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DSCN3067VAN INNIS Henri (1790-1864)

 

 

 

 

 

 

 

VAN INNIS Henri, Marie, né en 1790 à Lede, décédé en 1864 à Gand

Age en 1830 : 40 ans

Congressiste (1830-1831, Gand)

Catholique. Elu par l’arrondissement de Gand de 1831 à 1832.

 

Biographie

Interventions au cours de la session 1830-1831 (Congrès national), 1831-1832

 

BIOGRAPHIE

 

(Extrait de : R. WARLOMONT, Biographie nationale de Belgique, t. XLI, 1979-1980, col. 441-446)

VAN INNIS (Henri-Marie), magis­trat et homme politique à une épo­que où les deux qualités étaient con­ciliables, né à Lede (Alost) le 3 novem­bre 1790, décédé à Gand le 27 mai 1864.

Henri-M. van Innis était le fils de François-Joseph van Innis, médecin, et de Marie-Jeanne-Maximilienne Ver­brugghen ; il épousa Marie-Louise van Ypersele. Il exerça, depuis le 25 no­vembre 1858, les fonctions de premier président de la Cour d'appel de Gand. Un décès inopiné le surprit, à l'âge de septante-trois ans, en activité de service : la limite d'âge, imposée par la loi du 25 juillet 1867 relative à l'exercice des fonctions judiciaires, était encore à venir.

Henri-M. van Innis a été membre du Congrès national durant toute la session ; il a, de surcroît, siégé à la Chambre des représentants durant les années 1831 et 1832.

Si la carrière de van Innis tient à la fois à l'ordre judiciaire et à la légis­lature, la dominante de l'homme est celle du juriste. Ainsi, lorsqu'il pren­dra la parole, le 6 février 1831, au Congrès en s'insurgeant contre une proposition du baron Beyts tendant à faire insérer, dans la Constitution, un texte proscrivant la rétroactivité des lois, il le fera en citant un traité du Digeste: Van lnnis est, du reste, un romaniste : ses contemporains sont unanimes à ce propos. Il avait pris ses grades à la Faculté de droit de l'Université impériale de Bru­xelles en 1813 et présenté, le 16 juin de cette année, une dissertation sur un thème qui intéresse les principes généraux du droit et qui présente un des aspects de principe que le patri­moine du débiteur constitue le gage commun des créanciers: in quibus causis pignus vel hypotheca tacite contrahitur. Une thèse annexe, rédi­gée en français, concerne la rescision des partages en droit civil.

Il fut nommé juge au Tribunal de première instance de Gand le 20 mars 1825. Au moment où surgit la Révo­lution de 1830, van Innis est donc un magistrat d'une quarantaine d'an­nées ; il exerce des fonctions effectives depuis cinq ans. II se rallie, sans difficulté, au Gouvernement provi­soire. Le 10 octobre 1830, ce dernier met en œuvre son arrêté du 1er du même mois concernant « les réformes et améliorations nécessaires à l'administration de la justice » en nommant à nouveau le juge van Innis aux fonctions qu'il exerçait naguère. On n'ignore pas que le processus suivi comportait non seulement certaines révocations expresses de magistrats et de fonctionnaires mais la prétéri­tion de certains sur le sort desquels il serait statué plus tard. Les mérites de van Innis seront reconnus sans réserve et sans retard.

Sa qualification judiciaire ayant été confirmée, il se trouve en condition régulière pour être nommé conseiller à la Cour supérieure de Justice de Bruxelles : cette promotion intervient le 16 octobre, soit six jours plus tard. Il se présente dans le courant du même mois aux élections du Congrès natio­nal ; il y est élu le cinquième des douze représentants du district de Gand, où il recueille 1.179 voix. Le 29 août 1831, il fera acte de candidat aux élections pour la session de la nouvelle Chambre des représentants. Il y milite alors, sur la liste « des intérêts de la patrie », qui se trouve en compétition avec la liste oran­giste. La première est soutenue par le Journal des Flandres, la seconde par le Messager de Gand. Un moment, une division s'est introduite dans le premier des deux groupements et le nom de van Innis n'a pas été repris sur une liste projetée. On rapporte qu'une intervention de l'autorité reli­gieuse aurait mis un terme à ces dis­cussions. En tout cas, les élections ont consacré la victoire de la liste des patriotes avec Helias d'Hudde­ghem et van Innis, qui remportent respectivement 1.454 et 1.431 voix, contre la liste « libérale et orangiste » de Van Crombrugghe et Metdepen­ningen : cette dernière n'en recueille pas la moitié.

L'année suivante, la loi du 4 août 1832 organique de l'ordre judiciaire crée la Cour d'appel de Gand. Van Innis, membre de la Cour supérieure de Bruxelles, accède à cette dernière, le 4 octobre ; il y occupe sur la liste de rang la première place des conseil­lers. Le 29 juillet 1844, il sera élu président de chambre par ses pairs. Le monde du Palais a reconnu dans le premier président van Innis non seulement la rectitude du caractère, une culture spécifique, mais aussi, comme s'est exprimé le bâtonnier François d'Elhougne, membre d'une autre famille spirituelle, l'indépen­dance d'un homme « qui voulait sin­cèrement les libertés de nos institutions et dont les vertus humaines s'imposaient. »

Afin de jauger le rôle de van Innis en qualité de législateur, il convient de retenir qu'au Congrès national, dans cette assemblée où, fait observer Louis de Lichtervelde, « les moins de trente ans formaient près de dix pour cent de l'assemblée, les moins de quarante ans un peu moins de la moitié», il n'est sans doute pas un senior, mais il figure déjà dans le groupe des aînés. Il appartient à la deuxième couche. Sa physionomie n'est, en tout cas, pas marquée par le romantisme de l'époque. Il s'affirme partisan des solutions modérées.

Lors du scrutin pour l'élection d'un roi, il figure, le 25 janvier 1832, au nombre des 51 membres qui présen­tent le duc de Nemours ; le 3 février, il donne sa voix au duc de Leuchten­berg. Il joindra bientôt la sienne aux nonante-trois partisans du prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha ; il opinera, en son temps, pour l'ordre du jour conférant priorité à l'élection d'un roi. Dans l'entretemps, il a voté, à propos de la régence, pour Félix de Mérode.

C'est, à l'époque, un homme du centre. Certains l'ont classé dans la fraction dite « démocratique » du Con­grès, au moment où cette acception était générale et où les distinctions de la politique intérieure n'étaient pas marquées. Adversaire du principe de l'indemnité parlementaire, de la surveillance de l'enseignement par les autorités publiques, il combat, d'au­tre part, celui de la nomination des membres du Sénat par le roi et vote pour l'abaissement du cens électoral dans les campagnes. Il se rallie à l'adoption du traité des XVIII arti­cles et se manifeste opposé à la ques­tion préalable à ce propos.

La Chambre des représentants est, au cours de la session 1831-1832, saisie de notre première loi d'orga­nisation judiciaire : van Innis y com­bat, le 6 juin 1832, l'institution au sein de la future Cour de cassation d'une chambre dite « des requêtes». Le baron Etienne de Gerlache, qui en deviendra premier président, veut faire apparaître la nécessité d'un orga­nisme destiné, dans son esprit, à désencombrer la chambre civile de la Cour suprême. Van Innis, comme Mathieu Leclercq, futur procureur général de cette Cour, combat cette création. A l'appui de son opinion, il ne met pas seulement en évidence que les nullités n'étant pas de plein droit, les cassations ne seront pas aussi nombreuses que les nullités elles-mêmes ; il fait également valoir que l'exemple de la Cour de cassa­tion de France ne peut être invoqué. Cette dernière juridiction a pour tâ­che de réaliser l'unité de jurispru­dence parmi une vingtaine de cours d'appel, alors que celles de Belgique n'excéderont pas le nombre de trois. L'opinion de Mathieu Leclercq et de van Innis a prévalu.

Le 2 juillet 1832, lors de la discus­sion du projet gouvernemental sur la création de l'Ordre de Léopold, l'an­cien constituant prend la parole pour le combattre. II sera rejoint, ici, par des membres qui se réclament des fractions les plus diverses : Du­mortier, Fleussu, Gendebien, Leclercq, Liedts, Vilain XIIII. Le deuxième des précités dira « Rappelons-nous ce qui s'est passé au Congrès... ». Chez van Innis, c'est le juriste qui va s'exprimer. II motivera son vote négatif en ces termes : « Dans une section, j'avais voté pour un ordre civil, mais après avoir examiné la ques­tion d'inconstitutionnalité, j'ai changé d'avis ... L'article 76 de la Constitution, ne donnant au roi que le droit de conférer les ordres militaires, lui a, par cela même, dénié le pouvoir de donner des ordres civils ... qu'a répondu le ministre : tout ce qui n'est pas défendu est permis ... Cette maxime n'est pas praticable en matière constitution­nelle ... D'après ces scrupules, je ne pourrais voter la loi ... ». Van Innis était une conscience.

C'était aussi un lettré ; il présidait la Commission des archives du Con­seil des Flandres. La bibliothèque de l'Université de Gand possède une lettre qu'en cette qualité il a adressée, le 4 février 1860, au secrétaire de cette institution, Edmond De Bus­scher.

Un portrait, non signé, de van Innis figure dans l'ouvrage que Charles du Bus de Warnaffe et Carl Beyaert ont publié en 1930.

Le Premier Président Henri-Marie van Innis laissait à sa mort une fille et deux fils : Léopoldine, morte en célibat ; Emile, devenu juge de paix à Asse, qui épousa en premières noces Francisca de Viron et en secondes Félicie, sa sœur, filles du Chevalier de Viron, bourgmestre de la commune d'Asse durant soixante ans ; et Fran­çois, qui entra dans la Compagnie de Jésus et s'y distingua comme pro­moteur, avec ses disciples J. Renkin et H. Carton de Wiart, du catholi­cisme social en Belgique.

René Warlomont.

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1830-1831 (Congrès national)

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du Congrès  (10/11/1830)

(01) Proposition relative à l’élection du duc de Nemours (25/01/1831)

(02) Constitution. Non-rétroactivité des lois (06/02/1831)

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1831-1832

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre de la chambre. Election non contestée (09/09/1831)

(01) Périodicité de l’élection du bureau de la chambre (10/09/1831)

(02) Mode de publication des lois (16/09/1831)

(03) Vérification des pouvoirs d’un membre de la chambre (19/09/1831)

(04) Organisation de la garde civique (20/09/1831)

(05) Contrôle des armes de guerre (15/12/1831)

(06) Organisation judiciaire. Cour de cassation (06/06/1832), cours d’appel (16/06/1832, 18/06/1832, 19/06/1832)

(07) Création de l’ordre Léopold. (02/07/1832)