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Chambre des représentants de Belgique
Séance du vendredi 2 mars 1832
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre
2) Interpellation relative à la passation du
marché Hambrouck (marché militaire, responsabilité du ministre de la guerre)
((défense des catholiques) de Haerne, Fallon, Mary, Goethals,
Jamme, Lebeau, Gendebien, Delehaye, Osy, Jullien, Leclercq,
Jullien, Gendebien, Devaux, de Theux, Ch. de Brouckere, Gendebien,
Devaux)
(Moniteur belge n°64, du 4 mars 1832)
(Présidence de M. de Gerlache.)
La séance est
ouverte à midi et demi.
Après l’appel
nominal, le procès-verbal est lu et approuvé.
PIECES ADRESSEES A LA
CHAMBRE
M. Lebègue analyse quelques pétitions, qui sont renvoyées à la
commission.
INTERPELLATION RELATIVE
A LA PASSATION DU MARCHE HAMBROUCK
M. le président. - L’ordre du jour est la suite de la discussion de
la proposition de M. Jullien, relative au marché Hambrouk.
(Moniteur belge, n°63, du 3 mars 1832) M. de Haerne. - Je ne puis laisser sans réponse une assertion qui a
été avancée dans la séance d’hier relativement aux catholiques, d’autant plus
que le bruit a été répandu que les catholiques travaillaient contre le ministre
de la guerre, que le marché Hambrouk n’était qu’un prétexte dont ils se
servaient pour masquer leur attaque, et que les honorables membres qui ont
abordé les premiers et avec le plus de force cette question étaient les
instruments aveugles de certains catholiques qui intriguaient à l’ombre. Les paroles
prononcées par l’honorable M. Van Meenen pourraient, messieurs, si elles
n’était relevées, accréditer ce bruit, quelque absurde qu’il soit, chez des
personnes qui ont intérêt à croire certaines choses, et qui pour cette raison
croiraient volontiers tout ce qui est incroyable : des personnes à qui l’on
parviendrait aisément à persuader que le marché Hambrouk est l’œuvre des
jésuites et que M. le ministre de la guerre n’y est pour rien.
La présence de M.
Ch. de Brouckere au ministre aurait donc pu choquer des susceptibilités
catholiques. D’abord, messieurs, je vous avoue que je ne comprends pas trop la
valeur que peut avoir ici le mot susceptibilités. Si l’on entend par là une
volonté ferme et inébranlable, de la part des catholiques, d’exiger pour eux comme
pour tout le monde la liberté entière, telle qu’elle est garantie par la
constitution, on a raison de leur attribuer des susceptibilités ; mais on a
tort, si l’on veut donner à ce mot la signification de prétentions
inconstitutionnelles. Et pour répondre, messieurs, à une imputation que
j’attribue moins à M. Van Meenen qu’à ceux dont il est venu rendre, sans le
savoir peut-être, toute la pensée, je n’aurais qu’à citer l’exemple des
catholiques et des ecclésiastiques du congrès, lesquels, dans la description de
la loi fondamentale, n’ont demandé pour eux que la liberté, et ont demandé
aussi la liberté entière pour tous les autres. Si, après cela, messieurs, ils
se sont divisés entre eux dans certaines questions purement politiques, eh bien
! ils ressemblaient à tous les partis qu’on a vus successivement se fractionner
et se dissoudre, d’après la nature des diverses questions politiques qui
s’offraient à nos délibérations.
Mais on dit que
les catholiques veulent s’emparer du pouvoir, et que si, à l’occasion du marché
Hambrouk, M. le ministre de la guerre laisse tomber son portefeuille, ils
seront tout prêts à le ramasser. Telle ne peut être notre pensée, messieurs ;
nous comprenons trop bien que le catholicisme doit être indépendant, que son
contact avec le pouvoir lui serait mortel, et que les catholiques qui entrent
au ministère n’y sont que comme citoyens, et non comme catholiques. Et, quoique
les catholiques ne veuillent pas d’opposition systématique, et qu’ils appuient
le gouvernement quand il marche dans les voies constitutionnelles, j’ai
l’intime conviction que le catholicisme doit se trouver dans le parti de
l’opposition, si par opposition on entend une entière indépendance du
gouvernement. Dans l’état actuel de la société, on ne demande pas la liberté ;
on la prend, on l’arrache au pouvoir. Ainsi, messieurs, s’il y a des hommes au
ministère dont nous ne partageons pas les principes religieux, loin que cela
dût éveiller notre susceptibilité, je crois, au contraire, que nous devrions
nous en réjouir, pour autant qu’il n’y eût pas de graves abus à craindre de
leur part. Voilà mon opinion, messieurs, et je crois que c’est celle de la
masse des catholiques belges. Nous ne pouvons vivre que de liberté, et malheur
à nous si nous voulions appuyer l’autel sur le trône !
Si en parlant de
susceptibilité catholiques, on a voulu dire que les catholiques ont le
sentiment de la justice plus vif que les autres, qu’ils reconnaissent des
principes d’équité avec lesquels ils ne peuvent jamais transiger, on a raison ;
et c’est parce que je suis convaincu que ces principes ont été scandaleusement
violés dans l’acte du marché Hambrouk, que je me vois obligé, en conscience, à
m’élever contre ce contrat qui est si onéreux au peuple. Si l’on appelle cela
susceptibilité, on en est bien le maître ; mais pour moi, j’appelle cela de la
justice. Aussi n’est-ce pas à M. Ch. de Brouckere que j’en veux pour la
passation de ce marché, mais au ministre de la guerre.
Il est vrai,
messieurs, que je suis loin d’être d’accord avec M. Ch. de Brouckere sur les
questions de liberté religieuse ; mais M. Van Meenen doit se rappeler que,
chaque fois qu’en cette matière j’ai été d’une opinion contraire à celle de M.
de Brouckere, M. Van Meenen partageait la mienne. Ainsi donc nous pourrions
supposer à M. Van Menen la susceptibilité qu’il suppose, lui, aux catholiques,
à moins qu’en matière de libertés religieuses ses convictions n’aient pas été
aussi fortes qu’en certaines autres matières, ce que je n’ai aucune raison de
croire. Du reste, messieurs, s’il existe, à vos yeux, quelque dissension entre
les catholiques et M. Ch. de Brouckere, vous jugerez vous-même qui a pu y
donner naissance, vous jugerez de quel côté est le tort. M. le ministre de la
guerre, qui avait compris sans doute que M. Van Meenen avait voulu lui
attribuer la cause de cette mésintelligence, a cru devoir se laver de ce
reproche en faisant une espèce de profession de foi. Il a dit qu’il veut la
liberté « pour tous. » Puisqu’il s’est exprimé ainsi, j’en dirai
autant de mon côté, et j’ajouterai que je veux aussi la liberté « en
tout, » sans entendre toutefois justifier par là des actes injustes ou des
marchés onéreux au peuple tels que le marché Hambrouk. Enfin, messieurs,
j’entends la maxime « liberté en tout et pour tous » comme on l’entendait
avant la révolution et comme les unionistes l’entendent encore. C’est une
maxime expansive des libertés publiques, une maxime antérieure à la révolution
; et il est bon de se la rappeler, afin qu’elle puisse servir de règle dans
l’interprétation de la constitution. Il serait absurde, messieurs, après avoir
fait un révolution, d’interpréter la constitution qu’elle a fait naître dans le
sens du pouvoir, au lieu de l’interpréter dans le sens de la liberté. Ce n’est
pas ainsi que j’entends le mouvement, ce n’est pas ainsi que j’entends l’esprit
du siècle. Le mouvement tend à affranchir de plus en plus les hommes.
Déjà nous avons
conquis l’indépendance entière de l’intelligence, et ce qu’il y a de matériel
dans l’homme se dégagera de plus en plus d’entraves, à mesure que les progrès
mêmes de l’intelligence rendront ces entraves moins nécessaires pour le
maintien de l’ordre public. Il s’ensuit donc, messieurs, que la maxime de
« liberté en tout et pour tous, » au lieu d’être anarchique, comme
elle a paru aux yeux de quelques personnes, est, au contraire, éminemment
sociale, puisqu’elle exprime l’état de progrès qui est la première condition de
la société actuelle. Je me suis permis, messieurs, de vous donner ces
explications parce que, comme M. le ministre vous a fait une sorte de
profession de foi, j’ai cru pouvoir lui exposer la mienne.
Puisque maintenant
j’ai pris la parole, je vous dirai encore quelques mots sur le fonds de la
question.
On nous dit sans
cesse : Voulez-vous conservez le ministre de la guerre ? Il faut lui faire
grâce de son marché. Si vous nommez la commission, le ministre se retire.
Messieurs, je vous avoue que cette retraite aurait pour moi quelque chose de
sinistre : Non pas que je croie que nous n’ayons que M. de Brouckere qui soit
capable de remplir ce poste ; non, messieurs, je crois qu’il y a encore des
hommes dans l’armée et même hors de l’armée qui seraient capables d’occuper
cette place, sans dédaigner les conseils des généraux français dont M. de
Brouckere a avoué avoir beaucoup profité. Mais, si M. de Brouckere quitte le
ministère, voici ce que je me suis dit : Si j’avais été plus tôt au ministère,
j’aurais mieux organiser l’armée, j’aurais mobilisé toute la garde civique,
j’aurais fait un appel aux volontaires, etc. L’ancien ministre dira : Si
j’avais été encore au ministère, j’aurais battu les Hollandais. De cette
manière, les deux ministres se renverront la balle, et il n’y aura point de
responsabilité. Si la responsabilité des ministres était quelques chose de plus
qu’un mot, cette considération me ferait voter pour l’ajournement indéfini de
la proposition ; mais l’enquête sur les désastres d’août nous a appris à quoi
nous pouvons nous attendre, dans de tels cas, du chef de la responsabilité
ministérielle.
Je ne critique pas
le ministre de la guerre pour les services qu’il a rendus à l’armée, quoique je
pense qu’il aurait bien pu faire plus qu’il n’a fait, surtout pour relever le
moral de l’armée, pour animer son patriotisme et exciter son enthousiasme. Je
crois qu’à cette fin, M. le ministre aurait dû, entre autres choses, activer,
comme il l’avait promis, les travaux de la commission d’enquête qu’il a
lui-même nommée, afin de laver ainsi plusieurs chefs militaires du blâme qui
pourrait peser injustement sur eux, et de faire naître ou d’accroître cette
confiance qui est le nerf d’une armée. Il aurait rendu ainsi inutiles les
travaux de la commission nommée par la chambre, travaux qui paraissent
suspendus à présent comme ceux de la commission ministérielle. Il serait à
désirer aussi que M. le ministre traitât mieux les volontaires qui ont fait la
révolution.
Serait-il vrai,
comme on a voulu me l’assurer, que le ministre aurait étendu ses sévices jusque
sur les Polonais, et que ceux d’entre eux qui auraient demandé du service
auraient été écartés par les conseils d’un ambassadeur ? Il paraît que la
diplomatie, qui s’insinue partout et gâte tout ce qu’elle touche, a même
rouillé le sabre du ministre de la guerre. Que n’admet-on les héros de la
Pologne dans la légion étrangère qui n’est composée, à ce que le Moniteur nous a dit, que de 500 hommes,
moins le chef qui en a été séparé on ne sait comment ni pourquoi ? J’aurais
bien des choses à dire encore sur le compte du ministre de la guerre, mais je
me bornerai à cette réflexion : savez-vous à quoi nous servira notre légion
étrangère ? A faire dire à l’étranger, comme on l’a déjà dit à la tribune
d’Angleterre, qu’il y a des milliers d’étrangers et surtout de Français qui se
sont enrôlés sous nos drapeaux, et que nous n’avons sous ce rapport rien à
envier aux Hollandais. Voilà, messieurs, tout le résultat que produira la
création de la légion étrangère.
Ce n’est pas que
les observations que je viens de vous faire influent sur l’opinion que je me
suis formée relativement au marché Hambrouk. J’ai jugé le marché Hambrouk en
lui-même ; je l’ai trouvé onéreux comme tout le monde l’a trouvé onéreux.
Que vous a-t-on
dit pour vous faire fermer les yeux sur ce contrat onéreux ? Catilina ou le
prince d’Orange est à vos portes, et vous délibérez ! Je ne me dissimule pas le
danger qui nous menace ; mais d’abord je pense que le marché Hambrouk ne fera à
cela ni bien ni mal, comme vous l’ont déjà dit plusieurs honorables
préopinants, et comme je l’ai donné à entendre aussi tantôt. Ensuite, je crois
que le danger est encore assez éloigné, et que nous ne serons pas attaqués
avant d’avoir essuyé un combat diplomatique.
Et à ce sujet,
messieurs, j’ai une réflexion toute particulière à vous faire, c’est que si
vous jetez un voile sur le marché Hambrouk, à cause de la position où vous vous
trouvez, il n’est plus rien sur quoi vous ne deviez fermer les yeux à l’égard
du ministère, dès que celui-ci voudra se retirer ; il n’est plus aucun abus que
vous ne deviez tolérer, plus aucun acte ministériel que vous ne deviez
sanctionner, plus aucun protocole que vous ne deviez accepter, dès que le
ministère fera de votre approbation une question d’existence pour lui. Songez,
messieurs, au pouvoir immense que vous lui conférez par là. Réfléchissez bien
que, le pouvoir une fois accordé, on ne le retire plus quand on veut ; et, si
tantôt on vient encore se plainte d’actes illégaux ou inconstitutionnels, notre
ministère se placera, comme il a fait à Gand, dans un juste milieu entre les
protocoles et les orangistes, et s’attirer ainsi les coups des uns et des
autres. Eh bien ! messieurs, alors vous aurez beau vous plaindre, on vous dira
que M. de Brouckere est l’homme indispensable, et que, puisque vous lui avez
fait grâce sur le marché Hambrouk, vous pourriez bien lui pardonner aussi des
actes de moindre importance. Telle sera la réponse qu’on vous donnera chaque
fois que vous voudrez contrôler la conduite du ministère. Je mets en fait que,
si vous rejetez la proposition de M. Jullien, vous donnez au ministère un
pouvoir discrétionnaire et absolu.
Je
ne dirai qu’un mot de l’ordre du jour dont on vous a parlé hier, un moment
avant qu’on proposât la clôture, c’est que, comme j’ai eu l’honneur de vous le
dire, le sens et la valeur qu’on a voulu attacher à cette décision suffiraient
pour ne pas l’adopter. Comment, messieurs, en votant l’ordre du jour, vous vous
interdiriez de revenir plus tard sur cette affaire ? Il ne vous serait pas même
permis d’en parler lors de la discussion du budget de la guerre, et vous
devriez voter respectueusement la liste civile du sieur Hambrouk, comme vous
avez voté celle du Roi ? Quand même vous en agiriez ainsi, je pense que le
sénat n’imiterait pas votre exemple. Songez donc encore une fois, messieurs, à
la décision que vous avez prise à l’unanimité dans vos sections et dans votre
section centrale ; songez que, si vous rejetez à présent ce que vous avez
adopté alors, vous allez vous déconsidérer pour faire grâce au ministre, vous
allez dépopulariser la révolution en tolérant un abus aussi grave, vous allez
décider contre vous-mêmes.
(Moniteur belge, n°63, du 3 mars 1832) M. Fallon. - Messieurs, en ma qualité de membre de la section
centrale, j’ai partagé l’opinion unanime qui a dicté la proposition sur
laquelle nous délibérons.
Si je prends la
parole, ce n’est pas avec la prétention d’apporter de nouvelles lumières dans
la discussion, mais simplement pour faire connaître les motifs qui me
déterminent à persister dans ma première opinion.
Un acte du pouvoir
exécutif, le marché Hambrouk, est signalé de toute part comme excessivement
onéreux au pays.
S’il était dans le
pouvoir de la chambre de vérifier le fait, il était nécessairement de son
devoir de procéder à cette vérification et de chercher à faire débarrasser la
nation de ce marché, s’il était effectivement préjudiciable au trésor de
l’Etat.
Or, ce pouvoir de
la chambre est dans l’article 40 de la constitution. Le droit d’examen y est
absolu ; personne ne peut en tracer les limites.
Aussi on est
généralement d’accord que la mesure proposée par la section centrale est
constitutionnelle.
Reste, à la
vérité, la question d’opportunité dans l’application de la mesure.
Sur ce point, j’ai
entendu professer des doctrines qu’il m’est impossible d’adopter.
On a dit qu’au cas
actuel l’usage du droit d’enquête serait une perturbation des pouvoirs, et que
la chambre voulait gouverner et administrer.
On se trompe, me
semble-t-il, en croyant apercevoir d’aussi graves inconvénients.
Il n’y a pas
trouble dans l’exercice du pouvoir exécutif lorsqu’il s’agit seulement d’user
du droit que l’on a d’examiner l’un de ses actes. Et remarquez bien, messieurs,
que c’est parce que l’on va au-delà de ce que la section centrale a demandé,
que l’on s’effraie d’une perturbation de pouvoirs.
Votre section
centrale a pris soin de ne rien préjuger. Elle demande simplement à ce que,
dans le calme, une commission examine et fasse ensuite à l’assemblée telle
proposition qu’elle jugera convenir.
Attendez donc le rapport
de cette commission, et ne supposez pas à l’avance qu’elle va vous proposer des
mesures de nature à ébranler notre régime constitutionnel.
En nommant cette
commission, la chambre, dit-on, veut gouverner, veut administrer.
Mais on ne
gouverne pas, on n’administre pas, alors qu’on se borne à examiner le mérite
d’un acte du gouvernement ou d’une administration quelconque, et c’est
notamment ce que requiert de la chambre le droit de pétition.
Mais on ne
gouverne pas encore, lorsque après avoir examiné un acte administratif, on
propose et on discute des mesures.
N’arrive-t-il pas
tous les jours que le pouvoir législatif règle le mode d’exercice du pouvoir
exécutif, dans les différentes branches de l’administration de l’Etat ?
Où en serions-nous
si l’exercice du pouvoir exécutif ne pouvait être circonscrit par le pouvoir
législatif ?
Où en serions-nous
surtout si l’article 40 de la constitution n’était venu donner à la chambre le
moyen modérateur de faire redresser les écarts du pouvoir exécutif, sans devoir
recourir au moyen extrême d’un refus de subsides ?
Car, ne nous y
trompons pas, le conseil qui nous a été donné d’attendre le budget de la guerre
pour paralyser le marché, en refusant le budget même, n’est qu’un moyen
d’étouffer la proposition. On ne met pas le feu à la maison pour éviter les
voleurs.
Mais, dit-on
encore, la commission dans tous les cas est inutile ; et l’on se demande ce que
fera cette commission, aujourd’hui surtout que la proposition de M. Jullien a
été examinée et discutée par la commission elle-même.
Nous savons
maintenant si le marché est onéreux, en quoi et pourquoi ; ainsi la commission
ne nous apprendra rien de nouveau sur ce point.
Le marché,
ajoute-t-on, est inattaquable judiciairement ; ainsi inutile de demander à la
commission s’il y a des moyens de le faire résilier.
Il me semble
d’abord qu’il était au moins inutile, pour ne pas dire imprudent, de proclamer
ici que le marché était judiciairement hors d’atteinte. A coup sûr, ce n’est
pas le moyen d’amener Hambrouk à une transaction.
Quant à moi, je
m’abstiens de m’expliquer sur ce point, et je déclare que, pour ce faire,
j’aurais besoin d’un examen plus approfondi.
Du reste, en
supposant l’absence de moyens judiciaires, n’en existe-t-il point d’autres propres
à nous débarrasser du marché ? Il vaut bien la peine, sans doute, de laisser à
une commission le soin de faire quelques recherches.
D’ailleurs, en
supposant encore qu’il faille subir le marché, ne convient-il pas d’examiner
s’il n’est pas à propos d’éviter pour l’avenir semblables préjudices,
semblables conflits et pareilles discussions ? Rien n’empêche de profiter de la
circonstance pour régler, par des mesures législatives, le mode des marchés de
subsistances, tant pour les cas ordinaires que pour les cas d’urgence : et qui
mieux qu’une commission peut nous proposer à cet égard des mesures sages et
convenables ? Enfin, si une commission n’est pas nommée, que restera-t-il de
tous nos débats ?
On dira avec
raison à la chambre : On a accusé le ministre d’imprévoyance, et c’est contre
vous que le reproche de légèreté est rétorqué. Si la proposition de M. Jullien
était de nature à produire une perturbation des pouvoirs, si elle était
intempestive, si la nomination d’une commission était un acte d’ingratitude
pour des services rendus, pourquoi avez-vous unanimement demandé en sections la
nomination de cette commission ? Si les pénibles débats qui ont suivi le
rapport de la section centrale vous ont donné des apaisements suffisants sur
l’acte aussi violemment attaqué, pourquoi reculez-vous au moment du jugement ?
Pourquoi ne donnez-vous pour réhabilitation qu’un simple ordre du jour ?
On
dira au ministre : Si, comme vous le dites, les circonstances et vos chiffres
sont une preuve irrécusable que, si le marché Hambrouk est onéreux au pays, ce
n’est ni par votre faute ni par votre imprévoyance, pourquoi avez-vous dédaigné
de mettre cette preuve sous nos yeux alors qu’il fut question de savoir si la
proposition serait prise en considération, et pourquoi, lorsque, dans votre
silence et sans rien préjuger, la chambre demanda un simple acte d’instruction,
venez-vous aussi tardivement, et alors qu’on proclame de toute part qu’il ne
s’agit de compromettre ni votre honneur ni votre probité, vous opposer à
soumettre vos preuves et vos moyens à l’investigation d’une commission ? Ne
craignez-vous pas les inductions que l’on pourra tirer de cette obstination ?
Telle est la
position fâcheuse de la chambre et du ministre. Quant à moi, où les choses en
sont venues, je ne vois d’autre moyen d’en sortit l’une et l’autre avec
dignité, et d’empêcher une nouvelle perte de temps lors de la discussion du
budget de la guerre, qu’en laissant à une commission le soin de rassembler tous
les éléments de la discussion, de faire la part des circonstances et de nous
faire ensuite telles propositions qu’elle jugera convenir ; qu’en adoptant
enfin les conclusions de la section centrale.
(Moniteur belge n°64, du 4 mars 1832) M. Mary croit rectifier
les bases erronées de quelques calculs de M. Gendebien pour fixer le bénéfice
que ferait Hambrouk. Il se bornera à examiner le prix de deux des six articles
dont se compose la ration, parce que ces erreurs suffiraient pour faire
apprécier quelle foi il faut ajouter à ce qui a été avancé sur le reste, et
pour appuyer son opinion non sur des prix faits à plaisir, mais au contraire
sur des prix dont les éléments ont été puisés à des sources irrécusables.
M.
Gendebien établit ses calculs pour le prix de la ration de paix, en supposant
que l’hectolitre de froment ne coûtait, en septembre, que 11 florins, ce qui
est inexact, puisque le journal d’agriculture, qui paraît mensuellement à
Bruxelles, et qui présente, à la fin de chaque livraison, la mercuriale du prix
des grains dans huit des principales villes de la Belgique, donne pour prix
moyen 11 fl. 60 c. M. Gendebien en déduit alors le prix de 3/4 de kil. de pain
de farine non blutée (ce qui forme la ration militaire) à environ 9 cents,
tandis que la ville de Bruxelles avait, dans sa mercuriale imprimée et publiée
du prix du pain pendant le mois de septembre, porté le prix, pour la même
qualité de pain, à 10 1/2 cents. Ainsi, Hambrouk, pour fournir du pain en temps
de guerre et dans les camps, ne demandait que 9 à 10 p. c. de plus que pour
l’habitant de Bruxelles, somme modique si l’on considère ses risques et ses
frais de transports ou d’administration. L’entrepreneur devait fournir du riz
de la Caroline, que M. Gendebien évalue à 21 florins les 100 kil., tandis que
le prix courant imprimé de la place d’Anvers, du 24 septembre dernier, le porte
de 26 à 29 florins.
M.
Goethals. - Messieurs, je viens ajouter quelques mots à tout ce
qui a déjà été dit sur le marché Hambrouk. Ce n’est pas assurément que je
veuille en entreprendre la défense : comme beaucoup d’entre vous, messieurs, je
flétris ce contrat, parce que je ne puis m’empêcher de le regarder comme
onéreux au pays.
Mais, sans
examiner ici la possibilité ou l’impossibilité de résilier le marché, dans les
circonstances graves où nous nous trouvons, il ne s’agit plus, me semble-t-il,
de considérer le marché isolément ; et nous devons regretter qu’on ait conduit
la question qui nous occupe sur un autre terrain que celui où l’avait placée
l’honorable auteur de la proposition.
C’est
aujourd’hui, messieurs, en présence de l’ennemi et devant les dangers d’une
perturbation réelle dans l’armée, que nous devons, je pense, peser notre vote.
C’est le cas de se dire : De deux maux il faut choisir le moindre ; et le
véritable profit du peuple, c’est, à mon avis, le salut de la nation tout
entière.
Condamner le
marché Hambrouk, mais absoudre le ministre, voilà, je pense, messieurs,
l’offrande que nous devons porter sur l’autel de la patrie dans ce moment
critique, et c’est par cette seule considération que j’appuierai l’ordre du
jour.
M. Jamme. - Messieurs, au point où en
est la discussion, je ne dois vous occuper que peu d’instants.
Ce qui a été dit
sur le marché Hambrouk est plus que suffisant pour le flétrir ; mais
malheureusement c’est plus que suffisant aussi pour livrer à une publicité
nuisible et peu flatteuse les erreurs, les vices, les misères de certaines
parties de notre administration et les fâcheux et longs débats auxquels nous
sommes entraînés.
Je ne dirai que
deux mots du marché, il est assez connu ; ses vices sont la clandestinité, le
manque d’adjudication, son prix onéreux et la longueur de son existence.
Ces faits sont si
clairement démontrés que je ne crains pas de l’affirmer ; il n’est aucun de
nous qui, ayant à traiter l’opération pour son propre compte, en temps
ordinaire, l’eût fait avec un oubli aussi complet de ses véritables intérêts ;
mais M. le ministre ne l’eût pas fait non plus, je pense, en temps ordinaire.
Au reste, à en
juger par l’état de la discussion, les moyens de faire résilier le marché me
semblent très douteux et présenteraient de graves inconvénients dans leur
exécution.
Déjà, pour un
tiers de leur durée, les conséquences de l’onéreux marché ont été supportées,
et je suis persuadé, si le marché doit être maintenu, que le ministre avisera à
tous les moyens possibles d’en rendre la charge moins onéreuse à l’Etat.
Que je cherche
maintenant à faire concorder les vices du marché Hambrouk avec les vertus
civiques si connues du ministre, avec ses connaissances en administration, je
le dis à regret, je ne le tente même pas ; la chose m’est impossible ; mais,
messieurs, une autre chose m’est impossible aussi, c’est d’arriver en face du ministre
chargé des nombreuses et justes préventions qu’inspire le marché Hambrouk, et
de ne plus voir dans le ministre celui qui, au moment de nos désastres, a eu le
courage de se charger du portefeuille de la guerre ; celui qui, au risque de
ses jours, de sa tranquillité, de sa réputation, celui qui, à l’aide d’un
travail forcé et sans relâche, et d’une volonté de fer, est parvenu en moins de
six mois à créer une armée sur laquelle la Belgique fonde aujourd’hui toute son
espérance.
Eh
bien ! messieurs, c’est dans l’origine, c’est à l’époque la plus rude de ce
ministère orageux, et que personne peut-être n’eût voulu accepter, que la faute
du marché Hambrouk a été faite.
A cette époque il
fallait tout improviser, car le temps manquait sans cesse pour la réflexion, et
sans doute il ne fallait faire aucune faute ; mais demandez-le aux critiques
les plus sévères, n’en eussent-ils faite aucune eux-mêmes ?
Je suis donc
décidé à voter pour l’ordre du jour.
Je continue
néanmoins à improuver hautement le
marché Hambrouk, mais j’explique son origine, et je regretterai longtemps que
le ministère ait pris à tâche de le défendre. Le marché Hambrouk est un acte
dont le blâme universel doit surmonter toutes les opinions.
M. Lebeau. - Messieurs, en faisant précéder mon vote de quelques
observations, je n’ai pas la prétention d’examiner la question de chiffres ;
car je me mettrais en contradiction avec moi-même, puisque j’ai déclaré
précédemment qu’elle était prématurée et inopportune. Toutefois, messieurs,
cette discussion, bien que prématurée, n’aura pas été perdue. Sa véritable
place se trouvait dans la délibération du budget : elle a eu lieu aujourd’hui ;
elle n’en aura pas moins atteint le but, car il est évident que, si nous passons
à l’ordre du jour sur la question, sans renoncer à y revenir de nouveau lors du
budget, il est évident, dis-je, que les débats qui viennent d’avoir lieu
serviront à en abréger singulièrement l’examen.
Je crois que la
chambre, malgré sa décision précédente et le rapport de la section centrale,
peut, sans inconséquence aucune, passer à l’ordre du jour.
Lorsque le 25 mars
dernier, M. de Brouckere, qui avait été autorisé, le 5 du même mois, à
contracter un emprunt de 12 millions, vint déclarer au congrès qu’il n’avait
pas cru devoir accepter les propositions qui étaient faites, et demander que
l’on nommât une commission chargée d’examiner avec lui les négociations sur
lesquelles il n’avait pas voulu statuer, je concevais alors que l’on procédât
de cette manière. Et dernièrement encore, quant à la proposition faite par un
membre de nommer une commission pour examiner le marché Hambrouk, M. le
ministre de la guerre n’a rien répondu, on pouvait croire, d’après son
acquiescement tacite, qu’il eût alors la même opinion que la chambre sur le
marché, qu’il pensât à des moyens de transaction, et qu’il attendît que la
chambre décidât ce qu’il avait à faire. Il n’existait alors aucun conflit entre
lui et la chambre. Mais aujourd’hui la question change de nature. Quand le
ministre vous dit : « Ma conviction est que le marché n’est pas onéreux,
eu égard aux circonstances et aux risques qui courait l’entrepreneur ; »
quand il voit dans la nomination d’une commission une question d’honneur pour
lui, alors la position est complètement changée : la proposition devient
agressive contre le ministre, c’est une véritable commission d’enquête que vous
nommeriez ; et remarquez que, pour déterminer le sens agressif de la
proposition, nul n’est plus compétent que le ministre lui-même.
Eh quoi ! on
prétend lui faire, en agissant ainsi, une politesse, on prétend adopter une
mesure salutaire à sa réputation, et lui répond que c’est un soufflet honteux
que l’on veut lui donner. Il déclare que c’est de l’absinthe qu’on veut lui
faire boire jusqu’à la lie : non, dit-on, c’est du miel, avalez-le jusqu’à la
dernière goutte et tout sera fini. En vérité, messieurs, c’est la position et
le langage de don Carlos s’adressant à ses bourreaux, qui lui disaient :
« Monseigneur, laissez-vous faire, c’est pour votre bien. »
On dit que la
nomination d’une commission ne doit rien faire à M. le ministre de la guerre.
Messieurs, lorsqu’en Angleterre on propose une enquête générale, c’est un moyen
de parvenir au renvoi d’un ministre ; si cette proposition est accueillie, le
ministre n’a plus qu’une chose à faire, c’est de se retirer. Il en est de même
pour le cas qui nous occupe.
Mais, en supposant
que vous nommiez une commission, quelles conclusions prendrez-vous après
qu’elle vous aura fait son rapport ? Si la commission vient vous dire :
« Oui, le marché est onéreux ; mais la bonne foi, le besoin de pourvoir au
salut du pays, les circonstances ne laissent pas le moindre doute sur la
probité et l’honneur du ministre ; » eh bien ! quelle résolution
prendrez-vous alors ? Vous n’en pourrez prendre aucune, et tout cet examen,
toute cette perte de temps aura été sans aucun fruit pour le pays.
Je me trompe,
messieurs, si le ministre persiste à nier que le marché soit onéreux et que la
chambre soit d’un avis contraire, vous avez un moyen de parvenir à votre but :
vous avez un vote systématiquement négatif à émettre sur ses propositions ;
vous pouvez ainsi que je l’ai dit, refuser les subsides. On a prétendu que ce
raisonnement était une absurdité, et on a ajouté : « Iriez-vous, en
refusant les subsides nécessaires, interrompre le service et affamer l’armée
? » Non, messieurs, ce n’est pas une absurdité. Lisez tous les historiens
politiques, et vous verrez que, quand on refuse ce droit à la législature, il
n’y a plus de gouvernement représentatif ; il est là tout entier. Ce que M.
Gendebien a qualifié d’absurde est le seul système légal, selon moi, le seul
système constitutionnel, et je ne pense pas qu’on ait le droit de lui attacher
cette dédaigneuse qualification. M. Gendebien croit que l’on ne peut refuser le
budget, et, quand il s’agit de crédit provisoires, messieurs, que fait-il ? Il
vote contre. Il ne craint donc pas alors de désorganiser l’armée. Ou il compte
son vote pour rien, ou bien il donne par la pratique un démenti formel à la
théorie qu’il a avancée.
Quant à moi, je
soutiens que l’on peut refuser le budget au ministre de la guerre, si l’on
croit qu’il a outrepassé ses devoirs. Un autre le remplace, qui partage
l’opinion de la chambre, et il peut rompre l’engagement de son prédécesseur, si
celui-ci n’est point resté dans les limites qui lui étaient tracées.
Vous voyez donc
bien, messieurs, que la doctrine que j’ai avancée est sage, qu’elle est seule
juste et raisonnable.
D’ailleurs, il ne
serait pas nécessaire de refuser le budget de la guerre tout entier ; l’action
de la chambre pourrait ne frapper que le chapitre des subsistances, et ne le
frapper même que d’une réduction analogue à l’excès du taux reproché au marché
Hambrouk : de plus, quand on refuse un budget, on accorde des crédits
provisoires, et le ministre a le temps de céder son poste. Son successeur n’est
pas alors lié par les engagements du ministre sortant, si celui-ci a dépassé
ses crédits et ses pouvoirs.
C’est là,
messieurs, que tout doit aboutir : s’il en était autrement, que pourrait vous
proposer une commission d’enquête. Rien ; car la résiliation fût-elle demandée
unanimement par la chambre, dès que le ministre, qui seul paraît la provoquer,
résiste, vous ne saure détruire l’obstacle qu’en le forçant à la retraite. Or,
est-ce cela qu’on veut ? Tout le monde dit non. Est-ce l’accusation ? Pas
davantage. A quoi bon donc nommer une commission ?
Messieurs,
dans cette discussion nous avons entendu se renouveler contre des hommes qui
remplissent consciencieusement leurs devoirs de député, je ne sais quelle
espèce de menace au nom du pays dont ils trahissent, dit-on, les plus précieux
intérêts. Ce genre de reproche n’est pas neuf. Je ne sais s’il s’est élevé au
congrès, comme dans cette chambre, une seule discussion grave où de telles
accusations n’aient été dirigées contre la majorité. Assurément, on ne s’en est
pas fait faute lors d’une délibération mémorable, que je m’abstiens de rappeler.
La majorité, assurait-on, consommait la honte et la misère de la nation.
Qu’est-il arrivé ? Ces mêmes hommes, que les foudres de l’indignation populaire
devaient frappés, ont comparu devant le pays. Le pays, exprimant son opinion
par les élections les plus libres qu’on ait jamais vues, a renvoyé presque tous
ces hommes sur leurs bancs. Plusieurs de leurs collègues opposants y ont été
renvoyés de même. Qu’est-ce que cela prouve ? La juste appréciation que fait le
pays de semblables accusations. Il sait qu’on peut voter différemment, et voter
des deux parts avec une égale bonne foi. Imitons, messieurs, un pareil exemple,
et, par une mutuelle déférence, honorons-nous aux yeux de la nation et de
l’étranger. Adoptons une bonne foi les véritables usages parlementaires ; que
chacun garde son opinion, que chaque émette un vote libre contre ou pour le
ministère, mais que personne ne s’arroge le droit d’accuser son contradicteur
de violer ses devoirs, de trahir les intérêts nationaux.
M. Gendebien. - Je demande la parole… (Murmures.) Messieurs, mon nom a été
prononcé, j’ai le droit de répondre. On a prétendu que je qualifiais
d’absurdité le système consistant à dire que nous pouvons refuser les subsides,
système que j’admets au contraire ; et, pour établir cela, on a eu recours à
des paroles que l’on m’a prêtées. Mais qu’ai-je dit, messieurs ? M. Lebeau
avait avancé que la discussion était prématurée, et qu’elle ne devait venir que
lors de la délibération du budget ; alors j’ai répondu avec une exclamation :
« Admirable remède ! Et qu’adviendra-t-il si vous attendez le budget ?
Lorsque vous conserverez encore l’espoir de voir examiner et trancher la
question, on vous dira : Prenez garde ! l’ennemi est à vos portes, il y va de
l’existence de l’armée ; et on vous arrachera un vote pour l’infâme marché
Hambrouk. » Voilà mes paroles ; mais je n’ai jamais prétendu que c’était
une absurdité de refuser les subsides. Il n’était pas nécessaire de nous citer
des auteurs anglais, nous les connaissons aussi bien que M. Lebeau ; mais la
question est si simple que tout le monde peut la résoudre.
M. Delehaye insiste pour la nomination d’une commission.
(Moniteur belge n°63, du 3 mars 1832) M. Osy. - Messieurs, je réclamerai encore pour quelques
instants votre complaisance et votre indulgence ; mais, au point où en est la
discussion, nous sommes obligés de répondre à ce que nous a dit M. le ministre
; mais je vous répèterai que je regrette qu’ayant voulu constituer la chambre
en commission, au lieu d’adopter la proposition de la section centrale, nous
ayons été obligé d’approfondir devant vous toute la question. Maintenant le
ministre verra la fausse route qu’elle parcourt ; il regrettera, mais trop
tard, de ne pas avoir écouté l’opposition, au lieu de quelques amis qui lui ont
donné un bien mauvais conseil. Notre honneur est également engagé à soutenir ce
que nous avons avancé, et même de venir avec de nouveaux faits que j’aurai
voulu cacher, si l’obstination de M. le ministre ne me forçait à les révéler.
Si j’avais été
consulté, j’aurais dit : demandez un bill d’indemnité ; et, après avoir fait
examiner l’affaire par une commission, vous m’auriez trouvé très disposé à
l’accorder. Mais, aujourd’hui qu’on prétend que nous avons tort, que le marché
n’est pas onéreux, qu’il a été fait avec toute l’attention possible, il n’y a
plus à reculer. Il se peut, comme je le crains, que vous ne nommiez pas de
commission ; ce sera alors à la nation à juger si effectivement les débats
l’ont assez éclairée pour former un jugement juste. Personne plus que moi ne
rend justice aux talents administratifs de M. de Brouckere ; mais, pour faire
des affaires, il ne faut pas seulement du talent, mais de la réflexion, et ne
pas trop se presser de prendre des décisions, pas agir à la légère ; car une
conception vive ne suffit pas, il faut mûrir ses idées ; j’aime mieux ceux qui
disent : hâtent-toi lentement ; on fait alors plus de besogne et moins de
fautes.
M. le ministre
trouve peu parlementaires de ma part d’avoir révélé ce qu’il m’avait dit, il y
a eu huit jours, de sa démission et de ce que S. M. l’avait acceptée. L’ayant
appris de lui devant plusieurs de nos collègues, sur une demande que je lui fis
à ce sujet, à la fin de la séance, tous les journaux en parlaient depuis trois
jours ; je pouvais penser que sa retraire était officielle, qu’on pouvait en
parler à la tribune ; j’ai été obligé de le faire et d’en prendre acte, pour
qu’on ne puisse pas nous dire après tout que cette discussion était la cause de
sa retraite. Jugez maintenant de quel côté est l’inconséquence et s’il y a eu
manque de délicatesse de ma part.
M. le ministre, ne
trouvant pas de bonnes raisons pour vous dire pourquoi il avait résilié les
marchés faits avec l’entrepreneur d’Anvers, pour les provinces d’Anvers et du
Brabant, au prix de 24 1/4, et ce jusqu’au 1er janvier 1832, ainsi plus de
trois mois après l’adjudication faite à Hambrouk, est venu vous dire hier qu’il
y avait des procès-verbaux à sa charge, et notamment les 25 août, 2 et 4
octobre. Ces raisons sont tout à fait puériles : je vais les combattre avec les
propres paroles du ministre et les actes en main.
Lisez le rapport
général de M. le ministre, du 22 février ; vous y verrez :
« Je croyais
rencontrer les qualités exigées dans l’ancien entrepreneur, n’ayant pas encore
à cette époque reçu aucune plainte à sa charge. »
Ainsi, jusqu’au 26
septembre, il ne peut pas y avoir des procès-verbaux. Je tiens ici ceux du 2 et
4 octobre.
Voici ce que dit
le premier :
« Nous leur
avons ensuite soumis divers pains également pris au hasard ; après les avoir
découpés et examinées, ils nous ont affirmé que le pain était bon, de pur
froment et sans mélange.
« Après cette
opération, nous nous sommes transportés au local où se trouvent les genièvres,
riz et sel ; tous ces objets ont été reconnus bons et tels que le prescrit le
cahier des charges. »
Voilà donc un
procès-verbal (du 2 octobre) qui, au lieu d’être à sa charge, lui est
entièrement favorable.
Celui du 4 :
« Nous avons exhibé à ces derniers (les experts) un quart de sac de farine
pris à la boulangerie : après avoir donné lecture de l’article 4 du cahier des
charges, lesdits experts ont déclaré que ladite farine n’était pas de la
meilleure qualité.
« Après cette
opération nous avons pris au hasard quelques pains ; après les avoir découpés
et examinés, les experts ont déclaré que le pain n’était pas de première
qualité.
« En
conséquence, et attendu que si la farine et le pain ne sont pas de première
qualité, le froment employé à sa fabrication n’a pu l’être également, nous
avons confisqué la quantité de 6,430 pains, et nous avons déclaré ledit de
Visser à l’amende de deux cents florins.
« Après avoir
pris l’avis de M. le général commandant, la commission a décidé qu’attendu que
le pain saisi ne peut être nuisible à la santé du soldat, il sera donné à la
troupe comme don gratuit, etc. »
Ainsi, messieurs,
la seule plainte réelle que l’intendance a eue pendant un service de plus de
six mois, c’est d’avoir trouvé un jour du pain qui n’était pas de la première
qualité, mais pas nuisible à la santé du soldat ; ce qui le prouvait, c’est
qu’on le leur a distribué.
Je sais qu’on
cherchait par tous les moyens de trouver l’entrepreneur en défaut depuis que
son marché avantageux pour le trésor était résilié, afin de pouvoir dire plus
tard qu’on avait verbalisé contre son service. Vous voyez comment on y est
parvenu.
D’après tout ce
que j’ai entendu, je suis plus que jamais convaincu qu’il n’y avait aucune raison
de résilier le marché, qui était favorable pour le prix et la garantie de sa
bonne exécution.
Pourquoi donc,
ayant trouvé un nouveau concurrent, ne le met-on pas en présence de l’ancien et
même du troisième qui s’est présenté (et que je vous ai nommé), en leur donnant
connaissance des nouvelles conditions éminemment avantageuse pour les
fournisseurs ?
Je sais que M.
l’intendant en chef a dit, le 26, hors de la présence du ministre, à de Visser
van Hove, de faire une soumission pour tout le pays ; qu’il avait une heure
pour se décider ; en ajoutant qu’à cause de la généralité du service le
ministre accorderait quelque chose de plus. Il remit donc une soumission à 28
cents, réduite ensuite, comme vous l’a dit hier, M. de Brouckere, à 27 cents.
Deux heures après, l’entrepreneur se présenta chez M. le ministre, et apprit
qu’il était parti pour le camp. Il ne pouvait avoir aucune réponse sur sa
soumission. L’entrepreneur le suit à Diest, mais ne put le voir que le 27, à la
revue, et la veille au soir, le marché Hambrouk avait été conclu.
On dit : nous
avions peu de crédit, et cela devait influer sur les prix ; cependant, au mois
de mars 1831, je crois que le pays était bien moins constitué que deux mois
après l’arrivée de notre souverain ; cependant il s’est présenté le 25 mars, à
l’adjudication publique, soixante concurrents, et M. le général d’Hane adjugea
à 24 1/4 sans aucune avance ; et ainsi, en mettant les trois concurrents en
présence (si le temps manquait de faire une adjudication publique), vous n’auriez
pas à vous entretenir de cette malheureuse affaire, car tout se serait fait
régulièrement.
M. le ministre n’a
pas pu réfuter mes chiffres ; mais il a dit que je calculais mal le bénéfice,
qu’il fallait le prendre sur ce que payait le gouvernement ; quelques
réflexions prouveront, et vous le savez tous, que les bénéfices se calculent
sur la mise dehors, car c’est le capital que vous exploitez.
Il nous dit aussi
que, s’il y avait eu guerre, il y aurait eu hausse ; mais on avait cherché à
l’éviter en ordonnant partout des magasins avec les écus du gouvernement, et il
pouvait faire ses livraisons journalières hors de ces magasins ; voir ce que
dit l’article 49 :
« Si on les
distribue à la troupe, ils seront alors payés à l’entrepreneur aux prix
stipulés, sous déduction proportionnelle de la somme avancée par le
gouvernement pour leur achat. »
On vous a donné
lecture de l’article 3 du traité du 8 août, fait presque sous le canon des
Hollandais, et on a voulu prouver qu’on faisait une grande faveur à l’entrepreneur,
en lui donnant des chariots pour le transport des vivres dans les cantonnements
ruraux, à partir des bourgs ou villes les plus voisins. Dans un moment aussi
critique, c’était la moindre chose qu’on pouvait faire pour assurer le service,
et je sais que plus tard, sans qu’il y eût stipulation, le fournisseur actuel a
toujours eu à sa disposition les parcs militaires ; et cependant, depuis le 8
octobre que son service a commencé, il n’y a pas eu d’hostilités.
Je ne crois pas
avoir prouvé contre moi qu’il conviendrait mieux de faire délivrer des vivres
de campagnes aux avant-postes dans la Campine que dans deux villes que je vous
ai désignées. Je sais fort bien que dans deux de ces villes il y a des octrois
et droits de mouture ; mais c’est largement compensé par l’avantage qu’à
l’entrepreneur de livrer là où sont ses magasins, et où les vivres sont à
meilleur compte ; tandis que, s’il avait à nourrir les troupes dans le plat
pays, il y aurait à la vérité plus de charges, mais on en éviterait beaucoup aux
habitants, et je crois que c’est à ceux-là qu’il faut penser les premiers.
Le ministre ne
nous dit pas pourquoi il fait délivrer des vivres de campagne aux troupes dans
ces garnisons ; en mettant sur le pied de paix celles qui sont dans les
casernes, il éviterait de grandes dépenses, ces troupes ne recevant que le
pain, et devant se procurer elles-mêmes leurs vivres avec leur solde.
Si la troupe est
sur le pied de paix, les officiers ne reçoivent pas de rations, et ce serait
une économie, n’ayant pas alors de supplément de traitement, car les vivres
sont un véritable supplément ; mais cela ne ferait pas le compte du
fournisseur. Le ministre ne m’a pas répondu sur ce qui regarde le rachat à 18
cents des bons de vivres pour les officiers, et je dois donc supposer qu’il en
est instruit. La dernière fois je n’ai pas voulu aller plus loin, mais
maintenant je dois vous donner connaissance de l’article 37 et du dernier
paragraphe de l’article 43… N’ayant pas été contredit en ce que j’ai avancé,
j’espère que ces articles seront exactement exécutés ; ce serait au moins un
adoucissement pour le trésor, s’il y a des raisons de continuer la distribution
des vivres de campagne.
En
finissant, je vous dirai, messieurs, que je n’ai pas voulu répondre
dernièrement à une allusion perfide ; mais, d’après ce qu’on nous a dit
aujourd’hui, je ne puis me taire. On a assez fait entendre que je manque de
franchise et que je dis Charles quand je veux parler de Guillaume. Je méprise
de pareilles suppositions, et personne n’a le droit de supposer qu’il n’y avait
pas de conviction véritable quand on vous a prédit, lors de la discussion des
18 articles, que vous auriez le Luxembourg et pas la dette. Voyez le budget et
la carte, et attendez la décision de la confédération pour voir si vous conserverez
un village du Luxembourg. Je veux croire qu’on l’a dit avec la meilleure bonne
foi du monde ; mais pourquoi vouloir jeter un blâme perfide sur moi, et faire
croire que je ne suis pas sincère dans la discussion qui vous occupe depuis
tant de jours ? Libre à vous de croire ce que vous voulez ; mais je vous l’ai
dit, la nation jugera comme je l’ai prouvé avant et depuis la révolution, sans
la moindre ambition, et ne suis venu m’asseoir sur ces bancs et n’ai quitté ma
vie paisible que pour essayer, par mes faibles moyens, de conserver à la
Belgique le plus de prospérité possible ; mais, d’après la marche de nos
affaires intérieures et extérieures, nous allons tous les jours à reculons.
Dieu veuille que finalement le gouvernement ouvre les yeux ! Et, en écoutant un
peu plus les gens tout à fait indépendants et moins le même parti, je pense que
notre souverain et le pays ne pourraient que s’en trouver mieux.
(Moniteur belge n°64, du 4 mars 1832) M. Jullien
prononce un discours dans lequel il insiste de nouveau sur la nécessité de
nommer une commission : il fait remarquer que tout le monde est d’accord pour
trouver le marché onéreux ; que cependant, d’une part, on présente des chiffres
et des faits, et que, d’autre part, ces chiffres et ces faits sont contredits ;
que, dans cet état de choses, on ne peut savoir qui a raison ; qu’une
commission seule peut le dire, et qu’il est étonnant, quand tout le monde
semble d’accord pour croire que le marché Hambrouk est onéreux au trésor, de
voir la chambre reculer devant les mesures qui, en rendant cette vérité
incontestable, fourniraient le moyen de résilier le contrat.
M. Leclercq. - Il y a huit jours, avant d’avoir entendu les
explications de M. le ministre de la guerre, j’aurai voté pour la nomination
d’une commission. Je l’aurais fait, parce que je crois qu’il entre dans les
attributions de la chambre d’examiner un acte qui intéresse les finances de
l’Etat et sur lequel il est nécessaire de prendre une détermination pour fixer
le chiffre du budget ; je l’aurait fait, parce qu’il valait mieux, selon moi,
examiner cet acte dans le calme de la méditation qu’au milieu des passions
d’une assemblée générale. Mais les motifs de l’opinion que j’aurais manifestée
n’existent plus aujourd’hui. L’examen que vous auriez soumis à la commission,
vous vous y êtes livrés depuis huit jours et notamment depuis trois jours que
sont ouverts les débats ; depuis trois jours, divers orateurs vous ont présenté
tous les détails nécessaires pour vous éclairer : ainsi donc ce serait une
perte de temps inutile que de faire examiner de nouveau la question par une
commission. Mais, dit-on, plusieurs membres sont opposés à l’égard de certains
faits. Eh bien ! d’après la discussion qui a eu lieu, chacun de nous peut
apprécier ces faits, et ce n’est pas là une raison pour nommer une commission.
Messieurs, vous
n’avez que trois moyens de résoudre la question : résilier le contrat, mettre
le ministre en accusation ou refuser les subsides.
Résilier le
contrat : cela n’est pas dans vos attributions ; c’est de la compétence des
tribunaux et la chambre sent trop bien sa mission pour vouloir confondre les
pouvoirs.
Mettre le ministre
en accusation, personne, je crois n’en a eu la pensée ; tous ont reconnu que
c’était un homme d’honneur, et qu’aucun soupçon ne s’élevait sur sa probité.
Le troisième moyen
consiste à refuser les subsides. Eh bien ! aujourd’hui que vous avez examiné la
question, vous serez à même d’introduire des amendements au budget, relativement
au marché, si vous le croyez nécessaire.
On a dit qu’il y
avait un quatrième moyen, c’est de nommer une commission à l’effet de prendre
ensuite une mesure pour que de pareils abus n’eussent plus lieu à l’avenir.
Mais je ferai remarquer que si vous nommiez une commission, elle ne pourrait
s’occuper que de ce qui a trait au marché Hambrouk et de rien autre chose.
Tels sont les
motifs qui m’engageront à voter contre une commission et j’aurais évité d’en
entretenir la chambre, parce qu’ils ont été développés par des bouches plus
éloquentes que la mienne, si je n’avais pas entendu un orateur dire que, tout
en convenant que le marché était onéreux et même scandaleux, nous reculions
(remarquez bien ce mot) devant la nomination d’une commission. Evidemment il
n’a pas réfléchi à la première partie de sa phrase, car c’est la réfutation de
la seconde. En effet, il dit que nous convenons que le marché est onéreux ; eh
bien ! alors à quoi sert de nommer une commission pour examiner s’il est
onéreux ? Il vient de prouver lui-même que cela était inutile.
On a demandé
plusieurs fois : « A quoi bon nommer une commission ? » Et
l’honorable membre a répondu : « C’est comme si l’on disait : A quoi bon
porter le marché devant des juges ? » Mais, quand on l’a examiné pendant 3
jours consécutifs, il serait absurde, il serait ridicule aux yeux du pays, de
nommer une commission pour l’examiner encore.
J’ai
démontré qu’il n’y a plus qu’un moyen de revenir sur le marché, c’est de
présenter un amendement lorsque nous voterons le budget. On vous a dit qu’une
commission servirait à faire mettre en accusation les agents qui sont les seuls
coupables ; mais je ferai remarquer que la loi fondamentale ne laisse dans nos
attributions que l’accusation des ministres et non celle d’autres personnes.
Ainsi, sous tous
les rapports, la commission serait inutile. J’ai cru nécessaire, après ce qui
avait été dit, d’entrer dans ces explications pour montrer que mon vote serait
fondé sur des motifs honorables.
M. Jullien. - Si dans la discussion
j’avais prononcé une pareille inconvenance, j’en demanderais pardon à la
chambre : ceux qui ont l’habitude de la parole savent que l’expression propre
ne vient pas toujours sur les lèvres ; mais je crois que je n’ai dit rien
d’inconvenant contre la chambre. Maintenant, je ne prendrai pas acte de ce que
M. Leclercq a déclaré que tout le monde convenait que le marché était onéreux ;
mais je lui ferai remarquer que les avis sont partagés sur ce point : des
orateurs prétendent même qu’il est avantageux. (On rit.) Il est juste qu’une commission décide entre ces deux
opinions.
M. Gendebien revient sur la plupart des arguments qu’il avait fait
valoir dans la séance d’hier, pour prouver la nécessité de nommer une commission.
Il s’attache principalement à réfuter le discours prononcé par M. le ministre
de la guerre, touchant les magasins de réserve, le prix du genièvre, et le
marché de subsistances conclu à Namur. Il soutient, en réfutant les chiffres
présentés par M. Mary, que, même avec les calculs de l’honorable membre,
Hambrouk gagnerait encore 40 p. c., et il termine ainsi : Je me proposais de
répondre à ce qu’a dit M. Lebeau, qui se croit en droit de donner des leçons à
la chambre ; mais M. Osy l’a fait si pertinemment que je crois pouvoir m’en
dispenser. Mais, revenant à la question, je déclare, quoi qu’on dise ou qu’on
fasse de la proposition de la section centrale, que je suis
convaincu en mon âme et conscience que le marché est non seulement onéreux,
mais honteux. Dans ces termes, je le demande encore, que faut-il faire ? Il n’y
a qu’un seul moyen à prendre, c’est de faire une enquête au moins
administrative. S’il fallait aller jusqu’à l’accusation du ministre pour
atteindre les vrais coupables (car il y en a, messieurs, il y a des hommes qui
ont circonvenu le ministre, qui l’ont trompé, et ce sont ceux-là qu’il faut
atteindre, ce sont ces turpitudes qu’il faut dévoiler), faisons-le afin que le
coupable soit chassé de l’administration. J’adjure donc le ministre de s’unir à
nous ; car, messieurs, malgré ses torts, malgré sa légèreté, sa brusquerie,
malgré la partialité de sa conduite à l’égard des volontaires, je suis forcé de
le dire, j’éprouve pour lui, malgré moi, un penchant irrésistible. Je l’adjure
donc, au nom du sentiment, que j’éprouve, de demander lui-même cette enquête.
Mais, après tout, qu’est-ce donc qu’une enquête ? Qu’a ce mot de si redoutable
? Pour moi, messieurs, je consentirais volontiers à ce qu’on fît une enquête
sur ma vie politique. Prouvez que vous voyez les choses en hommes d’Etat,
consentez à une enquête dont vous sortirez pur, nous en sommes certains, mais
qui, en atteignant les vrais coupables, allégera le fardeau de l’Etat. Que, si
vous persistez, je déclare en mon âme et conscience que vous êtes un homme
perdu.
M. Devaux. - Je demande la permission à
la chambre de comparer quelques chiffres à ceux qui lui ont été présentés.
Une voix. - La discussion va recommencer alors.
M. Devaux. - Je ne recommencerai pas la discussion ; mais, quand
ceux qui accusent un ministre ont parlé quatre ou cinq fois, il est bien permis
de prononcer quelques paroles pour le défendre.
M. Gendebien. - Je n’ai parlé que deux fois
; et, du reste, ce ne serait pas à M. Devaux à me faire des observations, mais
à M. le président.
M. Devaux. - Je n’attaque personne ;
mais quand on m’attaque et qu’on veut m’interdire la parole, je me défends.
J’ai peu de mots à dire, et je les dirai, car j’en ai le droit.
Permettez-moi,
messieurs, d’envisager le marché Hambrouk sous un autre aspect que celui où il
a été considérer. Au moment où le marché a été passé, une entreprise générale
était indispensable. Les circonstances et les mouvements probables de l’armée
en démontraient la nécessité. Eh bien ! je dis que, dans cette position, une
adjudication publique était impossible. Et, quand le nom du ministre et les
qualités qui réunissait l’entrepreneur entraient pour tant dans la confiance
que cette mesure devait inspirer au pays, parler d’adjudication publique, c’est
comme si l’on demandait de mettre une administration ou un ministère au rabais.
Je dis que, quand on réfléchit aux mouvements que l’on prévoyait alors devoir
être faits par l’armée, si l’on pense, d’un autre côté, que la surveillance
était plus coûteuse et plus difficile, parce qu’elle était générale, alors
l’entreprise ne paraît plus coûteuse.
Maintenant
j’arrive au fond, et je démontrerai combien l’on a tort de s’en rapporter aux
calculs et aux renseignements évidemment fournis par des entrepreneurs écartés.
Le discours prononcé hier par M. Osy est très précis, et certes il aurait été
concluant, s’il avait été exact en tous points. Mais il ne me sera pas difficile
de prouver le contraire.
M. Osy, d’après
les renseignements qui lui ont été donnés, à soutenu que le sieur Hambrouk
avait sous-traité pour la ration de pain de 6 1/2 à 9 cents. Si je ne me trompe
pas, M. Gendebien a évalué à 7 cents 1/2 le prix de la ration de pain.
M. Gendebien. - A 8 cents 1/2.
M. Devaux. - Eh bien ! moi j’ai en ma
possession le contrat de la sous-entreprise des vivres pour toute la campagne
des Flandres faite avec Hambrouk ; et à quel prix croyez-vous qu’il ait
sous-traité ? Ce n’est pas à 6, 7, 8 et 9 cents, mais à 10 cents 1/2. J’avoue
que c’est encore un bénéfice de 9 p. c., mais de 9 à 35 il y a loin, et
cependant c’est le chiffre 35 qu’a posé M. Osy. Or, comment supposer maintenant
que le sieur Hambrouk, s’il eût pu faire un bénéfice si considérable, aurait
été assez bon, assez absurde pour l’abandonner aux sous-entrepreneurs ?
Pour la viande, M.
Osy et M. Gendebien également, je crois, portent le sous-traité dans les
Flandres à 7 cents 1/2 la ration, c’est-à-dire 2 cents par ration ou 26 p. c.
de bénéfice. Eh bien ! j’ai le contrat en main, et il atteste que le
sous-traité a été fait à 8 cents 1/2. Ainsi voilà encore une erreur de moitié,
et cependant M. Osy affirme, en toutes lettres, ce qu’il avance si
bénévolement. Je puis prolonger encore cette comparaison, et la chambre verra
se elle doit se fier aux calculs qu’on lui a présentés.
M. Gendebien a
prétendu que l’entrepreneur gagnait 178 p. c. sur le sel ; mais la ration est de
70/100 de cents ; ainsi quand il ferait une bénéfice de 178 p. c. cela ne
ferait que 2 p. c. sur la ration. Savez-vous à quel taux il a sous-traité dans
les Flandres ? A 50/100, au lieu de 70, 100 qu’on lui paie. Et vous croyez que
Hambrouk aurait la bonhomie de laisser la plus grande partie de son bénéfice
aux sous-entrepreneurs ? Mais ce serait donc un imbécile alors !
Pour le genièvre,
a-t-on dit, il gagne 81 p. c. De combien est la ration ? De 3 cents. On a
ajouté que c’était sur les calculs de M. Teuwens, ancien membre du congrès,
qu’on avait reconnu que le bénéfice était de 81 p. c. Eh bien ! j’ai la preuve
que M. Teuwens lui-même, quand il s’est agi de la fourniture des vivres du
Limbourg, a offert soumissionner la ration au même prix qu’Hambrouk, c’est-à-dire
à 3 cents ; et certes, M. Teuwens était trop honnête homme pour vouloir faire
un bénéfice usuraire de 81 p. c.
Mais, dira-t-on,
le grain est meilleur marché aujourd’hui qu’il n’était alors : mais il peut
revenir à son premier taux. Messieurs, si l’on s’arrête aux prix actuels, il
est certain qu’on trouvera le marché onéreux ; mais l’est-il outre-mesure ?
Personne ne pourrait le dire. Comme l’a fait observer fort judicieusement M.
Barthélemy, il s’agit ici d’un contrat aléatoire, et il faut attendre que
toutes les chances soient épuisées pour en apprécier le résultat. A cette
occasion, M. Barthélemy vous a cité un fait qui m’a paru frappant, c’est celui
d’un colonel qui avait traité avec des entrepreneurs, et qui a été condamné aux
galères. La première année d’un marché qui, 3 ans après, réduisit les
entrepreneurs à la banqueroute. Cela vous prouve qu’il faut attendre la fin
pour calculer les bénéfices. M. le ministre a cru à la guerre, et il en a
calculé les chances ; il a agi dans cette prévision, et chaque jour on nous
menace encore de la guerre : souvenez-vous de ce qu’un honorable membre vous a
dit hier, qu’avant la guerre d’Espagne l’avoine était à 1 fl. 50, qu’au seul
bruit de cette guerre elle s’était élevée à 3 fl. 60, et que, la guerre finie,
on ne trouva plus à la vendre à aucun prix. Il faut tenir compte de toutes ces
chances. On a eu raison de dire que le ministre de la guerre avait traité en
homme d’Etat. Il était essentiel, avant tout, de régulariser la fourniture des
vivres de l’armée ; car c’était la condition de son existence, la condition de
la victoire, et, quand il aurait vu un bénéfice de 2 cents de trop par ration,
certes on ne peut pas dire qu’il ait fait un marché scandaleux.
M. le
président. - Messieurs, on
a dit que j’avais accordé la parole trois ou quatre fois à des orateurs dans
cette discussion. Personne n’a parlé trois fois, si j’en excepte l’auteur de la
proposition. Une autre fois, si l’on veut, je consulterai la chambre pour savoir
si elle consent à entendre un orateur pour la troisième fois ; car, dans le
fait, le règlement interdit de parler deux fois dans la même discussion.
M. Devaux. - Ce n’est pas pour en faire
un reproche que j’ai fait l’observation, mais pour faire sentir que ceux qui
avaient parlé plusieurs fois avaient tort de se plaindre de ce qu’on
m’accordait la parole, à moi, qui n’avais pas parlé de tout.
- La clôture est
réclamée de toute part.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux) demande la parole. - Messieurs, dit-il, je demande à
dire seulement quelques mots pour motiver mon vote. Après avoir entendu le
calcul de M. Osy, on pourrait croire que le sieur Hambrouk fait des bénéfices
énormes. L’honorable membre a calculé que, pour fournir les vivres de campagne
à 10,000 hommes, l’entrepreneur gagnait au moins 680 fl. par jour. Ce chiffre
est effrayant, en effet ; mais il n’est pas exact. Il faut le réduire de toute
la différence qui existerait entre le prix payé à Hambrouk et le prix payé
précédemment à d’autres entrepreneurs. Or, combien payait-on à M. de Visser van
Hove ? D’après l’honorable M. Osy lui-même, le prix de la ration s’élevait à 24
cens 1/4, différence avec celle d’Hambrouk 1 cents 3/4 par ration. Mais 1 cents
3/4 multiplié par 10,000 ne donne un total que de 175 fl. par jour. Vous voyez,
messieurs, que de 680 à 175 la différence est grande. Une circonstance qui aura
frappé tout le monde, c’est que le sieur Hambrouk a toujours fait son service
de manière à contenter l’armée, ce qui n’avait pas lieu avant lui, et c’est là
un immense avantage. Je borne là mes observations sur les faits. Quant à la
nomination d’une commission, elle n’aboutirait à rien ; car il n’existe pas de
loi et on n’a pu en citer aucune qui puisse autoriser le marché. Je voterai
donc pour l’ordre du jour.
M. le ministre de la guerre (M. Ch.
de Brouckere). - Messieurs, pour ne pas abuser de vos moments, je me
bornerai à réfuter quelques observations émises aujourd’hui par deux honorables
membres. M. Osy a voulu me faire tomber en contradiction avec moi-même,
relativement aux plaintes que j’ai reçues et que j’ai produites à la chambre
sur la manière dont le sieur de Visser van Hove exécutait son contrat. J’avais
cependant pris la précaution, en lisant des pièces portant la date du 15
septembre, de dire que je n’en avait eu connaissance que postérieurement au 26.
Pour atténuer ces plaintes, l’honorable membre vous a lu deux procès-verbaux insignifiants,
j’en conviens, ou signifiant peu, tandis que j’avais produit les lettres de
cinq généraux et d’un intendant militaire, qui tous se plaignaient de la
mauvaise qualité des vivres. Il a ajouté que, dès le 26 septembre on avait mis
tout en œuvre pour tracasser l’ancien entrepreneur. Pour prouver la justice de
ce reproche, je vais citer une lettre que j’ai écrite à un général qui se
plaignait de la mauvaise qualité du pain. (L’orateur lit ici une lettre, de
laquelle il résulte qu’il écrivait à un général que les renseignements qu’il
lui donnait étaient en contradiction avec ceux qu’il recevait de l’intendant
militaire ; qu’au surplus, il paraissait que, si l’abus avait momentanément
existé, il avait cessé et qu’il n’en fallait plus parler. Cette lettre est
d’une date postérieur au 26 septembre.)
Le ministre
poursuit ainsi : Quant au second procès-verbal concernant le pain donné
gratuitement à la troupe, demandez au sieur Visser, qui s’est opposé au don
gratuit, si ce n’est moi, et je l’ai fait parce que ce don gratuit est défendu
et que, dans ces cas, la confiscation du pain doit être faite au profit des
pauvres. J’ai donc fait payer l’entrepreneur sans même qu’il l’eût demandé.
Tout ceci vous
prouve, messieurs, la nécessité d’avoir pour fournisseur un honnête homme ; il
est, en effet, presque toujours impossible à l’administration de constater
légalement le mauvais état des vivres, attendu qu’on appelle presque toujours,
pour faire l’expertise, deux boulangers pris sur les lieux.
M. Osy vous a dit
que la charge du transport des vivres, qui incombait au gouvernement par le
contrat de de Visser van Hove, était légère ; mais hier j’ai eu l’honneur de
déclaré à la chambre que 300 voitures avaient été insuffisantes pour assurer ce
transport, et qu’indépendamment du parc, l’on avait dû mettre en réquisition
les voitures qui arrivaient à Louvain avec des munitions. Il a ensuite insinué
que Hambrouk disposait également des voitures du parc, tandis qu’il doit
établir des magasins au centre des cantonnements, et que c’est tout au plus
pour éviter aux détachements placés aux avant-postes des corvées, que parfois
on a envoyé des voitures de transport.
L’honorable membre
est revenu également sur les quatre bureaux de distributions placés dans des
villes, et il a demandé quels en étaient les motifs. Je lui ai déjà répondu que
j’étais étranger à la répartition des vivres ; mais j’ajouterai
qu’indépendamment de ces bureaux, il y en a douze dans les communes rurales, ce
qui complique suffisamment l’administration du fournisseur. Enfin, il s’est
appesanti sur la charge des logements militaires ; mais, dans cette charge, ce
qui pèse à l’habitant n’est pas tant la nourriture que le gîte qu’il fournit.
La comparaison de ce qu’il en coûte à ceux qui ne louent pas les soldats chez
eux, lorsque les billets de logement sont délivrés avec ou sans nourriture, le
prouve évidemment ; et, quant au logement, il est inévitable en hiver : que les
troupes reçoivent ou ne reçoivent pas les vivres de campagne, fore est bien de
leur donner un abri et un lit, car c’est en été seulement qu’on peut les faire
camper.
Quant au marché de
Namur, cité par l’honorable M. Gendebien, nous ne nous sommes pas entendus.
J’ai fait allusion au marché de Dutilleux, étendu momentanément à la province
de Namur, lors du séjour des troupes françaises, et lui, à un marché qui n’a
pas reçu d’exécution. Le même orateur, revenant sur le prix de la paille,
prétend que de ce que j’ai dit il résulte simplement que le gouvernement a été
trompé deux fois, et que, d’ailleurs, Hambrouk pouvait fournir au même prix que
le paysan. Les soumissions faites en septembre portent le kilo de paille à 5
cents, et ce n’est que par l’influence des autorités locales que le
gouvernement est parvenu à se procurer les quantités nécessaires à l’établissement
du camp, à raison de 3 1/2 cents. Il y a cette différence entre le fournisseur
général et les particuliers que ceux-ci avaient un débit assuré, tandis que
l’autre courait les risques d’avoir des approvisionnements qui n’entreraient
pas en consommation, ce que le fait a confirmé.
C’est de la même
manière qu’on a apprécié tous les bénéfices de l’entreprise ; on n’a fait
aucune différence entre le bénéfice net et le bénéfice brut. On n’a compté pour
rien l’enregistrement, les avances de fonds, les risques, les transports, les
frais d’administration ; ou, si on a bien voulu tenir quelque compte de toutes
ces chances et de ces dépenses, au lieu de les imputer sur le prix de la ration
on les a calculés sur les bénéfices.
C’est ainsi que,
pour établir le prix du riz, on vous a dit que le riz des Indes coûtait
beaucoup moins que le riz de la Caroline, d’où on a tiré une moyenne entre les
deux prix, tandis que, aux termes du contrat, l’entrepreneur ne peut livrer que
du riz de la Caroline.
Il y a une raison
bien simple pour justifier la hauteur comparative du riz et du sel au pain et à
la viande ; cette différence existe dans tous les marchés sans exception, parce
que la distribution des vivres se fait régulièrement dans deux magasins, l’un
pour les gros vivres, l’autre pour les petits ; qu’il fait le même nombre
d’employés et par conséquent les mêmes dépenses pour la conservation et la
distribution des uns et des autres, pendant que les premiers emportent plus des
4/5 du prix de la ration, et les autres environ 1/6/
On a, enfin,
prétendu que les magasins de réserve, selon moi, étaient des approvisionnements
de siège, et l’on a cherché à démontrer que je m’étais trompé : d’abord, parce
qu’il fallait 35 articles dans une ration de siège, et qu’il n’y en a que 8 au
contrat ; puis, parce que le prix que j’avais donné sur le cours des approvisionnements de siège était inexact. Il
est vrai que, dans un des contrats, au lieu de genièvre, il y a de
l’eau-de-vie. Mais l’eau-de-vie du pays ne coûte guère plus que le genièvre,
et, dans l’appréciation des rations, j’ai eu soin de porter les mêmes qualités
que celles fixées pour la ration de campagne. Messieurs, les magasins de
réserve sont de deux espèces ; les uns servent d’approvisionnements de siège,
les autres sont destinés à suppléer, en cas de besoin, au service de
l’entrepreneur. Je vous ai cité plusieurs places de guerre, où des
approvisionnements sont formés. Je ne puis vous dire à cet égard toute ma
pensée, parce qu’elle tient à la manière dont j’entends nos opérations
militaires ; mais j’ai jugé utile d’entasser dans les magasins des pruneaux,
des pipes et du tabac et quant aux objets indispensables, il sont à trouver sur
les lieux.
La seconde espèce
d’approvisionnements de réserve est destinée, ai-je dit, à suppléer au service
de l’entrepreneur : ces magasins sont établis dans les localités qui pourraient
devenir centre d’opérations ; ils sont à la disposition du gouvernement, de
telle manière que, si l’entrepreneur était en faute de remplir ses engagements,
le gouvernement ne serait pas réduit à l’impuissance de lui imposer des amendes
qui ne donnent pas de pain au soldat quand il en a besoin. Et ici M. Osy a de
nouveau mal interprété le contrat : si, dans l’article 49 l’écoulement de ces
magasins a été prévu, c’est pour le cas seulement où, toute apparence de guerre
cessant, le gouvernement autoriserait la distribution des réserves. Mais
jusque-là l’entrepreneur ne peut toucher à des vivres pour lesquels il a perçu
un nantissement en écus. Il est au contraire assujetti à tenir, à ses risques
et périls, des vivres pour huit jours dans tous les magasins de distribution
qui, se trouvant au milieu des cantonnements, sont sujets à être pillés et
incendiés en cas d’événement.
Je crois en avoir dit assez, messieurs, pour vous
prouver que c’est à tort que le marché est incriminé. Je persiste à soutenir
qu’il est ce qu’il devait être, et je crois avoir fait mon devoir en le
souscrivant.
M. Gendebien. - Je désire faire une simple demande à M. Devaux. Il a
cité le contrat de sous-entreprises pour les Flandres. Je désirerais savoir sa
date, celle de l’enregistrement et les noms des parties.
M. Devaux. - La date du contrat est du
1er octobre. Quant à celle de l’enregistrement, je ne me la rappelle pas ; mais
j’ai les pièces chez moi et je les montrerai à M. Gendebien demain matin, s’il
le désire.
- On procède à
l’appel nominal sur la question de savoir si l’on nommera une commission.
Sur 78 membres, 17
répondent oui et 61 non.
M. le ministre de
la guerre et M. H. de Brouckere se sont abstenus.
En conséquence, la
commission ne sera pas nommée.
Ont voté pour :
MM. Corbisier, de Haerne, Delehaye, de Robaulx, E. Desmet, Domis, Fallon,
Gendebien, Jullien, Lebègue, Osy, A. Rodenbach, Seron, Verdussen, Vergauwen,
Watlet, d’Hoffschmidt.
Ont voté contre :
MM. Barthélemy, B. de Villeraie, Bourgeois, Brabant, Cols, Coppens, Coppieters,
Dams, Davignon, d’Elhoungne, de Meer de Moorsel, F. de Mérode, W. de Mérode, de
Muelenaere, de Roo, de Sécus, Desmanet de Biesme, Destouvelles, de Terbecq, de
Theux, Devaux, Dewitte, de Woelmont, Dubus, Dumortier, Duvivier, Fleussu,
Goblet, Goethals, Hye-Hoys, Jaminé, Jamme, Lardinois, Lebeau, Leclercq, Lefèvre,
Liedts, Mary, Milcamps, Morel-Danheel, Nothomb, Olislagers, Pirmez, Polfvliet,
Poschet, Raikem, Raymaeckers, C. Rodenbach, Rouppe, Serruys, Tiecken de
Terhove, Ullens, Vanderbelen, Van Innis, Van Meenen, Ch. Vilain XIIII, H.
Vilain XIIII, Vuylsteke, Zoude, de Gerlache et Coghen.
La séance est
levée à 4 heures.