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Note d’intention
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Congrès national de
Belgique
Séance du lundi 15 novembre
1830
Sommaire
1) Pièces adressées au congrès
notamment :
a) lettre de démission de de Potter du gouvernement provisoire
b) lettre du baron Vanden Linden d’Hooghvorst relative à
la démission du gouvernement provisoire
2) Composition des bureaux des
sections
3) Vérification des pouvoirs d’un
membre (Jottrand)
4) Règlement pour le congrès.
a) communications entre le
gouvernement provisoire et le congrès (de Muelenaere, de Sécus, Van Snick, de Robaulx, Forgeur, De Lehaye, Delwarde, Duval de Beaulieu, Barthélemy, Destouvelles, Van Snick, de Stassart, de Robaulx),
b) modifications du règlement (de Bergeyck, Van Meenen)
5) Proposition sur la forme du
gouvernement (C. Rodenbach, Nagelmackers, Seron, de Foere, Delwarde, Ch. Le Hon)
6) Proposition sur l’inviolabilité
des membres du congrès (Werbrouck-Pieters)
7) Proposition ayant pour objet
d’imposer un serment aux membres du congrès (Pirson)
8) Proposition tendant à nommer une
commission de constitution (Pirson, comte Vilain XIIII, de Stassart)
9) Proposition sur l’indépendance
de
10) Proposition sur l’inviolabilité
des membres du congrès (Werbrouck-Pieters, de Labeville)
(E. HUYTTENS, Discussions du Congrès national de Belgique,
Bruxelles, Société typographique belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1844, tome 1)
(page 141) (Présidence de M. le baron Surlet de Chokier)
Longtemps avant l'ouverture de la séance, les députés
s'entretiennent dans la salle ; leurs conversations sont très animées; ils
paraissent prendre connaissance des pièces déposées sur le bureau.
L'un des secrétaires, M. Nothomb, donne à plusieurs membres
communication d'une pièce placée devant le président.
Une affluence considérable de curieux encombre les tribunes
réservées et publiques.
A onze
heures, M. le baron Surlet de
Chokier prend place au fauteuil et déclare la séance ouverte.
M. Nothomb, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance
précédente. (E., 17 nov.)
M. de Langhe demande une vérification. (E., 17
nov.)
Cette
vérification est faite immédiatement et le procès-verbal est ensuite adopté.
(P. V.)
COMMUNICATION DE PIECES ADRESSEES AU CONGRES
M. le
comte Vilain XIIII demande un congé de deux jours. - Accordé. (P. V.)
______________________
M. Léopold
Dewolf fait hommage à l'assemblée d'une brochure intitulée: « Faisceau patriotique » dédié aux
Belges. - Dépôt à
la bibliothèque. (J. B., 17 nov.)
______________________
MM.
Kockaert et. Surmont de Volsberghe informent l'assemblée qu'ils ne peuvent
assister à la séance à cause d'une indisposition. (P. V.)
M. le président annonce qu'il a reçu une lettre de M. de Potter et
une autre de M. le baron Emmanuel Vander Linden d'Hooghvorst. (P. V.)
L'assemblée
décide qu'il en sera donné lecture. (Profond silence.) (P. V.)
______________________
M. Nothomb, secrétaire, donne lecture des pièces suivantes :
«
Au congrès national.
« Messieurs,
« Au bas de l'acte par lequel mes
ci-devant collègues vous ont offert hier leur démission de membres du gouvernement
provisoire de
« Vous en verrez les motifs dans la lettre ci-jointe, que
j'adresse à MM. Gendebien, Ch. Rogier, comte Félix de Mérode, Jolly, Jos. Van
der Linden et baron de Coppin, ayant fait partie dudit gouvernement
provisoire, et par laquelle je leur fais part de ma résolution de me retirer.
« J’ai cru également, messieurs, devoir vous en donner
communication.
« Avant de terminer cette lettre d'envoi, je prendrai la liberté
de vous témoigner combien m'a surpris votre prompte décision sur la démission
donnée, au nom d'un corps, par quelques membres de ce corps, dont tous
n'avaient pas signé cette même démission, et cela sans avoir provoqué une
explication sur les raisons qui avaient déterminé tant la signature des uns
que le refus ou l'absence de la signature des autres.
« Veuillez, messieurs, agréer, avec mes vœux sincères pour le
prompt et entier succès de vos importants travaux, c'est-à-dire, pour le salut
et la prospérité de notre patrie, l'assurance de mon plus profond respect.
« DE POTTER.
« Bruxelles, le 15 novembre 1830.» (U. B., 17 nov. et A.)
Voici la lettre que M. de Potter a écrite aux membres du gouvernement
provisoire :
« Messieurs,
« Depuis plusieurs jours, nous discutions la question de la
démission à donner au congrès national par le gouvernement provisoire.
« Sûrs, disiez-vous, d'être confirmés, vous vouliez, en offrant de
vous retirer, prouver au congrès et au pays votre désintéressement.
« Outre les autres accusations graves, vous (page 142) m'accusiez d'ambition, parce que je paraissais, prétendiez-vous, vouloir
rester au pouvoir, même malgré les représentants de la nation.
«
Vous vous trompiez, messieurs, et je le prouve aujourd'hui à ma manière,
c'est-à-dire, en me retirant réellement sans espoir aucun de confirmation.
«
Mes motifs, à moi, sont que je crois le congrès national un corps purement
constituant, exclusivement appelé par le gouvernement provisoire pour fonder
notre nouvel ordre social et pour instituer le pouvoir définitif qui présidera
aux destinées de
« Chaque
fois qu'une assemblée souveraine se trouve seule en présence de la minorité,
rien n'est plus facile à celle-ci, pour peu qu'elle veuille chercher un appui
au dehors et dans les masses, que de renverser cette majorité, et avec elle
l'assemblée elle-même : dès ce moment, une révolution commence et une
révolution terrible ; elle parcourt toutes les phases de l'anarchie ; elle
traîne à sa suite le despotisme, et, ce qui est bien pis encore, la
contre-révolution.
«
C’est l'histoire de la convention nationale de France, de l'empire français et
de la restauration des Bourbons.
« Je
désirais que ce ne fût pas celle de
« Comme
membre du comité central, je me sentais la mission d'exercer un pouvoir
modérateur du congrès, de défendre le congrès contre le congrès lui-même.
« Ce
sont là, messieurs, vous le savez, les principaux arguments que j'ai fait
valoir auprès de vous pour vous empêcher de commettre une faute qui me semblait
irréparable, et que la patrie peut-être, et l'histoire, sans nul doute, nous reprocheraient
un jour.
« Vous
avez cru devoir passer outre. Je ne m'en plains pas et je vous laisse la
responsabilité de votre décision. Voici la mienne: elle est irrévocable.
« Je
ne tenais pas mon mandat du congrès national. Je ne devais donc ni ne pouvais
le résigner entre ses mains. Ce mandat est devenu nul, selon moi, dès l'instant
que vous avez investi le congrès, comme vous venez de le faire par votre
démission, de tous les pouvoirs réunis et confondus.
« Agréez,
je vous prie, la mienne, ainsi que l'assurance de ma considération très
distinguée.
« DE
POTTER.
«
Bruxelles, le 13 novembre 1830. » (U.
B., 17 nov. et A.)
_______________________
M. le vicomte Charles Vilain XIIII, secrétaire, lit ensuite la pièce suivante:
«
Messieurs, lorsque nos braves combattaient pour empêcher l'entrée de la ville à
nos ennemis, Bruxelles était sans aucune autorité, et sans aucun centre
d'action ; quelques citoyens, parmi lesquels je me trouvais, s'offrirent pour
former une administration provisoire. Nous fûmes accueillis par ces braves, ce
fut là notre seul mandat que confirma bientôt presque toute
« Maintenant
que la nation a des organes réguliers réunis, le gouvernement a dû leur
remettre son pouvoir provisoire qu'il ne tenait que des circonstances. Le
congrès national, rendant justice à nos intentions, a manifesté le désir de
voir le gouvernement provisoire conserver le pouvoir exécutif ; nous sommes
heureux et fiers de cette confiance. Une absence ne m'ayant pas permis
d'apposer ma signature au bas des communications faites au congrès, le 12 de ce
mois, par le gouvernement provisoire, je déclare, pour autant que de besoin,
que j'avais acquiescé aux résolutions prises par mes collègues.
« Le général commandant la garde civique de
Bruxelles, membre du gouvernement provisoire de
« M. le Baron VANDEN LINDEN D' HOOGHVORST.
« Bruxelles,
le 13 novembre 1830. » (U. B., 17
nov. et A.)
- Pendant
cette lecture, M. Rogier, membre du gouvernement provisoire, entre dans la
salle.
M. le président – Tout étant consomme sur cette affaire
par votre décision du 12, je propose à l'assemblée de passer à l'ordre du jour
sur la lettre de M. de Potter, et de donner acte à M. Emmanuel Vander Linden d'Hooghvorst
de sa déclaration. (U. B., 17 nov.)
- Adopté sans
réclamation. (P. V.)
COMPOSITION
DE BUREAUX DES SECTIONS
(page 143) Un des secrétaires fait connaître les noms des présidents,
vice-présidents et secrétaires des dix sections.
Ce sont
pour la :
Première
section : Président,
M. Trentesaux ; vice-président, M. le comte de Quarré ; secrétaire, M.
Fleussu.
Deuxième
section: Président,
M. Coppieters ; vice-président, M. Théophile Fallon ; secrétaire, M. Wannaar.
Troisième
section: Président,
M. de Muelenaere ; vice-président, M. Raikem ; secrétaire, M. l'abbé Dehaerne.
Quatrième
section: Président,
M. Charles de Brouckere ; vice-président, M. Destouvelles ; secrétaire, M.
Forgeur.
Cinquième
section: Président,
M. Barthélemy ; vice-président, M. de Langhe ; secrétaire, M. Nagelmackers.
Sixième
section: Président,
M. le baron de Sécus (père) ; vice-président, M. le comte de Baillet ;
secrétaire, M. Constantin Rodenbach.
Septième
section: Président,
M. le comte d'Arschot; vice-président, M. le marquis de Trazegnies ;
secrétaire, M. Leclercq.
Huitième
section: Président,
M. Werbrouck-Pieters ; vice-président, M. le comte Vilain XIIII ; secrétaire,
M. Nothomb.
Neuvième
section: Président,
M. de Gerlache ; vice-président, M. Gendebien (père) ; secrétaire, M. Charles
Le Hon. .
Dixième
section: Président,
M. Thorn ; vice-président, M. Van Hoobrouck de Mooreghem ; secrétaire, M. de
Robaulx. (P. V.)
M. le président : Y a-t-il quelque rapport sur les élections ? (V. P.,
17 nov.)
M.
Coppieters, rapporteur de la sixième commission de vérification des pouvoirs, propose
l'admission de M. Lucien Jottrand, cinquième suppléant du district de
Bruxelles, en remplacement d'un des quatre députés optant ou non acceptant,
et de M. Van Meenen, troisième suppléant déjà député pour le district de
Louvain. (P. V.)
- Ces
conclusions sont adoptées.
«
COMMUNICATIONS ENTRE LE CONGRÈS NATIONAL ET LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE »
Article 12
M. de Muelenaere, rapporteur de la section centrale,
fait un rapport sur l'art. 12 du projet de règlement: La première section a
proposé une nouvelle rédaction. Deux membres ont demandé que le congrès
déclarât l'incompatibilité des fonctions de membre du gouvernement provisoire
avec celles de député au congrès, cependant l'article a ensuite été adopté
unanimement par cette section. La troisième n'a pas fait d'observation ; la
quatrième voudrait le retranchement du premier alinéa, elle a adopté à l'unanimité
le deuxième et propose quelques modifications pour le troisième. La cinquième
section a proposé une autre rédaction pour le premier et le second paragraphe.
Elle désire qu'il y ait dans la salle des places exclusivement réservées aux
membres du gouvernement provisoire, et que le congrès puisse requérir la présence
de ce, gouvernement ; la sixième est d'avis que les membres du même
gouvernement puissent être invités à se rendre dans l'assemblée ; la septième
demande à substituer dans le premier paragraphe les mots : « sont entendus », à ceux-ci:
« peuvent être entendus »: la
huitième et la neuvième n'ont pas fait d'observation ; la dixième pense que
bien que les communications entré le congrès et le gouvernement provisoire
aient lieu par messages, cependant les membres de ce gouvernement doivent
pouvoir être entendus en personne et avoir des places réservées dans la salle.
La
majorité de la section centrale propose l'adoption pure et simple de l'article
qui est ainsi conçu:
« Art, 12.
Les membres du gouvernement provisoire ont entrée au congrès ; ils ont le
droit d'être entendus quand ils le demandent. Il y a dans la salle des places
qui leur sont exclusivement réservées ».
« Le
congrès peut requérir la présence des chefs de comités d'administration
générale ».
« Les
messages du gouvernement sont portés au congrès par le chef d'administration
générale qu'ils concernent ; celui-ci peut se faire assister de
commissaires ». (V. P., 17 nov., et A. C.)
M. le baron de Sécus (père), développe les motifs de la 6e section qui
a été unanimement d'avis que les membres du gouvernement provisoire pouvaient
être invités à se rendre au congrès national : s'il en était autrement, dit-il,
le congrès devrait se transporter auprès du gouvernement (ce qui est
impraticable), chaque fois qu'il (page
144) aurait besoin de renseignements sur une communication ; d'un autre
côté, si les membres du gouvernement provisoire ont droit de venir nous écouter,
nous devons avoir également le droit de les écouter à notre tour. Il faut qu'il
y ait réciprocité. Une disposition expresse à cet égard est nécessaire. Les
membres de l'ancien gouvernement ont contesté souvent à la deuxième chambre le
droit de les appeler. (J. B., 17 nov.)
M. Van Snick – J'avais proposé la suppression des deux paragraphes ;
je pense qu'ils doivent faire l'objet d'une loi spéciale. Au fond j'y donne mon
approbation. Il est nécessaire que l'assemblée puisse requérir la présence des chefs
d'administration générale. (Aux voix! aux voix !) (U. B., 17 nov.)
M. de Robaulx – Dans
la dixième section j'ai fait la proposition suivante que je reproduis comme
amendement ; la voici: « Les communications entre le congrès national et le
gouvernement provisoire ont lieu par messages ; cependant le gouvernement peut
envoyer un ou plusieurs chefs d'administration générale au congrès pour y faire
et soutenir des propositions.
« Le
congrès peut requérir la présence des chefs
d'administration générale ; ceux-ci ont la faculté de se faire assister de commissaires.
« Il
y a dans la salle des places qui leur sont exclusivement réservées. »
(U.B., 17 nov. et A.)
M. de Robaulx développant cet amendement – Le congrès, dans une
précédente séance, a cru qu'il fallait séparer le pouvoir exécutif du pouvoir
constituant et législatif ; il a donc délégué provisoirement le pouvoir
exécutif aux hommes qui' ont exercé l'ancien gouvernement provisoire. Le but de
mon amendement est de conserver intacte cette distinction de pouvoirs, et
d'empêcher de mettre en présence le congrès et le pouvoir exécutif.
Si, comme
l'art. 12 du projet l'indique, les membres du gouvernement provisoire ont
entrée au congrès et le droit d'être entendus quand ils le demandent, alors il
faudra, pour la réciprocité, que le congrès puisse forcer le même pouvoir exécutif
à venir donner au congrès telles explications qu'il croira nécessaires. Décider
autrement, ce serait donner au gouvernement provisoire la faculté de venir,
quand les circonstances seront favorables, produire des effets d'entraînement
et provoquer des résolutions par acclamation, tandis que dans le cas contraire
ils enverraient des commissaires.
Il me
paraît, messieurs, que de pareilles communications ne peuvent exister entre
les pouvoirs établis, sans détruire la division que vous avez eu soin de faire.
Le pouvoir exécutif est un être moral qui, dans le cercle de ses attributions,
doit jouir d'assez d'indépendance pour ne pas être appelé personnellement à la
barre du congrès.
Il faut
que les communications se fassent par messages. Il faut éviter tout contact
immédiat. Il faut que les chefs d'administration seuls aient accès au congrès,
soit qu'ils y viennent de leur propre mouvement, soit qu'ils y soient mandés.
Si vous
admettez les membres du gouvernement provisoire à venir prendre part à vos
travaux, il s'ensuivra la possibilité d'un désaccord entre lui et le congrès,
et en ce cas jugez quel effet un pareil spectacle produirait. (E., 17 nov.)
M. Forgeur –
La section dont je fais
partie a proposé à l'unanimité la suppression du § 1er de l'art. 12 ; je
propose un amendement dans ce sens ; on peut fractionner le pouvoir exécutif et
permettre l'entrée au congrès d'un membre de ce pouvoir, qui est un. (U. B.,
17 nov.)
- Il
est donné lecture de l'amendement de M. Forgeur; cet amendement est ainsi
conçu:
« Les
communications entre le congrès national et le pouvoir exécutif ont lieu par messages.
« Les
messages du pouvoir exécutif sont portés au congrès, soit par un de ses
membres, soit par un des chefs d'administration générale qu'ils concernent.
Celui-ci peut se faire assister de commissaires.
« Le
congrès peut requérir la présence des chefs d'administration générale. »
(U. B., 17 nov.)
M. De Lehaye propose le retranchement du dernier paragraphe de cet
amendement. (U. B., 17 nov.)
M. Delwarde a la parole pour un rappel
au règlement ; il demande qu'on ne cumule pas les amendements et qu'on examine
le premier. (U. B., 17 nov.)
M. le comte Duval de
Beaulieu demande la priorité
en faveur d'un amendement de la quatrième section. (U. B., 17 nov.)
M. Barthélemy – Toutes
ces difficultés proviennent d'un vice de rédaction; l'article a été fait à une
époque où le gouvernement provisoire avait une autre nature
qu'aujourd'hui ; il n'est actuellement que pouvoir exécutif. Il doit être
permis aux membres du gouvernement en corps ou par un délégué, de faire des
communications, par exemple relativement à un traité. J'approuve le § 1e
comme nécessaire. (U. B., 17 nov.)
M. Destouvelles – L'admission de l'article 12 peut faire naître de
graves inconvénients ; la voie des messages et l'appel des chefs d'administration
doivent suffire. Le § '1er me parait (page
145) indispensable ; il y avait une lacune dans l'ancienne loi
fondamentale, les membres des états généraux ne croyaient pas avoir le droit de
requérir la présence des chefs d'administration générale. (U. B., 17 nov.)
M. Van Snick (Aux voix! aux voix!) – Je n'ai pas encore parlé deux
fois. Je crois au fond que les dispositions sont nécessaires, mais qu'elles
doivent faire l'objet d'une loi. (U. B., 17 nov.)
M. le baron de Stassart – Pourquoi ne pas consacrer dans le règlement même une
disposition dont la sagesse est reconnue ? pourquoi vouloir une proposition
particulière, qui nécessairement entraînerait des longueurs ? ce serait perdre
de vue la nécessité de marcher, avec la célérité que les circonstances
commandent, vers. les grands résultats politiques que le peuple belge et
l'Europe attendent de nous. (U. B, 17 nov.)
M. le président met aux voix l'amendement de M. Forgeur. (U. B., 17
nov.)
M. de Robaulx propose
comme sous-amendement le retranchement des mots: « soit par un de ses membres » (U. B., 17 nov.)
-
Après trois épreuves, ce sous-amendement est déclaré adopté.
L'assemblée
adopte ensuite l'amendement de M. Forgeur. (P.
V.)
L’article
12 se trouve en conséquence ainsi rédigé :
« Les
communications entre le congrès national et le pouvoir exécutif ont lieu par
messages.
« Les
messages du pouvoir exécutif sont portés au congrès par celui des chefs d'administration
générale qu'ils concernent ; celui-ci peut se faire assister de commissaires.
« Le
congrès peut requérir la présence des chefs d'administration générale. »
(P. V.)
___________________
M le comte de Bergeyck propose un article additionnel ainsi
conçu:
« Les
dispositions du présent règlement pourront être changées, modifiées ou
augmentées par le congrès, toutes les fois qu'il jugera que les circonstances
l'exigent ou que l'expérience fera connaître que des changements ou additions
au règlement sont nécessaires. » (C., 17 nov.)
M. Liedts – Il me semble que cet article est inutile ; c'est de
droit. (C., 17 nov.)
M le comte de Bergeyck – Il se trouve dans tous les règlements. (C., 17 nov.)
M. Van Meenen – L'article proposé par M. de Bergeyck me semble
complètement inutile ; le droit qu'il veut nous réserver est dans la nature
même des choses : je sais bien que l'on a vu des articles semblables insérés
dans d'autres règlements, et que même dans des lois fondamentales on a pris la
peine de déclarer que ces lois seraient maintenues aussi longtemps qu'elles ne
seraient pas changées ; mais ce n'est pas une raison pour adopter la
proposition de l'honorable M. de Bergeyck, proposition qui me paraît une
véritable superfluité. (U. B., 17 nov.)
-
L'article additionnel de M. le comte de Bergeyck est rejeté. (U. B., 17 nov.)
M. le comte Duval de Beaulieu – Il résulte de ce rejet qu'on regarde
la faculté de changer le règlement comme de droit. (D. B., 17 nov.)
M. le président – Sans doute. (U. B., 17 nov.)
- L'assemblée
décide qu'il en sera fait mention au procès-verbal. (P. V.)
M. le président demande si, avant de voter sur l'ensemble du
règlement, on juge à propos d'ouvrir la discussion sur cet ensemble. (J. B.,
17 nov.)
M. le baron de Stassart – La discussion sur l'ensemble de notre règlement a dû
précéder la discussion de chaque article, ou bien ce serait s'exposer à
renverser l'édifice que nous venons de construire. (J. B., 17 nov.)
M. Van Snick – L'objet est assez important pour en
faire un article du règlement. (J. B., 17 nov.)
M. de Labeville propose un article additionnel ayant pour but d'établir que sur
toute loi la discussion générale précédera celle des articles. (D. n., 17 nov.)
Plusieurs voix - C'est entendu. Aux voix ! (U. B., 17 nov.)
M. le comte de Quarré veut prendre la parole. (C., 17 nov.)
De
toutes parts
– Non, non; aux
voix! (C., 17 nov.)
M. le comte de Quarré adresse à M. le président quelques observations. (U.
B., 17 nov.)
M. le président – Je vous ferai observer, monsieur, que ce n'est pas moi
qui vous retire la parole, mais bien la volonté de l'assemblée. (U. B., 17
nov.)
On
décide qu'il sera inséré au procès-verbal qu'il est entendu que la discussion
de tout projet commencera sur l'ensemble et que, après l'adoption du projet
article par article, il sera voté sur l'ensemble. (P. V.)
M. le président – Maintenant nous allons voter sur l'ensemble du
règlement. (U. B., 17 nov.)
- On demande l'appel nominal. (U. B., 17 nov.)
M. Henri de Brouckere fait observer que pour éviter la perte de temps il est plus
convenable de voter par assis et levé ; si le vote est douteux, on procédera à
l'appel nominal; mais si (page 146) la
majorité est évidente, il est inutile d'employer ce mode de voter. (U. B., 17
nov.)
M. Jottrand demande la
lecture du règlement. (Non! non!) (U. B., 17 nov.)
- On vote par assis et levé sur l'ensemble du
règlement qui est adopté à l'unanimité. (P. V.)
M. de Muelenaere – Le
règlement sera-t-il imprimé et distribué ? - Oui. (J. F., 17 nov.)
M. le président – En quel
format le veut-on ? (J. F., 17 nov.)
Plusieurs voix – Dans le
moindre possible, in-18. (J. F., 17 nov.)
- L'impression en aura lieu dans le format portatif du règlement de la
chambre des députés de France. (J. F., 17 nov.)
La séance est suspendue; elle est reprise au bout
de vingt minutes. (U. B., 17 nov.)
M. le président – On va
donner lecture de deux propositions déposées sur le bureau, l'une de M.
Constantin Rodenbach, et l'autre de M. Pirson. (U. B., 17 nov.)
Il est donné lecture de ces propositions ; celle de M. Constantin
Rodenbach est conçue en ces termes:
« J'ai l'honneur de soumettre au congrès la
proposition suivante: Quelle sera la nature du gouvernement ? » (A.)
Celle de M. Pirson est ainsi conçue:
« Je demande le renvoi en sections de la question de la- monarchie ou
.de la république, et je propose qu'on se réunisse jeudi pour la discussion
publique sur cet objet. » (E., 17 nov.)
M. Constantin Rodenbach – Le congrès
national, destiné à prononcer sur le sort de notre patrie, vient de se
constituer. Les esprits en suspens attendent avec anxiété le résultat de nos
premières délibérations. Il est à désirer que ce résultat soit conforme au
vœu du peuple et à la dignité du pays.
C'est pour atteindre ce but, c'est pour mettre plus de célérité et plus
de méthode dans les débats, que j'ai cru devoir demander qu'une discussion
générale s'ouvrît et que le peuple belge décidât, par l'organe de ses
représentants, quelle sera la nature ou la forme du gouvernement. .
J'ai pensé aussi que les « volontés »
des puissances ne doivent pas faire loi dans le règlement de notre
organisation future ; que la position particulière du pays et les convenances
devaient, avant tout, être prises en considération.
C'est après la solution de cette question vitale qu'on pourra, il me
semble, s'occuper avec opportunité de la constitution et du choix des chefs ou du chef de l'État.
Je demande le renvoi de ma proposition aux
sections. (C.. 17 nov.)
M. le président demande si ces
propositions seront envoyées aux sections. (J. B.. 17 nov.)
M. Nagelmackers pense que la première proposition
doit être préférée. (C., 17 nov.)
M. Seron trouve au
contraire la deuxième préférable : la question est mieux posée ; elle ne laisse
que l'alternative entre la république et la monarchie constitutionnelle ; il
n'y a pas ici de partisans de l'aristocratie, du despotisme ou de la
théocratie. (C.. 17 nov.)
M. l’abbé de Foere – La
question de M. Rodenbach me paraît être mal posée ; chaque forme de gouvernement a sa nature :
il aurait fallu demander quelle sera la « forme » du
gouvernement. (J. B., 17 nov.)
M. Nagelmackers – J'ai dit que l'une
des propositions est superflue, le renvoi des deux propositions est inutile ;
je vois du reste qu'il n'y a pas ici de partisans de la théocratie, de
l’aristocratie et du despotisme. (C., 17 nov.)
M. Constantin Rodenbach . Je consens à ce qu'on substitue le mot
« forme » au mot
« nature ». (C., 17
nov.)
M. Delwarde préfère
la première proposition, elle laisse plus de latitude. D'ailleurs on n'est pas
d'accord sur le sens du mot de « République » (Interruption.) (C., 17 nov.)
M.
Pirson retire sa proposition. (U. B.. 17 nov.)
M. le président. Y a-t-il dix membres qui demandent le renvoi aux
sections ?
-Un
grand nombre de députés se lèvent. (C., 17 nov.)
La
proposition de M. Rodenbach est renvoyée à l'examen des sections. (P. V.)
M. Charles Le Hon demande que la proposition soit
présentée sous une autre forme ; celle de question ne lui paraît pas
convenable. (U. B., 17 nov.)
De
toutes parts –
C'est décidé. (C., 17 nov.)
M.
Pirson répond que c'est bien une proposition qu'on a faite. (J.
F., 17 nov.)
M. Constantin Rodenbach. Il me semble qu'en bonne logique,
soumettre une question au congrès et demander le renvoi en sections, c'est
faire une proposition complète. (U. B., 17 nov.)
(page
147) M. Werbrouck-Pieters: Messieurs, tous tant que nous sommes ici,
nous n'avons qu'un même désir, qu'un même but, celui de contribuer de tous nos
efforts au bonheur, à la prospérité de notre chère patrie.
Pour
atteindre ce but, nous sommes appelés à donner aujourd'hui à nos provinces
affranchies une forme de gouvernement qui convienne le mieux à leurs intérêts
bien entendus ; un gouvernement dont la stabilité et la force donneront la
plus grande garantie à l'Europe, un gouvernement enfin qui pourra, en nous
conciliant les suffrages des puissances étrangères, éloigner à jamais de notre
sol les guerres dont il a été tant de fois le théâtre, et nous assurer une part
dans le commerce général sans lequel
Messieurs,
pour parvenir à cet heureux résultat, nous pourrons quelquefois différer
d'opinions, de moyens, peut-être même pourrons-nous parfois dans le cours de
nos discussions émettre des opinions qui ne seront pas partagées par plusieurs
d'entre nous, et n'être pas tout à fait d'accord avec quelques sentiments
manifestés au dehors de cette enceinte, et surtout avec des écrits anonymes,
pseudonymes ou tous autres qu'on aurait pu ou qu'on pourrait encore faire
circuler pour, ni plus ni moins, nous imposer des devoirs qui ne sont ni
conformes à notre mandat, ni d'accord avec notre conviction. - Il faut donc,
messieurs, que la plus grande liberté d'opinions puisse régner en cette
enceinte. Chaque membre doit pouvoir exprimer la sienne avec franchise, avec la
plus entière indépendance, sans crainte comme sans arrière-pensée ; personne de
nous ne doit être exposé à se voir menacé ou poursuivi de la part de qui que ce
puisse être, à l'occasion des opinions et votes émis par lui dans l'exercice de
ses fonctions de membre au congrès.
J'ai, en
conséquence, l'honneur de vous proposer, messieurs, de décréter
l'inviolabilité de chaque député et de vous soumettre le projet que déjà j'ai
déposé au bureau, et qui est de la teneur suivante:
« Le
congrès national,
« Considérant
qu'il importe que la plus grande liberté d'opinion soit assurée aux membres du
congrès national,
« DÉCRÈTE:
« Art.
1er. La personne de chaque député est inviolable.
« Art.
2. Aucun député au congrès ne pourra être poursuivi ni recherché à l'occasion
des opinions ou des votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions. »
Messieurs,
ce que j'ai l'honneur de vous proposer ici est ce qu'a fait l'assemblée
nationale de France dans des circonstances à peu près analogues à celles dans
lesquelles nous nous trouvons placés aujourd'hui.
Les
passions ne sont pas assez calmées, le noble enthousiasme qu'inspire la
victoire remportée par le peuple belge, au nom de la liberté, sur l'entêtement
et le despotisme, ne permet point encore d'écouter de sang-froid les opinions
qui ne flattent ou ne répondent point de suite et entièrement à toutes les
généreuses utopies inspirées par le plus ardent amour de la patrie et de son
indépendance. - Longtemps encore,la raison des Belges se révoltera au souvenir
des événements et des malheurs récents qui ont désolé notre pays, malheurs qui
menacent encore la malheureuse ville d'Anvers sur laquelle le glaive de Damoclès
reste toujours suspendu, puisque rien n'annonce jusqu'ici l'évacuation de sa
citadelle.
Messieurs,
vous le savez ; il est difficile de réunir aussi promptement et à la fois ce
qu'il y a de plus contradictoire chez les hommes : l'impassibilité de la
sagesse à la puissance de l'enthousiasme. Il faut donc une garantie réelle pour
nous tous, quelle que soit notre opinion ; la véritable liberté est là ; c'est
elle que vous allez consacrer; c'est elle que nous devons soutenir et par la
force morale et par la force physique. Ce n'est qu'au milieu de l'ordre que
cette liberté peut vivre et vivifier. Le désordre et les troubles la font
mourir. Ma proposition tend à la conservation de cet ordre et de notre
indépendance. Elle n'est d'ailleurs, quant à l'art. 2, que la répétition
littérale des dispositions de l'art. 76 du projet de constitution que nous
allons examiner. Si on l'a crue nécessaire pour les chambres à venir, je crois
qu'elle convient à plus forte raison au congrès, où la lumière doit jaillir du
choc des opinions.
Je
demande le renvoi de ma proposition aux sections. (J. A., 18 nov.)
- La
proposition de M. Werbrouck-Pieters est appuyée et renvoyée à l'examen des
sections. (J. A. 18 nov.)
(page 148) M. Pirson fait
la proposition suivante – Le serment a toujours été considéré, par le peuple,
comme devant avoir un effet salutaire dans les grandes solennités qui se
rattachent au pacte qui doit lier les gouvernants et les gouvernés. Je propose
le serment suivant, à prêter par tous les membres de cette chambre:
« Je jure
ou promets que lors de mon vote relatif à l'organisation des pouvoirs
constitutionnels de
- Cette proposition n'est pas appuyée. (U. B.,
17 nov.) .
M.
Pirson fait une seconde proposition tendant à ce qu'il soit
nommé une commission chargée de revoir le projet de constitution ou d'en présenter
un nouveau. (C., 17 nov.)
M. le comte Vilain XIIII pense que cette proposition est prématurée. II faut
d'abord que la question relative à la forme du gouvernement soit résolue. (C.,
17 nov.)
M. le baron de Stassart – Nos dix sections sont, je crois,
les comités naturels chargés de l'examen préliminaire du projet de loi fondamentale.
La proposition de l'honorable M. Pirson tendrait à nous entraîner vers des
lenteurs inutiles et peu compatibles avec les besoins impérieux de la patrie.
(J.B., 17 nov.)
- La
proposition de M. Pirson n'est pas appuyée. (U. B., 17 nov.)
L'ordre du
jour est la proposition de M. le comte de Celles (C., 17 nov.)
M. le président invite M. le comte de Celles à développer sa
proposition. (U. B.. 17 nov.)
M. le comte de Celles
– M. le président, par
des considérations étrangères au fond de ma proposition, mais importantes dans
l'intérêt général du pays, j'ai été prié de remettre à jeudi le développement
de ma proposition. (U. B., I7 nov.)
M. Constantin Rodenbach – Par
les mêmes raisons, j'ajourne un amendement que j'ai fait à la proposition de M.
de Celles. (U. B., 17 nov.)
M. Pirson – Et moi un sous-amendement, quoique
je ne sois pas heureux en propositions. (Rire universel.)(U. B., 17
nov.)
M. Werbrouck-Pieters – Sur l'observation d'un membre,
j'ajouterai le paragraphe suivant à ma proposition:
« Chaque
membre du congrès national est placé sous la protection spéciale de la garde
civique de Bruxelles. » (De toutes parts : Oh! oh! allons donc!) (U. B.,
17 nov.)
M. le président – Nous sommes sous une protection plus
large que celle que l'on nous propose, sous celle du peuple belge tout entier.
(Bravos.) (U. B., 17 nov.)
- Cette motion n'a pas
de suite. (C., 17 nov.)
M. de Labeville propose d'ajouter à la proposition de
M. Werbrouck-Pieters, qu'aucun membre du congrès ne pourra être poursuivi pendant
la durée de la session, pour quelque crime que ce soit, sans une autorisation
de l'assemblée. (De toutes parts: C'est inutile.) (C., 17 nov.)
-
L'assemblée décide que les députés se réuniront en sections, demain à dix heures,
et fixe la séance publique à une heure.
Il
est trois heures et demie; la séance est levée. (P. V.)