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Instructions pratiques à l’usage des confesseurs du 1er septembre 1879
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Instructions pratiques à l’usage des confesseurs du 1er septembre 1879

(Paru à Bruxelles, en 1880, chez Bruylant-Christophe et Cie, comme annexe à « La Belgique et le Vatican. Documents et travaux législatifs concernant la rupture des relations diplomatiques entre le gouvernement belge et le Saint-Siège ». Les numéros de page renvoient à cet ouvrage.)

I. Partie générale

(page 655) Les ministres du Roi ont résolu de publier et d'exécuter la nouvelle loi qui a trait à l'enseignement primaire dans les écoles publiques et qui est déjà sanctionnée. C'est pourquoi nous communiquons les prescriptions et les mesures dont nous vous avons annoncé la publication en temps utile par notre lettre épiscopale du 12 juin dernier, afin que vous éclairiez vos fidèles dans une affaire d'une si grande importance et que vous les instruisiez avec la prudence nécessaire.

Chers frères ! Depuis longtemps, vous avez compris et reconnu quels projets les ennemis du nom catholique méditent et veulent mettre à exécution ; et vous savez quelles conséquences désastreuses (page 656) cette loi qui introduit dans les écoles un enseignement détaché de la foi catholique et soustrait à la surveillance de l'Eglise, aura pour l'âme de la jeunesse, pour l'organisation régulière et la prospérité de la famille chrétienne, pour le bien-être de la Belgique, qui nous est chère par-dessus tout, et même pour les progrès du pouvoir civil.

Il n'échappe à aucun de vous combien sont difficiles les circonstances dans lesquelles vous vous trouvez, vous et tous les fidèles croyants en Christ, et vous comprenez comme nous que ces circonstances deviennent de jour en jour plus graves. Nous devons protester de toutes nos forces et résister avec vigueur à ces projets et à ces machinations de nos adversaires, à ces maux qui nous envahissent.

Il est du devoir de tout bon catholique de s'efforcer de tout son pouvoir et de toute son énergie d'empêcher que notre sainte religion, la loi et les mœurs de la jeunesse, le sentiment catholique de la nation belge ne souffrent aucun dommage par cette loi.

Mais si les laïques et les clercs religieux doivent user de ménagement, de zèle et de persévérance dans cette lutte et dans cette défense de la religion, vous, très honorables frères, vous aurez à montrer toujours la plus grande prudence et la plus grande modération, surtout lorsque du haut de la chaire de vérité vous adresserez au peuple un discours relatif à l'enseignement et à la fréquentation des écoles catholiques, afin que de votre bouche ne sorte par inadvertance aucun mot qui soit une injure contre les instituteurs publics ou une attaque contre les fonctionnaires, aux lois ou aux droits du pouvoir civil. C'est pourquoi nous vous recommandons avec une insistance toute particulière de bien vous garder d'entretenir jamais le peuple du haut de la chaire, et les enfants au catéchisme, de cette loi belge de l'enseignement, ou des ordres ou des actes des fonctionnaires publics ; car semblable attaque irréfléchie contre les (page 657) serviteurs du pouvoir civil ou contre leurs actes, devrait non seulement être regardée le plus souvent stérile, mais nous exposerait au danger de poursuites judiciaires (article 268 du code pénal). Veillez, par conséquent, et modérez votre langage, afin que votre attitude ne puisse donner lieu à aucun blâme.

En général, vous aurez à dire ceci, au sujet de ces écoles :

L'immortel Pie IX a écrit au sujet de ces écoles à l'archevêque de Fribourg : « En vérité, un enseignement qui ne comprend que la connaissance des choses naturelles et des mobiles de la vie sociale ici-bas et qui délaisse les vérités révélées doit mener à l'esprit d'erreur et de mensonge, et une éducation qui forme la délicate intelligence des jeunes gens et les cœurs enclin au péché, sans le secours de la religion chrétienne et de l'enseignement de la morale, doit produire une génération susceptible d'être excitée et stimulée seulement par les mauvaises passions et la simple raison, et qui préparera aux familles isolées comme à l'Etat les plus grands malheurs. Mais si un semblable enseignement sans liens avec la foi catholique et le pouvoir de l'Eglise, et plein de dangers pour les individus et pour la société, quand cet enseignement se glisse dans la science, dans les disciplines exactes et dans l'éducation des écoles publiques et des instituts destinés aux classes élevées de la société, qui ne voit qu'il en résultera des dangers et des maux plus grands encore quand il passera dans les écoles populaires ? Car c'est particulièrement dans ces écoles que tous les enfants de toutes les classes doivent être instruits avec une grande conscience, depuis l'âge le plus tendre, des mystères de notre religion et élevés complètement à la piété, à une conduite honnête, à la religion et à une vie honorable. C'est dans ces écoles surtout que l'enseignement religieux doit occuper la première place, de telle sorte que toutes les autres connaissances inculquées à la jeunesse ne soient que des accessoires. Aussi la jeunesse est-elle exposée aux plus grands (page 658) dangers lorsque l'instruction dans ces écoles n'est pas liée intimement à l'enseignement de la religion. Or, les écoles populaires ont été organisées spécialement en vue de l'instruction religieuse du peuple et du développement de la piété et de la morale chrétienne, et c'est pourquoi elles ont toujours avec toute raison appelé tous les soins, le zèle et l'attention de l'Eglise.

Aussi tous les efforts qui tendent à exclure le pouvoir de l'Eglise de l'école populaire sont-ils inspirés par l'esprit d'hostilité contre l'Eglise et par le projet d'éteindre chez le peuple la lumière divine de notre sainte foi. L'Eglise, qui a fondé ces écoles, a par conséquent toujours veillé sur elles avec les soins les plus attentifs ; elle les a toujours considérées comme la meilleure partie de son domaine ecclésiastique et de son gouvernement, et toute séparation d'avec l'Eglise est ainsi aussi nuisible à l'Eglise même qu'à l'école. Tous ceux qui prétendent à tort que l'Eglise doit abandonner ou du moins suspendre sa salutaire influence sur les écoles primaires veulent tout simplement la détourner de la mission que lui a confiée son fondateur, et du devoir très difficile qu'elle a de faire le salut de tous les hommes, devoir qui lui a été imposé par Dieu.

Et certes, partout où le criminel projet de bannir de l'école l'autorité de l'Eglise a été nourri ou exécuté, et où par conséquent la jeunesse est malheureusement exposée à perdre la foi, partout l'Eglise doit tout mettre en œuvre et n'épargner aucun effort pour que la jeunesse reçoive l'enseignement religieux et une éducation chrétienne ; elle serait même forcée d'avertir tous les croyants et de leur faire comprendre que ces écoles ennemies de la religion catholique ne peuvent en conscience être fréquentées.

Les écoles publiques, dont parle le chef suprême de l'Eglise, sont par conséquent mauvaises en soi, intrinsèquement. Elles sont mauvaises en soi parce que les enfants, en les fréquentant, sont exposés au danger de perdre la foi et la moralité.

(page 659) La même opinion est exprimée explicitement et clairement par la congrégation du Saint-Office, dans les instructions sur les écoles publiques qu'elle adressa en 1875 aux évêques réunis des Etats-Unis d'Amérique.

« L'organisation particulière de ces écoles pour l'enseignement de la jeunesse paraissait également à la sainte congrégation dangereuse en soi et empreinte de l'esprit d'hostilité contre l'Eglise. Les élèves de ces écoles n'apprennent notamment, en l'absence de toute instruction religieuse, ni les principes fondamentaux de la loi, ni les préceptes de l'Eglise ; ils sont privés ainsi des connaissances les plus nécessaires à l'homme, et sans lesquelles on ne peut vivre chrétiennement, et l'on y reçoit les enfants de l'âge le plus tendre, même ceux qui ne savent pas encore marcher, qui sont à une période de la vie où la semence du péché prend racine profondément. Quand un âge aussi impressionnable grandit sans religion, le mal est immense. Mais si ce danger d'être corrompu ne peut être écarté, ces écoles ne peuvent être fréquentées sans violer la conscience. C'est une règle aussi bien de la loi divine que de la loi naturelle. Car un tel danger doit être à tout prix évité, fût-ce au prix des plus grands sacrifices matériels, fût-ce au prix de la vie. »

Apprenez aussi à connaître les plaintes et le jugement portés contre ces écoles publiques par les évêques de contrées dans lesquelles ce mode d'éducation des enfants a obtenu force de loi. Les pères du concile provincial de Baltimore, dans les Etats-Unis de l'Amérique septentrionale, tenu en l'année 1866, s'expriment comme suit : N°425. C'est pourquoi les Pères de ce concile provincial ne peuvent s'empêcher de reconnaître et de déclarer publiquement que le soin d'élever l'enfance et la jeunesse dans les mœurs chrétiennes est un des privilèges essentiels de leur ministère, et ce d'autant plus que les ennemis actuels de notre religion sont décidés à mettre en œuvre tous les artifices pour (page 660) corrompre dès l'âge le plus tendre, les cœurs de la jeunesse. - N°42. Une expérience ininterrompue a démontré surabondamment combien grands sont les maux et les dangers qui surgissent pour la jeunesse catholique de ces contrées de la fréquentation des écoles publiques. Ce système d'enseignement y est tel que les enfants catholiques doivent nécessairement courir de grands dangers et perdre la foi en même temps que les bonnes mœurs. Il n'y a pas d'autre cause au grand développement et aux progrès énormes de l'indifférence religieuse dans ce pays et de l'immoralité par laquelle nous voyons avec une affliction profonde que la jeunesse est dévorée. »

Les évêques de Hollande, où cette méthode d'enseignement si pernicieuse pour la jeunesse est même depuis longtemps en vigueur dans les écoles publiques, n'ont jamais cessé de la répudier et de la combattre. Parmi un grand nombre de documents de ce genre, nous voulons encore vous mettre sous les yeux une lettre écrite aux catholiques, en 1866, par l'archevêque Schapmann et les évêques suffragants de Bois-le-Duc, Harlem, Ruremonde et Bréda. Il y est dit : « Pour qu'une école mérite à tous égards la confiance et l'approbation des catholiques, il ne suffit pas qu'on y respecte, comme on dit, la religion catholique, c'est-à-dire qu'on permette d'en parler ; on doit, en outre, exiger que l'école fasse enseigner et pratiquer la religion catholique. Dans les écoles d'enfants, l'enseignement social ou civique est très étroitement lié à l'enseignement religieux. Le principe religieux doit être proclamé dans le programme, la religion doit y faire toujours sentir son influence. La religion, en effet, touche à tout ; les grandes vérités de la foi, la morale de l'Evangile, les fondements de la piété catholique doivent y être exposés, et l'instituteur doit, de son côté, s'attacher à montrer les rapports constants de la religion dans toutes les autres connaissances.

« Que doit-on penser des écoles, d'où sont exclues l'autorité de (page 661) l'Eglise et l'influence de la religion, dans lesquelles il y a encore à peine une place pour une certaine morale naturelle, c'est-à-dire dans lesquelles il n'y a ni religion, ni morale ? Supposons que l'instituteur ne montre aucune mauvaise volonté, admettons qu'il ne mêle pas à son enseignement, même sans préméditation ou à défaut de connaissances suffisantes, des préceptes ou des principes plus ou moins dangereux, pernicieux ou totalement faux : nous demandons seulement ceci : quelle impression veut-on que l'enfant emporte de l'attitude d'un instituteur qui est obligé, par la loi, de s'abstenir de toute religion ou plutôt de se mettre au dessus de toutes les religions, et qui se borne à donner à l'enfant de simples leçons de convenance, et pour le surplus de son enseignement se comporte comme s'il ne s'inquiétait d'aucune religion ? »

De cette façon, l'indifférentisme ou le mépris de la foi catholique et de la majesté divine se glisse dans le cœur des enfants ; car le proverbe « le mauvais exemple est toujours suivi », qui est vrai pour des personnes d'un âge plus avancé, trouve encore mieux son application chez les enfants. En 1879, les honorables évêques du même pays se sont encore occupés de ces mêmes écoles dans leurs lettres pastorales.

Nous extrayons le passage suivant du mandement du très vénérable M. Schapmann, archevêque d'Utrecht : « Un enfant catholique doit nécessairement recevoir une éducation catholique. Le moyen le plus naturel d'atteindre ce but, c'est l'école catholique. Tous les moyens que la religion offre pour l'éducation ne suffisent pas toujours pour former un jeune homme comme il doit être, tant est grande la perversité de l'âme humaine. Dans une affaire d'une si grande importance on doit choisir la voie la plus sûre. Il faut donc condamner sévèrement les parents. qui négligent le moyen mis à leur disposition, notamment celui d'envoyer leurs enfants aux écoles catholiques, et qui, (page 662) sous l'un ou l'autre prétexte, donnent la préférence à l'enseignement neutre.

« Aux yeux de l'Eglise tout enseignement est incomplet et insuffisant, du moment que la religion n'en est pas la règle et le point capital. Quand la religion, ses dogmes, les vérités révélées et la loi de Dieu sont bannis de l'école, l'instruction est non seulement défectueuse, mais elle est nuisible. Dans ces écoles, l'enfant est sevré de l'enseignement de la religion révélée de Dieu ; en outre, on affaiblit chez l'enfant, par cet enseignement indifférent, indéterminé d'une « religion générale », d'une « morale universelle », le respect des saintes vérités de la foi catholique. D'ailleurs, si l'Eglise tolère que les parents, placés dans cette triste nécessité par l'absence d'autres établissements d'enseignement, autorisent leurs enfants à fréquenter une école neutre et sans Dieu, elle ne renonce nullement à ses principes, elle ne révoque pas la damnation dont elle a frappé les écoles neutres. Aussi ne vous laissez pas duper par ceux qui prétendent que l'école sans Dieu n'est pas réprouvée d'une manière absolue par vos supérieurs ecclésiastiques. Nous la réprouvons et la condamnons toujours et partout, comme défectueuse, insuffisante et comme manquant de la base essentielle de toute véritable instruction. »

Les évêques irlandais, dans des réunions tenues à Maynooth en 1866 et à Dublin en 1871, ont été unanimes à blâmer et à réprouver de telles écoles : « Les évêques renouvellent leur condamnation contre le système d'éducation dans les écoles primaires, dans les écoles moyennes et dans les universités parce que cet enseignement est hautement dangereux par lui-même pour la foi et les mœurs de l'Eglise catholique. Ils déclarent que l'instruction des catholiques, pour tout ce qui concerne la foi et les mœurs, ne peut être confiée avec sécurité qu'à des catholiques, et seulement sous le contrôle supérieur de l'Eglise.

« Dans la présente lettre pastorale nous exprimons notre inébranlable conviction que l'éducation catholique est absolument nécessaire à l'éducation, à la conservation de la foi et aux bonnes mœurs de notre peuple catholique. D'accord avec le Saint-Siège et avec les évêques de toute la chrétienté, nous renouvelons la réprobation déjà souvent prononcée par nous contre l'école mixte. Nous déclarons de nouveau qu'elle est, par sa nature, hautement dangereuse pour la foi et les mœurs. »

Ces jugements de l'autorité ecclésiastique et bien des déclarations analogues que l'on trouve partout fournissent d'autres arguments encore par lesquels vous pourrez rappeler à vos fidèles, aussi bien du haut de la chaire de vérité que dans les conversations privées, les dangers auxquels les enfants catholiques sont exposés dans les écoles publiques par leur nature même et par les méthodes qu'on y enseigne ; arguments au moyen desquels vous pourrez réfuter ceux qui soutiennent qu'entre la nouvelle loi et l'ancienne il n'y a pas de différence et que les écoles soumises au nouveau régime scolaire peuvent être fréquentées comme autrefois, aussi bien que les écoles catholiques, sans violer la conscience.

Fréquentation des écoles

1. Les études publiques dans lesquelles règne un système d'instruction qui s'affranchit de l'autorité dirigeante de l'Eglise et de la foi catholique, sont en elles-mêmes mauvaises et nuisibles parce qu'elles offrent aux élèves par elles-mêmes l'occasion de perdre la foi et les mœurs. En conséquence, il n'est pas permis de les fréquenter, de les établir ni de les diriger.

2. Cependant, il est parfois, mais rarement, des circonstances telles qu'elles excusent les parents catholiques du péché grave qu'ils commettent en confiant leur enfant aux écoles publiques ; (page 664) pour en agir ainsi, ils doivent avoir un motif important ; il faut, de plus, que l'occasion prochaine que les écoles publiques de ce genre portent en elles de corrompre la foi et les mœurs puisse devenir une occasion éloignée.

Il existe un motif sérieux quand il n'y a pas d'école catholique, ou quand l'école catholique ne peut être fréquentée sans un grave préjudice temporel.

Quand, dans un cas particulier, il y a doute s'il existe un motif suffisant, la décision doit être abandonnée à la conscience et au jugement des évêques.

Les curés ont à s'assurer que les parents écartent de leurs enfants, par des mesures de précaution nécessaires, le danger de perdre la foi et les mœurs.

3. Il est absolument interdit de fréquenter les écoles publiques qui exposent leurs élèves au danger prochain de perdre la foi et les mœurs, de telle façon qu'il ne puisse être converti en un danger éloigné, soit à raison de toute l'attitude de l'instituteur, soit à raison des livres qui y sont lus ou que les élèves doivent y employer, soit pour tout autre motif.

4. Au nombre de ces écoles figurent les établissements dans lesquels sont formés les jeunes gens qui doivent à l'avenir exercer les fonctions d'instituteur dans les écoles publiques ; d'ordinaire ces établissements s'appellent « écoles normales » ; - c’est pourquoi ces écoles surtout ne peuvent pas être fréquentées.

III. Des instituteurs et des inspecteurs des écoles publiques

Un instituteur catholique peut-il conserver ses fonctions dans une école publique ?

Réponse.

Il ne le peut pas, si ce n'est pour certains motifs et sous certaines (page 665) conditions. S'ils paraissent exister, l'instituteur se rendra chez le curé qui exposera le cas à l'évêque ; c'est à celui-ci qu'appartient la décision.

En général, il existe trois motifs pour lesquels il peut être provisoirement toléré qu'un instituteur continue à remplir ses fonctions :

1° Si un instituteur encore jeune est dispensé pendant un temps déterminé du service militaire à cause de ses fonctions et doit encore enseigner un an ou deux à une école publique pour être entièrement libéré.

2° Si un instituteur âgé est sur le point d'obtenir à courte échéance, une pension annuelle.

3° S'il ne peut trouver aucune autre école ou aucun autre emploi, qui lui permette de s'entretenir et s'il doit tomber ainsi dans une situation misérable.

Les conditions nécessaires sont les suivantes :

1° Il ne doit pas y avoir dans la même école d'autres instituteurs qui se refusent à remplir les conditions qui vont suivre ;

2° l'instituteur, le bourgmestre et le conseil communal doivent offrir des garanties dont on peut conclure avec sécurité que la loi ne sera pas en fait appliquée, malgré l'influence du comité scolaire ; il doit en être surtout ainsi en ce qui concerne l'enseignement de la morale qui ne doit pas seulement être conforme aux principes essentiels de la loi naturelle et à ses conséquences directes, mais encore à toute la doctrine catholique et doit être mise en relief nécessairement quand l'occasion s'en présente.

3° L'instituteur doit promettre : a. qu'il donnera sa démission dès qu'il sera empêché de remplir la condition qui précède ou s'il était forcé de tolérer ce qui est défendu par les supérieurs ecclésiastiques, sous peine de péché grave, par des livres nuisibles.

b. Qu'il ne s'efforcera pas directement d'attirer les garçons dans son école, s'il y a une école catholique au même endroit ;

c. Qu'il ne se permettra pas de donner l'enseignement du catéchisme, car la missio canonica est absolument indispensable pour remplir cette fonction ; et cette mission ne peut être accordée à aucun instituteur des écoles officielles. Il y aurait, en effet, contradiction à ce que l'Eglise autorisât positivement de donner en son nom l'enseignement catholique dans les écoles qui, en elles-mêmes, sont condamnables et ont été condamnées parce qu'elles sont contraires aux principes de la foi catholique et qu'elles ont même été établies dans le but de détruire la religion.

Du reste, il n'est pas douteux que les auteurs de la loi veulent conserver provisoirement une apparence de religion dans les écoles dans le but d'empêcher qu'elles ne soient abandonnées par les garçons catholiques, et pour faire considérer les écoles catholiques comme moins nécessaires ou même comme inutiles ; de cette manière, celles-ci ne seraient pas créées, ou, après leur création, elles ne seraient pas fréquentées ; ce serait là, dans les circonstances où se trouve actuellement notre patrie, un mal effroyable, un très grand danger pour la foi, un scandale très pernicieux pour les fidèles, et, comme chacun le comprend, une occasion certaine de tomber dans le découragement.

Un catholique peut-il accepter les fonctions d'inspecteur des écoles ?

Réponse.

Cette question doit être résolue négativement, tant pour les inspecteurs principaux que pour les inspecteurs cantonaux. La raison en est que les inspecteurs, en vertu de leurs fonctions, s'obligent à soigner et à assurer l'exécution de la loi civile. C'est donc une coopération volontaire et directe à la loi condamnée.

IV. Des parents

Les parents auxquels il est permis dans un cas particulier, à raison de motifs suffisants, de confier leurs enfants aux écoles (page 667) publiques doivent se garder de se faire des illusions dans l'indication de ces motifs. Car s'ils trompaient les pasteurs, ils se tromperaient eux-mêmes, chargeraient gravement leur conscience et précipiteraient à leur perte leurs âmes et les âmes de leurs enfants.

De plus, ils doivent avoir un œil attentif sur leurs enfants, interroger sur ce qui se passe dans l'école, soit par eux-mêmes, soit par d'autres, s'ils sont moins aptes le faire ; examiner les livres remis aux enfants et les écarter de toute amitié et de toute fréquentation avec des condisciples dont les mœurs sont corrompues ou qui peuvent être dangereux pour la foi ou pour les mœurs.

Il doivent aussi se rappeler qu'ils ont le strict devoir de pourvoir d'une autre manière à l'instruction catholique de leurs enfants.

V. Des curés

Les pasteurs doivent user de tout leur pouvoir et faire tous leurs efforts pour écarter du troupeau qui leur est confié la souillure des écoles officielles. Mais, pour cela, il est absolument indispensable, c'est l'avis unanime, que les catholiques aient partout leurs propres écoles qui ne soient en rien inférieures aux écoles publiques. Le curé doit, par conséquent, employer tous ses soins à fonder des écoles catholiques là où elles manquent, ou à les agrandir et à les perfectionner afin qu'elles égalent les écoles officielles au point de vue de l'organisation et de la discipline. Les curés doivent savoir d'après cela qu'ils violeraient gravement leurs devoirs s'ils ne s'efforçaient pas d'établir une école dans leur cure. En effet, ce que les parents sont obligés de faire par amour paternel sous peine de péché grave, les pasteurs doivent le faire par justice.

Pour que l'œuvre de l'établissement et de l'entretien de l'école (page 668) catholique paroissiale réussisse, il faut obtenir, par la prière, la bénédiction divine ; il faut également les soins et le travail incessant du curé.

VI. Règles pour le confessionnal

On ne peut absoudre dans le sacrement de la pénitence, du moment où ils s'obstinent, tous les parents qui négligent de procurer à leurs enfants un enseignement chrétien et une éducation religieuse ; tous ceux qui laissent fréquenter par leurs enfants des écoles dans lesquelles la ruine des âmes ne peut être écartée ; tous ceux, enfin, qui confient leurs enfants aux écoles officielles alors qu'il y a une école catholique dans la localité, ou qu'ils possèdent des ressources suffisantes pour élever autrement et catholiquement leurs enfants, et cela sans motifs suffisants et sans prendre les précautions nécessaires pour transformer en un danger éloigné le danger de la corruption. La théologie morale catholique conduit clairement à cette solution. La congrégation de officiis l'enseigne également dans son instruction aux évêques d'Amérique, sous la date du 30 juin 1875.

On ne peut non plus absoudre les instituteurs qui emploient dans les écoles des livres dangereux pour la foi et pour les mœurs ou qui en font des lectures aux élèves ; ceux qui enseignent le catéchisme aux enfants sans avoir la missio canonica qui ne peut leur être accordée.

Il faut dire la même chose des élèves qui reçoivent dans les écoles normales l'instruction nécessaire pour exercer plus tard les fonctions d'instituteur dans les écoles officielles, des parents de ces élèves et des professeurs desdites écoles.

Malines, le 1er septembre 1879.