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Congrès
national de Belgique
Séance du
dimanche 30 janvier 1831
Sommaire
1) Communications des pièces
adressées au congrès
2) Projet de
protestation contre le protocole de la conférence de Londres, du 20 janvier 1831. Rapport de la commission spéciale (Nothomb, Van Meenen, Duval de Beaulieu)
3) Question du choix du
chef de l’Etat (de Theux, Seron, Jottrand, A. Gendebien, Jottrand, Lebeau, A. Gendebien, d’Arschot, Jottrand, d’Arschot, Jottrand, Ch. Le Hon, Maclagan, Wyvekens, David, Beyts, Ch. de Brouckere)
(E. HUYTTENS, Discussions du
Congrès national de Belgique, Bruxelles, Société typographique belge, Adolphe
Wahlen et Cie, 1844, tome 2)
(page
320) (Présidence de M. le baron Surlet de
Chokier)
La séance
est ouverte à onze heures et demie. (P. V.)
Plusieurs membres se
passent le portrait du duc de Nemours. (J. B., 1er fév.)
M. Henri de Brouckere, secrétaire,
donne lecture du procès-verbal ; il est adopté. (P. V.)
COMMUNICATION DE PIECES ADRESSEES AU CONGRES
M. Liedts, secrétaire, présente l'analyse des pièces
suivantes :
M. Demoreau-Gerbehaye,
à Hautrages, demande à être nommé contrôleur sur la ligne ou receveur des
douanes.
M.
Delafontaine, notaire à Moerkerke, présente des observations sur les lois du 22
frimaire an VII et du 25 ventôse an XI.
La
fabrique de Goidtsenhoven demande l'envoi en possession de certains biens.
M.
Casterman, de Tournay, réclame contre les dispositions d'un arrêté du
gouvernement provisoire du 31 décembre, concernant les bénéfices simples.
M. Luyten,
notaire à Geleen, arrondissement de Maestricht, prie le congrès de déclarer que
les fonctions de bourgmestre et de secrétaire sont incompatibles avec celles
de notaire.
Cinq
tanneurs de Bruges prient le congrès d'imposer les écorces de chêne à leur
sortie, ou même de prohiber toute exportation.
M. Thomas
Bricher, chevalier de
Les
bourgmestre et échevins de là. Roche demandent que la régie des bois communaux
soit rendue aux administrations communales.
Les
membres du conseil de régence de Corbion prient le congrès de nommer aux
fonctions de percepteur des contributions directes de Corbion le sieur Pierre
Lallemand.
Plusieurs
tisserands du district d'Alost signalent quelques abus existant aux marchés de
toiles dans les Flandres.
Huit
habitants de Louvain demandent pour roi de
Trente-six
habitants de Termonde font la même demande.
M.
Lefebvre prie le congrès de choisir pour roi des Belges un prince français.
MM.
Putseys et Robert, à Liége, demandent la réunion pure et simple à
- Les
pétitions relatives au choix du chef de l'État seront déposées au bureau des
renseignements ; les autres sont renvoyées à la commission des pétitions. (P.
V.)
Il est fait
hommage au congrès de six exemplaires du portrait du duc de Nemours. (P. V.)
M. Meline,
à Bruxelles, fait hommage au congrès d'un ouvrage ayant pour titre : Les
quatre Journées de Bruxelles, par le général Van Halen ; et d'un autre sous
le titre de : Mémoires de don Juan Van Halen.
- Dépôt à
la bibliothèque. (P. V.)
M. le président – Après ce qui s’est passé hier, je
crois devoir donner lecture de l'article du règlement relatif à la police de
l'assemblée. J'appelle surtout l'attention des tribunes.
« Art.
40. Pendant tout le cours de la séance les personnes placées dans les tribunes
se tiennent découvertes et en silence.
« Toute
personne qui donne des marques d'approbation ou d'improbation est sur-le-champ
exclue des tribunes par ordre du président.
« Tout
individu qui trouble les délibérations est traduit sans délai, s'il y a lieu,
devant l'autorité compétente. »
Messieurs,
c'est aux bons citoyens qui sont dans les tribunes que je confie le maintien de
l'ordre et le soin d'expulser celui ou ceux qui seraient assez malintentionnés
.pour le troubler et pour empêcher les délibérations de l'assemblée. (U. B., 1er
fév.)
M.
le vicomte Charles Vilain XIIII, secrétaire, donne lecture d'une lettre par
laquelle M. Pettens annonce que, par suite d'une chute qu'il a faite hier, il
ne pourra se rendre aux séances du congrès. (U. B., 1er fév.)
- Pris pour
notification. (P. V.)
M.
le président – L'ordre du jour est le rapport de la commission chargée de rédiger le
projet de protestation contre le protocole de Londres du 20 de ce mois.
M. Nothomb,
rapporteur de la commission, a la parole. (J. F., 1er fév.)
M. Nothomb – Messieurs, peu de mots suffiront pour
vous faire connaître l'esprit dans lequel est conçu le travail de la
commission.
Elle s'est
attachée à démontrer que le protocole du 20 janvier change complètement la
nature de nos relations diplomatiques, et à établir nos droits sur les
provinces ou parties de provinces qu'on nous conteste.
La
commission a eu communication de tous les protocoles et de toutes les notes.
Les cinq
puissances réunies à Londres, en proposant une suspension d'armes et un
armistice, ont formellement déclaré qu'elles n'avaient d'autre but que d'arrêter
l'effusion du sang, pour démontrer qu'elles ne s'arrogeaient pas le droit
d'intervenir et de résoudre les questions politiques, pour lever tous les
doutes, elles ajoutaient que leur proposition était faite sans préjudice des
questions politiques dont elles pourraient faciliter la solution.
Tel est le
véritable caractère des négociations. C'est à tort qu'on a dit à la tribune de
France que le peuple belge a appelé, a accepté l'intervention, qu'il a remis à
la conférence de Londres la décision de nos débats politiques.
Aujourd'hui,
il ne s'agit plus d'arrêter l'effusion du sang et de faciliter la
solution de certaines questions ; les cinq puissances reprennent en sous-œuvre
ce qui s'est fait en 1815. Elles déclarent qu'elles ont procédé à l'examen de questions
qu'elles avaient à résoudre, elles reconstituent
La souveraineté nationale est transférée de
Bruxelles au Foreign Office.
Une simple mission philanthropique a dégénéré
en une intervention.
C'est contre
ce système que nous avons protesté ; nous avons solennellement déclaré que le
congrès n'a pas abdiqué et n'abdiquera jamais, en faveur des cabinets
étrangers, l'exercice de la souveraineté que la nation lui a confié. Nous
avons réclamé les droits reconnus à toutes les nations. Sans doute nous ne
pouvons prétendre résoudre seuls nos contestations territoriales, mais on ne
peut les décider sans nous ; elles peuvent faire l'objet de traités, dans
lesquels nous serons partie, qui ne seront obligatoires que par notre concours.
Nous avons
réduit aux termes les plus simples les questions politiques ; nous n'avons pas
cru pouvoir entrer dans trop de détails ; nous ne pouvions faire un mémoire.
Quant au
style, nous avons cherché à éviter la rédaction froide, équivoque de la
diplomatie, et le ton emphatique qu'on rencontre souvent dans les documents de
ce genre.
M. le
rapporteur donne lecture du projet de protestation ; il est conçu en ces termes
:
« AU NOM DU PEUPLE BELGE,
« Le
congrès national,
« Vu
l'extrait du protocole, n° 11, de la conférence tenue au Foreign Office, le 20
janvier 1831, communiqué à l'assemblée le 29 janvier, et relatif aux limites
de
« Considérant
que les plénipotentiaires des cinq grandes puissances réunis à Londres, en
proposant au gouvernement provisoire de
« Que
le gouvernement provisoire de
« Que,
dans tous les actes ultérieurs, et notamment (page 322) dans la réponse faite le 18 janvier au protocole du 9 du
même mois, le gouvernement belge a l'appelé à la conférence que « toute convention
dont l'effet serait de résoudre les questions du territoire ou des finances, ou
bien d'affecter l'indépendance ou tout autre droit absolu de la nation belge,
est essentiellement dans les pouvoirs du congrès national de
« Que
c'est dans ce sens que les instructions ont été données aux commissaires
délégués à Londres ; qu'aussi ces derniers, dans la note remise â la
conférence le 6 janvier, et dont il leur a été accusé réception, ont déclaré,
en fournissant des éclaircissements sur les limites de
« Qu'il
résulte de ces documents que c'est dénaturer le but de la suspension d'armes
et de l'armistice, et la mission de la conférence de Londres, que d'attribuer
aux cinq puissances le droit de résoudre définitivement des questions dont
elles ont annoncé elles-mêmes vouloir seulement faciliter la solution, et dont,
à leur connaissance, le congrès belge ne s'est jamais dessaisi ;
« Que,
d'ailleurs, c'est violer, de la manière la plus manifeste, le principe de la
non-intervention ; principe fondamental de la politique européenne, et pour
le maintien duquel
« Considérant
que ce n'est point ce par un système de conquête et d'agrandissement que le
peuple belge comprend dans son territoire le grand-duché de Luxembourg, le
Limbourg et la rive gauche de l'Escaut, mais en vertu du droit postliminii ou
par suite de cession ;
« Qu'en
effet le grand-duché de Luxembourg et la majeure partie du Limbourg ont
appartenu à l'ancienne Belgique, et se sont spontanément associés à la
révolution belge de 1830 ;
» Qu'en
1795, et postérieurement,
« Déclare
:
« Le
congrès proteste contre toute délimitation de territoire et toute obligation quelconque
qu'on pourrait vouloir prescrire à
« Il
proteste dans ce sens contre le protocole du 20 janvier, et s'en réfère à son
décret du 18 novembre 1830, par lequel il a proclamé l'indépendance de
« II
n'abdiquera dans aucun cas, en faveur des cabinets étrangers, l'exercice de la
souveraineté que la nation belge lui a confié ; il ne se soumettra jamais à
une décision qui détruirait l'intégrité du territoire et mutilerait la
représentation nationale ; il réclamera toujours de la part des puissances
étrangères le maintien du principe de la non-intervention.
« Que
si les bases énoncées dans cette déclaration pouvaient être méconnues ou
violées ; que si l'existence d'un peuple entier pouvait, comme en 1815, être
sacrifiée aux intérêts d'une famille ou aux calculs de la politique, les
représentants du peuple belge, malgré leur vif désir de concourir au maintien de
la paix générale, s'acquitteraient d'un devoir sacré, et, comptant sur la
justice de sa cause et sur la sympathie des peuples, ils dénonceraient au
monde civilisé l'attentat dont leur patrie serait victime.
« Le
pouvoir exécutif est chargé de rendre publique la présente protestation,
laquelle sera transmise à la conférence de Londres.
« Bruxelles,
le 30 janvier 1831.
« LEBEAU,
baron OSY, H. VILAIN XIIII, A. GENDEBIEN, SYLVAIN VAN DE WEYER, NOTHOMB, J.
DESTOUVELLES, PAUL DEVAUX, A. DE ROBAULX. » (U. B., 1er fév.
et A. C.)
M. le président – Quelqu'un demande-t-il la parole sur
cette protestation ? (J. F., 1er fév.)
M. Van
Meenen – Je crois la protestation suffisante en ce qui concerne
une partie du protocole. Mais il me paraît qu'il y a une lacune à combler pour
ce qui regarde les articles 5 et 6. Les dispositions de ces articles ne sont
pas claires. Je conçois la neutralité de notre territoire, en cas de guerre,
entre les puissances qui nous environnent. Mais je ne la conçois pas hors de
là ; s'il nous faudra rester perpétuellement neutres, il nous sera défendu de
nous associer à une nation voisine, dans une guerre de principes par exemple ;
en cas de guerre même, entre les puissances étrangères, je crois qu'il faudrait
s'opposer à cette neutralité, car nous donnerons par là à ces puissances le
droit d'intervenir dans nos affaires et de contrôler toutes les mesures que
nous pourrons (page 323) prendre
pour nous garantir contre toute invasion. Ces observations me conduisent à
demander qu'on imprime et distribue le projet de protestation, afin que le
congrès puisse l'examiner avec attention. (c., 1er fév.)
M. le comte Duval de Beaulieu
– Il me semble que j'ai
remarque dans le projet une sorte d'appel aux peuples, de menace indirecte
contre toutes les puissances. Il conviendrait, selon moi, de bien examiner ce
passage avant d'y donner son adhésion. Je demande donc l'impression et la
distribution du projet. (C., 1er fév.)
- Le projet sera imprimé et distribué ; la discussion en
aura lieu ensuite. (P. V.)
M. le président – Nous passerons à la discussion sur le
choix du chef de l'État. (C., 1er fév.)
M. le chevalier de Theux de
Meylandt – Messieurs, deux motifs m'empêchent dé voter pour le duc de Nemours, la
certitude dé la guerre et la certitude de la perte de notre indépendance.
Les
diverses guerres dont notre pays a été le théâtre, les traités anciens, ceux de
1814 et les conférences récentes de Londres prouvent à l'évidence que les
puissances alliées considèrent
Aussi le
roi des Français a-t-il déclaré impérativement qu'il ne pourrait accepter la
couronne de
Toutefois
je pense que l'élection faite par le congrès donnerait lieu à des négociations
avec les puissances alliées ; entre-temps les préparatifs de guerre seraient
poussés avec activité, et en définitive la guerre serait déclarée plutôt que
de laisser : la puissance française s'établir en Belgique.
Mais le
roi des Français, pressé par un parti influent, serait forcé d'accepter pour
son fils une couronne aussi formellement offerte, et ainsi le congrès serait la
première cause d'une guerre dont il est impossible de prévoir le terme et les
suites funestes.
Dans tous
les cas,
En
cas de défaite,
En cas de
triomphe, elle serait réduite en départements français, soit à titre
d'indemnité, soit sous le prétexte de sûreté commune.
D'ailleurs,
en supposant au gouvernement français la bonne foi la plus rigoureuse,
Messieurs,
j'appelle toute votre attention sur ces résultats inévitables, et vous vous
convaincrez bientôt que votre mandat ne vous autorise pas à les provoquer ;
pour éluder la force irrésistible de ces considérations, les partisans du duc
de Nemours posent en fait que la guerre est inévitable dans l'état actuel de
l'Europe, et qu'ainsi il vaut mieux s'associer d'abord aux destinées de
D'autres
orateurs ont pensé que
Dans ces
circonstances, mon vote doit se porter sur le duc de Leuchtenberg.
Je
repousse comme invraisemblable la supposition que
La
déclaration faite par le ministre Sébastiani, que ce choix serait regardé
comme un acte d'hostilité et donnerait lieu au rappel de l'envoyé, mérite toute
notre attention.
Mais, messieurs,
je vous prie de vous rappeler (page 324)
que, dans la note officielle du 21 janvier, le même ministre a déclaré que
Le décret
par lequel vous avez chargé le gouvernement de faire prendre des informations
à Paris, a dû donner plus d'assurance au ministère, et de là est résultée la
nouvelle déclaration pour intimider les esprits irrésolus. Je prévoyais cette
conséquence lorsque je m'opposai à cette démarche, aussi n'est-elle pas
suffisante pour me faire changer d'opinion.
En tout
cas, le rappel de l'envoyé n'est pas une déclaration de guerre ; celle-ci
serait odieuse et injuste, et contraire aux intérêts de
Le
caractère connu du prince, et la loyauté des Belges, doivent rassurer le
gouvernement français contre ses alarmes sur des intrigues quelconques ; ce
prince est d'ailleurs étranger à la famille de Bonaparte et n'a aucune
prétention à faire valoir en France.
Aussi je
ne doute pas que le gouvernement français ne revienne de ce préjugé après
l'élection, et qu'il ne reconnaisse, après un court délai, un prince
inoffensif, incapable de troubler sa sécurité.
Si, contre
toute attente, le gouvernement français cédait plus tard à des vues
d'agrandissement, notre élection ne pourrait être qu'un vain prétexte.
Quant aux
autres puissances, l'élection du duc de Leuchtenberg ne leur sera pas
désagréable ; au contraire, elle les rassurera pleinement contre la crainte de
la réunion à
Enfin,
l'impossibilité de faire un autre choix propre à consolider l'ordre intérieur
justifie mon vote, alors que l'État exige impérieusement un chef. (C., supp., 1er fév.)
M. Masbourg – Je
renonce à la parole. (C., 1er fév.)
M. le président – La parole est à M. Maclagan. (J. B.,
1er fév.)
M. Maclagan – Je renonce également à la parole pour le
moment. (C., 1er fév.)
M. Seron monte à la
tribune. (Mouvement d'attention.) L'honorable orateur prononce avec
chaleur le discours suivant, qui est entendu par l'assemblée dans le plus
religieux silence – Messieurs, quand treize membres du congrès plaidèrent à
cette tribune la cause de la république, on les regarda comme des rêveurs, des
utopistes, des insensés, des aveugles qui ne connaissaient ni l'esprit du
siècle, ni l'état du pays, ni ses besoins. Leur plan de gouvernement fut mis
sur la même ligne que la paix perpétuelle de l'abbé de Saint-Pierre. Cependant
ils voyaient aussi clair que ceux qui, les regardant en pitié, se croyaient, au
moyen de doctrines infaillibles, capables de les guider et de les mettre dans
le bon chemin. Il est du moins probable que, si l'on eût adopté la forme
républicaine, vous ne seriez pas aujourd'hui dans la situation difficile où
vous place l'embarras de choisir le chef de votre Etat naissant.
Quoi qu'il
en soit, vous avez voulu la monarchie, et malgré la répugnance que j'ai montrée
jusqu'ici à m'occuper des institutions qui s'y rattachent, malgré mon dégoût
pour ce gouvernement, et la préférence que je donne à la république avec une
conviction que n'ont pas ébranlée les événements de la révolution française, je
dois, laissant à part mon opinion, me soumettre, en bon citoyen, aux décisions
d'une assemblée qui représente la nation souveraine.
C'est en
raisonnant ainsi que j'ai cru devoir signer avec cinquante de mes honorables
collègues la proposition qui a été lue et déposée sur le bureau dans votre
séance du 25 de ce mois (Note
de bas de page : voir page 258), et que je viens prendre part à la délibération ouverte
sur l'élection d'un chef héréditaire ; décidé toutefois à m'arrêter si je
rencontre sur ma route un précipice, ou, pour parler sans figure, si le choix
auquel on va procéder pouvait être tel, qu'il compromît le salut de la patrie
et rendît son état futur pire que son état présent.
L'un des
motifs pour lesquels j'ai déjà donné et donnerai la préférence au duc de
Nemours sur le duc de Leuchtenberg, sans les connaître ni l'un ni l'autre,
c'est précisément celui que les partisans de ce dernier font valoir en sa
faveur. Ils prétendent que
Non,
Croyez-vous
que cette France qui, tout à l'heure, aura sous les armes six cent mille hommes
de troupes de ligne prêts à entrer en campagne, ne sente pas sa situation et sa
force ? Croyez-vous que, régénérée par sa révolution de juillet, elle soit
faite pour rester dans l'état d'humiliation où l'avaient réduite quatre années
de revers et deux restaurations plus funestes que ces revers mêmes ?
Croyez-vous que, maintenant, elle souffrira que les Prussiens continuent
d'occuper Sarrelouis, de menacer sa frontière à l'est avec des positions en
deçà du Rhin et une place d'armes telle que Luxembourg ?
Croyez-vous
qu'elle consentira à ce que sa frontière au nord soit échancrée par une ligne
de forteresses, qu'occuperaient ses ennemis, ou, ce qui serait la même chose,
croyez-vous qu'elle souffrira sur le trône de
Et si
Dans le
dessein de faire détester
Est-ce de
bonne foi qu'on voudrait nous placer sous la protection et le patronage d'une
nation qui, sauf ses marchandises, ne peut nous offrir que la misère et
l'esclavage ? Est-ce sérieusement qu'on nous dit que sans l'alliance de
Est-ce
sérieusement qu'à cette tribune on a voulu vous prouver que sans
(page 326) Pour vous éloigner d'elle on
vous la peint comme faible, divisée en partis de prêtres, de carlistes, de
vendéens, de bonapartistes, de républicains. J'ose dire que ceux qui en jugent
ainsi ne l'ont vue que du coin de leur feu ; il est certain au contraire que
les principes d'une sage liberté y sont répandus dans toutes les classes de la
société, que les partis y sont bien moins dangereux qu'ils ne l'étaient au fort
de la révolution ; qu'en un mot
Avec nous
elle est bien plus forte encore, et réunis à elle, quels ennemis
craindrions-nous ?
On parle
de la guerre ! Je suis loin de la croire imminente. Ni l'Angleterre ni
On parle
de notes contradictoires et menaçantes de la diplomatie : j'avoue que j'en fais
peu de cas ; je n'y vois que les ruses de gens qui cherchent à se tromper les
uns les autres. Le thermomètre que je consulte c'est la situation des esprits
en Europe, c'est l'amour des peuples pour la liberté. Comment pourraient-ils
voir d'un œil jaloux l'alliance intime de deux nations qui n'ont nulle envie
d'attenter à leur indépendance, qui comme eux veulent la liberté ?
Mais,
dit-on, la nation belge demande le duc de Leuchtenberg. Quoi donc ! les cris
proférés dans quelques rassemblements, les pamphlets répandus dans le public
expriment-ils le vœu de la nation ? Non, messieurs, pas plus que les pétitions
qui vous ont été adressées et dont les signatures quelquefois ont été mendiées
par l'intrigue. Il est des hommes qui rougiraient peut-être si l'on signalait
les honteuses manœuvres qu'ils ont employées pour les obtenir.
Je voterai
donc pour le duc de Nemours, mon suffrage sera le fruit de la plus intime
conviction, et comme cette conviction est fondée sur des faits, rien ne saura
l'ébranler, ni les arguments ni les phrases de ceux qui, n'ayant vu les
révolutions que dans les livres, se croient néanmoins plus capables d'en juger
que ceux mêmes qui en ont été témoins, ni les menaces affichées sur les murs ou
vociférées par les rues.
Qui le
croirait ! un de nos honorables collègues, que j'estime beaucoup, m'a dit que
les signataires de la proposition en faveur du duc de Nemours étaient, à leur
insu, entraînés dans le parti des orangistes !
Il se
trompe, messieurs : les signataires de cette proposition sont tous des amis de
l'ordre, mais ils ne sont pas aveugles. Ceux-là agissent véritablement dans le
sens des orangistes, ceux-là veulent troubler l'ordre et nous conduire à
l'anarchie et de l'anarchie au despotisme ; qui inaugurent en public, au
théâtre, au milieu de leurs bravos, qui promènent par les rues les images
couronnées d'Auguste Beauharnais, qui veulent qu'à leur aspect les citoyens se
découvrent et s'inclinent ; qui, prenant la place du peuple souverain dont ils
ne sont qu'une très mince fraction, veulent intimider un grand nombre de ses
représentants et les forcer à faire un choix qui répugne à leur conscience et
qu'ils croient funeste à la nation ; ceux-là n'aiment pas la liberté, qui sont
adulateurs et qui s'engouent d'un homme qu'ils ne connaissent pas ; ceux-là
sont les vrais orangistes qui sèment l'or de la corruption afin de produire des
mouvements que désavouent les bons citoyens.
Ceux-là
trompent le peuple qui lui persuadent qu'il aura en abondance du pain et du
travail quand nous aurons nommé un roi, car l'état de malaise où se trouve la
classe ouvrière vient de la médiocrité des récoltes de 1830, et de la stagnation
du commerce, suite de la révolution : deux inconvénients auxquels les rois ne
sauraient porter remède. Enfin, ceux-là se trompent eux-mêmes qui croient
qu'avec un roi postiche, sans un seul vaisseau, sans le concours de
Je voterai pour le duc de Nemours et n'ai plus rien à dire.
(E., 1er fév.)
M.
Jottrand – Messieurs, l'honorable préopinant n'a parlé ni en faveur du duc de
Nemours ni en faveur du duc de Leuchtenberg. Il a parlé dans le sens d'une
réunion pure et simple de
M. Seron, d'une voix forte – Non
! non ! (U. B., 1er fév.)
M. Jottrand – Je maintiens, messieurs, que
l'honorable M. Seron n'a parlé que dans le sens d'une réunion de
M. Seron – Je n'ai pas parlé de
réunion. (U. B., 1er fév.)
M. Jottrand – Si je me trompe, les membres de
cette assemblée qui l'ont compris autrement que moi ont le droit parlementaire
de me répondre quand leur tour sera venu ; mais je leur dénie le droit de
m'interrompre.
Oui,
l'honorable préopinant n'a parlé que dans le sens de la réunion de
Qu'avons-nous
besoin de répondre point par point au discours de l'honorable préopinant ? Il
nous suffit de l'exposer dans son véritable jour, aux nombreux partisans de
l'indépendance de
Un point
du discours de l'honorable préopinant, sur lequel il est nécessaire cependant
de s'arrêter un instant, c'est cette assertion, toute gratuite à mon avis, que
le duc de Leuchtenberg ne serait jamais reconnu par le peuple français (je dis,
« le peuple français », parce qu'on le considérerait toujours comme
l'homme de
Je n'aurai
pas besoin de faire de grands efforts pour démontrer que l'honorable membre
apprécie mal les dispositions de la nation française.
Je n'irai
pas consulter pour cela M. Bresson, qui ne m'offrirait pour toute instruction
que sa propre manière de voir, que dis-je ? la manière de voir de celui qu'il
représente, M. Sébastiani, dont la versatilité et les rétractations ne nous
sont que trop bien connues. Je n'irai pas consulter un simple agent
diplomatique qui ne me donnerait peut-être qu'une réponse équivoque et à coup
sûr qu'une réponse intéressée. Je prendrai l'opinion de
Sans doute
vous me permettrez, messieurs, de parcourir rapidement le compte rendu de la
séance de la chambre des députés du 27 de ce mois (murmures à gauche) ; vous
me le permettrez lorsque je vous rappellerai qu'on ne s'est pas abstenu dans
cette enceinte de faire usage quelquefois de documents bien moins authentiques,
bien moins dignes de créance que des rapports de journaux semblables à ceux
dont je demande à pouvoir me servir. Vous me le permettrez surtout lorsque vous
réfléchirez au grand intérêt que nous avons de bien connaître la véritable
opinion de
J'ouvre
donc le Courrier Français du 28 janvier, et je' consulte le compte
qu'il rend de la séance de la chambre des députés du 27.
Une pensée
domine presque tous les orateurs qui ont parlé dans cette mémorable séance :
pensée fausse et que j'attribue à une cause dont je parlerai tout à l'heure.
Cette pensée, c'est que la grande majorité des Belges demande la réunion de
notre pays à
Partant de
cette donnée les représentants de la nation française examinent la question
d'opportunité ou d'inopportunité pour cette réunion, la question d'avantage ou
de désavantage qui peut en résulter pour
Mais,
après l'examen de cette question, qu'ils jugent avec leurs notions fausses ou
intéressées, que disent les députés de
Écoutons
d'abord le général Lamarque :
« Vieux
soldat de Napoléon, compagnon d'armes de cet Eugène dont on repousse le fils,
je dois m'abstenir de traiter la question de l'intervention que nous nous
permettons dans les affaires de
Vous
voyez, messieurs, comme le général Lamarque interprète les sentiments de
Écoutons
maintenant M. Salverte :
« M. le
ministre des affaires étrangères annonce que le duc de Leuchtenberg ne sera
jamais reconnu par
Et,
messieurs, ces passages que nous venons de citer sont accueillis dans la
chambre des députés par les applaudissements des tribunes, par les applaudissements
de tout le côté gauche de l'assemblée, ce côté gauche où siégent les
Lafayette, les de Schonen, les Odilon Barrot et les Dupont de l'Eure, membres
déjà désignés du ministère national qui doit succéder à ce honteux ministère
d'intrigues et de coteries que le brave Soult ne sauvera pas de la réprobation
générale que lui a fait encourir M. Sébastiani.
Voyons
cependant ce que dit ce dernier en présence d'une pareille manifestation de
l'opinion française. Parle-t-il de sa dernière note du 26, communiquée au
congrès par son agent M. Bresson ? Soutient-il les menaces qu'il fait à
« Quant
à l'accusation de gêner la liberté des Belges dans le choix de leur monarque,
elle ne peut être sérieuse.
Prenons ces paroles de M. Sébastiani dans leur
sens naturel. Elles nous disent : « Si les Belges élisent le duc de
Leuchtenberg, nous viendrons vous demander à vous, députés de
Eh !
ministre aussi maladroit qu'imprévoyant, si vous existez encore le jour de
l'élection du duc de Leuchtenberg au trône de
Vous
voyez, messieurs, que l'opinion de
Cette idée
des députés français, partagée au reste par tout le ministère Sébastiani , à
qui la doivent-ils ? Est-ce aux révélations que leur a faites la presse belge
? Mais tous nos journaux, même ceux de Mons et ceux de Liége, plaident
énergiquement contre la réunion et pour l'indépendance de
Est-ce
dans les discours des représentants de
Non, ce
n'est pas dans les journaux, ce n'est pas dans nos débats parlementaires que
les députés et les ministres français ont puisé celle idée si fausse sur les
dispositions de
M.
Sébastiani, qui voulait rendre sans doute indiscrétion pour indiscrétion,
n'a-t-il pas dit, dans la séance de la chambre des députés du 28, que
En voilà
plus qu'il n'en faut sur les révélations de la tribune française. Que ceux qui
tiennent à connaître l'opinion de
Il faut
que ce candidat de notre indépendance ait réellement des qualités et des
avantages bien évidents à nous apporter, puisque, après avoir surmonté ce
qu'on appelle les répugnances de
L'honorable
M. Seron a parlé tout à l'heure de menées de la part des partisans du duc de
Leuchtenberg, Mais que dire de ces ordres donnés depuis quelques jours à la
police de notre théâtre pour prévenir les démonstrations inoffensives des spectateurs
en faveur du duc de Leuchtenberg ? Que dire de cet à-propos que l'on a su
saisir hier pour nous communiquer officiellement, au milieu de la discussion,
et après le discours si remarquable de l'honorable M. Lebeau, la dernière
lettre de M. Sébastiani déjà arrivée à Bruxelles depuis trente-six heures ? Je
le répète encore, messieurs, le candidat des partisans de l'indépendance belge
doit avoir bien des qualités pour n'avoir pas échoué devant tous ces obstacles.
(M.
Jottrand continue son improvisation par l'énumération rapide des chances
nombreuses que nous avons de fonder et de consolider l'indépendance de
L'orateur
votera pour le duc de Leuchtenberg afin d'épargner la guerre à toute l'Europe
et une honte indélébile à
M.
Alexandre Gendebien – Je demande la parole pour un fait personnel. Messieurs,
l'erreur, je ne dirai pas volontaire, mais au moins grossière, dans laquelle
est tombé le préopinant, touchant l'éloquent discours de .M. Seron, en prétendant
que l'honorable membre avait parlé plutôt en faveur de la réunion que pour le
duc de Nemours, cette erreur, dis-je, me dispenserait peut-être de répondre sur
un autre point ; personne en effet n'a pu se tromper sur le discours de
l'honorable M. Seron, et si l'honorable préopinant n'a pas compris une opinion
si noblement, si franchement exprimée, c'est qu'il n'a pas voulu la comprendre.
J'en viens au fait personnel : on a dit qu'on avait trompé
M. Lebeau – Répondez pour vous. (U. B., 1er fév.)
M. Alexandre Gendebien
– Veuillez ne pas m'interrompre,
.M. Lebeau ; vous avez parlé (page 330)
hier pendant plus d'une heure, et je ne vous ai pas interrompu. (U. B., 1er
fév.)
M. Lebeau – Vous ne deviez pas parler sur un fait
personnel. (U. B., 1er fév.) .
M. Alexandre Gendebien
– Quand M. Lebeau aura la police de l'audience,
je me conformerai à ses injonctions ; jusque-là il me permettra de m'en
rapporter à M. le président. (U. B., 1er fév.)
M. le président – Il est clair que M. Jottrand a insinué que la
diplomatie.... (U. B., 1er fév.)
M.
Jottrand – Je n'ai rien insinué : j'ai dit, et j'en avais le droit comme représentant
de la nation, que notre comité diplomatique et notre gouvernement provisoire
avaient, dans mon opinion, mal représenté à Paris les sentiments de la nation
belge. (C., 1er fév.)
M. Alexandre Gendebien
– Je prie M. Jottrand de
dire s'il a entendu parler de moi. (U. B., 1er fév.)
M. Jottrand – J'ai parlé du gouvernement. (U. B.,
1er fév.)
M. Alexandre Gendebien
avec force – J'adjure M.
Jottrand de me répondre d'une manière catégorique : a-t-il entendu parler de
moi ? (U. B., 1er fév.)
M. Jottrand – J'ai entendu parler du gouvernement
sans désigner personne. (Bruit.) (U. B., 1er fév.)
M. Lebeau demande la parole pour un rappel au
règlement – Je pense, dit-il, qu'un membre du gouvernement ne peut être
entendu sur un fait personnel. S'il en était ainsi, on ne pourrait pas dire un
mot du gouvernement dans cette assemblée sans que ses membres fussent admis à
répondre, sous prétexte de parler sur un fait personnel. Cela est impossible,
d'autant mieux que les membres du gouvernement en cette qualité n'ont pas accès
dans cette assemblée s'ils ne sont en même temps députés au congrès. (U. B.,
1er fév.)
M. Alexandre Gendebien – M. Lebeau s'est placé à côté de la
question pour se donner le plaisir de faire une péroraison. Je lui ferai observer
que je n'ai pas parlé comme membre du gouvernement, ce n'est pas non plus
comme membre du gouvernement que j'ai rempli mes missions à Paris ; j'avais
donc le droit de parler et de répondre à des insinuations qui auraient pu
faire planer des soupçons sur mon compte. J'espère que le congrès appréciera la
délicatesse qui m'a fait m'empresser de répondre. (Oui ! oui !) (U. B.,
1er fév.)
M. Lebeau –
Ce n'est pas comme député au congrès que vous avez été attaqué. (J. F., 1er
fév.)
M. Alexandre Gendebien et M.
Jottrand
continuent leur colloque. (Tumulte.) (J. F., 1er fév.)
M. le président agite la sonnette. Le calme se
rétablit difficilement. (J. F., et E., 1er fév.)
M. le comte d’Arschot,
vice-président du comité diplomatique – Comme membre du comité diplomatique,
j'interpelle à mon tour M. Jottrand, et je lui demande s'il sait que le comité
ait fait des propositions de réunion. (U. B., 1er fév.)
M. Jottrand – Quand le congrès mandera devant lui
les membres du gouvernement ou du comité diplomatique, je ferai les
interpellations que je jugerai convenables et je répondrai à celles qui me
seront faites. Jusque-là je me borne à dire que je n'ai parlé que du
gouvernement, sans entendre désigner aucun membre de cette assemblée
individuellement. (U. B., 1er fév.) .
M.
le comte d’Arschot, vice-président du comité diplomatique – Je suis fatigué de voir qu'on veuille
nous en imposer, et nous enlever la parole quand on nous accuse. J'ai vu
partout dans les assemblées délibérantes que les ministres avaient le droit
d'être entendus et de se défendre toutes les fois qu'on attaquait leurs actes
ou leurs personnes ; nous avons donc le droit de parler, nous qui sommes en
même temps députés. Eh bien, je le déclare, le comité diplomatique n'a jamais
proposé la réunion à
M.
Jottrand – Je ne dis pas le contraire ; mais on a fait des propositions relatives à
cet objet, cela est sûr. M. Sébastiani l'a dit positivement dans le discours
qu'il a prononcé dans la séance du 28, dont vous recevrez la relation ce soir
ou demain, par les journaux de Paris. (C., 1er fév.)
M. le président – M. Le Hon, vous avez demandé la
parole. (U. B., 1er fév.)
M. Charles Le Hon, membre du comité diplomatique – Je voulais
faire une observation, l'honorable préopinant m'a prévenu. Je dirai seulement
que M. Jottrand accusant le gouvernement, abstraction faite des personnes qui
le composent, les membres du gouvernement qui sont députés ont certainement le
droit de défendre leurs collègues absents. Du reste, quand je parlerai sur le
fond, je me réserve de répondre comme il convient à l'honorable membre. (U. B.,
1er fév.)
M. le président – Allons, c'est fini. (U. B., 1er fév.)
M. Maclagan
monte à la tribune. La plupart des membres quittent leurs places et se groupent
(page 331) autour de l'orateur, qui
s'exprime en ces termes – Quoique je doive, en conséquence de la prévention
qui existe contre moi, m'attendre à n'être écouté qu'avec défaveur, aucune
considération ne m'empêchera de parler et de faire mon devoir. Je me le dois à
moi-même, je le dois à mes commettants.
La
question que nous sommes appelés à résoudre est une question de vie ou de mort,
c'est de sa solution que le bonheur ou le malheur de
J'ai
toujours pensé, et les incrédules ne peuvent plus en douter, qu'il y avait
intervention de la part des cinq grandes puissances dans nos affaires. Elles
viennent de se prononcer. Je m'étais toujours flatté que nos envoyés se
seraient rapprochés d'elles et que, par un heureux arrangement , nous aurions
pu conserver la paix de l'Europe. Depuis leur retour j'ai perdu toute
espérance.
Ne comptez
pas sur le peuple français : pouvez-vous lui donner quelque chose qu'il n'a
pas ? Si vous avez un parti en France qui peut désirer la réunion, vous en avez
un par contre qui n'en veut à aucun prix, c'est celui des industriels et des
propriétaires. Les maîtres de forges, les fabricants et les propriétaires,
maintenant protégés par des droits, ont tout à redouter d'une concurrence avec
nous.
Le roi
Philippe est trop sage et aime trop son peuple pour sacrifier son bonheur au
vain honneur de donner une couronne à son fils, et quelle couronne encore !
Si
Notre
embarras est devenu plus grand au sujet du choix d'un prince du sang français
depuis la communication du protocole d'hier, qui nous apprend que les cinq
grandes puissances à Londres, tout en reconnaissant
Je vous
avouerai, messieurs, que je suis aussi embarrassé que vous de trouver un
candidat digne de nous, surtout dans la position où nous nous sommes placés.
Ce que je
sais, et vous aussi, messieurs, c'est que la nation est lasse du provisoire et
vous demandera compte de ce que vous avez fait et de ce que vous avez dû
faire. Le peuple ne connaît que ses intérêts matériels. Nous ne pouvons pas
nous dissimuler que la révolution les a froissés, et qu'il veut sortir à tout
prix de cet état de malaise.
L'industriel
compte pour peu dans les affaires de l'État, c'est cependant lui qui en est le
soutien et qui lui donne la vie. Sans lui, point de finances, et partant point
de gouvernement. C'est lui qui habille et nourrit le magistrat ; c'est lui qui
concourt le plus à payer les contributions, et c'est précisément lui, qui a le
plus d'intérêt dans l'État, qu'on ne consulte pas dans le choix du souverain.
Les
contributions se payent encore, mais jusqu'à quand ? Tous les ateliers sont
déserts, et trois mille navires qui nous apportaient les richesses du monde ont
abandonné nos ports pour chercher des rivages plus paisibles.
Il n'y a
pas un état, pas une profession que la révolution n'ait frappé de mort.
Prenez un
roi, nous dit-on, et l'âge d'or renaîtra. Si nous prenons le duc de
Leuchtenberg, notre situation sera-t-elle améliorée ? Non, nous nous brouillons
avec
On compte
trop sur la protection de
Si nous
sommes abandonnés à nos propres forces, est-ce que nous pourrons nous défendre
contre tant de puissances ?
Pour faire
la guerre et solder une armée, il faut de l'argent. En avez-vous ? Vous n'irez
pas bien loi ! avec votre budget de 41 millions, et partant un déficit de 10
millions. Sans argent, sans commerce, sans crédit, comment nous soutenir ?
L'Europe qui nous contemple a dû s'étonner quand elle a entendu de graves
sénateurs avancer à cette tribune que les propriétaires de
Il n'y a
pas d'autre moyen de ramener la confiance, le commerce et le bonheur, que de
conserver la paix ; cette paix dépend de vous. Elle est l'objet le plus ardent
des vœux des hommes de tous les pays, qui aiment sincèrement leur patrie.
Sommes-nous donc, comme des parias, exclus à toute perpétuité de la grande
famille européenne ? N'y a-t-il pas moyen d'y rentrer ? Négocions, messieurs,
mais négocions franchement. Est-il possible, est-il croyable que le congrès de
Londres n'ait pas fait quelques propositions ? Ces propositions auraient-elles
été si dures, si honteuses qu'on n'ait pas osé nous les communiquer ? Toutes
les nations n'ont-elles pas subi les lois de l'inflexible nécessité ?
Je
réserverai mon vote. (On rit.) (V. P., 2 fév.)
M. Wyvekens – Après les développements donnés déjà par d'autres orateurs à
l'importante question qui nous occupe, je n'aurai que bien peu de mots à dire
pour motiver mon opinion.
Des deux
candidats qui fixent davantage notre choix, l'un, le duc de Nemours,
n'acceptera pas, si j'en crois les documents officiels qui nous ont été
transmis ; et s'il accepte, il sera la cause d'une guerre générale, d'une
guerre de peuples et non de principes, d'une guerre dont
D'un autre
côté, je crains que cette combinaison n'ait pour résultat plus ou moins
immédiat d'opérer notre réunion à
Le second
candidat a pour lui un nom dont il doit soutenir la gloire ; il est déjà
populaire dans la nation, et c'est un avantage immense ; il nous sauve des maux
d'une régence ; il rend plus incertaines les chances d'une guerre, et, si son
trône se consolide, il nous procure avec les gouvernements dont il est
l'allié, et notamment avec le Brésil, des alliances qui ne peuvent qu'être très
utiles à notre commerce.
Une
troisième combinaison recevrait, je le sais, l'assentiment des puissances, mais
elle nous donnerait la guerre civile, et je la repousse sans être dominé par
aucun sentiment de haine.
Nous
sommes, il est vrai, entourés d'écueils, quel que soit le parti que nous
adoptions ; mais il y a pour nous nécessité de terminer la révolution et de
nommer le chef de l'État.
J'ai
longtemps hésité, j'hésite peut-être encore. Mais, à moins que d'autres
combinaisons ne me présentent plus de sécurité pour l'avenir et d'avantages pour
le présent, je suivrai l'impulsion de ma conscience, et je croirai remplir mon
mandat en donnant ma voix au duc de Leuchtenberg. (J. F., 1er fév.)
M.
David – J'aborde, messieurs, encore une fois cette tribune pour venir librement
vous dire ma pensée ; et dussent les accents de la vérité, que mon cœur me
dicte, m'attirer les murmures d'une partie de l'assemblée, et les vociférations
des tribunes publiques, les uns ni les autres ne m'intimideront pas.
Pour
remplir avec dignité, avec fermeté, messieurs, l'acte important que nous sommes
aujourd'hui appelés à exercer, de quoi avons-nous besoin ? de l'indépendance.
Or,
c'est précisément ce que nous n'avons pas.
Vous
avez en effet tous, messieurs, trop d'esprit, trop de bon sens, pour penser
qu'il vous ait (page 333) suffi
d'avoir déclaré cette indépendance pour l'obtenir.
Est-on
indépendant, quand tous les jours il nous faut dévorer les sanglants affronts
d'une diplomatie étrangère ?
Est-on
indépendant, quand on commence par envahir une partie de votre territoire, en
attendant qu'on vous partage comme
Quand
j'entends les brillants orateurs de cette assemblée préconiser à cette tribune
cette chimérique indépendance, il me semble entendre le fameux orateur
d'Athènes exciter, sur la place publique, ses concitoyens aux combats et aux
conquêtes, tandis que Philippe de Macédoine était à leurs portes.
Non,
messieurs, nous ne sommes pas indépendants : isolés, environnés comme nous le
sommes par les grandes puissances, il est même impossible que nous le soyons.
Il existe
cependant un moyen bien simple pour l'obtenir, cette chère indépendance, et
avec elle de conserver la liberté que nous adorons tous : ce moyen, il ne faut
pas être grand politique pour le deviner.
Il
consiste, messieurs, à s'appuyer sur une grande nation qui par elle-même, par
ses propres et uniques forces, soit indépendante et libre, une nation à
laquelle les puissances et leurs diplomates n'oseraient impunément faire la
millième partie des outrages qu'ils nous font subir, de ces outrages qui
soulèvent l'indignation dans les cœurs généreux. Cela posé, je demande combien
il existe en Europe de nations à laquelle la nôtre puisse se confier pour
obtenir son salut ? Quant à moi, messieurs, je n'en connais qu'une seule, c’est
Remarquez-le
bien, messieurs, je ne m'occupe pas, ainsi que l'honorable M. Lebeau l'a fait
très longuement, de ce que feront ou doivent faire les cabinets et leur
politique : les ministres et leurs conceptions existent aujourd'hui, demain
ils ne seront plus ; je ne vous entretiens pas de ce qui est variable de sa
nature, mais de ce qui est immuable, de ce que la force la plus universellement
reconnue, la force de la nécessité, exige : elle commande impérieusement,
cette force, que le peuple belge soit à toujours l'ami, l'allié fidèle du
peuple français.
Ce sont
ces principes, messieurs, qui déterminaient mon suffrage, pour choisir le roi
des Belges dans la famille du roi des Français, pour décerner la couronne à
son fils puîné, le duc de Nemours.
Avec ce
prince, nous aurons stabilité dans nos institutions, et liberté publique ; il
consolidera le bonheur civil, le bonheur domestique dans les familles ; il
fera, par une alliance et des traités de commerce avec
Avec ce
prince, la guerre civile est impossible, et si la guerre étrangère devenait
inévitable, au moins nous n'aurions pas le malheur d'en voir le théâtre au sein
de nos provinces : la lutte s'engagerait sur les rives du Rhin ,ou dans
l'Allemagne.
Le fils
d'Eugène Beauharnais, s'il était notre roi, pourrait-il, messieurs, gratifier
S'il était
élu,
Pour
obtenir avec ce prince des alliances et des traités, il faudrait que nos
éternels ennemis devinssent tout à coup nos amis, que les grands et les petits
despotes de l'Allemagne et du Nord, ou l'Angleterre, devinssent pour nous ce
que
Loin de
voir pour la patrie des avantages, par l'élection du fils d'Eugène, je vois au
contraire les plus grands malheurs fondre sur elle.
Quel appui
ce jeune prince, tout à coup transplanté parmi nous, aura-t-il ?
Si une
guerre éclate entre les grandes puissances, par quels moyens, par quelles
forces, par quelles alliances, pourra-t-il en éloigner le théâtre de nos villes
et de nos campagnes ?
Tour à
tour, victime des puissances belligérantes, ne pouvant, faute d'alliés et
d'amis fidèles, recouvrer notre liberté et notre indépendance, notre
malheureuse patrie, déchirée, dévastée, deviendra la proie d'un vainqueur, ou
les conquérants s'en partageront les lambeaux ! J'ai dit. (E., supp., 1er
fév.)
M.
le baron Beyts – Indépendance, nationalité, voilà, messieurs, quelle est ma
devise ; j'y serai fidèle, car je l'ai promis à mes commettants. Je voterai
pour le duc de Leuchtenberg, à qui je tiens encore davantage depuis que j'ai
entendu M. Lebeau, dont le discours est véritablement un monument d'éloquence.
(Après ce
début, l'orateur entre dans un long récit historique, pour prouver que
(L'orateur
ajoute quelques observations aux précédentes ; il conclut ainsi) - En un mot,
je voulais l'indépendance de mon pays : avec le duc de Nemours, je ne la crois
pas possible ; je voulais la nationalité, nous ne l'aurons pas. Je reporte
donc tout mon espoir sur le duc de Leuchtenberg.
Mais,
dit-on, peut-il nous apporter des alliances ? Mais d'abord il n'est pas marié
; il peut par un mariage nous assurer une alliance avantageuse. Ne croyez pas,
messieurs, que je pense à le marier avec la princesse Marie ; car je ne suis
pas de ces gens qui marient notre roi futur, sans savoir si la princesse qu'on
lui destine lui conviendrait. Il faut bien croire en effet que notre roi sera
un homme comme un autre, et qu'avant de se marier il voudra savoir s'il pourra
aimer sa femme et si son cœur parlera pour elle. On s'embarrasse peu de tout
cela, je le sais ; mais on a tort. Allez dans les estaminets de Bruxelles, et
vous entendrez des gens vous dire : « Le duc de Leuchtenberg, nous le
marierons avec la princesse Marie, et nous serons tous contents. » (On rit.)
Ceux qui tiennent ce langage ne s'embarrassent pas du reste. Eh !
messieurs, laissons faire le prince. Son mariage est une affaire qui le
regarde. Ne vous en embarrassez pas. Il est assez joli garçon pour trouver une
belle princesse (hilarité générale) et pour choisir. Soyez sans
inquiétude, il fera du mieux qu'il pourra à cet égard, et en travaillant pour
lui il travaillera pour nous. (Nouvelle explosion d'hilarité.)
Au reste ;
quoique j'aie dit qu'il fallait s'en rapporter à lui, ce n'est pas une raison
pour désespérer de lui voir épouser la princesse Marie ; je désirerais pour ma
part, de tout mon cœur, que ce mariage leur convînt à tous deux. (Nouveaux
rires.) La princesse Marie doit aussi désirer un mari. (On rit plus
fort.) Les princesses ne trouvent pas beaucoup d'occasions de se marier
convenablement, ça ne leur arrive pas tous les jours (éclats de rire
bruyants et prolongés) ; et les filles de France, ne pouvant pas succéder
au trône, ne demandent pas mieux que de trouver un placement. (L'hilarité
est portée à son plus haut point.) Espérons donc : je n'en dirai pas
davantage sur ce sujet, car en matière aussi grave je serais fâché de prolonger
votre hilarité.
(L'orateur
parle encore quelque temps, et conclut en faveur du duc de Leuchtenberg.) (U.
B., supp., 2 fév.)
M.
Charles de Brouckere – Messieurs, il ne me reste presque rien à dire après le discours
éloquent de M. Seron. Ce discours est resté gravé profondément dans tous les
esprits, et j'aurais pu me dispenser de prendre la parole si mon silence, dans
une occasion si solennelle, et après avoir pris part pendant cinq ans à tous
les débats parlementaires, n'avait pu être faussement interprété. Si je tombe
dans des redites, vous voudrez bien me le pardonner ; toutefois je les éviterai
autant que possible.
Les
partisans du duc de Leuchtenberg nous ont prêté, avant même que nous eussions
pris la parole, une opinion qui n'est pas la nôtre. Ils ont établi que nous
regardions la guerre comme inévitable dans tous les cas, et ils sont partis de
ce point pour combattre la candidature du duc de Nemours. Selon moi, messieurs,
la guerre n'est (page 335) pas inévitable,
mais elle est imminente ; si elle éclate, avec qui la ferons-nous ? sera-ce
avec
Avant
d'aller plus loin, je dois répondre à deux arguments par lesquels on a prétendu
prouver que l'élection du duc de Nemours rendrait la réunion inévitable. On a
comparé la position de Louis-Philippe par rapport au duc de Nemours, roi des
Belges, à celle de Napoléon par rapport à son frère, roi de Hollande. On a
prétendu que, la position étant semblable, la conduite serait la même. Mais,
messieurs, a-t-on oublié que le système continental était établi par Napoléon,
et que son frère, en se permettant d'enfreindre ce système, sapait le trône de
celui de qui il tenait le sien ?
Mais,
ajoute-t-on, l'union intime qui doit exister entre les armées de deux nations
combattant ensemble servira de prétexte à la fusion des deux pays. Mais, en
rétorquant l'argument, il s'ensuivrait que nous deviendrions Prussiens en
combattant avec eux, ou Hollandais ; car, messieurs, dans toute la discussion,
on n’a pas parlé de
On a parlé
de la suppression de la ligne des douanes :
On répète
sans cesse le mot d'indépendance. J'en suis aussi partisan que qui que ce soit,
mais je veux une indépendance qui assure le bonheur de mon pays, et, s'il faut
l'acheter au prix de la liberté, je la répudie ; et s'il me fallait choisir
entre l'indépendance de
Mais,
dit-on, si nous combattons contre
Un orateur nous a dit hier : La guerre est
certaine avec le duc de Nemours, et elle est tout au plus possible avec le duc
de Leuchtenberg. Selon moi, messieurs, le choix du candidat ne fera rien à la
guerre ; la guerre est imminente, et si elle éclate, elle sera agressive de la part
de
Le même
orateur, usant de retenue à l'égard de lord Ponsonby, alors qu'il attaquait
avec tant de légèreté le ministère français, nous a dit que le choix du duc de
Nemours serait pour l'Angleterre une cause immédiate de guerre ; et l'orateur
s'est (page 336) arrêté là. Pour
moi, messieurs, qui n'ai aucune raison qui m'empêche de dire comment les choses
se sont passées, ni de taire les noms, j'irai plus loin. Lord Ponsonby,
interrogé sur ce qui adviendrait si le duc de Nemours était élu, a répondu que
la guerre éclaterait aussitôt. On lui a demandé alors : Et si nous élisons le
duc de Leuchtenberg ? -
Je vous le
demande, messieurs, à ce prix la guerre ne vaut-elle pas mieux cent fois que la
paix ? Du reste, je dois le dire, l'opinion de lord Ponsonby n'est pas pour moi
l'expression du cabinet anglais ; je ne la considère que comme son opinion
personnelle, et jusqu'ici aucune pièce, aucun document ne prouve que
l'Angleterre soit disposée à faire la guerre. Il existe au contraire, et vous
le savez tous, des pièces officielles par lesquelles
Voyez
encore l'effet qu'a produit la démission de Lafayette, le drapeau national ! Le
gouvernement en a-t-il été ébranlé ? non, et cependant toute la nation
sympathise avec l'illustre vétéran de la liberté. Et vous voulez que, pour
faire reconnaître le duc de Leuchtenberg,
Mais, je
veux que toutes les puissances reconnaissent le duc de Leuchtenberg. Que fera
Le choix
du duc de Leuchtenberg ne peut qu'être agréable aux puissances, dit-on, parce
que c'est la seule combinaison propre à maintenir les traités de 1814 et de
1815. Admirez, messieurs, la puissance de ce raisonnement, et comme le
moment est bien choisi pour tenir un pareil langage ! Il maintiendra les
traités de 1814 : vous les voulez donc ces traités ? mais vous protestez contre
le protocole du 20 janvier, qui a été rédigé dans leur esprit et pour leur
exécution. Vous voulez le maintien des traités, parce que les puissances le
demandent. Mais vous voulez donc vous mettre sous le joug des puissances ? En
retour de tant de déférence, les puissances vont faire de vous un pays neutre ;
votre ligne de forteresses leur servira d'appui contre votre seul allié. En un
mot, vous deviendrez les geôliers de
Le choix
du duc de Nemours entraîne la guerre avec l'Angleterre, dit-on. Je dis, moi,
que rien n'est moins certain. Le ministère anglais, occupé de la réforme
parlementaire, ne peut pas faire la guerre en ce moment. Un ministère tory seul
pourrait la faire. Elle serait à craindre si Wellington était encore à la tête
des affaires ; avec un ministère whig, je le répète, la guerre ne se fera pas.
Le 3 février, le parlement doit s'assembler. Croyez-vous qu'il s'occupe
d'abord de projets belliqueux ? Non. Il a des affaires plus importantes à
régler. Outre les embarras que peut lui causer l'Irlande, il faut procéder à la
réforme parlementaire, et ce projet seul suffirait à l'occuper. Craindriez-vous
Dans la
position où nous sommes, ne possédant ni Maestricht, ni Anvers, et en présence
du protocole du 20 janvier,
- La
séance est levée à trois heures et demie. (P. V.)