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Esquisses historiques de la révolution de la Belgique en 1830
DE WARGNY Auguste - 1830

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DE WARGNY, Esquisses historiques de la révolution de la Belgique en 1830 (1830)

(Paru à Bruxelles en 1830, chez H. Tarlier)

Chapitre XXIII. Journées des 28 et 29 septembre 1830, mardi et mercredi

Résultats immédiats de la victoire. Rentrée des émigrants. La confiance reparaît. M. de Potter membre du Gouvernement provisoire. Sa lettre. Coup d'œil sur Bruxelles. L'ennemi toujours aux portes de la ville. Arrivée de nouveaux renforts. Ouverture de la campagne d'Anvers. Premiers succès. Ils sont arrêtés et comment. Réorganisation de la garde bourgeoise sous le nom de Garde urbaine. Grande revue. Les États-Généraux décident enfin les deux questions de séparation et de révision. Cinquième et dernier Gouvernement provisoire sous le nom de Comité central. Ses premiers actes

(page 491) Le résultat le plus frappant et le plus positif de la victoire fut la consolidation de l'autorité du gouvernement ; son origine vague et douteuse, sa création presqu'énigmatique sortie de ses propres mains, avaient laissé dans les esprits une sorte d'irrésolution mêlée de défiance ; on lui avait jusqu'alors fort mal obéi et même on s'en était un peu moqué ; il était perdu et disparaissait pour toujours si la force le contraignait à quitter Bruxelles pendant vingt-quatre heures.

Mais le succès changea la face des choses ; ce fut à dater de ce moment qu'on dut le regarder seulement comme installé et affermi. Il prit le 28, pour la première fois, le titre de Gouvernement provisoire de la Belgique ; ce pas était immense et ne rencontra dans les provinces que de très faibles oppositions de peu de durée. Ses actes prouvaient aussi qu'il connaissait sa position et son (page 492) pouvoir. L'autorité royale était plus profondément sapée par l'arrêté qui accordait une prorogation de 25 jours aux effets de commerce, que par les 3,000 coups de canon que l'on venait de tirer sur les soldats. Les gens connaisseurs le sentirent et peu-à-peu reparurent. Il fallait avant tout un centre commun, quel qu'il fût ; on s'y rallia de bonne ou de mauvaise foi, de bonne ou de mauvaise grâce ; on prit couleur et couleurs, sans trop s'entendre cependant que sur un seul point, haine et mort aux Hollandais ! et si l'on ne pouvait commander à l'avenir, on tâcha du moins de le pressentir.

Par suite de ces idées une sorte de confiance ne tarda pas à se rétablir ; les émigrés qui avaient quitté la ville en foule depuis huit jours y rentrèrent successivement, quand la frayeur ne les avait point emportés trop loin ; les routes de Nivelles, Namur, Wavre, Halle, Gand et Anvers surtout, étaient couvertes de voitures et de bagages. On était revenu du premier effroi, de ce sentiment indéfinissable de la peur qui ne raisonne jamais. On sentait le tort, la faute, le crime d'abandonner ainsi sa demeure, ses foyers, ses propriétés pour sauver uniquement sa tête d'un danger trop général pour devoir être redouté, et lorsque la présence du maître pouvait seule défendre ou conserver sa fortune ! Nous ne parlons pas même de la lâcheté ; elle est grande sans doute de s'enfuir, de tout abandonner et de laisser ainsi les charges municipales et autres, les fardeaux des circonstances et de la guerre, les logements, collectes, etc., uniquement à ceux qui ont eu assez de courage, de sagesse, de raison pour rester à leur poste, celui de l'honneur et du devoir (page 493) autant que de l'intérêt personnel. D'ailleurs des mesures furent prises sur le champ pour ne point accorder aux fuyards le prix de leur absence. Les autorités encore existantes, les voisins même, plus intéressés à l'égale répartition des charges, s'entendirent bientôt à cet égard ; on vit établir des ambulances pour les blessés dans plusieurs des maisons abandonnées propres à ce genre de service ; on doubla les logements militaires dans les autres ; rappelons encore ici aux peureux l'exemple de M. de Latour, habitant et propriétaire de la troisième maison à droite du palais du roi. Nous avons vu ci-dessus, page 440, que sa demeure fut sauvée uniquement parce qu'il ne l'avait pas quittée ! On pourrait citer cinquante traits semblables, comme aussi l'on pourrait désigner nombre de maisons qui furent ou brûlées, ou pillées, ou dévastées, parce que les combattants n'y trouvèrent personne ou seulement un domestique.

Un autre résultat prochain du grand événement de Bruxelles était l'impression qu'il allait nécessairement produire sur les autres provinces et villes de la Belgique à mesure que la nouvelle de la victoire y parviendrait. Nous résumerons dans le supplément les mouvements décisifs qui se manifestèrent alors dans toutes les forteresses et ailleurs et qui nous firent marcher de succès en succès ; l'autorité hollandaise s'écroulait de toutes parts avec plus de rapidité encore que celle de Napoléon en 1814 dans les mêmes contrées. Le triomphe de Bruxelles était un talisman magique ; tout se déclarait pour la cause belge ; les Hollandais cédaient sans (page 494) courage, le plus souvent avec lâcheté ; ils ne défendirent que Maestricht et Anvers.

Depuis six jours on était privé de toutes nouvelles étrangères par les voies ordinaires ; tous les journaux étaient arrêtés, tous les courriers interceptés ; on pouvait donc tout supposer, tout imaginer ! Et l'on restait toujours en dessous et en dehors de la vérité ; on s'attendait à tout et tout se réalisait d'heure en heure !

Mais nous verrons bientôt qu'on ne profita point de cet élan, que l'on empêcha nos volontaires de poursuivre l'ennemi et que l'on arrêta, par la retraite de l'avant-garde qui occupait déjà Vilvorde, le développement de ce surcroît de force qui, au moral comme au physique, n'est dû qu'à un accès de fièvre ou de délire momentané qui ne se répète pas !

Pendant les deux journées du 28 et du 29 on continua le pillage ou la vente de l'huile de M. Meeûs ; on fouilla dans les décombres encore fumantes et, comme nous l'avons dit, on démolit une autre de ses maisons sur la place d'Orange et on la pilla ; on commençait donc à s'apercevoir que c'était une duperie que de brûler ! M. de Potter s'y rendit dans la matinée du 28 et fit suspendre momentanément le vol et la dévastation, en déclarant aux furieux que les propriétés de M. Meeûs venaient d'être réunies au domaine public ; cette ruse eut l'effet de prouver encore quelle influence cet homme allait exercer sur les masses.

Quoi qu'il en soit des précédents ou des intrigues qui avaient ramené parmi nous un banni qui rompait son ban, il semblait être attendu pour entrer au (page 494) Gouvernement provisoire ; aussi dès le 28 au matin les deux pièces suivantes furent-elles imprimées et affichées ; (V. ci-après, nos 1 et 2) la dernière surtout donne à réfléchir. On est encore à se demander de quel droit un homme condamné osait ainsi s'adresser publiquement à ses concitoyens ! Cependant son adjonction remplit le voeu public ; il apportait d'ailleurs au gouvernement plus qu'il n'en pouvait recevoir ; une faveur populaire inconnue jusqu'à ce jour en Belgique ! enfin c'était l'homme de la circonstance ; son nom et ceux de Van Halen et de d'Hoogvorst sont les seuls qui ne seront jamais séparés de la révolution de la Belgique en 1830. Ils semblaient tous trois avoir bien compris cette grande et fondamentale maxime que, quand on adopte un principe, il faut savoir en subir et en faire subir toutes les conséquences. Les Bruxellois et leurs auxiliaires venaient de prouver qu'ils l'avaient bien comprise aussi et qu'ils n'avaient pas besoin de la lettre-proclamation de M. de Potter pour s'en souvenir.

Le buste du roi, en marbre blanc, couronné d'un demi fromage de hollande, fut exposé par dérision ce jour-là, montagne de la Cour, au balcon d'une maison en construction ; on arracha l'inscription en lettres de bois doré, placée au-dessus du fronton du palais de justice et qui commençait par ces mots en latin : Guillaume roi des Belges. On détruisit à coups de balles le bas-relief de la porte ci-devant Guillaume et surtout l'effigie royale qui en faisait partie.

On put faire, dès ce jour-là, trois remarques importantes à Bruxelles.

La première, c'est que pendant deux jours de bombardement (page 496) et quatre jours de combats acharnés dans une grande ville transformée en véritable champ de bataille et au centre de laquelle on faisait usage de toutes les armes connues, très peu de bourgeois furent tués ou blessés par accident dans le bas de la ville et hors du théâtre du carnage, ce qui est peut-être sans exemple au milieu d'une telle masse de bâtiments sur lesquels pleuvaient incessamment et de toutes parts, les balles, la mitraille, les boulets et les obus.

La seconde, c'est qu'aucun désordre, aucun pillage, aucunes violences ne furent à réprimer dans l'enceinte de la ville pendant les quatre jours de la bataille. Il n'en avait pas été de même les 25 et 26 août, comme nous l'avons vu à ces dates ! et pourtant ici, la populace était bien plus souveraine encore ! mieux armée ! victorieuse ! elle se faisait tuer pour d'autres ! jamais elle n'avait eu une plus belle occasion de pillage ! Honneur au peuple Bruxellois ! il serait sans tache s'il n'eût pas existé de maison à M. Meeûs !

La troisième, c'est que cette vieille inimitié, cette sorte d'éloignement antipathique, existant depuis tant de siècles entre les Flamands et les Wallons, avait totalement disparu et s'était absorbé dans la haine commune contre le nom hollandais ; l'observation était frappante à Bruxelles alors encombrée d'auxiliaires wallons qui s'embrassaient en frères avec les flamands, Belges comme eux. Cette espèce de réconciliation était franche ; elle doit être et sera éternelle ! Plus de mépris ou de sarcasmes réciproques, plus de rixes ou combats de kermesse. Tous les Belges, quel que soit le langage qu'ils parlent, se rappelleront toujours le grand événement qui les a (page 497) affranchis et liés plus étroitement que jamais. La forêt de Soigne et toute ligne de démarcation entre eux se sont effacées et ont disparu sous les boulets hollandais qu'ils affrontaient ensemble ; il n'y a plus que des frères parmi nous.

La physionomie générale de la ville fut la même les 28 et 29 que celle du 27. On courait au Parc alors ouvert au public ; on y voyait enlever les derniers cadavres d'hommes et de chevaux et activer une forge destinée à réparer les pièces d'artillerie prises à l'ennemi ou abandonnées par lui ; enfin les travaux qui tendaient à effacer ou à réparer les traces des dévastations commençaient de toutes parts. On venait d'étançonner les hôtels de Belle-Vue de l'Amitié et la maison Benard qui, criblés de boulets, menaçaient ruine de plus en plus.

On avait trouvé dans les palais et au Parc, où on les avait réunies en monceaux, des longues gargousses à mitraille faites par les Hollandais et qu'ils avaient délaissées ; leur composé était effrayant et prouvait qu'ils manquaient de munitions. C'étaient des morceaux de fer, de verre, de cailloux, le tout brisé et de toutes les formes ; on y voyait jusqu'à des sonnettes des palais et des piques des grillages du Parc.

Dès le 28, les hôtelleries se remplirent d'étrangers ; on venait voir le champ de bataille tandis qu'il fumait encore. Des femmes, des parents, des amis accouraient et demandaient le lieu où avaient péri ceux qui leur étaient si chers ! Ils suivaient les cercueils à la Place des Martyrs où les inhumations furent alors très nombreuses ! Le clergé y présidait ; un prêtre priait sans cesse sur les tombeaux !

(page 498) Des secours en vivres affluaient de toutes parts ; c'étaient des convois de charriots surmontés de drapeaux aux trois couleurs, portant le nom de la commune donatrice avec ces mots pour Bruxelles. On aplanissait les barricades devant eux ; les grains, viandes, chauffages, pains, pommes de terre, légumes secs, etc., se déposaient à l'ancien hôtel des Finances, rue des Sols, qui en était encombré. Un arrêté spécial du Gouvernement provisoire, daté du 28, avait affecté ce local à cette destination et avait prévenu que toutes les réceptions et distributions pour l'armée auraient lieu, à dater de ce jour, par les préposés qu'il avait nommés à cet effet ; M. Moreau en fut le directeur. Les paysans y amenaient jusqu'à des bestiaux avec un dévouement, un enthousiasme qui attendrissait. L'affluence des arrivants, l'abondance des dons ne peuvent se décrire ni s'évaluer : les journaux ont essayé de donner des listes, mais ils sont restés bien en dessous de la vérité.

Les reconnaissances envoyées à la poursuite de l'ennemi rapportèrent qu'il avait cessé son mouvement rétrograde à une lieue de la ville ; que la cavalerie occupait en force la plaine de Dieghem et d'Ever, ayant des grand'gardes sur Schaerbeek ; on apercevait même ses vedettes du haut de l'Observatoire ; on l'observait et on le surveillait de loin, sans tirer un seul coup de fusil ; mais on faisait bonne garde partout ; on semblait attendre et l'on avait raison ; mais on était plus que jamais déterminé à se défendre et même à attaquer en plaine au premier ordre ; on croyait tous les ponts coupés sur les derrières de l'armée, même celui de Walhem, et Malines en (page 499) insurrection ; on disait que la 15me division placée en réserve y avait été désarmée, et que les Belges qui la composaient en grande partie s'étaient joints aux bourgeois ; on se trompait cependant ; l'armée était maîtresse de toutes ses communications et aucun mouvement ne s'était encore manifesté à Malines, sauf l'adresse de plusieurs officiers belges au prince Frédéric, dans laquelle, tout en protestant de leur fidélité, ils demandaient à ne plus combattre contre leurs frères, adresse à la suite de laquelle ils furent tous arrêtés et conduits prisonniers à Anvers ; nous citons parmi eux le colonel Mertens qui s'échappa de prison pendant le bombardement de cette ville et combattit dès lors dans nos rangs.

Il y avait aussi quelques prisonniers belges dans l'armée ennemie ; leur nombre était de 50 à peu près ; parmi eux se trouvait M. Tencé, imprimeur, qui a rendu compte dans les journaux de la manière inhumaine dont ils furent traités en route, à Vilvorde, Malines et jusqu'à Anvers où ils furent liés aux piliers de la Place de la Bourse et où on les laissa sans vivres pendant plus de 50 heures ! Ils allèrent ensuite rejoindre sur un bâtiment-ponton ou à la citadelle leurs compatriotes qui y languissaient depuis le 22, et furent tout élargis à la fois par le prince d'Orange le 18 octobre.

Les derniers rapports du 28 au soir, arrivés au quartier-général, portaient qu'il n'y avait à Malines que 3 ou 400 hommes sans artillerie ; que le pont de Walhem n'était pas brûlé et qu'il s'y trouvait un bataillon avec des canons ; qu'il y avait à Campenhout beaucoup de monde avec une batterie, à Humbeek une compagnie, à Vilvorde un bataillon avec deux batteries, le parc de (page 500) réserve et 30 caissons, qu'enfin le gros de l'armée, composé encore de 8 à 10,000 hommes, se trouvait en avant de Dieghem.

Les renforts nombreux qui arrivèrent à Bruxelles les 28 et 29 peuvent être évalués à 2000 volontaires armés ; chaque contingent avait toujours sa bannière en tête et chaque homme l'initiale du nom de sa ville ou commune sur son bonnet ; ils arrivaient gaiement, pleins de confiance et demandaient l'ennemi ; mais le secours le plus considérable nous venait d'Ath. Nous avons déjà dit que le 27, au moment du passage de M. de Potter, le peuple avait désarmé la garnison ; M. Vandersmissen, nommé commandant de cette forteresse par le Gouvernement provisoire, même avant qu'elle fût occupée par nous, envoya d'abord à Bruxelles toutes les forces disponibles. Le 28, à huit heures du matin, on vit arriver les braves Athois, annonçant eux-mêmes leur victoire de la veille et amenant prisonniers tous les officiers supérieurs hollandais, savoir : un général d'artillerie, deux colonels, etc., ils avaient avec eux une batterie de six pièces de campagne attelées, un obusier et six caissons renfermant plus de 80,000 cartouches et de quoi en faire 300,000 autres. Le rapport de Vandersmissen annonçait en outre que, maître de l'arsenal, il y avait trouvé plus de 400 pièces de canon et un matériel suffisant pour faire la conquête de la Hollande ! Ce renfort important était rangé en bataille sur la Grand'Place ; on y comptait bon nombre de soldats de la 4me division et une compagnie d'artilleurs, tous belges. Les volontaires de Dour formaient la marche. Quant aux officiers belges, on n'avait pas eu la peine de les prendre, attendu qu'ils s'étaient mis eux-mêmes à (page 501) la tête du mouvement et commandaient la troupe et l'artillerie. C'était un vrai bataillon d'élite. On voyait pour la première fois à Bruxelles des officiers en uniforme, décorés des couleurs brabançonnes ! Cela fit un grand effet sur le peuple ; on s'attendait à des mouvements semblables dans toutes les autres villes encore douteuses ou opprimées ; on disait que le triomphe des Athois était un heureux augure ; on criait partout : Bravo ! vivent les Belges ! Il était bien question de songer à l'avenir !

L'on sut dans la journée que la veille un nombreux détachement de l'armée fugitive s'était présenté aux portes de Louvain d'où il avait été repoussé ; qu'il s'était alors replié sur Campenhout où il avait pris poste ; qu'on l'y avait poursuivi et qu'un engagement y ayant eu lieu vers six heures du soir, Louvain se trouvait encore sérieusement menacé ; le Gouvernement provisoire ordonna sur le champ au général en chef d'envoyer au secours de Louvain une colonne de 300 hommes avec deux canons ; M. Van Halen obéit et nomma pour commandant du détachement M. Kessels qui, après avoir terminé la barricade en demi-lune du haut de la montagne du Parc, s'était porté en tirailleur, dès le 27, à la poursuite de l'ennemi. Kessels partit dans la soirée du 28, arriva dans la nuit à Louvain sans obstacle et se porta sur-le-champ aux avant-postes où il escarmoucha continuellement en empêchant ainsi les Hollandais de rien tenter contre Louvain. Nous verrons que le poste du danger fut toujours celui de M. Kessels dans la campagne qui commençait, car les rapports ci-après (V. nos 3 et 4) de cette même date, ne (page 502) laissaient plus de doute que les opérations militaires allaient s'engager entre les deux partis. En effet, l'on fixe au 28 septembre l'ouverture de la campagne, appelée campagne d'Anvers, qui, interrompue momentanément, dès le 3 octobre, se termina au bout de 29 jours, par le bombardement de cette ville, et peu après, par une sorte de demi-armistice ! Campagne extraordinaire, s'il en fut jamais, où l'on vit de faibles détachements de volontaires déterminés de 100 ou 200 hommes, sans un seul cheval, harceler sans cesse en tirailleurs, un corps d'armée de 10 à 12,000 hommes munis d'artillerie et de cavalerie, le repousser dans toutes les rencontres, prendre des forts et des villes (telles que Lierre et Anvers ) de vive force, passer des fleuves et forcer des ponts sous le feu d'un ennemi dix fois plus nombreux, et le repousser ainsi jusqu'à ses frontières, en délivrant trois provinces et en s'emparant d'un rayon de plus de vingt lieues de pays ! Il faudra cependant que l'histoire impartiale consigne dans nos fastes ces faits presque incroyables, parce que ce sont des vérités qui seront éternellement l'honneur et l'orgueil des Belges, comme la honte de leurs lâches ennemis.

Il n'y avait donc aucun doute que l'armée hollandaise était démoralisée et commençait même à se désorganiser par le départ successif des soldats belges qui en formaient la grande partie et qui quittaient successivement ses rangs pour grossir les nôtres ; tout l'indiquait et le général en chef qui le savait mieux que personne et qui avait déjà réussi à pratiquer des intelligences avec les officiers belges de la citadelle d'Anvers, résolut d'agir sans le moindre retard et d'utiliser l'ardeur des nombreux renforts qui ne cessaient d'arriver à Bruxelles.

(page 503) Son plan bien conçu et bien mûri était de ne donner aucune relâche à l'ennemi, de le poursuivre l'épée dans les reins en le harcelant nuit et jour, d'achever ainsi sa désorganisation sans accorder ni trêve ni armistice, de profiter des mouvements populaires pour entrer dans les villes avant lui ou pêle-mêle avec lui, enfin d'attaquer, non la ville mais la citadelle d'Anvers ; d'arriver ainsi en huit ou dix jours aux frontières hollandaises et de les franchir même, si les circonstances l'indiquaient ou le permettaient.

Le succès d'un tel plan était alors infaillible ; son commencement d'exécution le prouva à l'évidence ; il eût sans nul doute évité de grands malheurs à Anvers ! mais une sorte de fatalité vint tout entraver, tout détruire !

Van Halen commença par faire attaquer, dès le 29, la position de Vilvorde où il se transporta de sa personne après la revue. Les auxiliaires de Couvin, Binch, Gosselies et Fontaine-l'Évêque s'y distinguèrent, et dès le lendemain au point du jour, l'ennemi avait évacué Vilvorde ; les habitants organisés sur-le-champ en garde urbaine répondirent des 1800 condamnés renfermés dans la maison de force.

On poursuivit l'ennemi ; une trentaine de volontaires osèrent attaquer vers Sempst la cavalerie de l'arrière-garde et lui enlevèrent 17 chevaux. M. Dewys, qui s'était distingué dans les quatre journées, conduisait ce détachement. Ce fait est réel, quoiqu'invraisemblable ; tout indiquait que l'on n'avait qu'à s'avancer pour marcher de succès en succès et refouler l'ennemi jusqu'au fond de ses marais.

Le général en chef organisa ses volontaires dans la (page 504) nuit et, dès le 1er octobre, ayant formé une colonne de 600 hommes avec trois pièces de canon, il en confia le commandement au brave colonel Moyard avec ordre de se porter rapidement en avant et d'attaquer, surtout la nuit, un ennemi démoralisé, genre de guerre le plus propre aux circonstances où l'on se trouvait.

Le mouvement était commencé ; Niellon avec son corps arrivait par la droite pour le soutenir ; tout marchait : le quartier-général allait être transporté à Vilvorde et l'ennemi était en pleine retraite, lorsque le 3 dans la nuit, le Gouvernement provisoire donna l'ordre au général en chef de faire rétrograder sur le champ toutes les troupes.

M. Van Halen, habitué à obéir comme à commander, souscrivit, avec autant de surprise que de regret à cette injonction ; les volontaires en murmurèrent ; mais le 4, dès l'aube du jour, tous les auxiliaires qui avaient commencé la campagne avec tant de zèle et de bonheur étaient de retour au Parc et le Gouvernement provisoire fut ponctuellement écouté et obéi ! Dès lors tout était fini ; l'ennemi respira et fut sauvé ! Les succès mêmes qu'on obtint si chèrement contre lui, 20 jours après, prouvèrent de reste combien ils eussent été alors faciles et complets. C'est l'unique occasion où l'on doit regretter qu'il y ait eu alors de l'ordre, un gouvernement, un chef ! Le peuple abandonné à lui-même, comme le 23, se fut jeté sur Malines et Anvers et serait arrivé aux frontières hollandaises à l'époque où l'on songea seulement à recommencer la campagne.

A cette date du 4 octobre, les deux partis faisaient donc retraite chacun de son côté ; c'est une remarque essentielle que nous trouvons consignée par M. Van Halen lui-même (page 505) dans son histoire des quatre journées où il rend compte avec détails de tout ce qui concerne cette intempestive marche rétrograde et comment il refusa d'en accepter la responsabilité, refus immédiatement suivi de son abandon du commandement ; nous renvoyons à son ouvrage et nous n'avons ici anticipé de quelques jours sur les événements que pour établir le point précis qui sépare la première époque de notre révolution de 1830 d'avec la seconde, point bien fixé par la fin de la campagne de Bruxelles et la création du 5§me et dernier Gouvernement provisoire. Des développements ultérieurs seront donnés au surplus à tous ces faits, si l'on entreprend un jour de tracer l'historique de la seconde époque.

Quelques mois se sont écoulés depuis lors ! les événements ont marché, ont parlé ; nous savons que c'est presqu'un ridicule de raisonner après coup et d'après eux ! Cependant deux questions, deux mystères se présentent ici ! 1° Quel eût été, quel serait maintenant, 28 janvier 1831, le résultat du plan de Van Halen, conçu et exécuté par lui ? 2° Quels motifs ont guidé le cinquième Gouvernement provisoire, lorsque le 3 octobre 1830, il donna l'ordre de cesser la poursuite et de finir momentanément la campagne ?

Il n'entre point dans notre sujet de répondre ; Van Halen l'a fait pour nous, du moins à la deuxième question, en prononçant les mots d'injustice et d'ingratitude et en se plaignant que, parmi nous, comme ailleurs, un soldat ne puisse jamais être à l'abri de soupçons et d'ombrages quand il a bien servi son pays et qu'il a été heureux et victorieux ! Qu'on nous pardonne cette digression ; nous reprenons notre récit.

(page 506) Vers la soirée du 28 une nouvelle alarme se répandit dans Bruxelles ; le tocsin et la générale mirent de nouveau tout en agitation. Le bruit courut que les troupes s'avançaient en force ; aussitôt de nouvelles précautions furent prises ; tous les volontaires se rassemblèrent en grand nombre sur la plaine des Palais, Place-Royale, Grand'Place et à la Monnaie. Des nombreux détachements sortirent de la ville ; les retranchements des boulevards furent garnis de dix bouches à feu attelées et prêtes à partir au premier signal. Les deux pièces suivantes furent affichées. (V. ci-après, nos 5 et 6.)

Cette alarme n'était pas tout-à-fait sans motif. Úne division de l'armée de Maestricht, forte de 5 à 6000 hommes et commandée par Cort-Heyligers lui-même, repoussée et battue à Tirlemont et à Louvain, avait fait un grand détour par sa gauche et, passant par Jodoigne et les environs de Wavre, d'où son avant-garde avait été chassée, s'était approchée de Bruxelles. Ce corps d'armée, composé du 5me dragons, des 7me et 8me divisions et de trois batteries avait couché à Leefdael, route de Wavre, et traversa à midi, la chaussée de Louvain vers Cortemberg, à deux lieues de Bruxelles pour faire sa jonction vers Dieghem ou Vilvorde avec le prince Frédéric dont il portait ainsi l'armée à plus de 16,000 hommes. Le brave Ragondet avec son détachement de 150 hommes au plus, composé des volontaires de Fontaine-l'Evêque, Binch, Namur et Couvin sortit par la porte de Laeken le 29 au matin, comme nous l'avons vu, pour reconnaitre les forces de l'ennemi sur Vilvorde dont il s'empara. Il rencontra les avant-postes vers Sempst ; il y avait des (page 507) cuirassiers, des hussards et des chasseurs formant un total de plus de 1500 hommes. Une fusillade s'engagea, l'ennemi démasqua six pièces et n'osa cependant poursuivre les nôtres qui se maintinrent à Vilvorde.

La garde bourgeoise avait reparu dans Bruxelles et recommençait à faire son service ; mais on sentait qu'elle était désorganisée depuis la journée du 20 et qu'elle ne pouvait être rétablie que sur d'autres bases ; elle devait même perdre son nom ! Son commandant en chef lui annonça ces changements et sa réorganisation par la proclamation suivante (V.ci-après, no 7.). Il fut entendu et compris ; les bourgeois de Bruxelles sentirent qu'il était urgent de reprendre la garde de leurs propriétés et de rivaliser de zèle et de dévouement avec nos auxiliaires accourus de toutes parts à notre secours et de partager avec eux les fardeaux imposés par les circonstances et par la nécessité ! D'autres actes et ordres du jour se succédèrent rapidement et la garde urbaine de la ville de Bruxelles, quel que soit le nom qu'on lui donne, reprit, dès le 29 septembre, son service actif avec le même zèle, la mème ponctualité que jamais ; nous rapporterons plus tard l'arrêté du gouvernement qui l'organisa d'une manière stable et définitive, jusqu'à ce qu'elle fut absorbée et confondue dans la loi générale sur les gardes civiques.

La pièce suivante (no 8) annonça une grande revue pour le 29 ; elle eut lieu vers 9 heures du matin ; on y compta environ 8000 volontaires armés et 16 canons et caissons, mais seulement deux compagnies de la garde urbaine. Une grande partie de ces forces partirent ensuite pour se porter contre l'ennemi. On pouvait disposer (page 508) alors de plus de 30 pièces de canon attelées et d'une batterie d'obusiers. Cette artillerie déjà formidable était parquée, Place-Royale, au Grand-Marché et dans les cours du Palais de Justice, de l'Athénée et du palais du prince d'Orange.

La nuit du 28 au 29 fut parfaitement tranquille ; on en était venu au point de s'habituer tellement au bruit du canon, au son du tambour, au tintement du tocsin, aux alertes, aux alarmes de tout genre qu'on ne tenait plus compte d'aucun bruit ni mouvement, dès qu'ils n'étaient pas extraordinaires et que le calme paraissait étrange et comme impossible.

Cependant la proximité de l'ennemi, l'incendie et le pillage non encore achevé des propriétés de M. Meeûs et plusieurs alertes avaient achevé de répandre la terreur dans toute la nouvelle rue Royale et dans les environs extérieurs de la porte de Schaerbeek. Le peu d'habitants qui y étaient restés, après 4 jours d'angoisses passés dans les caves, pillés par les soldats, en butte à mille horreurs, quittèrent tous leurs habitations et le 29 septembre au point du jour, tous ces lieux si animés, si peuplés se trouvèrent complètement déserts. On y aurait vainement cherché une âme ou un meuble.

Ce fut le 29 surtout que l'on commença à connaître à Bruxelles les nouvelles officielles des mouvements insurrectionnels des villes et forteresses de la Belgique qui reconnaissaient successivement l'autorité du Gouvernement provisoire ; on apprit alors les détails de la prise de Mons, d'Ath, de Bruges, etc. Nous y consacrerons une partie du supplément.

Les renforts affluèrent encore le 29 ; ils étaient logés (page 509) chez les bourgeois ou incorporés dans les corps francs ou détachements de guerre que l'on organisait sans relâche, Le fardeau des logements militaires devint alors pesant pour la bourgeoisie.

Et pendant que tout se mouvait et se soulevait en Belgique avec un ensemble, un concert, un enthousiasme indescriptibles, que faisait-on à La Haye ?

Nous l'avons déjà dit ; (V. page 249.) Depuis le 23 les sections des États-Généraux travaillaient les deux questions du message du 13 et les discutèrent publiquement, le 28 et le 29, lorsqu'on ne pouvait plus ignorer les événements de Bruxelles ; le 29 à 7 heures du soir, elles furent toutes deux résolues affirmativement ; la première, sur la séparation, par 50 voix contre 44, et la deuxième, sur le retouchement de la loi fondamentale, par 55 contre 43. Si ces décisions avaient été prises 10 jours plus tôt, ou si l'attaque de Bruxelles avait eu lieu 10 jours plus tard, qui peut dire quels eussent été les résultats ? Tandis que quand on connut ici ces grandes mesures alors si tardives, si intempestives, si inutiles, on sourit de pitié ! Elles confirment au surplus l'opinion que nous avons émise que l'attaque de Bruxelles le 23 fut un motu proprio du prince Frédéric ; le rapport officiel hollandais ne laisse d'ailleurs aucun doute à cet égard.

A dater du 26, le prince d'Orange présida chaque jour le conseil d'Etat et celui des ministres ; les courriers arrivaient à chaque instant du quartier-général, mais les journaux restaient muets comme le gouvernement ; on ne communiquait absolument rien au public ; la très grande majorité des membres des États-Généraux n'en (page 510) savaient pas davantage que d'autres ; les correspondances étaient rares et presqu'interceptées ; on disait vaguement qu'on se battait à Bruxelles, mais du reste il n'y avait pas un seul Hollandais qui doutât un instant du succès de la lutte dès qu'une fois elle serait engagée ; il aurait ri au nez, et peut-être fait pis, à quiconque aurait hésité à partager son avis ; il y eut des exemples !

Cependant le 29 on connut à La Haye l'arrivée de M. le comte de Pestre, aide-de-camp du roi, venant en courrier de l'armée ; on publia alors que le prince Frédéric avait toujours ses mêmes positions à Dieghem près de Bruxelles ; quoiqu'on insinua par là qu'il ne les avait pas quittées depuis le 21 et qu'on fit ainsi abstractions de ce qui s'était passé depuis lors, on ne put cacher longtemps la vérité et les Hollandais apprirent enfin qu'ils avaient été battus par la canaille de la Belgique ! Les conseils des ministres se multiplièrent alors de plus belle ; nous en verrons les résultats !

Les journaux de Hollande, d'Anvers, de Gand et de France faisaient hausser les épaules à Bruxelles ; on y voyait les détails de la bataille et de la prise de la ville le 23 et le 24 ; il y avait eu des combats à la Grand'Place, l'Hôtel-de-Ville avait été enlevé d'assaut, enfin les rebelles, réduits à un petit nombre, s'étaient soumis en implorant merci et à discrétion le 24 au soir ! Cort-Heyligers venait de faire son entrée à Bruxelles à la tête de 15,000 hommes après s'être emparé de Louvain !... Ceci était même officiellement garanti ! Libry à La Haye et Durand à Gand faisaient encore imprimer dans leurs feuilles, le 28 et même le 29, tous ces faits qu'ils affirmaient ; il est vrai que ce fut alors pour la dernière fois ; (page 511) mais enfin, voilà comme on écrit l'histoire quand on est aveuglé ou payé ! Cela inspirait un sentiment voisin du dégoût et surtout une sorte de désespoir de se voir ainsi joué et trompé, même sur des faits accomplis sous nos yeux, et par suite, de ne pouvoir jamais ajouter foi, à bien plus forte raison, aux récits des journaux quand ils nous parlent d'événements ou de contrées plus éloignées ! Au surplus les feuilles hollandaises ne cessaient d'insulter les Belges et leurs députés aux États-Généraux.

Dès le 29 les marchés de Bruxelles furent approvisionnés comme de coutume ; les villageois y affluèrent ; les patrouilles de nuit furent réorganisées dans tous les faubourgs ; tous les moulins étaient en activité ; la confiance et l'ordre renaissaient ; toute crainte de disette avait disparu ; un grand nombre de magasins et de boutiques se rouvrirent ; la banque reprit ses paiements.

Libry éprouva ce jour-là le dernier degré de l'avilissement ; Moke, son collaborateur du National, revenu, disait-il, sur le caractère et les intentions de cet homme qui avait encore alors l'infamie de demander l'incendie de Bruxelles, désavoua un article de journal qui l'avait fait fuir avec lui et voyager ensemble.

Les derniers rapports du 29 au soir portaient que le quartier-général du prince Frédéric était toujours à Vilvorde ; mais que cependant les divers mouvements de l'ennemi, pendant la journée, semblaient annoncer qu'il allait continuer sa marche rétrograde.

M. Cartwright, secrétaire de la légation anglaise, avait quitté Bruxelles le 26, au plus fort du feu ; il y revint de La Haye, dès le 29, et y retourna le surlendemain. Ces courses multipliées avaient sur les événements un (page 512) haut degré d'intérêt, d'importance et d’influence. Les inhumations continuèrent à la place des Martyrs le 29 ; il y en eut aussi à Laeken, entre autres celle de M. Moeremans fils, brave Bruxellois, tué le 26. Ce fut la première fois que l'on vit un cortège aussi nombreux accompagner, avec tous les honneurs militaires jusqu'au champ du repos, les dépouilles mortelles des victimes. M. de Potter en faisait partie. Il en fut de même à l'égard des braves Verheyden fils, riche négociant en vins à Bruxelles, Wouters, propriétaire de l'établissement du messager de Louvain, Lefebure, épicier, et Sablon de Wavre, géomètre du cadastre, enterrés le même jour.

Dans la journée du 29, M. Van Halen fit afficher la proclamation suivante (V. ci-après, no 9.) : et comme il faut être fidèle, avant tout, à notre profession de foi d'impartialité, disons encore ici avec beaucoup d'autres, que, quels qu'aient été les événements et les poursuites du mois d'octobre, la Belgique devra une éternelle reconnaissance au général Van Halen qui s'est chargé du commandement au moment le plus périlleux et qui, d'une présence d'esprit imperturbable, a su, par la vigueur de ses mesures, l'à-propos et l'habileté de ses manœuvres, répandre la terreur et la mort dans les rangs ennemis. Il n'est pas un de ceux qui ont combattu sous ses ordres qui ne se soit fait un devoir de lui rendre cette justice.

Le Gouvernement provisoire, depuis l'adjonction de M. de Potter, était composé de sept membres, outre un trésorier et deux secrétaires. Ces Messieurs, après s'être partagé les diverses branches du pouvoir, et s'être distribué les présidences des commissions par eux qualifiées (page 513) de Comités spéciaux, sentirent bientôt et même dans les vingt-quatre heures, qu'ils étaient trop nombreux pour gouverner ensemble ; que leur affaire n'irait pas et qu'il fallait, par une nouvelle combinaison, réduire le nombre des dictateurs ; on conçut alors la pensée d'un Comité central de trois membres qui gouvernerait seul, mais sur le rapport des comités secondaires et on la réalisa dans la soirée du 29 ; la pièce suivante fut publiée et affichée ; elle fait connaître les noms des trois élus. (V. ci-après, pièce n° 10.) Il allait sans dire que M. de Potter en ferait partie.

Quoi qu'on ait dit que l'on n'avait fait, par cette mesure, qu'écrémer le gouvernement déjà existant et que par suite il n'y avait rien eu de changé à l'état des choses qui n'était ainsi que modifié, nous persistons à croire que de fait, c'était un gouvernement tout nouveau, très distinct, très séparé du précédent, quoique pris exclusivement dans son sein, et qui doit porter seul, sous le nom de cinquième et dernier Gouvernement provisoire, la responsabilité de ses œuvres, puisque seul il les a accomplies et que son existence de plusieurs mois a concouru avec les grands événements qui ont fixé les destinées de notre patrie ; voici l'exposé rapide de ses premiers actes.

Proclamation datée du 29. ( V. ci-après, no 11).

Nominations nombreuses dans l'armée, tant dans les grades supérieurs que subalternes ; formation des cadres, etc.

Nominations de plusieurs gouverneurs de provinces, entre autres, de M. l'avocat Van Meenen de Louvain pour celle de Brabant, en remplacement de (page 514) M. Vanderfosse qui n'était cependant pas déclaré révoqué, M. Duchêne son secrétaire ; de M. Coghen comme commissaire-général des finances, M. l'avocat Delfosse son secrétaire ; d'une commission d'inspecteurs de l'instruction publique, composée de MM. Lebroussart, Vauthier, Kindt et Nicolay ; de M. Ch. Soudain comme administrateur-général des prisons ; de M. Alex. Weissenbruch comme directeur des logemens militaires, etc.

Il se hâta de s'occuper des intérêts urgents du commerce et de rapporter à cet égard l'arrêté du gouvernement précédent daté du 26 du même mois ; (V. ci-dessus page 448 et ci-après, no 12.) Il organisa une commission de secours qui rendit d'éminents services. (V. ci-après, no 13.)

Enfin ce cinquième et dernier Gouvernement provisoire s'occupa de la justice ; le comité spécial de cette partie était présidé par M. l'avocat Gendebien, l'un des membres non gouvernants du gouvernement, et composé de MM. les jeunes avocats Blargnies et Barbanson fils, et du vieil avocat Kockaert, bâtonnier de l'ordre ; ce ne fut que plus tard que M. De Facqz, autre jeune avocat, y fut adjoint.

Ces Messieurs se chargèrent d'arranger la justice de la Belgique et surtout son personnel qui était à peu près complet ; cependant, sans le moindre examen de leur mission et de leurs pouvoirs à cet égard, sans agiter même la question de convenance, de besoin, ou de nécessité, ils tombèrent d'accord qu'il fallait organiser ou au moins réorganiser ; on a dit depuis qu'ils avaient désorganisé et rien de plus, et en effet leurs mesures à l'égard de l'ordre judiciaire, le principe dont elles émanaient, les éliminations qui en devinrent les conséquences, (page 515) furent le commencement réel de l'impopularité qui rejaillit bientôt sur leurs auteurs, à qui divers écrits ont démontré de reste leur usurpation de pouvoirs et la nullité radicale de leurs destitutions en supposant mème qu'elles fussent révolutionnairement méritées.

L'arrêté suivant fut publié ; c'était un grand acte de puissance, un pas de géant fait vers l'indépendance. (V. ci-après, pièce no 14.)

L'établissement d'un gouvernement provisoire définitif, joint à la fin de la campagne de Bruxelles terminée vers le même temps par l'ordre rétrograde donné à l'armée, fait du 29 septembre, la ligne de démarcation entre les deux grandes périodes de la révolution de la Belgique en 1830 ; un autre ordre de choses va se présenter ; nous croyons donc devoir terminer ici cette partie de notre travail.


Pièces publiées ou connues à Bruxelles, les 28 et 29 septembre 1830

No 1. Le gouvernement provisoire de la Belgique

Un de nos meilleurs citoyens, M. de Potter, que le vœu national rappelait à grands cris depuis le commencement de notre glorieuse révolution, est entré dans nos murs. Le gouvernement provisoire s'est empressé de se l'adjoindre. En conséquence, à partir du 28 septembre 1830, M. de Potter fera partie du gouvernement provisoire.

Bruxelles, le 28 septembre 1830.

Signés baron VANDERLINDEN D'HOOGVORST ; CH. ROGIER ; comte FÉLIX DE MÉRODE ; GENDEBIEN ; S. VANDEWEYER ; JOLLY ; J. VANDERLINDEN, trésorier ; Bon F. DE COPPIN, J. NICOLAY, secrétaires.


(page 516) No 2. Lettre de M. de Potter

Mes chers concitoyens,

Me voici au milieu de vous ! l'accueil que vous m'avez fait m'a vivement ému, il ne sortira jamais de ma mémoire. Je ferai tout pour me rendre digne de vous et de la patrie. Brave peuple belge ! vous avez glorieusement vaincu ; sachez profiter de la victoire. Vos lâches ennemis sont dans la stupeur. Ne perdons pas un instant. Que tous les citoyens se groupent autour du Gouvernement provisoire qui est leur ouvrage. De leur côté, n'en doutons pas, les incendiaires que vous venez de chasser si ignominieusement de votre capitale préparent de nouveaux crimes. Plus d'hésitation, plus de ménagement ! il faut éloigner à jamais de nos foyers les assassins qui y ont porté le fer et le feu, le viol et le carnage. Il faut sauver nos mères, nos femmes, nos enfants, nos propriétés. Il faut vivre libres, ou nous ensevelir sous des monceaux de ruines.

Soyons unis, mes chers concitoyens, et nous serons invincibles. Conservons l'ordre parmi nous ; il nous est indispensable pour conserver notre indépendance.

Liberté pour tous ! égalité de tous devant le pouvoir suprême, la Nation ! devant sa volonté, la Loi ! Vous avez écrasé le despotisme ; par votre confiance dans le pouvoir que vous avez créé, vous saurez vous tenir en garde contre l'anarchie et ses funestes suites. Les Belges ne doivent faire trembler que leurs ennemis.

Peuple, ce que nous sommes, nous le sommes par vous ; ce que nous ferons, nous le ferons pour vous.

Bruxelles, le 28 septembre 1830.

DE POTTER.


(page 517) No 3. A M. le commandant en chef Van Halen au quartier-général

Rapport du premier corps franc du 28 au 29 septembre.

Hier, à 5 heures, j'ai quitté ma position en avant du cimetière sur la route de Louvain, pour me porter sur le flanc de l'ennemi ; mais à peine avais-je fait quelques pas dans les champs sur la droite, que j'entendis crier par les tirailleurs isolés : voilà la cavalerie ennemie ! aussitôt je formai mon corps en colonne par section et je revins sur la route pour couvrir le point menacé.

Je vis en effet un gros de cavalerie s'avancer sur la route de Louvain ; alors je marchai à sa rencontre avec mon monde et je signifiai à tous les tirailleurs qui ne faisaient pas partie de mon corps, l'ordre de ne pas tirer sans mon commandement. Cet ordre était très opportun, car le corps qui s'avançait n'était autre que celui du capitaine Boucher, qui venait de faire une reconnaissance à cheval et qui n'avait pas passé devant mes avant-postes pour cette expédition.

Après avoir reconnu ce corps moi-même, je repris ma direction au travers du bois qui est à droite de la route de Louvain ; je suis parvenu à couvert, lorsqu'il faisait déjà très nuit, à Woluwe-Saint-Lambert, village qui est entièrement sur le flanc de l'extrême gauche de l'armée ennemie. De là, je me suis porté sur ses avant-postes, placés à deux portées de fusil. Notre approche et quelques coups de feu ont mis les troupes dans une confusion tellement extraordinaire, que je n'ai pas cru dangereux de prendre position pour la nuit dans le voisinage de gens qui avaient si peur, quoiqu'en si nombreuse compagnie. J'ai donc établi mon quartier-général à Woluwe, où mes hommes ont bivouaqué devant les faisceaux, après que j'eus établi une ligne de postes autour de moi.

(page 518) Pendant mon séjour ici, est arrivé le secrétaire de la commune de Dieghem qui revenait de ce dernier village. Je l'ai de suite fait venir et interrogé : j'ai su par lui que le prince Frédéric était à Dieghem et cherchait à sonder les dispositions des troupes pour calculer probablement les chances qu'il pourrait avoir pour une nouvelle expédition. Les troupes, d'après les rapports, seraient disposées à refuser de retourner contre Bruxelles. Les soldats sont démoralisés au point que l'habit bourgeois seul leur inspire de la terreur.

Cependant d'autres renseignements que j'ai recueillis des paysans, me feraient croire qu'il s'opère dans ce moment un mouvement en avant. J'aurai, au point du jour, des notions positives là-dessus, car je suis si près de l'ennemi, que j'entends les paroles qu'échangent les patrouilles des leurs qui se croisent en tout sens. La prudence ne me permet pas de vous faire connaître mes intentions ultérieures, parce que je ne suis pas très assuré du sort du présent rapport.

A vous, à la vie et à la mort,

NIELLON


No 4. Rapport de la sortie faite le 28 septembre, à 4 heures de relevée, par le détachement de Couvin

A cinq heures, arrivé en avant et à portée de canon du village de Dieghem, suivant toujours la route de Schaerbeek, je fis déployer sur le côté droit, et en flanc gauche sur la route de Louvain.

La générale qui fut battue immédiatement par l'ennemi occupant le village de Dieghem, fit sortir deux escadrons de dragons et un bataillon d'infanterie ; trop faible pour soutenir de front une attaque, je gagnai la route de Louvain en conservant une distance de demie-portée de canon de la route neuve qui est à droite du village après avoir laissé sur la route de Schaerbeek douze braconniers, en avant du moulin-à-vent et embusqués à la (page 519) chapelle ; le feu de ces hommes s'étant engagé, je restai sur la route de Louvain jusqu'à la nuit tombante. (Un cavalier fut tué par eux.)

En me repliant sur Bruxelles, en suivant la route de Louvain, je fus arrêté par le corps franc, commandé par M. Niellon.

Je repris position sur le côté gauche de la route de Bruxelles à Louvain et j'y restai jusqu'à la nuit entièrement close.

Quelques paysans questionnés dans les champs que nous avons parcourus, ne sont point d'accord sur la force de l'ennemi ; les uns l'élèvent à dix mille hommes, d'autres à six mille et finalement à cinq.

Son centre est à Dieghem, sa gauche s'étendant sur la route de Louvain. Bruxelles, le 29 septembre 1830.

Le capitaine commandant l'expédition,

L. RAGONDET, membre de la légion d'honneur.


No 5. Ordre du jour

Messieurs les commandants de toute force armée, soit de la cité, soit ceux des villes et villages qui se trouvent à Bruxelles, sont invités à se rendre tous les jours, à 10 heures du matin, au rapport au quartier-général, au Parc. En cas de maladie ou d'absence, ils se feront remplacer par leurs lieutenants pour que le service ne souffre en aucune circonstance.

Jusqu'à nouvel ordre, en cas d'alarme, les lieux pour les rassemblements demeurent fixés comme suit :

Pour toutes les compagnies logées dans le bas de la ville, sur la place de la Monnaie ;

Pour les compagnies logées dans le haut de la ville, sur la Place Royale.

Au quartier général, ce 29 septembre 1830.

Le commandant en second, comte VANDER MEEREN.


(page 520) N° 6. Proclamation

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA BELGIQUE

Ordonne de faire rétablir sur-le-champ toutes les barricades de la ville et invite tous les bons patriotes à se tenir dans un état permanent de défense.

Bruxelles, le 29 septembre 1830.

Suivent les signatures.

M. le général en chef fera mettre cette proclamation à l'ordre du jour.

Pour copie JUAN VAN HALEN.


No 7. Ordre du jour

Braves Bruxellois !

L'ennemi a été repoussé loin de nos murs ; ses cohortes régulières n'ont pu résister à votre héroïque courage ; mais pour jouir paisiblement des fruits de la victoire, il importe qu'une garde urbaine soit organisée définitivement pour le maintien de l'ordre public, soin que ne peuvent plus prendre sur elles les colonnes mobiles qui marchent sur l'ennemi ; en conséquence nous avons jugé nécessaire de prendre les mesures suivantes :

La garde urbaine sera composée de tous les habitants capables de porter les armes, depuis l'âge de 18 ans jusqu'à 50.

La solde des ouvriers sera de 75 cents par jour quand, par leur tour de rôle, ils seront appelés à être de garde.

(page 527) Messieurs les chefs de sections sont invités à faire immédiatement le recensement de toutes les personnes appelées, par leur âge, à faire partie de la garde, en indiquant celles dont la solde devra être payée lorsqu'elles seront de service.

Bruxelles, le 28 septembre 1830.

Le commandant en chef :

BARON Vanderlinden D'HOOGVOORST.


No 8. Ordre du jour

Le tocsin sonné par la grosse cloche de la cathédrale et la générale qui sera battue dans la matinée, seront le signal du rendez-vous pour tous les hommes en armes qui se trouvent maintenant à Bruxelles. Les sections sont également priées de se rendre sur la place devant les palais où aura lieu une réunion générale à l'effet de prendre des dispositions pour une grande revue.

Quartier-général à Bruxelles, le 28 septembre 1830.

Signé, JUAN Van Halen.

No 9. Proclamation

Habitants de Bruxelles !

Trois jours se sont à peine écoulés depuis qu'un ennemi féroce portait dans vos murs le massacre et l'incendie. Votre audace intrépide, votre indomptable persévérance, secondées du généreux dévouement des auxiliaires arrivés des autres communes, ont triomphé de tous les obstacles. Il a fui, laissant vos places publiques, vos rues, vos promenades jonchées de blessés et de morts.

Au moment de cette crise terrible, je me trouvais parmi vous. Je ressentais la plus vive sympathie pour une cause si sacrée, (page 522) pour tant de courageux efforts ! Plusieurs d'entre vous qui m'honoraient de leur estime, m'offrirent le commandement en chef. Je l'acceptai avec orgueil, avec reconnaissance ; heureux de pouvoir servir en Belgique la liberté que j'étais sur le point d'aller défendre dans ma patrie.

Aujourd'hui vous êtes affranchis de la présence de vos tyrans. Heureux d'avoir pu contribuer à cet éclatant succès, je m'empresse de vous adresser mes remerciements ardents et sincères pour la confiance que vous m'avez témoignée et dont je serai fier toute ma vie.

Bruxellois ! Liégeois ! Belges ! accourus de tous les points à la défense de cette capitale ! Vous êtes un grand, un noble peuple. Par des prodiges de bravoure, vous avez su vaincre : sachez profiter de la victoire. Les dangers qui vous menaçaient sont éloignés, mais ils n'ont pas disparu. Persistez obstinément dans vos nobles efforts. Exercez la plus vigoureuse surveillance à l'égard de vos ennemis intérieurs, maintenant plus redoutables que ceux du dehors. Maintenons surtout l'ordre dans vos murs. Point de dévastation, point d'incendie. Ceux qui pillent sont ceux qui n'ont pas voulu combattre ! Et si vos oppresseurs osaient se présenter encore, qu'ils retrouvent en vous les hommes de l'immortelle journée du 26 septembre.

Recevez encore, braves citoyens, le témoignage de mon attachement et de mon admiration. L'un des plus doux souvenirs de mon existence sera d'avoir participé à vos triomphes.

Du quartier-général, le 29 septembre 1830.

Le commandant en chef des forces mobiles.

JUAN VAN HALEN.


N° 10. Le gouvernement provisoire de la Belgique

Considérant que ce qui importe le plus dans les circonstances actuelles est la prompte expédition des affaires, a nommé dans son (page 322) sein un Comité central chargé de l'exécution de toutes les mesures prises sur le rapport des comités spéciaux. Le comité central est composé de trois membres ; savoir : MM. de Potter, Ch. Rogier et S. Vandeweyer.

Bruxelles, le 29 septembre 1830.

Signés : F. DE MERODE, JOLLY, F. DE COPPIN, J. VANDERLINDEN, J. NICOLAY, baron EM. VANDERLINDEN d'HOOGBORST, GENDEBIEN.

No 11.


Proclamation

Braves concitoyens ! vous avez chassé l'ennemi du dehors. Il faut maintenant nous mettre en garde contre un ennemi qui se trouve au milieu de nous et qui n'est pas moins redoutable à la consolidation de l'édifice de nos libertés. Sans le respect le plus inviolable pour les personnes et les propriétés publiques et privées, nous ne parviendrons jamais au noble but que se proposent les amis de la patrie.

Guerre aux ennemis ! Paix aux citoyens ! Nous sommes tous frères, tous également intéressés au maintien de l'ordre intérieur, comme nous sommes tous intéressés à l'extermination des incendiaires qui nous menacent.

Nous invitons tous les citoyens à se protéger les uns les autres. Tout le monde, toutes les propriétés sont sous la garde de tous.

La belle cause que le peuple a fait triompher est trop pure pour que nous l'exposions à être souillée par des excès. Laissons le pillage et l'incendie aux ennemis de la Belgique : les Belges ne doivent porter le fer et le feu que dans les rangs des Hollandais.

Bruxelles, le 29 septembre 1830.

Le comité central : Signés, DE POTTER, Ch. ROGIER, S. VANDEWEYER.


No 12. Gouvernement provisoire de la Belgique

(page 524) Vu la requête présentée par MM. Engler, Mathieu-Mouremans, Rahlenbeek, Michiels, Messel-Blissett et autres négociants recommandables de Bruxelles, sur l'impossibilité où se trouvait ces jours derniers le commerce d'encaisser aucun effet et de remplir les formalités exigées par la loi, en cas de non-paiement à l'échéance ;

Reconnaissant l'urgence des mesures réclamées par le commerce dans les circonstances actuelles ; arrête :

Art. 1er. Est prorogée l'exigibilité de tous effets de commerce échus ou à échoir et payables à Bruxelles depuis le 19 de ce mois et ce jusqu'au 25 octobre prochain.

\2. Tout protêt, recours en garantie et prescription des effets de commerce mentionnés à l'article premier sont également suspendus pendant l'intervalle ci-dessus.

\3. L'ordonnance du 26 de ce mois sur le même objet est rapportée.

Fait à Bruxelles, à l'Hôtel-de-ville, le 29 septembre 1830.

Suivent les 3 signatures du comité central.


No 13. Gouvernement provisoire

Vu la nécessité de prendre de promptes mesures sur les soins que réclament les généreux défenseurs de nos libertés, blessés dans les mémorables journées des 23, 24, 25, 26 et 27 septembre,

ARRÊTE :

(page 525) 1° Il y aura une commission, spécialement chargée de la surveillance et de la direction des hôpitaux et ambulances, ainsi que de la distribution des secours.

2° Cette commission adressera tous les 3 jours à la commission de l'intérieur près le Gouvernement provisoire, un rapport détaillé sur l'état des hôpitaux et ambulances, ainsi que sur leurs besoins et les moyens d'y pourvoir. Ce rapport contiendra les noms, domiciles et professions des personnes blessées et les renseignements qu'il aura été possible d'obtenir sur leurs familles et leur position domestique.

3° Elle se fera rendre, jour par jour, semblable rapport par les directeurs des hôpitaux et ambulances.

4° Cette commission sera également chargée d'organiser les collectes à domicile et de recevoir les dons offerts par la bienfaisance publique.

5° Sont nommés membres de cette commission centrale :

MM. Ranwet, père, pour l'hôpital du gouvernement ; Depage fils, pour l'hôpital Saint-Jean ; Kieckevort, pour l'hôpital Saint-Pierre, et M. le docteur Vleminckx, comme médecin en chef attaché à ladite commission centrale.

Le comité de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Bruxelles, le 29 septembre 1830.

Signés DE POTTER, Ch. ROGIER, VAN DE WEYER.


(page 526) No 14. Arrêté

GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA BELGIQUE

Comité central.

Le comité central ARRÊTE :

Art. I. La justice se rendra au nom du Gouvernement provisoire de la Belgique.

Art. II. Tous les actes publics seront rendus exécutoires au nom de la même autorité.

Art. III. Les comités de la justice et de l'intérieur sont chargés de l'exécution du présent arrêté.

Bruxelles, le 29 septembre 1830,

Mêmes signatures.

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