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Chambre des représentants de Belgique
Séance du vendredi 24 décembre 1847
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre
2) Projet de loi portant le budget des dotations. Cour
des comptes (Mercier)
3) Motions d’ordres relative au projet de loi sur les droits
de succession (Rousselle, Veydt)
et aux droits sur le sucre (Mercier, Veydt)
4) Projet de loi portant le budget des voies et moyens
pour 1848. Discussion des articles.
a) Péages. Organisation et réforme de la poste (Rodenbach, Nothomb, Frère-Orban, Loos, Mercier, Frère-Orban)
b) Capitaux et revenus. Aperçu des biens de l’Etat
cédés au clergé (Verhaegen, Veydt,
Malou, Verhaegen, Mercier), produits du chemin de fer, notamment permis de
circulation, accidents ferroviaires (de Corswarem, Brabant, Osy, Frère-Orban,
de Mérode, Osy, Dedecker, Delfosse), produit du
chemin de fer (Osy, Malou),
administration des forêts, droit d’usage dans la forêt de Soignes (Verhaegen, de Garcia, Veydt, Mercier, Malou,
de Mérode, David, Verhaegen, Malou, de Garcia), emploi de l’encaisse de l’Etat détenue par la
Société générale, finances provinciales (Nothomb, de Theux, Malou, Orban,
Donny, Veydt, Orban,
de Muelenaere, Nothomb),
exécution du traité de paix conclu avec les Pays-Bas le 5 novembre 1842,
partage de la dette belgo-hollandaise (Osy, Veydt, Donny), frais de surveillance
des concessions et des sociétés anonymes, indépendance des
députés-fonctionnaires (Manilius, Osy,
Manilius, Frère-Orban, Manilius, Malou, Osy,
Frère-Orban, de Theux, Lebeau, Lejeune, Frère-Orban)
c) Impôts. Péréquation cadastrale (Osy,
Lejeune, Veydt)
5) Fixation de l’ordre des travaux de la chambre (Osy)
6) Projet de loi portant le budget des dépenses pour
ordre
7) Projet de loi portant prolongation de la loi du 18
juin 1842 relative au transit
8) Projet de loi ajournant l’exécution d’une
disposition de la loi de comptabilité (Osy)
(Annales parlementaires de Belgique, session
1847-1848)
(Présidence de M. Liedts.)
(page 413) M.
T’Kint de Naeyer procède à l'appel nominal à midi et demi.
M. Troye
lit le procès-verbal de la séance précédente ; la rédaction en est approuvée.
M. T’Kint de Naeyer
présente l'analyse des pièces adressées à la chambre.
PIECES ADRESSES A LA CHAMBRE
« Le sieur Louis-Joseph Marcour, brigadier des douanes à Aelbeke, né à
Saint-Nicolas, de parents étrangers, demande la naturalisation ordinaire. »
- Renvoi à M. le ministre de la justice.
________________
» Plusieurs habitants de la commune de Tavigny prient la chambre de
rejeter le projet de loi relatif au droit de succession et toute aug-mentation
de dépenses ou d'impôt qui lui serait proposée. »
- Renvoi à la section centrale chargée d'examiner le projet de loi sur
la matière, et dépôt sur le bureau pendant la discussion du budget des voies et
moyens.
________________
« Plusieurs cultivateurs à
Nederboulaere demandent une augmentation des droits d'entrée sur le
tabac. »
« Même demande de plusieurs cultivateurs, fabricants et négociants de
labac à Grammont. »
- Dépôt sur le bureau pendant la discussion du budget des voies et
moyens.
________________
« Le sieur Raikem, légiste à
Liège, demande l'abolition de la peine de la bastonnade et d'autres peines du
même genre en usage dans la marine.»
- Renvoi à la commission des pétitions.
________________
« Les avoués près le tribunal de
première instance de Charleroy demandent la révision des tarifs en matière
civile. »
- Renvoi à la section centrale chargée d'examiner le projet de loi
relatif à cet objet.
________________
« Les sieurs Bourqueau, Coghen et
autres membres du comité houiller du bassin du centre, demandent une réduction
de 75 p. c. des péages sur le canal de Charleroy, l'établissement d'un tarif
proportionnel à la distance parcourue et l'élargissement des écluses depuis la
Sambre jusqu'aux canaux, embranchements et, en attendant l'exécution de ces
travaux, remise d'une partie des droits. »
- Dépôt sur le bureau pendant la discussion du budget des voies et
moyens et du budget des travaux publics.
________________
(page 414) Par divers messages, en date du 22 et du 23 décembre, le
sénat informe la chambre qu'il a adopté :
1° Le budget du département des affaires étrangères, pour l’exercice
1848 ;
2° Le projet de loi qui modifie le régime de la poste aux lettres ;
3° Le projet de loi, ouvrant aux département de la guerre un crédit
supplémentaire de 27,344 fr. 60 c.
- Pris pour notification.
PROJET DE LOI PORTANT LE BUDGET DES DOTATIONS POUR L’EXERCICE 1848
M.
Mercier. - Messieurs, dans notre séance d'hier, vous
avez renvoyé à la section centrale qui a été chargée d'examiner le budget des dotations
une nouvelle note fournie par la cour des comptes, pour justifier la nécessité
d'une nouvelle allocation pour son personnel. La section centrale s'est réunie
ce matin pour l’examen de cette note, et elle m'a chargé de rédiger un nouveau
rapport que je dépose sur le bureau.
M. Lebeau.
- Les conclusions ?
M.
Mercier. - Les conclusions sont d'accorder les 10,000
fr. demandés par la cour des comptes, mais sous la double réserve, qu'au moyen
de ce complément la cour pourvoira à l'organisation définitive de ses bureaux,
et que. sauf une exception indiquée par elle, la nouvelle allocation sera
affectée aux traitements des employés à nommer pour les nouveaux services qui
doivent être créés.
- La chambre décide que l'impression et la distribution des rapports
n'auront lieu que pour le cas où le budget des dotations ne viendrait pas à
l'ordre du jour d'aujourd'hui ; dans le cas contraire, on se contentera de la
lecture du rapport.
MOTION D’ORDRE
M.
Rousselle (pour une motion d’ordre). - Je demanderai à
M. le ministre des finances s'il pourrait déposer sur le bureau, afin qu'on
l'imprime et distribue à tous les membres, avant la discussion de la loi sur le
projet de majoration des droits de succession, un état récapitulatif, pour les
cinq dernières années, de tous les droits fixes d'enregistrement et par
classes.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). -
Messieurs, le département des finances possède ces renseignements, il en
dresse, tous les ans, le tableau. Il ne sera donc pas difficile d'en faire la
récapitulation en remontant à cinq années. Ce travail, je le déposerai d'ici à
peu de temps.
MOTION D’ORDRE
M.
Mercier (pour une motion d’ordre). - Je demande que M.
le ministre des finances veuille bien se mettre en mesure de faire distribuer à
la chambre, dans les premiers jours du mois de janvier, un tableau présentant
le chiffre des importations et des déclarations des mises en consommation de
sucre brut, celui des quantités de sucre raffiné exportées et enfin le montant
exact des droits perçus séparément sur le sucre exotique et sur le sucre
indigène, pendant l'année 1847 ; il sera facile de recueillir ces renseignements
en les réclamant dès à présent.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). -
Messieurs, les demandes de renseignements deviennent fort nombreuses. Je pense
cependant que je pourrai satisfaire à la demande de l'honorable membre. Je
ferai ce qui dépendra de moi pour que le rapport me parvienne le plus tôt
possible, le rapport s'appliquera aux années 1846 et 1847.
PROJET DE LOI PORTANT LE BUDGET DES VOIES ET MOYENS POUR L’EXERCICE 1848
Discussion des articles
PEAGES
Postes
M. le
président. - La chambre est arrivée à l'article Postes.
M.
Rodenbach. - Messieurs, je n'ai demandé la parole sur
l'article 7 que pour renouveler une interpellation que j'ai faite précédemment
à M. le ministre des travaux publies. Si j'ai bonne mémoire, c'est le 20
novembre dernier que M. le ministre nous a promis une réforme postale.
Il ne nous a pas promis une réforme radicale comme en Angleterre ; mais
il a dit qu'il présenterait un projet de loi tendant à soumettre les lettres à
une taxe uniforme de 20 c. pour tout le royaume, sauf que la taxe serait
réduite à 10 c. sur les lettres remises et distribuées dans le ressort du même
bureau.
Je suis persuadé que, dans un gouvernement éminemment libéral comme le
nôtre, M. le ministre s'empressera de présenter un commencement de réforme
postale ; car ce n'est qu'un commencement ; il est question de fixer la taxe
uniforme à 10 c. au lieu de 20 c. comme en Angleterre.
Je comprends qu'en présence d'un déficit on devra
être circonspect, quand il s'agit de réduire les impôts. Mais la réforme
postale fait le tour du monde : les gouvernements les plus absolus sont plus
avancés que nous en fait de réforme postale. En Russie, une lettre, pour faire
mille lieues paye précisément la même taxe que paye une lettre en Belgique pour
faire 25 lieues. Nous sommes donc tout à fait arriérés. Il est temps enfin, de
doter, sans plus de retard, la Belgique d'une réforme éminemment libérale.
M. le ministre a promis un projet de loi. J'espère qu'il en saisira la
chambre à sa rentrée.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire, notre pays est le premier qui ail
adopté un système général de chemin de fer.
Je ne puis croire que notre gouvernement constitutionnel soit le dernier
pour la réforme postale.
M. Nothomb.
- On a souvent entretenu la chambre (l'honorable préopinant vient de le faire
encore) de la réforme postale, en ce qui concerne le tarif, réforme que j'appellerai
financière. Il y a une autre réforme que j'appellerai administrative, dans ses
rapports surtout avec le chemin de fer. D'après moi. l'administration des
postes n'a pas assez tenu compte de l'existence du chemin de fer. Il faudrait
changer la circonscription administrative des perceptions ; chaque station du
chemin de fer devrait être un bureau de poste.
Je sais qu'il en résultera que les bureaux voisins existant depuis
longtemps, changeront de nature, disparaîtront ou deviendront des succursales
du bureau établi à la station. Mais ce changement est inévitable ; c'est une
conséquence de l’établissement du chemin de fer. Je crois que, dans toutes les
stations secondaires le receveur du chemin de fer devrait être en même temps
percepteur des postes. C'est ce qui avait été prescrit par arrêté royal du 28
août 1837, rendu sur ma proposition, à la suite d'un voyage que j'avais fait en
Angleterre. Cet arrêté est resté sans exécution.
Il y a plus : j'avais, dans plusieurs stations, réuni les deux services
; on les a séparés de nouveau.
J'appellerai l'attention du gouvernement sur cette réforme. N'est-il pas
singulier que, pour faire arriver le plus promptement possible une lettre à
destination, il faille en charger quelqu'un ? Défailles lettres vont beaucoup
moins vite que les voyageurs.
Il y aurait aussi beaucoup moins de fraudes. Je sais que cette réforme
soulève des questions très graves, très délicates ; il s'agit de toucher à des
positions personnelles, à des positions acquises ; mais il y a là un grand
moyen d'augmenter les produits de la poste.
En Allemagne, là où le gouvernement n'est pas propriétaire des chemins
de fer, on cherche autant que possible à faire coïncider le service des postes
avec le service des chemins de fer ; mais là où le gouvernement est
propriétaire des chemins de fer, on peut dire que les deux services sont
complètement confondus. J'engage M. le ministre des travaux publics à se faire
rendre compte du mode d'administration qui existe notamment dans le grand-duché
de Bade. Dans le grand-duché de Bade, le gouvernement est, comme en Belgique,
propriétaire des chemins de fer. Eh bien, les deux services sont fondus l’un
dans l'autre, Le bureau des postes est le plus souvent à la station et c'est de
la station que partent les facteurs.
Il faut que nous en venions à ce système ; il faut qu'à Bruxelles, par
exemple, ce que nous appelons la « grande poste » ne soit qu'une
succursale des deux stations. Il doit en être de même à Anvers, il faut que les
dépêches s'ouvrent à la station, et de là partiront les facteurs pour
l'intérieur de la ville ; de cette manière les lettres arriveront aussi vite
que les voyageurs. (Interruption.)
Je sais que là où il y a une station
intérieure la chose est beaucoup plus facile encore. Il est évident qu'à Bruges,
par exemple, où il y a une station intérieure, tout le travail devrait se faire
dans un bureau établi à la station même.
Je ne vais pas jusqu'à demander que les services soient partout remis entre
les mains d'une même personne ; je crois que dans les grandes villes, cela
serait impossible, qu'il en résulterait de la confusion ; dans les grandes
stations on a été forcé de séparer même le service des marchandises et le
service des voyageurs ; mais je n'hésite pas à dire que la réunion, la
centralisation de tous les services doit se faire dans les stations secondaires
du chemin de fer, et cela dans l'intérêt de la rapide expédition. Le temps est
tout ici, et si le gouvernement peut opérer l'amélioration que j'indique, il en
résultera une augmentation notable du produit des postes et un grand bienfait
pour le public.
M.
le ministre des travaux publics (M. Frère-Orban).
- Il est très vrai, messieurs, qu'il n'y a pas beaucoup d'harmonie dans les
services des transports qui s'opèrent par l'Etat et par le même département,
soit par la poste, soit par le chemin de fer. Il y a une foule de bizarreries
résultant du défaut d'unité dans l'administration de ces deux modes de transport.
Il y a des bizarreries dans les prix, des bizarreries dans les conditions
auxquelles les transports sont effectués. Il y en a de non moins graves sous le
rapport de la rapidité de la circulation des personnes et des dépêches par le
chemin de fer.
J'ai été frappé de tous ces inconvénients ; il me parait réellement
absurde que, par exemple, 5 kilog., une pierre qui accompagne une lettre et qui
est transportée par le chemin de fer, arrive plus tôt et, dans lois les cas, à
un prix moindre qu'une simple lettre pesant beaucoup moins et qui est également
transportée par le chemin de fer. Cette anomalie, messieurs, disparaît en
partie par les modifications qui viennent d'être introduites dans le régime des
postes quant à la taxe des lettres ; mais, comme le dit l'honorable M. Nothomb,
il y a une foule d'autres réformes à opérer. J'en ai été frappé, je m'en suis
occupé, j'ai médité cette affaire, et je l'ai ensuite renvoyée dans mes bureaux
pour qu'elle y devînt l'objet de l'examen le plus attentif, le plus scrupuleux
; mais on comprendra qu'il m'a été impossible, depuis que je suis au ministère
des travaux publics, d'introduire les réformes dont il s'agit, de modifier dans
leur essence des administrations qui fonctionnent depuis longtemps, d'y
introduire des modifications radicales et qui, de l'aveu de l'honorable
préopinant, sont de nature à soulever de sérieuses difficultés.
D'ailleurs, je désire n'introduire de réformes qu'après les avoir
mûrement méditées. Je tiens moins à aller avec une grande rapidité, qu'à aller
avec sécurité. Je ne veux mettre en pratique les réformes qui me sembleraient
les plus utiles qu'après avoir acquis la conviction qu'elles peuvent en réalité
donner de bons résultats.
Je sais qu'il y a d'excellents enseignements à puiser dans ce qui se (page 415) pratique notamment en
Allemagne et plus particulièrement dans le pays de Bale. Là une organisation
complète existe ; il y a fusion de l'administration des chemins de fer et de
l'administration des postes. La même administration opère le transport des
grands et petits colis à des conditions qui sont les mêmes, et on évite les
inconvénients que j'ai tantôt signalés.
En outre, sous le rapport de la prompte distribution, sous le rapport
des avantages à retirer des chemins de fer, ils sont à peu près complets,
tandis qu'ici ils ne le sont pas. On sent assez que ce sont là des objets qui
ne peuvent être un seul instant oubliés. Quant à la réforme postale, dont a
parlé l'honorable M. Rodenbach, j'ai déjà eu l'honneur de dire à la chambre que
c'est une question d'impôt. On demande une réduction de ce chef, comme on
demande l'abolition de l'impôt du sel et d'autres impôts. Il est incontestable
qu'il y aurait avantage à les faire disparaître ; mais il faut qu'on puisse
offrir, à côté des découverts que l'on crée, de nouvelles ressources. On ne
peut demander deux choses inconciliables, celle de faire disparaître des impôts
et celle de refuser les moyens de couvrir le déficit.
J'ai dit que l'intention du gouvernement était de proposer non pas pour
1848, mais avant la discussion du budget de 1849 et pour être mise en pratique
en 1849, une réforme postale que l'honorable membre ne considère pas comme
radicale, mais que je considère, quant à moi, comme la seule possible et la
seule convenable dans l'état actuel de nos finances, et même pour longtemps. La
réforme postale à 10 c. causerait dans nos finances un déficit que l'on ne peut
estimer à moins de 1,500,000 fr. et ce déficit subsisterait très probablement,
en admettant la progression la plus considérable dans le transport des lettres
par suite de la réforme, subsisterait pendant une dizaine d'années.
La réforme à 20 c, qui me paraît répondre aux exigences de la situation,
ne laisserait au contraire qu'un déficit, d'environ 600,000 fr. qui serait
couvert probablement après la troisième année.
La prudence indique donc que la réforme à 20 c.
doit être faite, et non la réforme à 10 c. Et au demeurant, après avoir fait la
réforme à 20 c, après en avoir expérimenté les résultats, rien ne s'opposerait
à ce qu'on fît ultérieurement une réforme plus large, si on le trouve
convenable, tandis que si l'on commençait par une réforme à 10 c, on se
trouverait dans l'impossibilité de revenir à un taux supérieur, et il faudra
chercher de nouvelles ressources pour combler le déficit qui en résulterait.
Je persiste à déclarer au nom du gouvernement que son intention est de
présenter, dans les premiers mois de l'année prochaine, un projet sur la
réforme postale ; mais il ne sera applicable, comme je l'ai dit, qu'à dater de
1849.
M. Loos.
- Messieurs, je ne crois pas que le moment soit venu de demander la réforme
postale ; cependant il est un argument de M. le ministre des travaux publics
que je ne puis laisser passer sans observation.
M. le ministre vient de vous dire que la réforme postale à 10 centimes
amènerait un déficit de l,500,000 fr. dans les finances de l'Etat. Je crois que
cette assertion repose sur une erreur.
Cette erreur, je l'ai déjà signalée, lorsque dans une autre discussion
il a été question de la réforme postale. Elle a été commise par un
fonctionnaire du département des travaux publics, dans une note qui a été
publiée dans le temps.
L'erreur provient de ce qu'on a établi les calculs sur toutes les
lettres en général, et qu'on a perdu de vue que les lettres venant des pays
étrangers ne tomberaient pas sous la réforme à 10 centimes.
Les lettres venant de l'étranger ou expédiées vers l'étranger, en
Angleterre, en France, et dans d'autres pays où la réforme a commencé, ces
lettres, à moins que ce ne soit par le fait d'un traité postal avec ces pays,
ne jouissent pas de toute la réduction établie pour les lettres ne voyageant
qu'à l'intérieur du pays. Je crois donc que le chiffre de 1,500,000 fr.,
indiqué par M. le ministre des travaux publics, n'est pas un chiffre exact.
J'ai établi, dans une discussion précédente, que, si le nombre des
lettres n'augmentait en aucune façon, le maximum du déficit ne dépasserait pas,
n'atteindrait pas 1,500,000 fr., c'est sur ce chiffre de 1,500,000 fr. que nous
avons à discuter, pour savoir jusqu'à quel point ce déficit serait comblé par
l'augmentation de la correspondance.
Puisque j'ai la parole, je me permettrai encore
de dire quelques mots sur l'article Postes. L'honorable M. Rodenbach a parlé de
la réforme de la taxe, l'honorable M. Nothomb vous a entretenus d'une autre
réforme ; il existe une troisième réforme à introduire. Jusqu'à présent, les
chemins de fer n'ont pas rendu à la poste tous les services qu'ils sont
susceptibles de lui rendre, ou plutôt la poste n'a pas profité de toutes les
occasions que le chemin de fer lui offrait, de rendre des services au pays. Je
crois que quand il s'agira de la réforme, M. le ministre des travaux publics
devrait examiner quelles nouvelles dispositions il y aurait lieu d'introduire
sous ce rapport. La fréquence des occasions est une des grandes facilités qu'il
est utile de donner au commerce, et jusqu'à présent, sous ce rapport, la poste
ne rend pas tous les services qu'elle est à même de rendre et qu'elle rendrait,
sans doute, s'il y avait meilleure entente entre cette administration et celle
du chemin de fer.
M. Mercier. - Messieurs, je ne veux pas
aujourd'hui traiter la question de la réforme postale ; mais je me borne à
faire mes réserves pour le cas où les paroles de l'honorable préopinant
exerceraient de l'influence sur l'opinion de M. le ministre des travaux
publics. Dans les circonstances actuelles, je proteste contre toute réforme
plus radicale que celle qui est annoncée par le gouvernement ; et quant à
celle-ci, je trouverais très inopportun et très fâcheux qu'elle fût discutée
avant que nous n'eussions établi les ressources nécessaires pour couvrir nos
dépenses.
M.
le ministre des travaux publics (M. Frère-Orban).
- Messieurs, l'honorable M. Loos est dans l'erreur, quand il suppose que la
réforme à 10 centimes ne produirait pas un découvert de l,000,000 fr. Les
calculs qui ont passé sous mes yeux m'en ont donné la conviction ; c'est en se
rendant compte de toutes les circonstances, de l'accroissement probable dans la
circulation des lettres, que ce déficit de 1,500,000 fr. a été constaté.
Lorsque l'occasion se présentera de discuter ce point, je parviendrai,
j'en ai la conviction, à démontrer à la chambre, de la manière la plus
évidente, que le déficit que je viens d'indiquer serait nécessairement atteint,
si l'on adoptait une réforme à 10 centimes.
Il faut donc éviter de répandre l'idée, que la réforme à 10 centimes
serait une chose réalisable ; cela n'est réellement pas possible dans l'état
actuel de nos finances.
- La discussion est close.
_________________
« Taxe des lettres et affranchissements : fr.
3.500.000. »
- Adopté.
_________________
« Port des journaux et imprimés : fr. 135,000. »
- Adopté.
_________________
« Droits sur les articles d'argent : fr. 25,000. »
- Adopté.
_________________
« Remboursements d'offices étrangers : fr. 115,000. »
- Adopté.
_________________
« Emoluments perçus en vertu de la loi du 19 juin 1842 : fr.
50,000. »
- Adopté.
Marine
« Produits du service des bateaux à vapeur entre Ostende et
Douvres : fr. 312,000. »
- Adopté.
III. Capitaux et
revenus
Discussion générale sur la rubrique Capitaux et revenus
M. le
président. - Nous arrivons au chapitre : Capitaux et
revenus.
M.
Verhaegen. - Messieurs, l'article 48 sur la loi de
comptabilité de l'Etat veut qu'un tableau des propriétés et rentes soit remis à
la cour des comptes.
Il serait utile que la cour des comptes pût avoir
sous les yeux un état des propriétés qui appartenaient à la nation en 1831.
Elle pourrait voir alors quels sont les immeubles et les rentes que le
gouvernement a depuis cédés au clergé, soit par des arrêtés royaux soit par des
décisions ministérielles. Elle verrait encore si certains fonctionnaires n'ont
pas laissé prescrire des rentes domaniales pour que la révélation pût en avoir
lieu au profit des fabriques d'églises, et si quelques-uns de ces
fonctionnaires n'ont pas été bien placés quelque temps après à l'administration
centrale. Enfin elle verrait si le gouvernement, pour se créer quelques petites
ressources de plus, n'a pas autorisé le rachat de rentes domaniales à un taux
inférieur au capital déterminé par la loi au denier 15 et au denier 18 par
exemple.
Je demanderai donc à M. le ministre des finances
s'il ne voit pas d'inconvénient à fournir à la chambre et à la cour des comptes
un tableau complet de tous les biens et rentes qui appartenaient à l'Etat en
1831.
M. le ministre des finances (M. Veydt).
- Messieurs, je ne puis pas répondre d'une manière précise et immédiate à la
demande de l'honorable M. Verhaegen ; je pense qu'il est prudent que j'examine moi-même
la nature des renseignements qu'il a réclamés, avant de m'engager à déposer ces
renseignements statistiques.
Toutefois, si je ne puis pas satisfaire à sa demande, je m'en
expliquerai devant la chambre.
M. Malou.
- Messieurs, les renseignements demandés par l'honorable M. Verhaegen doivent
nécessairement faire partie de la publication statistique pour laquelle la
chambre a alloué des fonds au budget des finances. Je ne comprendrais pas qu'on
pût faire une bonne statistique financière depuis 1830, sans y renseigner
toutes les transformations qu'a subies le domaine national depuis celle époque.
M. Verhaegen. - Je
m'étonne que M. le ministre des finances ne puisse pas s'expliquer
immédiatement sur la demande que je viens de lui adresser ; je m'en étonne
d'autant plus que l'honorable M. Malou répond à mes observations en prétendant
que les détails du tableau que je réclame devront faire partie de la
statistique financière, ce qui n'est pas d'accord avec la réserve qu'apporte
sur cette question l'honorable M. Veydt.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). -
L'honorable membre me justifie lui-même en disant qu'il ne demande pas que je
réponde immédiatement.
M. Mercier. - J'ai demandé la parole
pour présenter une simple observation qui me semble justifier la réserve dans
laquelle M. le ministre des finances désire se renfermer.
Chaque année la section centrale demande le tableau des avances faites
avant 1830 à des industriels sur le million Merlin ; jusqu'ici, aucune (page 416) section centrale n'a cru
convenable de faire publier ce tableau. Je ne pense pas qu'il serait convenable
de le faire imprimer à l'avenir.
M.
Verhaegen. - C'est une très minime partie.
M.
Mercier. - C'est une des causes de la réserve que M. le
ministre a voulu garder.
M.
de Corswarem. - Je vois, avec plaisir, au budget de cette
année, une nouvelle ressource à retirer du chemin de fer, au moyen du produit
des cartes de circulation. Jusqu'ici ces cartes se délivraient gratis à des
personnes plus ou moins privilégiées, si on pouvait considérer cela comme un
privilège. Je trouve plus équitable de les donner à prix d'argent, car, de
cette manière, il y a égalité pour ceux qui veulent circuler dans les stations
et sur le chemin de fer, et l'Etat en retirerait une ressource.
Il est une question pratique, que je veux soumettre à M. le ministre des
travaux publics. Je lui demanderai s'il ne vaudrait pas mieux délivrer des
permis timbrés pour circuler sur le chemin de fer, comme on en délivre pour
circuler à l'intérieur ou à l'extérieur du royaume.
Dès que ces permis sont, délivrés par l'administration du timbre, il en
est tenu un compte régulier et il y a un contrôle régulier tout organisé ;
tandis que si les cartes sont délivrées par l'administration du chemin de fer,
il faudra organiser une comptabilité et un contrôle séparés et spéciaux qui, en
occasionnant une dépense nouvelle, diminueront le :produit. J'indique ce moyen
parce qu'il me paraît plus régulier de faire distribuer les cartes de
circulation par l'administration du timbre.
J'ai encore une autre observation à présenter. Je
voudrais que tous les produits du chemin de fer figurassent au budget sous la
même rubrique. Ainsi, nous avons vu qu'on a loué des cantines dans certaines
stations. Je pense que le produit de ces locations figure avec les fermages de
biens-fonds et bâtiments du domaine. Je voudrais que les produits des cantines
figurassent sous la rubrique des produits du chemin de fer ; bientôt nous
aurons d'autres produits, tels que ceux des coupes de bois, de genêts, d'osiers
et peut-être d'herbes. Si on fait figurer ces produits sous la rubrique :
Produits d'arbres et des plantations appartenant au domaine, nous ne saurions
pas ce que rapporte le chemin de fer. Sous ce rapport, il serait plus régulier
de connaître tout ce que nous retirons du chemin de fer ; nous savons tout ce
qu'il coûte, nous saurions également tout ce qu'il produit.
Je voudrais aussi qu'on tînt compte des transports faits pour l'Etat, je
désirerais qu'ils fussent portés pour ordre en dépense d'un côté et en recette
de l'autre, de manière à bien constater tous les produits et les services
retirés du chemin de fer.
M.
Brabant. - L'honorable M. de Corswarem vient de
présenter quelques observations sur l'exécution d'une mesure qui, pour la
première fois, figure au budget, relativement à la circulation sur les chemins
de fer. Jusqu'à présent on a distribué gratuitement des permis de circulation ;
il s'agirait de percevoir sur ces permis un impôt à déterminer par arrêté
royal.
Je crois, messieurs, qu'il y aurait mieux à faire que d'établir un
misérable impôt de 10 mille francs sur ces cartes, ce serait de supprimer ces
cartes.
De tous les pays européens où il y a des chemins de fer, la Belgique est
le seul où la circulation soit autorisée.
En France ou en Allemagne qui que ce soit étranger à l'administration
n'est autorisé à circuler sur le chemin de fer, et on agit en cela très
prudemment : Si vous voulez recourir au tableau des accidents du chemin de fer
contenu dans les comptes rendus, vous verrez qu'une grande partie de ces
accidents résulte de cette circulation qu'on ne devrait pas permettre. Je
voudrais qu'elle fût interdite partout où une double voie est livrée à
l'exploitation. Nous avons eu un accident terrible entre Tubize et
Braine-le-Comte par suite de cette circulation qu'on permet sur nos chemins de
fer.
Je voyage souvent sur le chemin de fer ; eh bien, je n'y passe pas une
fois sans trembler en voyant avec quelle imprudence certaines personnes
circulent sur la voie.
. Je réclamerai de l'humanité du gouvernement de vouloir supprimer ces cartes.
Ce n'est pas pour un revenu de dix mille francs qu'on peut maintenir une chose
aussi dangereuse que la circulation dans les stations ou sur les chemins de
fer. Il serait de 160 mille francs que je voudrais qu'on y renonçât.
J'ai vu à peu près toutes les stations du chemin de fer et j'ai remarqué
que l'encombrement des curieux est un assez grand obstacle à la bonne
manutention de la station. Je conçois qu'on permette à certaines personnes,
pour leur instruction, de fréquenter les stations. Il y a beaucoup à apprendre
à examiner comment les choses se passent dans les stations du chemin de fer. Ce
ne sont guère les gens qui vont dans les stations pour leur instruction qui
forment la multitude. On peut remarquer de plus que les stations des villes
industrieuses, sont les moins fréquentées.
Ainsi à Liège, à Gand, à Anvers, on ne voit personne dans les stations
si ce n'est les voyageurs qui arrivent ou parlent. Dans d'autres villes on voit
dans les stations une foule de personnes qui n'y ont que faire, si ce n'est de
satisfaire leur curiosité. Le plus souvent ce sont des dames qui n'ont guère
besoin de notions sur l'administration des stations ou sur l'action des
locomotives. Je prierai le gouvernement de supprimer les cartes de circulation
et de renoncer à son revenu ; il rendra un grand service à la réputation du
chemin de fer.
J'ai dit qu'un grand nombre d'accidents constatés sur le chemin de fer
étaient dus à la circulation qu'on y autorisait.
D'après la Revue Britannique, le chemin de fer belge, qu'on considère
comme celui qui présente le plus de sécurité, serait, au contraire, celui de
tous les chemins de fer sur lequel il y aurait le plus d'accidents.
Je n'ai pas examiné si c'était vrai ou non ; mais
je pose, en fait que ce ne sont pas les voyageurs qui sont victimes des
accidents signalés par la Revue d'Edimbourg et la Revue Britannique. On prend
la somme des accidents rapportés dans le compte rendu, et on en rend le chemin
de fer responsable. Je suis convaincu que plus de la moitié de ces accidents
sont dus à cette circulation ; je crois qu'il est de l'intérêt de l'humanité de
la supprimer.
M. Osy.
– Je partage en partie l'opinion de l'honorable M. Brabant. Je crois qu'il est
dangereux de permettre la circulation des individus sur les chemins de fer,
mais il est bon de laisser circuler dans les stations. En effet, pourquoi y
va-t-on ? Pour rencontrer des personnes auxquelles on a donné rendez-vous ou
qu'on vient chercher. Je demanderai qu'on efface les derniers mots : et sur le
chemin de fer. De cette manière il n'y aura de cartes que pour les stations ;
on atteindra le but que se propose l'honorable M. Brabant. C'est en circulant
sur les routes qu'il arrive le plus d'accidents.
A Malines où il arrive des convois de
tous les côtés, quand un convoi arrive dans la station, un commissaire public
va au-devant pour faire faire place ; je ne sache pas qu'il y soit arrivé de
malheur.
M.
Brabant. - Il y a eu un homme tué l'année dernière.
M. Osy.
- Je crois qu'on ferait bien d'accorder des cartes pour les stations et en même
temps de défendre à l'avenir la circulation sur le chemin de fer.
(page 425) M. le ministre
des travaux publics (M. Frère-Orban). - Messieurs, un arrêté royal du 4
août 1845 avait décidé que les permis de circulation dans les stations et sur
les chemins de fer seraient frappés d'un droit perçu au profit de la caisse de
secours des employés de l'administration. Cet arrêté n'a pas été exécuté. Je
crois que trois raisons se sont opposées à la mise en pratique de la mesure
décrétée.
D'abord la redevance établie par arrêté royal au profit d'une caisse
particulière était inconstitutionnelle ; puisque, suivant la Constitution,
aucun impôt ne peut être perçu qu'au profit de l'Etat, de la province ou de la
commune ; ensuite, un impôt ne peut être perçu qu'en vertu d'une loi, et non
par simple arrêté royal. Enfin, la caisse de secours étant dans un état
satisfaisant, il n'y avait aucune raison de lui faire une dotation. J'ai pensé
dès lors qu'il serait convenable de demander aux chambres l'autorisation de
percevoir un droit sur les permis de circulation.
C'est ce motif qui m'a fait porter au budget des voies et moyens la
somme de 10,000 fr. comme produit probable de cette recette. Je ne supposais
pas, je l'avoue, que l'on contesterait l'utilité, la nécessité de faire payer
ces permis de circulation.
L'honorable M. Brabant voudrait qu'on les supprimât par la raison que la
plupart des accidents qui arrivent sur le chemin de fer sont causés par les
personnes qui circulent sur la voie. Il a dit que plus de la moitié des
accidents peuvent être attribués à cette cause unique, c'est une erreur.
Voici le relevé des accidents qui ont eu lieu en 1844, 1845 et 1847. Je
n'ai pas le relevé des accidents de 1846. Si l'on consulte cette statistique,
on reste convaincu que les motifs que fait valoir l'honorable M. Brabant ne
peuvent pas être accueillis.
En 1844, il y a eu 23 accidents, dont 7 morts d'individus étrangers à
l'administration. Dans ce nombre figurent les victimes de l'accident du 3 mai
1844 sur la ligne de l'Est, arrivé entre Gingelom et Waremme, au nombre de
quatre ; les trois autres ont été atteints en traversant la voie, ils ont été
victimes de leur imprudence ; il n'y a rien à imputer aux permis de
circulation.
Ainsi, pour l'année 1844, les renseignements que donne l'honorable M.
Brabant manquent d'exactitude.
En 1845, 35 accidents ont eu lieu. Six morts étaient étrangers à
l'administration. L'un a péri, parce qu'il s'était endormi sur la voie. Un
s'est tué volontairement. Les 4 autres ont été accrochés par la locomotive : le
premier en ramassant sa casquette, les trois autres en traversant la voie.
En 1847, il y a eu 34 accidents, 9 morts étaient étrangers à
l'administration : trois se sont suicidés ; un homme a été trouvé sur la voie ;
les autres ont été atteints par la locomotive, en traversant la voie ; la mort
doit être attribuée à leur imprudence. Un dernier a été atteint en voulant
retenir son chien qui était menacé.
Il ne faut donc pas attribuer les accidents aux permis de circulation.
Il ne faut pas croire qu'ils sont dus à la facilité avec laquelle on accorde
les cartes que l'on donne aujourd'hui. L'impôt sur les cartes aura d'ailleurs
pour résultat d'empêcher qu'on n'en délivre en aussi grand nombre qu'on ne l'a
fait jusqu'à présent.
On estime à dix mille environ les cartes distribuées en ce moment. Je
suis bien loin de supposer qu'en les vendant on en place encore dix mille.
En effet en admettant que le prix des cartes soit de 5 francs, et le
nombre de ces permis de dix mille, on devrait porter au budget une somme de
50,000 fr. Or, on n'y porte que 10,000 fr. Il suffit qu'on annonce que les
permis de circulation seront vendus pour que le nombre des demandes soit
considérablement réduit ; on ne peut en douter. Ainsi il n'y a pas de motif
pour accueillir la proposition de l'honorable M. Brabant. La recette, dit-on,
sera minime ; mais les petits ruisseaux font les grandes rivières ; plusieurs
impôts rapportant chacun 10,000 fr. amélioreraient l'état de nos finances.
Il vaut mieux, d'ailleurs verser 10,000 fr.au trésor, que de délivrer
ces cartes gratis. En les supprimant, quoi qu'on fasse, elles ne le seront que
nominalement. Il y aura dans les stations une foule de tolérances, beaucoup de
personnes continueront d'être admises dans les stations. Pourquoi priver
certaines personnes, qui y trouvent de l'attrait, d'un droit qu'elles
acquerraient en payant ? Dans plusieurs localités, c'est un véritable plaisir
d'aller dans les stations à l'arrivée des convois. La station de Matines est un
lieu de récréation pour les habitants. Dans la plupart des autres stations, il
en est ainsi.
Dans les villes industrielles, a dit l'honorable M. Brabant, il y a
moins de monde à la station que dans les autres villes. Cela est vrai.
Dans ces villes, sauf le dimanche, les promenades sont toujours beaucoup
moins fréquentées que dans les villes où le commerce et l'industrie absorbent
tous les loisirs des habitants.
Il n'en est pas moins vrai que beaucoup de personnes tiennent à plaisir
d'aller dans les stations à l'heure de l'arrivée des convois. Ces personnes
trouveront également convenable de payer une rétribution pour jouir du même
avantage. En tous cas ces cartes sont recherchées et continueront à être
recherchée par les voyageurs. Quant à supprimer tout au moins les autorisations
de circuler par le chemin de fer comme le propose l'honorable M. Osy, j'ai
prouvé, je crois, que cela n'est pas nécessaire.
Ce serait nécessaire s'il y avait danger ; mais les faits établissent
que les inconvénients que l'on redoutent n'existent pas. Les dangers seront
encore moindres à l'avenir puisqu'en faisant payer les permis on en diminuera
de beaucoup le nombre.
J'ajouterai qu'il y a presque nécessité de délivrer des permissions de
circuler sur le railway, pour abréger le parcours, pour donner plus de facilité
aux habitants de communiquer avec les localités voisines.
Récemment, depuis l'ouverture du chemin de fer de Saint-Trond à Hasselt,
des autorisations de ce genre ont été demandées pour faciliter les
communications entre les habitants d'une paroisse, et pour qu'un prêtre pût
desservir plus convenablement toutes les parties de sa paroisse. Il y a donc
nécessité de maintenir la faculté qui existe d'autoriser à circuler sur le
chemin de fer. On donnait des cartes gratis, on les fera payer. Je propose de
les imposer d'une somme minime ; s'il y a convenance, utilité ou plaisir,
personne ne se refusera à payer 5 francs pour jouir d'un avantage qui, sans
cela, pourrait être refusé.
L'honorable M. de Corswarem a dit tout à l'heure qu'il désirait de voir
figurer au budget des voies et moyens tous les produits du chemin de fer. Je
tiendrai note de cette observation. Je m'entendrai à ce sujet avec M. le
ministre des finances. Les produits du chemin de fer figurent au budget in
globo. L'honorable membre désire que certaines catégories de recettes soient
spécialement indiquées, je ne pense pas qu'il y ait à cela le moindre
inconvénient.
Il a demandé en outre que l'on fît figurer pour mémoire au budget les
transports opérés pour le compte de l'Etat. Il ne me paraît pas que ce soit
nécessaire ; le renseignement se trouve dans le compte rendu du chemin de fer.
On y voit quelle est la nature et
l'importance des transports effectués pour le compte de l'Etat. L'honorable
membre a demandé aussi que les permis de circulation fussent délivrés par
l'administration du timbre, donnant pour motif qu'il y aurait plus de facilité
de contrôle. Je ne partage eu aucune façon cet avis. Il faut éviter de rompre
l'unité dans les administrations. L'administration du chemin de fer est
obligée, pour la délivrance des coupons, d'avoir des moyens de contrôle, de
surveillance complets. La délivrance de quelques permis de plus ne donnera lieu
à aucun accroissement de dépense. Il n'en serait pas de même si la délivrance
des permis de circulation était transférée à l'administration du timbre.
Je persiste donc à demander que l'on porte en
recettes le produit des cartes et que l'administration
conserve le droit de délivrer des cartes non seulement pour pénétrer dans les
stations, mais aussi pour circuler sur le chemin de fer.
(page 416) M. de
Mérode. - D'après ces observations
de M. le ministre des travaux publics qui ont parfaitement justifié la mesure
de la délivrance des permis de circulation sur le chemin de fer, je n'ai rien à
ajouter.
M. Osy. -Je vois,
par ce que vient de dire M. le ministre des travaux publics, qu'il y a des
localités où il est absolument nécessaire de délivrer des permis de circulation
pour abréger la route. Puisqu'il en est ainsi, je retire mon amendement.
Mais j'appuie de toutes mes forces l'observation de l'honorable M. de
Corswarem. Pour les ports d'armes et les passeports, nous avons le contrôle de
l'administration du timbre ; il serait très avantageux qu'il en fût de même
pour les permis de circulation. Je n'y vois dans l'exécution aucune difficulté.
J'appuie donc cette proposition.
M.
Dedecker. - Messieurs, je rends justice aux sentiments
d'humanité qui ont inspiré les observations que vient de vous présenter
l'honorable M. Brabant, mais je crois que ces sentiments sont un peu exagérés
dans la circonstance actuelle.
Je ne crois pas que les dangers que vous a signalés l'honorable membre
soient aussi réels, soient aussi imminents qu'il le croit, Les explications
dans lesquelles vient d'entrer M. le ministre des travaux publics doivent avoir
complètement rassuré la chambre sur ce point.
Si nous étions encore au début de l'exploitation de nos chemins de fer,
alors on pourrait peut-être empêcher complètement la circulation dans les
stations et le long du chemin de fer. Mais depuis treize ans, des habitudes ont
été contractées. Ainsi que vous l'a dit M. le ministre des travaux publics,
dans la plupart de nos villes, les stations sont devenues des promenades
publiques ; la circulation dans ces stations est devenue un véritable besoin
pour une partie de la population. On considérerait l'interdiction de circuler
comme une espèce de vexation.
Mais puisque nous sommes d'accord que
la circulation le long des chemins de fer ne présente pas autant d'attrait ;
que, de l'autre côté, elle présente plus de danger que la circulation dans les
stations, ne pourrait-on établir deux espèces de cartes, des cartes de
circulation dans les stations et des cartes de circulation le long des routes ?
Il me semble que si l’on fixait à 5 francs le prix des cartes pour la
circulation dans les stations et à 10 francs le prix des cartes pour la double
circulation dans les stations et le long des chemins de fer, nous aurions d'un
côté plus de produits, et d'un autre côté il y aurait moins de personnes qui
circuleraient le long de la route et par conséquent moins de chances
d'accidents.
M.
Delfosse. - La section centrale, chargée de l'examen du
budget des travaux publics, s'est occupée de la question soulevée par
l'honorable M. Brabant ; un membre de cette section avait présenté des
observations dans le sens de celles qui viennent d'être faites par l'honorable
M : Brabant, mais la section centrale n'a pas cru devoir les accueillir.
Elle a pensé que si la circulation du public dans les stations et sur
les voies du chemin de fer offre quelque danger, il est facile d'y obvier en
renforçant la surveillance et que, s'il résulte de ce fait un accroissement de
dépenses, il y aura compensation, d'abord dans le prix des cartes, ensuite dans
le plaisir que les populations, surtout celles des petites villes, trouvent à
se promener dans les stations et sur la voie du chemin de fer.
Le danger, s'il y en a eu jusqu'à présent, disparaîtra d'ailleurs par le
fait que les cartes seront payées au lieu d'être délivrées gratis ; comme on (page 417) vous l'a fort bien dit, le
nombre des permis de circulation sera considérablement réduit.
Je ne puis admettre l'opinion de MM. de Corswarem et Osy, que les permis
de circulation devraient être délivrés par l'administration du timbre ; il n'y
a pas de comparaison à établir entre ces permis et les ports d'armes ou les
passeports. Si les ports d'armes et les passeports sont délivrés par
l'administration du timbre, c'est qu'il n'y a pas, dans les bureaux des
gouverneurs, une administration spécialement chargée des recettes. Les employés
du chemin de fer peuvent tout aussi bien recevoir le prix des cartes de
circulation que le prix des coupons délivrés aux voyageurs.
L'observation de l'honorable M. de Corswarem se rattache à la grande
question de savoir si les recettes du chemin de fer doivent être contrôlées par
le département des finances, question qui n'est pas tranchée et sur laquelle le
gouvernement doit, aux termes de la loi de comptabilité, vous soumettre une
proposition spéciale.
Ce n'est pas incidemment, à l'occasion d'une recette de dix mille
francs, qu'on doit la trancher.
- La discussion est close.
M. le
président. - La discussion ayant principalement porté sur les
cartes de circulation, je mets d'abord en discussion l'article qui y est
relatif.
« Produits des cartes de circulation dans les stations et sur le
chemin de fer : fr. 10,000. »
- Adopté.
________________
« Chemin de fer : fr. 16,000,000. »
M. Osy. - Messieurs, l'honorable M. Malou,
dans le projet de budget, avait porté une recette de 16,500,000 francs. Dans la
section centrale, M. le ministre des travaux publics nous ayant fait connaître
les motifs pour lesquels il demandait qu'on ne fît figurer en recette qu'une
somme de 16.000,000, nous avons été convaincu qu'il y avait eu erreur de la
part de l'honorable M. Malou.
L'honorable M. Malou avait calculé que la recette de 1847 s'élèverait à
15,600,000 francs. Il est prouvé aujourd'hui, par les résultats des onze
premiers mois de l'année, que la recette totale n'ira pas au-delà de 14,800,000
fr.
Il est vrai que l'exploitation des embranchements de Jurbise et de
Hasselt augmentera la recette ; mais nous calculons aussi sur une augmentation
de recette de 1,200,000 fr. Il serait donc imprudent de porter les prévisions
au-delà de 16,000,000 de fr.
M. Malou.
- Je ne puis admettre qu'il y ait eu erreur dans la manière dont les prévisions
de 1848 ont été établies. Seulement, lorsque le budget a été fait, les éléments
d'appréciation qui existent aujourd'hui n'existaient pas. Mais la manière dont
les prévisions ont été calculées au mois d'avril, me paraît encore légitime
d'après les faits connus à cette époque.
- L'article est adopté.
Enregistrement et domaines
« Rachat et transfert de rentes, y compris l'aliénation des renies
constituées : fr. 19,000. »
- Adopté.
_______________
« Capitaux du fonds de l'industrie : fr. 120,000. »
- Adopté.
_______________
« Capitaux de créances
ordinaires : fr. 565,000. »
- Adopté.
_______________
« Prix de vente d'objets
mobiliers ; transactions en matière domaniale ; dommages et intérêts ;
successions en déshérence ; épaves : fr. 200,000. »
- Adopté.
« Prix de vente de domaines,
en vertu de la loi du 27 décembre 1822, payés en numéraire en suite de la loi
du 28 décembre 1835, pour l'exécution de celle du 27 décembre 1822 et des lois
des 30 juin 1840, 18 mai 1845 et 27 février 1846 ; fr. 800,000. »
- Adopté.
_______________
« Prix de coupes de bois,
d'arbres et de plantations ; vente d'herbes ; extraction du minerai de fer, de
terre et de sable : fr. 1,100,000. »
M.
Verhaegen. - Il y aurait moyen pour le gouvernement d'augmenter
le chiffre du revenu mentionné à cet article de 40 à 50,000 fr., tout en posant
un acte de justice et de bonne économie forestière.
Plusieurs fois déjà, sous l'ancien ministère, j'ai eu l'honneur,
messieurs, de vous parler de certain usage qui existait de temps immémorial, au
profil des habitants des communes limitrophes de la forêt de Soignes ; cet
usage consistait à faire paître leurs bestiaux et à couper les herbes dans les
parties défensables de la forêt, moyennant une rétribution annuelle, qui était
exactement payée et qu'on aurait pu doubler sans donner lieu à la moindre
réclamation.
L'usage que j'invoque a existé de temps immémorial et sous tous les
gouvernements qui se sont succédé ; il a même été respecté sous
l'administration de la Société Générale, qui délivrait, contre le payement
d'une faible indemnité, des cartes de pacage et de faucillage. A toutes ces
différentes époques les habitants des communes limitrophes de la forêt, les
journaliers surtout, trouvaient des moyens de subsistance dans la possession
d'une ou deux bêtes à cornes qu'ils nourrissaient exclusivement des herbages
qu'il leur était permis de recueillir dans leur voisinage.
Malheureusement cet état de choses est venu à cesser depuis que l'Etat
est venu prendre la place de la Société Générale.
Alors certains employés de la foresterie, considérant la forêt comme
leur domaine et les habitants des communes voisines comme leurs vassaux,
pensèrent que s'ils parvenaient à empêcher désormais les droits de pacage et de
faucillage dans les parties défensables des bois, ils augmenteraient
considérablement l'importance de la chasse, dont ils jouissaient à cette époque
et que les gardes-bois, ayant moins à surveiller, leur serviraient d'autant
mieux de porte-carnassière ; dès lors, sous divers prétextes, les uns plus
futiles que les autres, ils engagèrent le gouvernement à retirer aux habitants
de Boitsfort et d'autres communes voisines la faculté dont eux et leurs
ancêtres avaient toujours joui à titre onéreux, ce qui fut faite au détriment
d'un grand nombre de pères de famille, qui furent inopinément contraints à
vendre leurs bestiaux à vil prix, et par suite se trouvèrent réduits à la plus
affreuse misère.
Les communes limitrophes de la forêt de Soignes présentèrent
successivement au gouvernement différentes suppliques aux fins d'obtenir à
l'amiable ce qu'en définitive ils obtiendront de l'autorité judiciaire si le
recours aux tribunaux devenait indispensable. Mais, comme il arrive toujours,
ces suppliques furent renvoyées à l'avis des fonctionnaires locaux intéressés
dans la question, et dès lors on pouvait s'attendre d'avance au sort qui leur
était réservé.
J'ai cru, messieurs, qu'il était de mon devoir de venir au secours du
faible et de l'opprimé et de soutenir les droits de ceux dont je connaissais
les besoins plus que tout autre, puisque je vivais au milieu d'eux pendant une
grande partie de l'année ; je résolus donc de saisir la première occasion qui
pourrait s'offrir pour faire cesser cet état de choses que je considérais comme
désastreux.
La discussion de la loi sur la chasse m'a paru fournir cette occasion ;
l'amendement que j'ai présenté à certain article de cette loi et qui a été
adopté à la presque unanimité des membres de cette chambre avait pour objet de
défendre la chasse à tous les employés forestiers supérieurs et inférieurs dans
les forêts dont la surveillance leur était confiée ; j'espérais que l'effet
cesserait avec la cause ; malheureusement mon espoir a été déçu.
Mon amendement a bien fait cesser l'intérêt que l'on avait naguère à
favoriser la chasse dont certains personnages jouissaient alors presque
exclusivement, mais il n'a pas mis fin aux petites passions, aux amours propres
froissés et aux animosités si communes aux chasseurs désappointés. Aussi toutes
les requêtes qui ont été présentées depuis l'adoption de la loi sur la chasse,
au ministre précédent, par les habitants voisins de la forêt de Soignes, pour
être réintégrés dans un droit d'usage dont ils avaient été injustement
dépouillés, ont-elles subi le même sort que celles présentées antérieurement,
après avoir été renvoyées à l'avis des employés forestiers que la chose
concerne.
Dans ces circonstances il ne me reste qu'à faire un appel au cabinet
nouveau et à supplier M. le ministre des finances d'ouvrir une enquête sévère
sur les faits que je viens de signaler ; il est bien entendu que cette enquête
devrait se faire par des hommes impartiaux et complètement désintéressés dans
la question, c'est-à-dire par des agents étrangers à l'administration de la
forêt de Soignes.
Cette enquête ainsi faite démontrerait, j'en ai la conviction, d'abord
qu'en respectant l'usage dont ont joui de temps immémorial les communes
limitrophes de la forêt, on procurerait une ressource nouvelle au trésor de 40
à 50,000 fr., ensuite que l'économie forestière est intéressée dans la solution
de la question : en effet, si les herbages croissant dans les parties
défensables de la forêt, au lieu de profiter aux habitants qui en ont toujours
joui et qui demandent à continuer à en jouir moyennant une juste indemnité,
sont condamnés à périr sur pied, savez-vous, messieurs, ce qui résulte de cet
état de choses ? C'est que des tas d'ordures, je dirai même de pourriture,
attirent une grande quantité d'insectes et de souris entre autres, qui attaquent
l'écorce des arbres et finissent par pénétrer dans les parties non défensables
et par détruire les jeunes plants. Déjà sur plusieurs points de la forêt les
faits constatent que mes craintes sont loin d'être exagérées.
Et qu'on ne dise pas, qu'en accordant
l'entrée de la forêt aux habitants des communes voisines pour y exercer des
droits de pacage ou au moins de faucillage, on facilite les délits de
maraudage, au grand détriment de l'Etat, car je soutiens que c'est justement le
contraire. II est évident que si vous mettez les habitants des communes
limitrophes de la forêt au-dessus du besoin, en leur donnant le moyen de
nourrir une ou plusieurs bêtes à cornes, par cela même vous rendrez les délits
de maraudage beaucoup plus rares ; j'ajouterai, qu'en rendant justice à ceux
qui la réclament en vain depuis plusieurs années, vous ferez chose utile à la
généralité, et vous sauvegarderez d'autant mieux la propriété nationale.
Je supplie donc itérativement M. le ministre des finances de donner
toute son attention à une question dont la solution, tout en réparant une
injustice, peut fournir au trésor une ressource nouvelle de 40 à 50 mille
francs.ee qui n'est pas à dédaigner dans la position de nos finances.
M. de Garcia. - Messieurs,
je n'ai pas demandé la parole pour combattre l'idée émise par l'honorable M.
Verhaegen ; mais s'il réduisait sa pensée à la seule forêt de Soignes, il
manquerait son but, et dès (page 418)
lors je ne sais pourquoi l'honorable membre, en parlant d'un usage immémorial,
n'a parlé que de la forêt de Soignes.
M.
Verhaegen. - J'ai parlé de ce que je savais.
M. de Garcia. - Dans
toutes les forêts de l'Etat, il est défendu d’aller recueillir l'herbe, les
feuilles et les bois morts. Et le motif en est bien simple ; c'est qu'en allant
couper l'herbe, c'est qu'en allant ramasser les feuilles, on enlève les jeunes
plants qui doivent servir à repeupler la forêt.
Cependant quand les bois sont déclarés défensables, il est possible
qu'il n’y ait pas grand inconvénient à autoriser l'usage dont il s'agit ; mais
alors, permettez-moi de l'observer : de ce chef, le revenu
de l’Etat serait insignifiant, parce qu'on déclare un bois défensable,
lorsqu'il n'y vient presque plus d'herbe, c'est-à-dire lorsque les bois out
déjà acquis une grande élévation.
Au surplus, je le répète, je ne m'oppose pas à ce que les considérations
émises par l'honorable M. Verhaegen soient méditées par le gouvernement.
J'ajouterai pourtant que dans ma pensée, quoi qu'on fasse a cet égard,
la proposition de l'honorable membre sera bien plus loin d'atteindre le but
qu'il se propose.
Son adoption n'aura qu'un résultat nul ou au moins insignifiant.
M. le ministre des finances (M. Veydt).
- L'honorable M. Verhaegen a présenté la proposition d'une manière vraiment
séduisante. Il a dit qu'il obtiendrait un revenu de 40 ou 50,000 fr. de plus,
qu'on ferait à la fois un acte de justice et en même temps de bonne économie
forestière. Si de pareils avantages doivent être la conséquence des mesures
qu'il a indiquées, il faut qu'il y ait d'autres considérations qui aient
empêché l'administration de faire droit à ce que l'honorable député de
Bruxelles croit que l'on devrait faire ; car il m'est impossible d'admettre que
des vues d'intérêt personnel ou un but d'agrément aient jusqu'à présent
contrebalancé les intérêt de l'administration. J'ai pris uniquement la parole
pour ne pas laisser peser, sans réponse de ma part, des soupçons sur les
fonctionnaires et agents du département des finances qui ont cette branche de
service dans leurs attributions.
M. Mercier. - Je dois d'abord déclarer,
messieurs, que j'ai la conviction que l'honorable M- Verhaegen est dans
l'erreur, lorsqu'il suppose que l'administration se serait laissé guider par la
passion ou par quelque motif étranger à l’intérêt public. On peut supposer que
les agents de l'administration se soient trompés, ce que, toutefois, je ne crois
aucunement ; mais leurs intentions ne peuvent pas être suspectées. Je connais
leur impartialité et leur entière probité administrative. Les raisons indiquées
par l’honorable M. de Garcia sont précisément celles qui ont porté le
gouvernement à prendre la mesure dont se plaint l'honorable membre. Du reste,
puisqu'une nouvelle information est demandée, je ne m'oppose nullement à ce que
le ministère actuel s'enquière avec soin de l'état des choses.
M. Malou.
- Messieurs, j'ai été appelé à statuer deux fois sur des réclamations du genre
de celles dont l'honorable M. Verhaegen vient de nous entretenir. J'ai examiné
avec le plus grand soin les observations produites de part et d’autres, et j'ai
cru devoir résister à la demande des réclamants. Le premier motif de refus est
celui-ci : en coupant l'herbe-on coupe les jeunes plants et on empêche le
repeuplement de la forêt ; la deuxième raison, qui s'applique plus spécialement
à la forêt de Soignes, c’est qu'en laissant entier dans la forêt beaucoup de
personnes qui viennent y couper de l'herbe, on multiplie nécessairement les
délits de maraudage. Des personnes qui s'introduisent dans la forêt pour couper
de l'herbe, peuvent emporter, par distraction sans doute, de jeunes chênes ou
d'autres arbres, et nuire ainsi considérablement aux produits futurs de la
forêt de Soignes.
Cette deuxième raison s'applique plus spécialement à la forêt de Soignes
parce que les autres forêts sont entourées de populations peu nombreuses,
tandis que la forêt de Soignes, par suite des défrichements et à cause du
voisinage de la capitale, se trouve entourée de populations assez agglomérées.
Je ne crois pas, messieurs, que le
but des pétitionnaires serait atteint si l'on permettait de prendre de l'herbe
dans les parties défensables. car dans les parties défensables il n'y a pas
d'herbe.
On a invoqué la grande pénurie de terres dans les environs ; je
comprends, jusqu'à un certain point, que l'usage dont il s'agit ait été toléré
autrefois lorsque l'étendue de la forêt de Soignes était le triple de ce
qu'elle est aujourd'hui, mais je ne pense pas qu'une semblable considération
puisse encore avoir quelque valeur maintenant.
Les motifs que j'ai indiqués sont les seuls qui aient déterminé
l'opinion des agents de l'administration. Je puis au moins affirmer, en ce qui
me concerne, que ce sont les seuls qui aient déterminé la décision prise par le
gouvernement.
M.
de Mérode. - Je suis loin de vouloir critiquer
l'administration de la forêt de Soignes, mais je ne puis pas admettre que dans
les parties défendables il n'y ait plus d'birbe. Je connais des endroits où les
habitants ont le droit d'usage dans les partira défensables, et où il y a
certainement de l'herbe dans ces parties ; car, sans cela, on n'y mènerait pas
les animaux. Si les usages qui existaient sous le gouvernement autrichien, sous
le gouvernement des Pays-Bas, et sous l'administration de la Société Générale
ont été changés, il en résulte nécessairement une perturbation dans la vie des habitants
des communes qui se trouvait autour de la forêt.
Sans rien préjuger, je recommanderai à M. le
ministre des finances de vouloir bien examiner s'il y a un inconvénient grave à
laisser les choses comme elles étaient dans les temps précédents.
Il faut aussi, tout en considérant l'intérêt de la forêt, considérer
l’intérêt des habitants qui l'entourent, et d'anciennes habitudes qui n'ont pas
été considérées comme nuisibles à la croissance du bois dans ces forêts,
puisqu'elles ont été tolérées par toutes les administrations précédentes. Il ne
faut pas non plus exagérer certaines mesures pour faire gagner une bagatelle à
la forêt tout en causant un préjudice considérable aux habitants.
M. David. - Il me paraît que ce qui
fait du mal dans une localité doit également en faire dans d'autres. Je sais
pertinemment, puisque j’habite le voisinage de l’Hertogenwald. que dans cette
forêt on fait des coupes de foin. Si ces coupes font du mal dans la forêt de
Soignes, elles doivent également en faire dans la forêt d'Hertogenwald et dès
lors je ne comprends pas qu'on les permette plus dans l'une que dans l'autre.
Ce qui fait du mal dans l’Hertogenwald, c'est la grande quantité de gibier qui
s'y trouve. Le gibier détruit tous les jeunes mélèzes, à tel point qu'il
devient complètement inutile d'en planter.
M. Verhaegen. - Qu'on ne
perde pas de vue que la réclamation que je soumets au gouvernement ne concerne
que le droit de pacage ou tout au moins le droit de faucillage à exercer dans
les parties défensables de la forêt, ce qui répond suffisamment aux objections
de l'honorable M. Malou. L'honorable M. de Mérode et moi, qui connaissons
parfaitement les localités, nous savons très bien que dans les parties
défensables de la forêt de Soignes, il y a de l'herbe et par suite, quoi qu'on
en dise, ma réclamation a un objet réel et déterminé.
Qu'on n'oublie pas d'ailleurs que le droit que je réclame est un droit à
titre onéreux, et que si le gouvernement restait silencieux à l'égard d'une
réclamation si juste et si bien fondée, il ne resterait aux intéressés que le
recours aux tribunaux.
M. Malou.
- Messieurs, le domaine de l'Etat est administré, comme le domaine d'un bon
père de famille, en vue du revenu. Jamais je n'ai rencontré, ni pu suspecter
des motifs analogues à ceux que l'honorable M. Verhaegen persiste à attribuer
aux agents supérieurs de l'administration. La preuve que ces motifs n'ont pu
les diriger résulte de l'exposé de l'honorable M. Verhaegen lui-même ; s'ils
avaient eu seulement des motifs, ils n'eussent pas persisté dans leur
opposition, depuis la nouvelle loi sur la chasse.
Je ne puis pas m'opposer à ce que le gouvernement fasse un nouvel examen
de la question. Mais je tenais à ce qu'il fût bien constaté que ce sont
exclusivement les intérêts d'une bonne administration de nos forêts qui ont
déterminé les actes des agents de l'administration, actes que j'ai approuvés,
en n’accueillant pas les pétitions.
On objecte qu'il s'agit d'un droit pour les malheureux ; il ne peut pas
s'agir d'un droit, car s'il s'agissait d'un droit d'usage, on ne s'adresserait
pas au gouvernement, mais aux tribunaux, et l'on obtiendrait gain de cause.
On convie donc en réalité le
gouvernement à entrer dans une voie différente de celle qu'il a suivie pour
l'exploitation d'une partie du domaine national, et dont il n'a pas cru pouvoir
s'écarter jusqu'à présent, pour ne pas nuire aux intérêts de l'Etat.
On objecte ce qui se fait dans la forêt de Hertogenwald ; mais pour
autant que je sois bien informé, la position n'est pas la même ;on y met chaque
année en adjudication le foin des éclaircies ; mais il s'agirait, au contraire,
ici de permettre aux populations voisines de la forêt de Soignes d’entrer dans
cette forêt pendant une partie de l'année, et d'y couper les herbes dans les
taillis.
M. de Garcia. -
Messieurs, je serai très court dans les observations que j'aurai à présenter à
la chambre, relativement à la dernière considération qu'a fait valoir
l'honorable M. Verhaegen.
L'honorable membre avance que de temps immémorial on a concédé aux
habitants voisins des forêts de l'Etat le droit d'y aller cueillir l’herbe et
ramasser le bois mort, et ce moyennant une rétribution.
Je dois déclarer que, dans la province que j'ai l'honneur de représenter
dans cette enceinte, un pareil usage n'a jamais existé.
Quant à la forêt de Soignes, l’honorable M. Verhaegen affirme que de
temps immémorial l’usage qu'il réclame a été exercé. C'est ce dont il me doit
être permis de douter, à moins de supposer que l'administration générale des
forêts ait eu deux poids et deux mesures.
Tout ce qui est constant à cet égard, c'est que l'administration delà
Société Générale, lorsque la forêt de Soignes était sa propriété, en agissait
comme l'a indiqué l'honorable M. Verhaegen. Mais cela ne prouve rien,
puisqu'alors la Société Générale n'exerçait qu'un droit de propriété comme peut
faire tout citoyen sur sa propriété privée.
En principe je pense que toutes les forêts nationales ont été et doivent
rester soumises à la règle générale qui consiste à empêcher les particuliers à
aller ramasser l'hiver les feuilles et le bois mort dans ces forêts. Il est
sans doute à regretter, dans l'intérêt d'une classe peu aisée de citoyens, que
cette mesure existe ; mais dès qu'elle est pratiquée dans une localité, elle
doit l'être partout.
Au surplus, si l'usage invoqué par l'honorable M. Verhaegen existait
comme il le dit, la question qu'il a soulevé serait du domaine des corps judiciaires.
Il y aurait droit acquis ; ce serait dès lors aux tribunaux à décider le
temps et à déclarer les conditions sous lesquelles les habitants des communes
pourront exercer le droit et l'usage qu'on invoque.
(page 419) Il ne faut pas perdre
de vue aussi que le décret de nivôse an XIII a singulièrement modifié les
droits de la nature de ceux dont nous nous occupons. Celle loi déclare
formellement que, nonobstant tout titre contraire, l'exercice de certains
droits d'usage, dans les forêts est soumis à la condition que les bois soient
déclarés défensables. Or, cette déclaration devant être faite par
l'administration forestière, cette dernière ne la fait guère que lorsque des
bois ont atteint une hauteur de 10 à 12 pieds et qu'il ne croît plus qu'une
herbe insignifiante à ces pieds.
Cette considération répond de nouveau à l'observation de M. Verhaegen
qui vient d'être appuyée par M. le comte de Mérode.
- L'article est adopté.
________________
« Fermages de biens-fonds et bâtiments, de chasses et de pêches ;
arrérages de rentes ; revenus des domaines du département de la guerre :
fr. 400,000. »
- Adopté.
_________________
« Produits de l'école vétérinaire et d'agriculture : fr.
60,000. »
- Adopté.
________________
« Intérêts de créances du fonds de l'industrie et de créances
ordinaires : fr. 180,000. »
- Adopté.
_________________
« Restitutions et dommages-intérêts en matière forestière :
fr. 100. »
- Adopté.
_________________
« Restitutions volontaires : fr. 100. »
- Adopté.
_________________
« Abonnements au Moniteur et au Recueil des Lois : fr.
29,000. »
- Adopté.
« Produits divers des prisons (pistoles, cantines, vente de vieux
effets : fr. 85,000. »
- Adopté.
________________
« Intérêts de 13,438 obligations de l'emprunt de 30,000,000 de
francs, à 4 p. c., provenant de l'emploi de l'ancien caissier général, sans
préjudice aux droits envers le même caissier, dont il est fait réserve
expresse : fr. 537,520. »
M. Nothomb.
- Messieurs, l'encaisse de 1830 se compose de fonds de l'Etat et de fonds
provinciaux. La province de Luxembourg n'a obtenu sa part qu'en 1845 ; elle n'a
pu, à raison de sa position spéciale, l'obtenir plus lot.
Le gouvernement a cru en 1845 pouvoir se borner à remettre à la province
de Luxembourg le capital de sa part afférente ; il a retenu les intérêts qu’il
avait perçus.
Je demande la permission à la chambre d'appeler un moment son attention
sur la question que le refus du gouvernement soulève.
D'après moi, la question peut être ramenée à des termes très simples.
Le gouvernement a perçu les intérêts ? à quel titre les a-t-il perçus ?
Il les a perçus comme negotiorum gestor de la province de Luxembourg. Il y
avait doute. On traitait avec la conférence de Lombes, avec le gouvernement des
Pays-Bas, soit à Utrecht, soit à la Haye ; et dans l'intervalle, la province de
Luxembourg a été privée d'abord du capital qui lui revenait, capital dont il
était impossible de constater le montant, faute de documents nécessaires ; elle
a été privée eu outre, par une conséquence nécessaire, des intérêts que le
gouvernement à Bruxelles percevait en son nom. J'insiste sur ce point, c'est
sous ce point de vue qu'il faut envisager la question.
L'encaisse de 1830 était devenu productif d'intérêts par la convention
du 8 novembre 1855 conclue avec la Société Générale. L'encaisse est devenu
productif d'intérêts dans toutes ses parties, non seulement quant aux fonds de
l'Etat, mais aussi quant aux fonds provinciaux confondus avec les autres. La
province de Luxembourg n'a pas pu indiquer sa pari afférente, néanmoins l'Etal,
constitué gérant des affaires de cette province, percevant les fruits de la
chose déposée, n'a pu percevoir ces fruits qu'au nom de la province qui
malheureusement ne pouvait pas indiquer quelle part lui revenait.
Le département des finances a donc tort de se considérer comme un
débiteur ordinaire, contre lequel la province de Luxembourg aurait eu longtemps
une créance douteuse, et de «lire : Le procès a cessé en 1845 ; le, jour où le
litige a cessé, j'ai remis à la province de Luxembourg ce qui lui revenait.
Le gouvernement n'est pas, vis-à-vis de la province de Luxembourg, dans
le cas d'un débiteur avec lequel la province aurait eu un procès. La province
de Luxembourg, par la force des choses, avait un mandataire dans la personne du
gouvernement ; c'est ce mandataire qui a défendu ses intérêts à Utrecht et à la
Haye. La province doit lui en savoir gré ; mais au jour où la contestation
internationale a été décidée le gouvernement devait lui remettre non seulement
le capital, mais les intérêts perçus par lui au nom de la province.
Lu département des finances prend le change sur le titre en vertu duquel
l’Etat belge est resté indirectement détenteur des fonds. Le gouvernement a
été, pour le caissier de l'Etat, détenteur des fonds comme negotiorum gestor,
il a représenté les intérêts de la province comme les intérêts de l’Etat,
vis-à-vis des puissances étrangères dans la contestation dont il s’agissait.
Le département des finances se trompe aussi sur la portée de la loi du
25 mai 1838. La législature a porté une loi en un article unique ainsi, conçu :
(L’honorable membre donne lecture de
cette loi.)
En vertu de cette loi, le gouvernement à partir de 1838, a dû remettre
aux provinces qui se présentaient munies des documents nécessaires les capitaux
qui leur revenaient dans l'encaisse ; mais il n'a pas pu faire cette remise aux
provinces qui, par des circonstances en dehors de leur volonté, ne pouvaient
produire les documents nécessaires. La province de Luxembourg se trouvait dans
ce cas ; conséquemment, elle a été privée jusqu'en 1845 de sa quote-part de
l'encaisse. Depuis 1838 le gouvernement a continué à comprendre annuellement
dans les intérêts renseignés au budget la part qui revenait à la province de
Luxembourg.
En 1845, quand la question a été éclairée, quand les documents qui
manquaient ont été produits, le gouvernement devait remettre à la province de
Luxembourg non seulement les capitaux, mats les fruits perçus par lui dans
l'intervalle au nom de cette province.
Il ne pouvait pas dire : Il fallait me constituer en demeure. C'est un
langage qu'on peut tenir à un créancier ordinaire ; il n'y avait pas litige
entre le gouvernement et la province, mais entre l'Etat belge et la Hollande.
Le gouvernement belge était le gérant des affaires de la province de
Luxembourg, le représentant de cette province dans la contestation
internationale dont il s'agissait. A mes yeux, il n'y avait aucun motif, même
en droit, pour ne pas lui remettre et le capital et les intérêts perçus ; à
plus forte raison n'y en avait-il pas en équité.
Pour faire fléchir les considérations d'équité,
il faudrait avoir un texte formel à invoquer. Or, il n'y en a pas et les
considérations d'équité sont évidentes. L’Etat belge a touché les intérêts
depuis 1833 ; dès lors, il doit, aux termes des principes inscrits au code
civil, tenir compte des fruits perçus comme dépositaire, ou comme mandataire,
la position reste la même ; les principes du droit commun sont là ; la province
peut les invoquer.
Je désire que M. le ministre ne considère pas la première réponse qui a
été faite par l'honorable M. Malou comme un rejet définitif, et qu'il examine
de nouveau cette question. Il s'agit d'une somme de 30 mille francs ; peut-être
la province serait forcée d'intenter au gouvernement un procès qui parcourrait
tous les degrés de juridiction. La somme n'est pas assez importante pour qu'il
faille en venir là.
M. de Theux. - Les
motifs invoqués par l'honorable préopinant en faveur du Luxembourg, existent
pour le Limbourg. Il s'agit d'une perte d'intérêts de 1835 à 1845. Les autres
provinces ont récupéré en 1838 la part qui leur revenait de l'encaisse de 1830.
Le Limbourg et le Luxembourg ne l'ont eue qu'en 1845. Il y a donc une
différence de sept années.
L'honorable M. Nothomb a parfaitement développé tous les motifs de droit
qui militent en faveur de ces provinces, je ne prends la parole que pour
ajouter une considération spéciale. Il serait souverainement injuste que le gouvernement profilât de la difficulté
qu'ont eue à faire valoir leurs droits les provinces qui ont eu le plus à
souffrir des événements politiques et qui sont les plus dénuées de ressources,
pour retenir ce qui leur est légitimement dû.
Si le Limbourg et le Luxembourg n'ont pas
récupéré leur part en 1838, c'est aux circonstances politiques qu'il faut
l'attribuer. Ces provinces ont fait les frais de la paix, il n'est pas juste
d'aggraver leur situation en les privant pendant sept ans des intérêts, quand
les autres provinces en ont joui.
S'il y avait quelque chose à objecter au point de vue du droit, au point
de vue de l'équité, on ne peut pas du moins leur refuser les intérêts de 1838 à
1845.
C'est une autre manière d'envisager la question. Si la chambre ne
croyait pas pouvoir admettre dans toute leur étendue, la réclamation des
intérêts de 1835 à 1845, elle ne peut pas se refuser à l'admettre de 1838 à
1845.
M. Malou.
- Tous les motifs que les honorables MM. Nothomb et de Theux viennent de faire
valoir en faveur des provinces de Luxembourg et de Limbourg sont également
applicables à d'autres provinces du royaume, et notamment à la Flandre
occidentale. Voici les faits :
Dans l'encaisse de 1830, se trouvaient des fonds appartenant aux
provinces. L'encaisse a été improductif pour l'Etat de 1830 à 1833. De 1833 à
l'époque des remboursements faits successivement, il a produit des intérêts.
.. Une loi de 1838 a autorisé la restitution des capitaux compris dans
l'encaisse. Cette restitution a eu lieu dès 1838, pour les provinces autres que
celles de Luxembourg et de Limbourg. En vertu de la même loi, la restitution a
été faite à ces dernières provinces, après les arrangements conclus avec la
Hollande. Vous le voyez donc, si la réclamation des provinces de Luxembourg et
de Limbourg est fondée, quant à toute la durée de la privation de leur
jouissance, elle l’est par le même motif, pour les autres provinces, en ce qui
concerne l'intervalle du 8 novembre 1833 à l'époque de la restitution, en 1838
ou 1839.
Lorsque la question m'a été posée par la députation permanente du
Luxembourg, j'ai répondu que la loi de 1838 concernait exclusivement des
capitaux, et qu'en restituant aux provinces de Limbourg et de Luxembourg ce qui
leur appartenait dans l'encaisse, comme aux autres (page 420) provinces, on exécutait entièrement la loi, que les
autres provinces n avaient également reçu que le remboursement de capitaux.
Je ne pense pas que cette première réponse, faite
en avril 1846, ait été suivie d'une réplique motivée de la part de la
députation permanente.
Du reste, cette question, au point de vue nouveau auquel se sont placés
les honorables MM. Nothomb et de Theux, mérite un examen, elle est digne de
fixer l'attention du gouvernement. Mais si le gouvernement croit devoir
soumettre une proposition à la chambre, il ne doit pas la restreindre aux
provinces de Luxembourg et de Limbourg. En vertu du même principe, la
disposition devrait comprendre les provinces qui ont eu une part dans
l'encaisse.
M. Orban.
- Cette question est la même que celle que j'ai soulevée lors de la discussion
du budget des voies et moyens, l'année dernière et l'année précédente.
L'honorable M. Malou m'a répondu alors qu'il n'avait pas reçu de
réclamation de la part de la députation permanente de la province de
Luxembourg. cette réclamation existait. Mais l'honorable M. Malou ne la
connaissait pas. Elle a été renouvelée depuis cette époque ; le gouvernement en
est maintenant légalement saisi.
Nous ne demandons pas à être mis en possession des intérêts depuis 1830
; en d'autres termes, nous ne demandons pas, comme l'a prétendu l'honorable M.
Malou, les intérêts de la somme pendant tout le temps qu'a duré la privation de
la jouissance du capital.
Cette demande ne serait nullement fondée ; car nous demanderions au
gouvernement lui-même de payer des intérêts qu'il n'a pas reçus. Pour qu'il dût
le faire, il faudrait qu'il eût été constitué en demeure, ce qui n'a pas été
fait.
Mais nous demandons au gouvernement de payer les intérêts depuis 1833,
c'est-à-dire depuis qu'il les a perçus lui-même. Il ne peut les avoir perçus
que pour le compte des provinces, et il en doit la restitution aux termes de
l'article 1376 du Code civil ainsi conçu :
« Art. 1376. Celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui ne lui est
pas dû, s'oblige à le restituer à celui de qui il l'a indûment reçu. »
L'honorable M. Malou ajoute que si les provinces de Luxembourg et de
Limbourg ont des droits, les autres provinces en ont également.
Je suis parfaitement d'accord avec lui sur ce point. Seulement, le droit
des provinces de Luxembourg et de Limbourg est beaucoup plus étendu que celui
des autres provinces. En d'autres termes, les autres provinces n'ont été
privées des intérêts reçus par le gouvernement que depuis 1833 jusqu'en 1838,
tandis que les provinces de Luxembourg et de Limbourg, par des circonstances
indépendantes de leur volonté, n'ont été remboursées qu'en 1845.
Voilà la seule différence entre les provinces.
Aussi nous n'avons pas contesté les droits des provinces autres que celles de
Limbourg et de Luxembourg.
Toutefois il en est qui n'avaient presque rien à prétendre dans
l'encaisse.
Les provinces de Luxembourg et de Limbourg et après elles la Flandre
occidentale et le Hainaut sont les seules qui aient dans cette affaire un
intérêt majeur quelque peu considérable.
M. Donny.
- La province de Luxembourg avait des fonds provinciaux chez le caissier
général résidant à Bruxelles, et chez son agent résidant à Luxembourg. Quant
aux fonds provinciaux qui se trouvaient à Bruxelles, qui ont été attribués par
traité au gouvernement belge et sur lesquels ce gouvernement a reçu des
intérêts depuis le 1er novembre 1833, il ne peut y avoir aucun doute, me
paraît-il. L'Etat ne peut s'enrichir aux dépens d'une province. Ce que l'Etat a
reçu d'intérêts sur des capitaux provinciaux, il faut qu'il le restitue aux
provinces, et si la loi qui a ordonné le remboursement de ces fonds provinciaux
n'est pas de nature à autoriser le remboursement des intérêts, il faut à mon
avis que le ministre des finances propose une loi nouvelle qui permette au
trésor de payer cette dette que je considère comme sacrée.
Quant aux fonds qui se trouvaient chez l'agent du caissier général à
Luxembourg, la question est moins simple. Il s'est élevé des difficultés entre
le gouvernement des Pays-Bas et le gouvernement belge, au sujet de la
restitution de ces fonds. J'ignore quel a été en définitive le résultat de
cette contestation. M. le ministre des finances pourra se faire remettre le
dossier de l'affaire, voir si le gouvernement belge a reçu ces fonds et en a
perçu des intérêts.
Si des intérêts ont été perçus, ce que je viens de dire pour les fonds
qui se trouvaient à Bruxelles est également applicable aux fonds restés à
Luxembourg.
Pour la province de Limbourg, il en est
absolument de même. Elle aussi avait des fonds qui se trouvaient à Bruxelles et
d'autres au chef-lieu de la province.
Quant aux provinces qui ont reçu leurs capitaux, et qui n'ont pas reçu
les intérêts que le gouvernement a perçus pour leur compte, il va de soi que le
gouvernement doit les leur restituer.
Telle est du moins mon opinion.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). -
Messieurs, les explications de mon honorable prédécesseur ont mis la chambre à
même d'apprécier quelle est la situation de cette question.
On a dit que les remboursements avaient été faits à un grand nombre de
provinces et de communes, sans aucune réserve de leur part en ce qui concerne
les intérêts. Il s'agirait de savoir si ces provinces et ces communes ont
encore des droits à faire valoir.
La province qui a fait des réclamations est le
Luxembourg. Tout récemment sa députation permanente a adressé une lettre à ce
sujet au département des finances. J'étais occupé à examiner de nouveau cette
question lorsqu'elle a été soulevée dans cette chambre. Les observations qui
ont été faites me mettront à même de l'apprécier d'autant mieux.
Mais les conséquences de cet examen seront celles-ci : C'est que si les
réclamations sont fondées, il faudra que je présente à la chambre un projet de
loi, car il n'y a pas de crédit pour payer.
Je me borne à ces observations et je promets un prompt et mûr examen de
la question.
M. Orban. - J'ai demandé la parole pour
rectifier un point de fait énoncé par l'honorable M. Donny, qui faisait, je
crois, partie de la commission d'Utrecht.
On a cru, en effet, à Utrecht, qu'une partie des fonds de l'encaisse
provincial du Luxembourg était restée dans la caisse de l'agent de la Société
Générale à Luxembourg. Mais c'était une erreur. Le caissier de la Société
Générale à Luxembourg avait transféré sa caisse à Arlon à l'époque de la
révolution, de manière que la totalité des fonds constituant cet encaisse était
réellement dans la caisse de la Société Générale, et que le gouvernement a reçu
l'intérêt sur cette totalité.
Ce point a été ultérieurement constaté, et je pourrais en donner la
preuve au moyen de l'exposé de la situation administrative de la province de
Luxembourg qui renferme l'exposé complet de cette affaire que j'ai à la main.
M.
de Muelenaere. - Messieurs, la question qu'on a
soulevée dans l'intérêt du Luxembourg et du Limbourg est la même pour plusieurs
autres provinces du royaume, et notamment elle concerne la Flandre occidentale
et le Hainaut.
Je pense que M. le ministre des finances est dans l'erreur, lorsqu'il
croit qu'aucune réclamation n'a été faite de la part de ces provinces.
Chaque année, la Flandre occidentale, et je crois
que le Hainaut est dans la même position, chaque année, ces deux provinces ont
réclamé le payement des intérêts qui leur étaient dus sur l'encaisse du trésor.
Dès lors, messieurs, il me semble que le gouvernement doit examiner la
question dans son entier, qu'il ne suffît pas de faire droit aux réclamations
du Limbourg et du Luxembourg, mais qu'il faut également faire droit aux
réclamations des autres provinces, si ces réclamations. sont reconnues fondées.
M. Nothomb.
- Messieurs, en un mot, il y a trois périodes : la première, de 1830 à 1833 ;
la seconde, de 1833 à 1838 ; la troisième, de 1838 à 1845.
Pendant la première période, l'encaisse a été improductif ; aussi les
provinces ne demandent-elles rien au gouvernement.
Pendant la deuxième période, de 1835 à 1838, l'encaisse était devenu
productif. En 1838, le gouvernement a été autorisé à prélever les capitaux, dit
la loi du 25 mai, au profit des provinces qui réclameraient. Mais pour réclamer
il fallait être en mesure de faire les justifications nécessaires. Sept
provinces se rencontrent dans cette deuxième période. Il est évident que si ces
provinces avaient négligé de faire les réclamations nécessaires, ayant tous les
documents qu'il fallait, elles devraient s'en prendre à elles-mêmes si, à
partir de 1838, elles n'avaient pas obtenu le remboursement ; néanmoins leurs
droits restent intacts quant aux intérêts pour la période de 1833 à 1838 ;
elles n'avaient pas de réserve à faire.
Enfin la troisième période ne semble concerner que les provinces de
Luxembourg et de Limbourg, qui seules, par la force des circonstances, étaient
dans l'impossibilité de faire les justifications nécessaires, de jouir du
bénéfice de la loi du 25 mai 1838.
Voilà comment la question se présente, et il me semble qu'elle est
claire.
- L'article est mis aux voix et adopté.
La section centrale propose de porter au budget l'article nouveau
suivant :
« Intérêts des capitaux tenus en réserve jusqu'à la liquidation
définitive des créances mentionnées à l'article 64 du traité conclu entre la
Belgique et le royaume des Pays-Bas, le 5 novembre 1842 : fr.
299,500. »
M. Osy.
- Messieurs, c'est une nouvelle recette que porte au budget des voies et moyens
,la section centrale d'accord avec le gouvernement.
Nous portons en recette une somme de 300,000 fr. qui représente un
capital de 12 millions environ, provenant des restes du forfait de 7,000,000 de
florins fait avec les Pays-Bas. Jusqu'ici on n'a liquidé que pour près de 3
millions de francs sur ce forfait.
Messieurs, longtemps avant le traité de 1839, il se trouvait au
ministère des finances des réclamations que je crois très légitimes et qui me
paraissent devoir être liquidées sur cette somme. En peu de mots, je vous ferai
la narration de ces réclamations. Pendant notre réunion avec la France, toutes
les dettes des Etats de la Belgique ont été liquidées et portées à la charge du
gouvernement français. En 1814, lors de la paix avec la Hollande, on a fait
payer à la France une contribution de guerre au profit des Pays-Bas, et on a
fait une liquidation générale. La France a dit : J'ai liquidé vos dettes, il est
donc juste que vous repreniez à votre charge les dettes liquidées des anciens
Etats de Belgique. Mais les liquidateurs des Pays-Bas ont dit : (page 421) Vous n'avez pas payé pendant
cinq ans les intérêts : ces cinq années d'intérêt doivent être déduites du
capital dont les Pays-Bas ont à tenir compte à la France. La France a reconnu
la justice de cette réclamation, et a tenu compte aux Pays-Bas des cinq années
d'intérêts.
Les administrations qui avaient de la rente française ont toujours
réclamé ces cinq années d'intérêt. En 1837, quand on voyait approcher le moment
de la paix avec la Hollande, un ancien membre de la commission de liquidation
de 1814 et 1815, a donné à cet égard tous les renseignements nécessaires à
l'honorable M. d'Huart. C'est l'honorable M. de Peneranda, qui habile Bruges.
Le gouvernement des Pays-Bas a liquidé quelques-unes de ces rentes, mais
il en est beaucoup qui ne le sont pas. Plusieurs de nos administrations, des
hospices, des bureaux de bienfaisance ont encore leurs rentes originaires de
cette liquidation. Je sais que les hospices d'Anvers ont entre autres pour
20,000 fr. de rentes sur le trésor français, provenant de cette liquidation.
L'honorable M. d'Huart ayant reçu à cet égard tous les renseignements
nécessaires, je pense que nos liquidateurs à Utrecht auront fait valoir ces
réclamations, et que c'est en partie pour y faire droit que le gouvernement des
Pays-Bas a accordé une somme aussi forte, somme sur laquelle on n'a encore
liquidé que pour trois millions.
Je crois, messieurs, que cette réclamation est de
toute justice et je ne conçois pas que le gouvernement ait pu se refuser à
l'admettre. Je ne demande pas qu'on donne ces intérêts à tous ceux qui avaient
des rentes françaises mais je demande qu'on les donne à ceux qui ont toujours
possédé ces rentes, qui n'ont pas fait de mutations ; et beaucoup
d'administrations de bienfaisance se trouvent dans ce cas. Il en est notamment
dans la Flandre occidentale, et l'honorable M. de Muelenaere doit les
connaître. Je me suis rendu à Bruges, j'y ai examiné, avec M. de Peneranda, des
réclamations de ce genre et je dois dire que je les ai trouvées entièrement
fondées ; c'est véritablement une affaire de conscience pour la Belgique.
Je ne demande pas que M. le ministre des finances réponde immédiatement
; mais on lui a renvoyé hier une réclamation d'un M. Pasque de Liège,
réclamation qui a quelque rapport avec celles dont il s'agit en ce moment, je
prierai M. le ministre de vouloir bien examiner les deux affaires et de nous
donner ensuite des explications sur l'une et sur l'autre en même temps.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). - Je ne
crois pas, messieurs, qu'il faille en ce moment-ci approfondir la question ;
mais il me serait facile de répondre d'une manière décisive, si je savais en
fait que la commission de liquidation a statué sur les réclamations que
l'honorable député d'Anvers a en vue. Dans ce cas, il n'y aurait plus à
revenir, car les résolutions des commissaires délégués sont souveraines. Toute
recherche, tout examen ultérieur serait sans résultat possible. Ce caractère
d'irrévocabilité, contesté d'abord, est reconnu par les tribunaux, et notamment
par un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles fortement motivé.
S'il s'agit de réclamations qui peuvent être
produites dans les conditions, auxquelles les intéressés ont dû se soumettre,
ce serait autre chose. Mais je ne crois pas qu'il en existe. Deux de mes
prédécesseurs ont approuvé des décisions qui écartaient le payement des
intérêts pour plus de cinq ans. Je n'y puis rien changer.
Quant à la requête du sieur Pasque, déposée hier sur le bureau, si la
chambre le désire je puis immédiatement lui fournir les explicitions demandées.
Plusieurs
membres. - Non ! non ! pas maintenant.
M. Donny.
- Je pense, messieurs, qu'il y a erreur et dans ce que vous a dit l'honorable
M. Osy et dans ce que vous a dit l'honorable ministre des finances.
L'honorable M. Osy pense que si le gouvernement des Pays-Bas a concédé à
la Belgique une somme aussi forte que celle que nous avons reçue, cela provient
en partie de ce que l'on a eu égard à la réclamation provoquée par M. de
Peneranda. Eh bien, je dois dire à l'honorable membre et à la chambre qu'il
n'en est rien. Les pièces diplomatiques déposées au département des finances et
au département des affaires étrangères font foi que les commissaires belges à
Utrecht ont fait inutilement des efforts pour faire adopter le système
préconisé par M. de Peneranda, et qu'ils ont dû y renoncer pour ne pas
s'exposer à une suspension, peut-être même à une rupture des négociations.
Ainsi le système présenté par M. de Peneranda n'a exercé aucune influence sur
les résultats obtenus. La somme que la Hollande a concédée à la Belgique à
titre de forfait pour la liquidation des anciennes créances, a été accordée par
des considérations d'une nature toute différente.
J'ai dit que, selon moi, l'honorable ministre des finances était
également tombé dans une erreur. Voici de quelle manière. L'honorable ministre
des finances nous a dit, messieurs, que les commissions de liquidation
rendaient des décisions souveraines ; oui, leurs décisions sont souveraines en
ce sens que, d'après les traités et d'après toute la législation sur la
liquidation des anciennes créances, l'intervention des tribunaux est
complètement exclue de cette liquidation ; de manière qu'une décision rendue
par une commission de liquidation ne puisse en aucun cas être réformée par un tribunal quelconque
et que l'ordre judiciaire ne peut être saisi d'aucune de ces questions ; mais
suit-il de là que tout ce que décident les commissions de liquidation doive
passer de plein droit en force de chose jugée ? Je ne le pense pas, messieurs.
D'après les traités, les commissions de liquidation belges se trouvent
subrogées aux commissions de liquidation des Pays-Bas et ces commissions de
liquidation du royaume des Pays-Bas rendaient aussi des décisions à l'exclusion
du pouvoir judiciaire, mais leurs décisions n'étaient pas irrévocables : car on
en rappelait au roi et le roi en ordonnait quelquefois la révision. Ce qui
était permis alors doit être permis aujourd'hui.
Je pense donc que si les personnes ou les administrations dont
l'honorable M. Osy a parlé, croient devoir réclamer contre les décisions d'une
commission de liquidation, ces réclamations peuvent encore être adressées au
roi. Peut-être même, messieurs (la question est difficile, et je ne veux pas la
trancher), peut-être même y aurait-il possibilité d'un recours devant la
législature.
Quant à la question en elle-même, ces anciennes liquidations, les fonds
qu'on a reçus de la Hollande et l'usage qu'il faut en faire, (tout cela peut
donner lieu à deux questions : une question de droit et une question d'équité.
La question de droit est celle de savoir, non pas si l'ancien royaume des
Pays-Bas a jamais été obligé au payement de telle ou de telle créance, mais
jusqu'à quel point la Belgique actuelle est obligée à ce payement. Cette
question doit être décidée, non pas seulement d'après les traités, conventions
et autres actes diplomatiques de 1815 et de 1818, mais encore et surtout
d'après les termes des traités de 1839 et de 1842, car c'est par ces traités
seuls que la Belgique a pris à sa charge la dette dont il s'agit.
La question d'équité est d'une toute autre nature. Il s'agit de savoir
si, par des considérations d'équité et de loyauté, il convient d'accorder à
certains réclamants, qui, en droit rigoureux, ont dû être repoussés par le
conseil de liquidation, quelque chose à prendre sur l'excédant si considérable
que la Belgique a reçu de la Hollande, et que la Belgique a reçu, non pas pour
être versé dans son trésor, mais pour être employé au profit des anciens
créanciers des Pays-Bas. Cette question est encore une question grave qu'on ne
peut pas décider aujourd'hui et qui, je pense, sera soumise tôt ou tard à
l'appréciation de la législature.
- La clôture de la discussion est mise aux voix et prononcée.
L'article nouveau est mis aux voix et adopté.
_________________
« Produits de l'emploi des fonds de cautionnements et
consignations : fr. 570,000. »
- Adopté.
_________________
« Produits des actes des commissariats maritimes : fr.
35,800. »
- Adopté.
_________________
« Produits des droits de pilotage et de fanal : fr.
625,000. »
- Adopté.
_________________
« Produits de la fabrication de pièces de cuivre : fr.
145,000. »
- Adopté.
Remboursements
Contributions directes, etc.
« Prix d'instruments fournis par l'administration des
contributions, etc. : fr. 1,000. »
- Adopté.
_________________
« Frais de perception des centimes provinciaux, communaux :
fr. 90,000. »
- Adopté.
Enregistrement et
domaines
Enregistrement et et domaines
« Recouvrements de reliquats de comptes arrêtés par la cour des
comptes : fr. 50,000. »
- Adopté.
_______________
« Bénéfice éventuel produit par la fonderie de canons à Liège, sur
la fabrication d’armes de guerre à exporter pour l'étranger : fr.
25,000. »
- Adopté.
Avances
faites par le ministère des finances
« Frais de poursuites et d'instances : fr. 5,000. »
- Adopté.
_______________
« Recouvrement sur les communes, les hospices et les acquéreurs de
bois domaniaux, pour frais de régie de leurs bois : fr. 145,000. »
- Adopté.
________________
« Frais de perceptions faites pour le compte de tiers : fr.
6,000. »
- Adopté.
________________
« Frais de perceptions faites pour le compte des provinces :
fr. 7,000. »
- Adopté.
Avances
faites par le ministère de la justice
« Frais de justice en matière criminelle, correctionnelle, de
simple police, etc. : fr. 160,000. »
- Adopté.
________________
« Frais d'entretien et de transport de mendiants, d'indigents et
d'enfants trouvés, etc. : fr. 1,000. »
- Adopté.
Avances
faites par le ministère de l’intérieur
« Frais de justice devant les conseils de discipline de la garde civique :
fr. 100. »
- Adopté.
_______________
(page 422) « Pensions à
payer par les élèves de l'école militaire : fr. 47,600. »
- Adopté.
___________________
« Annuités à-payer par, les propriétaires riverains du canal de la Campine,
première et deuxième sections, du canal d’embranchement vers Turnhout, et de la
première section du canal de Zelzaete : fr. 80,000. »
- Adopté.
Trésor public
« Recouvrement d'avances faites par le ministère de la justice aux ateliers
des prisons, pour achat de matières premières : fr. 978,400. »
- Adopté.
__________________
« Recettes accidentelles : fr. 200,000. »
- Adopté.
« Versements à faire par les concessionnaires de chemins de fer. et
de routes, pour frais de surveillance : fr. 140,500. »
La section centrale propose de libeller cet article comme suit :
« Versements à faire par les concessionnaires de chemins de fer, de
roules, de canaux et de ponts : fr. 198,600.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). - Le
gouvernement se rallie à ce libellé.
M.
Manilius. - Messieurs, je crois qu'il y a lieu d'ajouter
quelque chose à ce libellé : il ne s'agit pas seulement de versements à faire
par les sociétés anonymes qui ont obtenu des concessions de chemins de fer, il
y a encore d'autres sociétés anonymes qui ont également des versements à faire.
Je proposerai de rédiger le libellé ainsi qu'il suit :
« Versements à faire par les sociétés anonymes et par les concessionnaires
de chemins de fer, de routes, de canaux et de ponts, pour frais de
surveillance. »
De cette manière, le libellé embrassera et toute la surveillance
présente et toute celle qui devra être exercée éventuellement.
Nous avons d'autres sociétés anonymes qui doivent
être surveillées ; nous avons des sociétés financières, des. sociétés
industrielles ; nous aurons peut-être bientôt des sociétés commerciales. Eh
bien, d'après la loi de comptabilité, il y a nécessité que tout ce qui doit
être payé de ce chef passe au trésor, et que désormais aucun agent nommé par le
gouvernement ne reçoive un traitement des mains des concessionnaires.
M. le ministre des finances se ralliera sans doute à cet amendement qui
n'est qu'un changement au libellé, changement dont l'exécution de la loi de
comptabilité nous fait un devoir.
M. Osy.
- Messieurs, l'année dernière, lors de la discussion du budget des voies et
moyens, j'avais proposé à l'honorable M. Malou de porter en recette tout ce que
les sociétés concessionnaires ont à payer au gouvernement pour la surveillance
des chemins de fer ; l'honorable M. Malou n'y a trouvé aucun obstacle, et cela
a été porté en recette : aujourd'hui, l'honorable SI. Manilius va plus loin, et
je trouve qu'il a raison.
Il est prescrit par la loi de comptabilité que tout ce que le
gouvernement reçoit pour les actes qu'il fait, doit rentrer au trésor de
l'Etat.
C'est le gouvernement seul qui doit payer. Voyons ce qui arrive, s'il n'en
est pas ainsi : le gouvernement nomme, par exemple, un membre de la législature
aux foncions d'inspecteur d'un chemin de fer, et on dira qu'il n'est pas
rééligible, parce que ce n'est pas l'Etat qui paye. Eh bien,, par l'amendement
que j'ai proposé l'année dernière, c'est l'Etat qui paye et non pas la société
concessionnaire, l'Etat reçoit les fonds de la société, et il paye ceux que le
gouvernement nomme pour surveiller. Eh bien, on ne pourra plus dire que les
nominations de ce genre que l'on fait, ne tombent pas sous l'application de
l'article de la Constitution, relatif à l'a rééligibilité, parce que c'est le
gouvernement qui paye. Voilà le but de mon amendement de l'année dernière, et
même je crois que toutes les personnes, membres de cette chambre, qui ont été
nommées aux fonctions de surveillant, doivent être soumises à réélection.
Messieurs, il y a des sociétés anonymes, comme la banque de Belgique,
qui payaient des sommes assez fortes à des commissaires nommés par, le
gouvernement, pour surveiller les opérations et pour la garantie des intérêts
du gouvernement. La société payait ces commissaires, tandis que, d'après le
principe adopté l'année dernière, les sommes devraient être versées au trésor,
qui payerait les commissaires.
Nous ne changeons rien à la somme ;
nous ne faisons que modifier le libellé. Nous appliquons ce principe que les
sociétés ne peuvent pas payer directement les commissaires-nommés par le
gouvernement, mais qu'elles payent au gouvernement les frais de surveillance,
et que le gouvernement paye lui-même les commissaires chargés de la
surveillance.
J'appuierai l'amendement de M. Manilius, car il rentre dans les termes
de la loi de comptabilité qui va bientôt être mise à exécution.
Le gouvernement aura à examiner si les nominations faites ne l'obligent
pas à convoquer les collèges électoraux.
M. Manilius. - Je
demanderai à M. le ministre s'il se rallie à mon amendement ; car s'il s'y
ralliait, je bornerais là mes observations ; sinon je devrais entrer, dans
d'autres développements, non seulement relativement aux recettes des frais de
surveillance, mais encore quant au payement des commissaires ; ce que je me
propose d'ailleurs de faire quand nous nous occuperons du budget des travaux
publics et des autres budgets qui pourront concerner des payements de
commissaires. Je désire avoir si M. le ministre se rallie à mon amendement, qui
ne porte que sur le libellé ; car il n'est pas obstatif à ce que l'on reçoive
une somme plus forte que celle portée au budget.
(page 425) M. le ministre
des travaux publics (M. Frère-Orban). - Je trouve qu'il est
parfaitement régulier que tous les fonds qui sont dus en venu de contrats de
concessions quelconques soient versés au trésor de l’Etat, sauf à l'Etat à
rétribuer ensuite les agents, commissaires, directeurs ou autres qu'il peut
nommer pour exercer la surveillance qui lui est dévolue. C'est dans ce sens que
je comprends l'amendement de l'honorable M. Malou. Ainsi entendu, je ne vois
aucune espèce d'inconvénient à l'accueillir. Peut-être reconnaîtra-t-on, dans
la pratique, la nécessité de faire certaines exceptions, mais la législature
sera avertie des motifs pour lesquels telle ou telle recette ne serait pas
versée au trésor. Toute somme payée à une personne nommée par le gouvernement
ne doit pas nécessairement être versée au trésor de l'Etat. Ainsi, pour citer
un exemple, le directeur, le gouverneur de la Société Générale est nommé par le
gouvernement ; est-ce que l'on entend que la redevance, l'indemnité qui lui est
attribuée en cette qualité soit versée au trésor et lui soit payée par le
gouvernement ? Il est évident, selon moi, que l'amendement n'a pas cette
portée.
M. Dolez.
- Non, c'est seulement aux commissaires du gouvernement chargés d'exercer une
surveillance qu'il s'applique.
M.
le ministre des travaux publics (M. Frère-Orban).
- Dans les actes des concessions de chemin de fer, le contrat stipule que le
gouvernement aura des commissaires auprès des compagnies et que, pour indemnité
des frais de surveillance, les concessionnaires verseront une somme de.....
L'honorable M. Manilius fait allusion à ces versements stipulés dans la
convention pour rétribuer les commissaires à la nomination du gouvernement, il
entend que ces versements soient faits au trésor et que l'agent nommé par le
gouvernement soit rétribué par l'Etat.
Il y a une certaine analogie entre la
position de ces agents du gouvernement et la position du gouverneur de la Société
Générale. Cependant il ne faut pas les confondre. Dans le premier cas, la
surveillance s'exerce uniquement, exclusivement au point de vue de l'intérêt
général ; c'est une véritable fonction gouvernementale ; dans le deuxième cas,
l'élément qui domine est l'intérêt privé. Le gouverneur d'une banque, quoique
choisi par l'Etat, gère dans l'intérêt des associés. Mais ces observations
prouvent qu'il ne faut pas étendre outre mesure la portée de l'amendement. Il
est des hypothèses où des sommes sont payées à des personnes choisies par le
gouvernement, sans que pour cela on puisse considérer ces personnes comme de
véritables agents de l'Etat.
En un mot, c'est aux indemnités stipulées dans des contrats, concessions
ou autorisations et destinées à de véritables agents de l'Etat que s'applique
l'amendement, et dans ce sens, le gouvernement s'y rallie.
(page 422) M. Manilius.
- Mon amendement ne tend qu'à établir la règle ; je ne préjuge rien de la
condition de surveillance établie dans les contrats de concession ou de
constitution de société anonyme. Ces contrats ont toujours une clause portant
que la surveillance sera exercée par le gouvernement. Les agents délégués à cet
effet par le gouvernement ne sont pas les fonctionnaires dont vient de parler
M. le ministre ; ce n'est ni le directeur de la société, ni un administrateur,
ni un membre quelconque de l'administration : ce sont des agents spéciaux
nommés par le gouvernement ; et c'est à ces agents seuls que mon amendement
s'applique. Il a pour objet de les faire payer à l'avenir, non plus par les
sociétés près desquelles ils exercent leurs fonctions, mais directement par le
trésor public.
Ce gouvernement ayant le droit de refuser ou
d'autoriser une société anonyme, quand il l'autorise, il prend une précaution
pour qu'on n'abuse pas de l'autorisation donnée, il nomme un agent de
surveillance. cet agent devrait recevoir son traitement du trésor.
Comme dans toute convention préliminaire d'autorisation de société
anonyme figure une clause portant que la société payera telle somme pour
l'agent de surveillance, la somme stipulée au lieu d'être payée à l'agent,
serait versée au trésor public.
Cette proposition est en parfaite concordance avec la loi de
comptabilité.
M. Malou.
- Si cet amendement devait être mis aux voix, je croirais devoir m'abstenir. Je
désire qu'à l'avenir dans toutes les nominations du gouvernement, quand il
autorise des sociétés anonymes, on fasse prévaloir le principe qu'on invoque ;
mais avant de me prononcer sur l'amendement, je désirerais connaître tous les
contrats en vertu desquels pareilles nominations ont eu lieu jusqu'aujourd'hui.
Il serait plus prudent de laisser la loi de comptabilité produire ses effets
naturels et complets. L'attention du gouvernement serait appelée sur cette
question non seulement quant aux nominations futures, mais quant à le
régularisation de certaines nominations antérieures à la loi actuelle. D'ici au
prochain budget le principe de la loi de comptabilité
recevrait son application. Nous verrons ce qu'il sera possible de faire. Et,
veuillez le remarquer, déjà l'on vous indique des exceptions nécessaires au
principe qu'on pose. Ces exceptions se feront jour par l'application éclairée,
raisonnable, que le gouvernement est appelé à faire du principe de la loi de
comptabilité.
Je crois qu'on peut, sans inconvénient, laisser le libellé tel qu'il
est, sauf au gouvernement à examiner cette question assez grave d'ici à la
présentation du budget de 1849, qui doit avoir lieu dans les premiers mois de
l'année prochaine.
Quant à moi, je le répète, je ne puis comprendre la portée du vote que
j'aurais à émettre sur cette affaire.
M. Osy. - Cette affaire est extrêmement
claire : dans toutes les sociétés où le gouvernement veut avoir un
commissaire, il est dit qu'il a le droit de le nommer, et la société s'engage à
payer une somme de tant. Le gouvernement nomme son commissaire ; la somme que
la société s'est engagée à payer est versée au trésor, et c'est au gouvernement
à payer la personne qu'il nomme.
M. le minière des travaux publics a parlé du gouverneur de la Société
Générale et du directeur de la Banque de Belgique qui sont nommés par le
gouvernement. Mais il n'y a pas à s'arrêter à cela ; car ce n'est pas le gouvernement
qui les paye ; ils sont payés par les établissements qu'ils dirigent.
Je demande seulement, comme l'honorable M. Manilius, que les
commissaires du gouvernement près des sociétés anonymes soient payés par le
gouvernement, au moyen des fonds versés directement au trésor par ces sociétés.
Nous ferons bien d'admettre dès à présent cette disposition. La cour des
comptes veillerait immédiatement à son exécution, puisque la loi sur la
comptabilité de l'Etat sera en vigueur à dater du 1er janvier.
(page 426) M. le ministre
des travaux publics (M. Frère-Orban). - Les termes dans lesquels les
arrêtés d'autorisation sont conçus ne peuvent évidemment pas influer sur la
nécessité légale qu'il y aurait de verser les fonds au trésor de l'Etat. C'est
la nature même de l'acte ou de la fonction qu’il faut considérer. Sans quoi, il
y aurait un moyen simple d'éluder la disposition de la loi. Ainsi l'on dirait
que le gouvernement se réserve de nommer les directeurs, ou commissaires, sauf
à la société à leur payer une somme déterminée. Mais on ne pourra s'affranchir
de l'obligation de verser directement cette somme au
trésor, si le directeur ou le commissaire est en réalité investi de la qualité
d'agent de l'Etat. Il ne faut pas que le gouvernement puisse éluder la loi ; il
ne faut pas qu'il puisse nommer à des fonctions rétribuées des personnes,
investies de fonctions électives et les affranchir par un moyen indirect de
l'obligation de se soumettre aie réélection..
Quoi qu'en ait dit l'honorable M. Malou, je ne vois pas d’inconvénient à
admettre l'amendement de l'honorable M. Manilius. Voici pourquoi : ou les
conventions, les concessions, les autorisations font obstacle par leur nature à
ce que les fonds soient versés au trésor de l'Etat (alors elles seront
respectées) ; ou elles n'y font pas, obstacle, et alors il y aura lieu de
verser les fonds dans la caisse de l’Etat ; et on le fera.
Il n'y a donc pas d'inconvénient à adopter cet amendement.
(page 422)
M. de
Theux. - La question n'est pas aussi simple qu'elle le paraît au
premier abord, car de sa solution dépend une autre, celle des pensions. Si les
fonctionnaires employés en vertu des statuts des sociétés anonymes (il y en a,
non seulement dans les compagnies de chemin de fer, mais, encore près de la
banque de Belgique et peut-être ainsi près de la banque de Flandres), si ces
fonctionnaires sont réellement des employés de l'Etat, il en résultera pour eux
un droit à la pension.
Dans tous les cas, comme il s'agit de contrats que nous n'avons pas sous
les yeux, il est impossible de se prononcer avec connaissance de cause.
Si la loi de comptabilité le comporte, qu'on l'exécute en ce sens ; mais
je ne pense pas qu'on puisse en étendre les dispositions par la loi du budget
des voies et moyens.
M. Lebeau.
- Il me semble que la question est extrêmement claire. Si elle pouvait laisser
le moindre doute, je serais le premier à en d, mander le renvoi au prochain
budget.
Envers qui les commissaires sont-ils obligés ? Evidemment envers l'Etat.
Qui a action contre eux en vertu des statuts ? Evidemment l'Etat, nul autre que
l'Etat. Vous voyez la différence entre la positon de ces (page 423) hommes et celle des directeurs, des gouverneurs de
banque. Ceux-ci étant payés sur des fonds qui appartiennent aux sociétés mêmes
et qui n'entrent pas dans les caisses de l'Etat. Il est naturel qu’il en soit
ainsi puisqu'ils ne sont pas les hommes du gouvernement, mais les hommes de ces
établissements. Tandis qu'ici, les commissaires sont réellement les hommes du
gouvernement chargés de contrôler l'administration des établissements auxquels
ils sont préposés et, dans plusieurs circonstances, d'être ses contradicteurs
dans l'intérêt du gouvernement. Vous voyez qu'il n'y a pas d'analogie entre ces
commissaires et les gouverneurs des banques, par exception nommés par le
gouvernement et exclusivement les hommes des établissements à la tête desquels
ils sont placés.
Par ces motifs, abstraction faite de toute
considération personnelle et politique, je n'hésiterai pas à donner une pleine
et entière adhésion à l’amendement de la section centrale. Je le regarde comme
l'exécution littérale de la disposition que nous avons admise quant à la
comptabilité de l'Etat.
La circonstance de la pension ne m'arrête pas. S'il y avait des droits à
la pension, si cette question état résolue par le gouvernement, il serait
facile de stipuler (les concessionnaires ne reculeraient pas devant cette
obligation) que des fonds devraient versés à ce titre par les concessionnaires
des sociétés.
M.
Lejeune, rapporteur. - Messieurs, je crois que
l'honorable M. Lebeau vient d'attribuer l'amendement à la section centrale.
M. Lebeau.
- Je me suis trompé.
M. Lejeune. - La section centrale n'en a
pas été saisie, et je regrette qu'elle n'ait pas pu l'examiner.
Je désire faire une observation de rédaction.
L'article présenté par le gouvernement se terminait par les mots
« pour frais de surveillance ». Ces mots ne se trouvent pas
reproduits dans l’article de la section centrale. Je ne me rappelle pas qu'on
ait eu des motifs pour les supprimer. Ils ne sont pas absolument nécessaires,
mais il n'y aurait aucun inconvénient à les rétablir.
M.
le ministre des travaux publics (M. Frère-Orban).
- Ce sont des mots surabondants et complètement inutiles.
- L'amendement proposé par M. Manilius est mis aux voix et adopté.
L'article proposé par la section centrale, ainsi amendé, est adopté.
_______________
« Abonnement des provinces pour réparations d'entretien dans les
prisons : fr. 19,600. »
- Adopté.
_______________
« Chemin de fer rhénan, dividende de 1848 : fr.
160,000. »
- Adopté.
Fonds spécial
« Produit des ventes de biens domaniaux autorisées par la loi du 3
février 1843 : fr. 800,000. »
- Adopté.
Recettes pour ordre
Chapitre Ier. -
Trésor public
« Art. 1er. Cautionnements versés en numéraire dans les caisses du
trésor public de Belgique, par des comptables de l'Etat, par des receveurs
communaux, des receveurs de bureaux de bienfaisance, des préposés aux bureaux
de station de l’administration du chemin de fer, etc., pour garantie de leur
gestion, et cautionnements fournis par des contribuables pour garantie du
paiement de leurs redevabilité en matière de douanes, d'accises, etc. :
fr. 1,300,000. »
- Adopté.
__________________
« Art. 2. Caisses des veuves des fonctionnaires civils : fr.
850,000. »
- Adopté.
__________________
« Art. 3. Caisses «les veuves et orphelins des officiers de
l'armée : fr. 160,000. »
- Adopté.
__________________
« Art. 4. Caisses de prévoyance des instituteurs primaires :
fr. 100,000. »
- Adopté.
__________________
« Art. 5. Masse d'habillement et d'équipement de la douane :
fr. 300,000. »
- Adopté.
__________________
« Art. 6. Subsides offerts pour construction de routes : fr.
400,000. »
- Adopté.
__________________
« Art. 7. Parts des communes dans les frais de confection des atlas
des chemins vicinaux : fr.
30,000. »
- Adopté.
Chapitre II. -
Contributions directes, douanes et accises
« Art. 1er. Produit des amendes, saisies et confiscations opérées par
l’administration des contributions : fr. 120,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 2. Expertise de la contribution personnelle : fr.
30,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 3. Produit
d'ouverture des entrepôts : fr. 14,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 4. Recouvrement
d'impôts en faveur des provinces : fr. 6,734,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 5. Recettes en faveur des communes : fr.
1,950,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 6. Taxe provinciale sur les chiens : fr. 200,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 7. Taxe provinciale sur le bétail : fr. 125,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 8. 4 et 5 p. c. au profit des villes de Liège et Verviers,
pour pillages : fr. 18,500. »
- Adopté.
Chapitre III. Enregistrement
et domaines
Fonds de tiers
« Art. 1er. Amendes diverses et autres recettes soumises aux frais
de régie : fr. 120,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 2. Amendes de consignations et autres recettes non
assujetties aux frais de régie :fr. 750,000. »
- Adopté.
_________________
« Art. 3. Recouvrement de revenus pour compte de provinces. :
fr. 470,000. »
- Adopté.
Consignations
« Art. 4. Consignations de toute nature : fr.
1,500,000. »
- Adopté.
Vote des dispositions légales
M. le
président. - Nous arrivons au projet de loi.
M. Osy.
- Avant d'en venir au projet de loi, je crois qu'il faudrait décider si vous
discuterez immédiatement le projet définitif sur la péréquation cadastrale. Si
vous vous prononciez pour la négative, il me paraît que le gouvernement
pourrait nous proposer un amendement au projet de budget des voies et moyens
pour l'autoriser à continuer à recevoir l'impôt foncier sur l'ancien pied.
M.
Lejeune, rapporteur. - J'ai déjà proposé à rassemblée
d'insérer dans la loi des voies et moyens, soit comme amendement à l'article
1er soit comme article nouveau, une disposition qui serait a peu près l'article
du projet définitif sur la péréquation cadastrale. Je dépose cette disposition
sur le bureau. Elle est ainsi conçue :
« La somme de quinze millions cinq cent mille francs, formant le
principal de la contribution foncière, pour l'exercice 1848, est répartie entre
les neuf provinces du royaume, d'après les résultats du cadastre, comme suit :
« Anvers : fr. 1,346,103.
« Brabant : fr. 2,817,373.
« Flandre occidentale : fr. 2,352,033.
« Flandre orientale : fr. 2,606,153.
« Hainaut : fr. 2,637,527.
« Liège : fr. 1,520,525.
« Namur : fr. 977,978.
« Limbourg : fr. 686,156
« Luxembourg : fr. 256,152.
« Total : fr.
15,500,000.
M. le président. - Cette
disposition formera le second paragraphe de l’article premier. On m'a
interrompu au moment où j'allais eu donner lecture. Il est ainsi conçu :
« Art. 1er. Les impôts directs, existants au 31 décembre 1847, en
principal et centimes additionnels ordinaires et extraordinaires, tant pour le
fonds de non-valeurs qu'au profit de l'Etal, ainsi que la taxe des barrières,
seront recouvrés, pendant l'année 1848, d'après les lois et les tarifs qui en
règlent l'assiette et la perception. »
M. Lejeune propose d’ajouter le paragraphe dont il vient de donner
lecture.
M. le
ministre des finances (M. Veydt). -
L'adoption de l'amendement de l'honorable M. Lejeune emporte, de la part de la
chambre, la décision qu'elle ne s'occupera pas immédiatement du projet de loi
définitive sur la péréquation cadastrale. Ce point jusqu'à présent n'a pas
encore été résolu.
Je suis prêt, messieurs, à la discussion. Cependant je dirai à la
chambre qu'au sénat les budgets de la dette publique et des finances ont été
portés à l'ordre du jour et que de nouveau, en attendant que je puisse être
présent, ces budgets figureront à l'ordre du jour de lundi. Si la loi sur la
péréquation cadastrale donnait lieu dans cette enceinte à des débats un peu
prolongés, il me serait difficile de concilier les choses.
Je crois en conscience qu'eu égard à l'époque avancée de l'année dont ce
qui nous reste de temps serait mieux consacré aux budgets, il serait préférable
d'adopter l'amendement de l'honorable M. Lejeune. Si c'est l'avis de la
chambre, je proposerai, par sous-amendement, de rédiger la disposition
conformément à celle des années précédentes, en ces termes :
« Le principal de la contribution foncière est réparti entre les
provinces pour l'année 1848, conformément à la loi du 7 février 1845 (Bull.
offic., n°4). »
M. le
président. - M. Lejeune se rallie-t-il à cette rédaction ?
M.
Lejeune, rapporteur. - Oui, M. le président.
(page 424) - L'article ainsi
amendé est adopté.
Articles 2 à 4
« Art. 2. D'après les dispositions qui précèdent, le budget des recettes
de l'Etat, pour l'exercice 1848, est évalué à la somme de cent dix-sept
millions six cent douze mille deux cent cinquante francs (117,612,250 fr.) ;
les recettes spéciales, provenant des ventes de biens domaniaux, autorisées en
vertu de la loi du 3 février 1843, à la somme de huit cent mille francs
(800,000 fr.), et les recettes pour ordre, à celle de quinze millions cent
soixante et onze mille cinq cents francs (15,171,500fr.), le tout conformément
aux tableaux ci-annexés. »
- Adopté.
_________________
« Art. 3. Pour faciliter le service du trésor, pendant le même exercice,
le gouvernement pourra, à mesure des besoins de l'Etat, mettre en circulation
des bons du trésor jusqu'à concurrence de la somme de vingt-cinq millions de
francs (25,000,000 de fr.).
- Adopté.
________________
« Art. 4. La présente loi sera obligatoire le 1er janvier 1848. »
- Adopté.
Second vote des articles et vote sur l’ensemble du projet
La chambre décide qu'elle procédera immédiatement au vote définitif.
L'amendement qui a été introduit dans le projet est définitivement adopté.
M. Osy.
- Avant qu'on ne procède au vote par appel nominal, je dois engager les membres
de la chambre à ne pas se retirer, car il y a encore une loi très urgente à
voter, c'est la loi relative au transit.
M. le
président. - L'observation de M. Osy semblerait faire
supposer que la chambre pourrait s'ajourner après le vote du projet qu'il a
indiqué. Or il y a autre chose à faire que cela ; il y a plusieurs départements
dont les budgets ne sont pas votés et pour lesquels il n'existe pas de crédits
provisoires ; il est donc indispensable que la chambre continue à siéger.
De
toutes parts. - Oui ! oui !
- Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du budget des
voies et moyens, qui est adopté à l'unanimité des 78 membres présents.
Ce sont : MM. Anspach, Biebuyck, Brabant, Bricourt, Broquet-Goblet,
Cans, Clep, Cogels, d'Anethan, Dautrebande, David, de Bonne, de Breyne,
Dechamps, de Denterghem, de Garcia de la Vega, de Haerne, de La Coste,
Delfosse, de Liedekerke, de Man d'Attenrode, de Mérode, de Muelenaere, Desaive,
de Terbecq, de Theux, de Tornaco, d'Hane, d'Hoffschmidt, Dolez, Donny, Dumont,
Eenens, Fallon, Frère-Orban, Henot, Herry-Vispoel, Huveners, Jonet, Lange,
Lebeau, Le Hon, Lejeune, Lesoinne, Liedts, Loos, Lys, Malou, Manilius, Mast de
Vries, Mercier, Moreau, Nothomb, Orban, Osy, Pirmez, Pirson, Raikem, Rodenbach,
Rogier, Rousselle, Scheyven, Sigart, Simons, Thienpont, Tielemans, T Kint de
Naeyer, Tremouroux, Troye, Van Cleemputte, Van Cutsem, Vanden Eynde, Van
Huffel, Van Renynghe, Verhaegen, Veydt, Vilain XIIII et Zoude.
PROJET DE LOI PORTANT LE BUDGET DES DEPENSES POUR ORDRE POUR L’EXERCICE 1848
La chambre adopte successivement, sans discussion, les divers articles
du tableau du budget des dépenses pour ordre. Ils sont ainsi conçus :
Vote des articles
Chapitre premier. – Administration du trésor public
« Art. 1er. Remboursement de cautionnements versés en numéraire
dans les caisses du gouvernement, pour garantie de leur gestion, par des
receveurs communaux, des receveurs de bureaux de bienfaisance, des préposés de
l'administration du chemin de fer, par des courtiers, des agents de change,
etc., et par des contribuables, négociants ou commissionnaires, pour garantie
du payement de droits de douanes, d'accises, etc. : fr. 1,300,000.
(Le chiffre indiqué à cet article n'est point limitatif. Il pourra
s'élever, le cas échéant, jusqu'à concurrence de la somme qui demeure encore à
rembourser du chef des cautionnements versés en numéraire antérieurement au 1er
octobre 1830, et qui sont remis à la Belgique en exécution du traité du 5
novembre 1842).
_________________
« Art. 2. Remboursement de fonds perçus au profit de la caisse des
veuves et orphelins des fonctionnaires civils : fr. 850,000. »
_________________
« Art. 3. Remboursement de fonds perçus au profit de la caisse des
veuves et orphelins des officiers de l'armée : fr. 160,000. »
_________________
« Art. 4. Remboursement, de fonds perçus au profit de la caisse de
prévoyance des instituteurs primaires : fr. 100,000. »
_________________
« Art. 5. Remboursement de fonds versés au profit de la masse
d'habillement et d'équipement de la douane : fr. 300,000. »
_________________
« Art. 6. Emploi des subsides offerts pour la construction des
routes : fr. 400,000. »
_________________
« Art. 7. Attribution des parts des communes dans les frais de
confection des allas des chemins vicinaux : fr. 30,000. »
Chapitre II. - Administration des contributions directes, douanes et accises
« Art. 1er. Attributions d'amendes, saisies et confiscations
opérées par l'administration des contributions : fr. 120,000. »
_______________
« Art. 2. Frais d'expertise de la contribution personnelle :
fr. 30,000. »
_______________
« Art. 3. Frais d'ouverture des entrepôts : fr. 14,000. »
_______________
« Art. 4. Remboursement de fonds recouvrés pour les
provinces : fr. 6,734,000. »
_______________
« Art. 5. Remboursement de fonds recouvrés pour les communes :
fr. 1,950,000. »
_______________
« Art. 6. Remboursement de la taxe provinciale sur les
chiens : fr. 200,000. »
_______________
« Art. 7. Remboursement de la taxe provinciale sur le bétail :
fr. 125,000. »
_______________
« Art. 8. Remboursement des 4 et 5 p. c. perçus au profit des
villes de Liège et de Verviers, pour pillages : fr. 18,500. »
Chapitre III. - Fonds des tiers
Administration de l’enregistrement, des domaines et forêts
« Art. 1er. Recettes diverses et amendes attribuées, soumises aux
frais de régie : fr. 120,000. »
_________________
« Art. 2. Recettes diverses et amendes de consignations soumises
aux frais de régie : fr. 750,000. »
_________________
« Art. 3. Remboursement de revenus perçus pour compte de
provinces : fr. 470,000. »
Consignations
« Art. 4. Remboursement de consignations de toute nature : fr.
1,500,000. »
Vote sur l’article unique et sur l’ensemble du projet
Il est procédé au vote par appel nominal sur l'article unique du projet
de loi de budget, qui est ainsi conçu :
« Article unique. Le budget des dépenses pour ordre est fixé, pour
l'exercice 1848, à la somme de quinze millions cent soixante et onze mille cinq
cents francs (15,171,500 fr.) conformément au tableau ci-annexé.»
Voici le résultat du vote :
Le projet de loi est adopté à l'unanimité des 73 membres qui ont répondu
à l'appel nominal. Il sera transmis au sénat.
Ont répondu à l'appel nominal : MM. Vanden Eynde, Van Huffel, Van Renynghe,
Verhaegen, Veydt, Vilain XIIII, Zoude, Anspach, Biebuyck, Bricourt, Cans, Clep,
Cogels, d'Anethan, Dautrebande, David, de Bonne, de Breyne, Dechamps, de
Denterghem, de Garcia de la Vega, de La Cose, de Liedekerke, de Mérode, de
Muelenaere, Desaive, de Terbecq, de Theux, de Tornaco, d'Hane, d'Hoffschmidt,
Dolez, Donny, Dumont, Eenens, Fallon, Frère-Orban, Henot, Herry-Vispoel,
Huveners, Jonet, Lange, Lebeau, Le Hon, Lejeune, Lesoinne, Loos, Lys, Malou,
Manilius, Mast de Vries, Mercier, Moreau, Nothomb, Orban, Osy, Pirmez, Pirson,
Raikem, Rodenbach, Rogier, Rousselle, Scheyven, Sigart, Simons, Thienpont,
Tielemans, T'Kint de Naeyer, Tremouroux, Troye, Van Cleemputte, Van Cutsem et
Liedts.
- Sur une observation de M. le président, la chambre ajourne à lundi la
discussion du budget des dotations.
PROJET DE LOI PORTANT PROROGATION DE LA LOI DU 18 JUIN 1842 RELATIVE AU TRANSIT
L'article unique du projet de loi est ainsi conçu :
« Article unique. Le terme de la loi du 18 juin 1842 (Bulletin officiel,
n° 400), qui autorise le gouvernement à modifier le régime d'importation et de
Transport de marchandises en transit direct et en transit par entrepôt, est
prorogé jusqu'au 31 décembre 1848. »
Personne ne demandant la parole, ou passe à l'appel nominal.
Le projet de loi est adopté à l'unanimité des 72 membres qui ont répondu
à l'appel nominal. Il sera transmis au sénat.
PROJET DE LOI AJOURNANT L’EXECUTION D’UNE DISPOSITION DE LA LOI DE COMPTABILITE
M. le ministre
des finances (M. Veydt) présente un projet de loi ayant pour
objet d'ajourner l'exécution d'une disposition de la loi de comptabilité.
Il est donné acte à M. le ministre de la présentation du projet de loi
dont il a donné lecture.
Ce projet et les motifs qui l'accompagnent seront imprimés et
distribués.
M. Osy.
- Je propose de renvoyer ce projet de loi à la commission de comptabilité et de
charger le bureau de compléter cette commission s'il y a lieu.
- Cette proposition est adoptée.
La séance est levée à 4 heures.