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Chambre des représentants de Belgique
Séance du lundi 11 mai 1846
Sommaire
1) Pièces adressées à la
chambre
2) Projet de loi tendant à
accorder la concession du chemin de fer du Luxembourg (Zoude)
3) Rapport sur des
pétitions relatives, notamment, à des cas d’ophtalmie militaire (Zoude, de Garcia, Rodenbach, Orts)
4) Fixation de l’ordre du
jour. Concession ferroviaire du Luxembourg (d’Hoffschmidt,
Malou), canal de dérivation de la Lys (Desmaisières)
5) Motions d’ordre
relatives aux droits sur les céréales (Lys, de Theux, Lys, de
Theux, Lys), et à la convention conclue avec la France
(David)
6) Projet de loi accordant
un crédit supplémentaire au budget du département de la marine pour l’exercice
1845. Droits de pilotage du port de Bruxelles (Anspach,
Malou)
7) Projet de loi accordant un crédit supplémentaire au
budget du département de l’intérieur pour 1845. Ecole vétérinaire et
proposition d’enquête parlementaire (de Renesse, de Theux, de Renesse, de Theux, Verhaegen, de Theux, de Tornaco, Verhaegen, Desmet, de Theux, de Garcia, de Tornaco, de Theux, de Brouckere, de Theux, de Brouckere, de Theux, de Renesse)
8) Motion d’ordre relative à la loi sur l’enseignement
moyen (de Theux, Dubus (aîné))
(Annales parlementaires
de Belgique, session 1845-1846)
(Présidence de M. Liedts.)
(page 1295) M. de Villegas procède à l'appel
nominal à 2 heures.
M. Huveners donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance ; la rédaction en est adoptée.
M. de Villegas communique l'analyse des pièces adressées à la
chambre.
PIECES ADRESSEES A LA CHAMBRE
« Le conseil communal
et les membres du comité industriel de Grammene demandent l'adoption de la
convention de commerce conclue avec la France. »
« Même demande des
administrations communales d'Ingelmunster, de Cachtem et d'Enelghem et de
marchands de toile d'Audenarde. »
- Renvoi à la section
centrale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la convention et
insertion au Moniteur.
________________
« Les sieurs Demat,
Jorez et Bourlard demandent que les contrats passés avec les ministères pour
impressions et pour fournitures en général, qui n'ont point été précédés d'une
adjudication publique, soient rapportés à une époque rapprochée el qu'une
adjudication publique à renouveler annuellement soit annoncée immédiatement
après. »
- Renvoi à la
commission des pétitions.
_________________
» La députation
permanente du conseil provincial de Liège prie la chambre de changer l'époque
des élections générales et provinciales ou celle de la révision des listes
électorales. »
- Même renvoi.
_________________
« La veuve Stemberg
demande que la résidence de son fils Guillaume, préposé de douanes de deuxième
classe à Couvin, soit transférée dans la province de Liège. »
- Même renvoi.
_________________
« La commission
administrative de la caisse de prévoyance du couchant à Mons adresse à la
chambre quatre exemplaires du compte-rendu de ses opérations pendant l'année
1845. »
- Dépôt à la
bibliothèque.
__________________
M. de Sécus informe
la chambre qu'une indisposition l'empêche de prendre part à ses travaux.
- Pris pour
information.
PROJET DE LOI TENDANT A ACCORDER LA CONCESSION DU
CHEMIN DE FER DU LUXEMBOURG
M. Zoude. - J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la section centrale sur le projet de loi tendant à
accorder la concession du chemin de fer de Luxembourg.
M. le président. - Il est donné
acte du dépôt de ce rapport qui sera imprimé et distribué à tous les membres.
M. Zoude, rapporteur. - J'ai l'honneur de présenter quelques prompts
rapports que vous avez demandés à votre commission des pétitions.
« Le sieur Demeester,
attaqué d'une ophtalmie qu'il a contractée au service, prie la chambre de lui
accorder un secours. »
La commission propose
le renvoi de cette pétition aux ministres de la guerre et de la justice.
- Ces conclusions
sont adoptées.
M. Zoude, rapporteur. - « Le sieur Xavier, chasseur, ancien milicien,
atteint d'une maladie des yeux par suite de 1'ophthalmie qu'il a contractée au
service, demande une pension. »
La commission propose
le renvoi de cette pétition aux ministres de la guerre et de la justice.
M. de Garcia. - Je suis loin de m'opposer au renvoi proposé
par la commission des pétitions. Mais je crois que la régularité exige que
quand il s'agit de pensions ou de toutes réclamations concernant directement
l'administration centrale, on ne s'adresse à la chambre qu'après avoir épuisé
le recours administratif, qu'après s'être adressé au département qui doit faire
droit et justice. Le mode dans lequel on s'engage ne paraît ni rationnel, ni de
nature à atteindre le but qu'on se propose. Sous peine de transformer les rôles
et de mettre le pouvoir administratif dans la législature, il est impossible
qu'une commission de pétitions puisse apprécier toutes les conditions qui
constituent le droit à la pension. La chambre ne devrait intervenir que quand
il y a déni de justice. Tout mandat contraire doit nécessairement amener la
perturbation des pouvoirs, et c'est ce à quoi la chambre ne doit pas consentir.
Son action, selon moi, doit être réservée pour faire cesser les griefs auxquels
le pouvoir administratif laisse ouverture ou ne porte pas remède. Voilà comment
je conçois le droit de pétition. Au surplus, je ne demande pas que cette
manière de procéder soit appliquée au cas actuel, je ne veux qu'une réserve,
c'est qu'à l'avenir la chambre ne consente à s'occuper de réclamations
administratives en général que quand le réclamant aurait épuisé tous les autres
moyens d'obtenir justice. Je fais cette observation pour que les intéressés
sachent ce qu'ils auront à faire, car à l'avenir je devrais en pareil cas
demander l'ordre du jour.
M. Zoude, rapporteur. - Je ferai observer
que quand des pétitionnaires pressés par la misère sont munis de certificats
d'officiers de santé de l'armée constatant que c'est au service qu'ils ont
contracté la maladie qui les a privés de la vue, on ne peut pas exiger qu'ils
s'adressent à toutes les autorités, avant de recourir à la chambre ; quant à
l'appréciation de leur réclamation, le certificat d'un médecin de l'armée est
une pièce suffisamment authentique, pour autoriser votre commission à proposer
le renvoi de la pétition au ministre de la guerre ou de la justice, selon qu'il
s'agit d'une pension ou d'un secours à accorder.
M. de Garcia. - Je suis d'accord avec l'honorable rapporteur
quant au fond, mais je ne puis partager son opinion pour la forme. Je n'entends
nullement attaquer le fondement de la réclamation, mais uniquement la forme
qu'on emploie pour la faire valoir. L'honorable rapporteur nous dit que le
pétitionnaire apporte un certificat de médecin de l'armée ; mais là n'est pas
la question ; et au surplus ce certificat n'est pas la seule condition imposée
par la loi pour avoir droit à une pension. II en est une foule d'autres à l'examen
desquelles la chambre ne peut se livrer sans perdre un temps qu'elle doit
employer à tout autre chose. D'un autre côté, peut-on reprocher au gouvernement
d'être trop sévère dans la concession des pensions ? Pour démentir ce fait, il
suffit de se rappeler la vivacité avec laquelle on lui a rapproché sa facilité
et son laisser-aller à accorder ces pensions. On a prétendu qu'il y avait, à
cet égard, abus et abus criant dans l'administration.
La chambre veut-elle
détruire aujourd'hui les observations qu'elle faisait hier ? Je ne puis le
supposer.
Du reste, je le
répète, ce n'est que quant à la forme que je fais mon observation, et
contrairement à l'opinion de l'honorable rapporteur, je crois que
l'intervention de la chambre ne doit être réclamée que quand il y a déni de
justice de la part de l'administration.
(page 1296) M. Rodenbach. - Messieurs, il est à ma connaissance que
plusieurs militaires qui avaient contracté la maladie des yeux étant au service
ont demandé à entrer dans un hôpital pour qu'on veuille examiner de nouveau
leur maladie ; ils ont été renvoyés dans leurs foyers parce qu'ils y voyaient
encore un peu et quelques mois après ils auraient totalement perdu la vue. J'ai
fait des réclamations auprès du ministre de la guerre ; ils sont rentrés dans
un hôpital et ils ont ensuite reçu la pension. Il en est d'autres qui étaient
dans le même cas et qui avaient été renvoyés de l'hôpital où ils avaient été
soignés. Quand on a contracté la maladie à l'armée et qu'on a conservé un œil
ou qu'on voit encore un peu, on vous renvoie sans pension. Il y a là de
l'inhumanité. La loi devra nécessairement être modifiée. Je prie M. le ministre
de la guerre d'examiner cette question avec la plus grande attention. Je ne
pense pas que des hommes qui ont contracté l'ophtalmie à l'armée et ne voient
plus assez pour gagner honorablement leur vie puissent être renvoyés sans
pension ; il y aurait là, je le répète, plus que de l'inhumanité, il y aurait
de l'injustice.
Je ne crois pas que
la chambre trouve mauvais que ces infortunés lui adressent leur réclamation,
quand on ne leur a pas rendu justice. Ils ont parfaitement raison de s'adresser
à la chambre, car ils ignorent qu'il y a au département de la justice des fonds
pour accorder des secours.
Il faut savoir aussi
que ces malheureux doivent faire écrire leurs réclamations, et qu'ils n'ont pas
le moyen d'acheter un timbre pour faire leur requête. Je sais cela parce que
tous les jours il y en a qui viennent s'adresser à moi.
J'ignore si M. le ministre
de la guerre est présent. Je l'engage fortement à présenter un nouveau projet
de loi pour faire cesser cette espèce d'injustice à l'égard d'hommes qui ont
perdu la vue au service de la pairie.
M. Orts. - Personne plus que
moi n'apprécie le droit constitutionnel d'adresser des pétitions aux chambres ;
mais je pense, sauf le cas particulier dont il s'agit, et sur lequel je vais
m'expliquer, que la chambre ne doit pas être un intermédiaire entre les
réclamants et les ministres ; elle est là pour faire droit, quand un
pétitionnaire se présente devant elle en faisant voir qu'il n'a pas pu obtenir
justice, soit parce qu'il y a eu déni de justice, soit parce que justice n'a
pas été faite ; sans cela la chambre n'exercerait plus la mission qu'elle a de
prononcer comme autorité supérieure entre le ministres et les réclamants. C'est
ce qu'il faut faire entendre à tout le monde. Mais à Dieu ne plaise que je
veuille faire application de cette doctrine au cas spécial qui nous occupe.
L'honorable M.
Rodenbach nous a fait voir combien est malheureuse la position de ces
militaires qui sont atteints de l'ophtalmie. Je ne sais s'ils ont eu recours
auprès du ministre de la guerre, je ne m'en enquiers pas ; il s'agit ici d'un
cas spécial ; qu'on prononce le double renvoi aux ministres de la guerre et de
la justice, je n'y vois aucun inconvénient. La circonstance est grave, les
pétitionnaires sont très malheureux ; mais que l'adoption des conclusions de la
commission ne soit pas un précèdent ; une autre fois quand la pétition ne
s'appuierait pas sur un déni de justice, on pourrait passer à l'ordre du jour.
Au reste, nos débats sont publics ; à l'avenir avant de s'adresser à la chambre
les pétitionnaires sauront qu'ils doivent suivre la marche fort judicieusement
indiquée par l'honorable M. de Garcia.
- Les conclusions de
la commission sont adoptées.
_________________
« Le sieur Devisscher
prie la chambre de lui faire obtenir les arriérés de sa pension. »
La commission prépose
le renvoi de cette pétition à M. le ministre des finances.
- Ces conclusions
sont adoptées.
M. d’Hoffschmidt. - L'honorable M. Zoude vient de présenter un
rapport sur le projet de loi relatif à la concession du chemin de fer du
Luxembourg ; je demande qu'on le mette à l'ordre du jour après le budget de
l'intérieur.
M. Desmaisières. - Après le budget
de l'intérieur la chambre a mis la discussion du projet de loi relatif au canal
de Schipdonck ; je demande que la priorité accordée à ce canal soit maintenue.
M. d’Hoffschmidt. - Soit, après cet objet.
M. le ministre des finances (M.
Malou).
- Il est imprudent, peut-être, de charger maintenant notre ordre du jour
d'autres projets, car nous avons la loi sur les sucres ou la convention avec la
France, qui pourrait, avec raison, réclamer plus tard la priorité ; je trouve
qu'il y a déjà assez d'objets à l'ordre du jour et qu'on pourrait statuer
ultérieurement sur l'époque de la discussion du chemin de fer du Luxembourg. Je
propose l'ajournement de toute décision à cet égard.
M. d’Hoffschmidt. - Ce que je propose est sans préjudice de
décision ultérieure que la chambre croirait nécessaire de prendre, comme cela
s'est fait différentes fois. Je ne verrais pas grand inconvénient à ce qu'on
donnât le pas à un autre projet de loi, comme celui de la convention avec la
France, si le rapport était fait, et à ce qu'on mît après le projet sur lequel
on vient de faire un rapport, projet qui n'entraînera pas de longues
discussions comme celui sur les sucres sur lequel je pense qu'il doit avoir la
priorité.
- La proposition
d'ajourner la décision sur la mise à l'ordre du jour du projet de loi relatif
au chemin de fer de Luxembourg n'est pas adoptée.
La proposition d'en
fixer la discussion après le projet de loi concernant le canal de Schipdonck
est adoptée.
MOTION D’ORDRE
M. Lys (pour une motion
d’ordre). - Messieurs, en septembre 1845, quand il s'est agi de fixer jusqu’à
quelle époque l'entrée des céréales serait libre, j'avais demandé que le terme
du 1er juin 1846 fût porté à une époque plus éloignée. On s'y est opposé en
déclarant que la récolte était bonne ; qu'on n'en aurait pas besoin. Le terme
de la libre entrée des céréales expire donc le 1er juin prochain. Je pense
qu'il est temps que le ministère présente un projet de loi qui proroge ce terme
à une autre époque. Cela est d'autant plus nécessaire que le sénat est assemblé
et qu'il pourrait être en vacances quand on viendrait présenter ce projet de
loi, si on tardait à le faire. Tout démontre que nous serons au 1er juin dans
la même position, sinon dans une position plus fâcheuse qu'en septembre dernier
; car les céréales, loin de baisser, sont en hausse. Je prie aussi M. le
ministre de vous dire s'il est décidé à vous présenter une nouvelle loi sur les
céréales ; d'après le bill présenté au parlement d'Angleterre et qui sera voté
aujourd'hui définitivement dans la chambre des communes, notre loi de 1834 sur
les céréales ne peut plus être maintenue.
Ce serait, lorsque la liberté existera en
Angleterre, une véritable loi de famine.
Je prie M. le
ministre de l'intérieur de donner à ce sujet quelques explications.
M. le ministre
de l’intérieur (M. de Theux). - Depuis quelque temps, j'ai écrit aux
gouverneurs de province pour leur demander s'il y a lieu de continuer la loi
exceptionnelle de septembre dernier. Je les ai chargés notamment de consulter
les chambres de commerce et les commissions d'agriculture. Aussitôt que ces
renseignements me seront parvenus, le conseil s'occupera de la question
soulevée par l'honorable préopinant.
Pour le moment, je ne
puis aller plus loin dans mes déclarations. Quant à la nécessité de modifier la
loi de 1834, je crois que les observations faites à ce sujet sont prématurées.
L'honorable membre se fonde sur les discussions qui ont lieu au parlement en
Angleterre ; les discussions ne sont pas arrivées à leur terme. Lorsque le bill
sera adopté, s'il doit l'être, il sera temps de prendre une détermination, par
suite de l'influence qu'il exercera sur le commerce des céréales.
M. David. - J'adhère aux
observations de l'honorable M. Lys, dont j'apprécie toute l'importance.
Mais je voudrais
interpeller M. le ministre sur un autre objet. Comme on vient de le dire tout à
l'heure, l'ordre du jour est extrêmement chargé. Nous sommes donc éloignés du
moment où l'on discutera la convention avec la France. Je crois donc qu'il
conviendrait que, pour éclairer cette discussion, M. le ministre des affaires
étrangères, que je regrette de ne pas voir à son banc, s'adressât aux
gouverneurs, aux commissaires d'arrondissement et aux bourgmestres pour obtenir
des renseignements statistiques sur l'industrie lainière qui fait annuellement
pour 127 millions d'affaires, et sur l'industrie linière, dont le mouvement
d'affaires est, d'après l'honorable M. Rodenbach, de 80 a 90 millions.
Je pense que M. le
ministre pourra se procurer ces renseignements avant l'ouverture de la
discussion.
M. Lys. - J'espère que le projet de prorogation sera
présenté en temps utile et qu'au 1er juin il pourra être voté par les deux chambres.
Sans cela, j'en rendrai les ministres responsables.
Il me semble qu'il
n'y a pas lieu de faire une enquête. Il est assez clair qu'au prix où sont les
grains, sans aucune apparence de baisse, il y a urgence de proroger la loi.
Le commerce doit être
prévenu. Il ne faut pas attendre jusqu'à la fin du mois pour présenter la loi.
Il faut que le commerce sache de suite si après
le 1er juin il pourra introduire encore des grains sans payer aucun
droit.
S'il y a un retard
dans la présentation de ce projet de ce loi, ce sera une cause de hausse.
M. le ministre
de l’intérieur (M. de Theux). - L'honorable membre perd de vue qu'au taux
actuel, il y a libre entrée, d'après la loi de 1834. La seule différence, dans
le système de la loi de septembre dernier, c'est que l'exportation est
défendue. Mais je crois pouvoir assurer que, dans les circonstances actuelles,
il n'y a aucun danger d’exportation. Ainsi l'urgence que suppose l'honorable
membre n'existe pas.
Dans tous les cas je
pense que la chambre sera saisie du projet de loi en temps utile.
Quant aux documents
statistiques, demandés par l'honorable M. David, ceux relatifs à l'industrie
linière existent ; ils seront publiés : et M. le ministre des affaires
étrangères a promis de communiquer tous les renseignements qu'il pourra se
procurer au sujet de l’industrie lainière.
M. Lys. - Aux termes de la
loi de 1834, il n'y a rien de certain. Vous ne pouvez faire une spéculation de
quelque importance. Vous ne pouvez aller chercher au loin des céréales.
Pour aller au loin,
il faut avoir la certitude que la loi ne sera pas changée, que l'entrée restera
libre pendant un terme fixé. Vous n'avez pas cette assurance avec la loi de
1834. Vous ferez donc nécessairement hausser les céréales, parce que vous ne
laisserez pas au commerce de spéculation possible.
PROJET DE LOI ACCORDANT UN CREDIT SUPPLEMENTAIRE AU
BUDGET DU DEPARTEMENT DE LA MARINE
M. le président. - La discussion
est ouverte sur l'article unique du projet de loi ainsi conçu, dont la
commission propose l'adoption :
« Article unique. Il
est ouvert au département des affaires étrangères, marine, un crédit
supplémentaire de quarante-huit mille neuf cent cinquante francs (48,950 fr.),
dont est majoré le chap. IV du budget de la marine pour l'exercice de 1845. »
M. Anspach. - Je suis fâché de
ne voir à leurs bancs ni l'honorable rapporteur, ni M. le ministre des affaires
étrangères, parce que j'aurais (page
1297) voulu leur communiquer les observations que je comptais présenter au
sujet du crédit en discussion.
Je voulais demander
une augmentation de 2,500 fr. pour le commissaire maritime du port de
Bruxelles.
Les commissariats
maritimes sont divisés en cinq classes. Cette classification est basée sur
l'importance des ports où ils sont institués. Ainsi le commissariat est de
première classe pour Anvers ; de deuxième classe pour Ostende et pour Gand.
Ainsi de suite pour Nieuport et pour les autres ports.
A
Bruxelles, le commissariat maritime est de cinquième classe, ainsi que les
commissariats de Louvain, Blankenberg et Bruges. Or, il y a une différence
extrêmement grande entre le mouvement du port de Bruxelles et le mouvement des
ports que je viens de nommer, et qui sont de la même catégorie. Le mouvement de
ces ports est insignifiant, tandis qu'il est entré à Bruxelles, l'année
dernière, 162 navires de mer, 920 navires venant du dehors, sans compter le
mouvement des eaux intérieures qui comprend 12 à 13 mille navires.
Le commissaire
maritime de Bruxelles n'a cependant qu'un traitement de 500 fr., somme qui est
absorbée par le loyer de son bureau et par les frais d'entretien du pavillon
qu'il est obligé d'avoir.
Je demande que le
commissariat maritime de Bruxelles soit porté dans la 3ème classe, et que le
crédit soit en conséquence augmenté de 2,500 fr.
M. le ministre des finances (M.
Malou).
- Il y a quelques années, une loi a réorganisé les commissariats maritimes.
J'ai eu l'honneur de faire rapport sur cette loi, qui autorise le gouvernement
à diviser ces fonctions en cinq classes.
Les rétributions payées pour les commissariats
maritimes sont portées en recette au budget des voies et moyens et en dépense
au budget de la marine.
Le crédit demandé par
le projet de loi en discussion a pour objet de rendre possible le payement des
droits de pilotage qui sont dus aux agents de ce service.
L'amendement proposé
par l'honorable M. Anspach se rattache au budget de 1847 dont la chambre est
saisie. La chambre ne peut vouloir, à l'occasion d'un crédit supplémentaire
pour le pilotage, augmenter inopinément et sans examiner les causes et le
mérite de la classification des commissariats maritimes, le crédit destiné à
cette partie du service.
Je comprendrais que
l'honorable membre insistât, si la chambre n'était pas saisie du budget de la
marine ; mais j'ai eu l'honneur de le présenter ; la question pourra être
soulevée, soit par les sections, soit par la section centrale et mon honorable
collègue de la manne aura ainsi l'occasion d'expliquer les motifs de la
classification.
Si elle est reconnue
vicieuse, le gouvernement pourra, sans excéder le produit des commissariats,
changer la classification ; car, je le répète, il ne s'agit que d'une sorte de
dépense pour ordre. La recette figure d'une part et la dépense de l'autre.
M. Anspach. - Je conçois les
motifs que vient d'indiquer M. le ministre des finances. Je prends acte de ce
qu'il vient de dire. Lorsque le moment sera venu, je réclamerai l'augmentation
de traitement du commissaire maritime de Bruxelles.
- La discussion est
close.
Il est procédé au
vote par appel nominal sur l'article unique du projet de loi qui est adopté à
l'unanimité des 49 membres présents.
Ce sont : MM. Lebeau,
Lesoinne, Lys, Malou, Orban, Orts, Pirson, Rogier, Savart, Scheyven, Situons,
Troye, Van Cutsem, Vanden Eynde, Verhaegen, Veydt, Wallaert, Zoude, Anspach,
Castiau, Clep, d'Anethan, David, de Baillet, de Bonne, de Brouckere, de Chimay,
Dedecker, de Foere, de Garcia de la Vega, de Haerne, Delfosse, de Meer de
Moorsel, de Meester, de Renesse, Desmaisières, Desmet, de Theux, de Tornaco, de
Villegas, d'Hoffschmidt, Donny, Dubus aîné, Fleussu, Henot, Huveners, Jonet, Lange
et Liedts.
PROJET DE LOI ACCORDANT UN CREDIT SUPPLEMENTAIRE AU
BUDGET DU DEPARTEMENT DE L’INTERIEUR
M. le président. - L'article unique
du projet est ainsi conçu :
« Article unique. Le
budget des dépenses du département de l'intérieur, pour l'exercice 1845, fixé
par la loi du 13 mars de la même année (insérée au Moniteur du 18 mars 1845),
est augmenté de la somme de vingt-quatre mille fr. (fr. 24,000), destinée à
payer les dépenses de l'école de médecine vétérinaire et d'agriculture de
l'Etat, pendant les mois de novembre et de décembre 1845.
« Cette allocation
formera le chapitre XIV, article unique, du budget du ministère de l'intérieur
de l'exercice susmentionné. »
La discussion est
ouverte.
M. de Renesse. - Messieurs, je crois devoir faire quelques
observations sur la présentation tardive du rapport de la commission d'enquête,
amsi que de la demande du crédit nécessaire pour faire face aux dépenses de
l'école vétérinaire de l'Etat, pour l'exercice 1845.
L'année dernière,
lors de la discussion du budget de l'intérieur, l'honorable M. Nothomb avait
promis de présenter le rapport de la commission d'enquête à la rentrée de la
chambre ; à cet effet, il ne lui avait été alloué, sur le crédit de l'école
vétérinaire, que la somme destinée aux dépenses des dix premiers mois de cette
année ; nous devions espérer, d'après cette résolution, que le département de
l'intérieur, ou plutôt, la direction de l'agriculture aurait dû avoir égard au
désir formellement exprimé par un vote de la chambre, que l'on se serait
empressé de nous fournir, sur le véritable état de l'école vétérinaire, tous
les renseignements nécessaires, pour pouvoir juger, en connaissance de cause,
s'il faut maintenir un établissement qui a été vivement critiqué par le jury
d'examen de l'année 1844, tandis que d'autres personnes qui s'intéressent â
l'agriculture croient que l'école vétérinaire a rendu de véritables services au
pays, en formant un bon nombre d'artistes vétérinaires très distingués qui
n'auraient pu sortir de cet établissement, si, dans les premiers temps de son
institution, les cours n'y avaient pas été bien donnés. Nous avons constamment
demandé une bonne loi organique qui eût réglé définitivement cet établissement
d'utilité publique ; une telle loi n'eût rien laissé à l'arbitraire ni au bon
plaisir de tel ou tel directeur supérieur de l'agriculture.
Je n'adresserai pas
de reproche à l'honorable prédécesseur de M. le ministre de l'intérieur, de la
présentation tardive du rapport de la commission d'enquête, parce que M. le
ministre Van de Weyer n'a été que trop peu de temps à la tête de son
département, pour avoir pu examiner en détail toutes les grandes questions de
son administration ; mais ce reproche s'adresse à la direction supérieure de
l'agriculture, qui aurait dû prévenir cet honorable ministre de la résolution
prise l'année dernière par la chambre, de n'allouer pour l'école vétérinaire,
que le subside nécessaire aux dix premiers mois de 1845, et de la promesse
faite de présenter assez à temps, le rapport de la commission d'enquête, pour
que les membres de la chambre pussent examiner toutes les questions relatives à
cet établissement d'utilité publique ; par la présentation tardive de ce rapport,
qui n'a été remis à la chambre que le 22 mars dernier la veille de son
ajournement, tandis qu'il aurait dû être soumis à l'examen de la représentation
nationale au commencement de la session, il me semble que le département de
l'intérieur ne laissait guère le temps aux membres de la chambre d'examiner
tout ce qui est relatif à l'école vétérinaire de l'Etat ; ce n'est pas au
moment où l'on croyait pouvoir discuter le budget de l'intérieur, où il l'eût
déjà été sans la dernière crise ministérielle, que les représentants qui ont
encore d'autres questions à traiter, peuvent examiner avec maturité et avec une
sérieuse attention, une question qui avait déjà l'année dernière soulevé divers
débats, et qui méritait toute leur sollicitude, j'ajouterai en outre que la loi
de la réorganisation de l'école vétérinaire qui a été promise depuis longtemps,
ainsi que le projet de loi sur l'exercice de l'art vétérinaire auraient dû être
soumis à la chambre après la présentation des budgets ; l'on aurait eu le temps
nécessaire pour examiner toutes ces questions avant la discussion du budget de
l'intérieur.
En présentant
tardivement le crédit pour solder les dépenses de l'école vétérinaire des deux
derniers mois de 1845, l'on n'a pu payer les traitements des professeurs et employés
attachas à cet établissement, et d'autres dépenses faites n'ont pu être
liquidées ; ceci est tout à fait irrégulier, il faut que les fonctionnaires de
l'Etat reçoivent au temps ordinairement fixe leurs traitements ; ils ne sont
déjà pas pour la plupart trop largement payés, il ne faut pas les mettre dans
le cas de devoir par nécessité contracter des dettes.
Si plusieurs membres
de la chambre avaient pu prévoir l'année dernière, lors de la discussion du
chapitre de l'école vétérinaire, que le rapport formellement promis aurait été
présenté tardivement et qu'il n'y aurait pas eu d'enquête contradictoire, il
n'y a nul doule que la proposition d'enquête parlementaire que j'avais eu
l'honneur de proposer eût été adoptée par la chambre, car elle n'a été rejetée
que par cinq voix de majorité.
Si l'enquête
parlementaire avait obtenu la préférence, il est possible que nous aurions vu
beaucoup plus clair dans toute cette affaire de l'école vétérinaire, que
maintenant où la commission nommée par M. Nothomb n'a pas cru devoir examiner
toutes les questions soulevées l'année dernière lors de la discussion du
chapitre de l'école vétérinaire, où notamment les professeurs et directeur de
cet établissement demandaient à pouvoir s'expliquer sur les faits articulés à
leur charge, et ils avaient certes droit d'être entendus, puisque l'équité
réclame que tout accusé doit pouvoir se justifier. Jusqu'ici il faut bien
l'avouer, à regret, les enquêtes administratives n'ont guère produit de grand
résultat dans ce pays-ci ; par exemple, pour l'affaire du tunnel de Cumptich,
il a fallu l'intervention de la chambre pour provoquer des poursuites
judiciaires.
Il faut que le
gouvernement, s'il veut avoir de la force et jouir de considération, cherche à
introduire la plus grande probité dans l'administration du pays ; il faut qu'il
agisse avec une sévérité juste et impartiale, et lorsque des faits graves sont
dénoncés à charge d'un établissement de l'Etat, il faut qu'il cherche à
s'éclairer immédiatement par lui-même, sur la situation réelle des choses ; il
faut qu'il ne recule pas devant une enquête contradictoire, sans cela on
pourrait le suspecter de partialité et de vouloir maintenir l'arbitraire, de
vouloir opprimer les uns en faveur des autres ; il doit surtout tenir à ce que
les chefs supérieurs ne se laissent pas entraîner à l'arbitraire à l'égard de
leurs inférieurs, que des rancunes personnelles ne viennent porter préjudice à
des établissements fondés par l'Etat, en causant la scission entre les
fonctionnaires d'une institution d'utilité publique, où doit nécessairement
régner la plus grande concorde, pour qu'elle puisse prospérer.
Je dirai avec
l'honorable M. Devaux, d'après le discours qu'il a prononcé lors de la
discussion du chapitre de l'école vétérinaire de l'année dernière, « que si le
rapport du jury est vrai, c'est la censure la plus vive de l'administration ;
l'administration du gouvernement est très coupable, elle est négligente, elle
n'a pas remédié aux abus les plus flagrants. »
Je
ne m'opposerai pas à l'adoption du crédit supplémentaire pour l'école
vétérinaire, qui aurait dû être volé au commencement de la session ; mais j'ai
cru devoir critiquer la présentation tardive de ce projet de loi, ainsi que du
rapport de la commission d'enquête, puisque l'honorable M. Nothomb avait
formellement promis de les présenter à la rentrée de chambre ; ceci résulte
évidemment de la discussion qui a eu lieu l'année dernière, sur le chapitre de
l'école vétérinaire. Je me réserve, toutefois, de présenter, lors de (page 1298) la discussion du budget de
l'intérieur, d'autres considérations sur la grave question de l'école
vétérinaire ; je veux qu'elle soit examinée sérieusement, et que la chambre
intervienne, s'il y a lieu, pour rechercher les causes de la déplorable
scission qui existe actuellement entre les professeurs de cet établissement de
l'Etat, qui est sous la direction supérieure du département de l'intérieur ; il
faut que la chambre et le pays puissent juger de la véritable Situation des
choses ; il faut voir clairement si les faits articulés à charge de la plupart
des professeurs et du directeur de cette institution d'utilité publique sont
réels ; si, par la partialité et le favoritisme de la direction supérieure de
l'agriculture, on a provoqué cette mésintelligence si nuisible aux véritables
intérêts de l'école vétérinaire de l'Etat ; il faut rechercher de quel côté
sont les torts, et y porter remède le plus tôt possible.
M. le ministre de l’intérieur
(M. de Theux). - Messieurs, la chambre comprendra parfaitement bien
que si mon honorable prédécesseur, M. Nothomb, n'a pu remplir la promesse qu'il
avait faite à la chambre, c'est qu'il s'est retiré avant l'ouverture de la
session. Son honorable successeur a
égaleraient eu trop peu de temps pour examiner toute cette question et pour
présenter ses conclusions à la chambre. Cependant, je dois le dire, il avait
adopté en principe deux projets de loi formulés par la commission d'enquête,
instituée par l'honorable M. Nothomb.
Cette question de
l'organisation de l'école vétérinaire, messieurs, est venue se compliquer par
la question de l'enseignement agricole.
Dès 1836, la chambre
avait été saisie d'un projet d'organisation de l'école vétérinaire. Depuis
lors, messieurs, on a créé l'institution de l'académie de médecine. L'honorable
M. Nothomb a cru devoir saisir cette académie de l'examen du projet de loi,
auquel elle a proposé différents changements.
Ensuite des
discussions qui ont eu lieu dans cette chambre, il a institué une commission
qui a formulé un projet de loi nouveau et en même temps y a adjoint un projet
de loi sur l'organisation de l'enseignement agricole. Les documents qui
concernent cette double question sont très nombreux, les projets de loi sont
étendus et les pièces à l'appui sont très volumineuses.
Je dois déclarer à la
chambre qu'il m'a été impossible jusqu'ici d'approfondir suffisamment cette
question pour prendre une détermination. Mais j'ai encore soumis l'examen de ce
projet à la division de l'instruction publique avec laquelle elle a
certainement une certaine connexité. Quand cet examen préparatoire sera
terminé, j'examinerai par moi-même tous les documents et je m'engage à
présenter, pour l'ouverture de la session prochaine, les projets de loi en ce
qui concerne l'organisation définitive de l'école vétérinaire, l'exercice de
l'art de la médecine vétérinaire, et également les intentions du gouvernement
en ce qui concerne l'enseignement agricole.
M. de Renesse. - Il n'y a pas eu d'enquête contradictoire.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Messieurs, l'enquête ordonnée par mon honorable
prédécesseur avait bien moins pour objet d'examiner le passé, d'examiner la
nature et la source des dissentiments qui avaient existé dans l'école, que
d'éclairer le gouvernement sur les meilleures dispositions législatives à
présenter. Messieurs, ce dont on s'est particulièrement plaint pendant
plusieurs années, ce sont les divisions qui ont existé dans le sein de l'école.
Eh
bien, je suis heureux de dire aussi à l'assemblée que ces divisions ont presque
entièrement disparu, et je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour maintenir
l'harmonie et la compléter, si elle ne l'est pas encore aujourd'hui. Car je
sais qu'aucun établissement d'instruction publique ne peut prospérer si
l'harmonie n'y règne pas.
Je crois, messieurs,
pouvoir me borner à ces courtes observations. Une enquête qui porterait
exclusivement sur des dissentiments personnels n'aurait d'autre résultat que de
raviver d'anciennes questions qui aujourd'hui ont disparu, et de rejeter
l’établissement dans un état de confusion, ce qu'il importe grandement
d'éviter. Il vaut beaucoup mieux, messieurs, que les professeurs puissent
aujourd'hui s'occuper en paix exclusivement de l'enseignement, que d'avoir à
s'occuper de nouveau d'une enquête et des polémiques auxquelles elle pourrait
donner lieu.
M. de Renesse. - L'honorable ministre de l'intérieur reconnaît qu'il
ny a pas eu d'enquête contradictoire. Cependant tous les discours qui ont été
prononcés et l'engagement qui a été pris par l'honorable M. Nothomb prouvent
que la chambre demandait elle-même une enquête contradictoire, et bien
certainement beaucoup de membres qui ont voté pour l'enquête administrative se
seraient prononcés pour l'enquête parlementaire, s'ils avaient pu prévoir que
M. Nothomb ne se conformerait pas à l'engagement qu'il avait pris vis-à-vis la
chambre.
L'école vétérinaire
avait été attaquée dans le rapport fait en 1844 par le jury d'examen. Des
professeurs qui se croyaient attaqués dans leur honneur, se sont adresses à M.
le ministre de l'intérieur et à la chambre pour demander à être entendus, et on
ne peut prétendre qu'une personne qui est attaquée n'ait pas le droit de se
défendre, d'autant plus qu'on attaquait leur honneur comme professeurs ; on
déclarait que les cours étaient mal tenus.
Le
gouvernement qui avait la direction supérieure de l'école aurait dû employer
les moyens nécessaires pour faire cesser les abus qui pouvaient exister. Comme
il n'avait rien fait, j'ai cru devoir demander la formation d'une enquête
parlementaire, et ma proposition a été appuyée par un grand nombre de membre.
Puisque l'enquête
administrative que l'honorable M. Nothomb nous avait promis de faire n'a pas eu
lieu, je me réserve, lorsque nous en viendrons au chapitre du budget qui
concerne l'école vétérinaire, de faire une proposition, et comme beaucoup de
membres de la chambre ne faisaient pas partie de la législation lors de la
première discussion, je leur ferai connaître quelle était la position de la
question, lorsque nous avons discuté la proposition d'enquête parlementaire.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Je dois faire
remarquera l'honorable préopinant que lorsque le rapport présenté par mon honorable
prédécesseur, M. Van de Weyer, a été connu de l'école vétérinaire, les
professeurs m'ont adressé la demande de pouvoir répondre par un mémoire qui
serait communiqué à la chambre. Je n'ai pas hésité à accorder cette permission.
Je pense que le mémoire
de l'école vétérinaire se trouve déposé sur le bureau. Chacun pourra en prendre
connaissance, et par la comparaison des deux documents, on pourra établir un
jugement approximatif entra les deux opinions respectives. Je crois qu'une
enquête ultérieure serait véritablement sans utilité, et j'engage l'honorable
préopinant, dans l’intérêt même de l'école, du bon enseignement, de l'harmonie,
à se désister de son projet.
M.
Verhaegen. - Messieurs, il est
assez extraordinaire qu'un établissement dirigé par le gouvernement soit dans
un désordre complet. Depuis très longtemps nous nous occupons de l'école
vétérinaire, et il en est toujours de même.
Mais ce qui est plus
extraordinaire encore, c'est que dans cet établissement, si mes renseignements
sont exacts, il y avait un commissaire spécial du gouvernement, et que ce
commissaire spécial, qui est un haut fonctionnaire attaché au ministère de la
justice, à la division des cultes, je pense, recevait annuellement mille fr.,
d'appointements.
Je voudrais bien
savoir ce que ce commissaire royal a fait à l'école surtout pour mériter ces
mille fr. d'appointements.
Du
reste si d'autres renseignements que j'ai obtenus sont encore exacts, ce
commissaire royal a donné sa démission. Mais il n'en est pas moins vrai que
pendant que l'école était dans un désordre complet, il y avait un commissaire
royal qui recevait 1,000 fr. de traitement, outre les 9,000 fr. je pense, qu'il
reçoit d'autre part.
On vient aujourd'hui
nous dire qu'il faut passer l'éponge sur tout ce qui a eu lieu, qu'il faut ne
s'enquérir de rien, et ne pas faire d'enquête parlementaire, parce que ce
serait raviver les anciennes querelles ! L'école est dans le désordre et
il ne faut rien faire ! Si c'est ainsi que le gouvernement entend diriger les
établissements qui sont sous sa direction, je lui en fais mon compliment.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Vous voudrez bien
remarquer que les observations qui sont faites ne concernent pas mon
administration.
Quant au commissaire
royal dont on parle, j'ai déjà déclaré que ce haut fonctionnaire a demandé sa
démission depuis plus de six mois. Mon honorable prédécesseur n'a pas statué
sur cette demande de démission. Elle m'a été renouvelée et je la soumettrai à
Sa Majesté.
Ce qui a porté ce
haut fonctionnaire à demander sa démission, c'est que jamais ses attributions
n'ont été déterminées. Il y avait à l'école vétérinaire un directeur de l'établissement,
et ensuite un inspecteur permanent des études ; le commissaire royal avait été
institué non seulement pour l'école vétérinaire en elle-même, mais pour toutes
les affaires en général qui concernaient l'agriculture. Ce commissaire du gouvernement,
se trouvant en présence du directeur de l'école et de l'inspecteur des études,
institué immédiatement après sa nomination, a demandé des instructions précises
sur ses attributions, et il n'a jamais pu obtenir une position nette qui lui
permît de remplir entièrement ses fonctions.
Voilà, messieurs, la
vérité. En ce qui concerne l'enquête, pour ma part, je n'ai rien du tout à
redouter d'une enquête sur ce qui concerne l'école vétérinaire. Si je m'y
oppose, c'est uniquement dans l'intérêt de la bonne harmonie, de
l'établissement lui-même.
M. de Tornaco. - M. le ministre de l'intérieur nous a dit tout à
l'heure que l'enquête ne devait porter que sur des dissentiments personnels.
C'est là, je crois, messieurs, une grave erreur dans laquelle M. le ministre de
l'intérieur tombe aujourd'hui, et qui me surprend d'autant plus de sa part que,
l'année dernière, l'honorable M. de Theux a pris une large part à la discussion
qui s'est ouverte sur l'école vétérinaire.
L'enquête avait pour
but de faire connaître à la chambre l'état réel de l'école vétérinaire. La
chambre avait cru employer des mesures coercitives à l'égard du gouvernement
pour connaître l'état de l'école. Vous devez tous vous rappeler ce qui avait
élé rapporté de la situation de l'école à cette époque. On disait qu'il y avait
un cabaret dans l'établissement, que lors des examens on glissait aux élèves, à
travers le plancher, les réponses aux questions posées, qu'il y avait des
dissentiments très profonds entre les professeurs, qu'on ne faisait rien, que
des cours n'étaient pas donnés, que d'autres n'étaient pas suivis ; enfin, on
nous avait fait le tableau d'un désordre complet qui existait à l'école
vétérinaire. C'était pour s'éclairer sur la vérité de ce tableau que la chambre
n'avait alloué des fonds que pour dix mois.
Aujourd'hui,
M. le ministre n'est pas à même de nous faire connaître la situation de l'école
vétérinaire, à ce qu'il me paraît ; je trouve que c'est un grand tort de sa part
; quoiqu'il ne soit aux affaires que depuis très peu de temps, il y est déjà
depuis assez longtemps pour qu'il ait pu faire l'enquête purement
administrative qui devait avoir lieu. Dans cette circonstance, je dois le dire,
M. le ministre de l'intérieur s'est montré très peu empressé de se rendre au
vœu de la chambre.
La chambre avait
demandé formellement à connaître la situation de l'école vétérinaire, et rien
ne nous est dit à cet égard. Nous ne savons pas (page 1299) si l'établissement pour lequel on nous demande des fonds
mérite encore d'en recevoir, si cet établissement sert encore à quelque chose,
car tel qu'en nous l'avait fait connaître, c'était un établissement qu'il
fallait abandonner complétement.
M.
Verhaegen. - Je ne sais si j'ai
bien compris, mais il me semblait avoir entendu dire par M. le ministre de
l'intérieur que l'enquête administrative a eu lieu. Cependant au lieu de cette
enquête, nous ne voyons autre chose qu'un rapport ; il n'y a pas d'enquête du tout.
J'ai
témoigné mon étonnement du désordre continuel qui régnait dans un établissement
dirigé par le gouvernement et auquel il avait attaché un commissaire spécial.
On dit que ce commissaire n'a rien pu faire, parce que ses attributions n'ont
jamais été bien réglées, de sorte qu'il n'est même jamais entré en fonction.
C'est là une chose extraordinaire. Cependant ce fonctionnaire, s'il n'a jamais
rien fait, si ses attributions n'ont jamais été bien réglées, il touchait mille
francs par an. Il était bien commissaire royal pour toucher mille francs par
an, mais il n'était pas commissaire royal pour remplir ses fonctions.
Un membre. - Il a fait un
rapport.
M.
Verhaegen. - Il n'a fait aucun
rapport. Il a écrit quelques lettres et voilà tout.
M. Desmet. - Messieurs, je faisais partie de la section
centrale l'année dernière, lorsque la question de l'école vétérinaire a été
agitée. On a demandé alors un rapport sur cette école ; ce rapport a été tout simplement
un acte d'accusation contre le directeur et quelques professeurs, fait par une
certaine commission, nommée je ne sais par qui, acte d'accusation auquel les
accusés n'avaient pu répondre. La section centrale n'a donc voulu accorder le
crédit que pour 10 mois, afin d'avoir une enquête ou un rapport plus exact, au
moyen duquel elle pût reconnaître si les accusations étaient fondées. M. le
ministre de l'intérieur a demandé qu'il n'y eût pas d'enquête parlementaire, il
a dit : Je ferai moi-même l'enquête.
Vous comprenez,
messieurs, que dans cet état des choses les personnes qui avaient été accusées
n'ont pas envoyé leur justification au gouvernement ; elles attendaient, pour
la présenter, l'enquête annoncée par le ministre. On me dit maintenant que l'école
marche fort bien, mais nous n'avons aucun renseignement officiel sur les faits
qui se sont passés. Je crois donc que M. de Renesse a parfaitement raison de
demander qu'on nous dise ce qui existe ; je crois surtout que nous devons
insister pour obtenir le rapport des professeurs qui ont été accusés.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - On revient toujours sur le commissaire du
gouvernement. Mais, messieurs, ainsi que je l'ai dit, c'est faute d'une détermination
suffisante de ses attributions que ce fonctionnaire n'a pas pu rendre à l'école
les services qu'il désirait lui rendre. D'autre part l'école vétérinaire
n'était pas sa seule attribution ; il en avait d'autres, et du reste on ne peut
pas rendre un fonctionnaire responsable de ce qu'il ne reçoit pas du
gouvernement la direction nécessaire.
Ainsi, j'engage les
honorables membres à laisser de côté toute question de personnes.
Un membre. - C'est une
question d'appointements.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Pour quel motif un fonctionnaire
renoncerait-il au traitement qui lui est accordé par un arrêté royal, alors
qu'il n'est pas mis immédiatement à même de remplir ses fonctions d'une manière
complète ?
J'aurais dû
instituer, dit-on, une enquête ; mais, messieurs, mes prédécesseurs, M. Nothomb
et M. Van de Weyer, ont cru, sans doute, qu'il était satisfait à ce qu'exigeait
la situation, par la commission que M. Nothomb avait instituée et dont M. Van
de Weyer a communiqué le travail à la chambre. Je n'ai pas cru devoir revenir
sur le passé, la seule chose que j'ai faite, c'est d'autoriser les professeurs
à fournir de leur côté un mémoire justificatif.
Dans
ce mémoire se trouvent rencontrés les griefs qui leur avaient été imputés
antérieurement par une commission du jury d'examen. Je pense que si les
orateurs qui ont pris part à la discussion voulaient prendre lecture des deux
documents dont je viens de parler, ils pourraient se former à peu près une
opinion sur la question. Je dois dire que, quant à moi, je n'ai aucune espèce
de motif pour m'opposer à une enquête si ce n'est que l'enquête me paraît ne
pouvoir amener aucune espèce de résultat avantageux à l'établissement. Vous
connaissez, messieurs, d'une part le rapport du jury, vous avez ensuite le
rapport de la commission instituée par M. Nothomb, et vous avez, d'autre part,
le mémoire adressé au gouvernement par les professeurs. Je crois qu'en présence
de ces documents la chambre peut se dispenser de toute autre demande
d'éclaircissements.
M. de Garcia. - Messieurs, l'an dernier lors de la discussion
du budget de l'intérieur, j'ai été autant que personne affligé de l'état de décadence
dt de désordre dans lequel était tombée l'école vétérinaire. Je partageais
l'indignation que les faits signalés avaient inspirée à la chambre et j'aurais
voulu aussi une enquête bien formelle, afin que justice fût faite à chacun et
que ceux qui avaient amené cet état de choses fussent renvoyés. Mais,
messieurs, dans ces mesures rigoureuses l'à-propos fait beaucoup. L'enquête
nous avait été promise par M. Nothomb ; il n'a pas tenu parole ; son successeur
ne l'a pas faite davantage, et je me demande si aujourd'hui elle présenterait
encore un grand avantage ; s'il y aurait encore grande utilité à imposer au
gouvernement l'obligation de s'enquérir des fautes passées. Je vous avoue
franchement, messieurs, qu'à mes yeux la justice qui n'est pas prompte, n'est
pas tout à fait bonne, et je crains même qu'une enquête aujourd'hui ne pourrait
avoir pour effet que de faire renaître les divisions, les discordes dans
l'école.
Un
membre.
- On y mettra ordre.
M. de Garcia. - Je désire autant que qui que ce soit qu'on y
mette ordre ; mais évidemment on peut mettre ordre à cet abus, et on nous
affirme que cela a été fait sans enquête. Le gouvernement fait plus, et c'est,
selon moi, le meilleur moyen de faire disparaître et de prévenir les abus, le
gouvernement nous promet une bonne loi organique sur des bases indiquées
sommairement. De cette manière, le but que nous devons avoir tout en vue sera
atteint, et alors j'abandonnerai sans peine ceux qui se sont rendus coupables
dans le passé ; je le ferai d'autant plus volontiers, que, dans ces cas, pour
que justice soit bonne, il faut qu'elle soit prompte.
M. de Tornaco. - Ce qui est bien positif, c'est que l'année
dernière la chambre a demandé une enquête et que M. le ministre de l'intérieur
l'avait promise itérativement. Si j'ai bonne mémoire, M. Nothomb avait même dit
qu'il présiderait lui-même l'enquête. Aujourd'hui on vient nous demander un
supplément d'allocation pour les dépenses de l'école vétérinaire, et on ne nous
dit rien de l'état dans lequel cette école se trouve. Il faudrait, au moins,
qu'à défaut d'enquête, M. le ministre de l'intérieur vînt nous dire si le
désordre dont on se plaignait l'année dernière, a complétement cessé.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - C'est ce que j'ai
fait.
M. de Tornaco. - Les cours sont-ils donnés ? Enfin l'enseignement
est-il donné comme il doit l'être d'après le programme ?
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Je dois déclarer que l'établissement se
trouve maintenant dans un état aussi régulier que tout autre établissement ; mais
qu'il y a quelques dissentiments personnels entre les professeurs, et ce sont
des choses dont personne ne peut répondre, ce sont des choses qui s'usent avez
le temps et qu'on ne ferait certes point disparaître, ni par une enquête, ni
par tout autre moyen de rigueur.
M. de Brouckere. - Qu'il me soit
permis de dire à la chambre que si l’école vétérinaire est tombée dans l'état
de désorganisation qui nous a été signalé, c'est que le gouvernement l'a bien
voulu ; il n'a tenu qu'à lui de faire cesser cet état de désorganisation. J'ai
souveut démontré la nécessité de placer l'école vétérinaire sous la
surveillance d'une commission administrative, comme le sont les écoles
primaires supérieures, les athénées et tous les grands établissements du
gouvernement. Plusieurs fois aussi le gouvernement lui-même avait plus ou moins
manifesté l'intention de nommer cette commission administrative, mais certaines
influences sont toujours venues s'y opposer. Je puis même dire qu'on a été à tel
point que quelques membres de la commission étaient choisis ; on est venu
s'opposer à ces choix. On a fait remarquer au gouvernement que les hommes sur
lesquels il avait jeté les yeux ne remplissaient pas le but qu'il voulait
atteindre, et le gouvernement a reculé devant la nomination de cette
commission. Au lieu de cela, il a nommé un commissaire royal auquel il a donné
des appointements ; mais, c'est un fait connu, un fait avoué, ce commissaire
auquel on n'avait pas donné les instructions nécessaires, n'a pas pu remplir
complétement la mission qui lui était confiée.
Quel
a été le résultat de cet état de choses ? C'est que le directeur de
l'établissement, l'inspecteur des études et les différents professeurs se sont
en quelque sorte trouvés abandonnés à eux-mêmes. Il n'y a point eu de
discipline, et au moment où des dissentiments sont nés dans l'école, personne
ne s'est trouvé là pour y mettre un terme. Ces dissentiments, au lieu de
cesser, se sont accrus, et bientôt l'école est tombée dans un état de désordre
complet.
Eh bien !
messieurs, il y a un moyen tout simple de mettre l'école dans l'état normal où
elle devrait se trouver, c'est de la placer sous la direction d'une commission
administrative convenablement composée. C'est là le seul moyen auquel le gouvernement
puisse avoir recours, bien entendu quand il aura fait cesser les abus qui ont
été signalés, et sur lesquels je regrette, comme l'honorable membre qui a parlé
avant moi, qu'on n'ait pas fourni l'enquête qui nous avait été solennellement
annoncée.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Messieurs, ce que vient de dire l'honorable
préopinant, en ce qui concerne l'institution d'une commission administrative,
est précisément la résolution que j'avais prise, mais dont je n'avais pas cru
devoir faire part à la chambre, attendu que l'arrêté n'est pas encore soumis au
Roi.
Messieurs, il ne
s'agit pas pour le moment de toucher à l'organisation de l'école vétérinaire.
Il faut, quant à présent, la laisser marcher d'après son règlement intérieur.
Ce que nous devons désirer, c'est qu'en attendant une loi sur l'organisation
définitive de l'école, elle puisse produire tous les résultats qu'elle est
susceptible de produire dans l’état où elle est aujourd'hui.
L'école a formé de
bons vétérinaires. C'est un fait constaté. Les examens de l'année dernière ont
été particulièrement satisfaisants. C'est la meilleure preuve que l'école n'est
pas dans un état de décadence, comme on l'avait cru.
Je sais qu'il y a eu, une année, des examens qui
étaient loin de répondre à ce que l'on devait attendre ; mais il ne faut pas
oublier que les récipiendaires qui avaient été rejetés ou ajournés, les années
précédentes, s'étaient représentés, cette année-là, à l'examen. Quoiqu'il en
soit, il est certain que l'établissement a produit de très bons résultats. Je
dirai même qu'il est le vétérinaire qui, sans avoir obtenu un diplôme, exerce
parfaitement son art. Il faut tenir compte aussi des circonstances :
l'établissement a été créé par des hommes privés ; aucune institution de ce
genre n'existait en Belgique ; c'était une école toute nouvelle ; le
gouvernement en a plus tard pris la direction ; il l'a successivement
améliorée. Une loi a été présentée ; cette loi n'a pas encore été discutée, et je
crois que c'est une des causes qui ont empêché l’établissement de prendre tous
les développements dont il était susceptibles.
(page 1300) M. de Brouckere. - Messieurs, il résulte de ce
que vient de dire M. le ministre de l'intérieur qu'il est sur le point de
prendre une résolution importante relativement à l'école vétérinaire. Je
demanderai si l'on ne pourrait pas ajourner sans inconvénient le vote du crédit
demandé, jusqu'à la discussion du budget de l'intérieur. Ce budget va commencer
immédiatement.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Il s'agit de payer des traitements arriérés.
M. de Brouckere. - Si la chose est si pressée, pourquoi n'a-t-on
pas demandé le crédit plus tôt ? On arrive un beau jour, et il faut
qu'incontinent la chambre vote le crédit ; on nous demande des fonds que,
l'année dernière, placés dans la même situation qu'aujourd'hui vis-à-vis de
l'école, nous avons refusés ; rien n'est changé, puisqu'il n'y a pas eu
d'enquête.
Je demande donc s'il
y a possibilité ou non à ce que le vote soit ajourné de huit jours. D'ici là,
M. le ministre de l'intérieur aura pu prendre la résolution qu'il nous a
annoncée. Nous verrons quelle est cette résolution. Nous verrons comment la
commission administrative sera composée ; nous verrons s'il y a des chances,
pour que l'école vétérinaire soit rétablie sur un bon pied.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Messieurs, il s'agit de payer les dépenses
du matériel et les traitements pour les deux derniers mois de 1845 ; vous
comprenez dès lors qu'il y a urgence. Si le projet de crédit n'a pas été
présenté plus tôt, cela a tenu sans doute aux préoccupations de mon honorable
prédécesseur, depuis l'époque où il a donné sa démission.
Quant aux détails de
la mesure que j'ai annoncée, l'honorable préopinant conçoit que je ne puis m'en
occuper pendant la discussion du budget de l'intérieur ; ce ne sera qu'après le
vote de ce budget que je pourrai m'en occuper sérieusement, en attendant que
l'école soit définitivement organisée par une loi.
M. de Renesse. - Messieurs, je crois que nous pouvons voter le
crédit qui est demandé ; ce crédit est nécessaire pour payer les traitements
des deux derniers mois de 1845 et d'autres dépenses arriérées qui auraient pu
être payées depuis longtemps, si, comme il aurait dû le faire, le prédécesseur
de M. le ministre de l'intérieur actuel avait présenté la demande de crédit au
commencement de la session.
Je compte proposer à
la chambre de nommer une commission parlementaire, quand nous serons arrivés au
chapitre du budget de l'intérieur qui concerne l'école vétérinaire ; alors nous
examinerons la question sous toutes ses faces, et la chambre verra si, cette
fois, elle ne doit pas accueillir ma proposition. En effet, le gouvernement n'a
point tenu la promesse formelle qu'il avait faite à cette assemblée. Il est
vrai que l'on dit que l'école vétérinaire est actuellement rentrée dans l'ordre
; mais l'ancien ministre de l'intérieur, M. Nothomb, assurait la même chose
l'année dernière. Le fait est qu'il n'a été absolument rien fait. Je me trompe
: on a cessé quelques abonnements à un journal publié par plusieurs professeurs
de l'école, et cela pour les punir de ce qu'ils ne trouvaient pas bon ce que M.
le directeur de l'agriculture voulait faire dans l’établissement.
- La discussion est
close.
On passe à l'appel
nominal sur l'article unique du projet de loi.
49 membres sont
présents.
4 s'abstiennent. 37
répondent oui.
8 répondent non.
En conséquence le
projet de loi est adopté. Il sera transmis au sénat.
Ont répondu
oui : MM. Anspach, Clep, d'Anethan, de Baillet, de Brouckere, de Chimay,
Dedecker, de Foere, de Garcia de la Vega, de Haerne, de Meer de Moorsel, de
Meester, de Renesse, Desmaisières, Desmet, de Theux, de Villegas,
d'Hoffschmidt, Donny, Dubus aîné, Henot, Huveners, Jonet, Lebeau, Malou, Orban,
Orts, Rodenbach, Scheyven, Simons, Troye, Van Cutsem, Vanden Eynde, Verhaegen,
Wallaert, Zoude et Liedts.
Ont répondu non : MM.
Castiau, de Bonne, de Tornaco, Fleussu, Lesoinne, Lys, Pirson et Savart.
M. le président. - Les membres qui
se sont abstenus sont invités à faire connaître les motifs de leur abstention.
M. Rogier. - Messieurs, je
n'ai pas voulu voler pour la loi, parce que le gouvernement n'a pas rempli
l'engagement qu'il avait pris devant la chambre ; et qu'en votant la loi,
j'aurais, en quelque sorte, sanctionne cette irrégularité ; je n'ai pas voulu
voler contre la loi, parce que les dépenses ayant été faites, il faut bien
qu'elles soient payées.
M. Veydt. - Je me suis abstenu, parce que le crédit dont il
s'agit n'est que le complément d'un article de budget voté avant que je fisse
partie de la chambre. Si j'avais cru devoir émettre un vote, il eût été
négatif, car je pense aussi que les renseignements demandés et promis l'année
dernière, n'ont pas encore été fournis.
M. Delfosse. - Je me suis
abstenu par les mêmes motifs que l'honorable M. Rogier.
M.
Lange. - Et moi aussi.
MOTION D’ORDRE
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Je demanderai à M. le président si le projet
de loi sur l'enseignement moyen a clé réimprimé. La chambre a décidé que ce
projet serait renvoyé à l'examen des sections. Je pense que la réimpression
doit avoir lieu, pour que tous les membres de la chambre soient nantis du
projet. Je demanderai que l'examen dans les sections ait lieu le plus tôt
possible..
M. le président.
- En réponse à la demande que vient de m'adresse M. le ministre de l'intérieur,
j'ai l'honneur de faire connaître à la chambre, qu'après m'être concerté avec
MM. les questeurs, j'ai fait réimprimer un document parlementaire qui a été
imprimé sous l'administration de M. Nothomb. Cette pièce a été distribuée à
tous les membres qui, à cette époque, ne faisaient pas partie de la chambre ;
dans ce document se trouve celui dont vient de parler M. le ministre de
l'intérieur.
Des membres. - Il faut faire
imprimer le projet de loi à part.
M. le président. - Si la chambre veut
que le projet de loi soit imprimé à part, je le ferai imprimer séparément (Oui ! oui !)
M. Dubus (aîné). - Je désire que ce
document soit imprimé en entier. Dans le recueil publié par M. Nothomb, il y a deux
ou trois ans, on n'en a donné qu'un extrait ; je crois qu'il est désirable
d'avoir en entier le projet de loi de 1834, et l'exposé des motifs, ainsi que
le rapport de la commission.
- L'impression de ces
pièces est ordonnée.
_________________
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - J'ai quelques amendements à présenter au
budget de l'intérieur ; je les déposerai sur le bureau et je demanderai si la
chambre désire qu'ils soient examinés par la section centrale.
Plusieurs membres. - Il faut les faire
imprimer.
M. le ministre de
l’intérieur (M. de Theux). - Il y a des documents à l'appui qui ne
peuvent être examinés que par la section centrale, je pourrais les déposer sur
le bureau où les membres pourraient en prendre connaissance. Si la section
centrale voulait se réunir, une seule séance lui suffirait pour examiner les
amendements que je présente, cela ne retarderait en aucune manière la
discussion du budget.
Pour le personnel, je
propose deux transferts ; pour l'hôtel provincial du Luxembourg, il y a une
demande de crédit de 50,000 fr. en plus, parce qu'on avait cru pouvoir répartir
le crédit en quatre années et qu'il doit l'être en deux ; ensuite il est
constant que 200 mille fr. ne suffiront pas à cause notamment des difficultés
qu'on a rencontrées pour les fondations. La préférence donnée par l'architecte
aux pierres de taille pour la façade augmenterait la dépense de 9 mille fr.,
mais rendrait plus tard l'entretien moins coûteux. La dépense totale
s'élèverait à 230,000 fr.
Il y a une
augmentation pour les jurys d'examen et trois pour le chapitre des beaux-arts,
notamment quant aux ornements du palais de la nation, dont mon prédécesseur a
entretenu la chambre en comité secret. Les amendements peuvent toujours être
imprimés.
M. le président. - Les amendements
seront imprimés et distribués.
- La séance est levée
à 4 heures et quart.