Accueil        Séances plénières         Tables des matières         Biographies         Livres numérisés     Bibliographie et liens      Note d’intention

 

VAN HOOBROUCK DE MOOREGHEM Eugène (1756-1843)

 

 

 

 

 

VAN HOOBROUCK DE MOOREGHEM Eugène, François, né en 1756 à Gand, décédé en 1843 à Moregem (Wortegem)

Age en 1830 : 74 ans

Congressiste (1830-1831, Audenaerde)

 

Biographie

Interventions au cours de la session 1830-1831 (Congrès national)

 

 

BIOGRAPHIE

 

(Extrait de : A. VAN INNIS, Nouvelle biographie nationale, t. III, 1994, p. 335 et suiv.)

VAN HOOBROUCK de MOOREGHEM (Eu­gène-François), homme politique et haut fonc­tionnaire, né à Gand le 27 avril 1756, décédé à Moregem (Wortegem) le 8 octobre 1843.

Il était le douzième enfant d'Emmanuel­-Charles, échevin du parchon de Gand et trésorier de cette ville, et d'Eléonore-Françoise libre baronne de Schifer et Freyling. Son ascendance était à la fois gantoise et autrichienne.

Après ses études de droit à l'Université de Louvain, il fut nommé, en 1779, haut-pointre de la châtellenie d'Audenarde, succédant par ail­leurs à son père dans ses fonctions de trésorier de la ville de Gand.

Mais dès l'avènement de Joseph II en 1780, le jeune fonctionnaire et mandataire public qu'il était participe à l'opposition aux idées réforma­trices de l'Empereur, d'abord, comme il l'écrit dans son autobiographie, « par la voie légale des réclamations », puis, à la suite des édits du 1er janvier 1787, « qui supprimaient à la fois et bou­leversaient de fond en comble tout l'ordre admi­nistratif, judiciaire et fondamental de toutes nos provinces, par des moyens plus révolution­naires ».

Ce n'est pas le lieu ici de rappeler les causes, les circonstances, les premiers succès et l'échec final de la révolution brabançonne, mais résu­mons très brièvement le rôle qu'y joua Eugène­-François van Hoobrouck.

Tout d'abord, durant l'été 1787, il fit partie de la délégation des Etats de Flandre, joints à ceux du Brabant, qui obtint de la gouvernante Marie­Christine, la surséance des édits contestés. En­suite, il devint membre actif de l'association se­crète «Pro Aris et Focis» et fut délégué à ce titre le 2 décembre 1789 au Comité insurrectionnel de Bréda qui, le 17 décembre 1789, convoqua à Bruxelles les Etats généraux de toutes les pro­vinces. .

Eugène van Hoobrouck de Mooreghem, fai­sant partie de ceux de Flandre, devenait membre du Congrès de Etats belgiques unis créé le 11 janvier 1790.

Après avoir joué en vain un rôle de concilia­teur entre le général vonckiste Vandermeersch et le Congrès de tendance statiste et déçu par les divisions internes des patriotes, Eugène van Hoobrouck dorine, en avril 1790, sa démission de membre du Congrès.

Le 18 mai, il épousait Marie Hamelinck, fille de Guillaume, greffier héréditaire du Conseil de Flandre, et de Claire de Vos, et reprenait son poste aux Etats de Flandre à Gand.

En septembre 1790, l'armée autrichienne de­vait battre l'armée des patriotes en pleine désor­ganisation. La ville de Gand, craignant d'être pillée par ces bandes armées, délégua Eugène van Hoobrouck auprès du général autrichien Bender, pour lui présenter la soumission de la Flandre.

Il fut ensuite envoyé par les Etats à la Haye pour y rencontrer le plénipotentiaire autrichien, le comte de Mercy d'Argenteau : s'ensuivit la proclamation du 10 septembre de Léopold II qui rendait aux provinces belgiques leurs anciennes constitutions.

Toutefois la victoire de Jemappes le 6 novem­bre 1792 devait livrer nos provinces aux révolu­tionnaires français. Le général Dumouriez ayant déclaré que l'occupation de nos provinces n'avait qu'un caractère militaire et provisoire, sans aucune conséquence politique, la châtelle­nie d'Audenarde pria van Hoobrouck de discuter avec les autres provinces les modalités de la le­vée d'une armée nationale, « condition indispen­sable à l'établissement d'une nation indépen­dante ».

Mais Dumouriez devait être désavoué par Pa­ris et l'occupant exigea des plénipotentiaires belges qu'ils prêtent un serment de haine à la royauté. Cette exigence provoqua une protes­tation écrite des vingt-trois délégués des pro­vinces, protestation qui, entre les mains du Fran­çais Ferraud, devint une liste de proscription. Ce dernier fit attaquer par une bande de 5 à 600 sans-culottes l'hôtel de ville de Gand en vue de s'emparer des délégués belges qui y étaient réu­nis. Eugène van Hoobrouck parvient toutefois à s'éclipser par un escalier dérobé.

C'est grâce à la victoire autrichienne de Neer­winden que notre héros échappa - provisoire­ment - aux poursuites et aux représailles. Mais dès le mois d'avril 1794, les armées françaises envahirent à nouveau le pays. Après l'occupa­tion de Gand et d'Audenarde en juillet, le géné­ral Reed signifia à Eugène van Hoobrouck la suppression de la châtellenie d'Audenarde et le renvoya chez lui, à Mooregem, mais ce repos forcé ne fut pas bien long. En septembre 1794, il fut, en effet, enlevé comme otage pour garan­tir le paiement de la contribution militaire de 7 millions de livres tournois imposée à la ville de Gand, et incarcéré durant cinq mois à la cita­delle d'Amiens.

Après le paiement de sa contribution finan­cière personnelle (30.000 livres), les occupants français le laissèrent relativement en paix durant trois petites années. En 1798, il fut cependant de nouveau arrêté avec vingt-deux autres citoyens de la ville (les vingt-trois signataires du mani­feste ?) comme « ennemi de la République et au­teur de brigandages ». Après avoir été inscrit comme émigré, ce qui entraînait la confiscation de ses biens, il fut déporté à Paris pour y être colloqué durant douze semaines dans la prison de Sainte-Pélagie.

Libéré en avril 1799, le coup d'Etat du 18 Bru­maire fut salué par l'intéressé comme ayant « ra­mené l'ordre en France ». Haut fonctionnaire dans l'âme, il ne pouvait rester inactif dans son château. Il chercha donc à reprendre du service, tout en refusant tout mandat politique. C'est ain­si qu'il refusa le poste de bourgmestre de Gand, malgré l'insistance du préfet français Faipoult. Par contre, il accepta fin 1803 le poste de mem­bre du Conseil général du département de la Lys, les conseils généraux étant dépouillés de toute influence politique.

En 1804, il est, en outre, nommé à Bruges directeur général des « Droits Réunis » (l'équiva­lent de nos accises sur les boissons). En 1810, il refuse une nomination à Genève, donne sa dé­mission et revient à Gand.

Pour le reste, il déclina toute promotion, tous les honneurs et dignités qui lui étaient offerts en vue d'en faire un partisan du régime français, entre autres le titre de comte d'Empire.      .

Puis ce fut en 1814 le retour des Alliés et la nomination du Prince d'Orange Nassau comme gouverneur général du pays. Eugène de Moore­ghem fut désigné conseiller d'Intendance de la Flandre Orientale et fut très vite sollicité dans l'espoir d'en faire un bon orangiste, comme tant d'autres Gantois. C'est ainsi qu'il figure parmi les mille six cent trois notables qui furent priés d'approuver par un vote le projet de la Loi fon­damentale du nouveau Royaume des Pays-Bas. Il réagit toutefois violemment à la suite du sub­terfuge du Roi qui avait transformé une forte majorité de votes négatifs (796 sur 1323 vo­tants) en une majorité de votes positifs...

Lorsque, en septembre 1815, le roi Guillaume fit sa Joyeuse Entrée à Gand et qu'il demanda aux membres du Conseil d'Intendance quels étaient leurs vœux et desiderata, Eugène van Hoobrouck répondit: « Sire, les notables ont fait connaître leurs vœux le 14 août par leur refus de son projet de Constitution...». Cette réplique lui valut d'être congédié de l'audience royale !

Le lendemain, il présentait sa démission au gouverneur de Coninck et se retirait une nou­velle fois chez lui... Dans sa retraite, il fut en butte, ainsi que sa famille, à toutes espèces de vexations de la part du gouverneur hollandais, au point qu'en 1825, il quitta sa patrie pour Paris où le comte de Seyès lui offrit la naturalisation française, que l'intéressé refusa bien entendu.

Il rentra au pays en 1828 pour participer au mouvement de révolte de nos provinces qui se manifestait alors par le « Pétitionnement » et qui devait aboutir à la Révolution belge.

En octobre 1830, il était nommé bourgmestre de Mooregem. Il fut présenté par la section d'Audenarde du club patriotique gantois « Réu­nion Centrale» comme candidat au Congrès Na­tional et fut élu par 518 voix sur 611 votants.

Eugène van Hoobrouck de Mooreghem joua un rôle très actif au Congrès National. Ses inter­ventions nombreuses et variées dénotent à la fois une solide connaissance des sujets abordés, un sens critique, où perce visiblement sa forma­tion juridique, et une verdeur d'esprit malgré le grand âge qu'il avait déjà atteint (septante-cinq ans).

C'est ainsi qu'il plaida l'indépendance de la Belgique et vota l'exclusion définitive de la Maison de Nassau du trône de Belgique, ses votes étant à chaque fois solidement et longue­ment motivés.

Il plaida également pour une totale liberté d'enseignement et mena sur cette question des conversations parallèles avec l'Archevêché.

Il intervint aussi activement dans la discus­sion relative au choix du chef d'Etat. Il appuya la candidature de Léopold de Saxe-Cobourg à partir du moment où il s'avéra que la France ne s'y opposait pas ou plus.

Mais c'est à propos des XVIII articles que son intervention est la plus remarquable. Aux envolées passionnées des congressistes, il oppo­sa une froide sagesse et une exacte évaluation des questions juridiques et constitutionnelles que le Congrès avait à trancher et des risques évidents de nous voir entraînés, comme en 1790, dans le tourbillon des réactions des grandes puissances.

Ses interventions au Congrès et spécialement cette dernière lui valurent la sympathie du corps électoral d'Audenarde qui l'élut sénateur en août 1831. Sa principale intervention y fut en faveur de l'adoption des XXIV articles où il exposa les mêmes arguments qu'au Congrès.

Ses qualités de congressiste furent d'ailleurs soulignées par Louis de Lichtervelde dans sa préface de l'ouvrage Le Congrès National par du Bus de Warnaffe et C. Beyaert. Faisant re­marquer qu'il s'agissait d'une assemblée de jeunes dont les idées libérales contrastaient vio­lemment avec celles qui régnaient encore en 1815, l'auteur poursuit : « Les terribles événe­ments que l'on avait vécus depuis la révolution brabançonne avaient usé d'un coup plusieurs gé­nérations ... Mais ne soyons pas injustes cepen­dant : le Congrès a compté quelques anciens de plus de soixante-dix ans qui ont fait preuve d'une compréhension remarquable de leur temps, comme Jean-François Gendebien et Eu­gène van Hoobrouck de Mooreghem, deux vété­rans de la révolution brabançonne qui lui appor­tèrent l'expérience de la triste assemblée de 1790. »

A la fin de son autobiographie, Eugène van Hoobrouck rend grâce à la divine Providence de lui avoir permis de ne jamais avoir dévié, durant cinquante-huit ans de vie active, de ses idéaux de départ. C'est en fait jusqu'au bout de sa vie qu'il servit le bien public, puisqu'il fut encore conseiller provincial de 1835 à 1840 et qu'il res­ta bourgmestre de sa commune jusqu'à son dé­cès en 1843 à l'âge de quatre-vingt-sept ans...

Parmi ses six enfants, signalons son fils Eu­gène-Marie (1791-1856) qui fut l'inspirateur, le commentateur et le gardien de l'autobiographie de son père et qui continua son action politique entre autres comme sénateur.

Albert van Innis.

 

(Voir aussi une demande de remboursement d’une somme prêtée en 1794 (séance de la chambre des représentants du lundi 24 avril 1837)

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1830-1831 (Congrès national)

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du Congrès  (10/11/1830)

(01) Règlement d’ordre intérieur du congrès  (12/11/1830)

(02) Modifications apportées à la loi relative aux distilleries indigènes et sur l’établissement de la ligne de douanes du côté de la Hollande (06/12/1830)

(03) Question relative au choix du chef de l’Etat (Nemours-Leuchtenberg) (01/02/1831)

(04) Question du chef de l’Etat (Léopold de Saxe-Cobourg) et propositions annexes (03/06/1831)

(05) Impôt sur les distilleries  Projet de décret sur les distilleries (23/06/1831)

(06) Préliminaires de paix (les dix-huit articles) (02/07/1831)