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D’ANSEMBOURG Jean-Baptiste (1782-1854)

 

 

 

 

 

D’ANSEMBOURG Jean-Baptiste, Ferdinand, Joseph, né en 1782 à Liége, décédé en 1854 à Amstenrode

Age en 1830 : 48 ans

Congressiste (1830-1831, Maestricht)

 

Biographie

Interventions au cours de la session 1830-1831 (Congrès national)

 

 

BIOGRAPHIE

 

(Extrait de : R. DEMOULIN, Biographie nationale de Belgique, t. XIX, 1956-1957, col. 108-112)

D’ANSEMBOURG (Jean-Baptiste­-Ferdinand-Joseph, comte DE MAR­CHANT ET), né à Liège le 24 fé­vrier 1782, décédé à son château d'Amstenrode, Limbourg hollandais, le 14 mai 1854. Fils de Joseph, comte de Marchant et d'Ansembourg, lieutenant aux gardes du prince-évêque de Velbrück, son oncle. Le 9 fé­vrier 1814, un arrêté de Wintzingerode, général en chef de l'armée russe, faisant partie de l'armée combinée du Nord de l'Allemagne, le nomma membre de la Commission centrale de gou­vernement du ci-devant département de la Meuse-Inférieure dont le siège provisoire était fixé à Liège, point central du passage des troupes. La commission fut dissoute par un arrêté du 11 mars 1814 du gouverneur gé­néral du Bas-Rhin, Sack. Le 16 fé­vrier 1816, il fut inscrit dans l'ordre équestre du Limbourg avec le titre de comte, transmissible à tous ses des­cendants.

En 1830, le district de Maestricht l'envoya siéger au Congrès national. Il vota pour l'indépendance du peuple belge et contre l'exclusion des Nassau, en faveur du duc de Nemours puis de Léopold 1er. Son appartenance à la noblesse se marque clairement par ses votes contre l'abolition de toute espèce d'ordre et contre l'abaissement du cens électoral des campagnes. Il vota pour l'institution de deux Cham­bres et pour la nomination du Sénat par le Roi. Sa position en matière scolaire s'exprime avec netteté dans le texte qu'il proposa le 24 décem­bre 1830 : « L'enseignement est libre ; toute mesure préventive est inter­dite. L'instruction publique donnée aux frais de l'État et des communes est réglée par la loi qui détermine les mesures de surveillance et de répres­sion. La surveillance sera exercée par l'État sur les établissements qu'il salarie, et par les autorités communales sur les écoles à l'entretien desquelles les communes contribuent. Aux tribunaux est réservée la répression des délits. »Il ne croyait pas que la loi civile puisse dominer la loi religieuse. « La question religieuse a décidé notre Révolution. La religion est un besoin social. Le traitement du clergé est une dette. »

Le 30 août 1831 il fut élu, par l'ar­rondissement de Maestricht, membre du Sénat. Élu secrétaire adjoint en 1833, 1834, 1835, 1837, secrétaire en 1831, 1836 et 1838, il participa avec distinction aux travaux de la Haute Assemblée. La défense des droits des habitants du Limbourg inspira toute son activité. Dès le 10 juin 1833, il critique la convention du 21 mai 1833 ; le 10 novembre 1836 il propose d'ajouter un paragraphe au projet d'adresse : les vœux patriotiques émis par les conseils provinciaux du Luxem­bourg et du Limbourg qui avaient exprimé l'ardent désir de rester libres seront pris en considération. Sa pro­position fut repoussée.         ,

Le 16 mai 1838, à la suite de l'accep­tation des 24 articles par Guil­laume 1er, il proposa de voter une adresse au Roi. Il fut appuyé par son collègue de Bousies et le Sénat se réunit en comité secret. Le lendemain, le Sénat adopta le projet d'adresse exprimant le vœu « ... que la marche des négociations permette de nous conserver les provinces de Limbourg et de Luxembourg dont tous les intérêts sont depuis des siècles, con­fondus avec les nôtres, et ne peuvent être détachés sans un froissement dangereux ... que ces populations puissent continuer à vivre sous des institutions qu'elles ont librement choisies avec nous, et sous lesquelles, depuis sept ans elles sont calmes et heureuses. » C'est à cette adresse que Léopold 1er fit la brève mais célèbre réponse: « Messieurs, les sentiments et les vœux exprimés par le Sénat sont aussi les miens ... les cir­constances m'ont mis à même de rendre de grands services à la paix européenne ; je désire et je demande qu'il m'en soit tenu compte dans l'intérêt de la Belgique ».

Le 29 mars 1839, la discussion du projet de loi tendant à autoriser le gouvernement à conclure et à signer les traités réglant la séparation entre la Belgique et la Hollande était à l'ordre du jour du Sénat. Le comte d'Ansembourg réclama immédiate­ment la parole pour une motion d'ordre. Il demanda qu'avant de s'en­gager dans la discussion, le ministre des Affaires étrangères, M. de Theux, communique toutes les pièces diplo­matiques qui avaient un rapport direct avec le traité et qui n'avaient pas été comprises dans le rapport distribué. Le sénateur de Maestricht s'exprima avec fermeté : « Il importe que dans une discussion aussi solennelle, la lumière la plus éclatante soit jetée sur tout ce qui touche cette, grave question ». Cette motion, appuyée, par plusieurs membres, fut combattue par le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Travaux publics, J.-B. Nothomb et le comte d'Arschot. Mise aux voix, elle fut rejetée.

Au cours de la discussion du projet de loi, d'Ansembourg revint à la charge sur le point précis de la proposition d'échange d'une partie du Limbourg contre une partie du Luxembourg que le gouvernement belge aurait faite antérieurement au 26 septembre 1831, puis prononça un important discours qui fait songer au grand débat de l'Assemblée nationale française en 1871 à Bordeaux. Il pouvait mal sur­monter son émotion: « Dans un mo­ment sans exemple dans les fastes de l'histoire, où une révolution est conviée à se détruire, à s'exécuter elle-même, où des citoyens doivent vendre leurs concitoyens ; où un État nouveau-né est condamné à se mutiler lui-même ».

Personne plus que lui n'abhorre la guerre, déclara-t-il, « mais une nation peut-elle vouloir la paix à tout prix ? » Il s'éleva énergique­ment contre le démembrement de deux provinces, « car le morcellement compromet et souvent anéantit les intérêts de tout genre, intérêts matériels, intérêts moraux, liens de famille, liens de société, liens de toute espèce ». La scission dans le Cabinet, la démission de trois ministres, le vœu unanime des Belges de conserver des frères sont les arguments qu'il oppose aux partisans du traité. Il termina par des paroles pleines d'amertume. Le lendemain, le 26 mars, il fut plus âpre encore. Il n'y aurait pas de majorité, affirmait-il, si l'on déduisait « du chiffre des accep­tants d'abord MM. les Ministres, puis les employés du gouvernement, les hommes qui prennent part au budget et aux honneurs que les Ministres peuvent toujours, dans tous les États, distribuer à point nommé, ces hommes enfin qui, dans tous les pays, dans tous les gouverne­ments absolutistes ou constitution­nels, n'ont jamais d'autres inspirations que celles du Ministère ». Mais les jeux étaient faits. Trente et un sénateurs répondirent oui à l'appel nominal, quatorze non, deux s'abstinrent.

Après la cession, il resta sur ses terres et remplit ses devoirs vis-à-vis de l'État néerlandais.

Il avait été fait chevalier de l'Ordre de Léopold et de l'Ordre de Guillaume.

Il avait épousé à Hardenberg (Westphalie), le 15 septembre 1808, Marie-Antoinette, baronne de Wendt­-Holtfeld et du Saint-Empire, née à Hardenberg le 27 juin 1781, décédée à Amstenrade le 16 octobre 1856. Ils eurent sept enfants.

R. Demoulin.

Autres références : Ulysse CAPITAINE, Nécrologe liégeois pour l’année 1855.

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1830-1831 (Congrès national)

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du Congrès  (10/11/1830)

(01) Mani­feste résumant tous les griefs du peuple belge (18/11/1830)

(02) Exclusion des Nassau de tout pouvoir en Belgique (24/11/1830)

(03) Constitution. Indépendance des cultes vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment question de l’antériorité du mariage civil sur le mariage religieux (22/12/1830)

(04) Constitution. Liberté d’enseignement (24/12/1830)

(05) Garde civique (17/01/1831)

(06) Protestation contre le protocole de la conférence de Londres du 20 janvier 1831 (31/01/1831, 01/02/1831)

(07) Question relative au choix du chef de l’Etat (Nemours-Leuchtenberg) (03/02/1831)

(08) Droits d’entrée sur les fers (01/03/1831)

(09) Emprunt de 12,000,000 de florins et/ou situation diplomatique (04/03/1831)

(10) Question du chef de l’Etat (Léopold de Saxe-Cobourg) et propositions annexes (02/06/1831)

(11) Préliminaires de paix (07/07/1831)

(12) Proposition tendant à donner à M. le baron Surlet de Chokier, régent de la Belgique, un témoignage de la reconnaissance nationale (20/07/1831)