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DE LAMINNE Louis (1789-1858)

 

Biographie

Interventions sessions : 1832-1833, 1833, 1833-1834, 1834-1835

 

DE LAMINNE Louis, François, Joseph, né en 1789 à Liège, décédé en 1858 à Liège.

Age en 1830 : 41 ans.

Catholique. Elu par l'arrondissement de Liège de 1832 à 1835

 

DONNEES BIOGRAPHIQUES

 

(Extrait de CAULIER-MATHY, dans Nouvelle biographie nationale, t. VII, 2003, pp. 110-113)

DE LAMINNE, Louis, François, Joseph, chevalier, industriel et homme politique, né à Liège le 22 avril 1789, y décédé le 22 septembre 1858.

Louis de Laminne appartenait à une famille de grands commis de l'Etat qui venait d'être anoblie lorsque survint la Révolution liégeoise. Son père et son grand-père, décédés prématuré­ment, avaient été greffiers des échevins de Liège. Son grand-père maternel était avocat et échevin. Du point de vue social, la famille de son conjoint - Agnès dite Lambertine de Bex - avait gardé les mêmes valeurs. Le bourgmestre de Liège, Jean-Pierre-Joseph de Bex (1768-1845), avait, en effet, donné deux de ses filles à des fonctionnaires. Marie-Thérèse de Bex avait épousé Werner de Lamberts-Cortenbach, gouverneur de Flandre orientale et sa sœur, Sophie, était l'épouse de Louis-Marie-René de Potesta de Waleffe, conseiller à la Cour d'appel. La troisième avait épousé Henri van der Straeten-Waillet, dont on connaît mal l'activité liée à l'administration des propriétés familiales qui paraissent avoir été rassemblées pour être gérées comme société immobilière.

Rompant avec la tradition, Louis de Laminne ne va rechercher aucune fonction publique ou politique. Il s'occupera activement et personnel­lement de la gestion de sa fortune. En quarante ans, il ne passa pas moins que trois cent cinq actes d'achat. Il agrandissait ainsi son domaine foncier déjà fort étendu puisque dès 1830 il fit partie du «club» des vingt-cinq contribuables les plus imposés de la province. Sa fortune était alors «engagée [à la fois] dans une fabrique, des exploitations, des propriétés agraires ». Il s'assu­rait ainsi des revenus stables tout en laissant une place à l'industrie qui lui apportait l'espoir « de découvertes heureuses ».

Il se différenciait de la noblesse hesbignonne qui se déchargeait des soucis matériels en confiant la gestion des biens à un notaire rural. Louis de Laminne se fit seulement aider par un employé installé à son domicile. Il fut secondé efficacement par Lambertine de Bex. Celle-ci suivait de très près le mouvement des affaires et n'hésitait pas à remplacer son mari sur le site de l'usine lorsque celui-ci en était empêché. Elle rejoint ainsi le groupe très fermé des femmes chefs d'entreprise qui, après avoir secondé leur conjoint, lui succèdent une fois veuves. Louis de Laminne adopta également une position originale en ce qui concernait l'instruction des jeunes enfants qui fut confiée à des institutions scolaires et non à un précepteur. Ses fils et son pupille seront élèves de l'Ecole des Mines de l'Université de Liège en même temps qu'un autre fils d'in­dustriel liégeois, Frédéric Braconier.

Louis de Laminne débuta sa carrière d'entre­preneur à vingt et un ans en succédant à son tuteur qui avait participé au développement de l'industrie de l'alun, l'un des pôles de croissance de l'économie liégeoise du XVIIIe siècle. Il devint seul propriétaire de l'alunière de Saint­-Nicolas à Ampsin évaluée à 37.000 francs en 1804. L'entreprise, comme ses voisines, occupait une centaine d'ouvriers. Pour exploiter le gisement et organiser l'usine, de Laminne fit appel, durant le régime hollandais aux frères Dumont ; l'un était aspirant ingénieur des mines, l'autre géomètre. Tous deux étaient les oncles d'André Dumont, le grand géologue, avec qui il entretiendra de confiants et fructueux rapports. L'usine de Saint-Nicolas, qui fut la dernière alunière maintenue en activité dans la vallée de la Meuse, assurait une production annuelle moyenne de 1.000 tonnes entre 1857 et 1862, pour doubler de 1870 à 1880 avec un effectif compris entre 100 et 200 ouvriers. Malgré le déclin de l'usage de l'alun dans l'industrie, l'alunière et ses annexes était évaluée à près de 100.000 francs en 1878.

Comme la plupart des industriels contempo­rains, de Laminne voyait dans la concentration verticale la solution à ses problèmes d'approvisionnement. Il entendait produire lui-même le combustible nécessaire au grillage de l'alun et demanda en conséquence la concession des gisements de houille qui se trouvaient sous ses propriétés d'Ampsin. Il en obtiendra une partie. Mais cette volonté d'intégration concernait également le traitement des minerais de calamine. Ceux-ci avaient été découverts à proximité de ses propriétés par des tiers. Les recherches qu'il fit effectuer à son tour révélèrent la présence de minerais sous ses terres. Mais ses concurrents vont s’organiser, soudoyer de hauts fonctionnaires et acheter de puissants appuis à la cour de Guillaume d’Orange pour soutenir leur demande en concession. Fort de ce qu’il considérait comme son droit, Louis de Laminne n’envisagea même pas de chercher à corrompre qui que ce soit. Il se fondait essentiellement sur le fait qu’il était propriétaire du sol pour prétendre à l’obtention du gisement. La concession fut accordée quatre ans à peine après la découverte du minerai, mais ce fut l’association qui sera à la base de la Société de Corphalie qui en bénéficiera. Toute sa vie, de Laminne considérera cette décision royale comme une profonde injustice.

Cette indignation qui éclatait à tout moment sous le plume de Louis de Laminne fut partagée par d’autres industriels, François Philippe de Haussy, qui représentait l’industrie hennuyère au sénat, stigmatisa le procédé en usage sous le régime hollandais, qu’il engloba pudiquement sous le terme de fraude. Ce trafic d’influences au niveau des plus hauts rouages de l’Etat laissa d’amers souvenirs. Un quart de siècle après les faits, le libéral Constant d’Hoffschmidt accusait encore « la convoitise industrielle protégée sous Guillaume par la partialité intéressée de maints personnages. »

Evincé, privé de ce qu’il considérait comme son bien, outré par la politique de Guillaume d’Orange, qui s’était attribué « le droit d’élever (nos) enfants, de les protestantiser, de nous hollandiser », Louis de Laminne faisait un candidat très acceptable pour défendre les intérêts liégeois au niveau national. Suppléant au Congrès national, il n’eut pas l’occasion de participer aux travaux de cette assemblée et se borna à faire partie du premier Conseil de régence de Liége dans la Belgique indépendante. Il accepta comme un devoir moral de poser sa candidature aux élections législatives de 1833. Il fut présenté comme candidat catholique, « cagot » écrira dans son journal intime Edmond de Sélys-Longchamps, sénateur libéral et catholique pratiquant.

Louis de Laminne est en effet très dévot. On a pu le voir assister à l’office de cinq heures et demie du matin à Sainte-Gudule, en dehors de toute obligation religieuse. Aussi s’incline-t-il sans réticence devant es exigences de l’encyclique Mirari Vos qui condamne les libertés de conscience, d’opinion et de presse. Cette appartenance justifie sa volonté d'adapter les exigences de l'Eglise catholique à la logique industrielle. Il ne veut pas mettre ses ouvriers dans l'impossibilité d'accomplir leur devoir dominical, mais n'entend pas arrêter l'activité de l'usine qui exige la présence constante de main­d'œuvre. Aussi, lors de la construction de l'usine de Bende en 1842, envisage-t-il « d'arranger une petite chapelle, un autel à deux battants en un local décent de l'usine. Il suffirait d'un très petit espace choisi de façon que les ouvriers puissent entendre la messe de l'intérieur de l'usine ». A une époque où les offices religieux se célébraient exclusivement le dimanche matin, cette solution était la seule qui pouvait satisfaire l'Eglise catho­lique sans nuire à l'industrie.

La Chambre des Représentants le compta parmi ses membres de janvier 1833 à juin 1835. Assistant scrupuleusement à toutes les séances, il se trouva néanmoins très isolé à Bruxelles. Les représentants catholiques ne se réunissaient pas en groupe et rares étaient les Liégeois de passage dans la capitale. Comptant initialement participer à la révision de la législation sur les mines, il renonça à cet espoir au vu de la virulence des différences qui opposaient les Liégeois aux Hennuyers et les industriels aux propriétaires fonciers. Aussi fut-il soulagé de céder son mandat à un juriste, Jérôme Keppenne, en qui il voyait le défenseur des avantages que le droit liégeois accordait aux propriétaires.

Déchargé de sa mission parlementaire, de Laminne va s'investir dans la gestion de ses affaires. Son bref passage à la Chambre lui a ouvert certaines portes. Il est en mesure de contacter de Meeûs avec qui il a siégé au Parlement et qui détient les clefs du pouvoir au sein de la Société Générale et de la Société de Commerce. Il va obtenir la participation de la Générale dans le charbonnage de Sclessin. La constitution en société anonyme, en octobre 1835, représente pour lui la transformation en actions de la participation qu'il détient depuis plus de dix ans dans cette houillère. Conformément aux statuts, il conserva ses actions un an par-devers lui et profita pleine­ment de la hausse des cours pour les vendre en 1837. Cette opération se solda néanmoins par un déficit, qui devait être compensé par une redevance que l'entreprise s'était engagée à lui verser a titre de dédommagement comme propriétaire de la surface. Les difficultés rencontrées par les producteurs de zinc n'incitè­rent pas de Laminne à se détourner de ce nouveau créneau industriel. Il surveillait étroi­tement les travaux de la Société de Corphalie qui extrayait sur ses propriétés. En 1835, il s'aperçut que Corphalie retirait en plus de la calamine ou silicate de zinc, de la blende ou sulfure de zinc, minerai qu'elle exploitait sans concession. Celle-ci fut accordée à Corphalie en 1848, ce qui ne fit que renforcer l'amertume du propriétaire de la surface. En 1837, il avait sollicité l'autorisation de construire au lieu-dit Bende dans la commune d'Ampsin une usine pour le traitement du plomb, du fer et du zinc. Il semble avoir attendu d'y être autorisé en 1841 pour entreprendre cette construction. L'arrêté lui permettait d'établir un fourneau pour le plomb et dix fours pour réduire la calamine. Avec le concours d'un futur ingénieur des mines Louis-Charles Mesdach de Tierkiele, Louis de Laminne innova en mettant au point en 1848 un procédé de récupération des gaz provenant du grillage des minerais, afin de les utiliser dans le traitement de l'alun. Depuis 1843, il était propriétaire d'une ancienne usine à zinc qui avait été autorisée l'année précé­dente. Cette usine de La Croix Rouge était située entre la route de Liège à Huy, le long de la Meuse, et du chemin de fer sur le territoire d'Antheit. Elle se composait en 1856 d'un magasin à zinc et réfractaires, de deux bâtiments abritant des fours à zinc et d'un atelier de moulage. En 1857, la Croix Rouge importe des minerais d'Allemagne mais princi­palement d'Espagne où ils sont produits par une société liégeoise, l'Asturienne des mines. Sa production en 1861 atteint le tiers de celle de Corphalie. En 1878, la fonderie de zinc d'Antheit sera évaluée à 350.000 francs.

Ces demi-succès furent ressentis par de Laminne comme des demi-échecs. Mais il eut à surmonter d'autres épreuves matérielles et morales. Dépossédé de ses gisements de minerais, il fut aussi exproprié de son domicile urbain. La ville de Liège avait décidé l'ouver­ture de nouvelles rues, percées à travers le tissu urbain au maillage particulièrement serré du quartier de l'Isle. Elles se recoupaient perpen­diculairement pour relier le futur boulevard périphérique à la Meuse. Pour ce faire, il était indispensable de détruire une partie des immeubles qui entouraient la collégiale Saint­-Paul, reconvertie en cathédrale en lieu et place de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert. Mais était-ce nécessairement à l'endroit exact où était situé l'hôtel de Laminne ? Il y vit une intention malveillante, peut-être fondée. « Expulsé violemment... sans aucun acquiesce­ment », il déménagea pour s'installer en 1846 à l'ombre de la collégiale Saint-Jean. Il avait alors dépassé la cinquantaine. Cette épreuve fut suivie de peu d'une autre encore plus doulou­reuse. Il assista impuissant aux souffrances de son second fils, que la mort devait emporter en 1851 à vingt-six ans après de longs mois de maladie.

A son décès, il laissait une fortune évaluée à 1.300.000 francs, composée de biens industriels, d'une vaste propriété sur Rotheux où il avait avec patience et persévérance étendu le domaine foncier dont Lambertine de Bex avait hérité. Fidèle à sa ville, il y occupait deux immeubles, l'un situé au centre de Liège et l'autre sur la colline de Cointe, sa résidence d'été.

La pugnacité dont il fit preuve, tant dans ses requêtes que dans les opuscules destinés à un plus large public, le rattache à l'Ancien Régime. Jamais il ne se consola de la perte des avantages, dont il avait été dépouillé par la législation sur les mines et minières votée par les Français et appliquée par les Hollandais. Les dispositions de la loi du 2 mai 1837 ne furent à ses yeux que des améliorations lénifiantes. Il est bien de son temps dans sa manière de conserver sa correspondance et tenir un journal intime, reflet d'une nature à la fois inquiète et audacieuse. Il représente la nouvelle génération d'entrepreneurs par sa manière de gérer sa fortune, par son inlassable activité, par la confiance qu'il place dans la compétence des premiers ingénieurs diplômés de l'Université et aussi par le choix qu'il fit de tenter seul sa chance dans le secteur de pointe qu'était alors l'industrie de zinc en Wallonie.

Nicole Caulier-Mathy.

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1832-1833

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre de la chambre. Election contestée (18/01/1833, 19/01/1833, 25/01/1833, 26/01/1833, 28/01/1833)

(01) Budget du département de la guerre pour 1833 et situation diplomatique (27/03/1833)

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE 1833

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre de la chambre (8/06/1833)

Aucune intervention.

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1833-1834

 

(01) Chemin de fer (18/03/1834, 21/03/1834)

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1834-1835

 

Aucune intervention.