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Congrès
national de Belgique
Séance du
samedi 9 juillet 1831
Sommaire
1) Communications des pièces
adressées au congrès
2) Préliminaires de paix
(les dix-huit articles) (Duval de Beaulieu, de Robaulx, de Sécus (père), Deleeuw, Trentesaux, Forgeur, d’Elhoungne, Deleeuw, de Robaulx, Destouvelles, Van Meenen, d’Elhoungne, Devaux, d’Elhoungne, Deleeuw, A. Rodenbach, Van Meenen, De Lehaye, Lebeau, de Robaulx, Lebeau, Le Hon, Jottrand, Beyts, A. Rodenbach). Vote.
3) Préliminaires de paix
(les dix-huit articles) Protestation (de Robaulx, Beyts, Beyts, A. Gendebien)
4) Proposition
tendant a nommer une députation chargée d'annoncer au prince Léopold l'acception
des dix-huit articles et d'inviter son altesse royale a se rendre en Belgique
le plus tôt possible (Osy, Forgeur, Lebeau, Beyts, A. Rodenbach, C. de Smet)
4) Projet de budget portant
des crédits provisoires pour le mois de juillet 1831 (Devaux, Barthélemy)
(E. HUYTTENS, Discussions du Congrès national de Belgique, Bruxelles,
Société typographique belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1844, tome 3)
(page 551)
(Présidence de M. Raikem, premier, vice-président)
La
foule est toujours considérable, mais beaucoup moins qu'aux premiers jours de
la discussion. Le nombre des dames qui se placent aux tribunes supérieures
semble s'être augmenté. (M. B., 11 juill.)
La
séance est ouverte à onze heures. (P. V)
Un des secrétaires donne
lecture du procès-verbal ; il est adopté. (P. V.)
COMMUNICATION DE PIECES ADRESSEES AU CONGRES
M. Liedts, secrétaire, présente l'analyse des pétitions
suivantes :
Plusieurs
officiers et sous-officiers de la garde civique du canton de Spa protestent
contre l'acceptation des propositions de la conférence de Londres.
Plusieurs
habitants de Ligny manifestent le désir que la paix soit conservée. (M. B.,
11 juill., et P. V.)
- Ces
pièces sont renvoyées à la commission des pétitions. (P. V.)
M.
Bifve, à Bruxelles, demande la conservation de la pension dont il jouit. (P.
V.)
-
Renvoi à la commission chargée de revoir la liste des pensions. (P. V.)
L'ordre
du jour est la suite de la discussion sur les propositions de la conférence de
Londres, sur la question préalable demandée par M. de Robaulx et sur les
propositions de MM. le baron Beyts et Van de Weyer. (P. V.)
(page
552) M. le comte Duval de
Beaulieu – Après neuf jours de discussion, après avoir entendu plus de
soixante-neuf orateurs, l'assemblée doit être suffisamment éclairée : je
demande qu'elle se déclare en permanence. L'honorable membre donne quelques
motifs à l'appui de sa motion, et ajoute : Je ne pense pas que l'on doive
prononcer la clôture s'il n'y a plus que douze orateurs à entendre. (E., 11
juill.)
M. de Robaulx – Il faut laisser continuer la
discussion jusqu'à épuisement de la liste des inscrits, et quand on en sera
arrivé là, on pourra faire la proposition de permanence. (E., 11 juill.)
M. le baron de Sécus (père) appuie la proposition de M. Duval ;
il consent à ce qu'on décide quand la clôture sera prononcée, parce qu'il ne
peut pas dépendre de cinq ou six orateurs de prolonger les débats ; il yen a
assez d'entendus, selon lui. (E., 11 juill.)
M. Deleeuw pense que la permanence fera
que l'on sera beaucoup plus court. (E., 11 juill.)
M. Trentesaux – Attendons l'ordre de la discussion ;
je n'ai pas encore dit un mot. (E., 11 juill.)
M.
Forgeur combat
également la proposition de M. le comte Duval de Beaulieu. (M. B., 11 juill.)
M. d’Elhoungne – Tout le monde doit sentir la
nécessité de finir une discussion aussi laborieuse.
La clôture
doit être votée après une courte discussion ; l'honorable membre appuie la
permanence, ou demande l'ajournement jusqu'à mardi ; car il y a des jours où
de pareilles discussions peuvent amener des événements nuisibles. (E., 11
juill.)
- La
proposition de se déclarer en permanence est mise aux voix et adoptée. (P. V.)
M. Deleeuw motive en peu de mots son
vote approbatif. Il regarde le rejet des préliminaires comme propre à
compromettre le sort de
M. le président – La parole est à M. de Robaulx. (E.,
11 juill.)
M. de Robaulx – Messieurs, je dois avant tout relever
une inconvenance parlementaire échappée à M. Lebeau répondant comme ministre à
M. Henri de Brouckere. Il a prétendu régenter une partie de l'assemblée ; il
nous a demandé si nous prétendions décider où finit l'honneur et où commence
l'anarchie ; comme si nous ne pouvions pas, à notre tour, lui demander s'il
prétend définir où finit le droit de député, et où commencent les écarts de la
tribune. Ce peu de mots suffiront, je pense, pour faire sentir à M. Lebeau son
inconvenance, inconvenance ressortant plus vivement encore de sa double qualité
de ministre et de député, existence amphibie qu'il se donne tour à tour.
Je
suis opposé par une conviction profonde à l'adoption des dix-huit articles, et
M. Lebeau ne m'a pas ébranlé. J'ai écouté des phrases de rhéteur assez
artistement rangées, j'ai entendu beaucoup de sophismes, mais de ce qu'il a
dit, il ne m'est pas resté un raisonnement concluant. Aussi suis-je resté
insensible et je n'ai pas embrasse l'orateur.
Je
dis, moi, qu'il y a dérogation à la constitution par l'adoption des dix-huit
articles. . En effet, vous abandonnez ce que la constitution vous faisait une
loi de conserver.
Léopold
ne veut pas jurer l'intégrité du territoire fixée par le congrès, mais bien
celle des articles. Y a-t-il une meilleure preuve de différence. Mais ce n'est
pas tout ; il y a dérogation, puisque par la constitution nous avions Venloo,
et que par les articles nous la perdons.
Par la
constitution nous avions le Luxembourg ; les articles nous offrent l'espoir de
l'acheter. Le prince Léopold lui-même, d'après ce que nous a dit M.
Destouvelles, reconnaît que c'est la propriété du roi de Hollande. C'est un de
nos députés à Londres qui le dit, entendez-vous, M. Lebeau ! entendez-vous,
vous surtout Luxembourgeois !
Il y a
dérogation, car Anvers était port militaire et commercial, et par les articles
il n'est plus que commercial.
Maestricht
nous appartenait, et par les articles nous n'avons plus que l'espoir d'une
copropriété. Enfin nous avions la rive gauche de l'Escaut, et les articles nous
l'enlèvent.
Il y a
donc dérogation, il y a donc, au jugement de M. Lebeau lui-même, parjure.
M.
Lebeau a longuement soutenu que les articles différaient des protocoles. Il a
dit que les articles sont des propositions, tandis que les protocoles étaient
des décisions.
Mais
il ne veut donc pas voir que nous n'avons pas la liberté de prononcer. On nous
dit : Acceptez ces articles ; sinon les protocoles, l'intervention, la guerre.
C'est comme si à un homme sur un rocher je lui disais : Précipitez-vous, sinon
je vous jette.
D'ailleurs,
la véritable question est de savoir, non pas si les articles diffèrent des
protocoles, mais s'ils violent la constitution.
Étrange
contradiction ! M. Lebeau soutient que nous n'avons pas de droits à la rive
gauche de l'Escaut, parce que nous ne pouvons nous enrichir (page 553)
des dépouilles de
«
Quant à Venloo, dit le ministre, si nous n'avons pas de droits sur le
territoire, ne croyez pas que je pense que nous soyons aussi sans devoirs
envers les habitants de ces territoires. » Distinction toute neuve ! Bien
raisonné en fait de souveraineté ! Il poursuit : « Il faut leur accorder
l'indigénat, les indemniser, non pour qu'ils changent de patrie, mais pour
qu'ils changent de résidence. » Galimatias, non-sens que tout
cela ! Car s'ils sont Belges, ils n'ont pas besoin d'indigénat ; s’ils ne
font que changer de résidence, vous reconnaissez qu'ils sont aujourd'hui sur un
sol belge, donc vous cédez le sol belge.
Mais
écoutez M. Destouvelles, écoutez-le, vous qui voulez agir de bonne foi. Il
déclare, lui, que nous perdons Venloo, le pays de généralité et la moitié de
Maestricht.
M.
Lebeau prévoit la restitution de Venloo, et il s'écrie : « Est-ce pour un but
mesquin de localité, que les Venloonais ont fait la révolution ? C'est pour
sauver
« Si
on maltraite un habitant en violation de l’article 16 des propositions, alors,
nous dit-on, la guerre à
Cet
homme voit qu'il a été joué par les puissances ; il voit qu'on s'est servi de
lui comme d'un instrument pour arriver à une autre fin.
L'orateur
continue à réfuter de point en point le discours de M. Lebeau.
Il
fait remarquer qu'en se hâtant d'accepter les préliminaires, on perd de vue que
dans quinze jours les élections des chambres en France peuvent être telles que
le ministère Périer ne résiste pas au parti du mouvement. Dans ce cas, le
peuple français peut vouloir la guerre. Nous aurons alors un nouveau Waterloo
et la restauration, ou
M.
Destouvelles – Messieurs, je demande la parole pour un fait personnel. Je n'ai pas dit
que le Luxembourg et le Limbourg n'appartiendront jamais à
M. Van Meenen – Messieurs, le 4
de ce mois, j'ai plutôt sollicité vos lumières, en vous présentant le faible
tribut des miennes, que je n'ai établi mon opinion et motivé mon vote.
Aujourd'hui c'est ce vote que je veux justifier ; et comme je tiens à ce qu'il
reste quelque chose de ma pensée, et que les journalistes disent qu'ils ne
m'entendent pas, quoique vous daigniez m'écouter, messieurs, et que vous
n'aimiez guère à perdre votre temps, je me suis décidé, Contre mon usage, à
tracer, en quelques lignes, le résumé de mes vues sur le grave sujet qui nous
occupe. D'ailleurs un résumé n'est pas susceptible de l'abandon, des longueurs,
ni des mouvements de l'improvisation.
Vous
avez décidé, messieurs, que la discussion de la question préalable serait jointe
à celle du fond, qu'il aurait peut-être été plus sage de distinguer et de
soumettre à l'examen des sections.
Je
voterai pour le rejet de la question préalable par la raison que j'ai eu l'honneur
de vous exposer que le prince, subordonnant son acceptation à la condition que
vous accepterez vous-mêmes les dix-huit propositions de la conférence, il y a
non seulement lieu, mais nécessité de délibérer ; outre qu'il faut bien que
vous décidiez ou la rupture ou la continuation de la suspension d'armes, ou la
rupture ou la continuation des négociations.
Sur la
question principale, messieurs, il paraît que l'on s'achemine à une acceptation
ou à un rejet (page 554) d'ensemble, pur et simple, des dix-huit propositions.
Il
paraît que, pour le triomphe complet d'un système politique, il faut que votre
acceptation ou votre rejet soit non seulement absolu, pur et simple, mais, en
outre, qu'il ne soit ni précédé de motifs, ni accompagné d'explications, ni
terminé par un acte de non préjudice, quelque sagesse qu'il y ait à ces
différents égards dans les vues qui vous ont été soumises par MM. Beyts, Van de
Weyer, Fallon, d'autres députés et moi.
Pas
de motifs ;
c'est-à-dire on ne rendra compte ni à l'Europe, ni au peuple belge, ni à la
majorité du congrès, ni à soi-même, des motifs de sa détermination : elle doit
être de pure confiance, de toute condescendance peut-être.
Je ne
blâme point, messieurs, je raconte ; ou du moins je tire de faits que je
connais des conjectures sur ceux que je ne connais pas.
Pas
d'explications ;
c'est-à-dire on ne veut pas déterminer, fixer, préciser le sens dans lequel on
admet ou rejette ces dispositions si nombreuses, si diverses, conçues en termes
si susceptibles d'acceptions différentes. On est trop courtois pour ne pas
abandonner au jugement éclairé et à l'équitable impartialité de la conférence,
le soin d'élever et de décider les controverses sans nombre que la suite des
temps et les intérêts opposés des parties pourront faire naître.
Pour
expliquer ces articles, messieurs, il faudrait les examiner, en rechercher les
principes, en scruter les conséquences ; et ces principes, ces conséquences
bien saisis, feraient reculer beaucoup d'entre nous.
Point
de protestation de non-préjudice ; c'est-à-dire on veut une acceptation telle que, soit que
le roi Guillaume accepte ou n'accepte pas, soit qu'un traité de paix se conclue
ou non, quoi qu'il arrive enfin, et en quelque temps, en quelques circonstances
qu'il arrive, cet acte puisse toujours nous être opposé, soit comme un
acquiescement à certains principes en droit, soit comme un engagement à
traiter sur certaines bases. Dans ces formes, messieurs, je ne puis admettre
les dix-huit propositions ; je ne pourrais même en admettre aucune.
En
fait, je ne puis
admettre que les limites de
En
droit des gens, je
ne puis admettre que les puissances, grandes ou petites d'avant 1790, aient
légitimement parqué les peuples jusqu'à 1830 et au delà, et à toujours ; je ne
puis admettre que nous et notre postérité soyons hypothéqués à tout jamais, ni
même à temps, au système politique imaginé par les rois absolus d'avant 1790.
Comme
bases des négociations, je ne puis admettre un système qui réglerait nos rapports avec
Je ne
puis admettre, comme préjugée contre nous, la souveraineté exclusive de
Maestricht au profit de
Je ne
puis donc admettre les articles 1er, 2, 3, 4 des préliminaires proposés.
Je ne
puis accepter les articles 3, 4, 9, 10, 17 comme des préliminaires de paix avec
Je
dois rejeter l'article 17 parce qu'il consacre de la manière la plus formelle
l'intervention des (page 555) cinq puissances, dans des contestations
qui ne concernent que
Je ne
puis admettre les articles 9 et 10, parce qu’ils sont destructifs de toute
indépendance ; parce qu'ils dépouilleraient l'État belge du premier des
attributs d'une nation, et la couronne belge de la plus essentielle de ses
prérogatives, c'est-à-dire du droit de paix et de guerre, du droit d’alliance,
du droit de traiter des intérêts de l'État dans ses rapports avec les États
voisins.
Ce
dernier point me reste à traiter, messieurs, après que j'aurai répondu à
quelques arguments qu'on a employés en faveur de l'acceptation.
Nous
ne pouvons prendre le droit d'insurrection sur base dans le règlement de nos
limites, dit M. Lebeau.
J'en
conviens, messieurs, l'insurrection des Luxembourgeois et des Limbourgeois
n'aurait fait que les affranchir du joug de Guillaume et les séparer de
Eh
quoi ! si, par suite de circonstances que je ne prévois pas, vous jugiez à
propos de faire à une puissance voisine la cession d'un district, auriezvous par
là déshonoré la nation ? dit M. Lebeau. Non, si une nécessité impérieuse nous y
avait obligés. Et où est cette nécessité, où est cette extrémité qui nous
oblige à démembrer
Nous
sommes sans droits sur Venloo, dit-on, mais pas sans devoirs.
Quoi !
messieurs, les Venloonais n'ont-ils pas le droit sur eux-mêmes, et ne
sommes-nous pas leurs mandataires pour exercer ces droits en leur nom et dans
leur intérêt ?
Dire
que l'insurrection nous a affranchis, dit M. Nothomb, est-ce à dire que chaque
localité puisse, à son gré, se détacher du pays auquel elle est incorporée sans
consulter la communauté ?
Qu'est-ce
que vous appelez localité, pays, communauté ? Ne semble-t-il pas que le
droit se mesure sur la superficie, et que le Luxembourg, par exemple, parce
qu'il est moins considérable que le reste de
Et
qu'importe, messieurs, qu'un lieu se nomme Venloo ou Bruxelles, qu'il soit
situé à l'une des extrémités de l'État ou au centre, qu'il soit peuplé de six
mille ou de quatre-vingt-dix mille habitants ?
On ne
conteste pas aux Venloonais, aux Limbourgeois, aux Luxembourgeois, le droit de
s'insurger et d'entrer dans une nouvelle combinaison politique : mais leur
territoire, dit-on, est hollandais.
Est-ce
donc, messieurs, que vous concevez une nation sans territoire, un État dans la
moyenne région du ciel, ou au pays des Sévarambes ? Des hommes sans droit à
l'air qu'ils respirent, à la terre qui les porte et les nourrit ?
Je passe
à la question de la neutralité perpétuelle.
Mais
avant tout remarquons, messieurs, une absurdité assez frappante.
Le
prince que vous avez élu, dès que vous aurez accepté les préliminaires,
messieurs, se rendra parmi vous ; et, s'il le faut, vous acquerra le
Luxembourg, le Limbourg et le reste, même par la guerre ! Voilà ce qu'on
vous a dit, ce qu'on vous a répété, messieurs : mais vous êtes neutres, neutres
à toujours, neutres envers tous les autres États : condamnés à ne faire jamais
la guerre ! Cette seule remarque, messieurs, doit vous faire déjà pressentir ce
que c'est que la neutralité perpétuelle. Examinons-la de plus près.
Si
dans un traité entre les cinq puissances ou quelqu'une d'elles, je lisais :
«
Je
concevrais cette disposition, je concevrais encore l'intervention de
Est-ce
cela qu'on a fait ? Lisons :
«
Article 9.
« Article
10. Par une juste réciprocité,
L'orateur
démontre que, d'après les termes explicites de ces deux articles combinés, la
neutralité proposée emporte l'anéantissement complet (page 556) de
l'indépendance de
Il
poursuit : Cela suffit ; messieurs ; avant d'accepter les préliminaires,
révoquez votre décret d'indépendance, supprimez l'article 68 de votre
constitution.
Le
prince, a-t-on dit, n'a trouvé rien que d'avantageux au pays dans cette
neutralité.
Le
prince, plus éclairé, messieurs, y verra ce que nous voyons : et il n'acceptera
pas la place de chef d'un État dégradé, et une couronne flétrie.
Mais
ces avantages, quels seraient-ils ?
On
cite
Voulez-vous,
comme
Le
Suisse est cosmopolite ; le Belge, jusqu'ici, était attaché à sa patrie !
Nous
commercerons, pendant que les autres puissances seront en guerre, a dit un
orateur. C'est-à-dire, vous achèterez au prix de votre indépendance l'avantage
de quoi, messieurs ? de commercer en temps de guerre ? non, messieurs, mais
d'être vexés en temps de guerre par chacune des puissances belligérantes.
Mais
la paix ! la paix perpétuelle !
Oui,
messieurs, aussi longtemps qu'on aura intérêt à respecter votre neutralité ;
non, dès que cet intérêt cessera. Croyez-vous donc que cette neutralité, qui
sera une chaîne pour vous, pour vous qu'elle aura affaiblis, sera autre chose
qu'une toile d'araignée pour chacune des cinq puissances ?
La
paix, quand elle est avantageuse, quand on peut y renoncer dès qu'elle cesse de
l'être : à la bonne heure !
La
neutralité, la paix perpétuelle n'est pas plus la destinée des nations, que le
repos, le calme perpétuel n'est celle des individus. La vie des peuples, comme
celle des individus, messieurs, est une lutte perpétuelle, un combat de l'homme
contre la nature par l'industrie, par l'intelligence, par la vertu à
l'extérieur, comme à l'intérieur.
Que
penseriez-vous, messieurs, d'un homme qui consentirait à se laisser garantir
par les autres, sa vie, sa liberté, son honneur, sa propriété, à la charge de
n'y veiller jamais par lui-même ? Voilà la comparaison que j'avais faite
le 4, messieurs, et non point la niaiserie que m'a prêtée M. Lebeau, et dont il
a si facilement triomphé. Si j'avais dit une pareille niaiserie, messieurs,
vous m'auriez accueilli par le rire et le ricanement, au lieu de me prêter
l'attention flatteuse dont vous m'avez honoré. Les interdits, messieurs,
jouissent dans la vie civile de la neutralité perpétuelle : les esclaves, les
sujets d'un despote en jouissent dans l'ordre politique, messieurs ; mais vous,
songez que les droits individuels sont sous la garantie des droits sociaux ;
les droits civils, sous celle des droits politiques ; les droits politiques
sous la tutelle de l'indépendance nationale. Sans indépendance nationale, point
de liberté politique ; sans liberté politique, point de liberté civile.
Demeurer
neutres, messieurs, doit être un droit qu'on exerce à volonté : on vous en fait
un devoir, une obligation perpétuelle au profit de tous, vous seuls exceptés,
Songez-y, messieurs, on vous parque, on vous hypothèque à un système conçu dans
un intérêt tout à fait étranger, tout à fait contraire à tous les vôtres.
Si mes
idées ont été bien saisies, messieurs, vous voyez que ce qui est ici en
question, ce ne sont point des chances politiques plus ou moins probables, des
calculs plus ou moins conjecturaux d'avantages ; ce n'est point de savoir s'il
y a intervention inique ou médiation partiale et perfide ; .de savoir si, comme
je l'ai entendu répéter ici sans rougir, on nous fait des concessions sur la
dette, sur le Luxembourg, à peu près comme Guillaume nous faisait des
concessions quand il faisait une halte forcée dans sa marche vers
l'absolutisme,
C'est
la dignité humaine, messieurs, qui est compromise par nos discussions, dans la
personne de nos concitoyens que vous vous disposez à proclamer sujets du roi
Guillaume ; c'est la majesté des peuples que vous vous apprêtez à sacrifier ;
l'orgueil des rois, en déclarant que le peuple luxembourgeois, pour ne parler
que de lui, n'a pu s'affranchir et se réunir à vous, par la seule raison que
des rois ligués à Vienne, en 1815, en ont décidé autrement à perpétuité. Or,
comme homme, messieurs, je me crois obligé à repousser les principes de
l'absolutisme et du gallicanisme (et ce n'est point sans dessein que j'emploie
ce dernier mot) qu'on veut vous faire consacrer par (page 557)
l’admission du statu quo de 1790, comme s'il était fondé en fait ou en
droit des gens.
Comme
Belge, je rejette des préliminaires qui, hors d'un cas de nécessité extrême et
patente, opèrent le démembrement de la patrie, sous le vain espoir d'en
rassembler les portions, après que nous-mêmes les aurons séparées et éparses.
Comme
membre du congrès, je dois maintenir le principe de notre glorieuse révolution,
c'est-à-dire le droit de résister à l'oppression ; celui de la nationalité de
tous les Belges, l'indépendance de
Comme
ami, comme admirateur de
Je
voterai donc le rejet de la question préalable et celui de la proposition de
MM. Van Snick et Jacques.
Je
voterai, messieurs, sans être touché des prédictions qu'un préopinant vous a
rappelé avoir été faites au congrès belgique en 1790.
Le
congrès belgique de 1790 ne représentait pas la nation, messieurs, mais le
privilège ; non la révolution, mais les anciens abus ; et les propositions qui
lui étaient faites étaient aussi honorables que celles qu'on vous fait,
messieurs, sont iniques et dégradantes.
Ne
rétrogradons pas, messieurs ; ne jetons pas sans cesse nos regards en arrière
vers un passé qui n'est plus, qui ne peut plus être ; écoutez, messieurs, les
voix qui s'élèvent autour de vous ; fixez les yeux sur la nation que, je le
crains bien, vous allez livrer à des chances dont nul de vous n'a calculé les
écueils et les dangers ; songez à la postérité qui vous demandera compte de
l'usage que vous aurez fait des pouvoirs qu'un peuple qui avait conquis sa
liberté et son indépendance vous avait conférés pour les consolider, et non
pour les mettre aux pieds de l'étranger, et à la discrétion de l'absolutisme.
M. d’Elhoungne – Je demande maintenant que la clôture
soit prononcée. (M. B., 11 juill.)
Voix nombreuses – La clôture ! la clôture ! (M. B.,
11 juill.)
M.
Devaux
demande la parole contre la clôture. Il ne lui paraît guère dans les
convenances parlementaires qu'une discussion aussi grave soit close au moment
où deux orateurs viennent de parler dans le même sens et alors que la clôture a
été réclamée par un honorable membre appartenant à la même opinion que ces
deux orateurs. Je suis d'ailleurs d'avis, ajoute-t-il, .qu'on épuise la liste
des orateurs inscrits, elle est très courte et nous pourrons avoir bientôt
fini. (M. B., 11 et 12 juill.)
M. d’Elhoungne – Je pense que les obscurations du
préopinant disparaîtront devant le plus simple exposé. Si je partage l'opinion
que vient d'émettre M. Van Meenen, ce n'est pas par esprit de partialité que
j'ai demandé la clôture ; mais depuis une heure un grand nombre de députés ont
quitté leurs bancs et sont sortis de la salle, ce qui est une présomption
qu'ils se croient suffisamment éclairés pour émettre leur vote. Si deux
orateurs inscrits contre ont parlé successivement et les derniers, c'est
peut-être la faute du bureau, ou peut-être parce qu'il n'y avait plus
d'orateurs inscrits pour. (M. B., 11 juill.)
M. le président – Je vais expliquer comment cela s'est
fait : j'ai appelé successivement un membre inscrit pour et un inscrit contre.
J'ai ensuite appelé M. Van Meenen, qui était inscrit pour parler sur les
propositions. (M. B., 11 juill.)
M. Deleeuw – Plusieurs membres ont été
entendus plusieurs fois ; M. Le Hon n'a pas encore été entendu ; je demande
qu'on l'entende avant de prononcer la clôture. (Oui ! oui ! Non ! non !)
(M. B., 11 juill.)
M.
Alexandre Rodenbach – Les deux derniers orateurs étaient de l'opposition ; je le
suis aussi, mais je pense que l'opposition sera assez généreuse pour entendre
encore un orateur ministériel. (M. B., 11 juill.)
M. Van Meenen – La liste des
orateurs n'est pas tellement considérable qu'on ne puisse l'épuiser. (Violents
murmures. Non ! non !) (M. B., 11 juill.)
M. Forgeur – Combien y a-t-il encore d'orateurs
inscrits ? (M. B., 11 juill.)
(page
558) M.
Liedts, secrétaire – Huit, et il en arrive à l'instant deux de plus. (Oh
! oh !) (M. B., 11
juill.)
M. De Lehaye – Je demande qu'on
mette la clôture aux voix. (Appuyé ! appuyé !) (M. B., 11 juill.)
Divers orateurs parlent pour ou contre la clôture.
(M. B., 11 juill.)
M. Lebeau propose
que, comme on l'a fait lors de l'élection du duc de Nemours, on entende encore
pour clore la discussion un orateur pour et un orateur contre. (Non !
non ! Réclamations nombreuses ! La clôture ! la clôture !)
(M. B., 11 juill.)
- Au
moment de mettre la clôture aux voix on demande l'appel nominal. (M. B., 11
juill.)
On
procède à l'appel nominal ; 188 membres y répondent : 104 votent contre la
clôture, 84 pour ; en conséquence la clôture est rejetée.
M. le président – Je vais maintenant mettre aux voix la
proposition de M. Lebeau. (M. B., 11 juill.)
M.
de Robaulx – Je m'oppose à cette proposition. Maintenant que la clôture est rejetée,
vous n'avez pas le droit de circonscrire l'attaque et la défense. Il faut que
tous les orateurs qui voudront parler soient entendus, jusqu'au moment où
l'assemblée sera d'avis de clore la discussion. (M. B., 11 juill.)
M. Lebeau – Je retire ma proposition. (M. B., 11
juill.)
M. le président – La parole est à M. Le Hon. (M. B., 11
juill.)
M. Charles Le Hon – Messieurs, quel que soit mon désir
d'arriver au terme de cette discussion déjà si longue, les questions graves
qu'elle a soulevées, la couleur qu'elle a donnée à certaines opinions, les
émotions et les alarmes qu'elle a fait naître, m'obligent de rompre le silence
que j'avais cru devoir m'imposer.
Après
tant de développements employés à vous convaincre, à vous émouvoir, je me
bornerai à justifier l'opinion que je vais émettre, par quelques aperçus généraux,
et par quelques enseignements de notre histoire.
Pénétré
de cette idée, qu'il y va pour le pays de son existence politique, je vous dois
compte des raisons qui me déterminent, quelque réserve que me prescrive ma
position particulière.
Vous
avez voté l'indépendance de
Usant
de ce droit, vous avez décrété, depuis, la monarchie héréditaire ; vous l'avez
élevée sur les institutions les plus libérales ; vous avez complété votre
ouvrage par l'élection d'un roi. Voilà vos précédents : ils font dans la
discussion des principes irrévocables.
Fidèle
à ces principes que j'ai concouru à établir sans acceptation d'intérêt de
localité ou d'affection personnelle, je pense qu'ils me commandent, au nom du
salut de la patrie, d'adopter les préliminaires présentés par les puissances.
Je
m'attacherai peu à la forme vague de leur rédaction : une explication, même
erronée, de ma part, pourrait avoir à vos yeux un caractère d'interprétation
semi-officiel qu'elle ne comporterait pas. Réunir cinq opinions au lieu de
deux, rendre les propositions acceptables à deux parties d'intérêt opposé, tels
sont pour moi les vrais motifs de ménagements de style qu'on y remarque.
D'ailleurs il s'agissait de jeter des bases, et non de dresser des articles
définitifs.
Dans
une question si capitale, ce que je cherche, ce qui me détermine avant tout,
c'est la raison d'État, ce sont les résultats probables mis en rapport avec
les droits comme avec les nécessites du pays. Or, quels sont-ils ?
D'abord,
pas de morcellement actuel et certain de territoire. Ce n'est point
Ajoutez
à cela que des enclaves réciproques sont reconnues, que la faculté de leur
échange est consacrée ; qu'il y a jusqu'ici, non des limites tracées, mais des
principes posés pour une délimitation. C'est donc des négociations ultérieures
que dépendra le résultat.
L'avènement
d'un chef définitif donnera la force au dedans et l'influence au dehors : il
constituera notre nationalité vis-à-vis de l'étranger, et sera le plus puissant
moyen de succès, soit qu'il faille négocier, soit que l'on doive recourir aux
armes.
La
conférence est dissoute de fait par l'acceptation, puisque sa médiation cesse,
et ne peut plus être invoquée désormais que par les deux parties. De là doit
naître une influence plus active des puissances dont la politique est plus
amie de nos intérêts.
La
conquête de nos libertés s'achève et se consolide. C'est par le fer qu'un
peuple opprimé brise ses entraves, mais c'est par les traités seulement (page
559) une nation nouvelle peut se constituer et prendre rang dans la société
européenne.
Le
triomphe ainsi assuré de notre cause et de nos droits est un service immense
rendu à la liberté des autres peuples.
Nos
intérêts matériels, dont la souffrance est si générale et si vive, reçoivent
enfin le secours qu'ils appellent ; ils voient le terme des sacrifices que leur
a fait subir notre régénération politique ; ils reprennent de la confiance et
de l'avenir : un état régulier peut seul leur rouvrir quelques voies de
prospérité.
En
recouvrant ces avantages, nous avons celui de point provoquer une guerre
immédiate et générale, et vous savez tout ce que la guerre a causé de malheurs
à
Je
résume ainsi, quant à leur effet, les deux opinions qui se combattent ici :
Veut-on maintenir l’intégrité du territoire constitutionnel par la voie des
armes, au risque de compter cinq puissances pour adversaires ? ou bien
essayera-t-on d'entrer en négociation d'égal à égal, sauf à n'avoir à lutter
en cas de guerre, qu'avec
L'article
3, dit-on, ne vous confère pas expressément la propriété du grand-duché de
Luxembourg ; il le place même en dehors de
Vous
n'aurez pas Maestricht, ajoute-t-on ;
On a
nié nos enclaves en Hollande, ou, dépréciant leur valeur, on les a présentées
comme un faible moyen d'échanges contre les enclaves du Limbourg. Ce langage
m'a d'autant plus étonné qu'un journal hollandais fort estimé, le Noord
Staar, avait reconnu, dès le mois de mars dernier, comme historiquement
vrai, que les territoires de Ravenstein (page 560) et autres, indiqués
dans la discussion, n'avaient pas appartenu à la république batave avant le
traité du 5 janvier 1800. Seulement, ce journal prétendait que la cession de
ces pays avait eu lieu au prix de 6 millions de francs, et non à titre de
l'indemnité promise par l'article 16 du traité de 1795. Or, il suffit de lire
l'article additionnel du traité de 1800 pour se convaincre que la souveraineté
de ces territoires a été expressément cédée et reçue en à-compte de cette
indemnité.
La
neutralité surtout a subi de violentes attaques et soulevé même l’indignation.
Y consentir, a-t-on dit, c'est abdiquer et la souveraineté et l'indépendance.
Ce système n'a pas été jugé partout avec les mêmes préventions et la même
rigueur : je me rappelle qu'un des hommes les plus constants dans ses principes
libéraux, M. Eusèbe Salverte, s'exprimait ainsi naguère à la tribune de France
: « Le ministre des affaires étrangères, dit-il, nous a parlé d'une grande
neutralité européenne comme d'un projet dont il espère que la réalisation
serait possible : si M. le ministre pouvait réussir dans un tel projet, et
qu'il pût, dans cette neutralité, comprendre le royaume indépendant de
Pologne, nous lui devrions une palme de reconnaissance. »
Vous
l'entendez, il admet la possibilité d'une Pologne indépendante et constituée
neutre ; il conçoit la neutralité, et avec elle le maintien de la souveraineté.
Appliqué
à
Rappelons-nous,
en effet, que malgré la valeur héréditaire de leurs habitants, elles furent de
tout temps victimes des querelles étrangères : indépendamment du traité de
Munster, ouvrez ceux des Pyrénées, d'Aix-la-Chapelle, de Nimègue, d'Utrecht et
de
Il me
semble que la neutralité, aussi longtemps qu'elle pourra être respectée, est de
nature à préserver notre pays des calamités qui tant de fois ont pesé sur lui.
L'expérience qu'en a faite Marie-Thérèse vient à mon appui. Le temps des guerre
de Charles-Quint, des invasions de Louis XIV el de Louis XV, avait été pour
nous un temps de détresse publique. En 1756, la guerre devenait imminente entre
Que
répondrai-je à l'honorable membre qui s'est plaint hautement que le port
d'Anvers continuât d'être un port purement commercial ? N'est-ce pas sous ce
régime qu'Anvers a prospéré depuis quinze ans ? N'est-il pas reconnu que la
marine militaire s'accorde mal avec la marine marchande. Visitez les principaux
ports de France : trouverez-vous à Toulon, à Brest, à Cherbourg cette activité
de commerce maritime qui fait la richesse du Havre et de Marseille ?
(page
561) Je viens de relever les objections principales, d'expliquer pourquoi
elles ont fait peu d'impression sur mon esprit. Je pense fermement que le
rejet des préliminaires peut entraîner ma patrie dans un abîme de maux : nos
libertés alors périraient avec elle. Leur adoption, au contraire, nous ouvre
toutes les chances de négociations puissamment soutenues, nous concilie toute
la faveur d'un Etat régulier, et, s'il faut combattre, double les forces de la
nation et de l'armée en les ralliant autour d'un pouvoir définitif, en leur
montrant enfin quel est le but et quel sera le prix de la victoire. Si cette
opinion était une erreur, elle aurait au moins cela de consolant qu'elle aurait
servi la cause de cette admirable Pologne, à qui nous devons plus que de
stériles vœux (En note
de bas de page, le livre d’E. HUYTTENS contient ce qui suit :
« Plusieurs orateurs avaient pensé que, par l'acceptation des dix-huit
articles, ou aurait compromis le sort de la révolution polonaise. Cette opinion
a été combattue par le Moniteur belge (voyez le supplément au numéro du 7
juillet), dans l’article intitulé :De
M.
Jottrand – Je crois qu'il nous serait plus avantageux de conserver le statu quo
actuel. Qu'avons-nous à craindre ? La misère est moins imminente que passé
quatre mois ; l'expérience vient encore de prouver que les émeutes étaient
faciles à calmer ; vous voyez que
M.
le baron Beyts demande la parole contre la clôture ; il fait observer qu'il a parlé un
des premiers, et il demande un quart d'heure pour présenter quelques
observations (Non ! non ! la clôture ! la clôture !) (M. B.,
11 juill.)
M.
Alexandre Rodenbach – J'aime à croire maintenant que tout le monde se lèvera pour
appuyer la clôture ; il est trois heures, el par conséquent, si l'on veut en
finir, il est temps d'aller aux voix. (Appuyé ! appuyé !) (M. B., 11
juill.)
- La
clôture de la discussion est mise aux voix et prononcée. MM. le baron Beyts, de
Robaulx, et Seron restent seuls assis. (Hilarité
générale.) (Note de
bas de page : « Par suite de cette décision, MM. Raikem, Maclagan et
Rouppe n'ont pu faire connaître les motifs de leurs opinions sur les
préliminaires de paix ; MM. Raikem et Maclagan les avaient mis par écrit, M.
Rouppe les a insérés dans une lettre adressée aux rédacteurs de l'Émancipation.
nous les reproduisons ci-après » (non repris dans cette version numérisée)). (M. B., 11 juill.)
M. le président – Je vais d'abord mettre (page 563)
aux voix la question préalable, qui a été proposée par M. de Robaulx. (M. B.,
11 juill.)
On
procède à l'appel nominal ; 195 membres répondent : 51 membres votent pour la
question préalable ; 144 contre ; en conséquence la question préalable est
rejetée. (P. V.)
Ont
voté pour la question préalable, c'est-à-dire pour qu'on ne mît pas aux voix la
question de l'acceptation des dix-huit articles ; MM. Thonus, Watlet,
Lardinois, de Labeville, Nalinne, de Thier, Jaminé, Vergauwen-Goethals,
d'Elhoungne, le baron de Meer de Moorsel, Eugène de Smet, l'abbé Van
de Kerckhove, Teuwens, Bischoff, Dams, Rosseeuw, Jean-Baptiste Gendebien , Van
der Looy, Forgeur, Fransman , CJaes (d'Anvers), Bredart, Collet, Defacqz, de
Robaulx, Seron, Blargnies, Davignon, Drèze, le comte de Robiano, Jottrand,
Henri de Brouckere, Gelders, Meeûs, Frison, :Helias d'Huddeghem, Beaucarne,
Destriveaux, Camille de Smet, l'abbé Dehaerne, Brabant, Alexandre Gendebien, Pirson, Deneeff, Speelman-Rooman,
Wannaar, Alexandre Rodenbach, de Tiecken de Terhove, Fleussu, Charles de
Brouckere, Charles Coppens.
Ont
voté contre la question préalable : MM. Constantin Rodenbach, de Lehaye,
l'abbé Pollin, Struye-Provoost, Van Snick, Gustave de Jonghe, Morel-Danheel, le
comte de Quarré, Van der Belen, Lefebvre, le marquis de Rodes, Van Innis,
d'Martigny, Van Hoobrouck de Mooreghem, Marlet, Thienpont, Claes (de Louvain),
le baron de Stockhem, d'Hanens-Peers, Ooms, Hippolyte Vilain XIIII, Delwarde,
de Behr, le chevalier de Theux de Meylandt, Olislagers de Sipernau, le baron de
Terbecq, le baron de Viron, le baron Joseph d'Hooghvorst, Béthune, le comte
Duval de Beaulieu, Allard, le baron d'Huart, François Le Hon, Gendebien (père),
Domis, Serruys, Le Bon, le comte d'Arschot, Thorn, de Rouillé, l'abbé Wallaert,
Buylaert, Simons, Geudens, Jacques, Deleeuw, le vicomte Desmanet de Biesme, Isidore
Fallon, le baron de Leuze, (page 564) le baron Verseyden de Varick,
Mulle, Roeser, le baron Beyts, le marquis Rodriguez d'Evora y Vega,
Buyse-Verscheure, le comte d'Oultremont, Roels, le baron Osy, Annez de
Zillebeecke, Van de Weyer, Coppieters, Cauvin, Marcq, Dumont, Verwilghen, le
comte Félix de Mérode, le baron de Sécus (père), Henry, le baron de Woelmont,
Peeters, Pirmez, Maclagan, Jacobs, le baron de Pélichy van Huerne, le comte de
Bocarmé , Zoude (de Saint-Hubert) , Du Bois, de Decker, Du Bus, Van Meenen,
d'Hanis van Cannart, l'abbé Verduyn, l'abbé Joseph de Smet, Le Grelle, Bosmans,
Trentesaux, Picquet, le vicomte de Bousies de Rouveroy , de Nef, l'abbé van
Crombrugghe, Cartuyvels, Cols, Baugniet, Berthels , de Roo, l'abbé Corten,
Berger, Rouppe, le vicomte Charles Vilain XIIII, Vandenhove, le comte Werner
de Mérode, de Sebille, Masbourg, l'abbé Boucqueau de Villeraie, Philippe de Bousies,
de Ville, l'abbé Andries, Albert Cogels, le baron Van Volden de Lombeke,
Barthélemy, Devaux, le baron Frédéric de Sécus, Goethals-Bisschoff, Nothomb,
le comte de Renesse, le comte d'Ansembourg, Jean Goethals, de Schiervel, Louis
Coppens, le vicomte de Jonghe d'Ardoie , le baron de Coppin, Henri Cogels, le
comte de Bergeyck, Cruts, Lebeau, de Man, de Coninck, Vercruysse-Bruneel,
Lecocq, de Muelenaere, Blomme, Joos, Destouvelles, Le Bègue, de Gerlache,
Barbanson, Charles Rogier, Charles Le Hon, Nopener, l'abbé de Foere, François,
Doreye , Raikem , Liedts. (P. V.)
M. de Robaulx – Je demande la parole. Messieurs,
c'est un devoir constitutionnel que je demande à remplir. Je suis porteur
d'une protestation contre la votation (on rit) des dix-huit
articles. Je vais en donner lecture et je la déposerai sur le bureau :
«
Considérant qu'aux termes de l'article 1er de la constitution, le territoire de
« Que,
suivant l'article 80, le roi ne prend possession du trône qu'après avoir prêté
le serment de maintenir l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire ;
« Que
c'est sous ces conditions expresses que la couronne a été offerte par le
congrès au prince de Saxe-Cobourg ;
« Qu'en
effet l'article 1er du décret du 4 juin dernier porte textuellement :
« S. A. R. Léopold, George-Chrétien-Frederic,
prince de Saxe-Cobourg, est proclame roi des Belges, à la condition d'accepter
la constitution, telle qu'elle est décrétée par le congrès national ;
« Que
l'acceptation donnée par le prince est subordonnée à des conditions
diamétralement contraires aux dispositions ci-dessus rappelées, puisqu'il
exige, pour venir prendre possession du trône, l'adhésion préalable du congrès
à des sacrifices qui enlèveraient à
« Que
si, par impossible, le congrès pouvait perdre de vue son mandat au point de
consentir aux propositions qui lui sont faites par les cinq puissances, aux
décisions desquelles le prince se réfère, il s'ensuivrait que son élection
serait radicalement nulle, puisque des personnes étrangères à
« En
conséquence les soussignés, en leur qualité de membres du congrès national de
« En
agissant ainsi, les soussignés ne font que céder à l'impulsion de leur
conscience ; ils sont persuadés qu'ils remplissent un devoir sacre. »
«
Signé : DE ROBAULX, SERON, JOTTRAND, THONUS-AMAND, C. DE SMET , BISCHOFF ,
SPEELMAN-ROOMAN, CH. DE BROUCKERE, J. DENEEFF, J. FRISON, J. B. GENDEBIEN, L.
COPPENS, L. BREDART, PIRSON, HELIAS D'HUDDEGHEM, CH. COPPENS, BEAUCARNE,
BLARGNIES, VAN DE KERCKHOVE, E. DE SMET, l'abbé DEHAERNE, D'ELHOUNGNE, DRÈZE,
ROSSEEUW, DAMS, JAMINÉ, WATLET, VERGAUWEN-GOETHALS, A. GENDEBIEN, A. RODENBACH,
le comte DE ROBIANO, GELDERS, VAN DER LOOY, NALINNE, WANNAAR, TEUWENS, DE MEER
DE MOORSEL.
Nous
avons effacé le nom de M. Le Bègue, qui d'abord avait signé avec nous. (M. B.,
11 juill.)
M. Le Bègue –
Ajoutez que vous avez
effacé mon nom sur ma demande. (M. B., 11 juill.)
M. Liedts – M. Louis Coppens demande aussi que
son nom soit effacé. (M. B., 11 juill.)
(page
565) M. Lardinois – Ajoutez-y le mien. (M. B., 11
juill.)
M.
de Robaulx – Nous effacerons les noms de tous ceux qui veulent quitter la société. (M.
B.,11 juill.)
M. Charles Rogier
– Il me semble que
la protestation ne devrait venir qu'après l'adoption des articles de la
conférence. (M. B., 11 juill.)
M.
de Robaulx – Non, puisque nous protestons contre la délibération elle-même. (M. B., 11
juill.)
-
Après que les noms ont été effacés ou inscrits, M. de Robaulx dépose la
protestation sur le bureau. (M. B., 11 juill.)
M. le président – Je dois mettre aux voix l’amendement
de M. Beyts, qui est ainsi conçu : « Le congrès national considérera comme non
avenu son consentement aux propositions préliminaires, si un traité de paix
définitif n'en est la suite et le résultat ; il se réserve de déclarer, dans ce
cas, que son acceptation est caduque et sans force obligatoire. » (M. B., 11
juill.)
M. le baron Beyts
– Je demande la
parole. (Non ! non ! Aux voix ! aux voix !) (M. B., 11
juill.)
- On
met aux voix l'amendement de M. le baron Beyts ; personne que lui et M. Van
Meenen ne se lèvent pour le soutenir. (Hilarité générale.) (M. B., 11
juill.)
L'amendement
est rejeté. (P. V.)
M. le président – L'amendement de M. Van de Weyer ayant
été retiré, il ne reste plus qu'à voter sur la proposition de MM. Van Snick et
Jacques, ainsi conçue :
« Le
congrès national décrète :
« Le
congrès adopte les dix-huit articles suivants, qui forment les préliminaires
du traité de paix entre
M. le baron Beyts
– Je demande la
parole sur la position de la question. (Non ! non !) Messieurs,
je ne comprends pas bien la question, et il faut que le congrès la comprenne.
Est-ce avec la conférence ou avec
M. Seron – On demande la lecture des
dix-huit articles. (Non ! non ! Agitation.) (M. B., 11 juill.)
M. Devaux et M.
Lebeau disent que ceux qui demandent la lecture sont
parfaitement dans leur droit. (E., 11 juill.)
M.
le vicomte Charles Vilain XIIII, secrétaire, donne lecture des dix-huit
articles, moins le considérant, qui ne fera pas partie du décret. (M. B., 11
juill.)
M.
Alexandre Gendebien – Je demande, et je crois bien que j'en ai le droit, que mon
vote sur la question préalable soit inséré au procès-verbal, aussi bien que
celui que je vais émettre. Je déclare de plus que je resterai ici pour l'acquit
de mon devoir, mais que c'est sous le bénéfice de la protestation que j'ai
signée et qui vient d'être déposée. (M. B., 11 juill.)
M.
de Robaulx,
M. Seron et Plusieurs autres membres
demandent aussi que leur vote soit inséré au procès-verbal. (M. B., 11 juill.)
M. le président – Tous les votes seront insérés
textuellement. (M. B., 11 juill.)
- On
procède au vote par appel nominal, sur la proposition de MM. Van Snick et
Jacques, relative à l'acceptation des dix-huit articles proposés par la
conférence de Londres : 196 membres répondent à l'appel. M. Masbourg, qui
n'avait pas assisté à l'appel sur la question préalable, est entré dans la
salle pour le second appel. 126 membres votent pour la proposition, 70 contre (En note de bas de page de l’ouvrage
d’E. HUYTTENS, on retrouve la répartition des votes par provinces, avec
indication des absents. Cette répartition n’est pas reprise dans cette version
numérisée).
(page
566) En conséquence, la proposition est adoptée (En note de bas de page, l’ouvrage
d’E. HUYTTENS reprend un article du Moniteur belge du 17 juillet, qui faisait
suite à l’acceptation des préliminaires de paix. Cette citation n’est pas
reprise dans cette version numérisée. Signalons
que cette note indique que « à aucune époque le journal officiel n’a pris
une part aussi directe et nous dirons aussi quotidienne aux discussions
publiques ».) (Applaudissements
et bravos prolongés dans la salle et dans les tribunes.) (M. B., 11 juillet,
et P.V.)
Ont
voté pour : MM. Le comte d’Arschot, (page 567) Barbanson,
Barthélemy, le baron Beyts, Baugnioet, l’abbé Corten, de Ville, le baron Joseph
d’Hoogvorst, Lefebvre, Vandenhove, Van der Belen, Van de Weyer, le baron Van
Volden de Lombeke, (page 568) le baron de Viron, Demelin, Claes (de
Louvain), le baron Verseyden de Varick, Marcq, Cols, Berthels, Buylaert,
Buyse-Verscheure, Coppieters, Béthune, de Coninck, l’abbé de Foere, (page
569) le vicomte de Jonghe d'Ardoie, de Man, de Muelenaere, le baron de
Pélichy van Huerne, Devaux, Goethals-Bisschoff, Maclagan,
Morel-Danheel, Mulle, l’abbé Pollin, Serruys, Constantin Rodenbach, l’abbé Wallaert, Roels,
de Roo, Struye-Provoost, Vercruysse-Bruneel, l'abbé Andries, Annez de Zillebeecke, Blomme, le comte de
Bergeyck, l’abbé Van Crombrugghe, de Decker, de Lehaye, l’abbé Joseph de
Smet, Delwarde, Van Hoobrouck de Mooreghem, d'Hanens-Peers, Gustave de Jonghe, Le Bègue, le
marquis de Rodes, Thienpont, le baron de Terbecq, l'abbé Verduyn , Verwilghen,
Van Innis, Hippolyte Vilain XIIII, Louis Coppens, Allard, Van Snick, le comte
Duval de Beaulieu , François Lehon , Gendebien (père) , de Rouillé, le baron de
Leuze, le marquis Rodriguez d'Evora y Vega, Cauvin, Dumont, le baron de Sécus
(père), Pirmez, le comte de Bocarmé, Du Bus, Picquet, le vicomte de Bousies de
Rouveroy, de Sebille, Philippe de Bousies, le baron Frédéric de Sécus, (page
570) Charles Le Hon, le comte Werner de Mérode, le baron de Stockhem, de
Behr, Deleeuw, le comte d'Oultremont, Cartuyvels, Lebeau, de Gerlache, Charles
Rogier, le chevalier de Theux de Meylandt, Olislagers de Sipernau, le comte
Félix de Mérode, le baron de Woelmont, le comte de Renesse, Domis, Le Bon, le
baron Osy, Peeters, Jacobs, Du Bois, d'Hanis van Cannart, Le Grelle, de Nef, l'abbé
Boucqueau de Villeraie, Albert Cogels, Henri Cogels, Joos, Bosmans, le comte de
Quarré, le vicomte Desmanet de Biesme, Henry, le baron de Coppin, d'Martigny,
Marlet, Thorn, Simons, Jacques, Roeser, Zoude (de Saint-Hubert), Berger,
Nothomb, François.
Ont
voté contre : MM. Meeûs, Rouppe, Van Meenen, d'Elhoungne, Jottrand, Deneeff,
Nopener, Jean Goethals, Alexandre Rodenbach, l'abbé Dehaerne, Bischoff,
Rosseeuw, Beaucarne, Charles Coppens, Camille de Smet, Eugène de Smet, le baron
de Meer de Moorsel, Fransman, Helias d'Huddeghem, Liedts, Speelman-Roonian, Vergauwen-Goethals,
Van der Looy, l'abbé Van de Kerckhove, Wannaar, Nalinne, Jean-Baptiste
Gendebien, Bredart, Defacqz, Blargnies, Trentesaux, Frison, Alexandre
Gendebien, Lecocq, Lardinois, de Thier, Forgeur, Collet, Davignon, Drèze,
Destriveaux, Raikem, Doreye, Fleussu, Jaminé, Teuwens, le vicomte Charles
Vilain XIIII, Henride Brouckere, Gelders, le comte d'Ansembourg, de Schiervel,
Cruts, Destouvelles, de Tiecken de Terhove, Charles de Brouckere, Ooms, Geudens,
Claes (d'Anvers), le comte de Robiano, de Labeville, Isidore Fallon, de Robaulx,
Seron, Brabant, Pirson, Thonus, Watlet, le baron d'Huart, Dams, Masbourg. (P. V.)
PROPOSITION TENDANT A NOMMER UNE
DEPUTATION CHARGEE D'ANNONCER AU PRINCE LEOPOLD L'ACCEPTION DES DIX-HUIT
ARTICLES ET D'INVITER SON ALTESSE ROYALE A SE RENDRE EN BELGIQUE LE PLUS TOT
POSSIBLE
M.
le baron Osy propose qu'une députation de cinq membres soit envoyée
au prince de Saxe-Cobourg, pour lui annoncer l'acceptation des préliminaires de
paix par le congrès et pour l'inviter à se rendre en Belgique le plus tôt
possible. Il développe cette proposition en faisant sentir qu'il n'est pas
convenable que, dans une circonstance aussi solennelle, on se contente d'annoncer
cette nouvelle au prince par un courrier. (M. B., 11 juill.)
M.
Forgeur – Je
m'oppose, messieurs, à l'adoption de cette proposition, qui me semble propre à
exposer à une dépense inutile. Lorsque vous voterez le budget de l'État, vous
apprécierez la justesse de mon observation. Il ne s'agit pas ici d'une
circonstance comme celle de l'élection du prince. Le congrès a fait ce qu'il
devait faire vis-à-vis du roi élu. Lui annoncer l'acceptation des préliminaires,
ce n'est pas l'affaire du congrès, mais une affaire de gouvernement. Vous avez
autorisé le gouvernement à négocier sur ces bases, c'est au gouvernement seul à
transmettre les préliminaires à qui il convient. Ne nous précipitons pas trop
vite dans l'adulation, messieurs ; on n'en trouvera que trop d'occasions quand
M. Lebeau, ministre des affaires
étrangères – Messieurs, il y a ici une distinction à faire qui rentre en partie dans
les observations de l'honorable M. Forgeur. Je pense que, n'ayant pas reçu les
préliminaires des mains du prince, et la conférence ne les ayant pas adressés
directement au congrès, mais au gouvernement, il convient que l'acceptation de
ces préliminaires soit transmise à Londres par les soins du gouvernement. Mais
il est un autre devoir devant lequel on ne peut pas reculer. Le prince est seul
en Angleterre, il a manifesté le désir d'être entouré de Belges en venant en
Belgique, et de ne pas y arriver escorté d'étrangers. Pensez-vous que le
congrès national compromette ses droits en envoyant au prince des députés pris
dans son sein pour lui notifier que les obstacles à son arrivée en Belgique
sont maintenant levés ? Non sans doute, il n'y a même que le congrès qui puisse
faire cette notification. Il y a donc deux missions à remplir ; une officielle
auprès de la conférence, une officieuse auprès du prince, je crois donc qu'on
rentrerait dans les idées de M. Forgeur et en même temps dans ce qu'exigent les
convenances, si une députation, que je ne demande pas nombreuse, mais de cinq
membres, par exemple, allait à Londres pour notifier au prince que tous les
obstacles sont levés, et pour l'accompagner jusqu'à son arrivée en Belgique. Ou
a reproché au roi Guillaume de ne s'entourer que d'étrangers : empêchons,
messieurs, qu'on puisse jamais faire un pareil reproche à notre nouveau roi.
Personne ne lui fera, croyez-le bien, entendre (page 571) de paroles
d'adulation. On fera connaître au prince le résultat de vos délibérations ; et
quoiqu'il n'y ait plus de majorité ni de minorité, maintenant que la
résolution est prise, on lui dira avec quel zèle les droits de
M.
le baron Beyts – Il y a une chose à ajouter : c'est que tout ce qui est
relatif à l'arrivée du prince rentre essentiellement dans les attributions du
congrès. (Aux voix ! aux voix !) (M. B., 11 juill.)
M.
Alexandre Rodenbach – Je demande la parole. Messieurs, en ma qualité de membre de
l'opposition, je déclare que je me réunis à la majorité du congrès.
L'honorable M. Fallon rédige une proposition dans ce sens. Vive le roi !
(Des
applaudissements généraux et prolongés accueillent cette déclaration.) (M. B.,
11 juill.)
M. Camille de Smet –
Je me joins aussi à la
majorité ; mais ce n'est pas au moment où mon cœur est navré que je ferai
entendre des cris de joie. (Rumeurs.) (M. B., 11 juill.)
- La
proposition de M. le baron Osy est mise aux voix et adoptée. (P. V.)
On
procède à la nomination des cinq membres qui doivent former la députation. (P.
V.)
M. le président tire au sort quatre bureaux de
scrutateurs ; ils sont composés comme suit :
Premier
bureau : MM. Jacobs, Ooms, le vicomte de Bousies de Rouveroy, le comte de
Bocarmé.
Deuxième
bureau : MM. de Ville, Henri Cogels, Picquet et Buyse-Verscheure.
Troisième
bureau : MM. le baron de Woelmont, Baugniet. Isidore Fallon, le baron de Pélichy
van Huerne.
Quatrième
bureau : MM. Van de Weyer, le comte de Renesse, Le Grelle, Lecocq. (P. V.)
Le
dépouillement du scrutin donne le résultat suivant :
M.
Lebeau a obtenu 156 suffrages ;
M. le
comte Félix de Mérode, 152 ;
M. Fleussu, 117;
M. de Muelenaere, 105 ;
M. le baron Joseph d'Hooghvorst, 91 ; (P. V.)
- Ces
cinq membres, présents à la séance, déclarent accepter la mission (L’ouvrage de E. HUYTTENS reprend en
note de bas de page : l’horaire de la délégation, l’horaire et
l’itinéraire pour l’entrée du roi en Belgique,
le choix de Jules Van Praetn comme secrétaire de son cabinet, les
proclamations du 14 et du 15 juillet faites par la régence de Bruxelles par
suite de l’acceptation définitive, une description de l’ovation reçue et des
cérémonies publiques en l’honneur du roi, lors de son passage dans les diverses
villes belges de son itinéraire (
M. Lebeau, ministre des affaires étrangères – Plusieurs membres demandent que le
congrès (page 572) s’ajourne jusqu’à lundi en huit, sauf le droit du
président du congrès et du régent de le convoquer dans l’intervalle, si le
prince arrivait avant cette époque. (M. B., 11 juill.)
(page
573) M. Devaux – Il faudrait consulter avant M. le
ministre des finances, pour savoir si, dans l’intervalle, il n’aurait pas
besoin d’un crédit provisoire. (M. B. , 11 juill.)
M. Lebeau, ministre des affaires étrangères – Il ajoute qu’un crédit pourrait être
nécessaire pour que le service du ministère de la guerre ne fût pas en
souffrance. (M. B., 11 juill.)
M.
d’Hanis van Cannart – Le budget des voies et moyens est voté ; l’argent ne
manque pas. (M. B., 11 juill.)
(page
574) M. le comte d’Arschot – Si je suis bien informé, il y a des
fonds suffisants pour l'administration de la guerre. (M. B., 11 juill.)
M. Devaux – Nous savons bien qu'il y a des fonds,
mais il n'y a pas de crédit ouvert. (M. B., 11 juill.)
M.
Barthélemy, ministre de la justice, dépose la proposition suivante :
« Le
congrès national,
« Vu
l'urgence,
« Décrète
:
« Il
est accordé à chaque ministère, pour subvenir aux dépenses de juillet, un
crédit d'une somme égale au sixième des sommes qui leur ont été allouées pour
les six premiers mois de l'année. » (M. B., 11 juill.)
M. le baron d’Huart
demande le renvoi de
cette proposition en sections. (M. B., 11 juill.)
Plusieurs membres déclarent qu'ils ne veulent pas
voter sur cette proposition sans un mûr examen. (M. B., 11 juill.)
-
Après un long débat, et après divers amendements proposés, M. le baron d' Huart
fait remarquer que l'assemblée. n'est plus en nombre. (M. B., 11 juill.)
La
séance est levée à cinq heures. (P. V.)