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Chambre des représentants de Belgique
Séance du mardi 5 décembre
1837
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre, notamment
pétition relative à des demandes en naturalisation (de
Brouckere)
2) Projet de loi portant organisation de l’école
militaire. Second vote des articles. Personnel enseignant (Willmar,
Dumortier, de Brouckere, de Brouckere, Willmar, de Brouckere, Dubois, Dumortier, de Brouckere, Willmar, Willmar, Trentesaux, F. de Mérode, Lardinois, de Puydt, Trentesaux, Willmar), libre
choix du personnel enseignant au soin du gouvernement (Dubus
(aîné), Brabant, Devaux, Willmar, Dubois, Devaux,
Willmar, Brabant, Raikem, Willmar), traitements (Willmar), interdiction de cumul (Willmar,
Dumortier, Willmar), examen d’admission
des élèves (concours) (Lejeune, Willmar,
Dumortier, Willmar, de Puydt), participation financière des élèves (Gendebien, Willmar),
financement de l’école par la ville de Gand (de
Brouckere, Devaux, Mast de Vries),
instruction des sous-officiers (écoles régimentaires) (Willmar,
Gendebien, Willmar, Gendebien, Brabant, Willmar, Gendebien, Brabant)
(Moniteur belge
n°340, du 6 décembre 1837)
(Présidence de M. Raikem.)
M. B. Dubus
fait l’appel nominal à une heure.
M. Kervyn
lit le procès-verbal de la séance précédente ; la rédaction en est adoptée.
M. B. Dubus
présente l’analyse des pièces suivantes adressées à la chambre.
PIECES ADRESSEES A LA CHAMBRE
« Des négociants de la ville et province d’Anvers
demandent l’entrée de la houille étrangère, avec un droit protecteur. »
- Renvoi à la commission des pétitions avec demande
d’un prompt rapport.
M. le ministre de la justice (M. Ernst) transmet des renseignements sur plusieurs demandes de
naturalisation.
Renvoi à la commission des naturalisations.
M. de Brouckere. - A propos du message de M. le ministre de la justice relatif à des
demandes en naturalisation, je rappellerai à la chambre qu’elle a encore à
émettre un vote sur des demandes en naturalisation, en faveur desquelles les
deux chambres se sont déjà prononcées, et qui, par conséquent, ne prendront à
la chambre que le temps nécessaire pour voter.
Je ne fais aucune proposition
à cet égard ; mais je préviens dès à présent la chambre qu’aussitôt que les
budgets seront terminés, je demanderai que ces naturalisations soient un des
premiers objets mis à l’ordre du jour.
Second vote des articles
Article 5
M. le président.
- La discussion est ouverte sur le deuxième amendement introduit dans l’article
5, lequel consiste à substituer au nombre de 20 professeurs celui de 18 au
plus.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - J’ai entendu dire par quelques honorables membres
qu’on n’a pas considéré que l’adjonction de deux professeurs avait pour cause
l’adjonction à l’école militaire de l’instruction des aspirants de marine ; par
quelques autres membres, qu’ils avaient pensé que l’idée d’adjoindre à l’école
militaire une section du génie civil et des mines ayant été abandonnée, il y
avait lieu de revenir au chiffre de la section centrale, c’est-à-dire à celui
de 18 professeurs.
Je dois faire observer à ce sujet que la section
centrale a elle-même averti la chambre que l’adjonction des sections du génie
civil et des mines exigerait, si elle était adoptée, l’adjonction de nouveaux
professeurs. Il y a d’ailleurs les cours de géologie et de minéralogie qui
doivent être attachés à l’école militaire. Vous avez en effet considéré que ces
cours seraient d’une grande utilité pour les ingénieurs envisagés comme
constructeurs, et, par ce motif, vous les avez mis au nombre de ceux qui sont
facultatifs. Ainsi, même en renonçant à l’adjonction à l’école militaire des
sections du génie civil et des mines, il n’y a pas lieu de ce chef à une
diminution du nombre des professeurs.
D’un autre côté, depuis le rapport de la section
centrale, on a décidé que des cours pour la marine seraient ajoutés à ceux
donnés à l’école militaire. Il y a donc lieu de ce chef à une augmentation du
nombre des professeurs.
Maintenant je crois de mon devoir de revenir sur les
arguments par lesquels on a combattu le nombre des professeurs, arguments
complétement erronés, mais qu’on a persisté à reproduire malgré les nombreuses
réfutations dont ils ont été l’objet.
Le premier argument dont on s’est servi est le petit
nombre de leçons que donnent quelques professeurs. Pour rejeter sans cesse cet
argument, il a fallu admettre que tous les devoirs, tous les travaux des
professeurs, tout ce qu’ils ont à faire, se bornent aux leçons désignées dans
les tableaux qu’on avait sous les yeux. Mais cette opinion est complétement
inexacte. Les leçons indiquées au tableau, comme données en chaire, ne forment
pas la moitié du travail réel des professeurs ; car, après la leçon donnée, ils
doivent rester dans la salle d’étude un espace de temps au moins égal à celui
de la leçon. En second lieu, les professeurs doivent faire et font souvent des
interrogations aux élèves, soit pendant la durée des cours, soit après les
cours. De cette troisième partie des leçons résulte une troisième part de
travail à peu près égale aux deux autres.
Ainsi, on peut affirmer que, pour chaque professeur,
la durée du travail des leçons est triple environ de la durée de travail
indiquée dans le tableau. Partant de ce tableau, on a comparé le travail des
professeurs de l’école militaire à celui des professeurs des universités. Mais
ici le travail des professeurs se réduit exactement à leur travail de chaire
des leçons ; mais là même l’assertion est inexacte. On a dit que les
professeurs des universités donnent des leçons tous les jours. Or, je vois par
le tableau des heures de leçons de l’université de Gand, qu’il n’y a pas un
seul professeur qui donne plus de cinq leçons par semaine. Il est donc inexact
de dire qu’ils donnent des leçons tous les jours. Mais, en admettant que cela
soit exact, on fait abstraction du temps des vacances durant lesquelles il n’y
a pas de leçons. Il y a les grandes vacances bien déterminées, les vacances de
Pâques, les vacances de Noël qui vont d’ordinaire jusqu’au 1er janvier. Le
moins que ces diverses vacances puissent durer, c’est une douzaine de semaines.
Voilà donc, à cinq leçons par semaine, 60 leçons de moins.
Pour les cours semestriels (et il y en a un certain
nombre), le nombre total des leçons est infiniment plus petit. En définitive,
le maximum des leçons que donnent les professeurs des universités est de 20,
c’est-à-dire beaucoup moins élevé que celui que les professeurs de toutes les
branches des sciences ne sont obligés d’en donner à l’école militaire, j’ai
sous les yeux le tableau des heures que les professeurs de l’école militaire
consacrent à leurs leçons ; j’y trouve que le chiffre le moins élevé est de 202
heures. Je viens de dire que le maximum des heures de leçons des professeurs de
la faculté des sciences de l’université de Gand est de 202. Par conséquent il
est évident que, dans l’état actuel, toutes les personnes attachées à l’école
militaire consacrent sensiblement plus d’heures à l’enseignement que les
professeurs des universités.
Un second argument dont on s’est servi a été la
comparaison avec le nombre des professeurs des écoles françaises. J’ai eu beau
dire et répéter que les écoles françaises employaient un plus grand nombre de
professeurs ; on a répété la même chose, sans tenir aucun compte de mes
réfutations. Dans cet état des choses, j’ai pris le parti de faire mettre sous
les yeux de la chambre un tableau des professeurs des diverses écoles répondant
à l’école militaire. On a dit que 40 personnes seraient attachées à notre école
et qu’un plus grand nombre n’est pas attaché aux écoles de France. Tirant
ensuite un argument très faux de ce que les élèves des écoles de France sont
plus nombreux, on a prétendu que le nombre des professeurs de notre école est
exorbitant.
J’ai plusieurs fois fait observer que la comparaison
de notre école avec les seules écoles polytechnique et de Metz était inexacte,
et qu’il fallait y joindre l’école de St-Cyr, l’école d’état-major et l’école
de marine.
Si vous avez bien voulu jeter les yeux sur le tableau
que j’ai eu l’honneur de vous faire distribuer, vous avez pu voir que pour les
écoles françaises polytechnique, de Metz, de St-Cyr et d’état-major, il y a 83
professeurs, répétiteurs et maîtres, et qu’il y a, en outre, 18 professeurs ou
répétiteurs et maîtres ; en sorte que ces quatre établissements répondant à
notre établissement unique pour lequel on demande 40 professeurs, répétiteurs
et maîtres, ont 101 professeurs, répétiteurs et maîtres.
Je pense qu’il est difficile de démontrer d’une
manière plus complète combien les assertions par lesquelles on combat le nombre
des professeurs et répétiteurs proposés pour l’école militaire sont loin de la
vérité.
On a tiré un troisième argument de ce que le cours de
géodésie n’est porté sur le tableau que pour 18 leçons. Ce fait est exact. Mais
j’ai fait observer que le professeur qui donne le cours de géodésie donne un
cours d’astronomie à une autre division de l’école, et que ce cours est de 24
leçons. Ce qui ne lui donne, il est vrai, que 65 heures de travail. Mais ces
deux cours ne prennent que la moindre partie du temps que le professeur de
géodésie est obligé de consacrer aux élèves. Le professeur de géodésie doit expliquer
aux élèves les principes sur lesquels repose la construction des instruments,
et leur apprendre à en faire usage. Ces instruments sont ceux qui sont les plus
compliqués et les plus délicats, et les explications doivent avoir lieu élève
par élève. Ce peu de mots suffiront, j’espère, pour mettre la chambre à même de
se rendre compte du temps nécessaire pour faire connaître ainsi à chaque élève
les instruments.
En second lieu les officiers du corps d’état-major
ont, dans tous les pays où il y a un état militaire bien constitué, pour une de
leurs attributions de concourir à la confection de la carte du pays : il faut
donc qu’ils sachent faire tous les levés géodésiques.
Eh bien, le professeur est obligé de les exercer à la
mesure d’une base de triangulation, et au calcul des triangles.
Sans entrer ici dans le détail des instruments
employés en géodésie, il en est trois principaux : le cercle répétiteur, le
sextant et le théodolite. Je me bornerai à dire que cette démonstration des instruments,
élève par élève, n’exige pas moins d’une heure pour chaque instrument ; et
qu’ainsi, pour les trois, il faut trois heures ; puis en considérant qu’il y a
20 élèves par division, cela fait 60 heures.
A ces 60 heures il faut ajouter celles nécessaires à
l’explication de la mesure d’une base de triangulation, et les heures de
déplacement, en assez grand nombre, nécessaire pour la mesure des triangles. Ce
n’est pas tout : le relevé et le calcul des angles exigent encore du temps ;
tout cela ne peut pas employer moins de 50 heures.
J’ai dit que les répétitions des professeurs étaient
presque égales aux leçons ; que les interrogations à la fin des cours
équivalaient aux leçons ; si l’on fait le total de tout le temps nécessaire à
ces détails, on trouve que le professeur de géodésie et d’astronomie, qui n’est
porté que pour 18 leçons, à, tous les ans, 315 heures à consacrer à
l’instruction des élèves de l’école militaire. Je demande si on peut le charger
d’un autre cours, et comment il pourrait trouver du temps pour faire ce
troisième cours ?
Le cours de topographie a été l’objet des mêmes
critiques que le professeur de géodésie, et l’on a proposé de réunir ces deux
cours pour en faire une chaire unique.
Le cours de topographie est donné en 30 leçons ; il
faut y ajouter le temps des répétitions et des interrogations comme pour le
professeur de géodésie, puis le temps nécessaire pour montrer les applications,
puisque l’école se divise en cours généraux ou théoriques, et en cours
d’application. On avait perdu de vue ce point important quand on a comparé
l’école militaire aux universités, puisque les professeurs des universités ne
sont pas tenus à des cours d’application.
Les cours d’application ont pour but d’apprendre aux
élèves à se servir des instruments, à se servir de la boussole, de la
planchette, de la boussole de nivellement, etc., etc. Ces cours ont pour but
d’apprendre à lever les terrains, d’apprendre le levé à vue ou la
reconnaissance militaire. Si on récapitule tontes ces leçons, on trouve plus de
300 heures. Il y a là de quoi occuper le temps d’un professeur, et on ne peut
lui réunir un autre cours.
On a parlé du cours d’architecture sans s’inquiéter si
ce professeur faisait un autre cours ; il fait le cours de construction.
Le cours d’architecture proprement dit n’a que 25
leçons, plus les interrogations et les répétitions. Le cours d’architecture est
accompagné du visa des dessins des élèves, ce qui n’exige pas moins de deux
heures par élève, ce qui fait 40 heures de plus pour chaque division de 20
élèves. Le cours de construction est de 84 leçons, ou de 126 heures de travail
; l’examen des dessins, des projets, des mémoires, des devis, est encore un
travail considérable ; et si l’on réunit ce travail à celui que j’ai indiqué,
on trouve que ce professeur est occupé 560 heures. C’est cependant un de cours
que l’on propose de réunir, de supprimer.
Ainsi les professeurs que l’on a représentés comme
étant les moins occupés, comme étant ceux pour lesquels il y avait pour ainsi
dire quelque chose de monstrueux de demander un traitement entier, donnent
beaucoup plus de leçons que les professeurs des universités auxquels on ne veut
pas même les assimiler.
Les cours dont ces professeurs sont chargés, ont été
reconnus utiles puisque la chambre a voté l’article de la loi qui présente la
nomenclature des cours ; il me semble d’après cela qu’elle a voté la nécessité
des professeurs eux-mêmes.
On a dit que s’il y avait 20 professeurs et qu’ils
donnassent chacun une leçon, cela ferait 20 heures par jour, et que les élèves
devraient travailler 20 heures. Je pense qu’un tel argument ne peut avoir été
mis en avant d’une manière sérieuse. Sans doute que si tous les élèves devaient
suivre les mêmes cours, ils auraient 20 heures par jour employées à entendre
les leçons ; mais j’ai répété assez que l’école comprenait deux sections
principales, la section des études préparatoires et la section des cours
d’application, et quatre divisions à cause des armes spéciales auxquelles les
élèves sont destinés : il résulterait de là que les leçons seraient réduites à
5 pour les élèves de chaque division, et par conséquent pour les professeurs.
Messieurs, je suis entré dans tous ces développements,
moins dans l’espoir de vous faire revenir de votre premier vote que pour
l’acquit de ma conscience, en quelque sorte, et pour démontrer à la chambre
combien étaient inexactes, incomplètes, les assertions que l’on a tant de fois
répétées pour combattre les arguments que j’avais employés.
Aujourd’hui je dois moins que jamais concevoir
l’espoir de vous faire revenir de votre premier vote, que la décision d’hier
est d’une très mauvais augure. Je croyais vous avoir prouvé l’utilité d’un
fonctionnaire que l’on a improprement qualifié de bibliothécaire, parce que la
moindre partie de ses fonctions se rapportait aux devoirs de bibliothécaire ;
j’étais entré dans de grands détails relativement aux fonctions qu’il avait à
remplir, et j’avais bien établi que ses fonctions de bibliothécaire n’étaient
pas celles qui l’occupaient le plus ; toutefois, M. Dumortier ne m’a répondu
qu’en insistant sur l’inutilité du bibliothécaire.
Ce même membre a considéré comme étant de peu
d’importance les modèles qu’on met entre les mains des élèves ; mais, quelle
que soit leur valeur intrinsèque, ils ne doivent pas moins être conservés, ne
pas être altérés dans les formes précises qu’on leur a données, et ils doivent
retourner dans les magasins en sortant des mains des élèves ; et ceci demande
un temps plus long qu’on ne le croit.
M. Dumortier a répondu à ces observations toujours
comme à son ordinaire, sans avoir écouté ; et la chambre ayant déterminé son
vote d’après son dire sans tenir compte des explications que je lui ai données.
Si je lutte contre toutes les assertions erronées du
représentant dont je parle, c‘est en acquit de ce que je considère comme mon
devoir. Ces erreurs, je ne les rappellerai pas toutes ; j’ai eu l’occasion de
les combattre ; elles sont en si grand nombre, qu’en vérité si j’avais à voter
sur quelque disposition basée sur des faits, je suis persuadé qu’après avoir
entendu les discours de M. Dumortier, et en en prenant le contre-pied, je
voterais convenablement. Il est cependant une assertion de M. Dumortier que je
ne puis laisser passer sans réponse.
Il a dit que les fournitures faites aux élèves étaient
l’occasion de bénéfices : il y a ici plus que de l’erreur ; il y a quelque
chose qui, jusqu’à un certain point, peut porter atteinte à la considération de
celui qui est chargé de ces fournitures, et de l’administration de l’école
elle-même : je déclare donc que cette assertion est tout à fait inexacte en
fait, qu’il n’y a aucun bénéfice à faire sur les fournitures ; que les prix de
ces fournitures sont affichés dans l’école, et qu’il n’est pas possible d’en
augmenter le prix sous aucun prétexte.
Je reviens à l’objet en discussion.
Que la chambre fasse ce qu’elle jugera à propos, quant
au nombre des professeurs ; je lui dirai seulement qu’avec moins de professeurs
que je n’en ai demandé, oui avec 18 professeurs, l’école pourra marcher ; mais
elle sera moins bonne. Messieurs, c’est là votre affaire.
Quant au nombre des répétiteurs, je trouve que vous
avez réduit ce nombre sans véritable bonne raison, et je ne puis faire sous ce
rapport aucune espèce de concession.
Ils pourraient être en nombre égal à celui des
professeurs, que la chose ne devrait pas paraître exorbitante. Je n’ai demandé
qu’un nombre de répétiteurs moindre, et c’est pour cela que j’insiste. A
l’école polytechnique, pour 9 professeurs il y a 14 répétiteurs, et en réalité
il en a 17. A notre école militaire il y a, comme je l’ai déjà dit, six
spécialités différentes.
Ces six spécialités sont divisées en 4 divisions,
lesquelles sont encore partagées chacune en 4 subdivisions, de sorte qu’il y a
définitivement 16 subdivisions à l’école militaire.
Les répétiteurs ont pour fonctions d’assister les
professeurs dans leurs leçons, puis de les accompagner dans les salles pour
donner conjointement avec eux les explications nécessaires pour faire bien
comprendre aux élèves les leçons ; puis, enfin, de faire la plus grande partie
des interrogations. Je ne pense pas, messieurs, qu’il soit nécessaire
d’expliquer toute l’utilité de ce mécanisme ; cette utilité est telle, qu’en
général il ne doit sortir de l’école militaire que des élèves parfaitement
instruits dans toutes les sciences qu’ils doivent connaître pour s’acquitter de
leurs fonctions.
C est surtout pour les élèves faibles que les
répétiteurs sont utiles ; ce sont ces élèves qui ont besoin qu’on leur fasse
sentir le besoin d’étudier, qui doivent être stimulés, afin que le
découragement ne les gagne point, et pour qu’ils puissent tirer des fruits
convenables des études qu’ils ont faites.
Si ce mécanisme de l’instruction de l’école militaire
n’était pas suffisamment compris d’après les explications que je viens de
donner, alors je ne pourrais m’expliquer de nouveau le regret que le plus grand
nombre des membres de la chambre, et surtout ceux qui se sont attachés à
combattre mes propositions, ne se soient pas donné la peine ou plutôt la
satisfaction d’aller voir l’école militaire et d’apprendre à la juger après
l’avoir comprise, au lieu de la juger sans connaissance de cause. Je pense que
l’école militaire mérite bien qu’on l’examine attentivement avant qu’on se
prononce sur ce qui peut influer sur son sort.
J’ai demandé 14 répétiteurs pour l’école militaire, et
j’insiste pour les obtenir. Je déclarerai encore que si le directeur de l'école
militaire et quelques inspecteur n’étaient pas des hommes spéciaux, des hommes
remplis de connaissances et de dévouement, capables, au besoin, de suppléer et
les professeurs et les répétiteurs, comme ils le font en effet, alors le nombre
de répétiteurs que j’ai demandés ne serait pas même suffisant. Or, messieurs,
il est certain que vous ne pouvez pas compter d’avoir toujours à la tête de
l’établissement des hommes d’un zèle et d’un savoir aussi étendu ; vous ne
pouvez pas compter que ces hommes seront toujours là pour suppléer à ce que
vous aurez laissé d’incomplet dans l’organisation de l’école militaire.
Ce qu’on vous propose, messieurs, c’est de faire
quelques économies. Eh bien, si vous supprimez un certain nombre de
répétiteurs, vous ralentirez les progrès des élèves ; d’où il résultera qu’au
lieu de passer deux ans dans l’école préparatoire ils devront y rester 3 ans,
ce qui occasionnera pour l’Etat une dépense qui compensera largement l’économie
de quelques milliers de francs qu’on veut obtenir par la diminution du nombre
de répétiteurs.
Les répétiteurs sont encore plus nécessaires, dans
l’état actuel des choses, par la raison qu’en général les études élémentaires
sont très faibles dans notre pays ; il n’y a sous ce rapport aucune comparaison
à faire entre notre école militaire et l’école polytechnique, quoiqu’on se soit
sans cesse étayé de la comparaison de ces deux établissements pour combattre le
nombre de répétiteurs que j’ai demandé. A l’école polytechnique on arrivait en
général très fort ; souvent les élèves se présentaient aux examens d’admission,
sachant déjà la moitié au moins de ce qu’ils devaient apprendre à l’école.
Ici on est bien loin d’avoir un goût aussi décidé pour
les sciences ; ce n’est pas l’aptitude qui manque à nos jeunes gens, et cela
peut se prouver par un fait patent qui fait honneur au pays ; c’est qu’en tête
des promotions des élèves sortant de l’école figurent les noms de plusieurs
jeunes gens belges. Mais le nombre des élèves belges de l’école polytechnique
est relativement faible. Lorsque la Belgique a été séparée de la France, nous
nous sommes comptés entre nous, élèves de l’école polytechnique, et en comptant
bien tout le monde, même ceux qui étaient accidentellement nés en Belgique de
parents français, nous nous sommes trouvés 30 au plus, tandis que d’après la
population de notre pays, nous aurions dû être au moins 300, en comparaison du
nombre d’élèves français qui se trouvaient dans l’établissement. Il me semble
que ce fait prouve à l’évidence que le goût de l’étude des sciences n’est pas
très répandu en Belgique, quoique, comme je l’ai démontré, nous possédions
toute l’aptitude nécessaire pour réussir complétement dans cette étude.
Il résulte toujours de là, je
le répète, qu’on arrive à l’école militaire étant très faible, et que par
conséquent les professeurs et les répétiteurs de cette école doivent se donner
beaucoup plus de peine que ceux de l’école polytechnique pour amener les élèves
au même degré d’instruction ; le point de départ étant ici beaucoup plus bas et
le point où il faut arriver étant tout aussi haut, il est certain qu’il faut
des efforts beaucoup plus grands pour parvenir au but. Il serait donc rationnel
d’accorder à l’école militaire un nombre de professeurs et de répétiteurs plus
grand que le nombre de ceux qu’il y a à l’école polytechnique.
Comme je l’ai déjà dit, messieurs, l’institution de
répétiteurs a surtout pour objet d’assurer les progrès des élèves, d’empêcher
qu’ils fassent un nouveau pas avant que celui qu’ils viennent de faire ne soit
complétement assuré. Les répétiteurs nous donnent la garantie que les élèves
deviendront en général de bons sujets. Par conséquent, messieurs, un nombre
suffisant de professeurs et de répétiteurs est la véritable condition des
succès de l’école, et je dois persister de toutes mes forces à demander
l’adoption de ma proposition.
M. Dumortier.
- J’ai assez écouté, messieurs, le discours que M. le ministre de la guerre
vient de prononcer pour être à même de le combattre victorieusement. Je ne le
suivrai pas dans tous les calculs dans lesquels il est entré relativement à
toutes les leçons que donne chacun des professeurs.
Une voix au banc des ministres. - Ce sont précisément ces calculs qu’il faudrait réfuter.
M. Dumortier.
- Je demande qu’on ne l’interrompe point.
Je dis que je ne suivrai pas M. le ministre dans tous
les détails qu’il nous a présentés, parce que cela m’est impossible parce que
je n’ai pas tous ces détails sous la main ; mais si je démontre que les faits
allégués par M. le ministre sont impossibles, je crois que j’aurai démontré
assez.
M. le ministre a avancé deux faits que j’ai très bien
remarqué, que tous les membres de l’assemblée auront sans doute remarqué comme
moi : le premier c’est que les professeurs de la faculté des sciences des
universités ne donnent que 202 leçons par an, au maximum ; le second c’est que
les professeurs de l’école militaire donnent au moins la moitié de leçons en
sus des professeurs des universités ; ainsi, messieurs, le maximum des leçons
données par un professeur des universités est de 202 par an, et le minimum des
leçons données par un professeur de l’école militaire est de 303 par an.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Il est de 260.
M. Dumortier.
- Vous avez dit dans votre discours que les professeurs de la faculté des
sciences donnent 202 leçons par an, et que les professeurs de l’école militaire
en donnent la moitié en sus, ce qui fait bien 303.
Or, messieurs, on nous demande 20 professeurs ; à 300
leçons chacun, ce sera 6,000 leçons par an ; maintenant, calculons les journaux
de travail en tenant compte des vacances, des congés, des après-midi de sortie,
des fêtes et dimanches, en un mot de tous les jours où l’on ne travaille pas,
nous trouverons tout au plus 250 jours de travail ; or, 6,000 leçons réparties
entre 250 jours de travail, cela fait 150 leçons par jour qu’on devrait donner
à l’école militaire, pour que chacun des 20 professeurs demandés par M. le
ministre donnât 300 leçons par an ! Voilà, messieurs, de quoi répondre d’une
manière péremptoire à M. le ministre de la guerre ; n’est-il pas évident pour
chacun de nous que ne donne pas et qu’on ne peut pas donner à l’école militaire
150 leçons par jour.
M. le ministre des finances (M. d’Huart). - Il y a un zéro de trop dans le chiffre que vous
établissez ; c’est 15 au lieu de 150. (Hilarité
générale et prolongée.)
Un membre. - C’est 24.
M. Dumortier.
- On me dit qu’on donne 24 leçons par jour ; eh bien, je vais prouver que cela
est impossible.
Comme il existe à l’école militaire trois divisions,
l’une pour les sciences, et l’autre pour les sciences préliminaires…
Une voix. - il y a quatre
divisions.
M. Dumortier.
- Voulez-vous quatre divisions ? Cela m’égal.
Comme il existe quatre divisions, en supposant 24
leçons par jour, il faudrait que chaque division donnât 6 leçons par jour. Or,
les leçons sont chacune d’une heure et demie ; il faudrait donc qu’il y eût par
jour 9 heures de leçon pour chaque division. Or, je vous le demande, messieurs,
s’il y avait réellement 9 heures et demie de leçon par jour, quel temps
resterait-il aux élèves pour l’étude et les répétitions ? II ne leur en
resterait manifestement aucun. Il y a donc exagération évidente dans les calculs
de M. le ministre de la guerre.
Messieurs, nous avons des renseignements précis sur
les travaux de l’école militaire. Le tableau qui nous a été distribué et que
j’ai en mains, nous apprend que le matin il y a pour chaque division une heure
et demie de leçon, depuis huit heures et demie jusqu’à dix, et qu’il y a
ensuite une leçon à une heure et demie. Ainsi, il n’y a que deux leçons par
jour pour chaque division ; je ne parle que des leçons qui se rapportent aux
cours généraux et à ceux d’application. Le soir, il existe des leçons pour les
cours accessoires ; mais quant à celles qui concernent les cours généraux et
d’application, elles se bornent à deux par jour ; comment dès lors peut-on
admettre, avec M. le ministre de la guerre, qu’il y ait six heures de leçon par
jour, tandis qu’en réalité il n’y en a que trois ?
Mais, dit M. le ministre de la guerre, les professeurs
actuels ne peuvent suffire. Je ne puis concilier cela avec la déclaration du
ministre qu’un professeur ne donne que 42 leçons par an et qu’un autre en donne
environ 100 ; je voudrais que le ministre arrangeât ces contradictions. Vous
dites que les professeurs ne peuvent suffire, et, d’un autre côté, ces
professeurs donnent un grand nombre de leçons privées. S’ils ne peuvent
suffire, pourquoi n’exigez-vous pas qu’ils cessent de donner des leçons en
dehors de l’école ; et si vous trouvez bon que vos professeurs donnent ces
leçons particulières, comment pouvez-vous prétendre qu’ils ne peuvent pas
suffire ? Je voudrais que M. le ministre conciliât ces deux systèmes
contradictoires : cela me paraît impossible. Par le fait seul que vous souffrez
que les professeurs donnent des leçons en dehors de l’établissement, vous
reconnaissez non seulement qu’ils peuvent suffire, mais encore qu’ils ont trop
de temps disponible.
Messieurs, on nous a distribué deux tableaux assez
curieux. L’un de ces tableaux comptent les professeurs et répétiteurs employés
à l’école militaire ; l’autre, le relevé comparatif des personnes employées à
l’enseignement dans les écoles militaires de France et de Belgique.
Examinons les faits. Voyons d’abord quel est le total
des professeurs de notre école militaire actuelle. Il n’existe actuellement à
l’école que 13 professeurs (je parle des professeurs civils et militaires et
non pas des maîtres). Vous pouvez lire leurs noms dans le tableau. M. le
ministre y ajoute un professeur pour la géographie et la statistique ; mais le
ministre ne peut contester que depuis deux ans ce professeur n’a pris donné une
seule leçon.
Parmi les professeurs repris au tableau, j’en vois
figurer un pour la mécanique appliquée aux machines. On ne dit pas de quelles
machines il est question ; mais, ainsi que j’ai déjà eu l’honneur de le dire,
c’est un professeur de mécanique appliquée aux machines industrielles. Pourquoi
voulait-on introduire à l’école un professeur pour cet objet ? C’est parce
qu’on voulait en faire une école polytechnique, Mais aujourd’hui que l’école
militaire se trouve réduite à ses limites naturelles, qu’elle doit être
purement militaire, vous conviendrez qu’il est tout à fait inutile d’y
introduire un cours destiné à faire connaître les métiers à tisser, par
exemple, et celles des machines à vapeur qui font mouvoir de pareils métiers.
Vous voyez donc que par le seul effet de la loi actuelle, il faut supprimer le
professeur dont je parle.
Il existe un professeur d’hygiène. J’ai été curieux de
savoir combien de leçons ce professeur donnait par an ; eh bien, j’ai appris
que ce professeur ne donnait qu’une leçon par semaine (le dimanche). S’il est
vrai, comme M. le ministre le prétend, que chaque professeur donne 300 leçons
par an, il faudrait que le professeur d’hygiène, pour arriver là, donnât plus
de 5 heures de leçon tous les dimanches. Vous voyez donc qu’il y a encore ici
inexactitude complète.
Maintenant défalquez du nombre des professeurs actuels
de l’école le professeur de mécanique et le prétendu professeur d’hygiène, vous
n’avez encore une fois que douze professeurs employés actuellement à l’école.
L’école, dit-on, marche très bien, et cela avec le
personnel actuel. Or, nous voulons vous donner plus de professeurs, et vous
n’êtes pas content. Vous demandez 20 professeurs ; mais que voulez-vous faire
de ces 20 professeurs, tandis qu’en réalité 12 professeurs ont suffi jusqu’ici
? Pourquoi donc 20 professeurs ? La cause en est claire à mes yeux ; c’est que
le ministre confond le nombre des cours avec celui des professeurs, qu’il veut
avoir autant de professeurs qu’il y a de cours.
Mais, messieurs, pourquoi ne charge-t-on pas un
professeur de plusieurs cours ? Ce se voir partout, dans les athénées, les
collèges, les universités et toutes les écoles militaires possibles. Examinez
en effet le tableau des professeurs de l’école militaire française, vous verrez
qu’à l’exception des professeurs des sciences d’application, tous les autres
donnent des cours dans deux facultés. Examinant donc ce tableau, je trouve
qu’il n’existe en tout que 14 cours généraux et cours d’application, qui sont :
Mathématique, géométrie descriptive, physique, chimie, géodésie, architecture,
fortification permanente, fortification passagère art militaire, artillerie ;
sciences appliquées à l’artillerie etc., mécanique appliquée aux machines ;
physique et chimie appliquées aux arts militaires, topographie, constructions
(procédés généraux de).
Je ne parle pas du cours concernant les procédés
généraux de constructions ; car il est à remarquer qu’il n’y a pas de
professeurs indiqué dans le tableau pour ce cours. Il ne reste donc que 14 cours.
Parmi ces cours généraux, il y a encore de doubles
emplois. Ainsi, l’on a mis un professeur d’architecture dans les cours
généraux, et lorsqu’on arrive aux cours d’application, l’on voit un professeur
d’architecture et de construction. Je vous le demande, messieurs, la même
personne ne peut-elle pas donner ces deux cours ? Je ne crois pas que ce soit
l’architecture civile qu’on doit enseigner aux officiers, à moins qu’on ne
veuille en faire des architectes pour la construction de palais de justice à trois
millions pièce. (On rit.) Vous
conviendrez donc avec moi qu’il n’est nullement nécessaire d’établir un
professeur d’architecture militaire. Autre double emploi. La physique et la
chimie figurent dans les cours généraux ; et dans les cours d’application l’on
porte la chimie et la physique appliquée aux arts militaires. La même personne
peut également être chargée de ces deux cours ; supprimez donc encore un
professeur de ce chef, et vous n’aurez en réalité que 12 cours.
Eh
bien, je vous le demande, quand 12 cours suffisent aux besoins de l’école
française, est-il possible que l’on vienne en réclamer 20 pour l’école belge ?
N’est-il pas évident qu’il y a exubérance dans la proposition du ministre de la
guerre ?
D’après cela, il est évident
que le chiffre de 18 professeurs qui a été voté la première fois est trop élevé
; je propose de le réduire à 16 ; dans ce système, le ministre aura encore 4
nouveaux professeurs à nommer.
M. de Brouckere. - Vous ne pouvez plus faire une semblable
proposition.
M. Dumortier. - Pourquoi pas ? Je suis curieux de voir la
démonstration de ce que vous avancez. Il arrive fréquemment que lorsque la
chambre adopte un chiffre de la section centrale, inférieur à celui du
gouvernement, le ministre propose au second vote, un chiffre intermédiaire
entre le chiffre qui a été adopté et celui qui a été rejeté…
M. de Brouckere. - Oui, un chiffre intermédiaire ; nous sommes
d’accord.
M. Dumortier. - On ne peut donc pas venir écarter par une
semblable fin de non-recevoir les propositions que j’ai eu l’honneur de faire.
Messieurs, il est
une remarque que chacun de vous pourra faire et qui facilitera singulièrement
la résolution que vous devez prendre en cette circonstance ; c’est que la
chambre n’a pu voter que par erreur la proposition de la section centrale sur
l’article actuellement en discussion ; car la proposition de la section
centrale concernait une école polytechnique, système qui a été repoussé par la
chambre. Eh bien, c’est dans l’hypothèse de l’établissement de cette école
polytechnique que la section centrale a cru qu’un personnel de 18 professeurs était
suffisant. Vous avez écarté le système de la section centrale, relativement au
principe ; la conséquence doit évidemment tomber d’elle-même. Je le répète
donc, ce ne peut être que par erreur que le nombre de 18 professeurs a été
admis, puisque ce chiffre était en rapport direct avec un principe que la
chambre a repoussé.
En effet, lorsque vous avez
supprimé de l’école polytechnique, que la section centrale avait proposée, les
cours de génie civil et des mines, manifestement le nombre de professeurs est
trop considérable pour une simple école militaire. Si 18 professeurs
suffisaient pour une école polytechnique, ce nombre excède les besoins d’une
école restreinte aux proportions d’une simple école militaire. Ainsi vous ne
pouvez admettre que 16 professeurs ; dans mon opinion ce chiffre est encore
trop considérable. Je ferai remarquer que l’école militaire n’a maintenant que
12 professeurs, y compris les professeurs de littérature et de dessin ; ce sont
MM. Pioche, Verhulst,
major Nerenburgh, Nollet, Guillery, Quetelet, capitaine Girard, major Fallot,
capitaine Moreau, capitaine Weyler, Buron et Madou. En supprimant ces deux derniers qui sont les
professeurs de littérature et de dessin, restent 10 professeurs seulement.
Comment est-il possible,
lorsque dix professeurs suffisent actuellement pour les cours généraux et
d’application, de venir en demander vingt pour ces mêmes cours ? On veut,
dit-on, le statu quo ! Mais si on veut le statu quo, on doit demander le nombre
de professeurs actuellement existant. On veut autant de professeurs que de
cours ; mais je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas, comme dans les
universités, faire plusieurs cours par les mêmes professeurs.
J’ai toujours prétendu qu’il
faut rétribuer convenablement les professeurs de l’école militaire ; mais
encore faut-il qu’ils gagnent leur traitement.
Il faut éviter les traitements
mesquins ; mais il faut éviter aussi la prodigalité et les sinécures. Que
résultera-t-il du système de M. le ministre de la guerre ? Qu’il y aura autant
de sinécures que de places de professeurs et que ceux-ci ne donneront à leurs
fonctions que le temps strictement nécessaire. Les professeurs, dont tous les
moments sont réclamés par leurs fonctions, s’attachent à leurs élèves et en
font des hommes capables, tandis que les professeurs qui ont des sinécures ne
regardent leurs fonctions que comme un moyen d’obtenir leur traitement et ne
viennent que pour l’acquit de leur conscience remplir leur devoir. On ne
s’attache à la science et à l’étude que par affection, et pour affectionner
quelque chose, il faut y donner tout son temps.
Je crois avoir démontré
combien la demande de M. le ministre de la guerre est outrée ; je crois, d’un
autre côté, vous avoir démontré que 16 professeurs sont plus que suffisants à
l’école militaire. J’ajouterai que les écoles polytechnique et de Metz n’ont en
tout que 16 professeurs, et que, dans ces professeurs, plusieurs sont en double
emploi ; ainsi il y a aux écoles polytechnique et de Metz un cours
d’architecture, un cours de topographie et un cours de chimie.
Maintenant, puisque j’en suis
sur la chimie, je demanderai à l’assemblée s’il est possible de comprendre la
nécessité de créer deux professeurs de chimie.
Je demanderai à M. le ministre
de la guerre s’il a l’intention de faire des chimistes des élèves de l’école
militaire. Que doit connaître un jeune homme à cet égard ? Les généralités de
la chimie et ses applications ; c’est surtout sur ce dernier point que doivent
se diriger ses études ; est-il nécessaire pour cela de créer deux professeurs ?
Vous voyez que M. le ministre de la guerre veut créer autant de professeurs
qu’il y a de cours ; c’est en cela que consiste son erreur.
Relativement
à la topographie, que fait-on dans les écoles de France ? C’est le professeur
de géodésie qui fait le cours de topographie et le cours de machines. Ici on
veut trois professeurs pour ces matières d’enseignement, qui n’en occupent
qu’un dans les écoles de France.
Je voudrais que l’on
rencontrât ces objections plutôt que d’énumérer de prétendues heures d’études
qui n’existent pas, qui ne peuvent pas exister.
Je dis que 16 professeurs sont
plus que suffisants pour l’école militaire. Pour moi, je suis convaincu que 12
professeurs suffiraient ; 16 suffisent donc à plus forte raison.
Je fais la proposition formelle
de limiter à 16 le nombre des professeurs de l’école militaire.
M. de Brouckere. - Je demande la parole pour un rappel au règlement.
Je ne pense pas que
l’amendement de M. Dumortier ait la moindre chance de succès. Pour tout le
monde il a été démontré que le nombre de 18 professeurs suffit à peine pour
l’école militaire. (Réclamation de la
part de M. Dumortier.)
Je dis que cela a été démontré
pour tout le monde, mais il est bien entendu que c’est à l’exception de M.
Dumortier ; car, à cet honorable membre, on ne démontre jamais rien, ainsi
qu’on l’a dit hier. Il répète constamment la même chose, bien qu’on l’ait
réfutée plusieurs fois. Il présente des calculs à la chambre ; mais dans ces
calculs il met un zéro de trop. On avait dit qu’il y a 15 leçons pas jour à
l’école militaire. « Mais non (dit M. Dumortier), il résulte des calculs
de M. le ministre de la guerre qu’il y aurait 150 leçons par jour ; or, c’est
impossible. » En effet c’est impossible ; mais ces 150 leçons par jour
n’ont jamais été que dans la tête de M. Dumortier.
Maintenant j’arrive à dire que l’amendement de M.
Dumortier est inadmissible ; j’ai ajouté que je le prouverais, et je vais le
prouver.
La proposition du gouvernement était de porter le
nombre des professeurs à 20. La chambre par un amendement a décidé que ce
nombre ne serait que de 18. Que peut-on mettre aux voix ? Le maintien ou le
rejet de l’amendement adopté ; c’est-à-dire que la chambre a à décider si elle
maintient, quant au nombre de professeurs, la réduction de 20 à 18. Si la
chambre maintient cette réduction, tout est fini ; si elle ne la maintient pas,
il n’y a pas autre chose à faire qu’à voter le chiffre proposé par le ministre
ou un chiffre intermédiaire qui serait 19 ; mais vous ne pouvez pas aller
au-dessous du chiffre 18. Il me suffit, pour le démontrer, de donner lecture de
l’article 45 du règlement. Il porte :
« Art. 45. Lorsque des amendements auront été
adoptés, ou des articles d’une proposition rejetés, le vote sur l’ensemble aura
lieu dans une autre séance que celle où les derniers articles auront été votés.
« Il s’écoulera au moins un jour entre ces deux
séances.
« Dans la seconde seront soumis à une discussion, et à
un vote définitif, les amendements adoptés et les articles rejetés... »
M. Dumortier.
- Et le chiffre intermédiaire ?
M. de Brouckere. - Nous y arrivons.
Je continue la lecture de l’article 45 du règlement :
« Il en sera de même des nouveaux amendements qui
seraient motivés sur cette adoption ou ce rejet. Tous amendements étrangers à
ces deux points sont interdits. »
M. Dumortier. - Ah !
M. de Brouckere. - C’est précisément cela, ah ! (On
rit.)
C’est pour cela que si vous rejetez l’amendement
adopté qui fixe le nombre des professeurs à 18, il vous est libre de proposer
un amendement fixant le nombre des professeurs à 19. C’est le seul amendement
qui puisse être motivé sur le rejet d’un amendement primitivement adopté.
Voilà, messieurs, ce que vous dit le règlement ; il
est aussi clair, aussi positif que possible.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Je n’essaierai pas, comme l’a dit M. Dumortier, de
rencontrer ses arguments. J’ai déjà répondu à chacun d’eux. Il est arrivé au
préopinant, ce qui lui arrive toujours, ce qui lui arrive encore en ce moment
même, ce qui lui arrivera probablement tous les jours ; c’est, messieurs, qu’il
ne se donne pas la peine de m’écouter, et que par suite il répète sans cesse ce
que j’ai déjà réfuté 10 fois.
Il n’y a pas un seul fait énoncé par l’honorable M.
Dumortier que je n’aie rencontré d’avance. Sans entrer dans de nouveaux détails
il me sera facile de prouver à la chambre… (Aux
voix ! aux voix !)
J’ai déjà dit
combien j’ai d’éloignement pour tout ce qui tend à attaquer les intentions.
J’ai donc le droit d’attendre que mes intentions soient également respectées.
J’ai pu commettre une erreur relativement au cours d’hygiène
qui n’est pas compris dans mon tableau ; mais assurément je ne l’ai pas fait en
connaissance de cause ; je ne commets jamais d’inexactitudes volontaires.
Du reste, je maintiens comme parfaitement exact tout
ce que j’ai dit, et comme parfaitement inexact tout ce qu’a dit l’honorable M.
Dumortier.
Un grand nombre de membres. - Aux voix ! aux voix !
M. le président.
- M. de Brouckere n’a pas formulé sa proposition.
M. de Brouckere. - Je laisserai décider la chambre. J’aime autant qu’elle rejette la
proposition de M. Dumortier, que de l’écarter par une fin de non-recevoir. Je
suis assuré qu’elle lui fera justice.
Un grand nombre de membres. - La clôture ! la clôture !
M. Dubois.
- Je demande la parole contre la clôture.
Je demande la parole pour pouvoir motiver mon vote sur
la proposition du ministre.
Je suis obligé de changer d’opinion. Je désire que la
chambre entende les arguments que j’ai à lui donner.
Je ferai remarquer que je ne suis pas de ceux qui
parlent sept fois sur la même question. Je n’ai pas encore parlé sur cette
question.
M. Dumortier. - Je viens m’opposer à la clôture ; j’ai besoin de
répondre à M. le ministre de la guerre ; ce n’est pas par un superbe dédain
qu’on répond à des faits. Ceux que j’ai posés sont de toute exactitude. Quand
j’ai dit qu’un professeur ne donnait qu’une leçon par semaine…
Plusieurs voix. - C’est le
fond ! On a demandé la clôture.
- La clôture est mise aux voix et prononcée.
M. le président.
- Le ministre propose de fixer à 20 le nombre des professeurs. Au premier vote
le nombre de 18 a été adopté. Quel nombre la chambre veut-elle que je mette
d’abord aux voix ?
M. de Brouckere. - Ce n’est pas un amendement que M. le ministre de
la guerre présente, mais la première proposition qu’il invite la chambre à
adopter. L’amendement adopté au premier vote a fixé le nombre des professeurs à
18. Ce qu’il y a à mettre aux voix, c’est le maintien de cet amendement. Au
reste, il est indifférent qu’on mette aux voix le nombre 20 ou le nombre 18,
car si vous adoptez le nombre 20, il en résultera, il s’ensuivra que vous
rejetez l’amendement et que vous vous en tenez au chiffre du ministre qui avait
été rejeté au premier vote.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Il faut avant s’assurer si on pourra mettre aux
voix l’amendement de M. Dumortier qui tend à admettre 16 professeurs. S’il
pouvait être mis aux voix, nous aurions la perspective de voir fixer le nombre
des professeurs à 16. Cependant nous devrions rejeter le chiffre de 18, puisque
nous en voulons 20. Si nous ne sommes placés qu’entre le chiffre de 18 et de
20, il nous sera facile de nous prononcer ; mais il est impossible de voter sur
le chiffre de 18 dans l’hypothèse où celui de 16 pourrait être mis aux voix.
M. de Brouckere. - Je demande positivement qu’on commence par le
chiffre le plus élevé.
- La chambre consultée donne
la priorité au chiffre 20.
Le nombre de 20 professeurs n’est pas adopté.
Le nombre de 18 est adopté.
M. le président.
- Le gouvernement avait proposé 14 répétiteurs ; la chambre n’en a admis que
10.
M. le ministre de la guerre (M.
Willmar). - J’ai développé
suffisamment la nécessité de revenir sur le vote qui concerne les répétiteurs.
Il est impossible de réduire de 4 le nombre proposé par le gouvernement. Un
répétiteur par professeur ne serait rien de trop ; j’ai fait voir qu’à l’école
polytechnique le nombre des répétiteurs l’emportait sur celui des professeurs.
M. Trentesaux.
- Il doit être entendu qu’il n’est pas nécessaire de prendre le nombre de 14 ou
celui de 10 ; on pourrait, ce me semble, prendre un nombre intermédiaire, celui
de 12, par exemple ; c’est celui pour lequel je me décide. Il forme les 2/3 du
nombre des professeurs.
(Moniteur
belge n°341, du 7 décembre 1837) M. F. de Mérode. - Messieurs, maintenant que les questions
principales relatives à la loi qui nous occupe ont été résolues toujours en
postposant l’école militaire elle-même à des considérations qui lui sont
étrangères, arrive le système économique qui tend à entraver la bonne
administration intérieure de l’école par quelques rognures dont beaucoup de
membres n’ont pas cherché à connaître par eux-mêmes les résultats infiniment
préjudiciables à l’institution.
En effet, à quel homme raisonnable, prenant la
peine d’examiner sérieusement ce qui se passe à notre école militaire,
persuadera-t-on que le commandant., plein d’intelligence, d’activité,
d’expérience, de dévouement à l’œuvre qu’il a créée par une admirable
persévérance, cherche à s’entourer de collaborateurs et d’aides, quels qu’ils
soient, destinés à jouir de sinécures ou demi-sinécures autour de lui-même, si
grand ami du travail et de l’assiduité ; à qui persuadera-t-on que l’honorable
officier, qui montre si peu de sollicitude pour acquérir personnellement des
grades et des augmentations de traitement, cherche à grever l’Etat de charges
et dépenses inutiles au profil de ses assistants, lesquels seraient plus ou
moins inoccupés si l’on doit en croire ceux qui n’ont pas daigné visiter
l’école militaire et demander à son chef, toujours disposé à les donner avec
une parfaite complaisance, les moindres renseignements.
Est-ce ainsi que l’on prétend encourager les
hommes qui livrent à la Belgique leur temps, leur science et leur zèle ? En
vérité, messieurs, il faut convenir que l’économie est un véritable éteignoir,
lorsqu’elle tend à paralyser les efforts du talent laborieux. Hier on a refusé
à l’école un bibliothécaire, conservateur et distributeur avec enregistrement
par écrit de tous les instruments et autres objets multipliés nécessaires aux
élèves. Je tiens de la bouche du colonel commandant l’école que cet agent lui
est indispensable, non seulement je le lui ai entendu dire, mais j’ai vérifié
sur place, accompagné d’un membre de cette chambre, l’exactitude des faits.
M. le ministre de la
guerre l’a déclaré positif ; M. de Puydt, compétent sur la matière, a insisté
dans le même sens ; M. Desmaisières ancien élève de l’école polytechnique, que
certes on n’accusera pas d’esprit de gaspillages des deniers publics, a voté
sur ce point d’accord avec son collègue, député du Luxembourg, N’importe,
l’économie a triomphé. Aujourd’hui, les rognures menacent de réduire le nombre
des répétiteurs ; j’ai encore entendu dire au commandant de l’école, et en
présence de plusieurs membres de cette chambre, que sans ces répétiteurs au
complet, il serait physiquement impossible de faire marcher l’instruction des
élèves ; bien plus, le même m’a certifié que si chaque fonctionnaire de l’école
se contentait de remplir son devoir et ne faisait pas le double de ce que ce
devoir strict lui impose, les études et les succès de l’école fléchiraient
immédiatement. Ce serait là le résultat certain de l’économie des peines de ces
messieurs ; aussi dès que l’un d’eux est malade, on s’en aperçoit aussitôt.
(Moniteur belge
n°340, du 6 décembre 1837) M. Lardinois. - Messieurs, dans une séance
précédente j’ai voté pour l’amendement de M. Dubus, qui fixait le nombre des
professeurs à quinze et celui des répétiteurs à dix, parce que je croyais que
le ministre aurait trouvé auprès de l’université de Gand tout le personnel
désirable pour compléter ses cours. Alors, messieurs, j’avais adopté
franchement et sans arrière-pensée la belle et grande idée que l’honorable M.
Devaux a formulée dans un amendement qui a été une première fois accueilli par
la chambre, et je voulais que cet amendement ne mentît point à ce qu’il
promettait.
Car, avec un avantage inappréciable pour la science et
pour la bonne instruction, il offrait un avantage matériel et immédiat ; je
veux dire une économie considérable : économie pour l’appropriation des locaux,
économie pour l’acquisition des musées, des cabinets d’instruments
mathématiques et physiques, de locaux pour les manipulations chimiques,
économie pour la création du corps professoral. Les cours généraux qui se
donnent à l’école militaire étant les mêmes que ceux qui se donnent à la
section du génie civil à Gand, ils pouvaient être donnés simultanément par les
mêmes professeurs.
Maintenant que la chambre, par son vote d’hier, a
décidé que le ministre de la guerre pourra fixer son école dans une ville de
guerre où il n’existerait aucun corps enseignant, je crois, messieurs, qu’il
faut pourvoir à cette éventualité. Car je ne recule pas devant la déclaration
que j’ai faite ici dès le début de cette discussion. Je veux une école
militaire bien organisée ; je ne veux conséquemment rien refuser au ministre de
la guerre de tout ce qui doit contribuer à amener ce résultat ; et, certes, une
des choses qu’il a le droit de réclamer comme étant des plus nécessaires, c’est
un bon corps enseignant.
Je voterai donc pour le nombre
de 14 répétiteurs et pour tous les professeurs que demande M. le ministre.
Je tenais à vous dire ces quelques mots, messieurs,
pour motiver mon vote. Je tiens à déclarer maintenant à mes honorables
collègues que si, dans cette circonstance, je suis obligé de modifier une précédente
opinion, je le fais pour être conséquent avec les principes que j’ai moi-même
posés ; principes que je n’ai pas abandonnés dans tout le cours de la
discussion.
M. de Puydt. - Il suffit de se rappeler ce qui s’est passé dans
une séance précédente pour se convaincre que la chambre a commis une erreur en
réduisant à 10 le nombre des répétiteurs. La section centrale avait fixé le
nombre des professeurs à 18 et celui des répétiteurs à 14. Et cette fixation
n’avait pas été arrêtée en vue d’une école polytechnique, comme le prétend M.
Dumortier, mais pour une école militaire. Car, je répéterai ici ce que j’ai
déjà dit. L’adjonction des cours d’une section du génie civil et des mines n’a
pas fait augmenter le nombre des professeurs et des répétiteurs. Le travail
était terminé quand l’amendement relatif à ces adjonctions a été adopté, et la
section centrale a décidé qu’elle laisserait à la chambre le soin de fixer le
nombre des professeurs. Le calcul est donc rigoureusement fait pour une école
militaire, comme l’entendait la section centrale, et non pour une école
polytechnique.
Cependant, lors de la première
discussion, M. Dumortier a présenté un amendement tendant à réduire le nombre
des professeurs à 12 et celui des répétiteurs à 10. Ce n’est que
postérieurement qu’il s’est rallié à l’amendement de M. Dubus pour porter le
nombre des professeurs à 15, mais en laissant le nombre des répétiteurs à 10.
Pour qui sait ce que c’est qu’un établissement comme celui de l’école
militaire, il est évident que le nombre des répétiteurs doit être proportionné
à celui des professeurs. C’est donc le nombre 14 pour les répétiteurs, et celui
de 18 pour les professeurs, que la section centrale avait adopté. La chambre
n’a adopté l’amendement de M. Dumortier, sous-amendé par M. Dubus, qu’après
avoir voté les 18 professeurs. Elle n’a pas fait attention qu’adoptant le
chiffre des professeurs, elle devait également adopter celui des répétiteurs,
puisqu’il doit être rigoureusement proportionnel au nombre des professeurs.
J’engage donc la chambre à revenir de cette erreur et
à accorder les 14 répétiteurs.
M. Trentesaux. - Je réponds à M. de Mérode ; il s’oppose à mon
amendement, il se récrie sur la réduction de deux répétiteurs ; il oublie que
l’assemblée a réduit leur nombre plus fortement, car elle l’a réduit à 10.
Comme ce nombre m’avait paru un peu faible, j’ai demandé s’il n’était pas
possible de prendre un nombre entre 14 et 10 ; j’ai proposé celui de 12 qui
forme les 2/3 du nombre des professeurs ; j’y ai été déterminé par l’idée que
l’école sera attachée à l’une des deux universités de l’Etat. Je conviens que
si elle devait être établie ailleurs, dans une place forte, je ne m’opposerais
pas à ce que le nombre fût porté à 14. Il me paraît que le nombre 12 est le
seul raisonnable.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Je dois relever une erreur. Il faut que le nombre
des répétiteurs soit fixé pour les cas les plus défavorables. Les répétiteurs
appartenant à une université n’en seraient pas moins des répétiteurs de l’école
militaire. Et si la chambre croit que dans un cas 14 répétiteurs soient utiles,
il faut les voter. En vertu d’une autre disposition, l’école peut n’être pas
placée près d’une université ; alors elle sera obligée de faire un appel
ailleurs ; et il faut toujours que le nombre des répétiteurs soit suffisant
pour assurer le service de l’école militaire. (Aux voix ! aux voix !)
- Le nombre de 14 répétiteurs est mis aux voix et adopté.
M. le président.
- A l’article 6, le paragraphe premier est un amendement ; il est ainsi conçu :
« Les officiers ainsi que les professeurs et
autres fonctionnaires de l’université, employés à l’école militaire, reçoivent,
outre le traitement attaché à leur position, une indemnité qui pourra être
égale au tiers de ce traitement, sans pouvoir toutefois s’élever à plus de
2,500 francs. »
M. Dubus (aîné). - Je demanderai une explication au ministre de la
guerre. Je ne sais pas ce qu’il entend par : « Les officiers ainsi que les
professeurs et autres fonctionnaires de l’université... » Il faudrait
rédiger ainsi : « Les professeurs et fonctionnaires de l’université, de même que
les officiers professeurs de l’école militaire, reçoivent, etc. »
M. Brabant. - D’après le vote d’hier, il faut retrancher le mot
« université » de l’article. Le ministre de la guerre a dit qu’il
profiterait de tous les secours que pourrait lui offrir la place où il
établirait l’école ; ainsi, il profitera des professeurs de l’université, si
c’est dans une ville où une université est établie, et des professeurs de
l’athénée, ou même des ingénieurs des ponts et chaussées et des ingénieurs des
mines, dans les villes où il y aura athénée et de semblables fonctionnaires.
M. Devaux.
- Je demande à M. le ministre de la guerre qu’il réalise la promesse qu’il a
faite hier. Il a dit qu’il mettrait dans la loi : « Dans le cas où
l’école militaire serait établie près d’une université… »
M. le ministre de la guerre (M.
Willmar). - J’ai toujours
entendu que ce serait à vous à faire cet amendement. Comme c’est vous qui avez
insisté pour l’université de Gand, c’est à vous à faire la condition.
Je me rallie volontiers à l’amendement de M. Brabant,
comme étant plus général. On pourra employer les professeurs de l’université si
l’on fait l’établissement dans une ville où il y a université ; les professeurs
de l’athénée si c’est dans une ville ayant athénée ; et même les fonctionnaires
quand on en trouvera de capables.
L’amendement de M. Dubois ne me semble qu’une question
de préséance.
M. Dubois. - L’amendement de M. Brabant est contraire à
l’amendement de M. Dumortier, dans l’article 8.
M. Devaux.
- Il faut comprendre cet amendement nouveau. Je ne sais si je l’ai bien saisi.
Je vois deux choses dans la déclaration du ministre.
Je vois des changements dans l’opinion du ministre, et
une école militaire qui s’écarte de plus en plus des universités : hier elle
s’écartait de Gand, aujourd’hui elle s’écarte de Liége. Le ministre veut
appeler toutes sortes de professeurs et toutes sortes de fonctionnaires ; c’est
un amendement d’une grande portée. On pourrait donc appeler des fonctionnaires
qui seraient occupés de tout autre chose que de fonctions scientifiques ? Je
crois qu’il fait dire : « Dans le cas où l’école sera près d’une
université, on pourra employer les professeurs de cette université. » J’en
fais la proposition.
M. le ministre de la guerre (M.
Willmar). - J’ai besoin
d’expliquer mes opinions puisqu’on les met en jeu. Ma pensée est d’user, dans
toute son étendue, de la faculté laissée par la chambre relativement au choix
de la place où l’école sera établie, et de ne me décider à cet égard qu’après
mûr examen. Je n’ai pas dit autre chose ; on a donc tort de venir insinuer que
j’ai changé d’opinion sur ce point ; cela n’est pas.
Quant à l’amendement de M. Brabant, il porte sa limite
en lui-même : on ne pourra employer que des personnes capables de donner des
leçons ; ainsi, ces personnes seront nécessairement ou des professeurs des
universités et des athénées, ou des ingénieurs des ponts et chaussées et des
mines ; car il n’y a pas de raison de repousser les secours de tels hommes.
M. Brabant.
- Je me suis expliqué assez clairement pour qu’on ne se méprenne pas sur ce que
je demande. Je demande la suppression du mot « université » pour que
l’on soit d’accord avec le vote d’hier.
Un professeur d’athénée peut tout aussi bien donner
simultanément des leçons à l’athénée et à l’école militaire qu’un professeur
d’université peut donner simultanément des leçons à l’université et à l’école
militaire ; il n’y a pas la moindre différence.
Quant aux fonctionnaires, j’ai dit que je demandais la
suppression des mots « de l’université, » afin que M. le ministre de
la guerre pût utiliser pour l’école militaire les talents de certains
fonctionnaires, tels que les ingénieurs de ponts et chaussées et les ingénieurs
des mines ; j’ai cité notamment ces deux catégories de fonctionnaires, parce
que je connais aujourd’hui deux ingénieurs des mines, d’une très haute
capacité, qui donnent des leçons l’un à l’école spéciale de Liége, et l’autre à
l’athénée de Namur. Je soutiens qu’il serait très désirable que, lorsque M. le
ministre de la guerre rencontrera des hommes aussi savants, il pût en tirer
parti pour l’école militaire.
- L’amendement de M. Brabant
est appuyé.
M. le président.
- M. Devaux propose d’ajouter à l’article adopté au premier vote : « Dans
le cas où l’école militaire serait établie à Gand ou à Liége. »
- Cet amendement est appuyé.
M. Raikem. - Messieurs, si vous n’adoptez pas l’amendement
proposé par M. Devaux et qui ne préjuge en aucune manière le lieu où l’école
militaire sera établie, vous changez tout le système de la loi ; car si vous
dites, en général, « les officiers ainsi que les professeurs et autres
fonctionnaires, » sans ajouter « de l’université, » il en
résultera que tous les fonctionnaires seront compris dans la disposition ; on a
beau expliquer l’article d’une manière différente ; lorsque la loi est portée,
ce sont les termes mêmes dans lesquels elle est conçue qui en déterminent
l’application, et nullement les explications qui y ont été données dans la discussion. Ainsi, en adoptant la
rédaction qui résulterait de l’amendement de M. Brabant, on donnerait au
gouvernement la plus grande latitude pour l’exécution de la loi, relativement
aux fonctionnaires de toute espèce qu’il pourrait indistinctement employer à
l’école militaire ; or, ce n’est pas là sans doute ce que veut l’assemblée.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Il est évident, messieurs, que le choix du
gouvernement ne pourra jamais avoir lieu entre les fonctionnaires de toute
espèce, qu’il sera limité par la nature même des fonctions que les personnes
choisies devront remplir, qu’en un mot le gouvernement ne pourra jamais choisir
que des professeurs ou des ingénieurs pour l’enseignement de l’école militaire.
- L’amendement de M. Brabant
est mis aux voix ; il n’est pas adopté.
L’amendement de M. Devaux est mis aux voix et adopté.
Les autres amendements introduits dans l’article 6 et
l’amendement introduit au deuxième paragraphe de l’article 7 sont également mis
aux voix et définitivement adoptés.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Messieurs, lorsque l’honorable M. Dumortier a
proposé l’amendement qui interdit aux professeurs de l’école militaire de
donner des leçons dans d’autres établissements ; il a en même temps émis l’idée
que, par suite de l’adoption de cet amendement, le traitement des professeurs
de l’école militaire devait être augmenté ; j’ai cru que M. Dumortier aurait
proposé lui-même un amendement dans ce sens, mais comme il ne l’a pas fait, je
propose de porter le maximum des traitements des professeurs de première classe
à 8,000 fr. au lieu de 6,000 fr., et celui des professeurs de deuxième classe à
6,000 au lieu de 4,000 fr.
- Cet amendement est mis aux voix ; il n’est pas
adopté.
L’amendement relatif au dessinateur civil est mis aux
voix et définitivement adopté.
Article 8
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Le rejet de l’amendement que j’avais proposé tout
à l’heure me force de venir maintenant combattre l’amendement qui a été
introduit à l’article 8 et qui interdit aux professeurs de l’école militaire de
donner des leçons dans d’autres établissements. Comme j’ai déjà eu l’honneur de
vous le faire remarquer, messieurs, cet amendement est véritablement hostile
aux professeurs de l’école militaire qu’il met sur un pied d’infériorité
relativement aux professeurs des universités.
L’article 12 sur l’enseignement universitaire est tout
à fait absolu, il ne fait aucune espèce de restriction ; je ne vois donc pas de
raison d’en faire ici : si les professeurs des universités peuvent, moyennant
une simple dispense du gouvernement être employés dans un autre établissement,
je ne vois pas pourquoi les professeurs de l’école militaire seraient privés du
même avantage. Il me semble que cette clause devrait ou être retirée de la loi
sur les universités ou être introduite dans la loi sur l’école militaire ; il
ne me semble pas que la chambre puisse avoir, dans la même matière, deux poids
et deux mesures.
Je ne sais pas si dans le cas où un professeur de l’université
de Liége ou de Gand allait, grâce au chemin de fer, donner une ou deux fois par
semaine des leçons à l’université de Louvain par exemple, je ne sais pas,
dis-je, si, en vertu de l’article 12 de la loi sur les universités, on pourrait
lui en refuser l’autorisation ; il me semble qu’il ne doit pas en être
autrement pour l’école militaire, que le professeurs de cet établissement ne
doivent pas être exclus de la règle qui a été adoptée pour les universités.
On a prétendu que cette exclusion serait utile à
l’école militaire et qu’il serait très avantageux de mettre les professeurs
dans une dépendance entière de l’école militaire, en ne leur permettant pas de
donner des leçons ailleurs. Il me semble, messieurs, que ceci s’applique
beaucoup plus exactement aux universités ; car on n’exerce pas sur les
professeurs des universités une action aussi directe sur ceux de l’école
militaire. Un professeur à l’école militaire ne peut manquer d’exactitude sans
troubler tout l’ordre de l’école, et sans qu’il en résulte une confusion réelle
qui sautera aux yeux de tout le monde, tandis que le professeur d’université
qui ne se rendrait pas exactement à son cours ne ferait tort qu’à ses élèves.
On a représenté les
professeurs de l’école militaire comme jouissant d’une sinécure. L’on ne peut
pas dire qu’un travail moyen de 300 heures par an constitue une sinécure. Quant
à la question de savoir si les professeurs peuvent donner des leçons ailleurs,
je ne regarde pas comme une chose nuisible en principe que des hommes destinés
au professorat puissent donner par jour autant de leçons que possible en les
préparant convenablement ; car il en est du professorat comme de toutes les
autres professions : plus on pratique, et plus on devient apte à bien
pratiquer. Par conséquent, je ne puis pas admettre non puis cette espèce
d’utilité qu’on a cru voir pour l’école militaire dans la défense qui serait
faite aux professeurs de donner des leçons ailleurs, et comme je trouve cette
défense injuste envers ces professeurs, je demande qu’elle soit supprimée.
M. Dumortier.
- Messieurs, je dois maintenir l’amendement que la chambre a adopté lors du
premier vote ; il me paraît juste de le conserver pour deux motifs. Le premier,
c’est qu’une disposition semblable se trouve dans la loi sur l’enseignement
universitaire. Le second, je le puise dans le dernier discours de M. le
ministre de la guerre qui est la réfutation de celui qu’il a prononcé
immédiatement auparavant. En effet, tout à l’heure, M. le ministre de la guerre
vous a dit que le nombre des professeurs de l’école militaire ne pouvait
suffire aux leçons, et maintenant le ministre vient demander que les
professeurs puissent donner des leçons hors de l’établissement. M. le ministre
devrait donc d’abord se mettre d’accord avec lui-même. Si tout à l’heure vous
aviez raison, en disant que les professeurs actuels ne pouvaient suffire, vous
devez désirer qu’ils puissent suffire, et par conséquent vous ne devez pas
vouloir que vos professeurs donnent des leçons hors de l’établissement.
Et d’ailleurs, messieurs, il
existe un autre motif très grave, pour ne pas accorder cette faculté aux
professeurs : c’est que les professeurs de l’école militaire sont
nécessairement examinateurs. Or, si ces examinateurs peuvent former des élèves
dans un autre établissement, dans un athénée ou collège par exemple ; il
est certain que, même sans injustice, ces élèves seront préférés ; car ils
auront sur leurs concurrents l’immense avantage d’avoir été préparés par
l’examinateur lui-même sur les divers objets de l’examen. Il en résultera donc
que l’athénée ou le collège de la localité où l’école militaire sera placée
sera favorisé aux dépens des autres athénées et collèges qu’il importe de
maintenir. Vous devez donc, pour protéger les intérêts de toutes les localités
à cet égard, ne pas vouloir que les professeurs de l’école militaire puissent
donner des leçons ailleurs que dans l’établissement.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Je demande la parole, car j’ai besoin de rectifier
une erreur de l’honorable préopinant, qui a supposé que des professeurs
d’athénées seraient examinateurs des élèves qui se présenteraient à l’école
militaire. J’ai dit, lors de la première discussion, que lorsqu’un examen avait
lieu, on ne permettait à aucun professeur d’y prendre part, qu’après qu’il
avait affirmé qu’il n’avait donné l’instruction à aucun des élèves qui se
présentaient. Ainsi, le danger dont parle M. Dumortier est tout à fait
imaginaire.
L’honorable préopinant a déclaré de nouveau que
j’avais prétendu que les professeurs ne pouvaient suffire à leur besogne ; je
ne pense pas que cette expression me soit échappée. En avançant que, terme
moyen, chaque professeur avait 300 heures de leçons par an, j’ai voulu
seulement établir qu’on ne pouvait pas raisonnablement exiger plus de besogne
eu égard au traitement au traitement qu’on donnait à ces professeurs. (Aux voix ! aux voix !)
- On passe au vote de l’article 8, ainsi conçu :
« Art. 8. Les officiers attachés à l’école militaire
y sont placés par arrêté du Roi.
« Le directeur des études, les examinateurs
permanents, les professeurs et les répétiteurs civils, sont nommés et révoqués
par le Roi.
« Toutefois, les répétiteurs civils pourront être
provisoirement institués par le ministre de la guerre.
« Le gouvernement peut appeler au professorat des
étrangers, lorsque l’intérêt de l’instruction le réclame.
« Les professeurs ne peuvent donner ni leçons ni
répétitions rétribuées, ailleurs que dans les institutions de l’Etat. Ils ne
peuvent exercer une autre profession qu’avec l’autorisation du gouvernement.
Cette autorisation est révocable. »
Adopté.
Article 8 (nouveau)
« Art. 8 (nouveau). Nul ne peut être professeur
civil s’il n’a le titre de docteur dans la branche de l’instruction supérieure
qu’il est appelé à enseigner : néanmoins des dispenses peuvent être accordées
par le gouvernement aux hommes qui auront fait preuve d’un mérite supérieur,
soit dans leurs écrits, sans dans l’enseignement ou la pratique de la science
qu’ils sont chargés d’enseigner. »
- Adopté.
« Art. 9. L’admission des élèves sera prononcée,
d’après le résultat d’un concours public dont le programme sera publié à
l’avance, par le ministre de la guerre et par le ministre des travaux publics
pour les aspirants de marine.
« Le programme fera connaître, chaque année, le
nombre des élèves à admettre. Ce nombre sera réglé d’après le taux des besoins
probables des différentes armes.
« Ne pourront se présenter à l’examen que les Belges,
âgés de 16 à 20 ans, qui se sont fait inscrire, en déposant toutes les pièces
exigées par le programme.
« Par exception, les militaires de l’armée active
pourront être admis jusqu’à l’âge de 25 ans.
« Les examens d’admission sont faits, sous la
présidence du directeur des études de l’école, par un jury composé de trois
membres, nommés annuellement par le Roi.
« Les examens ont lieu par écrit et
oralement. »
M. Lejeune
demande que le premier paragraphe soit rédigé comme suit :
« « Art. 9. L’admission des élèves sera
prononcée par le ministre de la guerre et par le ministre des travaux publics
pour les aspirants de marine, d’après les résultats d’un concours public, dont
le programme sera publié à l’avance.
- L’article 9, avec cette nouvelle rédaction, est mis
aux voix et adopté.
Article additionnel
« Art. nouveau (de M. Dumortier). L’examen par
écrit sera le même pour tous les élèves. Les questions seront tirées au sort et
dictées de suite aux récipiendaires. Il y aura autant d’urnes différentes que
de matières sur lesquelles l’examen sera fait.
« Chacune de ces urnes contient un nombre de questions
triple de celui que doit amener le sort. Les questions doivent être arrêtées
immédiatement avant l’examen. Le résultat de l’examen par écrit compte au moins
pour moitié dans le résultat du concours.
« Tout examen oral sera public. »
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Lorsque cet amendement a été présenté, j’ai dit que
je ne faisais pas d’objection à son esprit, mais que je n’étais pas bien sûr
que dans la pratique il fût possible. En y réfléchissant, la chambre
reconnaîtra la difficulté de réunir dans une salle 80 jeunes gens subissant un
examen écrit, et de les surveiller de manière à empêcher de se communiquer leur
travail. Il serait préférable de supprimer cette clause et de laisser au
gouvernement la faculté de régler le mode d’application, ainsi que cela se
trouve déjà établi par la rédaction actuelle de l’article 17 qui porte
que : « l’organisation de l’établissement d’un conseil de
perfectionnement et d’instruction, les programme d’admission, les programmes
des cours, les examens et le classement des élèves, le mode de leur entretien,
seront réglés par des arrêtés royaux qui seront insérés au Bulletin officiel. »
Quand j’ai dit une première
fois que l’examen oral aurait lieu, je me reportais à deux années antérieures,
et d’après ce qui se faisait alors, j’ai cru qu’il devait encore en être ainsi
; mais maintenant je puis vous dire qu’il n’y en a plus ; les élèves répondent
par écrit à trois questions d’algèbre et de géométrie, font une composition
française par écrit ; ils répondent aussi par écrit aux questions d’histoire ;
enfin l’examen de dessin est encore un examen par écrit. Vous voyez donc que
les choses les plus importantes que l’amendement a en vue existent ; mais quant
à la simultanéité du concours, cela me paraît une chose impossible ; il vaut
mieux laisser au gouvernement le soin de régler suivant les circonstances
matérielles par un arrêté qui sera publié comme tous les arrêtés d’organisation
intérieure de l’école.
M. Dumortier. - Il s’agit d’un concours d’admission ; il n’y a
qu’un seul moyen de le rendre juste, c’est en posant à tous les mêmes questions
par écrit. C’est là le motif principal pour lequel j’ai présenté la disposition
qui a été admise à la presque unanimité. Nous sommes d’accord sur la difficulté
de trouver un local, mais je ferai remarquer que l’école militaire comprenant
80 ou 100 élèves, on pourra y faire les examens pendant les vacances, et de
cette manière faire concourir ces jeunes gens ensemble. C’est un des points les
plus importants de la loi ; si l’école militaire n’avait pas de local assez
grand, le gouvernement en trouverait toujours un suffisant dans la ville. Il
est certain que si on concourt à diverses reprises, on présentera des questions
faciles aux uns et des questions difficiles aux autres, surtout en
mathématiques, où chaque question présente un degré de difficulté différent.
M. le ministre nous dit que les questions seront
tirées au sort ; mais le sort peut amener des questions faciles pour les uns et
des questions difficiles pour les autres. Si au contraire les jeunes gens
concourent ensemble, vous aurez une preuve plus certaine du mérite de chaque
élève ; je pense donc qu’il faut maintenir l’article qui présente une garantie
aux pères de famille. Et quant à la difficulté résultant du local, elle sera
facile à lever.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Outre la difficulté de réunir 80 jeunes gens dans
une même salle pour concourir, se joint la difficulté non moins grande de les
surveiller pendant le travail pour les empêcher de se communiquer.
L’honorable préopinant prétend que le concours pourra
avoir lieu à l’école : il se trompe par suite de l’erreur dans laquelle on
verse, que tous les cours réunissent tous les élèves. Les cours sont
fractionnés considérablement, et les locaux ne sont pas grands et n’ont pas
besoin de l’être.
- L’article est mis aux voix.
Après une double épreuve, il est maintenu.
Article 11
« Art. 11. Sauf le cas d’interruption longue dans
leurs études, par suite de maladie grave, les élèves ne pourront suivre,
pendant plus de trois années, les cours de la première partie de
l’enseignement, pendant plus de deux années ceux de la deuxième partie. »
- Adopté.
L’article suivant n’a pas été amendé. On passe à
l’article 13.
Article 13
M. de Puydt. - L’article 13
a besoin d’être modifié dans sa rédaction, parce qu’il s’y est glissé
une erreur dont je propose la rectification.
Au jury d’examen définitif des élèves de la section
d’infanterie, on a adjoint deux examinateurs permanents. Ces fonctionnaires
sont complétement inutiles pour ce cas ; les examinateurs permanents sont des
hommes de science, qui n’ont que faire dans un jury qui n’a à s’occuper que de
manœuvres d’exercices pratiques, et j’en propose le retranchement.
Pour les élèves de l’école d’application, il y a au
contraire lieu d’ajouter les examinateurs permanents au jury, et de faire au
paragraphe séparé relatif aux élèves d’état-major ; la présidence du jury pour
le génie et l’artillerie appartient aux inspecteurs-généraux de ces armes,
tandis que pour l’état-major il convient de la confier à un officier-général.
Il faudrait donc amender l’article 13 comme suit :
Retrancher au 1° de l’article ces mots : « Deux
examinateurs permanents » ;
Ajouter au 2° de l’article les mots : « Deux
examinateurs permanents » ;
3° Pour les élèves de l’état-major, au lieu des
inspecteurs d’armes spéciales, mettre : « un officier-général. »
- Les amendements de M. de Puydt sont mis aux voix et
adoptés ; l’article 13 est adopté avec ces amendements dans les termes suivants
:
« Art. 13. Les examens de première et deuxième
année, pour le passage d’une division à une autre, seront faits par les
examinateurs permanents, auxquels, au besoin, un examinateur temporaire pourra
être adjoint.
« Les examens définitifs de sortie sont faits :
« 1° Pour les élèves de la section d’infanterie,
par un jury composé de 1 officier général ou supérieur, président, 1 officier
d’infanterie, 1 officier de cavalerie, 1 officier d’une des armes spéciales
(ces quatre désignés annuellement par le Roi) ;
« 2° Pour les élèves de l’école d’application,
par un jury composé de l’inspecteur-général des fortifications et du corps du
génie, ou un officier désigné pour le remplacer, l’inspecteur-général de
l’artillerie, ou un officier désigné pour le remplacer, 1 officier
d’artillerie, 1 officier du génie, 1 officier d’état-major, 2 professeurs
universitaires de la faculté des sciences, 2
examinateurs permanents (ces sept derniers désignés annuellement par le
Roi.)
« 3° Pour les élèves de l’état-major, les deux inspecteurs-généraux
des armes spéciales seront remplacés par un officier général.
« 4° Pour les aspirants de marine, par un jury
composé de 1 capitaine ou capitaine-lieutenant de vaisseau, deux lieutenants ou
enseignes de vaisseau, deux professeurs universitaires de la faculté des
sciences (ces cinq désignés annuellement par le Roi.)
Article 14
L’article 14 a été retiré.
La chambre passe à l’article 15 ainsi conçu :
« Art. 15. Les élèves fourniront en entrant un
trousseau, et paieront, pendant qu’ils suivront les cours de la première
partie, une pension annuelle de 800 francs. Ils seront logés, nourris et
entretenus dans l’établissement.
« Les élèves sous-lieutenants cesseront de payer la
pension : ils continueront à être logés aux frais de l’Etat.
« Les élèves sortant de l’armée active seront
considérés comme détachés à l’école militaire, et continueront à recevoir la
solde et les diverses masses de leur grade. »
M. Gendebien. - Aux termes du premier paragraphe de l’article 15,
les élèves de l’école militaire doivent fournir un trousseau ; et au troisième
paragraphe du même article, il est dit :
« Les élèves sortant de l’armée active seront
considérés comme détachés à l’école militaire, et continueront à recevoir la
solde et les diverses masses de leur grade. »
Le versement de cette masse dans la caisse de l’école
les dispensera-t-il de fournir un trousseau.
A l’article 16, on a admis mon amendement par lequel
on a permis aux sous-officiers et soldats d’aspirer à entrer à l’école
militaire, et de concourir pour obtenir des bourses. Je demanderai si les
élèves sortant de l’armée active pour entrer à l’école sont obligés de fournir
un trousseau ? Il me semble qu’il serait injuste qu’il en fût ainsi. Je crois
que le troisième paragraphe de l’article 15 dispense les élèves sortant de
l’armée active de fournir un trousseau. Toutefois, je demanderai une
explication à M. le ministre de la guerre, parce que, s’il en était autrement,
je proposerais un amendement pour les en dispenser.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Mon intention n’est pas d’accorder aux élèves de
l’école militaire sortant de l’armée active d’autres avantages que ceux qui
leur sont explicitement accordés par la loi. Je pense qu’ils doivent se
pourvoir d’un trousseau. Ils ont pour cela l’avantage d’une bourse d’entretien
; ils restent de plus en possession de leur traitement et de leur masse.
M. Gendebien.
- Il me semble que dès qu’on veut contraindre les élèves, sortant de l’armée
active, à fournir un trousseau qui, à ce qu’on m’assure, coûte 450 ou 460 fr.,
c’est comme si on les excluait de l’école ; car ils ne peuvent y satisfaire
avec leur masse. Déjà avant que la chambre eût voté l’amendement que j’ai
proposé à l’article 16, on disait que leur solde et leur masse pouvaient payer
une grande partie de leur pension, et qu’ils suppléeraient le surplus. J’ai
demandé que pour compléter le prix de leur pension, leur solde étant
insuffisante, ils puissent avoir des bourses. Convaincus de la nécessité de
compter leur pension, vous avez adopté ma proposition ; mais vous n’aurez rien
fait en l’adoptant, si le ministre assujettit les sous-officiers et soldats
sortant de l’armée active à fournir un trousseau.
Je proposerai donc à la chambre, pour m’acquitter de
mon devoir et lui éviter le reproche d’avoir fait une proposition inutile,
d’ajouter à l’article 15 la disposition suivante :
« Ils seront dispensés de fournir un trousseau,
lorsque leurs parents sont hors d’état de le payer. »
- Cet amendement de M. Gendebien est mis aux voix et
adopté.
L’article 15 est adopté définitivement, avec cet
amendement.
Articles 16 à 19
La chambre confirme par son vote l’adoption de
l’article 16.
Les articles 17, 18 et 19 n’ayant pas été amendés ne
sont pas mis aux voix.
Articles 20 à 23
« « Art. 20. Le renvoi de l’école sera prononcé
par arrêté royal pour les élèves sous-lieutenants, et par décision
ministérielle pour les élèves des deux premières années d’études, d’après
l’avis conforme d’un conseil d’enquête.
« Ce conseil sera composé :
« 1° Pour les élèves de la première partie des cours,
du commandant de l’école, du commandant en second, du directeur des études, de trois
professeurs et d’un inspecteur des études, ceux-ci désignés à cet effet par le
ministre de la guerre ;
« Dans le cas où le commandement de l’école et la
direction des études seraient réunis, le nombre des professeurs sera de
quatre. »
- Ce paragraphe, qui est un amendement, est de nouveau
adopté.
« L’inspecteur des études remplira les fonctions de
secrétaire.
« 2° Pour les élèves de l’école d’application, du
commandant de l’école, président, et de six officiers désignés par la voie du
sort, entre ceux attachés à l’école. »
_______________
« « Art. 21. Un règlement déterminera pour le
surplus ce qui est relatif aux autres punitions énumérées dans l’article
18. »
_______________
Articles 22 et 23 (supprimés). La suppression est
maintenue.
______________
« Art. 24. Les aspirants de deuxième classe de la
marine, ayant justifié des connaissances exigées à l’article 9, seront admis
l’école militaire moyennant le paiement de la pension fixée à l’article 15,
laquelle sera prélevée sur leur traitement. »
On a supprimé les deux derniers paragraphes. Cette
suppression est maintenue.
Article additionnel (de M. Devaux)
« La disposition de l’article 2, qui fixe le
siège de l’école militaire, est soumise à la disposition suivante :
« La ville de Gand mettra à la disposition du
gouvernement un bâtiment convenable pour l’établissement de l’école militaire ;
elle est chargée des frais d’agrandissement, d’amélioration et d’entretien de
ce bâtiment.
« En cas de contestation, vu la nécessité ou
l’utilité de ces dépenses, la députation du conseil provincial décide, sauf
recours au Roi. »
M. de Brouckere. - Cet article est absolument sans objet, maintenant
que l’on a laissé au gouvernement la faculté de déterminer dans quelle place de
guerre sera établie l’école militaire. C’est au gouvernement à entrer en
arrangement avec la ville ; il jugera des meilleures conditions.
M. Devaux.
- On peut écrire : « Dans la ville où sera le siège de l’école
militaire. »
M. de Brouckere. - Soit ! L’article ainsi généralisé, je puis le voter. (Aux voix ! aux voix !)
M. Mast de Vries. - J’allais faire les mêmes observations. J’appuie la proposition.
- L’article additionnel de M. Devaux est adopté avec
la rédaction suivante :
« La ville dans laquelle sera le siège de l’école
militaire mettra à la disposition du gouvernement un bâtiment convenable pour
l’établissement de l’école militaire ; elle est chargée des frais d’agrandissement,
d’amélioration et d’entretien de ce bâtiment.
« En cas de contestation, vu la nécessité ou
l’utilité de ces dépenses, la députation du conseil provincial décide, sauf
recours au Roi. »
Article additionnel (de M. Gendebien)
« Article (additionnel de M. Gendebien). Il sera
établi dans tous les corps de l’armée des écoles en nombre suffisant pour
donner l’instruction aux officiers, sous-officiers et soldats. »
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - Je ne puis me rallier à cet amendement. Ce n’est
d’ailleurs pas ici la place de cet article. Je demande qu’il ne soit pas admis.
M. Gendebien. - Je ne retire pas mon amendement. Dans un pays comme
le nôtre, toute bonne loi sur l’instruction militaire devrait commencer par
régler l’instruction de l’armée elle-même.
M. le ministre de la guerre (M. Willmar). - L’instruction de l’armée ne doit pas être
nécessairement aux frais de l’Etat. Si l’instruction se donne dans l’armée aux
frais du gouvernement, c’est d’une manière indirecte. C’est de cette manière
que les écoles régimentaires sont défrayées. Si à toute force on veut que les
écoles régimentaires soient aux frais de l’Etat, je vous dirai qu’il n’y a pas
d’urgence d’établir cette instruction an moyen d’une loi ; qu’une telle
instruction existe déjà, qu’elle est susceptible de perfectionnements ; et
qu’il y a beaucoup de renseignements à prendre et de méditation avant de porter
une loi sur semblable matière.
L’honorable auteur de la proposition a dit, en la
développant, qu’il était tellement nécessaire d’établir l’instruction dans les
corps, que le chef d’un régiment, pour pouvoir organiser cette instruction
avait été obligé de vendre les épluchures des légumes et les os des cuisines :
cette assertion est inexacte.
Depuis 1834, on permet à tous les régiments de
prélever 1,200 fr. sur certaines économies pour établir les écoles
régimentaires. Ces écoles ont plus ou moins de succès selon le plus ou moins de
surveillance du chef. Elles existent dans le dépôt. Notre armée étant sur un
pied de guerre, les bataillons des régiments sont souvent dispersés et en
mouvement, et il serait difficile de faire suivre les bataillons du matériel de
l’école. Les régiments envoient donc au dépôt les soldats et les sous-officiers
qu’ils jugent convenable d’instruire.
Il est vrai que l’on fait
quelquefois exception à cette règle, et que des colonels demandent à être
autorisés à établir une école près de leur état-major.
C’est ainsi que le colonel dont on a parlé a retiré
des livres du ménage la vente des épluchures des légumes et des os de la
cuisine pour établir une école près des bataillons, en attendant qu’il en ait
obtenu la permission. Mais ce colonel a obtenu plus tard le secours qu’il
demandait pour l’instruction des officiers, des sous-officiers et des soldats.
On a annoncé que l’instruction des officiers existait
de droit sous l’ancien gouvernement, afin de faire au gouvernement actuel
l’obligation de les instruire ; ceci est une erreur : sous l’ancien
gouvernement comme sous celui-ci, l’instruction des officiers était seulement
encouragée. Dans un moment, il est vrai, il y a eu une espèce d’enseignement
direct des officiers ; c’était alors que la méthode de Jacotot était à la mode,
et l’on a voulu en faire l’application à l’armée.
Messieurs, l’instruction dans les corps est loin
l’être aussi déplorable qu’on le dit. Elle y existe ; elle est susceptible de
recevoir des améliorations, et je m’en suis occupé bien longtemps avant que
l’honorable membre ait fait sa proposition ; mais je pense qu’une loi n’est pas
nécessaire pour régler cette instruction, je regarde donc l’amendement comme
superflu.
M. Gendebien. - C’est une chose extraordinaire que ces démentis du
ministre de la guerre, répétés à trois reprises, malgré les preuves que j’ai
données et les noms que j’ai cités à l’appui. Je puis donc dédaigner de lui
répondre une troisième fois. Je laisserai répondre pour moi M. Brabant, s’il
est encore dans cette enceinte ; c’est de lui que je tiens les renseignements
que j’ai donnés.
M. Brabant.
- Me voici ! Je suis prêt à prendre la parole.
M. Gendebien.
- Veuillez me laisser achever. On vous dit qu’il était inutile qu’un colonel
fît vendre les épluchures des légumes et les os de la cuisine commune pour
établir une école régimentaire ; que l’on autorise les régiments à prendre
1,200 fr. sur certaines économies pour les dépenses de ces écoles ; mais le
ministre s’est aussitôt donne un démenti à lui-même, puisqu’il a dit que cette
subvention était accordée uniquement pour les écoles du dépôt et non pour les
écoles des bataillons de guerre ; or, il s’agissait, dans ma citation, d’une
école dans deux bataillons de guerre.
J’ai parlé de l’instruction du
premier de ligne parce qu’il était en garnison à Bruxelles avant la révolution
; j’aurais pu citer sans doute d’autres régiments. Quant au premier de ligne,
je pourrais citer beaucoup de noms propres à l’appui de mon assertion ; je
pourrais citer entre autres (puisque c’est un titre honorable) celui du colonel
Schlim, qui a montré un zèle tout particulier à organiser l’instruction ; je
pourrais citer des officiers supérieurs, des colonels qui ont puisé
l’instruction qu’ils possèdent aux écoles du premier de ligne. Ces officiers
supérieurs ont si bien profité de l’instruction que l’honorable colonel Schlim
dirigeait avec tant de zèle, qu’ils sont aujourd’hui regardés comme les hommes
les plus capables de l’armée.
Eh bien, messieurs, c’est un enseignement semblable
que je demande pour tous les régiments. Dans quelle circonstance ai-je parlé de
ce qui s’était fait au premier de ligne à Namur. Le ministre avait combattu ma proposition
en disant qu’il était suffisamment pourvu à l’instruction régimentaire comme il
le répète encore aujourd’hui. Pour lui prouver qu’il n’y est pas suffisamment
pourvu et pour le lui prouver de la manière la plus péremptoire, je lui ai cité
le fait d’un honorable colonel qui a été réduit à recueillir des épluchures de
légumes et des os pour donner de l’instruction à ses soldats ; ce fait, je le
maintiens. Vraiment, messieurs, je ne conçois pas l’obstination du ministre à
nier l’évidence et à repousser l’instruction à l’armée.
M. le ministre de la guerre (M.
Willmar). - Je prends
surtout la parole, messieurs, pour relever l’expression dont s’est servi M.
Gendebien ; en donnant une explication sur un fait et en disant que ce
représentant l’avait mal expliqué, je pense ne m’être nullement écarté des
convenances parlementaires ; mais je crois au contraire que M. Gendebien s’en
est fortement écarté en se permettant de dire qu’il dédaignait de me répondre.
Je n’aime pas les noms propres, messieurs, mais
puisque M. Gendebien a cité le colonel Schlim, je dirai que c’est ce colonel
lui-même qui m’a fourni les renseignements que je viens de donner à la chambre.
Voici textuellement la note qui est écrite de la main du colonel Schlim lui-même.
(Nous publierons demain cette note.)
(Note du
webmaster : cette note, publiée dans le Moniteur du lendemain, est ainsi
conçue : « Pour les officiers, l’instruction est toujours restée
entièrement facultative, et le gouvernement n’a pris à cet égard que des
mesures d’encouragement. Par ordonnance du 2 septembre 1826, il a été établi
dans tous les corps d’infanterie et de cavalerie des cours que pouvaient suivre
les officiers qui désiraient acquérir une instruction plus étendue, ou
s’entretenir dans les connaissances qu’ils avaient déjà acquises. Ces cours
étaient donnés dans la plupart des corps par des officiers qui ne jouissaient
de ce chef d’aucun supplément de traitement, et dans quelques régiments par des
professeurs étrangers, payés sur le fonds des recettes et dépenses. »)
Je n’ai pas du tout contesté qu’il se donnât de
l’instruction, seulement j’ai contesté que l’instruction fût organisée aux
frais de l’Etat, j’ai dit qu’elle était encouragée ; elle l’est aussi
aujourd’hui.
M. Gendebien (pour un fait personnel). - Il me semble, messieurs,
que quand le ministre de la guerre vient, à trois reprises différentes, dénier
un fait que j’ai cité, et dont j’ai prouvé l’exactitude, il est bien naturel
que j’en sois offensé et que j’éprouve de la répugnance à répéter de nouveau ce
que j’ai déjà dit trois fois.
Maintenant le ministre, pour me donner un nouveau
démenti, invoque le nom de M. Schlim ; eh bien, ce que le ministre de la guerre
vient de nous lire d’une note qui lui a été remise par le colonel Schlim, c’est
précisément ce que j’ai dit moi-même : j’ai cité ce qui se passait avant la
révolution, dans le premier régiment, qui se distinguait par un zèle tout
particulier ; j’ai dit que l’instruction se donnait aux officiers, aux
sous-officiers et aux soldats ; eh bien, messieurs, c’est précisément là ce que
vient de dire M. le ministre de la guerre. Il dit que l’instruction pour les
officiers n’était pas forcée ; je n’ai jamais dit le contraire, et je ne demande
pas qu’on force les officiers, mais qu’on leur procure les moyens de
s’instruire.
M. Brabant.
- Il me paraît messieurs, que ce qu’a dit tout à l’heure M. le ministre de la
guerre est très conciliable avec ce que j’ai dit à l’honorable M. Gendebien :
le premier régiment de ligne avait son dépôt à Bruxelles et deux bataillons de
guerre à Namur ; il y avait au dépôt une école, mais le lieutenant-colonel qui
est venu prendre le commandement de ce régiment n’a pas cru que l’enseignement
donné au dépôt pût suffire pour tout le corps, et pour suppléer à
l’insuffisance des moyens d’instruction dans son régiment, il a établi une
école pour les deux bataillons qui se trouvaient alors à Namur ; comme il
n’avait pas de fonds pour cet objet il a profité des économies qu’il a pu faire
sur les fonds du ménage.
C’est de cette école que j’ai parlé à l’honorable M.
Gendebien, parce que je l’ai trouvée très bien organisée, et que le colonel
dont il s’agit a fait preuve d’un très grand zèle. J’ai cité également un
officier et deux sous-officiers chargés de l’instruction, comme s’acquittant
parfaitement de leurs devoirs.
- L’article relatif aux écoles régimentaires est mis
aux voix ; il n’est pas adopté.
Article additionnel
La disposition transitoire relative aux élèves qui
sont entrés à l’école avant le 1er décembre 837, est également mise aux voix et
adoptée.
Vote sur l’ensemble du projet
On passe à l’appel nominal sur l’ensemble du projet ;
en voici le résultat :
90 membres prennent part au vote.
72 adoptent ;
18 rejettent.
En conséquence, le projet est adopté.
Ont voté l’adoption : MM. Andries, Beerenbroeck,
Bekaert-Baekelandt, Berger, Brabant, Coppieters, de Behr, de Florisone, de
Langhe, de Longrée, de Man d’Attenrode, de Meer de Moorsel, F. de Mérode, W. de
Mérode, Demonceau, de Muelenaere, de Nef, de Perceval, de Puydt, de Renesse, de
Roo, de Sécus, Desmaisières, Desmanet de Biesme, Desmet, de Terbecq, de Theux,
d’Huart, Donny, Dubois, Dubus (aîné), B. Dubus, Dumortier, Duvivier, Eloy de
Burdinne, Ernst, Heptia, Hye-Hoys, Jadot, Keppenne, Kervyn, Lardinois, Lejeune,
Liedts, Maertens, Manilius, Mast de Vries, Mercier, Milcamps. Morel-Danheel,
Nothomb, Peeters, Pirmez, Pirson, Polfvliet, Pollénus, Raikem, Raymaeckers, A.
Rodenbach, Scheyven, Simons, Smits, Stas de Volder, Thienpont, Trentesaux,
Ullens, Vandenhove, Van Hoobrouck, Vergauwen, Wallaert, Willmar, Zoude.
Ont voté le rejet : MM. Angillis, Coghen, de
Brouckere, de Jaegher, Dequesne, Devaux, Dolez, Gendebien, Lebeau, Lecreps,
Meeus, Metz, Rogier, Troye, Vandenbossche, Van Volxem, Verhaegen et Vilain
XIIII.
(Note du
webmaster : ce projet de loi sera amendé par le sénat. Voir séance de la
chambre des représentants du 9 mars 1838)
Un grand nombre de membres
quittent leurs bancs.
M. le président.
- Avant de lever la séance, la chambre doit fixer son ordre du jour pour
demain.
La chambre décide qu’elle s’occupera demain de la discussion
du budget du département des finances, après qu’elle aura achevé celle du
budget du ministère de la justice.
- La séance est levée à 5 heures et quart.