à remarquer que,
dans ce projet de loi, la fonction du secrétaire-général est rangée dans les
places amovibles et devant être renouvelée tous les quatre ans par élection sur
une liste triple de candidats. Si la chambre adopte ce mode de nomination, il
sera d’autant plus nécessaire de bien rétribuer les secrétaires-généraux, par
l’incertitude de la permanence de leur emploi.
Quant aux frais de
route et de séjour des gouverneurs et des états députés, ces frais doivent de
nouveau être basés sur l’étendue et les besoins de chaque province, et les
provinces de Flandre et de Hainaut méritent à cet égard un plus grand crédit là
où de nombreux canaux, des routes étendues, et une grande agglomération de
population, demandent une surveillance plus active et plus continue.
La section
centrale s’est longuement étendue sur les frais de bureau, d’impression et
d’autres mesures dépenses sollicités par les provinces ; elle a fait avec
justesse ressortir la disparité de ces demandes, et en entrant dans beaucoup de
détails sur les frais d’entretien, du mobilier, des ports de lettres, elle a
essayé de proportionner les crédits aux besoins. Chaque année cet article
donnera lieu à de nouvelles discussions, outre qu’il cause déjà plus d’un
embarras au ministre de l’intérieur et à la chambre des comptes. Ne pourrait-on
y mettre un terme, en agissant sur cet article par voie d’abonnement, comme on
le fait déjà pour les commissaires de districts ? Cet abonnement pour les frais
globaux des bureaux une fois déterminé, chaque administration provinciale
verrai à régler ses dépenses sur la quotité fixe et annuelle du crédit, et les
règlerait avec d’autant plus d’économie qu’elle se verrait arrêtée dans tout espoir
d’augmentation.
Il serait aussi à
désirer que les frais de route à charge des communes, et que touchent dans ce
moment les commissaires de districts pour les visites annuelles des chemins
vicinaux fussent, soit supprimés, soit compris au trésor de l’Etat. La chambre
aura à examiner, lors de la discussion de la loi provinciale, par qui, à quelle
époque et de quelle manière doivent s’opérer ces inspections des communes ; si
le mode de commissaires voyers munis de pouvoirs plus amples n’est pas
préférable à celui existant, et s’il n’est pas à même de donner de meilleurs
résultats.
La
chambre aura alors aussi à décider si le nombre des commissaires de district
n’est pas trop élevé dans chaque province ; s’il est nécessaire entre autres de
garder dans le chef-lieu, outre un gouverneur, un commissaire de district qui
n’accomplit là qu’une répétition de travail, et si, en accroissant d’une
division l’administration centrale, on n’obtiendrait pas à moindre frais
l’achèvement de la même tache.
L’art
d’administrer, messieurs, doit apprendre à faire des progrès tout aussi bien
que toutes les autres facultés de l’intelligence humaine. L’administration, en
se perfectionnant, doit pouvoir suffire à un plus grand travail en le
simplifiant et par conséquent à une plus grande étendue de population.
L’expérience acquise doit insensiblement diminuer ce volumineux échange
d’écriture, d’interprétations, de rescrits que le passage du régime hollandais
est venu importer dans nos contrées ; avec moins d’écritures il faudra moins d’employés
: les commissaires de districts, entre autres, pourront étendre leurs soins sur
un territoire plus vaste. L’administration n’en marchera alors qu’avec plus
d’ensemble et de régularité.
M. Ch. Vilain XIIII. - J’ai demandé la parole pour répondre à
l’observation de M. Rogier, qui a dit que le greffier des états était au
gouverneur ce qu’était au ministre le secrétaire-général. Je trouve que cette
comparaison est non seulement inexacte, mais qu’elle pourrait être dangereuse,
si elle était poussée jusque dans ses dernières conséquences. Messieurs, le
secrétaire-général est la transition vivante, l’anneau qui rattache un ministre
à un autre. Le ministre est, comme on l’a dit, un homme politique qui imprime à
son département la marche qu’il veut suivre, et le secrétaire-général est
l’homme administratif. Mais il n’en est pas de même du gouverneur et du
greffier des états. Le gouverneur n’est pas un homme politique, et le greffier
des états. Le gouverneur n’est pas un homme politique, et le greffier n’est pas
son administrateur, mais seulement ce que j’appellerai sa femme de ménage. (On rit.) C’est le gouverneur qui doit
administrer par lui-même ; sous le gouvernement des Pays-Bas, c’était une
grande erreur administrative que de payer trop le greffier des états. C’était
lui qui souvent alors faisait tout ; c’était le greffier des états qui
administrait Liége. Le gouverneur était un homme de cœur et d’honneur, un
Hollandais qui n’a laissé dans le pays que des souvenirs honorables, M.
Sansdberg ; et il n’a rien fait, parce que le greffier connaissant bien
l’administration, la dirigeait. Je crois que dorénavant les gouverneurs doivent
être des hommes capables, qui sachent remplir leurs fonctions eux-mêmes.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux).
- Je n’entrerai pas dans cette discussion générale parce que je me réserve de
donner sur les articles les renseignements que j’ai demandés, et que j’ai reçus
des gouverneurs ; je présenterai moi-même des réductions sur les objets qui en
seront susceptibles, mais je pense que toutes les autres diminutions seraient
dangereuses.
M. Pirson propose de réduire le traitement du gouverneur de
Bruxelles à 6,000 fl., et ceux des autres à 5,000 fl.
(Moniteur
belge n° 107, du 16 avril 1832)
M. Angillis. - Messieurs, je pense, contrairement à l’opinion de
M. Pirson, qu’on doit payer convenablement les gouverneurs, et pourquoi ? parce
qu’un gouverneur est un véritable administrateur, et qu’un bon administrateur
est un homme aussi rare que précieux : cette fonction, qu’on n’apprécie jamais
assez, exige une abnégation complète de tout intérêt personnel, u dévouement
par lequel on se consacre à un travail toujours pénible, parfois désagréable et
rarement satisfaisant ; elle exige qu’on soit à toute heure du jour tout
uniquement pour l’utilité des autres, et, pour ainsi dire, sans aucun retour
sur soi-même. Nous ne sommes plus dans ce temps où la considération publique
était le moindre dédommagement pour l’homme vertueux et utile à son pays : au
contraire, du moment qu’un administrateur s’annonce avec des talents
distingués, il offusque les yeux jaloux de la médiocrité ; on disséqué ses
actes, on lui conteste les moindres qualités, on grossit ses défauts, et on
l’étourdit de mille clameurs importunes.
Ils se trompent
gravement ceux qui croient administrer avec des phrases, et qui ne voient dans
les fonctions administratives qu’un mécanisme servile.
Ajoutez à cela,
messieurs, l’immense besogne qu’on donne aux gouverneurs : ce sont des lois
diverses à faire exécuter ; ce sont des connaissances de détail tout à fait
différentes, qu’il est possible de posséder partiellement, mais très rare de
réunir. En confondant tant d’objets hétérogènes, l’attention du fonctionnaire
doit se perdre dans des détails étrangers les uns aux autres. Pour suivre la
chaîne de ses devoirs, pour remplir toutes ses occupations, dont les principes
ne sont pas analogues, un gouverneur doit se livrer à un travail assidu et
laborieux.
Ce serait le
moment, peut-être, de dire un mot sur cette justice administrative, qui fait ou
ne fait pas, rejette, admet, valide, annule, le tout sans règle ni justice, par
caprice et par arbitraire ; mais comme la chambre est saisie d’un projet de loi
sur l’organisation provinciale, tout en combattant ce projet, je traiterai
alors cette question de la justice administrative avec toute l’étendue qu’elle
comporte.
Pour revenir aux
traitements des gouverneurs, j’admets la proposition de la section centrale,
mais je m’opposerai à toute réduction.
Je ne puis
approuver la différence qu’on veut établir entre le traitement alloué aux
gouverneurs des autres provinces, et à ceux du Limbourg et du Luxembourg ; les
malheureux 24 articles, qui doivent nous enlever une grande partie de ces
provinces, ne sont pas encore exécutés, et il est à craindre qu’il ne le soient
pas pendant l’année courante. Il n’existe donc pas d motifs pour ne pas les placer
sur le même rang que les autres gouverneurs.
Quant
aux frais de routes qu’on propose d’allouer à MM. Les gouverneurs, je pense,
messieurs, qu’on peut les réduire à peu de chose ; on sait qu’ils sont tenus de
faire des tournées annuelles qui comprennent une cinquième partie de la
province. Mais ces tournées sont des tournées triomphales : toute la sonnerie
est en mouvement ; ils sont fêtés partout, et tenus à peu de frais.
Pour ce qui
regarde les états députés, il conviendrait de leur accorder une certaine somme
pour frais de route et de séjour ; mais on doit prendre garde d’aller au-delà
des besoins réels, car, si on accorde trop, il est à craindre qu’on n’invente
des voyages à faire pour épuiser le crédit alloué.
Je pense aussi que
le traitement alloué aux états députés me paraît suffisant ; sous ce rapport,
je partage entièrement l’opinion émise par notre honorable collègue M. H. de
Brouckere.
(Moniteur belge n°106, du 15 avril 1832)
M. d’Elhoungne. - S’il s’agissait d’émettre un vote sur le traitement
définitif des gouverneurs, je demanderais de ce chef une forte réduction ; car
je ne conçois pas qu’un gouverneur ait 7,000 fl., et un greffier des états
2,500 fl., tandis que les membres des états députés, les élus du peuple n’ont
que 1,350 fl.
L’orateur s’élève
contre la concentration, suite du gouvernement français, qui place un seul
homme à la tête de l’administration d’une province, tandis qu’il n’y a pas
d’homme qui ne soit capable d’administrer dans une province, surtout depuis
l’immense développement qu’ont pris l’industrie et le commerce. Il pense que
l’administration devrait être collective. Cependant dans l’état de choses
actuel, il s’oppose à la réduction proposée sur les gouverneurs des provinces
de Luxembourg et de Limbourg.
M.
Dubus, rapporteur de la section
centrale, s’attache à justifier toutes les réductions qu’elle a proposées. Il
fait remarquer qu’il ne faut pas conclure de ce qu’on ne porte aujourd’hui pour
les provinces que 589,314 fl., tandis que le chiffre dans le budget de 1830
était de 734,164 fl., qu’il a été introduit pour 144,849 fl. les économies sur
cet objet, parce que les budgets économiques comprenaient plus d’objet. Il
pense que la somme de 2,000 fl. est suffisante pour le traitement du greffier.
Il insiste, en outre, pour les réductions sur les frais de voyage des
gouverneurs, et sur celes proposées, quant aux commissaires de districts.
M. d’Hoffschmidt. - J’avais proposé un amendement tendant à réduire
les traitements des gouverneurs à 6,000 fl., et je me proposais de le
développer ; mais MM. d’Elhoungne et Pirson ayant donné sur ce point tous les
développements nécessaires, j’en ferai grâce à l’assemblée. (On rit.)
M. Rogier. - M. H. de Brouckere m’a répondu par des spécialités,
tandis que je n’avais parlé que par des généralités. Il a dit qu’il connaissait
des membres des états députés qui avaient obtenu des pensions ; mais ce n’est
point en vertu d’un droit qu’ils ont obtenu ces pensions.
M. H. de Brouckere
a ajouté qu’il connaissait un chef de division qui était devenu greffier des
états, et un sous-chef de division qui était devenu gouverneur ; mais il a
fallu la révolution pour opérer un tel changement et l’on ne peut pas prendre
cette promotion pour exemple. Quant aux gouverneurs, je crois, quoi qu’on en
ait dit, que si un gouverneur suit le système d’un ministre il doit se retirer
avec ce ministre. J’ai cru devoir insister sur cette doctrine qui est la
mienne, et que je saurais mettre à exécution si l’occasion s’en présentait.
M. Jamme. - Je dois déclarer qu’il n’est pas entré dans ma
pensée de proposer de réduction sur les gouverneurs du Luxembourg et du Limbourg
avant l’exécution des 24 articles. Je dis cela, parce qu’il m’a semblé que
plusieurs membres le croyaient.
M. Ch. de Brouckere n’approuve pas les réductions de la section centrale
sur les greffiers des états, qui sont la cheville ouvrière de l’administration
et qui doivent avoir de grandes connaissances, ni sur les gouverneurs qui ont
déjà été réduits ; mais il pense qu’il est possible de faire une diminution sur
la somme globale des employés, parce que, selon lui, il est facile de réduire
le personnel des bureaux ; en conséquence, il propose de n’allouer que 17,000
fl. par province pour les employés et gens de service ; il fait, du reste,
remarquer que les employés peuvent être destitués, comme on l’a dit, par les gouverneurs,
parce que, d’après un arrêté de 1824, les employés des trois premières classes
sont employés de l’Etat.
M. Rogier. - Je répondrai à l’honorable préopinant que les
employés sont maintenant nommés par les gouverneurs ; c’est ce qui existe en
fait.
M. le président. - Je vais mettre aux voix le chapitre relatif à la province d’Anvers.
Plusieurs membres. - Non pas ; ce sont les réductions qu’il fait mettre
aux voix.
M. Dumortier.
- Il faut nécessairement régler le mode suivant lequel nous délibérerons ; car
sans cela, ma parole d’honneur (hilarité),
nous perdrons un temps infini.
« Lettre A.
Traitement du gouverneur, des états-députés et du greffier : fl. 16,250. »
La
proposition de M. d’Hoffschmidt, tendant à réduire le traitement du gouverneur
à 6,000 fl., est mise aux voix et rejetée. Le chiffre de 7,000 est maintenu.
Celle de M.
Charles Rogier tendant à majorer l’allocation de chaque membre des états
députés jusqu’à concurrence de 1,800 fl. est également rejetée.
Sur
les greffiers des états, la section centrale propose une diminution de 500 fl.
M.
Fallon s’étonne que la section
centrale n’ait proposé qu’une réduction de 500 fl. sur les greffiers des états
députés, qui, selon lui, n’ont presque rien à faire et dont on pourrait bien se
passer. Il propose la suppression des greffiers des états.
M. d’Elhoungne ne pense pas qu’on puisse supprimer les greffiers des
états avec la législation actuelle ; mais il faut, selon lui, extirper de
l’administration une bureaucratie inutile, et, si l’on réduit les greffiers des
états au point d’en faire des agents subalternes, on choisira alors, pour
composer la députation, des hommes plus capables et qui sauront travailler
eux-mêmes.
M. Ch. de Brouckere soutient, contrairement à M. Fallon, que la besogne
du greffier telle qu’il doit la faire est très compliquée, qu’il est le chef
des employés, doit veiller sur eux et revoir leur travail.
M. le ministre des affaires étrangères (M. de
Muelenaere).
- Je n’ajouterai qu’un mot sur la proposition de M. Fallon, c’est qu’elle est
contraire à l’article 137 de la constitution, qui porte que les autorités
provinciales et locales conservent leurs attributions jusqu’à ce que la loi y
ait pourvu autrement.
M.
Fallon. - Il n’y a qu’un mot à changer, je demande la
suppression de l’allocation.
M. Jullien. - Il faut considérer les fonctions de greffier non
pas comme elles s’exercent, dans un état de désorganisation, mais comme elles
devraient s’exercer, et alors on verra qu’elles sont très importantes et très
difficiles. Outre cela, le greffier est le dépositaire responsable des pièces.
Je ne vois donc pas comment l’administration pourrait s’en passer. Quant à la
quotité de son traitement, la somme de 2,500 fl. ne me semble pas exagérée.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Ce que viennent de dire les préopinants fait sentir
toute l’importance des fonctions du greffier. C’est le chef de la hiérarchie
des employés sous la direction du gouverneur, et il faut qu’il soit
convenablement rétribué ; en conséquence, je m’oppose non seulement à la
suppression, mais encore à toute réduction.
- La suppression
proposée par M. Fallon est rejetée.
Sa proposition
subsidiaire tendante à réduire le traitement du greffier à 1,500 fl. est aussi
rejetée.
Le
chiffre de 2,000 fl. proposé par la section centrale est également rejeté.
« Lettre B.
Traitements des employés et gens de service : fl. 19,400. »
M. Ch. de Brouckere propose de réduire cette allocation à 17,000 fl. par
les motifs qu’il a développés ci-dessus.
M. Rogier s’oppose à la réduction, parce qu’il lui paraît
impossible de réduire les bureaux, comme l’a dit M. de Brouckere. Il fait
l’énumération des travaux de chaque division et insiste avec force pour
l’adoption de l’allocation entière. Il avoue toutefois qu’il se trouve dans le
chiffre demandé une somme de réserve s’élevant à 1,500 fl. pour prendre, s’il y
a lieu, des employés supplémentaires.
M. Barthélemy en se reportant au passé trouve que l’administration
des provinces du Brabant et d’Anvers n’avaient autrefois que 5 employés. Il
pense donc qu’on peut de beaucoup réduire les employés.
M. Ch. de Brouckere répond à M. Rogier, et insiste pour l’adoption de son
amendement.
M. Jullien
s’y oppose, par le motif que la besogne de ces employés lui paraît aujourd’hui
considérable, et qu’ils n’ont aucune issue pour avancer.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Je pense, messieurs, qu’en diminuant trop les
employés, on fera chômer les affaires, et qu’en réduisant leurs traitements, on
le fera mal gérer. Je ne puis donc consentir à aucune réduction. J’ai reçu,
messieurs, un état nominatif des employés de l’administration de Liége, avec
une lettre du gouverneur, dont je vais vous donner lecture pour vous faire
sentir l’impossibilité de proposer des économies de ce chef :
« On
ne peut considérer sans doute qu’il y ait surabondance d’employés, puisqu’en
travaillant tous les jours, sans interruption, ile ne peuvent tenir le service
au courant qu’en demeurant au bureau après les heures déterminées. Les chefs de
division et de bureau sont même très souvent obligés d’emporter chez eux du
travail, tellement la besogne est abondante. Certes, on concevra facilement cet
état de choses si l’on considère que, sous le gouvernement précédent, le
gouverneur de la province de Liége avait réclamé une augmentation d’allocation,
parce qu’il avait reconnu déjà alors que le fonds alloué était trop modique à
cette époque ; cependant le travail était bien moindre qu’il ne l’est
actuellement : la preuve en est qu’alors le nombre des pièces entrées à
l’administration provinciale, pendant une année, n’était que de 11,000 à 11,500
pièces environ, tandis qu’en 1831 il est entrée 21,900 pièces. »
Je m’arrête ici ; mais toute la lettre est remplie de
renseignements qui font concevoir toute l’importance des travaux des employés.
M. Dubus propose une réduction de 1,400 fl.
Cet amendement est
appuyé par M. Dumortier.
Après de nouvelles
observations de M. Rogier,
la réduction de 2,400 fl. proposée par M. Charles de Brouckere est rejetée.
Celle de 1,400 fl.
proposée par M. Dubus est également rejetée.
En conséquence le
chiffre total est maintenu.
« Lettre C.
Frais de route et de séjour : fl. 775. »
- Adopté.
« Lettre E.
Frais de bureau, d’impression, de reliure, entretien des meubles et autres
dépenses : fl. 6,445. »
La section
centrale propose, et le ministre consent à réduire cette allocation à la somme
de 5,945 fl.
Les paragraphes F,
G, H sont adoptés sans amendement ni discussion en ces termes :
« F.
Traitements et abonnements de commissaires de districts, ainsi que des
commissaires et conseillers de milice ; indemnités aux secrétaires des conseils
de milice frais de voyage et frais d’impression pour la levée de la milice :
fl. 12,525. »
« G. Vacation
des médecins et chirurgiens pour l’examen des miliciens : fl. 700. »
« H. Dépenses
imprévues : fl. 1,500 fl. »
L’article premier,
avec les réductions opérées, se trouve porté pour une somme de 56,595 fl. Il
est mis aux voix et adopté.
Article
2
« Art. 2.
Province de Brabant. »
« § 1er. Traitement
du gouverneur : fl. 7,500. »
La section
centrale propose et le ministre consent à une réduction de 500 fl.
« § 2.
Traitement des états députés : fl. 11,200. »
Le ministre
consent pareillement réduire cette somme
à 9,000 fl.
« § 3.
Traitement du secrétaire-général :fl. 3,000. »
La section
centrale propose une réduction de 1,000 fl. ; elle est adopté du consentement
du ministre.
« B.
Traitements des employés et gens de service : fl. 20,000. »
- Adopté sans
discussion.
« C.
Frais de route et de séjour : fl. 1,170. »
- Adopté sans
discussion.
« E.
Frais de bureau, impression, reluire, entretien des meubles, éclairage,
chauffage et menues dépenses : fl. 8,976 50 cents.
La section
centrale propose une réduction de 1,976 fl. 50 cents.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Après avoir consulté M. le gouverneur de la
province sur cette réduction, je me suis convaincu qu’elle était impossible ;
en 1831, on avait voté 10,000 fl., et on a presque dépensé cette somme. Pour
l’année 1832, où les impressions ne seront pas moindres, nous ne demandons que
8,976 fl. 50 cents.
M. Lebeau. - M. le ministre ne peut pas se prévaloir du budget
de l’an dernier, puisque nous avons voté la dépense en bloc. D’ailleurs, si
vous adoptez le chiffre proposé, vous établiriez une trop grande disproportion
avec ce que vous avez alloué pour la province d’Anvers, et, en adoptant le
chiffre de la section centrale, vous accordez encore 1,100 fl. de plus que vous
n’avez accordé cette province.
M. Dubus
justifie la réduction proposée par la section centrale ; il s’étonne que le
ministre ne veuille pas consentir à une réduction, quand le gouverneur lui-même
convenait que la dépense sur le chauffage, notamment, pouvait être réduite de
moitié et portée en 500 fl., au lieu de 1,000.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Ce fait est inexact, car voici une lettre de M. le
gouverneur, qui dit le contraire. Les demandes faites sont basées sur
l’expérience faite en 1831 ; cette expérience a prouvé qu’elles ne sont pas
exagérées.
- La réduction de
la section centrale est adoptée.
« F.
Traitements et abonnements des commissaires de districts, ainsi que des
commissaires et conseillers de milice ; indemnités aux secrétaires des conseils
de milice, frais de voyage et d’impression pour la levée de la milice : fl.
15,857. »
La section
centrale propose une réduction de 1,857 fl.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Je ne conçois pas, messieurs, sur quel point cette
réduction pourrait porter. Est-ce sur le traitement des commissaires de
districts ? Certes, 1,800 fl. pour de pareilles fonctions, ce n’est pas là un
traitement exagéré. Est-ce sur l’abonnement pour les frais de bureau ? Au
travail qu’il faut faire il est fort douteux que 2,000 fl. puissent suffire à
couvrir les dépenses. J’en pourrais dire autant des divers paragraphes de la
littera Y, et ma conviction est qu’aucun ne peut être réduit.
M. Dubus. - De deux choses l’une, ou il faut réduire le
traitement des commissaires de districts de la province de Brabant, ou il faut
augmenter celui de ces fonctionnaires dans les autres provinces ; car, en
comparant les traitements entre les diverses provinces, on voit ou qu’il y a
excès d’un côté, ou qu’il y a insuffisance de l’autre. L’orateur compare le
traitement accordé au commissaire de district de Louvain, qui s’élève à fl.
1,800, à celui de Mons, qui ne s’élève qu’à 1,350 fl. quand la population des
deux districts est à peu près la même. Il trouve entre ces traitements une
disproportion énorme et qui lui semble n’être justifie par rien. Il poursuit sa
comparaison entre le district de Nivelles et ceux du Hainaut ; il trouve le
même résultat, et il en conclut que la section centrale a dû proposer la
réduction.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Messieurs, on a établi une comparaison entre la
province de Brabant et le Hainaut pour les traitements des commissaires de
districts. Eh bien ! qu’on en fasse le résumé total, on trouvera que le Brabant
ne dépense pour cela que 12 mille et quelques florins, tandis que le Hainaut
est porté pour 14,000 f. D’où vient cette différence ? C’est que dans le
Hainaut il y a six commissaires de district, tandis qu’il n’y en a que trois
dans le Brabant. Quand la loi provinciale sera discutée, on réduira, sans
doute, le nombre de ces fonctionnaires trop nombreux dans le Hainaut, et chacun
sera mieux rétribué.
On entend encore
sur la question M. Ch. de Brouckere et M. d’Elhoungne pour la réduction, et M. Milcamps contre.
La réduction est
mise aux voix et adoptée.
- L’article entier
de la province de Brabant, réduit par les économies proposées à la somme de
62,460, est mis aux voix et adopté.
« Art. 3.
Flandre occidentale.
« § 1.
Traitement du gouverneur : fl. 7,000. »
- Adopté.
« § 2.
Traitement de sept membres des états députés : fl. 9,450. »
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Je consens à une réduction de 2,700 fl. sur ce
paragraphe.
- Adopté.
Le
ministre consent pareillement aux réductions proposées par la section centrale,
et qui sont de 500 fl. sur le traitement du greffier ; de 1,170 fl. sur celle
de 2,170 pour traitements des employés et gens de service, et de 610 sur 1,610
pour frais de route et de séjour. Ces réductions se trouvent sous les lettres
A, B, C.
« E. Frais de
bureau, d’impression, etc. : fl. 8,840. »
La section
centrale propose une réduction de 840 fl.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Je consens à une réduction de 300 fl.
M. Dubus. - On demande 400 fl. pour ports de lettres et menues
dépenses, tandis que pour le même objet dans la province de Namur on ne demande
que 50 fl., et dans d’autres provinces 150. Cette différence est énorme, et je
ne peux me l’expliquer. On demande 1,700 fl. pour entretien des locaux, tandis
que dans les autres provinces on se contente de 900 à 1,000 fl. ; il y a donc
là exagération évidente, et, par conséquent, nécessité d’adopter la réduction
proposée.
M. le ministre des affaires étrangères (M. de
Muelenaere).
- 1,700 fl. sont nécessaires pour la Flandre occidentale, parce que l’hôtel du
gouvernement est fort ancien, que pendant 15 ans on n’y a pas fait une seule
réparation, tandis que dans les autres provinces on a dépensé 100 à 150,000 fl.
pour construire de nouveaux hôtels, et à Gand même, on a dépensé 200,000 fl.
Les réparations que l’on pourra faire avec 1,7000 fl. ne sont que les plus
urgentes, et il faudra bien que l’on en fasse d’autres si on ne veut pas que
l’hôtel tombe en ruines.
M. Dubus. - Dans cette supposition on peut encore admettre la
réduction, car les frais de bureau sont élevés beaucoup au-dessus de autres
provinces ; et je le prouve par la comparaison que l’on peut établir entre ce
qui est demandé pour cette province et ce qu’on demande pour celle du Hainaut.
Il en est de même pour l’entretien du mobilier.
M. le ministre des affaires étrangères (M. de
Muelenaere).
- L’observation que j’ai faite pour les locaux s’applique également au
mobilier, qui est le même encore aujourd’hui que du temps de M. de Chauvelin.
Quant à la comparaison faite entre le Hainaut et la Flandre occidentale pour
les frais de bureau, la différence est grande, j’en conviens, et elle doit
l’être, attendu que dans la Flandre occidentale toutes les impressions doivent
se faire dans les deux langues, ainsi que le plus grand nombre des écritures.
- L’amendement de
la section centrale est rejeté.
La
réduction proposée par le ministre de l’intérieur est adoptée.
« F. Traitements et abonnements des commissaires
de districts : fl. 20,592 50 cents. »
La section
centrale propos une réduction de 2,595 fl. 50 c.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux) combat cette réduction, il fait observer que, si la
somme s’élève à 20,592 fl., c’est qu’il y a 8 commissaires de districts, dont
le plus rétribué ne saurait être réduit, car le traitement le plus fort ne
s’élève qu’à 1,080 fl.
M. Dubus soutient la réduction possible, en ce qu’il y a trop
de commissaires de districts.
Elle est combattue
par M. le ministre des affaires étrangères (M. de
Muelenaere).
M. A. Rodenbach. - Je m’oppose aussi à la réduction demandée.
L’honorable M. Dubus a parlé du commissaire de district de Roulers ; ce
district compte 70 à 80 mille âmes de population, et il a un traitement de 742
fl. Ce sont les appointements d’un huissier du ministère ou d’un commis à pied.
M. Barthélemy. - Ne peut-on pas réduire le nombre des commissaires
de districts avant la loi provinciale ?
M. le ministre des affaires étrangères (M. de
Muelenaere).
- Il n’en résulterait aucune économie. Nous sommes au deuxième trimestre de
l’année, et, dans trois mois, d’ici, la loi provinciale peut être adoptée.
M. Angillis. - Dans cette discussion il y a deux vérités : la
première, c’est que les commissaires de districts sont trop nombreux, la
deuxième, c’est qu’ils ne sont pas assez rétribués. On avait demandé dans le
temps qu’il y eût dans la province 12 administrations séparées. Je faisais
partie de la commission qui fût nommée pour examiner cette demande : nous
voulions que ces administrations fussent gratuites ; mais le gouvernement n’eut
pas égard à notre demande ; il nomma douze commissaires pour se faire 12
créatures dans la province, et nous eûmes plus tard toutes les peines du monde
à faire réduire le nombre à 8, et on aurait pu facilement le réduire à 4. Moi
je n’en voudrais pas du tout (on rit)
; je m’en expliquerai dans la discussion de la loi provinciale ; mais, en
attendant, je ne crois pas que les commissaires en fonctions soient trop
rétribués.
- La réduction de
la section centrale est rejetée.
La séance est
levée à 4 heures 1/2.