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Chambres des représentants de Belgique
Séance du samedi 2 février 1856

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1855-1856)

(Présidence de M. Rousselle, vice-président.)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

(page 491) M. Maertens procède à l'appel nominal à une heure et un quart.

M. Ansiau donne lecture du procès-verbal de la séance d'hier.

- La rédaction en est approuvée.

Pièces adressées à la Chambre

M. Maertens présente l'analyse des pièces adressées à la Chambre.

« Les secrétaires communaux de l'arrondissement de St-Nicolas déclarent adhérer à la pétition de plusieurs secrétaires communaux en date du 21 décembre dernier. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« M. le ministre de la justice adresse à la Chambre 2 exemplaires du premier volume du recueil publié par la commission royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances de la Belgique, contenant les ordonnances de la principauté de Liège, années 1664 à 1744. »

- Dépôt à la bibliothèque.

Ordre des travaux de la Chambre

M. Vandenpeereboom (pour une motion d’ordre). - Dans la séance du 12 janvier dernier, nous avons ajourné à quinzaine la discussion du projet de loi sur la libre sortie du minerai. L'honorable ministre des finances nous a dit alors que dans huit ou dix jours il espérait avoir les rapports des chambres de commerce qu'il avait cru devoir consulter. Je pense que ces rapports seront arrivés à son département et je propose de mettre la discussion du projet de loi à notre ordre du jour.

Je ne crois pas que la Chambre soit disposée à scinder la discussion du budget de l'intérieur, je propose donc de mettre le projet dont je parle à l'ordre du jour après cette discussion et même après celle du projet de loi relatif à la pension des officiers volontaires de 1831, auquel se rattachent des intérêts personnels très respectables.

M. le ministre des finances (M. Mercier). - La discussion de ce projet de loi avait été remise à quinzaine. C'est jeudi prochain que les quinze jours expirent. La plupart des avis des chambres de commerce me sont parvenus. J'ai cru cependant devoir aussi réclamer quelques renseignements du département des travaux publics sur cette question importante.

Je pense qu'on les recueille eu ce moment à ce département. J'espère qu'à l'époque que vient d'indiquer l'honorable membre, c'est-à-dire après la discussion du budget de l'intérieur et de la loi sur les pensions des officiers volontaires, le projet de loi sur la sortie du minerai pourra être examinée. S'il y avait quelque empêchement, j'aurai soin de prévenir la Chambre.

- La proposition de M. Vandenpeereboom est mise aux voix et adoptée.

Projet de loi portant le budget du ministère de l’intérieur de l’exercice 1856

Discussion du tableau des crédits

Chapitre XI. Agriculture

Discussion générale

M. le président. - La discussion continue sur le chapitre XI.

M. Rodenbach. - Messieurs, j'ai été assez satisfait de la réponse qu'a bien voulu me faire M. le ministre de l'intérieur, dans la séance d'hier, concernant M. le docteur Willems, qui a, assure-t-on, rendu un grand service au pays, par son procédé contre la pleuropneumonie épizootique.

M. le ministre de l'intérieur nous a dit qu'à l'étranger les hommes compétents avaient reconnu l'efficacité du système de M. Willems. Si à l'étranger on a rendu justice à cet honorable et judicieux inventeur, je pense que la Belgique ne peut rester en arrière ; elle aurait même dû prendre l'initiative.

Messieurs, nous sommes dans un pays éminemment agricole. L'industrie agricole est la première de nos industries. Elle se monte bien à deux milliards. Nous avons dans notre pays environ 1,600,000 têtes de bétail.

Il est donc de la plus haute importance non seulement dans l'intérêt de l'agriculture, mais aussi dans l'intérêt de l'alimentation et de la richesse publique, que nous conservions le plus de têtes de bétail dans le pays. Car vous savez comment la vie animale esi chère et en Belgique on ne consomme que dix kilos de viande par tête, tandis que dans d'aulres pays et notamment en Angleterre l'on en consomme six fois plus qu'ici.

Nous avons donc le plus grand intérêt à ce que la pleuropneumonie épizzotique soit extirpée de la Belgique.

M. le docteur Willems réside à Hasselt. C'est la ville du royaume où il y a le plus de distillateurs. Or, si je suis bien informé, grand nombre de distillateurs de Hasselt emploient le procédé du docteur Willems. Un proverbe dit souvent avec raison qu'on n'est pas prophète en son pays. Si donc à Hasselt même, où l'on rencontre plusieurs milliers de têtes de bétail, les distillateurs font usage de ce procédé, c'est qu'il produit des résultats favorables.

Il m'a aussi été affirmé que M. Wittouck, un des industriels les plus considérables du royaume, qui a une distillerie montée sur une grande échelle, fait également usage de ce procédé et qu'il l'a employé avec beaucoup de succès

Messieurs, si des résultats aussi favorables ont été obtenus en Belgique et à l'étranger, s'il est reconnu que M. le docteur Willems a fait pour l'extirpation de la pleuropneumonie ce que Jenner a fait pour extirper la petite vérole, il est plus que temps que l'on pense à accorder à M. le docteur Willems une récompense nationale.

Je dois aussi des remerciements à M. le ministre de l'intérieur pour avoir nommé une seconde commission. Un de mes honorables collègues m'assure que cette commission a déjà fait un premier rapport. Dans ce cas, il me paraît que, dans l'intérêt du pays, on devrait promptement faire connaître ce travail.

M. Boulez. - Messieurs, permettez-moi de faire quelques courtes observations sur l'amendement de M. de Moor et plusieurs de ses collègues tendant à obtenir la chaux à prix réduit pour les provinces ardennaises de Luxembourg, Liège et Namur. Ces provinces ayant été privilégiées pendant quelques années de cette faveur, les cultivateurs ont eu l'occasion de faire des expériences qui les mettent à même de juger de l'importance de cet engrais ; maintenant qu'ils en connaissent l'efficaciié, il me semble que le gouvernement doit abandonner à l'industrie privée le soin d'en faire usage, et que l'Etat ne doit plus intervenir dans cette dépense. Cependant, si M. le ministre de l'intérieur et la Chambre sont disposés à allouer le crédit demandé de 75,000 fr., les cultivateurs des Flandres, qui emploient une grande quantité de chaux pour l'amendement des terres, ont droil de participer pour une part au subside qu'on réclame. Car il est incontestable que nous avons dans les Flandres beaucoup de bruyères ci de bois défrichés dont le chaulage esi indispensable.

Il ne serait donc pas juste de favoriser par continuation quelques provinces sans tenir compte des autres provinces qui ont les mêmes besoins et les mêmes droits.

J'attendrai les explications de M. le ministre avant de faire une proposition.

M. Faignart. - Je viens appuyer les observations présentées par l'honorable M. Rodenbach, au sujet de la découverte qui a été faite par le docteur Willems. Il résulte des informations que j'ai prises et que je puis dire certaines, que ce procédé a rendu un service immense à l'agriculture. Une première commission avait fait un rapport ; une seconde commission a été nommée, et, si je suis bien renseigné, cette nouvelle commission a adressé un rapport à M. le ministre de l'intérieur.

Je demande à M. le ministre de l'intérieur si les renseignements qu'ils a obtenus ne sont pas de nature à faire croire à la Chambre et au pays, que les expériences auxquelles on s'est livré ont été couronnées de succès. J'ai vu faire l'application du procédé de M. le docteur Willems, et je puis dire qu'on a obtenu des résultats bien supérieurs à ceux auxquels ou s'attendait.

Je ne prétends pas qu'on guérisse tous les animaux par l'emploi de ce procédé ; mais un fait incontestable, c'est qu'il en a préservé un grand nombre d'une mort certaine. Je connais des distillateurs qui, avant l'introduction de ce système, éprouvaient des pertes de bétail considérables et qui, pour avoir employé le procédé avec méthode et précaution, ont évité de nouvelles pertes

Si les renseignements obtenus par M. le ministre de l'intérieur n'étaient pas suffisants, je le prierais de s'enquérir de ce qui s'est passé dans les pays étrangers. Là aussi, on a fait des expériences, et jusqu'à présent je ne sache pas qu'elles n'aient pas été couronnées de succès ; je crois qu'elles sont de nature à nous encourager à employer le procédé dont il est question.

Je désirerais donc que s'il est constaté que ce système est utile, il fût fait à M. le docteur Willems une démonstration, de nature à aider à la propagation de son système.

M. Vander Donckt. - Messieurs, je suis obligé de prendre la parole, pour combattre non pas le système de M. Willems, mais l'impatience de quelques honorables membres qui, avant que les expériences aient constaté l'utilité de ce système, voudraient qu'une récompense nationale fût accordée à l'auteur.

Cela est absurde. J'applaudis à la réserve de M. le ministre de l'intérieur qui attend de nouvelles expériences pour se prononcer dans une question qui est des plus controversées jusqu'à présent.

En effet, il y a des industriels agricoles qui sont d'un avis contraire au système de M. Willems. Pour moi, je ne donnerai tort ni à ces honorables industriels, ni à M. le docteur Willems.

Je crois que le gouvernement fait très sagement d'attendre. Ce qu'il a fait, il l'a fait dans de bonnes intentions. Une première commission avait été nommée ; cette commission a donné lieu à des observations, à des insinuations ; l'honorable ministre a nommé une seconde commission ; et à peine cette nouvelle commission a-t-elle fait un premier rapport, que déjà on voudrait voir accorder une distinction honorifique à l'inventeur de ce système. Je crois que ce serait préjuger la question.

J'ai examiné des pétitions qui sont adressées à la Chambre contre ce système ; il est donc nécessaire que la question soit mûrie ; laissez à l'expérience, laissons au gouvernement le temps de constater l'utilité du (page 492) procédé, si utilité il y a, et permettez-moi d'ajouter que ce n'est pas seulement dans les autres provinces, dans les autres pays, mais à Hasselt même, là où le docteur Willems a dès le principe essayé sa méthode, que c'est dans cette localité même, qu'il trouve ses plus grands adversaires. Ce ne sont pas seulement quelques cultivateurs, mais ce sont des hommes de l'art, des vétérinaires qui sont opposés à ce système. Je ne dis pas qu'ils ont raison, je ne dis pas qu'ils ont tort, mais je demande qu'en laisse au gouvernement le temps d'examiner la question.

M. Rodenbach. - Il semblerait, à entendre l'honorable préopinant, que la question de l'inoculation du bétail ne date que de 3 ou 9 mois ; mais voilà dix ans que le docteur Willems fait des travaux immenses ;il a publié plusieurs ouvrages et sa persévérance, son désir d'être utile à son pays, à l'alimentation publique, les efforts de tous genres qu'il n'a cessé de faire dans se but, cela seul mériterait déjà d'être récompensé.

M. le ministre nous a dit hier que partout à l'étranger les rapports ont été favorables ; ce serait une honte pour le pays si nous étions les derniers à récompenser une pareille découverte.

Je sais que l'honorable préopinant appartient à la faculté de médecine et, comme lui, je suis aussi partisan de la science ; mais il faut bien reconnaître qu'il s'agit ici autant d'une question de statistique que d'une question de science.

Il suffit de voir quel est le nombre de bestiaux qui a été inoculé, quel est le membre de guérison, et combien il y a eu de cas de mortalité. L'inoculation n'est pas une opération savante, une opération qui exige des connaissances transcendantes en médecine ; c'est une opération des plus simples, c'est une opération de fait.

Le gouvernement n'a donc qu’à examiner combien de milliers de têtes de bétail on a inoculées, combien il y a eu de cas de mortalité et combien il y a eu de guérisons, et cet examen est d'autant plus facile, que les grands distillateurs et engraisseurs de bestiaux du pays et de l'étranger ont fait usage de la découverte du docteur Willems.

J'ai cité M. Wittouck et il y en a un grand nombre d'autres. Il ne s'agit donc que de consulter les principaux élevers et engraissenrs, et de voir combien il y a eu de guérisons, d'une part, de cas de mortalité d'autre part, sur un nombre donné d'inoculations. Nous savons bien que l'opération ne réussit pas dans tous les cas, sans aucune exception ; cela n'arrive pas non plus en médecine ni en chirurgie. Il n'y a pas de panacée universelle.

L'honorable préopinant, qui est médecin, doit savoir que la vaccine non plus ne réussit pas toujours ; il arrive que des personnes qui ont été vaccinées contractent la petite vérole. Il en est de même de tous les remèdes et de toutes les maladies ; on en voit notamment des exemples dans la fièvre typhoïde.

Je prie M. le ministre de consulter non seulement les savants, mais surtout les distillateurs, agriculteurs et engraisseurs.

Je le répète, c'est non seulement ici une question scientifique, mais c'est aussi une question de chiffres et de statistique.

M. Faignart. - En présence de ce que vient de dire l'honorable M. Rodenbach, il me reste seulement à faire observer à l'honorable M. Vander Donckt que j'ai été fort étonné qu'il trouve absurde qu'on insiste sur ce point. Ce que, moi, je trouve absurde, c'est que les commissions de médecins et autres, qui ont été consultées depuis 5 ou 6 ans, ne se soient pas plus empressées d'éclairer le pays sur cette importante question.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - Messieurs, je regrette que l'honorable M. Faignart n'ait pas assisté à la séance d'hier, il aurait entendu les explications que j'ai eu l'honneur de donner à la Chambre sur l'interpellation de l'honorable M. Rodenbach.

L'objet dont il s'agit n'a pas été perdu de vue par le gouvernement. Une première commission a été chargée d'examiner l'efficacité du procédé du docteur Willems.

On semble reprocher à cette commission de n'avoir pas poussé ses travaux avec toute la vigueur convenable. Mais il fallait procéder par voie d'expériences successives, ces expériences ne peuvent se faire avec précipitation.

Les cas de pleuropneumonie sont devenus chaque année de plus en plus rares ; les expériences en deviennent de plus en plus difficiles et il faut plus de temps pour les achever.

Un rapport a été fait par cette commission.

Il en résulte que les hommes de l'art qui ont été chargés d'examiner ce système déclarent que leur conviction n'est pas complètement formée, qu'il y a des probabilités en faveur de l’efficacité du système, mais qu'ils n'oseraient pas affirmer que le procédé soit efficace dans tous les cas où il est appliqué.

Le gouvernement n'a pas voulu en rester là. Après la publication du premier rapport, une autre commission fut nommée, composée d'hommes en général plus pratiques. Car on avait fait à la première commission le reproche d'être composée presque exclusivement de savants, d'hommes peut-être quelque peu systématiques dans leur manière de voir. La seconde commission fut donc composée plus particulièrement d'hommes pratiques, d'éleveurs qui peuvent apprécier dans la pratique l'influence du procédé Willems. Cette commission a commencé ses expériences, mais on ne peut pas vouloir forcer, brusquer les résultats de pareilles investigations.

Il faut des expériences, des essais successifs. Pour cela il faut de temps. Je ne comprends pas l'impatience qu'on montre d'avoir une conclusion.

Je conçois que pour l'honneur national et dans l'intérêt de l'agriculture on désire pouvoir constater, aux yeux de l'Europe, que la découverte d'un procédé aussi important appartient à un citoyen belge. Je serais heureux de pouvoir le proclamer ; mais il faut en pareil cas agir avec circonspection, car plus d'une fois on a mis le gouvernement en avant, et des récompenses ont même été décernées pour des découvertes dont on a reconnu bientôt la complète inanité.

Il ne faut pas exposer le gouvernement à subir de pareils mécomptes. Ce que le gouvernement peut faire, ce qu'il doit faire, c'est de poursuivre les essais.

Il y a, du reste, beaucoup de probabilité en faveur de l'efficacité du procédé.

Un des symptômes les plus heureux, c'est que, dans la ville de Hasselt, où se trouve la majeure partie de nos distilleries, ce procédé est généralement employé, et qu'on s'en trouve bien. Il y a là une présomption en faveur du procédé Willems, mais il serait prématuré du dire que le résultat est définitivement acquis.

- La discussion est close.

Articles 50 et 51

« Art. 50. Indemnités pour bestiaux abattus : fr. 150,000. »

- Adopté.


« Art. 51. Service vétérinaire : fr. 50,000. »

- Adopté.

Article 52

« Art. 52. Traitements et indemnités du personnel du haras : fr. 36,000. »

M. Van Cromphaut. - Messieurs, les dépenses considérables que nous votons depuis quelques années pour le haras de l'Etal n'ont pas donné jusqu'à présent le résultat que l'on a voulu atteindre par sa création, le gouvernement a eu plutôt eu vue le croisement des races, que l'amélioration de la race indigène. Je pense que c'est là une grave erreur ; tous les jours je reconnais davantage que le système suivi est faux et désastreux pour le pays. Dans les Flandres, où ces croisements ont eu lieu, il se manifeste réellement une dégénération de cette belle race du pays.

Le croisement des chevaux de sang avec nos chevaux indigènes est défectueux et il ne donne aucun bon résultat pour les agriculteurs. Nos chevaux de trait sont trop forts et trop membrés pour le croisement avec des chevaux de race.

Je ne contesterai pas que l'on ait obtenu quelques rares exceptions avec des chevaux d'un genre spécial ; mais ce n'est pas là un motif pour voter des sommes immenses qui s'élèvent peut-être plus haut que le produit de la vente de tous les chevaux provenus de croisement, sans atteindre un but réellement utile pour le présent et pour l'avenir. Je puis vous citer un fait pour montrer ce que c'est que ces croisements mal combinés.

Un cultivateur de la Flandre orientale, qui a été d'assez bonne volonté (et je pourrais en nommer plusieurs), pour suivre l'impulsion donnée par le gouvernement, a fait saillir ses juments par des étalons de l'Etat, de race anglaise, pendant plusieurs années. Il n'en a jamais obtenu que des produits médiocres, impropres au travail des champs, et certes les sacrifices qu'il a dû consacrer à leur élève, montent très haut.

Faisons ici un petit calcul qui ne sera certainement pas exagéré.

A partir de l'âge de 5 mois, quand on livre les poulains, j'évaluerai seulement la nourriture à la minime somme de 70 centimes par jour, jusqu'à l'âge de 4 ans, âge requis pour commencer à faire quelque service ; nous trouverons que l'animal aura coûté 952 francs de nourriture et d'entretien, avant d'avoir rendu quelque service à l'éleveur pour les travaux de l'agriculture.

Après cela il faut l'envoyer au maître de manège pour le dresser, et j'ajoule de ce chef encore 100 fr., ce qui fait un total de 1,052 fr. Il faut ensuite attendre l'occasion de vendre le cheval dont l'éducation est faite, ce qui ne se présente pas souvent dans un temps rapproché, et l'animal réclame alors plus de soins que jamais, afin de le tenir dans une situation marchande. J'estime donc qu'en définitive ce cheval n'aura pas coûté moins de onze à douze cents francs à l'éleveur. Et quel prix en obtient-on alors ? Je serai généreux en l'évaluant en moyenne de 400 à 500 francs, et rarement d'avantage sauf de très rares exceptions.

Un peu connaisseur de chevaux, et me trouvant très souvent dans le cas d'en acheter pour le service de l’établissement que je dirige, j'ai visité beaucoup de fermes et j'ai trouvé partout de misérables produits de ces croisements, sauf deux exceptions, dans les environs de Sottegem. Il résulte de mes visites dans un grand nombre de fermes du pays d'Alost, que je puis constater que cette belle race de chevaux flamands, si recherchée par les Anglais et les Français, a réellement beaucoup souffert de ces croisements mal combinés.

J'ai parcouru aussi différentes foires, et je puis attester encore que je n'y ai jamais rencontré des produits de l'espèce qui valussent la peine d'attirer l'attention des amateurs : quand les poulains de l'âge de 6 mois se vendent dans les prix de 50, 75 à 100 francs, ceux du même âge, de race indigène de l'ancienne espèce, obtiennent couramment un prix double. Ce problème résout toute la question. Il est de nature à faire renoncer le gouvernement aux tentatives de croisement des chevaux de race avec ceux de gros trait, dont l'expérience a suffisamment démontré l'inefficacité et les erreurs.

(page 493) Les cultivateurs ont donc nfiniment plus d'avantage à élever des chevaux de notre ancienne race indigène ; à l'âge de 18 mois on les attelle, on commence par les employer à un travail légier, et à 2 ans ils font assez de service pour gagner leur nourriture. Arrivés à l'âge de 4 ans, il n'est pas rare de trouver à les vendre à des prix très rémunérateurs, de six cents à mille francs.

L'institution du haras de l'Etal a eu principalement pour but la production des chevaux propres à la cavalerie. Eh bien, je vous dirai qu'en 1848 le gouvernement ayant besoin de chevaux pour la remonte de l'armée, fit un appel aux éleveurs de chevaux provenant de croisement, afin de les présenter à l'examen d'une commission qui s'est réunie à Alost, et cela dans le but de protéger et de favoriser ces éleveurs. On y a vu un grand nombre de ces produits, et malgré les dispositions bienveillantes des membres de la commission, un seul cheval a pu être admis, et encore était-il de race indigène. Aucun autre n'avait été jugé réunir les qualités requises d'admission.

Après une démonstration de cette nature, reste-t-il quelque chose à ajouter pour condamner définitivement le système de croisement de nos chevaux de trait avec la race anglaise ? Il est évident que chaque pays a ses produits propres au climat et au sol. Il ne faut point chercher à les transformer, il faut, au contraire, rechercher les moyens de les améliorer, c'est là le plus grand fruit pour le pays. Je suis sous ce rapport entièrement d'accord avec M. C. Jacquet, membre du conseil administratif de la Société centrale d'agriculture de Belgique qui a publié des observations fort utiles sur le haras de l'Etat, et qui dit page 4 de sa brochure :

« Il n'est donc que trop vrai, et cela est constaté, le croisement anglais a fait un tort immense au pays. Maintenant que l'expérience nous a éclairés, nous devons changer de système, abandonner complètement le croisement anglais, améliorer notre race par elle-même, tenter des essais avec des étalons de trait, comme les percherons, et autres espèces se rapprochant de la nôtre, laissant les chevaux de sang pour les juments ayant de l'analogie avec eux.

« Voilà comment le gouvernement pourra servir les véritables intérêts de l'agriculture. »

Ce sage conseil, messieurs, exprimé par un homme éclairé sur la matière, je le recommande à l'attention du gouvernement et de cette assemblée.

Réunissons nos efforts pour conserver dans le pays les meilleurs étalons de race indigène et de gros trait, qui sont reconnus propres à une bonne reproduction : consacrons seulement une partie des sommes libellées pour le haras, pour acheter des étalons de première classe ayant de l'analogie avec nos gros chevaux de trait, tels que les boulonnais, les percherons et les ardennais.

Payons de larges primes aux propriétaires des meilleurs étalons servant à la saillie, multiplions ces primes, et qu'on leur donne une durée de plusieurs années, c'est-à-dire aussi longtemps que les étalons primés seront reconnus se trouver dans les conditions exigées pour la bonne reproduction.

Des primes de même nature pourraient être accordées aux propriétaires des meilleures juments, afin de conserver dans ce pays tous les éléments d'amélioration de la race chevaline.

Il ne faut point de haras de l'Etat pour atteindre ce but. L'intervention du gouvernement serait néanmoins fort utile pour l'achat de quelques bons étalons boulonnais, percherons, ou autres ayant de l'analogie avec nos chevaux, que l'on revendrait dans tout le royaume, deux ou trois par exemple dans chaque province, avec l'obligation de les faire servir à la saillie dans un rayon à indiquer et à des conditions à établir par le gouvernement. Par ce moyen les essais constateraient bientôt le résultat fructueux ou infructueux, et d'après ce qui serait constaté, ou augmenterait ou l'on supprimerait l'usage de ces étalons pour la reproduction.

Le sacrifice ne serait pas grand ; on éviterait les frais du personnel attaché au haras de l'Etat, qui sont considérables, et nous obtiendrions vraiment un meilleur effet pour le pays.

Je borne ici mes observations que je livre à l'appréciation de M. le ministre de l'intérieur, et aux membres de cette assemblée, et j'opine pour que le haras de l'Etat soit supprimé sans plus de retard.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - S'occupe-t-on d'un article ou y a-t-il une discussion générale ?

M. le président. - Il s'agit de l'article 52.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - Messieurs, il est à regretter que chaque année, à propos du budget, on vienne remettre en question l'une des institutions du pays.

Déjà pour faire droit aux réclamations, jusqu'à un certain point fondées, dont l'organisation première du haras avait été l'objet, on a diminué considérablement la dépense du haras et ces économies ont été consacrées à améliorer la race indigène. Ainsi vous le voyez, le gouvernement, depuis deux années surtout, est entré dans la voie que semble indiquer l'honorable préopinant.

Il est évident qu'au point de vue de l'amélioration générale de la race chevaline en Belgique, il y a deux questions distinctes, relatives à deux industries complètement distinctes. Il y a l'amélioration de la race indigène des chevaux de trait, qui évidemment est la question importante pour tout le monde. Mais il y a aussi l'amélioration, par le croisement, d'une espèce particulière pour les chevaux de carrosse et de selle.

M. le président. - M. le ministre, vous me paraissez anticiper sur la discussion. Vos observations portent sur l'article 55 auquel M. David a proposé un amendement, amendement qui n'a pas encore été développé.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - L'article 52 concerne aussi les haras. C'est ce qui m'a fait demander tout à l'heure s'il n'y avait pas une discussion générale portant sur tous les articles concernant le haras.

M. le président. - Il me semble alors que nous devrions entendre avant tout les développements de M. David.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - Je cède très volontiers la parole aux honorables auteurs de l'amendement pour qu'ils puissent le développer.

M. de Naeyer, rapporteur. - Je crois que la discussion se présente de cette manière-ci. A l'article qui est en discussion, il s'agit du personnel du haras. Ceux qui demandent la suppression immédiate et totale du haras, comme l'honorable M. Van Cromphaut, doivent présenter leurs observations à cet article. Car si les traitements pour le personnel sont votés, le haras sera maintenu au moins provisoirement.

L'amendement de l'honorable M. David ne se rapporte au contraire qu'à un des articles suivants, celui qui concerne le matériel, et cet amendement n'a pas pour objet la suppression du crédit pétitionné pour le matériel, mais uniquement sa réduction. C'est donc maintenant le moment de répondre aux observations présentées par l'honorable M. Van Cromphaut. Du reste on peut adopter le mode de discussion qu'on jugera convenable. Mais les développements de l'amendement de l'honorable M. David ne peuvent pas trouver leur place ici, à moins d'une décision formelle de la Chambre.

M. le président. - C'est à la Chambre à décider si elle veut une discussion sur chaque article ou une discussion spéciale sur la question du haras, c'est-à-dire sur les articles 52, 53, 54 et 55 réunis. Dans ce dernier cas, il y aurait lieu de continuer la parole à M. le ministre de l'intérieur.

- La Chambre décide que la discussion portera sur les articles 52 à 55 réunis.

Articles 52 à 55

M. le président. - La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - Je crois qu'il est plus convenable de permettre aux auteurs de l'amendement de présenter leurs développements. Je leur céderai la parole.

M. David. - Messieurs, quelques-uns de nos honorables collègues et moi nous avons toujours prétendu et nous croyons avoir prouvé à plusieurs reprises que jusqu'à présent on a fait fausse route, lorsque l'on a voulu améliorer les races chevalines indigènes de notre pays par leur croisement avec le sang anglais. Nous sommes sur ce point tout à fait d'accord avec les éleveurs sérieux. Je dis avec les éleveurs sérieux et ceux que je considère comme tels, ce sont les éleveurs qui veulent gagner de l'argent en élevant des chevaux. Nous sommes d'accord que jusqu'à présent ces croisements ont sinon donné des résultats négatifs, au moins produit excessivement peu de chose de bon, puisque presque partout on est allé se briser contre des mécomptes. Il y a eu, il est vrai, quelques exceptions. Mais en quoi ont consisté ces exceptions ?

Dans quelques localités du pays et dans le Hainaut surtout, il y a quelques grands propriétaires cultivateurs, il y a de grands seigneurs qui ne calculant pas le prix de revient d'un poulain, d'un cheval, ont des poulinières de races étrangères, déjà distinguées elles-mêmes, qui leur ont coûté beaucoup d'argent ; ils ont tout un personnel à leur disposition pour donner tous les soins nécessaires à leurs produits.

J'ai été moi-même éleveur de cette catégorie et je sais comment les choses se passent. Ces éleveurs ayant des poulinières bien étoffées, des formes distinguées et un personnel spécial pour ce genre d'élève ont pu obtenir de bons produits. Mais ce que je conteste, c'est que s'ils faisaient le bilan de plusieurs années, ils pourraient prouver qu'ils ont obtenu des bienfaits sur l'eunemble de leurs opérations.

A côté de ces grands seigneurs, à côté de ces grands propriétaires, nous avons le cultivateur éleveur.

C'est à celui-là que les faveurs du budget devraient être destinées. Le paysan qui élève n'a, lui, que la jument de labour de race indigène. Aussitôt qu'il on a un produit réalisable, il le vend. Il ne peut garder dans son écurie deux ou trois générations de chevaux et attendre, pour commencer à vendre, qu'il ait des poulinières qui puissent lui donner des produits comme certains grands propriétaires éleveurs du Hainaut et autres en ont obtenu des juments distinguées, qu'ils sont à même d'acheter à de hauts prix ou de conserver quoiqu'elles ne leur rendent aucun service que celui de poulinière.

Il ne le peut pas, d'abord parce que les produits qu'il obtient de sa jument de labour sont des produits de moindre valeur que ceux qu'il obtiendrait de cette même jument avec un entier de la race de cette jument.

Ils sont de moindre valeur pour le paysan éleveur, parce que d'abord il faut plus de soin pour élever le poulain s'il veut qu'il vaille quelque chose plus tard. Il ne peut pas, s'il veut que son poulain vaille quelque (page 494) chose comme cheval de luxe l'atteler aussi jeune qu'il pourrait le faire s'il s'agissait d'un cheval de race indigène.

Aptes cela, si par hasard il a un produit croisé de belle espérance et qu'il lui arrive un accroc quelconque, une tare, ce produit a perdu complètement sa valeur comme cheval de luxe. C'est un cheval perdu et pour comble de malheur pour le paysan éleveur, il a beaucoup moins de valeur pour son travail particulier, pour son travail de labour et d'attelage, que si c'était un cheval de race indigène pure.

Si c'était un cheval indigène pur, une tare quelconque ne lui enlèverait que très peu de sa valeur comme cheval de trait, comme cheval de labour, et son propriétaire s'en déferait toujours avec facilité, souvent avec bénéfice même.

Nous avons toujours prétendu, messieurs, et je crois qu'en cela nous sommes d'accord avec la grande majorité des éleveurs du pays et avec les hommes tout spéciaux dans la matière, nous avons toujours prétendu que, ayant des races très distinguées dans notre pays, il fallait améliorer ces races par elles-mêmes, la race flamande par la race flamande, les races de Liège et de Namur par les races qui existent dans ces provinces, et la race ardennaise par la race ardennaise.

Nous sommes d'accord sur ce point avec la presque unanimité des éleveurs et avec les hommes les plus pratiques dans la matière.

M. le ministre de l'intérieur (M. de Decker). - Et avec le gouvernement.

M. David. - Mais je crois qu'il est facile de prouver que le gouvernement s'éloigne complètement de ce but.

Nous avons, messieurs, apporté bien souvent les preuves de ce que je viens d'avancer. Vous venez d'entendre l'honorable M. Van Cromphaut qui a eu beaucoup à s'occuper d'achats de chevaux, qui a visité un grand nombre de fermes et de foires, et qui vous a dit qu'il n'avait rencontré parmi tous les produits des chevaux de sang, croisés avec la race indigène, qu'il a vus dans le canton de Wetteren, qu'un seul cheval véritablement bon et beau, tous les autres étaient très médiocres ou mauvais.

Pour vous continuer ces preuves, qui ne peuvent être récusées par personne, je vais cette fois vous donner connaissance des avis des comices agricoles du pays tout entier ; vous verrez qu'à très peu d'exceptions près, on demande pourtant des chevaux de gros trait et toujours des chevaux de gros trait.

Il doit en être ainsi, messieurs, parce que c'est pour cette race-là que la Belgique a une réputation faite, universelle, parce que c'est pour trouver et acheter des sujets de cette race-là que les étrangers visitent toujours en foule nos marchés. C'est cette race-là que nous exportons presque exclusivement.

Voici, messieurs, le bulletin du conseil supérieur d'agriculture ; je vais en extraire les rapports de tous les comices agricoles pour 1853. J'arriverai tantôt à l'année 1854 et pour cette année-là je serai plus court puisque l'honorable M. Vander Donckt s'est chargé de faire ressortir les parties qui sont d'accord avec ce que je viens de dire.

Dans la province d'Anvers l'élève du cheval a très peu d'importance, sauf dans un seul arrondissement, celui d'Eeckeren, et c'est celui dont a parlé l'honorable M. Van Cromphaut, je pense ; on n'élève pas de chevaux croisés dans cette province. Je me bornerai donc à vous lire le résumé de ce que dit le conseil supérieur d'agriculture :

« Dans les premier, cinquième et sixième districts agricoles, les seuls de la province où l'élève des chevaux ait quelque importance, le commerce de chevaux de gros trait a été assez animé cette année. Un grand nombre de chevaux ont été vendus pour être dirigés vers l'Angleterre ; d'autres ont été vendus pour être employés aux travaux publics. Si bien que dans les fermes on ne trouve plus que le strict nécessaire pour l'exécution des travaux agricoles. Par contre, il y a eu peu d’achats de chevaux croïsés. Le besoin toujours existant de chevaux de gros trait fait qu'on les élève de préférence au cheval croisé : on les vend plus facilement et plus avantageusement que ces derniers, et en tout cas, ils sont toujours propres aux travaux agricoles auxquels ils sont employés, avec ménagement, dès l'âge de deux à trois ans. »

Voilà pour Anvers.

Je passe à la Flandre occidentale.

Pour le premier district agricole, on parle des chevaux en général : les prix ont été élevés ; on élève avec profit. Pour le deuxième district on dit :

« La position des éleveurs de chevaux s'est sensiblement améliorée, depuis l'année dernière : l'Anglelerre et la France nous ont débarrassés de notre trop-plein et l'ont payé à des prix élevés ; aussi la race chevaline a-t-elle acquis dans ce moment une importance extrême. Les chevaux de la race croisée ont subi, eux aussi, une notable amélioration dans leur valeur vénale. Les étalons du gouvernement ont eu de nombreuses saillies à effectuer. »

Vous voyez, messieurs, qu'ici on a trouvé quelque profit ou quelque convenance à se servir de l'étalon anglais.

Troisième district. - « Les chevaux de gros trait, n'importe leur âge et leurs qualités, ont trouvé des prix très élevés et des acheteurs pendant toute la saison. »

Il n'est pas question du tout du cheval croisé dans ce district.

Quatrième district. - « Le commerce des chevaux de gros trait a été fort prospère ; les prix se sont élevés d'un tiers depuis un an. Il a été surtoût acheté beaucoup de chevaux pour l'exportation. »

On ne parle pas du cheval croisé dans ce district.

Cinquième district. - La situation est restée jusqu'ici telle qu'elle était l'an passé ; l'on ne peut que répéter qu'il faudrait, pour améliorer la race, des reproducteurs tels que le percheron ou le breton. »

Vous voyez, messieurs, que là on ne veut pas de cheval de sang anglais ; on demande des chevaux de forte charpente.

Sixième district. - « La situation de l'industrie chevaline pour les chevaux de gros trait et de race croisée est très prospère. »

Là les deux industries paraissent marcher assez bien l'une à côté de l'autre,

Septième district. - « Les chevaux de trait sont très recherchés, mai ; on fait peu d'élèves ».

On ne parle pas du cheval croisé.

Huitième district. - « Les chevaux ont été fort recherchés pendant toute l'année, surtout ceux de gros trait ; les prix ont surpassé ceux de l'an passé de près de 25 p. c. Ce sont les Anglais et les Français qui ont fait les plus forts achats. »

Neuvième district. - « Les chevaux de gros trait sont d'une vente facile, à des prix rémunérateurs ; les chevaux croisés avec des reproducteurs anglais, ont peu de vigueur, sauf quelques exceptions. La race indigène doit s'améliorer par son propre sang, ou par des reproduc leurs étrangers, d'une forte complexion. »

Voilà, messieurs, ce que disent les personnes qui font partie du neuvième district agricole, elles montrent peu d'engouement pour le cheval croisé.

Dixième district. - « Les tentatives que l'on a faites jusqu'ici, pour améliorer le sang de notre race chevaline indigène, ont échoué. Ces échecs doivent être en grande partie attribués à la qualité des reproducteurs dont on s'est servi ; la plupart des produits en sont défectueux L'étalon percheron est celui des reproducieurs de race étrangère qui conviendrait le mieux ; les chevaux forts et pourvus de bons muscles étant ceux que l'on préfère généralement. Les produits trouvent toujours une vente facile et avantageuse. Les chevaux de trait forts bien nourris, ont trouvé une bonne défaite pour le compte de l'Angleterre. »

Onzième district. - « Les chevaux se sont vendus à des prix élevés. L'élève a peu d'importance dans ce district. Le poulain, produit du cheval de gros trait, s'est vendu à raison de fr. 150 à fr. 250.

« Le cheval de race croisée s'est également bien placé. »

Voici le troisième district sur douze où ii est question du cheval croisé et encore c'est d'une manière très indirecte. Il est dit seulement que les produits de race croisée se sont bien vendus, c'est-à-dire que ce qu'il y avait de ces produits s'est vendu comme le reste.

Douzième district. - « Les bons chevaux de gros trait se sont constamment vendus à des prix fort élevés, pour compte de l'Angleterre et en partie pour celui de la France. Il y a peu de chevaux de race croisée dans le district. L'élève des chevaux se borne à ceux de gros trait. »

Maintenant, messieurs, voici le résumé des avis des comices :

« L'industrie chevaline est devenue plus prospère, par suite de l'élévation successive des prix de vente des produits de tout âge et de toute race ; les éleveurs et les agronomes sont en général d'avis que l'étalon percheron est le reproducteur qu'exigent nos fortes races de chevaux de trait. Il serait donc à désirer que notre conseil provincial invitât de nouveau le gouvernement à intervenir, par un subside, dans l'achat de reproducteurs de cette race pour en doter notre province. »

Voilà, messieurs, les avis des douze districts agricoles de la Flandre occidentale. Examinons maintenant ce qu'on pense et dit dans la Flandre orientale :

Le premier district n'a pas donné de renseignements.

Le deuxième district dit :

Deuxième district. - « On élève beaucoup de chevaux de gros trait, principalement dans les cantons de Waerschoot et d'Evergem. Les acheteurs recherchent les chevaux de grande stature. »

Troisième district. - « Les chevaux de gros trait restent en faveur. Ceux de race croisée y ont une moindre importance. »

Quatrième district. - « La production, l'élève et le commerce des chevaux de gros trait y restent prospères. On s'en occupe même avec plus de soin que par le passé. »

« Quelques propriétaires seulement s'occupent de l'élève du cheval dit de race. »

Cinquième district. - « On insiste de nouveau pour obtenir une station de bons étalons indigènes au chef-lieu du district, le croisement ne pouvant opérer des changements désirables et durables, que pour autant que la race locale y soit suffisamment disposée par des améliorations progressives de la race par elle-même. »

Sixième district. - « Dans ce district, on est un peu plus favorable à l'élève du cheval croisé ; on y dit :

« Le commerce des chevaux est très actif, mais la race de gros trait n'a fait aucun pas dans la voie du perfectionnement. Les croises ont été recherchés. Ils se sont vendus à des prix élevés. »

Septième district. - « Les chevaux de gros trait ont été très rechercés. On a fait de nombreux achats de cette race. Il était difficile de s'en procurer même à des prix très élevés.

« L'élève des chevaux de race indigène a repris faveur, par suite de la demande inaccoutumée de poulains.

(page 495) « Les produits croisés ont également été recherchés. Ils se sont vendus de 600 à 1,000 francs. »

Dans ce district le cheval croisé s'est vendu également à bons prix, mais on ne dit pas si on s'y occupe d'une manière un peu étendue de cette industrie.

Huitième district. - « L'industrie chevaline a repris de l'activité. Les poulains de race indigène ont été recherchés. »

Neuvième district. - « On n'y élève que des chevaux de labour, à l'exclusion des chevaux croisés dont il n'est plus question dans le district, depuis la suppression d'une station d'étalons du haras de l'Etat.

« Le nombre de chevaux entiers, de gros trait, est complètement insuffisant. Il est réduit à deux. »

Dixième district. - « Les chevaux de gros trait ont été vendus jusqu'à fr. 800, et les poulains à des prix doubles de ceux de 1852. Les demandes ont été nombreuses. Tout a été enlevé. Ou n'y veut pas de la race croisée. »

Onzième district. - « Les demandes de chevaux ont été nombreuses. Les poulains ont été livrés à des prix très élevés. »

Dans ce district, on ne parle ni d'une espèce ni de l'autre ; il est probable que l'industrie de l'élève du cheval n'y est pas très importante et que l'on ne s'occupe que du cheval indigène.

Donc, sur onze districts agricoles, il en est deux seulement où l'on fasse mention du cheval croisé ; les neuf autres ne veulent que la race indigène.

Voici maintenant les avis des comices agricoles dans le Hainaut.

Premier district. - « Cette industrie a reçu une bonne impulsion du haut prix que les chevaux de toute espèce ont atteint. Le nombre des saillies s'est accru notablement. »

Dans ce district, il n'est pas question de la préférence à accorder au cheval croisé sur le cheval indigène ; les chevaux en général se sont écoulés à de bons prix.

Deuxième district. - « Les agriculteurs qui, à cause de l'avilissement des prix, avaient abandonné cette branche, s'empressent d'y revenir, tant pour l'élève du cheval de trait que pour celle du cheval croisé. Les étalons de labour sont très rares et ne pourront suffire à la saillie. Ceux du haras de l'Etat sont également insuffisants. »

Ici ou parle du cheval croisé, sans cependant lui donner la préférence.

Troisième district. - « L'industrie chevaline est dans un état prospère.

« Le poulain de trait vaut de 150 à 200 francs ; celui de deux ans, 400 francs ; le cheval adulte, 550 francs, de quatre à sept ans, jusqu'à 900 francs ; l'étalon assez bon, 1,000 francs. L'élève du cheval croisé est en voie d'amélioration. Le fermier a compris qu'il est préférable de faire servir au croisement d'excellentes poulinières. Le poulain de lait se vend 200 francs. Le cheval de quatre ans jusqu'à sept ans, de 800 à 1,000 francs ; appareillés, de 1,800 à 2,000 francs la paire. Ces chevaux sont très rares, on désire que le nombre d'étalons de race, de demi-sang surtout, soit augmenté, parce qu'il donne, avec les juments indigènes, des chevaux propres au trait et à la voiture, qui sont plus recherchés par les acheteurs et moins à charge à l'éleveur que les produits plus légers.

On pourra appliquer le système que je proposerai tantôt avec grand avantage à ce district agricole où l'on vend les chevaux croisés à 1,000 francs.

Quatrième district - « Les chevaux ont été très demandés, surtout ceux de gros trait. Quant aux chevaux de race croisée, on en trouve très peu dans ce district. On préfère l'amélioration par la race indigène, qui est plus convenable à la culture. »

Il n'est pas question de chevaux croisés dans ce district ; on y veut l'amélioration de la race indigène par elle-même.

Cinquième district. - « Le jeune étalon a acquis une valeur à peu près illimitée, tant il est recherché par les étalonniers belges et français, qui doivent remplacer les producteurs qu'ils ont vendus, quand les éleveurs ne faisaient plus saillir qu'une partie de leurs poulinières. Les chevaux croisés se vendent bien. Ceux dits « à deux mains », c'est-à-dire, propres à la selle et à l'attelage, qui s'obtiennent par l'accouplement d'une jument de labour assez étoffée (mais ayant une bonne épaule et de l'action), avec l'étalon de pur sang ou trois quarts sang, sont très recherchés par les marchands français qui, malheureusement les achètent avant qu'ils aient acquis toute leur valeur. Dès le mois de mai, tous ceux de trois ans, non tarés, avaient trouvé acheteurs. La grande majorité de nos éleveurs ne peut les garder plus longtemps, car pour ne pas y perdre, ils doivent les faire travailler trop durement, ce qui nuit à leur développement. »

Les propriétaires n'aiment pas à garder leurs élèves au-delà de l'âge de 3 ans, parce qu'ils pourraient les abîmer en les faisant travailler. Malgré cela, c'est un district agricole où le croisement du cheval indigène avec le sang anglais paraît être assez goûté.

Sixième district. - « La situation de l'industrie chevaline est prospère ; les chevaux de gros irait comme ceux de race croisée sont très recherchés. Ils se vendent à bon prix. On obtient facilement de 600 à 700 fr. des chevaux de gros trait, jeunes et bien conditionnés. »

Les deux industries marchent l'une à côté de l'autre.

Septième district. - « Le bas prix auquel les chevaux se vendaient les années précédentes a fait négliger l'élève de ces animaux. Aujourd'hui que les prix sont augmentés, cette partie est dégénérée et les cultivateurs éprouvent de la difficulté à se procurer de bons reproducteurs. Le nombre des étalons est tellement restreint, que l'on doit se servir de ceux que l'on possède, quelque médiocres qu'ils soient. L'élève des chevaux de race croisée a plutôt prospéré, parce que les chevaux se vendaient bien. La production des chevaux, en général, n'augmente pas. »

Ici encore, il paraît qu'on ne s'occupe guère que de l'élève du cheval en général et que le cheval croisé y réussit comme l'indigène.

Huitième district. - « L'industrie chevaline marche bien, quoique l'élève du cheval de gros trait ne fasse guère de progrès. On a peu réussi dans les croisements qui ont été tentés. »

Neuvième district. - « L'industrie chevaline est en voie de prospérité. L'élève du cheval de gros trait est beaucoup diminuée, le besoin de ces animaux massifs et pesants ne se faisant plus sentir pour le service du roulage En revanche, l'élève du cheval croisé prend chaque jour plus de développement et les éleveurs réclament instamment des reproducteurs réunissant à beaucoup de sang le plus de force possible, afin de les accoupler avec leurs juments, qui présentent les conditions les plus favorables pour élever avec succès de bons et solides chevaux, propres au service de l'agriculture et à pourvoir aux besoins actuels du commerce. »

Voilà encore un district auquel on pourra donner des étalons de sang anglais.

Dixième district. - « Le commerce a beaucoup d'activité. Le trop plein s'est écoulé à prix raisonnable, pour les chevaux de gros trait. Les chevaux croisés sont peu nombreux ; l'élève des chevaux semble reprendre, et les croisés comme les autres, lorsqu'ils seront plus demandés, deviendront plus abondants. »

Onzième district. - « L'industrie chevaline a repris faveur. Les chevaux se vendent à des prix avantageux ; ce revirement heureux engage de nouveau les fermiers à élever et ils choisissent de préférence le cheval de gros trait, dont ou se défait toujours plus facilement. »

Douzième district. - « Cette industrie est abandonnée ; cependant depuis quelques mois, la cherté des chevaux se fait sentir. Il y a tout lieu de croire que, l'année prochaine, l'industrie chevaline renaîtra. Des acquisitions de bons étalons et de bonnes poulinières commencent à se faire.

Voici maintenant le résumé de tous ces avis :

« L'industrie chevaline qui, depuis 1848, se trouvait en grande souffrance a repris une nouvelle activité. Les produits ont été recherchés et se sont vendus à des prix avantageux ; beaucoup de cultivateurs qui, découragés par l'avilissement des prix, avaient abandonné l'élève des chevaux, vont y revenir, tant pour ceux de gros trait que pour ceux croisés.

« En général on se plaint de la rareté des étalons de labour et l'on demande l'établissement de nouvelles stations d'étalons du haras de l'Etat. »

Ainsi que vous aurez pu, messieurs, le remarquer dans nos précédentes discussions, c'est le Hainaut qui, pour l'industrie du cheval croisé, a toujours marché à la tête des autres provinces. C'est aussi pour le Hainaut que le haras de l'Etat a le plus d'importance.

Dans la province de Liège, les comices agricoles n'ont pas fait connaître leur avis.

Mais voici ce que dit le conseil supérieur d'agriculture :

« L'industrie chevaline est en voie de prospérité. Un bon cheval trouve toujours à se vendre. C'est surtout le cas pour le cheval de trait. La province est une des plus remarquables sous ce rapport, car elle fournit tout à la fois le cheval de gros trait et le cheval de petite culture.

« La Hesbaye donne les chevaux de la première catégorie. Le Condroz fournit la seconde. La province a en outre, dans l’Ardenne, une source précieuse de chevaux de trait léger : le cheval ardennais par sa structure, son facile entretien et le courage dont il fait preuve, suffira toujours à alimenter l'armée pour le train et l'artillerie. Au moyen de quelques sacrifices, le gouvernement pourrait, par un système de croisement bien entendu, créer une race de chevaux propres à la cavalerie légère, et qui rendrait les pays voisins tributaires de la Belgique. »

On entend chez nous par cheval de petite culture le cheval du Condroz et le cheval ardennais.

J'arrive à la province de Limbourg.

Premier district. - « L'industrie chevaline est prospère ; les chevaux de trait se vendent à des prix très élevés. Quelques personnes commencent à donner plus de soins à l'élève du cheval indigène ; aussi les bons reproducteurs sont très recherchés. On élève peu de chevaux croisés.

(page 496) Deuxième district. - « L'industrie chevaline est assez importante, chevaux de toute espèce se vendent à des prix très avantageux. »

Troisième district. - Industrie chevaline sans importance.

Quatrième district. - « L'industrie de l'élève du cheval a été, pendant cet exercice, très prospère. Les chevaux de gros trait se sont en général vendus à des prix très élevés, ils ont été achetés en grande partie pour l'exportation. Ce fait prouve en faveur de notre race chevaline, qui n'est pas, comme on le prétend, dégénérée.

« Les chevaux croisés se sont très bien vendus, mais ceux-ci restent dans le pays et remplacent avec avantage les chevaux allemands, pour lesquels nous dépensons tous les ans des sommes énormes, sans en retirer des services égaux à ceux de nos métis, qui ont, entre autres, l'avantage d'être acclimatés.

« Cette industrie prend tous les jours plus d'extension. »

Cinquième district. - « L'industrie chevaline pour les chevaux de gros trait a été avantageuse, les chevaux se sont vendus à des prix très élevés. Il n'en est pas de même pour les chevaux croisés. Cette industrie est insignifiante. »

Sixième district. - « Par suite des hauts prix, tous les cultivateurs élèvent des chevaux de gros trait, mais sans progrès pour la beauté des sujets. Quant aux races croisées, peu s'en occupent. »

Septième district. - Il n'est question ni d'une espèce, ni de l'autre ; on regrette que les éleveurs donnent si peu de soins à leurs produits. On n'élève que pour les besoins locaux.

Huitième district. - « Les chevaux se sont très bien vendus et continuent à être recherchés. Le prix en varie de quatre à six cents francs. On n'élève pas de chevaux croisés. L'amélioration de la race du pays progresse lentement.

Onzième district. - « L'élève du cheval commence à se propager dans ce district. Ce sont presque uniquement des chevaux de gros trait qu'on élève. On n'élève pas des chevaux croisés anglais. »

Voici le résumé :

« Les chevaux et principalement ceux de gros trait ont été vendus à des prix fort avantageux pour nos éleveurs. Aussi cette industrie commence-t-elle à s'étendre et dans presque tous les districts quelques cultivateurs s'en occupent. »

Dans la province de Limbourg il n'y a qu'un seul district agricole qui fasse mention du cheval croisé.

J'arrive à la province de Luxembourg.

Premier district. - « Les chevaux de la race du pays sont très recherchés et à des prix élevés. Les chevaux croisés qui étaient naguère en défaveur se vendent très bien. »

Deuxième district. - « La race des chevaux s'améliore. On s'aperçoit chaque année des bons résultats que procure le règlement sur la monte ; les éleveurs sont en plus grand nombre. »

Puisqu'on ne désigne aucune race, il est tout simple qu'on doit rapporter ce qu'on dit à la race indigène.

Troisième district. - « Les chevaux s'améliorent et notamment la race du pays (ardennais.) On élève peu de chevaux croisés. »

Quatrième district. - « Amélioration sensible : ces bons résultas sont dus à l'exécution du règlement provincial. »

Cinquième district. - « Les bons chevaux, de trait surtout, sont très recherchés ; il est constant que la race s'améliore sensiblement. »

Sixième district. - « L'industrie chevaline est aujourd'hui dans l'état le plus prospère, surtout pour les chevaux de trait le croisement n'est pas appliqué. »

Septième district. - « Les chevaux se sont soutenus à des prix élevés. »

Huitième district. - « Depuis le printemps, les prix des chevaux de gros trait, les seuls élevés dans ce district, ont été très satisfaisants. »

Neuvième district. - « L'industrie chevaline est en progrès : les chevaux se vendent bien : la race ardennaise surtout est très recherchée. On trouve de bons reproducteurs. »

Dixième district. - « L'élève des chevaux est en progrès : l'amélioration de la race est sensible. »

Onzième district. - « L'industrie chevaline est en prospérité : on élève peu le cheval de luxe ; on se borne au cheval de trait aujourd'hui très recherché. »

Douzième district. - « On élève la race ardennaise, il y a peu d'amélioration par le croisement. »

Treizième district. - « Le soin que prennent les éleveurs de conserver des reproducteurs de choix, continue à faire disparaître tous les vices héréditaires. Il résulte de là que la race du pays s'améliore très sensiblement, surtout depuis la mise à exécution du règlement provincial accordant de bons prix d'encouragement aux cultivateurs qui conservent des étalons distingués. A défaut de stations du haras en nombre suffisant, l'élève des chevaux croisés est peu suivie. »

Quatorzième district. - « La quantité de beaux poulains exposés en foire et vendus prouve qu'il y a continuation de progrès dans l'élevage. C'est avec regret que ceux qui désirent voir s'améliorer encore la race ardennaise en sont réduits à cnustater que les meilleurs poulains sont toujours enlevés et exportés. »

Quinzième district. - « La race locale continue à s'améliorer, grâce aux encouragements accordés tant par la société d'agriculture que par l'autorité, en exécution du règlemeut provincial. Les chevaux de la race locale valent 500 francs, et les croisés se placent à 600 francs, prix moyen. »

Voici le résumé :

« La vente a constaté de bons résultats dans l'amélioration de la race locale : on a vendu, livré et exporté un grand nombre de beaux et bons chevaux du pays. Les chevaux croisés ont aussi été très recherchés ; ils se sont placés à des prix rémunérateurs.

« La race chevaline, dite ardennaise, ayant des caractères de constance, se reconstitue dans toute sa pureté, avec des améliorations très marquées. En persévérant dans la même ligne, l'élève du cheval ne peut manquer de marcher de progrès en progrès dans toute l'étendue de la province. »

Comme il y a eu fort peu de stations d'étalons du haras de l'Etat dans le Luxembourg, il faut en conclure que les améliorations obtenues l'ont été par l'accouplement de bêtes bien choisies de même race.

Aiesi, en continuant cette amélioration de la race par la race en Ardenne, on est certain d'arriver à des résultats très remarquables.

Il me reste à vous entretenir de l'opinion qu'on a, dans la prorince de Namur, sur l'amélioration de notre race chevaline indigène par le croisement avec le sang anglais.

Premier district. - « Les chevaux se sont constamment bien vendus. »

Deuxième district. - « Rien de particulier. Prix très élevés. »

Quatrième district. - « La race des chevaux de gros trait s'améliore lentement.

« L'élève des chevaux de race croisée est plutôt un amusement pour quelques grands propriétaires qu'un sujet de spéculation pour le cultivateur ; il serait difficile de leur assigner un prix. »

Cinquième district. - « On fait peu de choses pour l'amélioration des races. »

Sixième district. - « La situation des chevaux de gros trait est prospère. La race locale s'améliore lentement, vu le défaut de bons étalons.

« La production des chevaux croisés est totalement négligée. »

Septième district. - « La situation est toujours la même pour l'élève des chevaux de gros trait. Les chevaux se vendent à des prix très élevés.

« L'élève du cheval croisé prend de l'essor par suite de l'établissement, d'une stalion à Onhaye ; mais il importe, si l'on veut continuer à propager l'élève du cheval métis, de placer dans cette station de bons étalons très forts et bien membres. »

Huitième district. - « Idem. »

Dixième district. - « Les chevaux conservent en partie l'ancien type ardennais, petite taille, jambes fines, courageux pour le gros trait et pour les courses. Il n'existe point de croisement, si ce n'est avec les types condrosiens. »

Onzième district. - « La race condrosienne est généralement répandue ; elle se nourrit bien, est robuste, a de bonnes jambes, et des yeux excellents ; mais la taille est un peu petite, et la tête est pesante. Ses croisements avec les entiers hesbiniens lui ont nui. Ils ont ôté au produit la netteté des jambes et lui ont donné un corps mal conformé.

« Les croisements avec la race anglaise ont donné peu de bons produits. Cela lieni de ce que la race anglaise est elle-même une race acquise et que les gros entiers hesbiniens sont trop puissants pour les juments condrosiennes.

« Il faut donc améliorer la race par elle-même en choisissant de beaux reproducteurs, c'est à quoi tendent tous les efforts. »

Douzième district. - « L'industrie chevaline est entrée dans une voie de décadence qui nous rendra bientôt tributaires de l'Allemagne, même pour les chevaux de trait.

« Quant aux chevaux de race, ils sont proscrits par la suppression des courses ou de primes convenables. »

Treizième district. - « Les chevaux ont été recherchés, vente s'en est faite facilement.

« L'élève du cheval de gros trait, la seule qui se pratique ici, tend à s'améliorer ; mais les bons reproducteurs sont excessivement rares. »

Quatorzième district. - « Les chevaux de trait qui sont assez bons se vendent très chers. »

Quinzième district. - « L'industrie chevaline est stationnaire pour les chevaux de gros trait, et nulle pour ceux de race croisée. »

Résumé :

« Ou se plaint toujours de la rareté des bons étalons. »

Je vous ai indiqué sommairement l'avis des divers districts agricoles du pays ; vous avez remarqué, avec moi, qu'à l'exception de huit oui neuf districts pour toute la Belgique, tous expriment le désir de voir améliorer l'espèce du cheval indigène, mais par elle-même. J’aurais désiré pouvoir vous donner les mêmes indications pour 1854, mais je ne sais par quelle facilité, dans le compte rendu de l’année dernière, on a trouvé bien de supprimer sur ce point les rapports des divers comices agricoles ; on s’est borné à nous donner des résumés qui émanent du conseil d’agriculture, qu’il se borne à dire ; Les chevaux se sont bien vendus.

Voilà tout ce que nous trouvons dans le Bulletin du conseil supérieur d'agriculture sur les progrès faits par l'élève du cheval en Belgique en 1854. Cela me paraît un peu laconique, pour savoir si l'argent que nous appliquons chaque année à l'élève du cheval est convenablement dépensé ; nous aurions dû connaître les avis de ceux qui, dans (page 497) chaque district agricole, sont à même de savoir ce qui se passe. Ces détails nous manquent complètement, sauf peut-être pour les Flandres. Mais, pour les autres provinces, on se borne à dire : Le commerce des chevaux a produit des résultats avantageux, on a vendu cher.

Par ce que je viens d'avoir l'honneur de vous dire, je crois, messieurs, vous avoir démontré de nouveau qu'au lieu de persister à entretenir à grands frais un certain nombre d'étalons de sang anglais au haras de l'Etat, nous devrions, au contraire, augmenter autant que possible les faveurs à accorder à l'élève du cheval indigène.

Ma proposition devant, en définitive, aboutir à ce résultat, messieurs, a pour but immédiat de refuser au gouvernement, au moins pour cette année, l'allocation de 50,000 fr. pour achat d'étalons de sang anglais, compris dans la somme de 102,000 fr. de l'article 54.

Beaucoup de raisons militent, me semble-t-il, en faveur de mon amendement.

Je dirai d'abord, quoique ceci m'écarte un peu de mon sujet, que, pendant deux ans au moins, et, je crois, trois ans, à côté du crédit ordinaire, nous avons voté un crédit extraordinaire de 60,000 fr. pour achat d'étalons de sang. On a pu, au moyen de ces fortes sommes, renouveler les étalons qui se trouvaient au haras.

D'un autre côté, depuis l'année dernière, on a pu faire et on a fait un triage des étalons qui se trouvaient à Tervueren. Le nombre d'étalon qui, l'année derrière, était encore de 63, a été ramené aujourd'hui à 48. Ce ne sont pas les meilleurs qui auront été réformés, qui auront été vendus ou que l'on aura mis en stationnement fixe chez certaines personnes. Ce sont certainement les étalons les plus vigoureux, les plus jeunes, les plus propres à leur service, qu'on a conservés pour 1856 ; les achats seraient donc inutiles.

De ce chef déjà l'allocation de 50,000 fr. demandée pour cette année peut être rejetée.

Mais comme dans le libellé je m'aperçois qu'on a confondu et le matériel du haras et l'achat d'étalons, je dois supposer que, comme on a des frais de premier établissement à faire à Gembloux, où l'on a transporté le haras, si la Chambre vote l'article tel qu'il est libellé, au lieu d'acheter des étalons, ou se servira du crédit pour payer ces frais de premier établissement.

Dé ce second chef, nous pouvons aussi refuser l'allocation.

Mais le motif principal pour lequel nous devons la rejeter, c'est que de cette manière nous obligerons le gouvernement à entrer définitivement dans la voie qui est réclamée de tous côtés, c'est-à-dire à protéger surtout et avant tout l'élève du cheval indigène, à favoriser l'amélioration de cette race par tous les moyens en son pouvoir et surtout par les moyens financiers, par les moyens budgétaires.

Messieurs, il ne faut pas se faire illusion ! si mon amendement était adopté, le haras serait supprimé. Mais en renversant, nous voulons reconstituer, et il y a pour cela plusieurs moyens qui seraient infiniment plus économiques que ce qui existe aujourd'hui. Mais nous ne demandons pas d'économie, nous voulons que la réduction opérée sur l'article chevaux de sang soit reportée tout entière sur les chevaux de race indigène.

Au lieu de faire de par le budget ce que j'appellerai des cadeaux aux grands propriétaires qui s'adonnent à l'élève du cheval croisé, voici deux ou trois moyens qui seraient, me semble t-il, réalisables ; moyennant des encouragements du gouvernement, il est indubitable qu'il serait, très facile de réaliser un de ces projets.

Les voici :

La constitution, soit de sociétés provinciales, soit de sociétés cantonales, soit de sociétés locales. Voici comment je l'entends.

Dans une province, par exemple, il y a vingt-cinq personnes qui désirent élever des chevaux croisés. Ces vingt-cinq personnes s'associeraient ; elles se cotiseraient. L'une ou l'autre de ces personnes, ou plusieurs d'entre elles, qui auraient des écuries bien établies et bien organisées, recevraient chez elles les étalons de sang qui doivent servir à la monte, et à l'aide de la cotisation des autres intéressés, ils payeraient le personnel et ils nourriraient et entretiendraient les chevaux.

Un autre moyen, c'est d'établir des sociétés cantonales. Ce serait un mode beaucoup plus restreint, et il me semble plus logique. Car les exigences, quant aux races de chevaux, peuvent changer d'après les localités.

Ainsi, dans tel canton on peut désirer élever telle race de chevaux plutôt que telle autre. L'idée d'association sur une petite échelle, d'associations par canton, pourrait donc très bien se réaliser. Les bases seraient toujours les mêmes que celles que je viens d'indiquer quant aux sociétés provinciales.

Quant aux sociétés locales, elles s'appliqueraient à une ville, à un village ou petite contrée. On y formerait des associations toujours dans le même genre.

Je voudrais que le gouvernement donnât tout d'abord comme encouragement à ces sociétés les chevaux qu'il possède au haras, qu'il en fît cadeau aux sociétés qui se formeraient.

Je voudrais que plus tard, lorsqu'un de ces étalons serait hors de service, le gouvernement, qui aurait toujours une certaine somme à son budget pour cet objet, fournît un autre entier en remplacement de celui qui serait devenu invalide.

Voilà deux genres d'encouragement auxquels on pourrait avoir recours.

Si l'on ne veut pas de ces moyens, comme nous ne voulons pas retirer toute espèce de subside aux localités qui trouvent convenance ou profit à l'élève des chevaux croisés, nous consentirions à ce que des encouragements en argent fussent donnés aux sociétés y établies.

Quant à moi, j'applaudirais à cette manière d'encourager l'élève du cheval croisé.

Si l'on adoptait ce système, vous pouvez être certain que toujours je voterais les sommes qui seraient demandées au budget, soit pour achat d'étalons destinés à remplacer les invalides dans les écuries des sociétés, soit pour allouer des encouragements en argent à ceux qui s'occupent de l'élève du cheval croisé.

Il serait bien entendu, messieurs, que si la somme actuellement portée au budget n'était pas absorbée par les subsides accordés à ces sociétés, l'excédant serait réparti sur l'industrie de l'élève du cheval indigène. Le personnel actuel du haras serait en partie mis en disponibilité ; une partie serait replacée auprès des sociétés ; une partie inspecterait les étalons cédés aux sociétés.

M. Vander Donckt. - Ce n'est pas d'aujourd'hui, messieurs, que nous combattons la marche, la direction, le système que le gouvernement a suivi jusqu'ici dans le but d'améliorer la race chevaline ; déjà depuis plusieurs années et au conseil provincial lorsque j'avais l'honneur d'en faire partie, j'ai combattu ce système, qui est contraire aux intérêts de l'agriculture et dans l'intérêt seulement de quelques grands propriétaires, de quelques riches amateurs de chevaux. C'est dans leur intérêt, pour leurs plaisirs, que les contribuables payent annuellement d'assez fortes impositions pour contribuer à l'amélioration d'une race qui n'est d'aucune utilité pour l'agriculture. Cependant c'est au chapitre de l'agriculture que figure l'allocation. C'est une anomalie.

Messieurs, lorsque nous combattions autrefois la dépense dont il s'agit, nous n'avions pas encore pour nous l'expérience, mais nous nous appuyions de l'autorité de quelques hommes distingués dans l'art hippique. Cependant l'honorable ministre de l'intérieur nous dit que tous les ans on vient combattre le haras de l'Etat et qu'il doit y avoir de la stabilité. Je réponds à l'honorable ministre que tant que le gouvernement suivra le système vicieux qu'il a suivi jusqu'ici, il trouvera des contradicteurs, il sera combattu.

Pour vous citer, messieurs, l'autorité d'un homme très compétent, je vous dirai que déjà en 1848, lorsque le Congrès agricole fut réuni dans la capitale, cette assemblée, composée de tous les agronomes distingués du pays, s'est prononcée en principe sur la question de savoir s'il fallait que le gouvernement intervînt par des subsides en faveur des courses. A l'unanimité, messieurs, du Congrès agricole, cette question a été résolue négativement et depuis lors le gouvernement a cessé d'employer les deniers des contribuables à subsidier les courses de chevaux. Tout ce qui concernait les chevaux de luxe, les chevaux de course a été laissé à la charge des amateurs de chevaux, comme cela devait être.

Mais, messieurs, ce n'est là qu'un premier pas ; un autre point c'est l'élève du cheval de luxe ; c'est encore là une charge qui pèse sur les contribuables pour le plaisir, je le répète, de quelques riches.

Eh bien, messieurs, voici ce qu'a cette occasion disait au congrès, agricole l'honorable professeur Thiernesse :

« M. Vander Donckt. - Je viens appuyer les conclusions de la deuxième section. Je crois que la question n'a pas été posée dans son véritable sens. Nous sommes ici réunis en Congrès agricole. En cette qualité, nous n'avons pas besoin de chevaux doués d'une très grande vélocité ; c'est la force musculaire qu'il leur faut. C'est cette qualité qui a fait la réputation de nos chevaux. C'est ce qui les fait acheter par les Anglais ei les Français. Je considère donc les courses comme tout à fait inutiles au point de vue agricole. Je ne crois pas que le gouvernement doive intervenir dans les courses ; nous devons émettre le vœu que cette charge cesse de peser sur l'Etat.

« M. Thiernesse. - Messieurs, l'honorable préopinant a abrégé ma tâche ; c'est vous dire que j'abonde entièrement dans son sens. Je regrette beaucoup de ne pas partager l'opinion de l'honorable M. d'Omalius, dont l'expérience, dans tout ce qui concerne l'agriculture vous est connue. Je crois que les courses, telles qu'elles sont instituées dans notre pays, soni plutôt nuisibles qu'utiles à l'agriculture. En effet, quels sont ceux qui, depuis que nous cherchons à imiter les Anglais, se sont occupés de l'élève des chevaux de course ? Sont-ce les fermiers ? Nullement. Ces chevaux fins, propres à la course d'une courte durée seulement, ne sont élevés que par des personnes riches qui y trouvent leur amusement. Et la plupart des cultivateurs qui, dans le but d'améliorer leur race chevaline, l'ont croisée avec le pur sang anglais, ont éprouvé de grands mécomptes. C'est dont à tort que les chambres législatives considèrent comme un encouragement pour l'agriculture la somme de 30,000 fr. qu'elles votent annuellement pour les courses de chevaux ; car celles-ci ne servent, en définitive, qu'a fournira quelques riches éleveurs un moyen de récréation.

« Je terminerai mes observations en vous indiquant, relativement à cette question, l'opinion d'un homme très compétent. M. Richard, directeur de l'école des haras établie au haras du Pin, a communiqué, il y a quelques mois, à l'Académie des sciences de Paris un mémoire, dans lequel il s'attache à démontrer que les races chevalines doivent surtout être améliorées par elles-mêmes, il repousse le cheval de course comme type améliorateur, et il dit expressément dans ses conclusions : « Que toutes les races de France, qui ont été mélangées avec le cheval d'hippodrome, ont dégénéré. »

(page 498) Voilà, messieurs, le système que j'ai qualifié de vicieux et qui est suivi dans ce pays-ci. C'est pour le combattre que nous avons eu l'honneur de présenter notre amendement.

Vous voyez, messieurs, qu'à cette époque déjà nous avions à citer l'autorité de l'honorable professeur Thiernesse qui certes doit faire quelque impression sur nos esprits. Nous avons, en faveur de notre thèse, l'opinion de M. Richard dont la compétence en cette matière ne peut pas être révoquée en doute. Eh bien, que nous disent ces autorités ? Elles nous disent qu'il n'y a que la reproduction de la race par la race qui soit bonne, et qu'en France, ceux qui ont croisé leurs chevaux avec des chevaux étrangers ont éprouvé de graves mécomptes.

Maintenant on a été plus loin : non seulementon a voulu faire dégénérer (et c'est à quoi tend le système du gouvernement) notre race de chevaux de gros trait, mais on a été, dans une autre enceinte, jusqu'à conseiller au gouvernement de ne point s'en tenir aux haras, mais d'établir comme corollaire du haras des dépôts de remonte. Eh bien, messieurs, c'est ouvrir une nouvelle source de mécomptes et de dépenses inutiles que je qualifie de gaspillage des deniers publics, de dilapidation des fonds du trésor, et voici pourquoi.

Mon honorable collègue M. Van Cromphaut vous a déjà fait le détail des frais de l'élève du cheval en Belgique, qui ne laisse au cultivateur aucun bénéfice et qui rend impossible la concurrence avec les éleveurs étrangers et notamment avec l'Allemagne, parce que, dans ce pays, la valeur des propriétés, des prés, des bois est infiniment inférieure ; les moyens d'élève y sont très faciles et peu dispendieux ; tandis qu'en Belgique, où les champs sont des espèces de jardins, l'agriculture une espèce de culture maraîchère, les frais que doivent s'imposer les éleveurs sont infiniment plus considérables à cause de la densité de la population et de la concurrence. Eh bien, à l'exception peut-être d'une partie du Luxembourg, cette situation est générale et c'est pour ce motif que je combats l'idée de l'établissement d'un dépôt de remonte.

Maintenant, messieurs, pour vous prouver d'une manière plus évidente encore que la reproduction de la race par la race est le meilleur système d'amélioration, permettez-moi de vous citer un passage du dernier bulletin de la commission centrale d'agriculture. On y lit, à la page 162 :

L'élève des chevaux de gros trait a pris une grande extension, mais celle des chevaux de race croisée a considérablement perdu.

Le comice du premier district agricole a émis plusieurs fois le vœu de voir placer dans les stations d'étalons de cette partie de la province des étalons de la race percheronne. La nécessité s'en est de nouveau fait sentir en 1854, les éleveurs de ce district ayant presque tous renoncé au croisement avec les étalons du gouvernement. Nous appelons l'attention de l'administration sur cet état de choses qui paraît également s'être produit ailleurs, comme dans les deuxième, quatrième, cinquième, neuvième et onzième districts.

M'objectera-t-on peut-être que le cultivateur des Flandres ne connaît pas ses intérêts ? Il les connaît beaucoup mieux que ceux qui veulent le faire entrer dans une voie ruineuse pour ses intérêts.

Quels sont les districts qui restent encore ? Il n'y en a presque pas : je suis donc autorisé à dire que cet abandon est général dans ma province.

En général, la commission centrale d'agriculture vous le dit, on a presque généralement abandonné le croisement avec des chevaux du gouvernement et pour cause.

Pourquoi donc, me dira-t-on peut-être, a-t-on abandonné cette industrie de l'élève du cheval croise ? Mais, pour une raison bien simple et que je trouve dans ces quelques lignes que je lis à l'article « Espèce chevaline », concernant la province d'Anvers.

« Il est digne de remarque que dans l'industrie chevaline, le cheval de trait a un écoulement plus facile que celui de service accéléré, c'est pour cette cause et à raison des services qu'ils peuvent rendre et qu'ils rendent en effet dès l'âge de 2 à 3 ans, que les cultivateurs les élèvent de préférence au cheval croisé. »

Eh bien, messieurs, voyez maintenant ce qui se pratique, en général, chez les agriculteurs. On court les plus grandes chances, en élevant un cheval de race, de n'avoir, au moment où l'on croit pouvoir en tirer parti, qu'un animal sans valeur, tout à fait impropre à sa destination et qu'il est impossible de faire servir à l'agriculture, parce que les travaux des champs exigent des chevaux de gros trait ; cela est généralement connu. Ainsi, outre le désavantage de devoir nourrir des chevaux de race pendant quatre à cinq ans, l'éleveur s'expose encore à n'avoir, après tous ces sacrifices, qu'une bête tout à fait impropre à la course et incapable de servir aux travaux agricoles ; tandis qu'il peut se servir, dès l'âge de deux à trois ans, des chevaux obtenus au moyen du croisement de la race par la race même.

Vous le voyez donc, messieurs, l'examen le plus superficiel de la question suffit pour en déterminer la solution en faveur de la race indigène : Croire le contraire, et surtout s'imaginer que l'on puisse obtenir de bons résultats d'un dépôt de remonte, c'est se créer des chimères, c'est nourrir de véritables utopies ; car il faut, pour un dépôt de remonte des chevaux de race, et ces chevaux ne conviennent pas à l'agriculture. J'ai donc raison de dire qu’il est diamétralement contraire aux intérêts de l'agriculture d'engager le gouvernement à persister dans ce système, à accueillir de telles idées.

Ce système, je ne saurais le répéter, ne peut qu'engendrer des mécomptes, attendu qu'il est impossible à nos éleveurs de soutenir la concurrence avec les éleveurs étrangers, et qu'alors même que cette concurrence serait possible, la différence des frais qu'occasionnent un cheval indigène et un cheval croisé est telle, qu'on ne peut sérieusement songer à établir entre eux un parallèle quelconque : on peut, en effet, se servir du cheval indigène à l'âge de 2 ou 3 ans ; tandis que le cheval croisé doit avoir 4 à 5 ans avant qu'on puisse en tirer parti et que l'on court encore le risque, je le répète, de ne recueillir que des mécomptes après de nombreux sacrifices.

Encore une fois, messieurs, l'établissement d'un dépôt de remonte coûterait des sommes considérables à l'Etat, et ne servirait qu'à donner satisfaction à quelques amateurs de chevaux. Aussi longtemps que le gouvernement continuera de suivre cette ornière vicieuse, aussi longtemps nous le combattrons, parce que. nous basant sur l'expérience et sur l'autorité des hommes les plus compétents en cette matière, nous persisterons à croire que cette voie est vicieuse. Ces motifs me détermineront à voter en faveur de l'amendement proposé.

M. le président. - L'amendement que M. David vient de développer est ainsi conçu :

« Les soussignés proposent de réduire le chiffre pétitionné pour matériel du haras et achat d'étalons à la somme de fr. 52,000.

« V. David, J.-G. de Naeyer, T. Vander Donckt, Mascart. »

M. David. - Je désirerais savoir de M. le ministre de l'intérieur, combien et quelles espèces de chevaux entiers ont été achetés en 1855 et à quel prix. Je désirerais également connaître le contrat de location de l'établissement de Gembloux, et savoir quelle a été la dépense de premier établissement et si cette dépense est complètement soldée.

- L'assemblée n'étant plus en nombre, la suite de la discussion est renvoyée à jeudi prochain.

La séance est levée à 3 1/2 heures.