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Frère-Orban
GARSOU Jules - 1945

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Jules GARSOU, Frère-Orban

(Paru à Bruxelles en 1945, aux éditions de la Renaissance du Livre)

Chapitre IV. Le ministère Rogier (1857-1868) (deuxième partie : 1863-1868)

Longue crise - Hésitation de la droite - Le programme Dechamps non agréé par Léopold Ier - Grand succès de Frère-Orban à la tribune : la droite désavoue les tendances ultramontaines - Une grève parlementaire - Dissolution de la Chambre - Victoire finale et maintien du cabinet - Difficultés avec le Roi - Création de la Caisse d'Epargne - Frère-Orban découragé - Mort de Léopold Ier et trêve politique.

Avènement de Léopold II - Le mouvement démocratique et le projet électoral de Jules Guillery : Frère le combat - Son hostilité au suffrage universel au suffrage universel - La défense nationale : Frère et le Roi - Napoléon III et la question du Luxembourg - Retraite de Rogier

(page 48) L'insuccès électoral relatif de juin 1863 fut le point de départ d'une crise politique intense et prolongée, qui affecta tout d'abord le parti libéral, frappa ensuite le parti catholique essayant de se transformer, et l'écarta pour longtemps encore du pouvoir.

L'effet moral immédiat de l'échec dut être « immense », puisque le ministère hésita plus d’une semaine à conserver la direction du pays. Il se ressaisit cependant, et la mémorable victoire de Rogier à Tournai, où la mort d'un député libéral l’amena à se représenter sur les très vives instances de Frère, parut faire espérer un revirement. Paul Devaux s'en était tenu à sa résolution de retraite définitive.

La session parlementaire fut inaugurée par un discours du trône plutôt pâle. La vérification des pouvoirs entraîna l'annulation pénible, à la majorité d'une seule voix, des élections de Bruges, et retarda la discussion et le vote de l'adresse.

Frère-Orban se trouva tout de suite aux prises avec la députation anversoise, qui réclamait une enquête sur les fortifications. Le cabinet la repoussa et le ministre des Finances saisit cette occasion pour flétrir le marché conclu entre la droite et les représentants du Meeting, celle-là pour renforcer ses (page 49) cadres, ceux-ci en abandonnant d'audacieuses promesses. « Si nous avions voulu, s'écria-t-il en réponse à une interruption de Dumortier, livrer le trésor public au pillage, si nous avions voulu faire bon marché de l'honneur et de la dignité du gouvernement, nous serions encore ici avec notre ancienne majorité. Nous ne l'avons pas voulu, nous n'avons pas voulu sacrifier notre conscience à l'intérêt de notre parti et voilà pourquoi vous comptez aujourd’hui dans vos rangs les cinq députés d'Anvers... »

Le jeune Victor Jacobs fit ses débuts en ripostant à Frère et s'efforça de justifier le mouvement anversois. Aux violences de langage qui avaient été entendues dans les meetings, il opposa les émeutes qui avaient, en 1857, préparé le retour des libéraux au pouvoir, et demanda si les partis tout entiers devaient être rendus responsables de certaines excentricités. Il alla jusqu'à dire en terminant : « Sans doute M. le ministre des Finances n'a pas parlé sérieusement ; s'il l'avait fait, je ne lui aurais répondu que ces mots : il n'y a que ceux qui sont capables de se vendre qui voient partout des marchés »

Frère-Orban, piqué au vif, réclama le rappel à l'ordre du député téméraire. Mais le président Ernest Vandenpeereboom refusa, alléguant que si les paroles de Victor Jacobs étaient dures, celles du ministre à l'égard des Anversois ne l'étaient pas moins. Frère-Orban ne lui pardonna pas cette attitude.

Le débat s'était terminé par l'adoption d'un ordre du jour que présentèrent Dolez, Orts et Henri de Brouckère, refusant toute modification au système de défense décrété en 1859.


Le nouveau scrutin brugeois fut désastreux : les deux libéraux élus 1è 9 juin se virent remplacés par deux catholiques, et la majorité gouvernementale fut réduite à deux voix. La crise, du coup, n'était plus évitable. Le ministère démissionna le 14 janvier 1864.

Pendant sept mois, aucune issue ne fut trouvée à (page 50) la situation, restée sans exemple dans notre histoire parlementaire. Un véritable chassé-croisé d'hommes politiques se produisit. Léopold aurait d'abord désiré en revenir à une sorte de ministère mixte ou centre-gauche ; il s'adressa vainement à des libéraux modérés : Henri de Brouckère, Eudore Pirmez, Faider, Dubois-Thorn, le prince de Ligne, voire J.-B. Nothomb. Il avait entre-temps une première fois sondé de Theux et Dechamps, qui n'avaient guère montré d'appétit pour le pouvoir ; il revint à eux après l'échec des dernières combinaisons. Ils persistèrent dans leur refus.

Frère est tenu au courant de ces péripéties, par Van Praet notamment. Il sollicite l'avis de Trasenster et de son collègue liégeois Muller qui jugent la situation fausse et conseillent de ne pas reprendre le pouvoir, car leur ami ne doit pas compromettre son avenir. Aussi, sollicités par le roi de garder leurs portefeuilles, les ministres maintiennent leur démission.

Cependant la droite se trouve dans un grand embarras, que les coulisses de la crise, éclairées par des lettres de Dechamps et de Dumortier à Van Praet, nous ont dévoilé. Les chefs étaient blâmés par les soldats de ne pas accepter le pouvoir et la droite se disputait. Sous l'impulsion des jeunes catholiques, les dirigeants, traités de « perruques », et qui ripostaient en se gaussant des rêveries, des fantaisies de leurs rivaux, laissèrent finalement Dechamps, rallié à l'esprit nouveau, tenter sa chance.

Le roi ne s'était pas pressé de dénouer le nœud gordien. Il avait fait à Londres un assez long séjour. A son retour, il fit appeler Dechamps et lui demanda son programme.

La discussion s'engage. Le désaccord s’affirme tout de suite. Des modifications sont proposées. On ne parvient pas à s’entendre. Dechamps abandonne la partie.

Ce programme, « démagogique » pour le temps, avait provoqué chez Léopold un haut-le-corps. Pour satisfaire ses nouveaux alliés, les meetinguistes anversois, Dechamps leur avait promis de rechercher (page 51) une solution favorable aux intérêts de la métropole et compatible avec les nécessités de la défense nationale. Ce fut, prétend Woeste, le motif réel de l'opposition royale. Léopold se refusait également à consacrer les restrictions apportées à la nomination des bourgmestres par la couronne, le choix des échevins par le conseil communal, et surtout l'abaissement du cens électoral pour la province et la commune, Comme il le disait à Dechamps : « Si vous, conservateurs, vous commencez un steeple-chase avec les libéraux, où cela nous mènera-t-il ? »


Rogier est rappelé. D'assez longs pourparlers s’engagent, car le chef du cabinet, pas plus que Frère et ses autres collègues, ne manifeste une bien vive envie de reprendre la direction des affaires. Il s'y résigne enfin, le roi consentant à sanctionner le programme libéral, qui comporte les lois sur les bourses d'études et sur le temporel des cultes.

Sur ces entrefaites, la Chambre des représentants reprend ses séances. Un débat sur la situation se prolonge du 31 mai au 18 juin. Il est marqué par un des plus grands succès de tribune de Frère-Orban qui, le 3 juin, arrache aux cléricaux le désaveu unanime et spontané des théories anticonstitutionnelles de la Civiltà cattolica et du Bien public, sanctionnées pourtant par le pape.

Toutefois, un ordre du jour refusant la confiance au gouvernement ne fut repoussé que par une voix de majorité.

Pour sortir de l'impasse, Orts proposa d'augmenter le nombre des représentants et des sénateurs, sans attendre le recensement décennal. La droite représenta cette motion comme un coup de parti, et refusa de siéger. La mort d'un député libéral ayant supprimé la majorité absolue de la gauche, la Chambre.ne pouvait plus délibérer valablement.

Il ne restait plus qu'à la dissoudre - le Sénat avait (page 52) exprimé sa confiance au cabinet et à faire appel au pays.

Le succès ministériel fut important : 64 libéraux passèrent contre 52 cléricaux. Le parti libéral avait marché très uni au scrutin, abstraction faite de dissidences radicales à Bruxelles et à Liége. L'élément flottant, inquiet de l'évolution qui s'opérait dans le parti catholique, impressionné par une déclaration de Frère présentant un succès clérical comme un véritable danger pour le pays, s'était rejeté à gauche.


La victoire du cabinet ne le préserva pas longtemps de difficultés nouvelles, suscitées cette fois par Léopold Ier au sujet du programme pourtant admis par Sa Majesté, après de vives répugnances qui reparurent bientôt, se prolongeant au point que, à la suite d'extraordinaires palabres, les ministres étaient résolus à démissionner.

Le roi céda, puis revint sur sa concession, ne se résignant à présenter le projet sur le temporel des cultes que devant la menace de retraite de Van Praet lui-même.

Le Sénat discutait en ce moment la loi sur les bourses d'études, et plusieurs membres de la gauche n'étaient pas disposés à la voter. Un article impliquant , prétendait-on, rétroactivité, fut même rejeté en première lecture par parité de voix. Grâce à de grands efforts, deux sénateurs libéraux transformèrent leur vote hostile en abstentions et la loi passa. La sanction royale fut finalement arrachée.


Ce dangereux défilé franchi, l'atmosphère politique, parlementairement parlant, devint fort calme durant l'année 1865. La droite, désemparée, s'effaça, d'autant plus que le ministère était disposé à rester sur la défensive Quant au roi, il n'avait cessé de critiquer l'attitude belliqueuse des partis, regrettant, après avoir dévoué, les tendances trop démocratiques de la (page 53) droite, les initiatives, trop anticléricales à son goût de la gauche, et causant ainsi maint ennui à son ministère.

Plusieurs membres du cabinet, Tesch et Vandenpeereboom particulièrement, ne parlaient que de se retirer. Frère lui-même aspirait au repos, se plaignant, dans une lettre à Van Praet, des « pouvoirs occultes » plus puissants que les « pouvoirs responsables », et critiquant fort l'attitude du roi défiant toute patience.


L’année 1865 vit la création définitive de la Caisse d'épargne sanctionnée le 16 mars par le roi, et dont les résultats magnifiques ont confirmé les prévisions de Frère-Orban, taxées d'audacieuses par ses contradicteurs parlementaires.


Parmi les interventions de Frère-Orban, il faut noter le refus qu'il opposa à un amendement Orts au projet de loi sur les fraudes électorales. Le député de Bruxelles exigeait des électeurs la connaissance de la lecture et de l'écriture. Frère représenta cette obligation comme une garantie illusoire, d'application difficile et même dangereuse. L'amendement fut écarté.


Peu après la clôture de la session, la santé de Frère, qui semblait fort compromise, et la retraite de Tesch, cette fois irrévocable, faillirent de nouveau disloquer le cabinet.

Une sérieuse crise physique, qui bientôt rejaillit sur le moral, avait effectivement atteint et presque brisé Frère-Orban.

S'étant rendu pour une cure à Creuznach, il était tombé tout à coup dans le pessimisme le plus noir. Comme l'écrivait Frère à Rogier, il voulait « envoyer sa démission, ne croyant plus pouvoir s'occuper d'affaires publiques. »

Heureusement, la situation s'améliora soudain par (page 54) le rétablissement de Frère et le seul départ de Tesch, que Bara remplaça.

L'entrée au ministère de ce jeune député qu'un journaliste, en 1869, qualifiait la dernière des cinq grandes créations de Frère-Orban, provoqua dans la presse cléricale une explosion de colères. Un débat sur la politique générale du cabinet s'était engagé. Frère-Orban y participa. Il dénonça de nouveau le parti qui affirmait l'opposition entre l'Encyclique et la Constitution, et demanda à la droite de s’unir à la gauche pour combattre de dangereuses tendances.


Soudain, la santé de Léopold Ier, fort chancelante déjà, inspira les plus vives inquiétudes. Aussitôt cessa toute discussion parlementaire, et les journaux suspendirent leur polémique. Une véritable trêve suivit la mort du roi et l'avènement de Léopold II.

Paul Devaux, par une étrange suggestion, avait exprimé l'avis que la retraite du ministère était désirable. Il croyait, comme beaucoup de catholiques, que le nouveau souverain pourrait bien demander à ses ministres de quitter le pouvoir. Un départ anticipé lui paraissait donc préférable. Van Praet semblait partager l'opinion de son beau-frère. Certains ministres, Rogier lui-même, inclinaient à suivre ce singulier conseil, auquel Frère-Orban s’opposa nettement.

L'éventualité envisagée ne se produisit du reste pas, et Léopold II pria le cabinet de rester à ses côtés.


L'accalmie persista quelque temps au début du nouveau règne. La question cléricale fut tout d'abord peu discutée. Le parti catholique était désemparé et divisé : pour les conservateurs, d'Anethan, de Theux, Malou, Dumortier, Schollaert le programme Dechamps avait été un danger. Les néo-cléricaux, Victor Jacobs, Royer de Behr, Delaet, Coomans, conciliaient un ultramontanisme assez accentué avec des (page 55) idées plus démocratiques et un antimilitarisme plus ou moins ardent.

Depuis l'initiative subite d'Adolphe Dechamps, la question électorale était à l'ordre du jour. Sous l'impulsion d'éléments plus bruyants que sérieux, et qui ne parvenaient guère à émouvoir l'opinion plutôt indifférente, une initiative timide encore fut prise per un député de Bruxelles appartenant à la jeune gauche, Jules Guillery : il saisit la Chambre d'un projet abaissant à quinze francs le cens pour les élections provinciales et communales, moyennant la connaissance de la lecture et de l'écriture. Frère-Orban, très opposé à ce système qu'il estimait, par suite de son imprécision, devoir conduire rapidement au suffrage universel, contribua fortement à lui faire substituer un projet gouvernemental très restrictif, par l'exigence d'un certificat de fréquentation scolaire.

Au cours de la discussion, ajournée pendant un an, il avait déclaré qu'il ne voulait du suffrage universel ni en deux, ni en trois, ni en cinq actes, parce qu'il n'entendait pas « constituer en arbitres du pays les manouvriers et les valets de ferme. » Ses adversaires lui reprochèrent souvent cette expression, plutôt malheureuse, et Frère devint, aux yeux des démagogues, la personnification de la résistance à l'émancipation du quatrième Etat.

C'était en ces temps-là qu'une pléiade de jeunes gens d'avenir, Paul Janson, Charles Graux, Eugène Robert, Edmond Picard, Xavier Olin, Victor Arnould, fondait un journal, la Liberté, reflétant les aspirations du Meeting libéral qui trouvait l'Association libérale trop timorée. Ils reprochaient avec passion au ministère son inaction, son indifférence pour les réformes politiques et sociales.

Nous verrons ce mouvement s'accentuer, semer la division dans les rangs du libéralisme et contribuer, en 1870, à la chute du cabinet Frère-Orban.


Les années 1866 et 1867 furent caractérisées par (page 56) de graves préoccupations internationales. Elles virent apparaitre, à cette occasion, des divergences entre Léopold et ses ministres. D'autre part se produisaient des heurts entre Rogier et Frère-Orban, entre ce dernier et les généraux Chazal et Goethals. Enfin, l'extension de la loi de 1842 aux écoles d'adultes amena la retraite du ministre de l'Intérieur, Alphonse Vandenpeereboom. Cette mesure. déplut particulièrement à Frère, servit d'explication à la dislocation du cabinet Rogier, provoquée en réalité par des raisons plus graves.

Deux grosses questions se trouvèrent alors au premier plan des préoccupations gouvernementales : la défense du pays, l'affaire du Luxembourg. La première faillit, en 1866 déjà, disloquer le cabinet ; la seconde surgit brusquement l'année suivante, augmentant les divergences Le cabinet Rogier n'y survécut pas.

Frère-Orban, pour des motifs politiques et financiers, d'ailleurs sérieux, résistait au roi qui, devançant l'opinion de l'époque, préconisait, dans sa patriotique clairvoyance, le renforcement de l'armée et le développement sur la rive gauche du camp retranché d'Anvers. Léopold II, qui considérait en fait le ministre des Finances comme tête du cabinet, fit les plus grands efforts pour le gagner à ses vues. Sur ses instances, fut décidée la constitution d'une commission parlementaire et militaire, pour étudier la question si grave de l'organisation de l'armée et de l’armement. Chazal, en dissentiment avec ses collègues qui redoutaient, au point de vue budgétaire et électoral, les dépenses réclamées par le ministre de la Guerre, finit par donner sa démission. Le général Goethals, qui lui succéda, ne tarda pas à prendre parti contre Frère-Orban. Leur désaccord devint visible et sans remède.

Sur ces entrefaites, la commission militaire s’était mise à l'œuvre. Le service personnel y fut proposé, mais rejeté. Les conclusions, toutefois, tendaient à la consolidation et au renforcement de la défense (page 57) nationale. Mais les propositions de la commission furent profondément modifiées par la section centrale de la Chambre. Léopold II, d'accord avec Goethals, s'efforça vainement d'écarter ces transformations et d'obtenir de Rogier et de Frère l'exécution de son programme.


D'autre part, l'affaire du Luxembourg encore venue aggraver les rapports du chef du cabinet et du ministre des Finances. On sait qu'il fut sérieusement question de la cession du Grand-Duché à la France, et que l'opposition de la Prusse empêcha la combinaison, Napoléon III ayant reculé devant une guerre et accepté la réunion d'une Conférence à Londres. Rogier aurait voulu obtenir des Puissances le retour du Luxembourg à la Belgique, au prix même d'une rétrocession à la France des cantons belges perdus par elle après Waterloo. Frère-Orban voyait dans cette tentative un véritable danger du côté de la France et de la Prusse. Il parvint à faire écarter le projet, non sans de vifs colloques avec le premier ministre. Un échange de vues très serré avait aussi eu lieu sur la question militaire entre le roi et Frère-Orban, dont la résistance, parfois très vive, aux volontés royales, n'avait pas diminué l'ascendant.


La preuve en fut faite lorsque la crise ministérielle ne put plus être conjurée. L'incident romain précipita le dénouement. Napoléon III cherchait un moyen de se tirer de l'impasse où il s’était si malencontreusement engagé. Il proposa - vainement d'ailleurs - de régler l'affaire par une conférence internationale, et son gouvernement invita la Belgique à y participer. Rogier s'y montrait disposé. Frère et Bara étaient hostiles. Une scène très vive entre le premier ministre et Frère-Orban acheva de désagréger le cabinet. Rogier, chargé de le reconstituer, déclara ne pouvoir y réussir sans le concours de Frère et de Bara. Mais la mésentente était devenue définitive. Aussi le roi (page 58) s’adressa à Frère-Orban qui forma le ministère du 4 janvier 1868. Il aurait voulu le concours de d'Elhoungne, qui déclina l'offre pour raisons de convenance personnelle. Son peu de goût pour les dépenses militaires fut, croyons-nous, la cause principale.

Frère-Orban était ainsi parvenu au premier rang. Son désaccord avec Goethals et Rogier, qui s’exprima non sans âpreté dans des colloques et des lettres particulières, n'avait guère transpiré au dehors et l'on doit admirer l'abnégation des deux ministres démissionnaires, qui ne soulevèrent aucun coin du voile.

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