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Chambre des représentants de Belgique
Séance du samedi 7 juillet
1832
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre
2) Projet
de loi portant organisation de l’armée de réserve. Interpellation quant à la
levée de la milice dans le Luxembourg (d’Hoffschmidt,
de Theux)
3) Projet de loi accordant un crédit supplémentaire au budget du
département de la justice pour l’exercice 1831 (Raikem, Osy, Leclercq, Osy,
H. de Brouckere, Fleussu, Lebeau, Raikem)
4) Projet de loi relatif aux délits de presse (Raikem,
H. de Brouckere, Lebeau)
5) Proposition de loi relative aux restitutions de droits sur le sel (Zoude, Goethals, Destouvelles, d’Elhoungne,
Lebeau, Duvivier, d’Elhoungne)
6) Projet de loi accordant un crédit supplémentaire au budget du
département de la justice pour l’exercice 1832 (Brabant)
7) Projet de loi fixant le traitement des membres de l’ordre judiciaire.
Traitements des membres des cours d’appel (Bourgeois,
Helias d’Huddeghem, Helias
d’Huddeghem, Dubus, Lebeau, Bourgeois, Raikem, Van Meenen, A. Rodenbach, Lebeau, Fleussu, Helias
d’Huddeghem, Dewitte, Brabant,
A. Rodenbach, Destouvelles,
Bourgeois, Lebeau, Dubus, H. de Brouckere, Raikem, H. de Brouckere, Van Meenen, Helias d’Huddeghem, Raikem, Destouvelles, Verdussen, Dubus, Van Meenen, Gendebien, Destouvelles, H. de Brouckere,
Raikem, Raikem, H. de Brouckere, Destouvelles,
Gendebien, Raikem, H. de Brouckere), indemnités pour les assises et jury
(Dubus, Raikem, Gendebien, Nothomb, Gendebien, Lebeau, Raikem, Leclercq, Gendebien, Dubus, Raikem, Destouvelles, Verdussen, Lebeau, Dewitte), classification des tribunaux de première
instance (Raikem, Dubus, Verdussen, Mary, Leclercq, Taintenier, Lardinois, Raikem, Leclercq, Davignon, Dubus, Taintenier, H. de Brouckere, d’Elhoungne,
Dubus, Lardinois, Verdussen, Leclercq, de Terbecq, Dewitte, Destouvelles, Dewitte)
(Moniteur belge n°191, du 9 juillet 1832)
(Présidence de M. de Gerlache.)
A midi, M. Dellafaille fait l’appel nominal ; 48 membres sont présents.
M. le président. - Nous allons attendre quelques instants ; nous serons
probablement bientôt en nombre.
- A midi et demi,
la chambre étant en nombre.
M. Dellafaille lit le procès-verbal qui est adopté sans réclamation.
PIECES ADRESSEES A LA CHAMBRE
M. Liedts
analyse une pétition, qui est renvoyée à la commission.
PROJET DE LOI PORTANT ORGANISATION DE L’ARMEE DE
RESERVE
Interpellation
M. le président. - Vous avez décidé que vous entendriez aujourd’hui
les développements de la proposition de M. Zoude.
M. d’Hoffschmidt. - Je demande la parole pour une interpellation à MM.
les ministres.
Messieurs, une
guerre prochaine avec la Hollande ne peut plus, me semble-t-il, être un problème
pour personne, ce qui m’engage à adresser une demande au ministère, que je
ferai précéder de quelques réflexions.
Si la France et
l’Angleterre, au lieu de faire exécuter le traité du 15 novembre, nous laissent
le soin de faire évacuer notre territoire, il est évident, selon moi, que le
résultat d’une victoire sur nos ennemis ne pourrait avoir seulement pour but la
stricte exécution de ce traité que nous n’avions accepté, au prix des plus
grands sacrifices, que pour maintenir une paix que toute l’Europe désirait
ardemment ; car, dès que la position dans laquelle on nous laisse, malgré les
nombreux et volumineux protocoles de la conférence, nous force à courir les
chances de nous voir imposer de nouvelles conditions, il est tout naturel qu’en
cas de succès (succès qui pour moi, ne sont nullement douteux) nous ayons aussi
le droit de changer les nôtres ; et certainement la première que nous
imposerons sera la conservation de nos frères du Luxembourg et du Limbourg, qui
ont conservé le même patriotisme qui les a portés à secouer, avec nous, le joug
du despote aux réactions duquel cet abandon (que je m’abstiendrai de qualifier)
a failli les livrer.
Oui, messieurs,
malgré cette tache, qu’il serait à désirer que nous pussions effacer, pour
jamais, de nos annales, je puis vous assurer ici que vous ne vous êtes pas
encore aliéné les hommes libres du Luxembourg, qui considéraient toujours comme
le suprême bonheur de rester nos concitoyens ; aussi ils appellent la guerre de
tous leurs vœux comme l’unique moyen qui puisse encore leur assurer le bonheur.
Cependant, malgré
l’évidence d’une guerre prochaine qui anéantira les 24 articles et les
protocoles, le gouvernement paraît vouloir continuer à considérer ces
Luxembourgeois et ces Limbourgeois comme étrangers à la cause que nous allons
défendre sur le champ de bataille, puisqu’il ne veut, à ce que l’on m’a assuré
très positivement, faire aucune levée d’hommes dans ces parties de la Belgique
qui ont intérêt plus que le reste encore à ce que nous soyons assez forts pour
être entièrement assurés de la victoire.
Les Luxembourgeois
surtout, messieurs, ont, outre l’intérêt général qui anime tous les Belges, un
motif de plus pour désirer d’en venir aux mains avec nos ennemis. N’est-ce pas
sur leur territoire, sous leurs yeux, qu’a été enlevé ce malheureux M. Thorn,
leur concitoyen, leur gouverneur, leur sénateur, l’homme qui jouit à la fois de
toute leur estime et de leur confiance ? Oui, messieurs, cet outrage fait à la
nation entière est encore plus vivement senti dans ma province que partout
ailleurs, et nous ne cesserons pas de réclamer une réparation éclatante jusqu’à
ce que nous l’ayons obtenue. Cependant, puisque le gouvernement prend dans ce moment
des mesures énergiques qui ne laissent aucun doute sur le changement de système
qu’il a adopté, je ne lui adresserai aucune nouvelle interpellation à cet
égard.
Je
me bornerai donc à demander à MM. les ministres s’il est vrai qu’ils ont
décidé, comme cela a eu lieu pour la dernière levée de la milice, que les
parties du Luxembourg et du Limbourg qui avaient été cédées par les 24
articles, ne seront pas appelées à fournir leur contingent dans la levée des
trente mille hommes qui va avoir lieu, et, dans le cas de l’affirmative, quels
sont les motifs de cette décision qui ne serait propre qu’à décourager
entièrement ces Belges qui, malgré leur position particulière, ont conservé
l’espoir que la diplomatie ne leur ôtera pas la liberté qu’ils ont acquise au
prix de leur sang : car, messieurs, ne perdez pas de vue que ce sont ces mêmes
Luxembourgeois qui ont si vaillamment combattu à Walhem et à Berghen.
M. le ministre de l’intérieur (M. de Theux). - Messieurs, j’applaudis au dévouement de l’honorable
député de la province de Luxembourg, et je dois lui déclarer que, loin que le
gouvernement soit résolu de ne pas faire les opérations relatives à la levée
des hommes pour composer l’armée de réserve, dans les provinces du Limbourg et
du Luxembourg qui devraient être cédées en vertu du traité des 24 articles, il
a décidé au contraire que ces provinces seront comprises en entier dans les
répartitions, et que les opérations concernant la levée auront lieu dans ces
contrées comme ailleurs.
M. d’Hoffschmidt. - Cette explication me suffit.
PROJET DE LOI ACCORDANT UN CREDIT SUPPLEMENTAIRE
AU BUDGET DU DEPARTEMENT DE LA JUSTICE POUR L’EXERCICE 1832
M. le président. - Maintenant M. Zoude peut être entendu.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Je demande la parole quelques instants, avant M.
Zoude.
M. le président. - Vous avez la parole.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Messieurs, l’insuffisance des crédits provisoires
accordés au ministère de la justice nous oblige de demander un supplément de
crédit pour subvenir aux besoins de l’exercice de 1831.
Le budget du
ministre de la justice pour l’exercice de 1831, présente dans le mois d’octobre
dernier, s’élevait à la somme totale de 1,062,085 fl. 3 cents.
La retenue faite
sur les fonctionnaires, en vertu du décret du congrès, s’est élevée à la somme
de 29,335 fl. 23 cents.
Restait donc pour
la dépense réelle la somme de 1,032,749 fl. 80 cents.
Les crédits
alloués au ministère de la justice, pour l’exercice de 1831, sont :
1° Une somme de
553,000 fl. pour les besoins du premier semestre (décret du congrès du 15
janvier 1831) ;
2° 150,000 fl.
pour le troisième trimestre (décret du congrès du 20 juillet 1831) ;
3° 262,035 fl. 35
cents pour le quatrième trimestre (loi du 4 novembre 1831).
Le total des
crédits alloués est de 965,031 fl. 25 cents.
Il y a donc en
moins, sur la dépense réelle portée au budget présente, une somme de 67,758 fl.
55 cents. Et cependant le budget est fait d’une manière économique.
Mais, en allouant
les crédits provisoires, on est parti d’une base qui, par l’événement, s’est
trouvée inexacte.
Les frais de
justice sont incertains et variables. D’après la loi du 8 novembre 1815, ceux
qui auraient des réclamations à former de ce chef avaient jusqu’au 30 juin de
cette année pour les faire valoir ; et nombre de réclamations n’ont été formées
qu’après l’expiration de l’année 1831.
Or, l’erreur a
commencé lors du crédit de 150,000 fl. alloués, le 20 juillet 1831, pour le
troisième trimestre. On a pris en considération ce qui n’avait pas été dépensé
sur le crédit alloué pour le premier semestre, et la même erreur a continué
lors du crédit alloué par la loi du 14 novembre 1831.
Toutes les
réclamations à former sur les trois premiers trimestres n’étaient pas encore
connues, lorsque le crédit du quatrième trimestre a été alloué. Elles ne le
sont même pas encore entièrement aujourd’hui. Je m’occupe de les faire rentrer,
et je pense qu’elles seront incessamment en ma possession. Les dépenses dont
les états sont rentrés jusqu’à ce jour, excèdent de 25,354 fl. les sommes
allouées. Le crédit demandé n’est qu’éventuel pour le surplus. La somme de
35,000 fl. que je viens demander à la chambre, ne portera pas même le total des
crédits à la somme comprise dans le budget présenté pour 1831
« Projet de
loi
« Léopold,
roi des Belges,
« A tous
présents et à venir, salut.
« De l’avis
de notre conseil des ministres,
« Nous avons
chargé notre ministre de la justice de présenter aux chambres, en notre nom, le
projet de loi dont la teneur suit :
« Article
unique. En sus des crédits alloués au ministère de la justice par les décrets
du congrès des 5 janvier et 20 juillet 1831 (Bulletin officiel, n°18 et 184) et par la loi du 14 novembre de la
même année (Bulletin officiel,
n°304), il est alloué un crédit de trente-cinq mille florins pour satisfaire
aux besoins dudit ministère pour l’exercice de 1831.
« Donné à
Anvers, le 6 juillet 1832.
« Par le Roi,
Léopold.
« Le ministre
de la justice, Raikem. »
Messieurs, pour ce
projet je réclamerai l’urgence, et je prierai l’assemblée de vouloir bien le
discuter le plus tôt possible, si même il y a lieu à discuter sur un pareil
objet.
M. Osy. - Il me paraît que ce projet devrait être renvoyé à
la commission du budget, car les dépenses ne sont que de 25 mille fl. et on
vient en demander 25 mille. Ensuite je pense que pour la régularité de la comptabilité
six mois doivent être suffisants pour faire rentrer tous les états de dépenses.
Je demande donc qu’on renvoie ou à une commission, ou à la commission du
budget.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Tous ceux qui ont la moindre connaissance de
l’administration judiciaire, savent qu’il est impossible de préciser avec une
rigoureuse exactitude quel sera le montant des frais de justice. On ignore quel
sera le nombre d’affaires, quel sera le nombre des jurés et leur éloignement
respectif, combien de témoins pourront être entendus.
Il est impossible
que le ministre sache combien de temps dureront les assises ; il ne peut
qu’évaluer approximativement des dépenses variables de leur nature. Les
intéressés ayant pour la production de leurs états de dépenses jusqu’au 30
juin, on peut encore en recevoir qui se trouvent peut-être entre les mains des
gouverneurs.
La
précision réclamée par le préopinant est impossible : l’année 1831 a dépassé
tous les calculs ; il y a eu plusieurs affaires politiques, les affaires de
pillage ; un grand nombre de témoins ont été entendus. Au reste je me suis
empressé de donner à quelques-uns de mes honorables collègues les
renseignements désirables, et je suis prêt à les donner encore, parce que dans
mon ministère il n’y a rien de secret.
M.
le président. - M. Leclercq a
la parole.
M. Leclercq. - J’y renonce, je ne voulais que présenter les mêmes observations
que vient de faire M. le ministre de la justice.
M. le président. - Voulez-vous discuter ce projet immédiatement après celui sur les
traitements ? (Oui ! oui !)
M. Osy. - Mais auparavant il faudrait décider sur ma
proposition ; j’ai demandé que le projet soit renvoyé à une commission.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Les détails sont très simples ; je suis prêt à les
donner.
M.
H. de Brouckere.
- Il est évident que le projet est urgent et qu’il ne peut donner lieu à de
longues contestations ; j’appuie la proposition du ministre, relative à
l’urgence, mais néanmoins je crois que l’on ne peut se dispenser de renvoyer à
une commission : il suffit de lire l’article 33 : « Les propositions de
lois adressées à la chambre par le Roi et par le sénat, après que lecture en a
été faite dans la chambre, sont imprimées, distribuées et transmises, soit à
une commission pour y être discutées suivant la forme établie au chapitre V.,
etc.
« La
discussion ne pourra commencer dans les sections qu’au moins trois jours après
la distribution, sauf les cas d’urgence dont la chambre décide. »
Je demande donc
que le projet soit renvoyé à une commission nommée par le bureau, et qu’elle
s’en occupe instantanément.
M. Fleussu. - Elle pourrait s’en occuper séance tenante.
M. Lebeau. - Ce serait impossible s’il y a des chiffres à
examiner.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Il n’y en a pas pour un quart d’heure. J’ai aussi
un autre projet à présenter.
M. le président. - Il faut d’abord que je mette aux voix le renvoi à
une commission. Que ceux qui sont d’avis du renvoi à une commission veuillent
bien se lever.
- Adopté.
Le projet sera
renvoyé à une commission.
PROJET DE LOI RELATIF AUX DELITS DE PRESSE
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Le décret du congrès du 20 juillet 1831, concernant
les délits de la presse, dispose qu’il devra être révisé pendant la première
session législative. La session étant fort avancée, nous avons pensé qu’il ne
serait pas possible de réviser le décret dans la session actuelle, c’est
pourquoi nous venons vous proposer de proroger la force obligatoire de cette
loi.
Je ferai remarquer
en outre que la législation sur la presse a une certaine connexité avec celle
sur le jury, puisque, d’après la constitution, les délits commis par la voie de
la presse doivent être soumis au jury. Il est donc à désirer qu’on puisse
s’occuper simultanément de ces deux objets ce qui ne pourra avoir lieu que dans
la prochaine session.
En conséquence,
j’ai l’honneur de vous présenter le projet suivant :
« Léopold,
Roi des Belges.
« A tout
présents et à venir, salut.
« De l’avis
de notre conseil des ministres, nous avons chargé notre ministre de la justice
de présenter aux chambres, en notre nom, le projet de loi dont la teneur suit :
« Vu l’art.
17 du décret du 20 juillet 1831 (Bulletin officiel, n°185)
« Article
unique. Le décret précité du 20 juillet 1831 continuera à avoir force
obligatoire jusqu’à ce qu’il y soit autrement pourvu. »
M. le président. - Ce projet sera-t-il imprimé, distribué et renvoyé
aux sections ?
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Il est inutile de l’imprimer, il est si court.
M. le président. - Préférez-vous qu’il soit renvoyé à une commission
? (Oui ! oui !)
M. H. de Brouckere. - Je demande l’impression.
M. Lebeau. - Alors il faut ordonner l’impression de la loi du 20
juillet ; car le projet actuel, ne faisant que proroger l’effet de la première,
deviendrait seul parfaitement inutile.
M. H. de Brouckere. - La loi sur la presse est déjà imprimée, nous
l’avons dans le Bulletin des lois.
M. Lebeau. -Je demande que cette impression soit déclarée
inutile.
(Moniteur belge n°, du xxx juillet 1832)
M. H. de Brouckere. - Si la loi est courte, l’impression sera peu coûteuse
; je persiste dans ma demande d’impression.
M. le président. - Je vais consulter l’assemblée.
- L’impression
n’est pas ordonnée.
M. le président. - Le renverra-t-on aussi à une commission ? (Oui ! oui !) Messieurs, je vous
proposerai pour examiner la demande de crédit MM. Osy, Cols, Desmet,
Dellafaille et Brabant ; ils sont invités à se réunir pour l’examen.
M. Lebeau. - Il faut que M. le ministre de la justice soit ici.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Nous pouvons discuter pendant les développements de
M. Zoude.
- La commission se
retire.
M. Zoude donne lecture des motifs qui l’ont guidé dans la
présentation de sa proposition sur le sel.
M. le président. - Cette proposition est-elle appuyée ? (Oui ! oui !)
- Conformément à
l’article 37 du règlement la discussion est ouverte sur la prise en
considération.
M. Goethals.
- Je ne pense pas qu’il y ait d’opposition dans la chambre ; sans cela je ne pourrais
que revenir sur les faits allégués par M. Zoude et qui sont de la dernière
évidence. En effet, il a paru absurde que l’on accordât des restitutions de
droits pour des sels à destination de pays qui ne les admettent pas ; que ces
sels, arrivés aux chemins mitoyens, se réintroduisissent en fraude dans le
pays. Les sauneries des frontières de la Belgique se trouvent ruinées, parce
qu’on vient à leur porte vendre des sels en décharge des droits à un prix
inférieur à celui de fabrication.
M. le président. - Si personne ne demande la parole, je vais mettre
la prise en considération aux voix.
M. Zoude demande le renvoi à la section centrale pour faire un
rapport lundi ou mardi.
M. Goethals.
- Il est certain qu’il ne s’agit point que la section centrale fasse un rapport
mardi sur tout le projet en discussion, mais seulement de faire un rapport sur
l’article unique présenté par M. Zoude, qui apporte un changement à la
législation qui nous régit ou plutôt c’est une disposition particulière en
dehors du projet général.
M. Zoude. - Je demande que le rapport ne soit fait que mardi,
afin que la section centrale ait le temps de s’en occuper.
(Moniteur belge n°193, du 11 juillet 1832)
M. Destouvelles. - La proposition de M. Zoude est destinée à être
fondue dans la loi dont nous nous occupons ; mais la section centrale n’est
chargée que de résumer les discussions des autres sections et non de prendre
l’initiative sur les modifications à apporter à un projet. Si la proposition de
M. Zoude est une disposition particulière, si l’opinion de M. Goethals est
fondée, vous ne pouvez la renvoyer à la section centrale ; il faut
nécessairement la renvoyer à une commission spéciale.
M. d’Elhoungne. - J’appuierai pleinement la proposition qui vient
d’être faite de la nomination d’une commission spéciale, et je ferai remarquer
à ce sujet que déjà plusieurs membres de cette chambre font partie de plusieurs
commissions sur les distilleries, sur le sel, et il est impossible que ces
membres s’occupent simultanément de l’examen de 2 à 3 projets différents.
En outre,
messieurs, je vous dirai que je considère ce projet comme parfaitement inutile
et reposant sur une fausse application de la loi ; on n’avait pas besoin de
venir vous demander qu’il ne serait pas délivré d’acquit-à-caution pour le pays
où l’exportation du sel est défendue. Il est de principe en matière de douane
qu’on n’accorde d’acquit-à-caution que pour que la marchandise parvienne à sa
destination, et ici elle ne peut y parvenir légalement, puisque l’entrée est
interdite ; je pense qu’il suffirait, pour remplir le but du projet de M. Zoude,
d’en revenir à une juste appréciation de la loi.
M.
Lebeau.
- Je demande la parole pour un rappel au règlement. Quelle est la question sur
laquelle la chambre doit décider ? C’est de savoir si elle renverra à la
section centrale, à une commission spéciale ou en sections. Je demande donc que
ce soit cela que l’on mette aux voix, et que l’on n’entre point dans la
discussion du fond.
M. Duvivier. - Je partage l’avis de l’honorable M. Lebeau, sans cela
j’aurais demandé la parole pour répondre à M. d’Elhoungne.
- Le renvoi à une
commission est ordonné.
M. le président. - Je proposerai pour cette commission MM.
d’Elhoungne, Serruys, Pirmez, Duvivier et Seron.
M. d’Elhoungne. - Je dois faire remarquer que M. Serruys et moi
faisons partie de la commission sur les distilleries : c’est un projet très
urgent pour l’examen duquel il nous faut encore 5 à 6 jours ; il me serait donc
impossible de faire partie de cette commission.
M. le président. - Je proposerai à M. Thienpont de remplacer M.
d’Elhoungne ; la commission serait alors composée de MM. Thienpont, Serruys,
Pirmez, Duvivier et Seron.
PROJET DE LOI ACCORDANT UN CREDIT SUPPLEMENTAIRE
AU BUDGET DU DEPARTEMENT DE LA JUSTICE POUR L’EXERCICE 1832
M. Brabant, rapporteur
de la commission sur le crédit demandé par le ministre
de la justice, a la parole. - Messieurs, votre commission a pu facilement se
convaincre de l’exactitude des calculs de M. le ministre ; elle vous propose
l’adoption du crédit de 35,000 florins.
M. le président. - S’il n’y a d’opposition, la chambre discutera ce
projet immédiatement après celui sur les traitements.
M.
le président. - Voici les
membres que je proposerai pour composer la commission sur le projet de la
presse : MM. Fleussu, Destouvelles, Dubus, Taintenier et Raymaeckers.
PROJET DE LOI FIXANT LE TRAITEMENT DES MEMBRES
DE L’ORDRE JUDICIAIRE
Discussion des
articles
Article 2
La suite de
l’ordre du jour est la discussion sur les traitements des membres de l’ordre
judiciaire (article 2).
M. Bourgeois. - Appartenant à l’ordre judiciaire, j’éprouve quelque
répugnance à prendre la parole dans une discussion où il s’agit de fixer les
traitements de cet ordre. Je vous demanderai de ne considérer ce que je vais
dire que comme venant d’un membre de la chambre ; mais je crois devoir
reproduire l’opinion que j’ai émise dans le sein de la section centrale.
Pour arriver à un
bon résultat dans la quotité des traitements, il me paraissait qu’on devait
d’abord fixer ceux des conseillers ou des juges. Le traitement des conseillers ou
des juges me semblait être l’unité d’où dériveraient tous les multiples soit en
augmentant soit en diminuant.
Depuis le
renouvellement de l’institution de l’ordre judiciaire, depuis qu’il s’est agi
de faire payer par l’Etat les membres de l’ordre, on a toujours pris pour point
de départ le traitement des conseillers ou des juges pour arriver aux sommités
ou pour descendre aux inférieurs. Après avoir fixé leur traitement, on
accordait au président moitié en sus, au vice-président un quart, et 3/4 de traitement
au substitut. Ce principe m’a toujours paru très raisonnable.
En
conséquence, il me paraît que l’on devrait commencer par discuter le traitement
des conseillers des cours avant de passer à celui des présidents des chambre
mentionnés au § 2 de l’article 2. Je pense qu’il y aurait lieu de procéder à la
fixation pour les conseillers, et de diviser la question en fixant d’abord pour
la cour de Gand, après celles de Bruxelles et Liége, ou Liége, Bruxelles et
Gand, n’importe. C’est après avoir fixé ce premier traitement, que sans
difficulté vous pourrez avoir de suite le taux de celui que l’on pourra
accorder aux présidents de chambre, aux avocats-généraux et aux substituts.
Je demande donc
que l’on discute avant tout le traitement des conseillers avant ceux des
présidents de chambre, et que l’on divise les divers paragraphes de l’article
2, au lieu de discuter ensemble pour les conseillers des trois cours.
M. Helias
d’Huddeghem. - Je demande la
parole contre la division.
M. Lebeau. - Vous ne le pouvez pas, la division est de droit.
M.
le président. - Ainsi, si
la chambre est d’accord, on fixera dès lors le traitement des conseillers pour
la cour de Gand, ensuite pour Liége et Bruxelles. (Il faut commencer par Bruxelles !)
Nous allons
commencer par Bruxelles.
________________
« Conseiller
à la cour d’appel : fr. 5,000. La section centrale propose 6,000 fr. »
M. Helias
d’Huddeghem. - La loi
d’organisation de l’an VIII annonça des traitements beaucoup trop modiques, mais
sous ce rapport elle ne les annonça que comme provisoires : il est certain que,
si la plupart des magistrats eussent prévu que cet état eût duré, ils eussent
préféré de continuer ou de reprendre la profession d’avocat.
Il est encore
incontestable que les cours et les tribunaux ne se maintiendront dans l’état
qui convient au bonheur public, qu’autant qu’ils seront successivement
renouvelés par les hommes les plus instruits qu’on pourra choisir parmi les
anciens avocats. Or, on ne peut compter sur eux, si la situation de la
magistrature ne change pas : On ne trouvera donc pour composer les cours et les
tribunaux que des hommes incapables et sans ressource, ou des jeunes gens qui
voudront sans instruction préparatoire obtenir une place honorable.
Une fois que les
fonctions judiciaires pourront devenir l’objet raisonnable des vœux des plus
habiles jurisconsultes, elles seront pour eux un but d’émulation d’autant plus
avantageux pour la société qu’alors on aura le droit d’être plus difficile sur
le choix, et comme l’a dit un profond jurisconsulte, « que les
connaissances les plus profondes et les talents les plus brillants ne suffiront
pas pour déterminer le choix ; que la qualité la plus indispensable sera une
réputation d’honneur, de pureté et de délicatesse, à l’acquisition de laquelle
le public aura nécessairement gagné. »
Mais examinons en
quoi des traitements convenables, pour l’ordre judiciaire, pèseraient si fort
sur le trésor public : les travaux continuels des magistrats n’alimentent-ils
pas journellement eux-mêmes le trésor public ?
Ce que produisent
les droits de greffe, d’enregistrement de tous les actes judiciaires, et de
timbre, ne serait-il pas suffisant pour fournir à cette dépense ?
S’il est juste que
le trésor public retire des plaideurs de quoi pourvoir aux dépenses de l’ordre
judiciaire, ne l’est-il pas aussi que ces dépenses soient mesurées sur le
produit des taxes qu’il a fallu leur imposer ? On ne peut donc raisonnablement
dire que ces dépenses soient de nature à grever le trésor public ; elle ne
sont, à proprement parler, que l’emploi de certains fonds portés à leur
destination naturelle.
Je
ne m’oppose pas à l’augmentation proposée par la section centrale en faveur des
conseillers de Bruxelles, mais je ne crois pas qu’il existe des motifs de
limiter seulement cette augmentation à la cour de Bruxelles, si l’assemblée
maintient le chiffre primitif. J’ose annoncer à l’assemblée que l’on se trompe,
quand on s’imagine qu’un bon avocat renoncera à une grande clientèle pour le
traitement fixé par le projet.
J’appuie la
proposition faite par la section centrale de porter le traitement des
conseillers des cours d’appel à 6,000 fr.
M. Dubus. - Je n’ai pas partagé l’avis de la section centrale ;
je reproduis la proposition qui a été faite de mettre les traitements des
conseillers de Bruxelles à 5,500 fr., et les traitements des conseillers des
cours de Liège et de Gand à 5,000 fr.
Sons l’empire, les
conseillers des cours de Bruxelles et de Liége ne recevaient que 3,600 fr. ;
malgré l’insuffisance de la somme, on avait de bons magistrats. En 1814, on a
donné des traitements plus convenables, selon l’expression employée alors ;
c’est-à-dire, qu’on a donné 5,000 fr. En 1817, il a été accordé une
gratification de 500 florins ou de 400 florins aux conseillers des cours de
Bruxelles et de Liège, parce qu’ils étaient obligés de juger les pourvois en
cassation. La gratification ne faisait pas partie de leur traitement. Cette
gratification était contraire à la constitution, et une loi était nécessaire
pour que le trésor pût payer. Cette loi a été proposée au congrès ; elle a été
rejetée par une grande majorité. Le congrès a pensé que le traitement de 5,000
fr. était suffisant.
Aujourd’hui
vous placez au-dessus des cours de Bruxelles et de Liège la cour de cassation
que vous venez de doter très amplement. Toutes les augmentations des
traitements qui vont avoir lieu, en conséquence des deux lois sur l’ordre
judiciaire que nous allons porter, exigeront une dépense nouvelle de plus de 60,000
fr. au budget de la justice.
C’était moins des
magistrats supérieurs dans la hiérarchie judiciaire dont il fallait s’occuper,
que des juges de première instance. On pouvait améliorer le sort de ces
derniers avec une somme de 25,000 fr. Ceux de la troisième et dernière classe
ne reçoivent pas une rétribution capable de satisfaire aux premiers besoins.
M. Lebeau. - Je viens demander ici le maintien du chiffre de la
section centrale. Si j’ai voté pour la réduction du personnel des cours et
tribunaux, c’était pour arriver à l’amélioration du sort des magistrats. On a
cité une époque où l’on donnait 3,600 fr. aux conseillers ; mais alors on ne
donnait que 1,200 fr., et même 100 fr. aux juges de première instance : nous ne
devons pas chercher des exemples sous le régime impérial. La loi qui avait
déterminé le taux des traitements disait qu’ils étaient provisoires ; c’eût été
insulter la magistrature que de les déclarer définitifs ; ils étaient aussi
fixés jusqu’à la paix ; or, sous l’empereur Napoléon ce provisoire était
perpétuel.
Si on donnait si
peu aux juges et aux conseillers, par suite d’un autre système, du système de
centralisation, le premier président d’une cour d’appel recevait 20 ou 30,000
fr. ; on espérait se rendre maître de la cour par l’influence du premier
président ; heureusement que le despotisme s’était trompé. Nous devons faire
cesser cette disproportion choquante.
Un des premiers
actes du gouvernement déchu, qui ne s’est pas montré soucieux de rehausser la
magistrature, a été de donner 5,000 fr. aux conseillers des cours d’appel ;
puis il a porté le traitement jusqu’à 3,000 fr., et dans les chambres personne
n’a élevé la voix contre l’augmentation de ces traitements. Puisqu’on cite des
antécédents, voilà ceux dont on doit se prévaloir.
Figurez-vous
ce que c’est qu’un conseiller, père de famille, devant pourvoir à l’éducation
de ses enfants ; et ne pouvant, se livrer à aucune spéculation ; croyez-vous
qu’il y ait du luxe dans un traitement de 6,000 fr. ? Nous avons fait une
proposition équitable.
Je crois qu’il y
aurait de la justice dans l’augmentation du traitement des conseillers de la
cour de Bruxelles, à cause du séjour dispendieux de la capitale ; mais je ne
consentirai jamais à une réduction du traitement de 6,000 fr.
M. Bourgeois. - Le rapporteur de la section centrale convient qu’il
y a justice dans l’augmentation du traitement des conseillers de la cour de Bruxelles
relativement aux traitements des conseillers des cours de Liège et de Gand ;
puis il trouve que 5,500 fr. suffiraient à Bruxelles, et 5,000 fr. pour Liège
et Gand ; il résulterait de là que les dépenses ne différeraient que d’un
dixième entre Bruxelles et les provinces, tandis que cette différence est au
moins d’un cinquième.
Je crois qu’il y a
lieu d’accorder 6,000 fr. aux conseillers de Bruxelles, j’aurais mauvaise grâce
à parler du traitement des autres cours ; je ne parlerai donc pas par moi-même,
je laisserai parler les législateurs.
Dans toutes les
lois proposées depuis 15 ou 16 ans, on a admis des différentes entre la cour de
Bruxelles et celle de Liége : un conseiller ne peut honorablement demeurer à
Bruxelles et payer ses contributions à moins de 2,000 fr., il lui reste donc
3,500 fr. pour faire vivre sa famille ; ce n’est pas assez.
M. le ministre de la justice (M.
Raikem).
- Je désirerais qu’on améliorât le sort de l’ordre judiciaire, mais le
gouvernement a dû porter ses regards sur ses ressources financières. Il a fixé
son attention sur le traitement des juges de première instance. Il a cru qu’il
pouvait maintenir le traitement des conseillers à 5,000 fr. comme vous avez
maintenu le chiffre du traitement des membres de la cour de cassation, malgré
l’avis de la section centrale ; vous devez, pour conserver la graduation,
maintenir le chiffre du gouvernement pour le traitement des conseillers des
cours d’appel. Il en résulterait une dépense considérable pour le trésor, si
l’on portait ce traitement à 6,000 fr. L’ordre judiciaire tel qu’il est
organisé va occasionner une augmentation de dépenses de 400,000 fr. ; il y en
aurait une autre de 60,000 fr. par l’augmentation des traitements des
conseillers.
Le gouvernement
persiste dans la proposition qu’il a faite.
M. Van Meenen. - Le traitement d’un conseiller de la cour de
cassation est de 9,000 fr. ; prenons-en les deux tiers, et vous aurez 6,000 fr.
pour rendre la chose raisonnable, vous devez fixer le traitement à cette somme
de 6,000 fr. ; considérez de plus que le président d’un tribunal de première
instance à 6,000 fr.
M. le ministre de la justice (M.
Raikem). - Le président du tribunal de première instance de
Bruxelles a 6,000 fr. ; nous ne faisons que maintenir ce qui existe.
M. A. Rodenbach. - On dit que la vie est plus chère à Bruxelles qu’à
Gand, que les loyers y sont également plus chers ; mais je crois qu’ils sont
dans l’erreur, surtout sur le premier point.
M. Lebeau. - On n’occasionne pas une augmentation dans le
chiffre du budget du ministère de la justice ; si vous augmentez les
traitements des conseillers, vous diminuez ceux des présidents qui sont
maintenant de 14,000 fr. ; ils n’auront plus que 9.000 fr.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - La remarque du préopinant tombe à faux ; il y aura
trois premiers présidents au lieu de deux ; il n’y aura pas de diminution.
- La chambre ferme
la discussion.
M.
le président. - La
section centrale et M. Helias d’Huddeghem proposent 6,000 fr. ; M. Dubois
propose 5,500 fr.
- Le premier
amendement ou le traitement de 6,000 fr. pour les conseillers de Bruxelles est
mis aux voix ; deux épreuves par assis et levé sont douteuses. On procède à l’appel
nominal.
31 membres
répondent oui.
29 membres
répondent non.
Le traitement de
6,000 fr. pour les conseillers de la cour d’appel de Bruxelles est adopté.
M.
le président. - On va
mettre aux voix la proposition de la section centrale pour les conseillers des
cours de Liége et de Gand.
M. Fleussu. - Je propose 5,500 fr. pour Liége et Gand.
M. Helias
d’Huddeghem. - Je propose
6,000 fr.
M. Dewitte. - Quand on a voté pour la cour de Bruxelles, on a mis
aux voix la proposition de la section centrale ; eh bien, on doit voter aussi
sur la somme de 6,000 fr. proposée par la même section pour les conseillers des
autres cours.
M. Brabant. - C’est aussi sur six mille francs qu’on vote.
M.
le président. - On vote
sur les cours de Liége et de Gand.
M. A. Rodenbach. - Il faut séparer les deux cours.
Plusieurs voix. - Non, il faut les réunir.
- Le traitement de
6,000 fr. pour les conseillers des cours de Gand et de Liége, mis aux voix et
rejeté.
M. Destouvelles. - On a décidé que l’on voterait successivement pour
les trois cours. On a prononcé la clôture pour Bruxelles, mais on ne l’a pas
prononcée pour Liége et Gand. (Non ! non
!)
- Le traitement de
5,500 fr., pour les conseillers de Liége, proposé par M. Fleussu, est mis aux
voix et adopté.
Le même traitement
de 5,500 fr., pour les conseillers de Gand est mis aux voix et adopté.
M.
le président. - Il y a
une proposition de M. Bourgeois relative aux traitements des présidents de
chambre.
M. Bourgeois. - La loi
donne aux présidents de chambre un quart en sus du traitement des conseillers ;
mais je vous prie de me dispenser de faire une proposition ; je suis moi-même
président de chambre ; je ne crois pas qu’il soit convenable que je présente un
traitement.
M. Lebeau. - Je crois qu’il faut établir pour les présidents de
chambre la proportion déjà établie.
M.
le président. - M. Lebeau
dépose l’amendement suivant : « A Bruxelles le traitement des présidents
de chambre est de 7,500 fr. ; à Liége et à Gand il est de 6,875 fr. »
M.
Lebeau.
- Vous avez mis une distinction entre les traitements des conseillers des
diverses cours ; on ne peut faire la même distinction pour les premiers
présidents ; leur traitement de 9,000 fr., sans leur faire un sort superbe, les
met à même de ne pas ressentir les différences des localités ; quant aux
présidents de chambre, il en est autrement. La loi existante leur donne un
quart en sus des conseillers ; en prenant cette base, j’arrive à ce résultat :
7,500 fr. pour les présidents de chambre à Bruxelles ; 6,875 fr. pour les
présidents de chambre à Liége et à Gand.
M. Dubus. - Je conçois bien la raison arithmétique du
préopinant ; mais nous devons nous borner à donner des traitements suffisants ;
et non à établir des rapports exacts. J’appuie la proposition de la section
centrale qui fixe un traitement un traitement uniforme de 7,000 fr. pour les
présidents de chambre.
M. H. de Brouckere. - Je suis d’avis qu’il faut donner un quart en sus
aux présidents de chambre. La section centrale donne le même traitement aux
avocats-généraux et aux présidents de chambre ; cependant les avocats-généraux
n’ont que le sixième en sus des conseillers. Il faut conserver ces proportions.
J’appuie la proposition faite par M. Lebeau relativement aux traitements des
présidents de chambre.
M. le ministre de la justice (M.
Raikem).
- On invoque ce qui existe actuellement. Le premier avocat-général a le même
traitement qu’un président de chambre ; les autres avocats-généraux ont le sixième
en sus. Il y aura trois premiers avocats-généraux qui seront payés comme les
présidents de chambre ; resterait les autres avocats-généraux, mais j’ai cru
qu’il convenait de les traiter de la même manière.
M. H. de Brouckere. - Le ministre se trompe ; je vois dans le projet du
gouvernement 6,300 fr. pour les premiers avocats-généraux et 6,000 fr. pour les
autres avocats-généraux.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - C’est qu’ici j’appuie la proposition de la section
centrale.
M. Van Meenen. - Fixons le traitement des présidents de chambre
avant d’en venir aux avocats-généraux.
- La chambre ferme
cette discussion.
M.
le président. - M. Dubus
propose 7,000 fr. pour les traitements des présidents de chambre à Bruxelles,
et 6,800 fr. pour celui de Liége.
- La proposition
faite par M. Lebeau est d’abord mise aux voix ; elle est rejetée.
On met aux voix le
traitement de 7,000 fr. proposé par M. Dubus pour les présidents de chambre à
Bruxelles ; ce traitement est adopté.
Le traitement de
6,800 fr. pour les présidents de chambre à Liége et à Gand est également
adopté.
M. Helias
d’Huddeghem. - Il n’y a pas
de proportion !
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Il n’y a pas de proportion entre le chiffre 7,000
fr. et le chiffre 6,800 fr.
_______________
« Traitement du procureur-général, 9,000 fr. »
- Adopté sans
discussion.
« Avocat-général, 6,000 fr. dans le projet du
gouvernement ; la section centrale propose 7,000 fr. »
M. Destouvelles. - Le traitement des avocats-généraux doit être le
même que celui des présidents de chambre.
M. Verdussen. - Je voudrais qu’on réduisît les traitements des
avocats-généraux à 7,000 fr. pour Bruxelles, et à 6,500 pour Liége et pour
Gand.
M. Dubus. - Je me suis trompé tout à l’heure dans mon calcul ;
j’adopte la proposition de M. Verdussen.
M. Van Meenen. - Il y a toujours eu une différence entre les
avocats-généraux.
M. Gendebien. - Je ne comprends pas cette différence ; on ne fait
pas de différence entre les présidents de chambre, pourquoi en ferait-on entre
les avocats-généraux ?
M. Destouvelles. - Mais il faut donner aux avocats-généraux de Liége
et de Gand 6,800 fr., comme on donne aux présidents de chambre.
M. H. de Brouckere. - C’est une
erreur ! C’est une erreur qu’on rectifiera su second vote.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Une erreur n’est pas un consentement. (On rit.)
- La proposition de
M. Verdussen est adoptée, c’est-à-dire que les avocats-généraux ont 7,000 fr. à
Bruxelles et 6,500 fr. à Liège et à Gand.
« Substituts, 4,000 fr. dans le projet du gouvernement ;
la section centrale propose 5,000 fr. »
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Pour suivre la proportion qui a été appliquée, je
propose de donner 5,000 fr. aux substituts de Bruxelles et 4,500 fr. aux
substituts du procureur-général à Liège et à Gand.
- La proposition
de M. le ministre de la justice mise aux voix est adoptée.
« Greffier, 4000 fr.. ; la section centrale n’a rien
changé au chiffre. »
M. H. de Brouckere. - Puisque partout on a ajouté mille francs au
traitement, on doit ajouter la même somme aux greffiers.
M. Destouvelles. - On doit mettre les greffiers sur la même ligne que
les substituts
M. Gendebien. - 4,000 fr., c’est assez, c’est assez !
M. le ministre de la justice (M. Raikem). -Il me semble assez raisonnable que l’on porte le
traitement du greffier à un taux égal à celui du substitut.
M.
le président. - On
propose de donner 5,000 fr. au greffier de Bruxelles.
- La proposition
mise aux voix est rejetée.
M.
le président. - On
propose 4,000 fr. pour les greffiers des trois cours d’appel.
M. H. de Brouckere. - Je demande qu’on donne 4,500 fr. au greffier de
Bruxelles.
- L’amendement de
M. de Brouckere mis aux voix est rejeté.
M.
le président. - Reste la
proposition de 4,000 fr. pour les greffiers des trois cours.
- Cette
proposition mise aux voix est adoptée.
________________
« Les commis-greffiers, 2,500 fr. »
- La proposition
mise aux voix est adoptée.
M.
le président. M. Dubus
propose une indemnité de 500 fr. aux conseillers délégués pour présider les
assises, au lieu de l’indemnité de 900 fr. portée dans le projet de loi.
M. Dubus. - En supposant une session de 50 jours, si les
conseillers recevaient 900 fr. ce serait 18 fr. par jour ; s’ils ne recevaient
que 500 fr., ce serait 10 fr. par jour ; c’est assez. Lorsque la session ne
dure que 20 jours, ou que huit jours, l’indemnité est plus que suffisante.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Il y a lieu de maintenir l’indemnité accordée
actuellement aux conseillers qui vont présider les assises ; l’on ne doit pas
tellement restreindre l’indemnité que l’on dégoûte les conseillers d’aller
remplir ce devoir important.
M. Gendebien. - J’espère bien, messieurs, que dans le règlement qui
se fera, chaque conseiller sera appelé à tour de rôle pour présider les
assises. S’il en était autrement, je refuserais toute indemnité parce qu’elle
deviendrait un moyen de corruption : l’histoire du passé est la leçon de
l’avenir. Je n’attaque pas le ministère actuel, je connais la droiture de ses
intentions. Mais il peut avoir de dangereux successeurs : au reste l’indemnité
de 900 fl. est trop élevée.
M. le ministre de la justice (M.
Raikem).
- Il faut distinguer et les localités et
les temps : je ne sais pas si à Bruxelles l’indemnité pour présider les assises
a été un moyen de corruption ; mais je n’ai jamais entendu dire qu’à Liége il
en fût ainsi. On ne peut pas raisonner du particulier au général. Je ne crois
pas que ce serait un bon moyen d’avoir les meilleurs présidents des assises que
de les faire présider par les conseillers à tour de rôle ; il y a de très bons
jurisconsultes qui ne savent pas présider.
M.
Nothomb. - J’appuie la réduction de l’indemnité à 500 fr. Les
décrets de l’empire avaient fixé cette indemnité à 900 fr., parce qu’on
entourait le séjour du conseiller. dans le lieu où se tenaient les assises,
d’un certain appareil ; le conseiller se rendait en poste, la maréchaussée le
recevait à la porte de la ville, il devait donner des dîners. J’entre dans tous
ces détails, pour montrer que 900 fr. étaient en rapport avec les frais ;
aujourd’hui, toutes ces obligations ont disparu ; il faut donc réduire
l’indemnité.
M. Gendebien. - J’ai dit que si l’on ne faisait pas présider les
assises à tour de rôle par les conseillers, l’indemnité pourrait devenir un
moyen de corruption ; voilà ma pensée ; mais je n’ai point dit qu’elle fût
nécessairement un moyen de corrompre. Il est évident qui y a eu corruption par
le moyen des indemnités ; il y a tel membre de telle cour qui souscrivait des
billets sur les indemnités futures des assises. (On rit). On dit qu’il y a de très bons jurisconsultes qui ne
peuvent pas présider. Eh bien ! il y a un moyen de tout concilier ; c’est de ne
forcer personne, et de n’envoyer présider les assises que ceux qui se sentent
capables de bien remplir ce devoir.
M. Lebeau. - Il y a du vrai dans ce que dit M. Gendebien, et si
le ministre ne trouve rien dans ses souvenirs indiquant des moyens de
corruption envers les membres de la cour de Liége, c’est qu’au dehors on avait
une haute opinion de leur indépendance. Cette opinion était telle, qu’elle
n’invitait pas le pouvoir à faire un essai sur les magistrats qui la
composaient ; mais cela ne peut pas détruire les faits résultant des
antécédents des autres cours. Cependant on ne peut plus autant craindre la
corruption ; la magistrature a cessé d’être politique, depuis que les jurés
prononcent sur les délits de la presse et les délits politiques. Je crois que
le remède complet à ce mal serait que le gouvernement renonçât à la faculté
qu’il a de désigner le président des assises, et qu’il s’en remît au choix du
premier président. Je dois rendre hommage au ministère actuel ; c’est qu’en
effet il n’a pas fait usage du pouvoir qu’il a de désigner les présidents ;
mais il devrait renoncer à cette faculté en droit comme il y a renoncé en fait.
Toutes les fois que le gouvernement désigne un juge, c’est un commissaire qu’il
nomme. La désignation des jurés, par les préfets, ne ressemblait pas mal à une
nomination de commissaires.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - La proposition de présider à tour de rôle peut être
faite ; mais ce n’est pas actuellement. Le préopinant a cru à tort que
j’attaquais ses intentions ; je n’en ai pas eu la pensée.
M. Leclercq. - A moins de faire nommer au hasard à des fonctions
très importantes, il est impossible que la présidence des assises soit donne à
tour de rôle. Il y a de très bons jurisconsultes qui ne savent pas diriger les
débats, interroger les témoins, mettre de l’ordre et de la précision dans les
discussions ; ces choses sont importantes pour la bonne et prompte
administration de la justice. Ce serait agir contre les intérêts de la justice
et du trésor que d’admettre tous les conseillers à la présidence des assises :
sous le régime actuel les présidents des cours d’assises sont les agents du
gouvernement ; mais sous le régime qui va s’ouvrir, les présidents des cours
d’assises seront les hommes des cours d’appel, les hommes de l’ordre
judiciaire, et non les hommes du gouvernement.
M. Gendebien. - Le ministre de la justice nomme le président des
assises pour les assises qui vont suivre, et à défaut par le ministre d’avoir
nommé, c’est la cour qui nomme, qui délègue le pouvoir de présider les assises
; ainsi nous ne pouvons pas avoir grande foi à l’amélioration du système
judiciaire puisque la loi subsiste encore.
Il y a moyen de
lever la difficulté que présenterait le tour de rôle : on appelle les
conseillers les uns après les autres ; celui qui ne désire pas présider allègue
ses motifs, et on passe à un autre. Voilà ce qui se pratique à la cour de
Liège, et ce que je proposerais de faire
M.
Dubus.
- La question doit être de savoir si la somme donnée aux juges qui président
les assises est une indemnité ou une gratification : vous venez de doter très
libéralement les conseillers des cours d’appel, vous venez d’augmenter le
budget du ministère de la justice de 50,000 fr. : si la somme est donnée comme
indemnité, il y a excès parce que les conseillers ont des traitements
suffisants et que leurs traitements courent pendant les sessions ; si c’est
comme gratification, je dis que la somme est allouée par un motif moins
raisonnable encore.
M. le ministre de la justice (M.
Raikem).
- Je crois que l’indemnité de 500 fr. sera la plupart du temps insuffisante ;
cependant il faut une indemnité suffisante pour avoir de bons présidents.
M. Destouvelles. - Ce n’est pas une indemnité que les 900 fr. accordés
aux présidents des assises ; la loi dit que ce sont des frais de
représentation. Le président de la cour d’assises devait être reçu devant la
ville par la gendarmerie, l’autorité locale le recevoir au bas de l’escalier de
la cour d’assises ; il ne pouvait arriver en diligence. Si le magistrat ne
donne pas au fonds la destination que veut la loi, il manque à la loi ; mais
s’il s’environne de tout l’éclat, de toute la pompe qu’elle lui impose, la
somme de 900 fr. n’est pas trop élevée.
M. Verdussen. - Je crois que l’indemnité de 500 fr. est
insuffisante ; je proposerai une somme intermédiaire, 700 fr.
M. Lebeau. - Je demande la parole sur l’amendement de 700 fr. (La clôture ! la clôture !)
M. Dewitte. - Je propose aussi la somme intermédiaire de 700 fr.
- La chambre ferme
la discussion.
M.
le président. - Nous
avons d’abord à délibérer sur l’amendement de M. Dubus, qui réduit l’indemnité
à 500 fr.
- L’amendement mis
aux voix est adopté.
M.
le président. - Nous
passons à la délibération sur l’article 3.
« Art. 3 (de
la section centrale). Les tribunaux de première instance sont divisés en quatre
classes, comprenant :
« La
première, les tribunaux d’Anvers, Bruxelles, Gand et Liége ;
« La
deuxième, les tribunaux siégeant à Arlon, Bruges, Mons, Namur, Tongres et
Tournay ;
« La
troisième, les tribunaux de Charleroi, Courtray, Louvain, Malines, Verviers et
Ypres ;
« La quatrième,
tous les autres tribunaux. »
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - Messieurs, dans l’exposé des motifs que j’ai
présenté avec le projet de loi, il y a une erreur. J’ai dit que les juges de
première instance à Mons et à Namur avaient 2,400 fr. ; je ne sais pourquoi ils
n’ont pas été mis dans cette proportion. Malgré cette erreur je n’en persiste
pas moins dans la proposition du gouvernement.
M.
le président. - M.
Lardinois a proposé un amendement.
M. le ministre de la justice (M. Raikem). - La section centrale a proposé la réunion de deux
classes présentées par le gouvernement ; il faut savoir s’il y aura cinq ou
quatre classes de tribunaux de première instance.
M. Dubus. - La section centrale, en réunissant les deux
premières classes, a déféré au vœu de plusieurs membres de l’assemblée ; elle a
considéré que les villes de Bruxelles, Anvers, Gand, Liège, avaient à peu près
la même population, qu’elles étaient également importantes, et qu’il n’y avait
pas assez de différence entre ces cités pour les distinguer en classes.
M. Verdussen. - Vous venez de décider le principe que Bruxelles
était dans une catégorie à part, en votant pour les traitements des conseillers
des cours d’appel ; la proportion que vous avez établie entre les conseillers,
il faut la mettre entre les juges de première instance.
M. Mary. - Je veux appuyer la proposition de M. Verdussen, et
je demanderai que la différence dans les traitements soit de 200 fr.
M. Leclercq. - Je ne peux pas approuver la différence entre les
tribunaux de première instance de Gand, d’Anvers, de Liége et de Bruxelles. Les
loyers peuvent varier de prix ; mais la vie animale est la même.
A Bruxelles, le
président du tribunal est perdu dans la foule des fonctionnaires, tandis qu’à
Gand, qu’à Anvers, il occupe le premier rang ; mais le président du tribunal de
Bruxelles a des relations qui lui offrent des chances de s’élever dans la
magistrature ; il a plus de chances de se faire présenter par les membres de la
cour de cassation pour arriver à cette cour.
M. Taintenier. - Les proportions arithmétiques deviennent absurdes
dans certaines circonstances : pour les traitements très élevés on peut établir
des proportions ; mais quand il s’agit du simple nécessaire, la proportion ne
peut plus avoir lieu : il faut que les juges vivent d’une manière conforme à
leur noble profession ; on ne doit mettre que dans une seule classe Anvers,
Bruxelles, Gand et Liège.
M.
le président. - Je vais
mettre aux voix le premier paragraphe de l’article 3.
Ce paragraphe est
adopté ainsi : « Les tribunaux de première instance des quatre villes d’Anvers,
de Bruxelles, de Gand et de Liège, sont dans la même classe. »
M. Lardinois. - Je propose d’élever le tribunal de première
instance de Verviers à la deuxième classe du projet de la section centrale.
L’honorable
membre, pour développer les motifs de sa proposition, entre d’abord dans
quelques considérations politiques ; mais il les abandonne aussitôt sur le vœu
manifesté par l’assemblée. Toutefois il annonce qu’il y reviendra s’il entend
encore certaines réflexions faites sur des opinions qu’auraient les habitants
de Verviers. Il s’exprime ensuite en ces termes :
En 1827, lors de
l’organisation du pouvoir judiciaire, les états-généraux décidèrent qu’un
tribunal d’arrondissement serait créé à Verviers. L’honorable M. Ch. de
Brouckere et quelques-uns de ses collègues défendirent nos droits, et justice
nous fut rendue malgré une vive résistance provoquée par des intérêts de
localité. Il appartenait à la Belgique régénérée de mettre en exécution cette
tardive décision ; aussi ce fut un des premiers actes du gouvernement
provisoire, qui avait devant les yeux les efforts du district de Verviers pour
la cause révolutionnaire, et, nous ne craignons pas de le dire, ces efforts
n’ont pas peu contribué au succès de la révolution.
L’arrête du
gouvernement provisoire ne déterminait pas la classe du tribunal de Verviers ;
c’était une distraction du tribunal de Liège, qui était alors composé de trois
chambres. Pour fixer les traitements du tribunal de Verviers, le ministre a
consulté le président en lui envoyant les états de paiements à remplir : mais
soit que celui-ci ne connût pas asses les localités, soit par sentiment de
délicatesse ou toute autre cause, les traitements furent fixés provisoirement
comme ceux du tribunal de Huy ; mais après une année d’exercice, lorsque les
juges ont fait leurs budgets, ils ont trouvé qu’ils dépensaient beaucoup plus
qu’ils ne gagnaient, quoique menant une vie retirée et laborieuse ; de là une
foute de réclamations dont le ministre de la justice est saisi.
Je vous prie de ne
pas perdre de vue, messieurs, que le tribunal de Verviers est une distraction
de celui de Liége et formait la chambre qui avait le plus d’affaires à juger.
Lorsque je vous aurai fait connaître son importance, vous verrez que c’est à
tort que l’on prétend l’avoir fait monter d’un rang et qu’il n’occupe que celui
qui aurait dû lui être assigné d’abord.
La juridiction du
tribunal de Verviers s’exerce sur une population de 106,000 âmes ; elle a dans
son ressort la forêt de Hertzogenwald et toutes celles qui longent la frontière
prussienne, qui sont exposées aux déprédations tant des étrangers que des
régnicoles.
Pour juger
sainement de l’importance d’un tribunal, c’est moins en raison de la population
de son ressort qu’il faut considérer que sous le rapport de l’activité de ses
transactions civiles et commerciales, ainsi que d’après le nombre d’affaires
soumises à sa décision.
Voyons un peu,
comparativement avec d’autres villes, le relevé des actions dont le tribunal de
Verviers a été saisi dans un temps donné.
Depuis le 1er août
1830, jusqu’au 31 juillet 1831, c’est-à-dire en douze mois, il y a eu
- à Namur : causes
civiles, 152 ; affaires correctionnelles, 526. Total : 678.
- à Liège, pendant
la même période : causes civiles, 571 ; affaires correctionnelles, 1238. Total
: 1,809.
- à Verviers,
depuis le moins de novembre 1830, jusqu’au 31 juillet 1831, c’est-à-dire en
neuf mois, il y a eu : causes civiles, 339 ; affaires correctionnelles : 523.
Total : 862.
Vous remarquerez
que le tribunal de Liége est encore composé de deux chambres, et si du nombre
1,809 on en déduit les 751 contraventions aux lois et règlements sur la garde
civique qui sont exclusivement aujourd’hui du ressort du conseil de discipline,
on trouvera que chaque chambre n’aurait eu à juger pendant l’année judiciaire
de 1830 à 1831 que 529 affaires tant civiles que correctionnelles ; tandis
qu’il a été soumis au tribunal de Verviers pendant l’espace de neuf mois 862
affaires.
De ce relevé fait
d’après des documents officiels et irrécusables, l’on doit reconnaître que le
tribunal de Verviers a reçu en 9 mois 184 affaires de plus que Namur, et 333 de
plus que chaque chambre de Liége n’en a reçu pendant toute une année ; d’où il
faut conclure que le tribunal de Verviers prime ceux de Namur et de Liége quant
au nombre d’affaires.
Vous voyez donc
bien, messieurs, que le rang assigné an tribunal de Verviers par le projet
ministériel, maintenu par la section centrale, n’est que celui auquel il a
droit de prétendre avec Louvain, Courtray, Malines, etc. Cependant je réclame
une faveur ou plutôt une justice pour le personnel de ce tribunal : je demande
qu’il soit assimilé quant aux traitements aux tribunaux de troisième classe, et
voici les motifs qui justifient cette demande.
Les attributions
judiciaires sont tellement étendues que l’influence du juge ne peut être que
très grande, puisque son pouvoir embrasse toutes les actions sociales et plus
ou moins les actions domestiques. Il faut donc le placer dans une position
assez élevée et indépendante pour qu’il ne puisse s’égarer dans la région orageuse
des intérêts humains. Dans une ville comme Verviers, toute manufacturière, où
l’extrême misère touche à l’extrême richesse, les suggestions sont actives et
les moindres actions des autorités jugées avec défiance et
quelquefois par des suppositions injurieuses. Pour garantir le juge de ces
écueils, il est indispensable qu’il occupe et soutienne un rang qui l’environne
d’une certaine considération, et pour atteindre ce résultat, il faut qu’il soit
convenablement rétribué. J’ajouterai que la ville de Verviers est assise dans
un vallon étroit ; qu’elle est écrasée par une population de 20,000 âmes, ce
qui fait que les habitations sont rares et les loyers d’un prix excessif. Le
sol étant peu favorable à l’agriculture, nous sommes obligés de faire venir de
Liége la plupart de nos comestibles. Vous concevrez alors facilement,
messieurs, combien les vivres doivent être coûteux. Je puis dire qu’il n’y a
pas de ville en Belgique où la vie animale soit plus chère.
Des considérations
de la même nature ont milité en faveur d’Anvers, dont le tribunal se trouve
placé dans la deuxième classe. Je me flatte, messieurs, qu’elles prévaudront
encore dans votre esprit en accordant au tribunal de Verviers 2 à 3 mille
francs de plus, qui assureront la bonne administration de la justice et une
honnête existence aux juges. J’ai dit.
M.
le ministre de la justice (M. Raikem). - Je suis loin de contredire ce qu’avance l’honorable
préopinant ; je sais que tout est fort cher à Verviers, et la vie et les loyers
; j’avoue que le traitement des membres du tribunal de première instance de
Verviers est insuffisant. L’assemblée appréciera les raisons alléguées par
l’honorable préopinant.
M. Leclercq. - Si Tournay doit être placé dans la seconde classe,
Verviers doit y être placé également. Verviers compte 20,000 habitants, divisés
en deux classes ; les riches et les prolétaires. Mais ce n’est pas d’après ces
considérations que j’entends la classification des tribunaux. Dans les tribunaux
des chefs-lieux de province, il faut plus de capacité parce qu’ils sont appelés
à juger plus de questions ; on doit les mettre dans une catégorie particulière.
Sans doute que, si l’on place Tournay dans la seconde classe il faut aussi y
placer Verviers ; mais je voterai contre la réunion de ces tribunaux avec ceux
des chefs-lieux de province.
M. Davignon. - Messieurs, comme le comporte une question positive,
j’appuierai l’amendement proposé par mon honorable collègue : les développements
qu’il y a donnés laissent peu de choses à dire. Je me permettrai cependant de
vous présenter encore quelques considérations ; je les baserai uniquement sur
des faits : si je répète quelques-uns des motifs ci-dessus allégués, c’est dans
le but de les fortifier en en affirmant la véracité.
Le tribunal de
Verviers peut et doit être considéré comme une troisième chambre du tribunal de
Liège, laquelle il remplace effectivement ; or, cette troisième chambre, si
elle avait continué à exister, serait comprise dans la première classe ; il y a
donc économie réelle en portant, comme justice l’exige, le tribunal de Verviers
à la deuxième classe pour les traitement0s.
De tout temps la
cherté des vivres, celle des loyers des différentes localités, ont été prises
en grande considération : cette vérité est consignée dans un décret impérial du
20 juin 1806, dans un subséquent de janvier 1811 ; et, si je suis bien informé,
lors de l’établissement des trois universités, il fut accordé, pour ce seul
motif, aux professeurs de Gand un traitement supérieur à ceux de Liège.
Tous ceux de mes
honorables collègues, qui connaissent Verviers avoueront que je n’exagère
nullement, lorsque j’assurerai que tout y est beaucoup plus cher qu’à Liége :
c’est de cette dernière ville qu’y sont apportés une bonne partie des objets
nécessaires à la vie. Quant aux loyers, il vous sera facile, messieurs, de
juger qu’ils doivent y être fort chers, si vous considérez qu’une population de
20,000 habitants est agglomérée, je dirais presque entassée, dans moins de
1,500 maisons.
C’est entre autres
aussi, je ne me trompe, pour les mêmes raisons qu’Anvers a été assimilée aux
trois grandes villes du royaume où se trouvent les cours d’appel, autant que
pour sa position géographique et sa haute importance commerciale. Sous ce
double rapport, les droits de Verviers seront aussi facilement établis.
L’importance de son industrie est connue ; une grande partie de la lisière de
son district est bordé d’une longue ligne de douanes, de forêts considérables,
choses qui contribuent à faire multiplier les délits. Dans toutes les communes
qui composent ce district, il y a une division de propriété que l’on rencontre
difficilement ailleurs.
Quant à la
population locale, qui, dans une enceinte si resserrée, est de 19,600
habitants, elle peut être envisagée comme étant en réalité de près de 28,000
âmes en y comprenant le chiffre de 8,200 formant la population des trois bourgs
de Hodimont, Dison, Ensival, dont le premier n’est séparé de la ville que par
un pont sur un ruisseau de quelques mètres de longueur, et les deux autres n’en
sont distants que d’un quart de lieue et sont en quelque sorte liés à la ville
par de belles chaussées, bordées de maisons, qui, si nous revoyons des jours
prospères en formeraient bientôt des rues.
Il me reste
encore, messieurs, à vous esquisser l’importance du tribunal. Au mois de mai
dernier, c’est-à-dire au 18ème mois de son installation, il avait reçu 1,624
affaires ; sur ce nombre 1,480 étaient jugées ou terminées.
Les causes, loin
de diminuer, paraissent augmenter. L’exactitude, l’activité des juges sont
telles, et je me plais à leur rendre ici la justice qu’ils méritent, que bien
peu restent arriérées.
Rien de plus
facile encore que d’établir par analogie les droits de l’assimilation réclamée.
L’honorable préopinant en a rempli la tâché ; ses allégués sont fondés sur des
documents officiels, que je me suis aussi procurés. Je supprime les détails
dans lesquels je voulais entrer, et qui ne seraient qu’une répétition
fastidieuse pour la chambre.
La demande qui
vous est faite, messieurs, ne tend pas à obtenir du superflu, ni même une
véritable aisance ; or, il n’est aucun de vous, messieurs, qui ne soit disposé
à accorder au magistrat un traitement assorti à sa position, qui du moins le
rende indépendant, et qui lui fournisse les moyens suffisants pour vivre
honorablement.
Si tel n’était pas
le sort des membres du tribunal de Verviers, les conséquences pourraient être
que, malgré son importance bien constatée, il ne serait à la fin plus composé
que de médiocrités, que d’hommes qui ne trouveraient pas à se placer ailleurs,
ou qui ne consentiraient à figurer que provisoirement, et en attendant une
charge plus lucrative. Ceci n’amènerait inévitablement que des novices ou des
étrangers sur le siège des juges ; car un avocat du ressort tant soit peu famé
trouverait plus d’avantage dans l’exercice de son honorable profession.
Vous sentez,
messieurs, quel préjudice peut résulter pour les justiciables de semblables
variations ; car dans beaucoup de cas la connaissance des individus et des
localités contribue puissamment à la juste appréciation d’une cause.
Je trouverais pour
moi un immense inconvénient à un pareil état de choses, et plutôt que de voir
ainsi déconsidérer un établissement judiciaire, je demanderai s’il ne serait
pas préférable de renoncer à son existence.
La
deuxième section, dont je fais partie, avait proposé l’admission de Verviers
pour les traitements dans la classe des tribunaux des chefs-lieux de province :
si la section centrale n’a pas eu égard à cette réclamation, c’est qu’elle n’a
su en apprécier les motifs, qu’on ne pouvait longuement énumérer dans un
procès-verbal de section. La demande, a-t-on dit, pourra être reproduite lors
de la discussion de l’article du projet de loi. Ce n’est pas pour l’avantage
d’une localité, mais dans une vue d’intérêt public que j’appuie cette
proposition. Je crois pouvoir attendre de la justice et de la bienveillance de
la chambre qu’elle voudra bien l’accueillir favorablement.
M. Dubus. - Messieurs, je viens vous demander de mettre le
tribunal de Tournay sur le même rang que les tribunaux des chefs-lieux des
provinces, malgré qu’on prétende que ceux-ci ont des attributions spéciales, qu’ils
ont les matières criminelles et les appels correctionnels.
Autrefois le
tribunal de Tournay était l’égal de celui de Mons. Maintenant, quoique son
importance ne soit pas diminuée, il n’est plus sur la même ligne ; je crois
qu’on ne pourrait sans injustice refuser de rétablir le tribunal de Tournay au
rang qu’il occupait. Je le considérerai d’abord en ce qui concerne la
population de son arrondissement, en ce qui concerne la population du
chef-lieu, en ce qui concerne le montant des remises faites au greffe par
l’enregistrement, ce qui constate le nombre des affaires qui ont eu lieu, car
le montant des remises est dans la proportion des rôles délivrés.
Sous le rapport de
la population de l’arrondissement, Tournay est le quatrième de la Belgique ; il
n’y en a que trois dont le ressort soit plus populeux.
Sous le rapport de
la population du chef-lieu, Tournai est la 6ème ville ; 5 seulement dans tout
le pays ont une population plus forte. Enfin sous le rapport des remises de
l’enregistrement, Tournay se trouve avec Mons à égalité, moins quelques florins
; elle est la 4ème sur ce point ; il n’y a donc que 3 villes dont le mouvement
d’affaires judiciaires soit plus considérable.
Quant aux appels
correctionnels dont jouissent les chefs-lieux de province, c’est très peu de
chose. Je vois, d’après les observations du tribunal de Mous sur le projet de
l’organisation judiciaire, qu’il n’y en a eu que 36 ; c’est donc 3 par mois, et
à Mons il y a 8 juges, pendant qu’à Tournay il n’y en a que 4, et il serait
souverainement injuste de traiter plus mal ceux qui en font le double.
Quant
aux appels correctionnels dont jouissent les chefs-lieux de province, c’est
très peu de chose. Je vois, d’après les observations du tribunal de Mons sur le
projet de l’organisation judiciaire, qu’il n’y en a eu que 36 ; c’est donc 3
par mois, et à Mons il y a 8 juges, pendant qu’à Tournay il n’y en a que 4, et
il serait souverainement injuste de traiter plus mal ceux qui en font le
double.
J’appuie aussi la
proposition faite relativement à Verviers sous le rapport du traitement
seulement, parce que sous le rapport des assises elle n’a que le 10ème rang.
M. Taintenier.
- Je ne viens pas m’opposer à la demande qui vous est faite à l’égard du
tribunal de Tournay, je crois au contraire qu’il doit être mis à la seconde
classe du tableau de la section centrale ; je m’étonne seulement que
l’honorable préopinant qui a parlé en faveur de Tournay ait jugé à propos
d’établir un contraste entre cette ville et Mons, qui par esprit de justice
n’hésite pas à reconnaître le bien-fondé de sa prétention : au reste il ne
s’agit pas de donner aux juges ce qui conviendrait à l’importance de leurs
fonctions ; il faut seulement pourvoir au nécessaire. Je vous propose de porter
le traitement des juges à trois mille francs.
M. H. de Brouckere. - Nous n’en sommes pas là.
M. d’Elhoungne. - Ce n’est pas le patriotisme de paroisse qui m’excite
; ce n’est pas pour parler en faveur de la ville que j’habite que je prends la
parole, c’est pour combattre au contraire le patriotisme de paroisse que je
prends part à la discussion. (On rit.)
Il faut
incontestablement une supériorité de lumières pour les tribunaux des
chefs-lieux des provinces, car ils ont une supériorité d’attributions. C’est
d’après ce principe qu’il faut classer les tribunaux.
Si on voulait les
classer d’après le nombre des affaires qu’ils ont à juger, il faudrait mettre
Termonde en première ligne, et peut-être mettre cette ville au-dessus de
Bruxelles même.
Si on prend la
population pour base, Louvain a 26 mille habitants, Tournay en a 28, et pour
une différence de deux mille misérables habitants (on rit), on ne pourrait pas s’empêcher de mettre ces villes sur la
même ligne.
M. Dubus. - On peut ruiner un système de classification en se
donnant carrière ; mais, quoi qu’on en dise, l’importance des tribunaux dépend
du nombre des affaires qu’ils ont à juger. Les remises des greffiers indiquent
ce nombre. A Bruxelles la remise est la plus considérable, elle s’élève à 1,167
florins ; à Termonde elle s’élève à 648. Je n’ai pas séparé arbitrairement les
éléments de la classification, et j’ai fait voir au contraire, en combinant
tous les éléments, que Tournay était dans la seconde classe ou au quatrième
rang de tous les tribunaux. A Malines, les remises du greffier s’élèvent à 283
florins, tandis qu’à Tournay elles sont de 750 florins. A Louvain, les remises
y sont de 304 florins. Ces chiffres démontrent suffisamment que Tournay doit
être dans la seconde classe. (La clôture
! la clôture !)
M. Lardinois. - Messieurs, c’est à tort que l’honorable M.
d’Elhoungne vient dire que nous faisons du patriotisme de paroisse ; s’il avait
un instant réfléchi, il aurait vu que nous ne plaidons que dans l’intérêt d’une
bonne administration de la justice et pour faire allouer de quoi vivre
honorablement au personne du tribunal de Verviers.
M. le ministre de
la justice reconnaît l’exactitude de mes observations, quant à la cherté des
vivres et l’élévation des loyers à Verviers ; mais il croit avoir fait monter
d’un rang le tribunal de Verviers : je pense, messieurs, que c’est une erreur ;
j’ai démontré que sous le rapport de la population et du nombre d’affaires qui
sont soumises à ce tribunal, il avait droit à ce rang, et M. le ministre ne
fait qu’un acte de justice en l’y classant.
Verviers
se trouve dans une position toute spéciale, à cause de la cherté de la vie
animale. On ne peut comparer à cette ville à Louvain, Malines, Courtray, qui
possèdent la terre promise, tant leur sol est productif, tandis que la majeure
partie de l’arrondissement de Verviers est comparable à l’Arabie pétrée, à
cause de sa stérilité effrayante. (On rit.)
M. Verdussen. - Je crois qu’il faut suivre la proposition de M.
Leclercq.
M. Leclercq. - Je n’ai pas fait d’amendement. Il y a une classe
des tribunaux des chefs-lieux de province, et il y a un amendement qui tend à
mettre dans cette classe le tribunal de Verviers et celui de Tournay.
M.
le président met aux voix
la proposition de savoir si le tribunal de Tournay sera assimilé aux tribunaux
des chefs-lieux de province.
- La proposition
est adoptée.
M.
le président met aux voix
la proposition semblable faite par M. Lardinois, relativement au tribunal de
Verviers.
- La proposition
est rejetée.
M.
le président. - M. de
Terbecq propose de mettre le tribunal de première instance de l’arrondissement
de Termonde dans la troisième classe.
M. de Terbecq.
- Messieurs, je pense que le tribunal de première instance de l’arrondissement
de Termonde, qui est placé dans la ville de Termonde depuis plus de trente ans,
et qui est sous tous les rapports suffisant pour satisfaire aux intérêts des
justiciables ainsi que la régence de cette ville l’a déjà démontré dans un
premier mémoire qu’elle a eu l’honneur de présenter aux chambres, peut être
porté dans la même classe que le tribunal de Charleroy.
Messieurs,
quoique la population de la ville de Termonde ne soit que de sept mille âmes,
il n’en est pas moins vrai qu’il y fait très cher vivre. La population de son
arrondissement, qui est de deux cent trente-huit mille âmes, est par conséquent
une des plus fortes du royaume : je crois qu’il y a lieu de fixer les
traitements du personnel du tribunal de Termonde dans la même catégorie que
l’on propose de porter le personnel du tribunal de Charleroy.
M.
le président. - Y a-t-il
cinq membres qui appuient la proposition de M. de Terbecq. (Oui ! Oui !)
M. Dewitte. - Ce que dit M. de Terbecq est exact ; mais ce n’est
pas le moment d’en parler. Nous croyons qu’il y a dans cet arrondissement des
tribunaux. Il est vrai que la circonscription des tribunaux est momentanée. La
chambre sait néanmoins qu’il y a des réclamations faites contre ces
attributions actuelles. On demande un tribunal à Alost et un tribunal à
Saint-Nicolas, et la suppression de celui de Termonde. Tout arrangement que
l’on prendrait relativement à Termonde serait un motif pour mettre la chambre
dans l’impossibilité de faire droit aux réclamations. Ce n’est donc pas le
moment de prendre en considération la proposition de M. de Terbecq ; si l’on
maintient le tribunal de Termonde, M. de Terbecq pourra revenir sur sa demande
par une proposition de loi.
M.
de Terbecq. - Il n’y a aucune cause d’arriérée à Termonde.
M. Dewitte. - Sans doute, mais ce n’est pas là la question.
M. Destouvelles. - Il est reconnu que le tribunal de Termonde est
aussi occupé qu’un tribunal de chef-lieu ; ce n’est pas étonnant puisqu’il
compte dans son ressort 238 mille justiciables. Il y a lieu de prendre en
considération ce qui existe actuellement, sans avoir égard aux tribunaux en
perspective de Saint-Nicolas et d’Alost. Si on changeait ce qui existe, on
ferait des modifications dans la classification.
Mais jusque-là je
ne vois pas pourquoi les juges seraient privés du salaire qui leur est dû en
raison de leur travail.
M. Dewitte. - M. Destouvelles est dans l’erreur ; il croit qu’en
établissant un tribunal à Alost et à Saint-Nicolas, on conserverait celui de
Termonde ; mais il n’en serait pas ainsi ; celui de Termonde serait annulé.
M. Destouvelles. - Je ne vois que ce qui existe ; je vois un tribunal
qui a 238 mille justiciables ; et un tribunal aussi considérable mérite d’être
mis dans la troisième classe.
- L’amendement de
M. de Terbecq mis aux voix est adopté.
L’article 3 ainsi amendé
est mis aux voix et adopté.
M.
le président propose une
séance pour demain, mais cette proposition n’est pas agréée par la chambre.
La suite de la
discussion est renvoyée à lundi.
La séance est
levée à quatre heures.