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Chambres des représentants de Belgique
Séance du vendredi 22 décembre 1854

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1854-1855)

(Présidence de M. Delfosse.)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

(page 395) M. Maertens procède à l'appel nominal à 1 heure et un quart, et donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction en est approuvée. Il présente l'analyse des pétitions adressées à la Chambre.

Pièces adressées à la chambre

« Le sieur de Kersmaker présente des observations sur les explications données par M. le ministre de la guerre au sujet des pétitions d'anciens officiers pensionnés. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« Le sieur Duycker demande une augmentation de pension pour les anciens officiers des volontaires. »

- Même renvoi.


« Les bourgmestre, échevins et membres du conseil communal de Zelzaete prient la Chambre d'accorder à la compagnie Delaveleye et Moucheron la concession d'un chemin de fer de St-Ghislain à Gand et Terneuzen par Zelzaete. »

M. de Naeyer, rapporteur. - Je demande que cette pétition soit renvoyée à la commission des pétitions après les vacances avec prière de faire un prompt rapport.

- Cette proposition est adoptée.


« Plusieurs notaires à Nivelles demandent que la loi prononce une incompatibilité entre les fonctions de notaire et celles de bourgmestre et d'échevin. »

- Sur la proposition de M. Mascart, renvoi à la commission des pétitions avec demande d'un prompt rapport.


« Le conseil communal de Hechtel demande que les habitants de cette commune soient à l'avenir exempts des logements militaires ou que les règlements sur cette matière soient révisés. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« Le sieur Derkenne demande un secours pour l'indemniser de la perte de chevaux et de bétail qu'il a faite en 1847 et 1848. »

- Même renvoi.


« Les bourgmestre et membres du conseil communal de Marche prient la Chambre de prendre des mesures pour assurer désormais dans un terme fixé l'achèvement du chemin de fer du Luxembourg. »

- Sur la proposition de M. Tesch, renvoi à la commission des pétitions avec demande d'un prompt rapport.


« Le sieur Tremblay, secrétaire du parquet à Marche, demande que sa position soit assimilée à celle des commis greffiers. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« Le sieur Jean-Baptiste Duval, courrier des bateaux à vapeur entre Ostende et Douvres, né à Virton (France), demande la naturalisation ordinaire. »

- Renvoi au ministre de la justice.


« Les sieurs Dupont, Devris et Behr, président, secrétaire et rapporteur de l'union des maîtres de forges, demandent que le tarif des péages sur le chemin de fer soit modifié en faveur de plusieurs produits de leur industrie et que le gouvernement fasse au plus tôt compléter le matériel de transport sur les chemins de fer de l'Etat. »

- Dépôt sur le bureau pendant la discussion du budget du département des travaux publics et renvoi à la commission des pétitions.


« Par dépêche en date du 21 décembre, M. le ministre de la guerre transmet à la Chambre les explications réclamées sur la pétition de la députation permanente du Limbourg, qui demande un subside de 7,000 francs pour la construction d'une caserne de gendarmerie au Bourg-Léopold, attenant au camp de Beverloo. »

- Dépôt au bureau des renseignements.


« M. Baes, professeur à Vilvorde, fait hommage à la Chambre de 110 exemplaires d'une brochure sur les devoirs des bureaux de bienfaisance et sur les moyens de soulager les classes souffrantes de l'humanité. »

- Distribution aux membres de la Chambre et dépôt à la bibliothèque.

Rapports sur des pétitions

M. Lesoinne. - J'ai l'honneur de déposer les rapports de la commission d'industrie :

1° Sur la pétition des sieurs Fontaine et Cie, fabricants de toiles imperméables à Bruxelles, qui demandent que les bâches ou toiles imperméables soient soumises au même droit d'entrée que tes toiles écrues non confectionnées ;

2° Sur la pétition des fabricants de tuiles qui demandent une augmentation d'entrée sur les tuiles.

- La Chambre ordonne l'impression et la distribution de ces rapports et les met à la suite des objets à l'ordre du jour.

Projet de loi portant le budget du ministère des travaux publics de l’exercice 1855

Discussion des articles

Chapitre IV. Chemins de fer. Postes. Télégraphes. Régie

Discussion générale

La discussion continue sur le chapitre IV.

M. de Perceval. - Messieurs, M. le ministre des travaux publics a cru devoir opérer une fusion entre deux services parfaitement distincts : celui des postes et celui des chemins de fer.

Cette mesure peut être utile et opportune dans les petites localités, je ne le conteste pas ; mais pour les villes importantes, je n'hésite point à le dire, elle est désavantageuse et nuisible aussi bien pour le public que pour le trésor.

Le bureau central des postes a été supprimé à Malines et transporté dans les bureaux de la station, malgré les vives et incessantes réclamations des habitants de cette ville, malgré les plaintes fondées du public, malgré les protestations très légitimes de l'administration communale.

Or, pour qui connaît l'étendue de la ville, d'un côté, et l’emplacement de la station, de l'autre, il est facile de se faire une idée de la perte de temps que l'administration des postes impose bien gratuitement au public.

Et cependant les ordonnances et les règlements sur les postes aux lettres portent en termes exprès que le bureau principal doit se trouver au centre de la localité qu'il est appelé à desservir.

Malines, avec ses 32,000 habitants, est, me semble-t-il, une cité assez importante, la vie industrielle et commerciale y est assez active, l'échange de correspondances avec tous les points du royaume y est assez fréquent pour que M. le ministre des travaux publics lui conserve un bureau central.

Si la station du chemin de fer se trouvait intra muros, je ne me plaindrais point de la décision prise par l'administration, mais elle est située à une assez forte distance de la ville.

Ainsi, pour le chargement d'une lettre, pour l'affranchissement du plus petit journal, pour le retrait de la correspondance, pour la moindre réclamation, pour le plus minime renseignement, le publie se trouve dans la dure nécessité de faire une course d'à peu près une demi-lieue.

C'est là, messieurs, un état de choses intolérable, vexatoire, que rien ne justifie, pas même les économies que l'administration supérieure avait en perspective et qui n'ont pu être réalisées ; au contraire, si mes renseignements sont exacts, il y a maintenant un surcroit de dépense de 600 francs, depuis que cette malencontreuse fusion s'est opérée à Malines entre les deux services précités.

Je sais très bien que quelques agents de l'administration trouvent cette mesure excellente ; cela se conçoit, car il y a actuellement pour eux moins de fatigue et moins d'embarras. Mais on perd un peu trop de vue, au département que dirige l'honorable M. Van Hoorebeke, que les fonctionnaires sont créées pour le public et non pas le public pour les fonctionnaires.

Je demande à M. le ministre le retrait d'une mesure qui lèse profondément les intérêts des habitants, des commerçants et des industriels de la ville de Malines.

M. Vermeire. - Je désire répondre deux mots au discours qui a été prononcé hier par M. le ministre des travaux publics.

En ce qui concerne l'insuffisance du matériel au chemin de fer, il paraît que nous sommes d'accord. M. le ministre reconnaît que, nonobstant l'augmentation des 470 waggons, il y aura encore insuffisance pour satisfaire aux besoins toujours croissants du commerce et de l'industrie.

J'engage donc fortement M. le ministre à vouloir suivre les conseils qui lui ont été donnés hier par l'honorable M. Malou.

Lorsque j'ai critiqué le tarif des marchandises, jc'n'ai pas demandé qu'on en changeât complètement les bases. Seulement j'ai dit que le tarif actuel était trop compliqué et en quelque sorte indéchiffrable.

J'avais indiqué comme remède à ce mal, de reporter le montant des frais fixes sur celui des frais variables et de n'en faire qu'un seul tout.

Pour que le trésor n'éprouve pas de pertes, on n'a qu'à rechercher la moyenne du parcours des différentes expéditions, et ajouter, à la taxe principale, les frais accessoires. Le rapport de la section centrale sur le transport des marchandises, présenté par l'honorable M. Lesoinne, nous apprend que ce parcours moyen est de 11 lieues et 1 fraction.

Ainsi, un tonneau de marchandises expédié à 12 lieues payerait au tarif le plus élevé pour la taxe variable 6 fr. 00, pour frais fixes, chargement, déchargement et enregistre-ment 2 fr. 20, soit 8 fr. 20.

En changeant la taxe variable de 5 c. en une taxe unique de 7 c, on payerait 8 fr. 40.

On arrive donc à peu près au même résultat.

Le tarif ainsi simplifie devient comprehensible pour tout le monde ; et l'on peut, d'avance, se rendre un compte exact de ce que l'on a à payer, tandis que, dans les circonstances actuelles, cela devient très difficile.

M. le ministre des travaux publics a encore insisté sur les magnifiques (page 396) résultats obtenus par le tarif des petites marchandises taxées à raison de 10 centimes par quintal-lieue. Mais M. le ministre oublie de nous dire que, par la modification introduite par l'article 12 du livret réglementaire, une grande quantité de marchandises échappe à cette taxe élevée.

Du reste, cela se conçoit facilement, parce que, transportées à une certaine distance, des quantités de 300 kil. et au-delà rentrent dans la catégorie du tarif de 5 c.

Ainsi, pour une distance de 33 lieues, 300 kilogr. payent la taxe de 500 kilog. ; à 15 lieues, 350 kilog. payent le même prix que 500 kil. et ainsi de suite.

Quelle en est la conséquence ? C'est que l'on tâche d'approcher le plus possible de la quantité de 500 kilog. et que le tarif de 10 cent, devient illusoire. Ou bien que ceux, qui ont de petites quantités à transporter s'adressent de préférence aux expéditeurs intermédiaires, lesquels, tout en se servant du chemin de fer, peuvent se charger de la remise des marchandises à un prix moins élevé que celui qui est exigé par l'administration du chemin de fer.

Supposons qu'un expéditeur commissionnaire réunisse deux expéditions, l'une de 300 et l'autre de 200 kilog. et les envoie à une distance de 25 lieues, il recevra au tarif des petites marchandises, 18 fr.

Quand il en opère l'expédition au tarif de 5 c. il devra payer 10 fr. 20 c.

Il lui reste donc pour bénéfice, 7 fr. 80, ou quelque chose comme 80 p. c.

Ce bénéfice deviendra d'autant plus grand que le parcours deviendra plus long.

Ainsi, par l'intervention des expéditeurs commissionnaires, conviés par la mauvaise combinaison des tarifs actuels, des recettes nombreuses échappent à l'administration du chemin de fer.

On me dira peut-être qu'avec une seule taxe les transports à longue distance payeront davantage, tandis que ceux à courte distance seront dégrevés.

Cotte observation a un côté réel, mais je ferai observer que, par la nature des choses, les transports à longue distance sont acquis au chemin de fer, parce qu'il n'y a pas de concurrence, tandis que, en dégrevant ceux à petite distance et qui sont les plus nombreux, on doit augmenter considérablement les expéditions ; et par conséquent, améliorer dans la même mesure les recettes du chemin de fer.

Je crois donc qu'il est nécessaire que la Chambre examine au plus tôt le projet de loi concernant le tarif des marchandises sur le chemin de fer. Je n'avais pas engagé hier M. le ministre à retirer ce projet de loi, mais j'avais dit que si le projet différait trop de sa manière de voir, il aurait pu le retirer ; ou s'il n'en était pas ainsi, il pouvait par voie d'amendement faire les changements qu'il croirait nécessaires dans l'intérêt d'une bonne exploitation.

Nous ne voulons pas diminuer les produits du chemin de fer ; mais nous voulons savoir d'une manière simple et claire combien nous aurons à payer, quand nous envoyons nos produits au chemin de fer ; voilà ce que nous voulons, rien de plus, rien de moins.

Cette question aujourd'hui est assez connue. On n'a exploité que pendant trop longtemps avec des tarifs provisoires pour qu'on fasse enfin un tarif définitif, de nature à faire cesser les plaintes qui surgissent de tous côtés.

M. Lambin. - Messieurs, je me permets de venir à mon tour prier instamment M. le ministre des travaux publics d'employer tous les moyens dont il peut disposer pour amener la compagnie concessionnaire à imprimer la plus grande activité, à donner le plus de développement possible aux travaux qui doivent s'exécuter sur cette grande voie de communication, notamment dans la province de Luxembourg. Entrer à ce sujet dans des détails, ce serait abuser des moments de la Chambre.

On comprend, en effet, que la classe ouvrière, dans la fâcheuse position et dans la crise où elle se trouve tant à cause de la cherté des denrées alimentaires que du manque de travail dans le Luxembourg, province dans laquelle il ne reste pour ainsi dire nulle trace d'un établissement industriel quelconque un peu important, on comprend, dis-je, que cette classe ouvrière accepterait comme un bienfait l'occasion de pouvoir adoucir ses souffrances, même au prix des plus rudes labeurs ; et cette occasion, messieurs, je ne la vois, pour le moment, que dans les travaux du chemin de fer et de quelques parties de routes dans le Luxembourg.

J'aime à croire qu'en présence d'un pareil état de choses, confirmé par de nombreuses réclamations, le gouvernement, à la sollicitude duquel je me plais à rendre hommage, s'empressera d'utiliser le seul moyen de venir en aide aux malheureux ouvriers et de la province de Luxembourg et d'une partie des deux provinces limitrophes.

M. de Steenhault. - Messieurs, je regrette de devoir de nouveau occuper la Chambre d'une question dont on l'a déjà entretenue à deux reprises différentes, je veux parler du transfert de la station du Midi. Mais les réponses que M. le ministre des travaux publics a faites à mon honorable collègue et ami M. Thiéfry, et que j'ai lues au Moniteur, me paraissent si énigmatiques, elles concordent si peu avec les faits, que je ne puis pas, en vérité, m'en trouver satisfait. Lors de la première interpellation M. le ministre répondait qu’il n’était nullement question de transférer la station du Midi. Lors de la seconde interpellation, la question paraissait avoir changé de nature, et M. le ministre des travaux publics disait que c'était simplement une question réservée.

Je vous le demande, messieurs, une question réservée en présence d'une acquisition de 12 hectares de terre, en présence d'une acquisition qui devait faire de la station du Midi une station aussi considérable que la station de Malines !

Je ne fais pas à M. le ministre l'injure de croire que sa réponse était l'expression complète de sa pensée, comme il ne nous fera pas, je l'espère, l'injure de penser que nous avons pu considérer un seul instant sa réponse comme sérieuse.

Un des deux, messieurs, ou le transfert est arrêté à son département, ou cette acquisition n'est pas soutenable. Car il est notoire pour tout le monde que l'acquisition de 12 hectares de terre n'était nullement nécessaire pour l'établissement de hangars et de quelques nouvelles voies de raccordement, d'autant plus que le gouvernement a toujours à sa disposition l'expropriation pour cause d'utilité publique, en admettant qu'il arrive un jour que l'on n'ait pas les terrains nécessaires.

J'ajouterai qu'avant de trancher une question aussi importante, il eût été au moins convenable, et surtout avant d'acquérir 12 hectares de terrain, de consulter l'administration communale de Bruxelles qui a fait d'assez grands sacrifices pour à bon droit être entendue, ou tout au moins de consulter l'administration des chemins de fer dans les attributions de laquelle rentre cette affaire.

On assure aujourd'hui que les plans de la nouvelle station ont été dressés au ministère. Je ne comprends pas pourquoi M. le ministre se refuse à faire connaître complètement sa pensée. Ce transfert ne constitue pas un crime de lèse-nation.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Vous n'avez pas de raison de croire que je n'ai pas dit la vérité.

M. de Steenhault. - Mais vos déclarations ne concordent pas avec les faits. Je ne préjuge d'ailleurs en rien la question. Je ne blâme ni n'approuve. Cependant il est important de savoir à quoi s'en tenir et surtout au point de vue des populations qui se trouvent aux abords de la station actuelle. Vous comprenez qu’aussi longtemps que cette incertitude pèse sur la situation, elle arrête toutes les entreprises qui pourraient se faire aux environs.

Je demande donc à M. le ministre s'il persiste à nier l'existence du projet de transfert ; si, oui ou non, cette acquisition de terrain a été faite dans ce but, et subsidiairement, si le transfert n'est pas décidé, je demande à quoi pourront servir ces terrains beaucoup trop considérables pour l'usage qu'on veut en faire.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Messieurs, dans la séance d'hier et dans celle d'aujourd'hui, plusieurs orateurs sont revenus sur les questions qui avaient déjà été traitées dans la discussion générale du chapitre IV et sur lesquelles je vais me permettre de dire encore quelques mots.

D'abord en ce qui concerne l'insuffisance du matériel, elle paraît établie aujourd'hui ; il résulte de l'aveu de tout le monde que cette insuffisance est très réelle.

L'honorable M. Malou a cru en voir une preuve dans un fait qui ne la démontre pas. Il vous a dit : Le gouvernement paye 300,000 ou 400,000 fr. par an aux compagnies concessionnaires avec lesquelles il est en relation, parce qu'il est obligé d'emprunter leur matériel.

Messieurs, ce n'est pas parce que le matériel de l'Etat est insuffisant que l'Etat est obligé de payer le matériel des compagnies. Si nous donnons une redevance de 300,000 ou 400,000 fr. par an aux compagnies, c'est parce que les expéditions de ces compagnies vers les lignes de l'Etat sont beaucoup plus considérables que les expéditions des lignes de l'Etat vers les lignes concédées.

Il résulte d'un relevé que j'ai sous les yeux qu'en 1853 l'Etat a payé aux compagnies pour redevance du matériel une somme de 331,000 fr. D'autre parties compagnies ont soldé au gouvernement 206,088 fr., également pour l'usage du matériel de l'Etat, de manière qu'il y avait un excédant de 125,000 fr.

Cet excédant provient-il, comme semble le croire l’honorable M. Malou, de ce que l'administration est obligée d'emprunter le matériel des compagnies ?

En aucune façon, cet excédant tient à cette seule cause que les compagnies expédient vers les stations de l'Etat des quantités beaucoup plus considérables que nous n'en expédions vers leurs stations.

Ainsi d'après un état que j'ai encore sous les yeux, en 1851, le chemin de fer de la Flandre occidentale, le chemin de fer de Mons à Manage, le chemin de fer de Namur à Liège, le chemin de fer du Nord, le chemin de fer rhénan, le chemin de fer d'Entre-Sambre-et Meuse ayaient fait, avec leur matériel, sur nos lignes, 1,149,171 lieues, tandis que le parcours des voitures de l'Etat sur les sept lignes que je viens de citer a été de 521.000 lieues, preuve évidente que les transports des compagnies vers la ligne de l'Etat sont beaucoup plus considérables que nos transports vers les lignée concédées.

Du reste, le gouvernement, dans la mesure du possible, cherche à remédier à l’insuffisance du matériel, d'abord par les commandes dont il a été fait mention hier, ensuite par une utilisation plus complète et par la transformation du matériel existant. Des waggons de 5 et 6 tonnes sont portés à 7 et 8 tonnes. C'est une augmentation indirecte du matériel. D’autre part, les compagnies ont elles-mêmes compris la nécessité d’augmenter leur matériel. Chque année elles ont plus de produit (page 397) à verser dans la circulation ; chaque année aussi elles augmentent les moyens de transport dont elles disposent, et de ce chef, la situation peut être améliorée au profit de l'Etat.

L'honorable M. Vermeire est revenu sur la question du tarif des marchandises qu'il avait traité hier, l'honorable membre ne conteste plus, me paraît-il, l'influence favorable de ce tarif au point de vue des recettes du trésor.

M. Vermeire. - Je ne l'ai pas contestée hier.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - C'est un point très important.

Du reste, pour faire ressortir l'influence très favorable de ce tarif au point de vue du trésor, une simple réflexion suffirait. Le mouvement n'a pas diminué. On ne peut pas soutenir que l'accroissement des transports n'ait pas continué, après le nouveau tarif. D'autre part, les expéditeurs payent aujourd'hui, sous l'empire du nouveau tarif, des prix plus élevés qu'auparavant. Le mouvement n'ayant pas diminué et les prix étant augmentés, nous devons avoir des recettes plus considérables.

Mais l'honorable membre croit qu'il y a des simplifications à établir dans le tarif. Je suis d'accord sur ce point avec lui. Seulement, je dois lui faire remarquer que lorsqu'il pense que les tarifs des compagnies sont moins compliqués, sont beaucoup plus simples, il est dans l'erreur.

Les tarifs des compagnies sont d'abord des tarifs généraux, puis elles ont des tarifs homologués, c'est-à-dire des tarifs qui ont été établis selon les circonstances. Elles ont aussi des tarifs différentiels ; c'est-à-dire que l'on applique des taxes différentielles selon que les expéditions, par exemple, auront lieu en descente ou en remonte, qu'elles auront lieu en destination de Paris ou qu'elles partiront de Paris, qu'elles auront pour point de destination telle ou telle ville.

Ainsi pour citer un seul fait comme exemple, la compagnie d'Orléans, pour faire concurrence à la ligne du Havre, transporte certains produits à très bas prix ; les prix qu'elle reçoit, par exemple, pour les vins de Bordeaux expédiés par la ligne à Nantes sur Paris ne sont pas plus élevés que les prix pour les vins expédiés sur Orléans, quoique Orléans soit à une distance assez grande de Paris.

Si l'on veut examiner les tarifs des compagnies, on voit qu'ils ont une infinité de classes.

Il y a une 1ère, une 2ème, une 3ème, une 4ème, une 5ème, une 6ème, et de plus des classes accessoires, des classes intermédiaires ; de manière que l'expéditeur est bien obligé de consulter les livrets des compagnies, qui est à la disposition de tons les commerçants et de tous les industriels.

Si l'on veut avoir des tarifs rémunérateurs, on ne peut avoir des tarifs uniformes. Il faut des tarifs selon les qualités, selon les diverses catégories des marchandises expédiées.

Ce qui complique un peu, je le reconnais, l'application des tarifs en Belgique, c'est la diversité des livrets que l'on est obligé de consulter lorsqu'on envoie des marchandises d'une ligne sur l'autre. Ainsi il y a un livret réglementaire pour l'application des taxes à l'intérieur sur notre propre réseau ; il y a un tarif mixte quand on envoie des produits sur le chemin de fer de la Flandre occidentale ; il y a un autre tarif quand on expédie sur la ligne de Namur à Liège, un autre tarif quand on expédie sur la ligne de l'Entre-Sambre-et-Meuse un autre tarif quand on expédie sur la ligne de Pepinster à Spa, un autre tarif quand on expédie en France, un autre tarif quand on expédie en Hollande, un autre tarif quand on expédie sur la ligne rhénane.

Le jour où les compagnies et les administrations qui exploitent les chemins de fer, se seront entendues pour avoir un tarif unique, je reconnais que la situation pour les industriels et pour les commerçants sera infiniment meilleure qu'elle ne l'est en ce moment.

L'honorable M. de Perceval a fait une interpellation au département des travaux publics. Il a demandé pourquoi on avait supprimé le bureau à l'intérieur de Malines, et il a considéré cette mesure comme étant de nature à vexer fortement le commerce et le public de Malincs. Je lui ferai remarquer que la mesure qui a été appliquée à Malines, l'a aussi été à une foule d'autres localités ; que des réclamations ont surgi, que l'administration a même fait rétablir à Malines le bureau intérieur, et que ce bureau n'a presque pas reçu de lettres.

On l'a alors supprimé de nouveau. Quand l'honorable membre soutient qu'il n'y a pas eu économie de ce chef, il se trompe. On a supprimé le traitement du percepteur qui était à Malines, traitement qui était de 3,000 fr. Lorsque postérieurement on a eu rétabli le bureau à l'intérieur de Malines, le public a continué à s'adresser au bureau de la station, parce qu'on pouvait y remettre les lettres beaucoup plus tard, jusqu'à quelques minutes avant le départ du convoi. De telle sorte qu'on comprend jusqu'à un certain point que le bureau de l'intérieur de Malines n'ait pas répondu aux prévisions de ceux qui demandaient son rétablissement. Cependant, je consens à me faire rendre compte des faits, et s'il était reconnu qu'à Malines on doit avoir un bureau à l'intérieur, nécessité qui ne pourrait résulter que de l'importance des relations postales avec le reste du pays, on ferait pour Malines ce qu'on est obligé de faire pour Verviers. Un bureau à l'intérieur sera rétabli sous peu à Verviers, parce que l'importance commerciale et industrielle de cette localité est telle, qu'elle réclame deux bureaux.

L'honorable M. de Steenhault est revenu sur la question du transfert de la station du Midi. Lorsque l'honorable membre prétend que j'ai varié dans les déclarations que j'ai faites devant la Chambre à ce sujet, il est dans l'erreur. J'ai déclaré, la seconde fois comme la première, que la question demeurait entière, qu'elle n'était tranchée ni pour le transfert ni contre le transfert. Je crois, que si l’on devait approfondir la question, que si on la mettait même aux voix à Bruxelles, que si l’on examinait les motifs puissants qui paraissent militer pour le transfert de la station avec une ligne de ceinture, les opinions seraient tout au moins extrêmement partagées. Vous avez du reste entendu, lorsque l'honorable M. Thiéfry m'a fait l'honneur de m'interpeller dans une dernière séance, le témoignage de l'honorable bourgmestre de Bruxelles, qui vous a déclaré qu'au point de vue de l'intérêt bruxellois, il n'était pas d'avis qu'il fallût maintenir la station du Midi où elle est. Cependant je n'ai pas fait cette déclaration. Je ne voudrais pas que l'on pût tirer de mes paroles une conséquence favorable à ce transfert. Mais ce que j'ai déclaré la première fois, ce que j'ai déclaré la seconde, ce que je déclare encore aujourd'hui, c'est que ce transfert n'aura pas lieu aussi longtemps qu'il n'y aura pas une instruction complète sur ce sujet. Mais l'honorable M. de Steenhault dit : Vous eussiez dû, même pour l'acquisition des terrains que vous avez faite, consulter l'administration locale. Messieurs, l'administration locale a été parfaitement informée de ce qui s'est fait, et, d'autre part il y a eu une enquête. Savez-vous quel a été le résultat de l'enquête avant l'acquisition des terrains ? Pas une seule voix n'a protesté contre cette acquisition, ni aux environs de Bruxelles, ni ailleurs.

Maintenant on dit : Ces terrains sont beaucoup trop considérables. Le grand malheur ! Je suppose que quand la question de la station sera plus avancée qu'elle n'est, quand on sera tombé d'accord sur ce qu'il y a à faire, qu'on reconnaisse que 12 hectares, c'est trop, on les vendra àvee un grand bénéfice pour le trésor.

Ce n'est pas seulement pour établir des voies de raccordement qu’on a acheté ces terrains, c'est aussi pour établir un emplacement pour le garage des waggons de marchandises. Aujourd'hui il arrive 200 ou 300 waggons de houille tous les jours à la station de Bruxelles, le chef de la station est obligé, à certains moments, d'écrire à son collègue de Braine de ne pas diriger de nouveaux waggons de houille sur Bruxelles, parce que la station est encombrée de matériel. Les industriels qui ont à opérer le déchargement de leurs waggons et à qui on n'accorde pour cela que six heures, ne trouvent pas moyen de faire le déchargement.

Il est de toute nécessité, puisque le chemin de fer est devenu si important au point de vue des produits pondéreux, d'établir un emplacement pour opérer le déchargement avec sécurité.

Quant au transfert de la station des voyageurs seulement ou de la station des marchandises et des voyageurs, la question n'est pas résolue ; elle reste ce qu'elle était il y a plusieurs mois, avant l'acquisition de ces terrains. Quelle autre déclaration les honorables membres peuvent-ils exiger de moi ? Quand on aura examiné non ce qu'il importe de faire dans l'intérêt non de tel ou tel quartier voisi, mais ce qu'il importe de faire au point de vue de l'intérêt général, on changera d'avis et on reconnaîtra que la situation actuelle est déplorable.

La station intérieure peut causer de nombreux accidents, les voyageurs sont obligés de s'arrêter à Bruxelles ; ils ne peuvent pas continuer sur la ligne de l'Est ou de l'Ouest ; il serait désirable qu'on pût leur permettre de passer outre et d'aller de Paris à Cologne sans rompre charge.

- Plusieurs voix. - La clôture !

M. de La Coste. - Je demande la parole.

Avant que la discussion ne soit close je prierai M. le ministre, qui a eu la complaisance de répondre à tout le monde, d'avoir la bonté de me répondre un mot.

M. Allard. - Quand on a ouvert la discussion générale, on a engagé les membres qui auraient des observations à faire sur les articles à attendre pour les présenter qu'on en fût à ces articles, et maintenant qu'on en est aux articles on demande la clôture.

M. le président. - Il s'agit de la discussion sur le chapitre.

M. Allard. - J'ai à parler sur 5 ou 6 articles ; si la discussion sur le chapitre est close, je serai obligé de demander cinq ou six fois la parole.

- La Chambre est consultée. La clôture n'est pas prononcée.

M. Allard. - Tout le monde est d'accord pour demander que le gouvernement fasse tout ce qui est en son pouvoir pour faire produire au chemin de fer ce qu'on a droit d'en attendre. Le matériel est insuffisant, c'est un fait reconnu par tout le monde. L'honorable M. Malou disait hier que le gouvernement devrait faire construire le plus possible de locomotives et laisser aux compagnies industrielles la construction de waggons qui pourraient circuler sur le chemin de fer de l'Etat.

L'Etat ferait ainsi ce que les maîtres de poste font maintenant : on se présente avec sa chaise de poste et les maîtres de poste ne se refusent pas à la transporter parce qu'elle ne leur appartient pas ; que le gouvernement fasse la même chose pour les waggons des sociétés industrielles. J'appellerai l'attention de M. le ministre des travaux publics sur une amélioration qu'il pourrait introduire immédiatement, c est de permettre aux waggons de l'Etat de circuler sur les lignes particulières. Ainsi, maintenant encore, (et l'an dernier j'ai fait connaître ce fait à M. le ministre), maintenant on ne laisse pas venir les waggons de l’Etat (page 398) de la station de Managc aux fosses du bassin du Centre, qui ne se trouvent qu'à une lieue ou une lieue et demie de cette station. Il faut deux fois plus de temps pour charger les waggons par chariots dans la station de Manage que s'ils étaient chargés aux charbonnages.

Il y a encombrement à cette station ; il y a perte de temps pour les charbonniers, et il y a une augmentation de 9 fr., par waggon, que le consommateur est obligé de payer.

Vous voyez que le transport par chariots, jusqu'à la station, coûte fort cher, et le charbon perd de sa qualité, parce qu'il doit subir plusieurs chargements et déchargements. Quand le waggon, au contraire, arrive à la fosse, le charbon y est versé directement du cuffat, il ne se brise pas, et il ne subit pas de perte ; il est, en outre, expédié beaucoup plus promptement.

M. le ministre disait, l'an dernier ;

« C'est aux sociétés concessionnaires d'avoir un matériel plus considérable. »

Mais, messieurs, la société concessionnaire de Mons à Manage a mille waggons et l'Etat en a tout au plus 2,500.

Les waggons de cette société ne parcourent que 7 à 8 kilomètres sur sa ligne, tandis que sur la ligne de l'Etat ils parcourent 300 à 400 kilomètres, et l'Etat ne laisse pas venir ses waggons sur cette ligne, tandis qu'elle retient sur les siennes, trois ou quatre jours, ceux de la compagnie.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - La compagnie ne le permet pas.

M. Allard. - Mais elle est toujours en instance auprès de vous, pour que vous l'autorisiez. Du reste, vous avez ce pouvoir ; il y a certains pouvoirs que la compagnie nous dénie avec raison, non seulement cette compagnie, mais aussi la compagnie du Nord. Vous nous servez des waggons de ces compagnies, lorsque vous n'avez pas le droit de vous en servir.

Vous avez 42 heures pour ramener les waggons de Manage pour Bruxelles ; il vous faut 5 à 6 heures pour y arriver ; au lieu de les renvoyer de suite à Manage, vous les envoyez à Charleroi, les faisant passer ainsi vis-à-vis de Manage, pour les faire charger de fonte que vous ramenez à Bruxelles, tout cela avec des waggons qui appartiennent à la compagnie, et sans l'indemniser. Que faites-vous des waggons de la compagnie du Nord, envoyés de Quiévrain à Charleroi pour charger du coke ? Vous vous en servez au profit de l'Etat, vous les envoyez à Charleroi charger de la fonte qu’ils vont décharger à la Louvière, puis ils retournent à Charleroi charger le coke ; ainsi vous avez fait faire un voyage à ces waggons, au détriment de cette compagnie, vous avez donc le pouvoir de vous servir des waggons des compagnies au détriment de ces compagnies et des sociétés charbonnières du Centre qui ne peuvent charger que sur ces waggons.

Les sociétés du bassin du Centre réclament incessamment du matériel et, loisqu'il y aura des gelées, je ne sais pas ce que l’on fera de marchandises qui se transportent maintenant en grande quantité par les canaux ; on charge tous les jours 50 bateaux sur le canal, il faudrait 800 waggons pour transporter cette masse énorme de charbon.

M. Rodenbach. - Messieurs, je dois faire une observation sur la réduction accordée pour le transport des comestibles tels que beurre, œufs etc., destinés à l'étranger. De Tournai à Anvers le tarif est de 1 fr. 55 c. par 100 kilog., la réduction est de 58 c, dcsorttfqu'il ne reste à l'administration que 97 c. pour le transport à l'extérieur de denrées alimentaires dont le pays a si grand besoin. Je ne demande pas qu'on prohibe l'exportation de ces denrées, mais je demande qu'on ne l'encourage pas au moyen de primes. Si je suis bien informé, un seul spéculateur réalise, pour chaque expédition qu'il fait de Tournai à Anvers, un bénéfice de plusieurs centaines de francs, que le gouvernement doit lui rembourser. Je recommande à M. le ministre des travaux publics de faire cesser cette mesure qui favorise l'étranger au détriment de nos populations et qui est d'autant plus incompréhensible que nous sommes en déficit.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - J'avais oublié, messieurs, de rencontrer les observations de l'honorable M. de La Coste. L'honorable membre a demandé d'abord au gouvernement quand il pense pouvoir autoriser l'exploitation de la ligne de Louvain à Wavre. Messieurs, les travaux sur cette ligne sont très avancés ; la compagnie s'est déjà adressée au gouvernement, à l'effet d'obtenir l'autorisation de mettre en exploitation. Il y a peu de jours, j'ai reçu le rapport de l'ingénieur en chef du Brabant, qui me rend compte de la visite qu'il a faite sur cette ligne et des ouvrages qui devraient encore y être exécutés. Je me propose d'examiner tout spécialement cette affaire, et, s'il est possible de satisfaire aux vœux des localités que cette ligne doit desservir, je n'aurai rien de plus empressé que d'autoriser l'exploitation.

Le deuxième objet des observations de l'honorable M. de La Coste concerne l'organisation des express-trains.

L'honorable membre a semblé croire que c'est une obligation pour l'administration de composer ces trains d'une seule classe de voitures ; c'est une erreur : la loi laisse à cet égard toute latitude à l'administration. J'examinerai s'il ne conviendrait pas d'ajouter à ces trains une voiture toute spéciale, pour parer à l'inconvénient signalé par l'honorable député de Louvain, sauf à faire payer pour cette voiture le prix de la première classe.

L'honorable M. Rodcnbach vient d'entretenir la Chambre d'un objet sur lequel l'honorable M. Allard avait déjà appelé l'attention du gouvernement. La différense de tarif dont il s'agit provient d'un fait tout simple, mais l'administration a le pouvoir de le faire disparaître. Il y a plusieurs années, dans le but de favoriser le transit sur le chemin de fer, on a admis un péage réduit pour certains produits du pays. C'est ainsi que les articles auxquels les honorables membres ont fait allusion, ont été rangés, lorsqu'on les expédie à l'étranger, dans une catégorie favorisée. Dans le tarif intérieur, on a introduit, au contraire, des changements qui ont eu pour résultat de relever les tarifs. De là l'anomalie signalée.

Il en est résulté que les mêmes produits, quand on les expédie d'une station de l'Etat à une autre station de l'Etat, payent un prix de... tandis que les mêmes articles expédiés d'une station de l'Etat vers une station de l'étranger, jouissent d'une sorte de prime.

Je me propose de prendre prochainement une mesure qui fera disparaître cette anomalie.

L'honorable M. Allard a pensé que c'était l'administration qui se refusait à expédier son matériel sur la ligne de Mons à Manage. Le fait est si peu exact que lorsque l'administration a adjugé la fourniture du coke, elle a eu les plus grandes peines du monde à obtenir de la compagnie qu'elle chargeât, elle administration, le coke sur ses propres waggons ; la compagnie n'a autorisé le chargement de ce coke sur le matériel appartenant à l'Etat que parce qu'elle n'avait pas de waggons à coke ; mais alors que la compagnie se relâcherait de cette sévérité qui est, je pense son droit, ce serait une question de savoir si c'est notre intérêt de lui venir en aide ; car tous le transports se font de Manage vers Bruxelles, il n'y a pas pour ainsi dire de transports de Bruxelles vers Manage, de manière que si l'administration envoyait son matériel sur cette ligne, les waggons devraient aller à vide.

L'honorable M. Mercier a rappelé hier au gouvernement les engagements qu'il avait pris vis-à-vis de la législature, en ce qui concerne la section du chemin de fer vers Wavre. D'après le cahier de charges de 1846, le chemin de fer de Bruxelles à Wavre devait rejoindre à Wavre le chemin de fer de Louvain à la Sambrc. La direction de Bruxelles à Wavre était donc obligatoire ; celle sur Ottignies était facultative ; la direction générale de Bruxelles à Wavre résultait de la loi de 1846, mais le tracé n'y était pas indiqué ; c'est donc à bon droit que le gouvernement a pu en 1851 et en 1852 s'arrêter à un tracé autre que celui qui résultait de l'espèce d'avant-projet de 1846. Ce tracé de Bruxelles à Wavre constitue donc, je le répète, une obligation formelle de la part de la compagnie du Luxembourg ; la compagnie l'a compris, puisqu'elle a soumis à l'administration le projet de la section vers Wavre ; je veillerai à ce que cette obligation soit rigoureusement accomplie.

M. Vermeire. - Messieurs, je ne comprends pas la persistance que met M. le ministre des travaux publics à soutenir que dans mon discours d'hier j'aurais nié l'influence des tarifs actuels sur les recettes du chemin de fer. Voici ce que j'ai dit :

« De ce qu'au point de vue du trésor, ce tarif donne des résultats satisfaisants, s'eusuit-il qu'à celui du commerce et de l'industrie il en soit de même ? S'ensuit-il que, simplifié, le tarif ne puisse fournir les mêmes résultats quant aux recettes ? »

Je n'ai donc pas tiré en doute les résultats obtenus par le tarif actuel, mais j'ai soutenu qu'on pourrait obtenir des recettes aussi productives par un tarif simplifié.

Je ne veux plus rentrer dans le débat : la Chambre a hâte d'en finir ; mais, comme l'assemblée est saisie d'un projet de loi et que la section centrale a déposé son rapport, je me réserve, lors de la rentrée, d'en demander la mise à l'ordre du jour.

M. Lesoinne.- Messieurs, je n'ai que quelques mots à dire à l'appui du fait qu'est venu alléguer tout à l'heure l'honorable M. Allard, au sujet de la défense faite par l'Etat à ses waggons d'aller charger sur les lignes concédées, quand des établissements se trouvent situés sur ces lignes. Voici ce qui s'est passé chez nous l'année dernière :

Les sucreries et quelques établissements de Verviers sont venus à manquer de charbon par suite du défaut de matériel ; pour remédier à cet état de choses, ils ont dû louer des waggons ; ces waggons étant loués, on voulait les envoyer, pour les charger, aux houillères qui sont situées en amont de Liège, sur le chemin de fer de Liège à Namur ; l'administration du chemin de fer de l'Etat les en empêcha, disant, pour motiver cette mesure : « Nous n'avons pas assez de matériel pour nos besoins ; nous ne pouvons pas permettre à nos waggons d'aller sur les lignes concédées. » On leur permettait seulement de les faire remplir par axe. Il est une de ces houillères, entre autres, qui est située à 800 mètres de la station des Guillemins ; pour venir charger par le chemin de fer de Namur, cela coûterait aux industriels 80 centimes par waggon, et ils étaient chargés en un quart d'heure de temps ; mais par axe, cela leur coûtait fr. 8 50 et prenait cinq à six heures, ce qui constituait une perte énorme pour ces industriels et en même temps pour le gouvernement, qui avait intérêt à rentrer le plus tôt possible en possession de son matériel pour le faire circuler. Eh bien, sous prétexte de se conformer à un règlement qui avait été établi probablement sans réflexion, on avait pris cette mesure que je vous laisse le soin de qualifier.

Les industriels ont insisté : le gouvernement a fini par se rendre à leurs réclamations ; et je dois dire que les sociétés ne s'opposaient pas à ce que le matériel du gouvernement circulât sur leurs lignes ; elles le demandaient même, parce qu'elles y avaient intérêt.

(page 399) Je suis entré dans ces détails pour corroborer ce qu'a avancé l’honorable M. Allard ; il est à espérer que ces faits, qui sont injustifiables, ne se renouvelleront pas.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Messieurs, l'observation de l'honorable M. Lesoinne est exacte, mais celle de l'honorable M. Allard ne l'est pas.

M. Allard. - Vous avez dit le contraire l'année dernière.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Pardon ; je puis certifier que l'année dernière la compagnie de Manage ne permettait pas à nos waggons de charger la houille à ses stations ; cela est tellement vrai, que si elle avait eu des waggons à coke, elle se serait refusée à laisser charger chez elle le coke fourni à l'administration à la suite d'une adjudication.

Pour ce qui est de la ligne de Namur à Liège, la compagnie est dans une situation différente ; une foule d'établissements industriels lui livrent leurs produits ; mais comme ceux-ci n'effectuent qu'un très petit parcours sur la ligne concédée, le matériel de la compagnie n’est pas toujours mis régulièrement à la disposition de ces établissements ; de là des difficultés et des conflits.

- La discussion est close sur le chapitre.

Section I. Voies et travaux
Article 61

« Art. 61. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 179,160. »

- Adopté.

Article 62

« Art. 62. Salaires des agents payés à la journée : fr. 1,236,400. »

M. de Brouwer de Hogendorp. - J'ai l'honneur de proposer l’amendement suivant :

« Le crédit pour salaires sera augmenté de 80,000 fr., répartis comme suit : article 62, 30,000 fr., article 66, 20,000 fr., article 72. 20,000 fr., article 77, 400 fr. et article 80, 600 fr. »

Messieurs, la cherté des subsistances produit un effet bien affligeant ; c'est qu'alors précisément que les besoins de l'ouvrier sont les plus grands, son salaire ordinairement s'abaisse. Quoi qu'on fasse, il n'y a pas de remède à ce mal. Ni le législateur, ni le maître, ni l'ouvrier ne sauraient changer les conditions qui règlent le prix du travail.

Quand la vie devient chère, la consommation diminue et avec cette diminution la production se resserre ; on travaille moins, on file moins, on tisse moins, on forge moins, on ajuste moins, on fait moins de toute chose. Qu'arrive-t-il alors ? Le nombre des ouvriers n'est plus en rapport avec la demande, l'équilibre entre l'offre et la demande est rompu et il s'ensuit que le salaire baisse.

L'ouvrier alors, en vendant son travail à meilleur marché, est condamné à manger moins, à se chauffer moins, à se vêtir moins ou, ce qui est bien plus malheureux encore, si le salaire qu'on lui offre ne lui suffit pas pour se procurer le strict nécessaire, il est réduit à avoir recours à la charité publique ou privée.

Celte situation déplorable a été la cause d'accusations bien injustes, à mon avis, contre l'entrepreneur d'industrie. Assurément le maître gémit autant et plus que le philanthrope le plus sensible sur ces misères ; mais que peut-il faire ? Le prix de la vente a parlé ; dès lors il est obligé, sous peine de voir détruire entre ses mains ce capital qui lui donne le pouvoir de rémunérer le travail, il est obligé, dis-je, de réduire les frais de sa production, de moins rétribuer l'ouvrier ou de fermer l'atelier.

Grâce à Dieu ! nous sommes, en grande partie, restés affranchis des maux dont la crise alimentaire nous menaçait ; grâce à Dieu ! malgré la longue durée de la crise que nous traversons, le travail n'a pas cessé dans nos principaux centres industriels, il ne s'est pas même ralenti, et j'ose dire que le salaire s'y est relevé. Il n'en est pas malheureusement ainsi partout ; il est des localités où les souffrances de la classe ouvrière ont été et sont encore très grandes ; il y a de grandes misères dans nos campagnes, il y a des misères extrêmes dans nos villes parmi les ouvriers qui appartiennent à l'industrie parcellaire, les manouvriers, les maçons, les menuisiers, les cordonniers et autres, et c'est pour ceux-là qu'on peut dire justement que leur salaire n'est plus en rapport avec le prix des subsistances.

Mais, je l'ai déjà dit, nous ne pouvons rien pour améliorer sous ce rapport la situation de l'ouvrier de l'industrie privée ; nous avons fait depuis le commencement de cette session tout ce qui était en notre pouvoir pour lui rendre la vie moins chère ; mais quant à son salaire, nous sommes sans action à cet égard : le salaire ne peut pas être réglé législalivement.

Messieurs, si nous ne pouvons rien pour l'ouvrier qui appartient à l'industrie privée, il n'en est pas de même en ce qui concerne l'ouvrier que l'Etat a à sa solde en qualité d'entrepreneur d'industrie, et c'est spécialement en faveur de cette catégorie que j'ai eu l'honneur de vous présenter mon amendement.

Et d'abord, je dois vous prémunir contre une idée fausse qui a généralement crédit, c'est que l'ouvrier de l'Etat serait mieux traité que celui de l'industrie privée. Il n'en est rien : l'Etat ne paye pas plus largement ses ouvriers que l'entrepreneur d'industrie qui, se trouvant en l'ace de la concurrence, a besoin de payer le travail au plus bas prix possible. Nous avons sur nos routes, dans nos gares, dans nos ateliers, des ouvriers dont le salaire n'est pas de plus de 1 fr. 20 à 1 fr. 80 et c'est pour une rémunération aussi faible qu'ils se livrent à un travail pénible qui n'est quelquefois pas de moins de 16 heures par jour.

Est-il possible, je vous le demande, messieurs, que l'ouvrier subsiste avec un pareil salaire ? Est-il possible qu'il se procure pour lui-même une nourriture suffisante pour entretenir ses forces, qu'il donne du pain à sa femme et à ses enfants ? Aussi n'est-ce pas à titre de charité que je vous engage à faire quelque chose pour le malheureux travailleur ; ce n'est pas une aumône que je demande pour lui ; je respecte trop pour cela la dignité de l'ouvrier ! Ce que je veux, c'est qu'il obtienne une rémunération de son travail telle, qu'il puisse réparer ses forces épuisées, qu'il puisse en retour vous fournir un travail utile. Ma demande est une demande d'équité et, plus encore, une demande d'intérêt bien entendu.

Au surplus, ce que je vous engage à faire, messieurs, n'est pas nouveau. L'hiver dernier, M. le ministre, aux sentiments d'humanité de qui je rends hommage autant qu'à son intelligence, a résolu de venir au secours des agents du chemin de fer dont le salaire ne s'élevait pas au-dessus de 2 fr. Partout les compagnies ont eu et ont encore recours à des mesures semblables.

Les administrateurs des compagnies de Rouen, du Havre et de Dieppe ont décidé qu'à dater du 1er novembre 1853 et jusqu'à nouvel ordre, il serait accordé aux agents mariés dont le traitement ne dépasse pas 1,500 fr., et aux employés célibataires dont le traitement ne dépasse pas 1,200 fr. une indemnité mensuelle destinée à ramener le prix du pain à 35 c.

D'après les mesures arrêtées par ces compagnies, un père de famille ayant sa femme et six enfants, en supposant qu'il paye le pain, dans la localité où il réside, 45 c. le kil., reçoit une indemnité mensuelle de 15 fr. 60 c.

La société du chemin de Strasbourg à Bâle a réparti ses employés et ses ouvriers dont le traitement ou le salaire ne dépasse pas 1,200 fr., en trois catégories, et elle distribue à la première catégorie des bons de pain de 30 c, à la deuxième de 25 c. et à la troisième de 20 c. ; elle leur accorde, en outre, des soulagements en ce qui concerne le chauffage.

L'initiative de toutes ces mesures a été prise par le chemin de fer du Nord, qui avait décidé qu'il serait accordé à ceux de ses employés qui ont de faibles traitements, une indemnité de 10 p. c.

Ce que font les compagnies étrangères et ce qui a été fait l'année dernière chez nous doit être fait aujourd'hui. La mesure est devenue d'autant plus indispensable que le malheureux qui, jusqu'ici, est parvenu à payer ses subsistances en faisant le sacrifice de ses vêtements, de son petit mobilier, est à ce jour à bout d'expédients. La ressource du mont-de-piété elle-même fait défaut.

Je me flatte donc, messieurs, que vous accueillerez favorablement mon amendement.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Je regrette de ne pouvoir me rallier à l'amendement que vient de déposer l'honorable préopinant. Ce n'est pas que le gouvernement éprouve moins de sympathie que la législature pour la situation fâcheuse de tous les ouvriers, pas seulement du chemin de fer, mais de toutes les administrations. Mais c'est parce que je crois que sous le bénéfice de la déclaration faite par le gouvernement et consignée dans le rapport de l'honorable M. Desmaisières, à propos de l'amendement de l'honorable M. Coomans, je crois que cet amendement serait prématuré, et qu'il vaut mieux laisser au gouvernement le soin d'examiner la situation dans son ensemble, la mesure qu'il convient de prendre relativement aux agents subalternes et aux ouvriers, et que la Chambre, moyennant cette déclaration, peut ne pas donner suite à l'amendement de l'honorable M. de Brouwer.

M. Vander Donckt. - Je commence par déclarer que, moi aussi, j'ai tout autant de sympathie pour la classe ouvrière que l'honorable préopinant. Mais je doio faire une réflexion : si l'on accorde une augmentation de salaire aux ouvriers du chemin de fer, aux facteurs des postes, etc., comment concilier cette situation avec celle de la classe ouvrière en général ? Notez qu'il ne s'agit que d'une partie bien minime de la classe ouvrière, alors que la classe ouvrière, en général, est dans une gêne très forte.

Je ne comprendrais pas comment ou voudrait établir un privilège pour une catégorie d'ouvriers au préjudice de toutes les autres. Ou vous devez prendre des mesures pour la généralité de la classe ouvrière, ou vous ne devez pas en prendre en faveur d'une classe qui a une position privilégiée que tout ouvrier voudrait occuper ; car M. le ministre des travaux publics est constamment obsédé de demandes qui ont pour objet l'obtention des places, soit dans les postes, soit dans le chemin de fer.

Je vous le demande, quelle est la condition de l'ouvrier des campagnes et de celui qui travaille pour l'industrie privée ? Leurs souffrances sont bien autrement grandes car l'ouvrier qui travaille pour les particuliers est souvent obligé de chômer, tandis que celui qui est employé par le gouvernement a sa journée constante pendant toute l'année, et c'est un immense avantage. J'admets que le gouvernement n'est pas en position de soulager le malaise général ni d'augmenter le salaire, de tous les ouvriers, mais s'il ne peut prendre une mesure générale, il doit s'abstenir de créer des privilèges en favorisant une catégorie d'ouvriers au préjudice de la généralité de la classe ouvrière.

(page 400) L'observation de l'honorable M. de Brouwer est encore inexacte sous d'autres rapports. Un ouvrier ne peut, dit-il, avec un salaire d'un franc et des centimes suffire à l'entretien d'un ménage composé d'une femme et de six enfants.

Mais il faut ajouter que la femme et les enfants ont aussi des moyens de gagner quelque pécule, de réaliser de légers bénéfices, s'ils veulent s'utiliser pour concourir à l'entretien du ménage.

Voilà pourquoi je ne puis adopter l'amendement.

M. le président. - Je crois qu'une discussion serait prématurée après la déclaration de M. le ministre des travaux publics.

M. de Brouwer de Hogendorp. - Je ne dirai que deux mots. D'abord, je suis complètement satisfait de la déclaration que M. le ministre vient de faire. Je n'ajouterai qu'un mot en réponse à ce qui a été dit par l'honorable M. Vander Donckt. J'ai déclaré, dans le petit discours que j'ai prononcé tout à l'heure, que la législature n'a aucune action sur les salaires. Il ne dépend pas de nous d'élever les salaires des ouvriers de l'industrie privée.

Mais l'Etat aussi est entrepreneur d'industrie.

Il serait souverainement injuste qu'il ne fît rien en faveur des ouvriers qui sont à sa solde.

J'ai dit qu'il ne s'agissait pas seulement d'une question d'humanité, qu'il s'agissait aussi de l'intérêt bien compris du trésor, parce que l'ouvrier est mieux en état de bien remplir sa tâche quand il est bien payé, quand il prend une bonne nourriture, que quand il ne peut subvenir à ses besoins de première nécessité.

M. le président. - Par suite de la déclaration de M. le ministre des travaux publics, l'amendement est retiré.

- L'article 62 est adopté avec le chiffre de 1,250,000 fr.

Articles 63 et 64

« Art. 63. Matériaux, engins, outils et ustensiles : fr. 1,360,000. »

- Adopté.


« Art. 64. Travaux et fournitures : fr. 466,000. »

- Adopté.

Section 2. Traction et arsenal
Articles 65 et 66

« Art. 65. Traitements et indemnités des fonctionnaires .et employés : fr. 118,060. »

- Adopté.


« Art. 66. Salaires des agents payés à la journée : fr. 1,570,000. »

- Adopté.

Article 67

« Art. 67. Primes d'économie et de régularité : fr. 40,000. »

M. Dumortier. - J'approuve beaucoup les primes de régularité ; je voudrais qu'elles amenassent le résultat pour lequel elles sont instituées : la régularité ; or il est un fait incontestable, c'est que rien n'est plus irrégulier que l'arrivée et le passage des convois. Quand on voyage sur la ligne française, on arrive avec une régularité parfaite. Il y a en dehors de la station une horloge où l'on peut vérifier qu'on arrive à la minute. Ici au contraire nous sommes toujours en retard d'un quart d'heure ou d'une demi-heure, quelquefois davantage.

A quoi bon porter au budget des primes de régularité si elles n'amènent pas la régularité ? Je les approuve en principe ; mais à en voir le résultat, j'en demanderais volontiers la suppression.

Je crois qu'on ferait mieux d'avoir des primes d'irrégularité ; car rien n'est plus irrégulicr que nos convois. Je vois de tous côtés des signes affirmartifs, cela se conçoit ; car tout le monde a pu apprécier comme moi l'irrégularité du service.

Puisque j'ai la parole, je demanderai au gouvernement de vouloir bien faire en sorte que les convois, sur le chemin de fer du Midi, soient organisés d'une manière plus convenable. Je ne sais pas pourquoi l'on a supprimé depuis un an le convoi partant de Bruxelles à 4 heures et demie et arrivant à Tournai à 9 heures. Nous sommes maintenant aux plus courts jours de l'année et le seul convoi du soir que nous ayons part de Bruxelles à 7 heures et arrive à Tournai à 10 heures et demie, 11 heures, quelquefois plus tard.

Je demande si c'est une heure convenable pour arriver dans une ville de province.

J'en informe la Chambre, parce que toutes les réclamations qu'on adresse à l'administration sont sans résultat.

Il semble que ce soit de sa part un parti pris de se mettre au-dessus de la Chambre.

Je dis qu'un pareil état de choses est nuisible au trésor public : je vais en donner une preuve. Depuis quatre semaines je ne suis pas retourné chez moi, parce que l'heure de l'arrivée est trop incommode. C'est pour l'Etat une perte d'une soixantaine de francs. Mes honorables collègues, notamment l'honorable M. Allard, sont dans le même cas.

Je cite des exemples pour faire voir que les recettes du trésor public ne se font pas comme elles devraient se faire.

Faire arriver dans les provinces des convois qui y parviennent à dix heures et demie ou onze heures, c'est réellement ridicule.

Je demande donc que le gouvernement prenne des mesures pour faire rentrer les convois dans l'ordre normal, qui avait été établi autrefois et qui valait beaucoup mieux. Sur la ligne du Nord, les convois pour Liège, pour Anvers, pour Gand et pour Bruges sont coordonnés dans l'intérêt des voyageurs. Ici ils semblent coordonnés contre l'intérêt des voyageurs, contre la circulation. Or, messieurs, ce n'est pas le nombre des convois qui engendre les recettes ; c'est un choix heureux des heures favorables pour les départs et pour les arrivées.

Messieurs, je signale les faits à M. le ministre des travaux publics en le priant d'y porter remède. On ne peut continuer à priver telle ou telle ligne de convois du soir pour les remplacer par des convois de nuit.

Quant au chiffre en discussion, je demande, si la Chambre vote les fonds, qu'il y ait des mesures prises pour avoir de la régularité dans les convois. Car dans l'état actuel des choses, il n'y en a aucune ; au moins sur les lignes que je parcours, il n'y en a pas.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - L'honorable M. Dumortier pense que si l'on faisait droit à la réclamation qu'il vient de porter devant la Chambre, il n'y aurait plus de réclamations et surtout de la part des honorables députés dont, paraît-il, les réclamations ne sont pas bien accueillies. Eh bien, je puis certifier à l'honorable membre que si je faisais droit à ses réclamations, tout aussitôt il y en aurait qui partiraient d'une autre localité sur la même ligne.

Ainsi l'honorable M. de Sécus est très satisfait de l'heure du départ du convoi du soir, et si elle était changée, je suis persuadé que ce serait l'honorable M. de Sécus qui se plaindrait.

Messieurs, on part à 6 h. 45 m. de Bruxelles, pour arriver à Tournai à dix heures ou dix heures et quart, l'honorable M. Dumortier trouve que c'est un convoi de nuit. Mais je suis convaincu que beaucoup d'habitants de Tournai ne pensent pas comme lui ; beaucoup sont heureux de partir le matin de Tournai, de pouvoir faire toutes leurs affaires a Bruxelles et de rentrer chez eux à dix heures.

Mais il y a une autre observation : on doit voir l'ensemble de la situation. Rien de plus facile que de dire : Faites partir votre convoi pour Tournai à cinq heures ou cinq heures et demie. Mais il y a d'autres localités qui demandent aussi à être satisfaites. Il en est une notamment qui est plus éloignée de Bruxelles que Tournai : c'est Namur. Si l'on avançait l'heure du convoi pour Tournai qui part aujourd'hui à 6 h. 45, il faudrait reculer l'heure du convoi pour Namur. Aujourd'hui le convoi de Namur part avant celui de Tournai, et cela est rationnel ; Namur est plus éloigné de Bruxelles que Tournai. Si l'on fait droit aux réclamations de l’honorable M. Dumortier, il faudra que ce soit le convoi de Namur qui parte plus tard, et il n'arrivera à sa destination qu'à 11 heures et demie.

M. Dumortier. - Cela est complètement inexact.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Le convoi de Namur part aujourd'hui avant le convoi de Tournai.

M. Dumortier. - Qu'est- ce que ces deux convois ont de commun ?

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - On ne peut mettre les deux convois dans un seul, sous peine de faire attendre les voyageurs en destination pour la ligne de Namur.

Du reste, messieurs, une preuve que l'heure du départ du convoi de Tournai n'est pas mal choisie, c'est la quantité de voyageurs qui le prennent. Il s'en faut de beaucoup que ce convoi soit délaissé ; il est au contraire très productif.

Quant à la régularité de la marche des convois, je reconnais qu'on est loin d'avoir toute satisfaction à cet égard. Cependant, je dois faire une double observation : la première, c'est qu'il n'est peut-être pas d'exploitation plus difficile que celle de notre réseau, précisément parce qu'il décrit un demi-cercle. On arrive de la ligne du Nord à celle du Midi, en prenant par Gand, comme on arrive de la ligne du Midi à celle du Nord. Toutes les localités sur ses lignes demandent à avoir des coïncidences. D'autre part, à tous moments, il y a des croisements de ligne, des coïncidences. On est bien obligé, si l'on ne veut pas avoir un service trop onéreux, de faire attendre les convois aux points de coïncidence, et il suffit du moindre retard sur l'un des points d'embranchement pour que les convois de toute la ligne s'en ressentent. Ainsi si, par une circonstance particulière, il se produit un retard sur la ligne de Landen à Hasselt, les convois en destination d'Ostende, en destination de Courtrai, en destination d'Anvers peuvent se ressentir de ce retard.

Enfin, messieurs, on juge souvent de nos convois par la manière dont on voyage à l'étranger. Mais souvent pour aller à l'étranger, nous prenons les convois directs. Nous allons, par exemple, à Paris, par les trains-express, qui n'ont pas de causes de retard. Mais si l'on prenait les convois de l'intérieur, les convois de localité, je voudrais entendre les honorables membres s'expliquer sur la marche de ces convois. Cette marche est souvent très irrégulière ; j'en ai fait moi-même l'expérience à plusieurs reprises.

M. Dumortier. - M. le ministre s'est jeté dans des combinaisons tout à fait étranges. Si, dit-il, le convoi pour Tournai partait plus tôt, le convoi pour Namur devrait partir plus tard et n'arriverait qu'à onze heures. Mais qu'est-ce que le convoi de Tournai a de commun avec le convoi de Namur ? Vous pouvez faire partir l'un de ces deux convois cinq minutes après l'autre ; et tout sera dit. Votre argument n'a donc aucune valeur.

Messieurs, veuillez remarquer que par la combinaison actuelle des convois, la circulation sur toute la ligne du Midi est entravée. Tournai a des relations très suivies avec Mons. Je suppose que vous ayez à aller de Tournai à Mons pour consulter la députation permanente, pour parler au gouverneur, vous voilà retenu à Mons jusqu'à huit heures du soir. Que voulez-vous que l'on y fasse ? Rester dans les cabarets (page 401) pendant une demi-journée ? Ce n'est pas ainsi que l'on organise des convois. Il faut organiser les convois pour les voyageurs et de manière à avoir le plus grand nombre de voyageurs possible.

On dit que les convois qui partent de Bruxelles à 6 h. 45 m. contiennent beaucoup de voyageurs. Il est évident que l'on doit partir par un convoi quelconque. Mais il n'en est pas moins vrai que vous auriez plus de voyageurs si vos convois étaient mieux organisés ; car aux voyageurs d'aujourd'hui, vous ajouteriez ceux qui ne voyagent pas, par suite de la mauvaise organisation des convois.

Mon honorable ami, M. le baron de Sécus a très bon dos ; c'est pour lui qu'on fait partir les convois à 6 h. 45 m. Moi qui habite Tournai, et qui vois beaucoup de monde, j'entends qu'on se plaint toujours de ce que les convois arrivent à une heure pareille. Mais nos plaintes ne sont rien ; on n'en tient aucun compte. Je demande à M. le ministre, si l'on agissait de la sorte sur d'autres lignes, ce que diraient les honorables députés de Liège, ce que diraient les députés de Gand, les députés d'Anvers. Mais de la ligne du Midi, on ne s'en occupe guère ; on la délaisse complètement.

Je dis, messieurs, que le gouvernement n'a pas le droit de supprimer les convois du soir, pour les remplacer par des convois de nuit, et que des convois partant à sept heures du soir, sont de véritables convois de nuit.

Maintenant un de mes honorables collègues de Charleroi me disait encore dernièrement : « Quand j'arrive à Charleroi, il est 9 heures du soir ; je suis à une lieue de Charleroi ; j'ai une lieue à faire dans la boue. » Je demande, messieurs, qu'on révise tout cela et qu'on rentre dans les règles anciennes : anciennement personne ne se plaignait. Maintenant qu'a-t-on fait ? On a tenu compte de quelques petites réclamations et on a sacrifié la marche des grands convois. Eh bien, je dirai à M. le ministre des travaux publics ce que nous savons tous, que « quand on veut contenter tout le monde et son père », on ne satisfait personne.

M. de Theux. - Messieurs, depuis l'établissement des convois de vitesse, on se plaint dans beaucoup de localités que le service des autres convois se fait extrêmement mal, et la province de Limbonrg, qui n'a pas un seul convoi de vitesse, a particulièrement à se plaindre sous ce rapport. On a cru trouver de grands bénéfices dans les convois de vitesse ; je doute que ce résultat ait été obtenu, car ces convois entraînent d'autre part une dépense assez considérable. Je crois que, si l'on revenait à l'ancienne organisation et si l'on imprimait aux convois, en général, une marche un peu plus accélérée, on s'en trouverait très bien.

- L'article 67 est adopté.

Articles 68 à 70

« Art. 68. Combustibles et autres consommations pour la traction des convois : fr. 1,776,000. »

- Adopté.


« Art. 69. Entretien, réparation et renouvellement du matériel : fr. 1,500,000. »

- Adopté.


« Art. 70. Redevances aux compagnies : fr. 275,000. »

- Adopté.

Section 3. Mouvement et trafic
Article 71

« Art. 71. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 806,500. »

M. de Brouwer de Hogendorp. - Je recommande à M. le ministre, dont je reconnais les sentiments de bienveillance pour les petits employés, de vouloir bien examiner sérieusement s'il n'est pas possible de revenir sur l'arrêté qui a été pris pour modifier le système d'après lequel les gardes-convois sont payés. Le nouveau système donne lieu à des plaintes très sérieuses et que, pour ma part, je trouve parfaitement fondée. Je prie M. le ministre de vouloir bien examiner très sérieusement cette question.

- L'article est adopté.

Articles 72 à 75

« Art. 72. Salaires des agents payés à la journée et manœuvres : fr. 1,066,400. »

- Adopté.


« Art. 73. Frais d'exploitation : fr. 286,000. »

- Adopté.


« Art. 74. Camionnage : fr. 240,000. »

- Adopté.


« Art. 75. Pertes et avaries : fr. 40,000. »

- Adopté.

Section 4. Télégraphes
Article 76

« Art. 76. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 70,000. »

M. Osy. - Messieurs, les télégraphes sont une de nos institutions qui rapportent le plus au trésor. La dépense du service, d'après le budget, monte à environ 105,000 francs et la recette s'élève de 260,000 à 280,000 francs. Dans le courant de l’année, le gouvernement a fait un petit changement en faveur de ceux qui envoient des dépêches télégraphiques ; il a permis d'expédier des dépêches de 25 mots au taux qui était perçu précédemment pour 20 mots. Mais, messieurs, je crois que le tarif est beaucoup trop élevé ; je parle du tarif pour l’intérieur, car pour l'extérieur nous avons des arrangements internationaux auxquels nous ne pouvons pas toucher ; quant à l'intérieur, je crois que si le gouvernement abaissait le prix des dépêches, il en résulterait ce qui est arrivé pour la poste, c'est qu'on obtiendrait la même recette qu'aujourd'hui et qu'on rendrait beaucoup plus de services au pays.

J'ai à faire au gouvernement une autre recommandation dont je l'ai déjà entretenu dans la discussion du budget des voies et moyens ; je voudrais qu'il examinât s'il n'y aurait pas moyen de créer pour les dépêches télégraphiques des timbres dans le genre des timbres-poste et que j'appellerais timbres-télégraphes ; ce système existe en Angleterre, et j'engage beaucoup le gouvernement à examiner s'il ne serait pas possible de l'introduire en Belgique. Cela faciliterait beaucoup l'envoi des dépêches, et le gouvernement y trouverait un grand avantage.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Messieurs, les recettes du service télégraphique, comme vient de le dire l'honorable M. Osy, comportent une somme de 275,000 fr. par an. Cctle recette provient d'abord de l'application du tarif au service international, en second lieu, du transit, et troisièmement de l'application du tarif à l'intérieur.

Une réduction du tarif ne peut s'appliquer qu'à l'intérieur, l'honorable M. Osy le comprend lui-même : quant au service international nous sommes d'abord liés par des conventions, et d'autre part, il est fort douteux que si l'on opérait une réduction les lignes qui touchent aux nôtres fussent en mesure de livrer passage aux dépêches plus nombreuses qui arriveraient ? Quant au transit, messieurs, de ce chef la Belgique a perdu une recette assez notable, et il ne faut pas s'en étonner : car lorsqu'on a ouvert le télégraphe sous-marin nous avions les dépêches expédiées d'Angleterre en Hollande et en Allemagne et de ces derniers pays en Angleterre. Aujourd'hui une concurrence existe, c'est celle du télégraphe sous-marin néerlandais, puis c'est la ligne de Strasbourg qui nous enlève une partie de ces dépêches, c'est là une perte qui était inévitable.

Quant au tarif de l'intérieur, je reconnais, messieurs, qu'il y a quelque chose à faire ; seulement il s'agit d'examiner jusqu'à quel point une réduction considérable serait possible. En effet, la première conséquence d'une forte réduction du tarif, ce serait l'augmentation du personnel, et ce serait l'établissement de nouveaux bureaux ; avec les appareils qui existent aujourd'hui, avec le personnel actuel, on ne pourrait pas suffire à l'affluence plus considérable de dépêches.

Maintenant j'examine la question au point de vue de la suppression de la double zone qui existe pour l'application des tarifs à l'intérieur. La Chambre sait, en effet, que lorsqu'on dépasse la distance de 75 kilomètres, la taxe est doublée. Je me suis fait rendre compte de l'influence que la suppression de cette double taxe pourrait exercer sur les recettes ; d'après des renseignements que j'ai sous les yeux, voici quel en serait le résultat :

Au mois d'octobre dernier, il a été transmis 1,190 dépêches à l'intérieur dans le rayon de 75 kilom. et au-dessous ; ces dépêches ont produit une recette de 2,975 fr. ; au-delà de ce rayon de 75 kilom., 264 dépêches ont été transmises et ont produit 1,320 fr. ; la recette ensemble, à l'intérieur, s'élève ainsi à 4,295 fr. Si ces dépêches avaient été transmises au prix de la taxe de la première zone, il y aurait eu de ce chef, sur le chiffre de la recette, une réduction de 660 fr. En appliquant ces chiffres à une année entière, on voit que le résultat total comporte une somme d'environ 51,540 fr. pour les dépêches à l'intérieur. Par l'application de la taxe uniforme, et pour le même nombre de dépêches, la recette seraiy réduite de 7,920 fr. ; de manière que le sacrifice ne serait que de cette dernière somme, en supposant que le mouvement n'éprouve pas d'accroissement L'administration peut donc, sans inconvénient, essayer cette dernière mesure qui, combinée avec celle dont a parlé l'honorable M. Osy, constituerait une double réduction.

M. Van Cromphaut. - Messieurs, depuis quelque temps des bureaux de télégraphie ont été établis dans certaines stations de troisième ordre, exclusivement au service de l'administration du chemin de fer. Je demanderai à M. le ministre des travaux publics s'il ne serait pas possible de mettre également ces moyens de correspondance au service du public.

Ce serait là accorder la même somme de bien à toutes les personnes qui désirent se servir de cette correspondance rapide à laquelle ont droit aussi bien les habitants des localités d'un ordre inférieur, que ceux des grands centres de population, dès qu'il ne doit en résulter aucun surcroît de dépenses pour l'Etat. Je me plais à croire que M. le ministre des travaux publics voudra bien prendre des mesures pour que cette faculté puisse être accordée partout où il existe un bureau de télégraphie pour le service du chemin de fer.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Messieurs, on étend successivement la faculté dont vient de parler l'honorable M. Van Cromphaut, mais on l'étend dans certaines limites. C'est ainsi que la chambre de commerce de Mons a demandé qu'il y eût un bureau à St-Ghislain ; l'administration a accédé à la demande comme elle accédera à toutes les demandes de ce genre, quand on ne veut pas être trop exigeant, c'est-à-dire quand on ne veut pas que le bureau secondaire soit desservi à l'égal des bureaux de premier ordre,

La faculté accordée à St-Ghislain a été étendue à d'autres localités et pourra être généralisée.

(page 402) M. Allard. - M. le ministre des travaux publics vient de dire qu'il étendrait à d'autres stations l'avantage qu'il a accordé à celle de St-Ghislain ; j'appellerai son attention sur la ville de Leuze qui réclame un bureau télégraphique. Si le chef de la station était autorisé à transmettre les dépêches, cela ferait un grand bien à cette localité qui a une grande importance sous le rapport commercial et industriel.

M. Van Cromphaut. - Messieurs, je répondrai à M. le ministre des travaux publics que, passé 4 jours encore, on s'est présenté au bureau de Liège pour me transmettre une dépêche à Wetteren, et il fut répondu qu'on ne correspondait pas avec ce bureau. La mesure que M. le ministre dit avoir été prise est donc de date très récente.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Je n'ai pas prétendu que la mesure eût déjà été appliquée à Wetteren ; elle a commencé à être appliquée à St-Ghislain ; elle continuera d'être appliquée àd'autres localités.

- La discussion est close.

L'article 76 est mis aux voix et adopté.

Articles 77 et 78

« Art. 77. Salaires des agents payés à la journée : fr. 16,000. »

- Adopté.


« Art. 78. Entretien : fr. 12,000. »

- Adopté.

Section 5. Service en général (chemins de fer et télégraphes)
Articles 79 à 82

« Art. 79. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 28,550. »

- Adopté.


« Art. 80. Salaire des agents payés à la journée : fr. 30,000. »

- Adopté.


« Art. 81. Matériel et fournitures de bureau : fr. 150,000. »

- Adopté.


« Art. 82. Subside à la caisse de retraite et de secours des ouvriers de l'administration : fr. 10,000. »

- Adopté.


« (Les crédits pour traitements (articles 61, 65, 71 et 79) peuvent être transférés d'un article sur l'autre selon les besoins de la réorganisation des services.) »

- Adopté.

Section 6. Régie
Articles 83 et 84

« Art. 83. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 36,500. »

- Adopté.


« Art. 84. Frais de bureau et de loyer : fr. 3,500. »

- Adopté.

Section 7. Postes
Article 85

« Art. 85. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 510,000. »

- Adopté.

Article 86

« Art. 86. Traitements et indemnités des facteurs et autres agents subalternes : fr. 695,000. »

M. Coomans. - Messieurs, en parlant tout à l'heure sur la proposition de l'honorable M. de Brouwcr, à laquelle je m'associe bien volontiers, M. le ministre des travaux publics s'est référé au rapport fait par la section centrale sur l'amendement que j'ai présenté à l'article 86.

D'après ce rapport :

« M. le ministre des travaux publics s'est engagé, tant en son nom qu'en celui des autres membres du cabinet, à présenter à la Chambre, lors de sa rentrée, un projet de loi à l’effet d'obtenir des crédits pour venir en aide, dans les circonstances actuelles, aux agents subalternes et peu rétribués des divers départements ministériels. »

Il résulte d'une déclaration que M. le ministre des travaux publics a bien voulu faire dans le sein de la section centrale, que son intention est surtout de venir en aide aux facteurs ruraux, aue douaniers et à certains ouvriers que le gouvernement emploie.

En présence de cette bonne déclaration, il ne me reste qu'à retirer l'amendement que j'avais présenté en faveur des facteurs ruraux et des autres agents subalternes de l'administration des postes.

M. de Portemont. - Messieurs, l'amendement de mon honorable ami M. Coomans ayant été retiré par son auteur, à la suite de l'engagement pris par le ministère de demander à la Chambre, lors de sa rentrée, des crédits pour venir en aide aux agents subalternes et peu rétribués des divers départements ministériels, je ne n'arrêterai pas à démontrer l'insuffisance des traitements des facteurs ruraux.

On ne peut, du reste, la contester en présence de l'extension des relations postales et de la grande cherté des denrées alimentaires. Je voterai donc le chiffre du budget en attendant que la promesse ministérielle se réalise.

Mais, messieurs, il est encore un autre moyen de soulager les facteurs ruraux, c'est de répartir la besogne de ces modestes fonctionnaires d'une manière plus rationnelle, de mieux arranger leurs tournées et de ne pas les obliger à faire plus de chemin que le service n'en exige. Pour bien expliquer ma pensée, je citerai deux faits que j'ai déjà eu l'honneur de signaler à M. le ministre des travaux publics.

Premier fait. La commune de Schendelbeke est pour ainsi dire limitrophe de Grammont et elle est desservie par un facteur du bureau de Ninove. Il en résulte qu'une lettre envoyée de Grammont à Schendelbeke passe par le lieu de sa destination, pour être transportée à Ninove, d'où un facteur doit la rapporter le lendemain.

Deuxième fait. Une lettre en destination de Deftinge, autre commune voisine de Grammont, mise à la poste de cette ville, a besoin de deux jours pour arriver à son adresse.

Voici l'itinéraire qu'elle doit suivre : de Grammont à Ninove, de Ninove à Alost, d'Alost à Gand, de Gand à Audenarde, d'Audenarde à Nederbrakel où un facteur rural est chargé de la distribuer aux portes de Grammont.

Je pourrais, messieurs, multiplier les exemples et vous citer encore les communes d'Idegem, Ophasselt, Steenhuyze, Hemelveerdegem etc., mais je ne veux pas abuser des moments de la Chambre. Ce que je viens de dire suffira du reste pour établir qu'on épargnerait aux facteurs ruraux de rudes corvées, tout en améliorant le service des postes, si on rattachait toutes les communes que je viens d'énumérer au bureau de Grammont.

Je présume, messieurs, que de telles anomalies se présentent aussi ailleurs.

J'engagerai M. le ministre des travaux publics à les faire disparaître. S'il y parvient, il aura atteint un double but, l'amélioration du service postal et l'amélioration du sort des facteurs ruraux.

M. Van Grootven. - Je renonce à la parole, en présence du projet de loi que M. le ministre des travaux publics a annoncé ; seulement je désirerais savoir vers quelle époque ce projet de loi pourra être soumis à la Chambre.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - A la rentrée.

- Personne ne demandant plus la parole, l'article 86 est mis aux voix et adopté.

Articles 87 et 88

« Art. 87. Transport des dépêches : fr. 300,000. »

- Adopté.


« Art. 88. Matériel, fournitures de bureau, frais de loyer et de régie : fr. 165,000. »

- Adopté.

Chapitre V. Pensions

Article 89

« Art. 89. Pensions : fr. 7,000. »

- Adopté.

Chapitre VI. Secours

Article 90

« Art. 90. Secours à des employés, veuves ou familles d'employés qui n'ont pas de droits à la pension : fr. 5,000.’

- Adopté.

Chapitre VII. Dépenses imprévues

Article 91

« Art. 91. Dépenses imprévues non libellées au budget : fr. 18,000. »

- Adopté.

Vote des articles et sur l'ensemble du projet

La Chambre passe aux articles du projet.

« Art. 1er. Le budget du ministère des travaux publics est fixé, pourl'exercice 1855, à la somme de vingt millions trois cent deux mille six cent quarante francs soixante-huit centimes (fr. 20,302,640-68), conformément au tableau ci-annexé.

« Des traitements ou indemnités pour le personnel de l'administration des chemins de fer ne peuvent être prélevés sur les allocations destinées aux salaires ou à des travaux extraordinaires ou spéciaux,

« Dans le cas d'une réorganisation de l'administration des chemins de fer, postes et télégraphes, pendant l'année 1855, les crédits qui figurent aux articles 2, 3, 61, 65, 71, 76, 79, 83 et 85, pourront être transférés de l'un de ces articles à l'autre, selon les besoins du service.

« Il en sera de même des articles 4, 62, 66, 72, 77 et 80. »

(Cet article rend inutile la note qui se trouve reprise à la suite de l'article 82.)

- L'article premier est mis aux voix et adopté.


« Art. 2. Le ministre des travaux publics est autorisé, par dérogation à l'article 19 de la loi sur la comptabilité de l'Etat, à adjuger, pour un terme de cinq ans, prenant cours à partir du 1er janvier 1855, la fourniture des impressions et des reliures nécessaires à l'administration des chemins de fer, des postes et des télégraphes. »

- Adopté.


« Art. 3. La présente loi est obligatoire le lendemain de sa publication. »

- Adopté.


Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du projet.

Le projet de budget est adopté à l'unanimité des 72 membres qui ont répondu à l'appel.

Ont répondu à l'appel : MM. de Steenhault, de Theux, de T'Serclaes, Devaux, Dumon, Dumortier, Goblet, Jacques, Janssens, Jouret, Lambin, Landeloos, Lange, le Bailly de Tilleghem, Lebeau, Le Hon, Lesoinne, Maertens, Magherman, Malou, Manilius, Matthieu, Mercier, Osy, Pirmez, Rodenbach, (page 403) Rousselle, Tack, Tesch, Thibaut, Thiéfry, Thienpont, T'Kint de Naeyer, Van Cromphaut, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom, Vander Donckt, Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Overloop, Van Renynghe, Vermeire, Vilain XIIII, Visart, Wasseige, Allard, Ansiau, Brixhe, Calmeyn, Coomans, Coppieters't Wallant, Dautrebande, de Baillet-Latour, de Brouwer de Hogendorp, de Decker, de Haerne, de La Coste, de Liedekerke, Deliége, de Man d'Attenrode, de Mérode-Westerloo, de Moor, de Naeyer, de Perceval, de Pitteurs, de Portemont, de Renesse, de Royer, de Ruddere de Te Lokeren, Desmaisières et Delfosse.

Projet de loi réduisant les péages sur les rivières et les canaux appartenant à l’Etat

Discussion générale

M. le président. - La section centrale propose le rejet de ce projet.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - M. le ministre des finances, étant retenu au Sénat, m'a chargé de le remplacer dans la discussion de ce projet qui, du reste, a été présenté également par moi, de manière que je suis entièrement aux ordres de la Chambre.

Le gouvernement maintient son projet.

M. Brixhe. - Messieurs, la quatrième section, dans la discussion de la loi qui nous occupe, a émis, à l'unanimité, le vœu que l'inégalité des péages des canaux de l'Etat disparaisse à l'avenir.

Messieurs, l'uniformité des péages, par tonne-lieue, sur les voies navigables, est vivement réclamée et depuis longtemps déjà.

Ces réclamations incessantes arrivent, de plus en plus vives et nombreuses de Charleroi, du bassin du Centre, et des provinces de Brabant, d'Anvers et des deux Flandres.

Une injustice criante, dit-on, est le fond de cette affaire, qui a eu pour couleur l'idée absurde de cet équilibre prétendu qu'on voulait forcément maintenir entre les divers bassins houillers par des moyens artificiels, empiriques, qui hurlent aujourd'hui avec les saines préoccupations économiques auxquelles tant de bons esprits se livrent à l'envi.

Une grande réparation est nécessaire. Les tarifs des péages des voies navigables doivent être réformés. Ils le seront, plus ou moins, plus tôt que plus tard, quoi qu'on en dise. C'est, du moins, messieurs, ma conviction intime.

Je ne me dissimule certes pas, messieurs, combien la question est complexe, car elle se lie aux besoins du trésor ; et puis, faut-il procéder par voie d'abaissement des péages élevés ou bien autrement et dans un sens inverse ?

C'est ce que je ne puis dire à présent ; je ne veux rien préjuger à cet égard. Mais n'est-il pas temps enfin, messieurs, que le gouvernement veuille revoir toutes les réclamations qui lui sont parvenues ; les peser au point de vue du trésor, s'il le faut, mais surtout au point de vue de la justice ?

Qu'il étudie, je le conjure, la question de l'uniformité des péages sous tous ses aspects. L'uniformité des péages de navigation c'est le but, s'il peut être atteint, et je me fie d'ailleurs entièrement aux études consciencieuses qu'il fera pour atteindre ce but, qui semble de stricte justice, comme l'uniformité des péages sur les grandes routes et le chemin de fer.

Que le gouvernement veuille une fois en finir ; qu'il étudie la question, je le répète, et lorsque nous serons en possession de son travail, je m'efforcerai, pour ma pari, de me rendre à l'évidence, à quelques conclusions qu'elles doivent conduire à l'égard des réclamations dont il s'agit.

Je recommande cette question à toute la sollicitude du gouvernement.

- La discussion générale est close.

Discussion des articles

Article premier

« Article 1er. Le gouvernement est autorisé à réduire les péages des canaux et rivières perçus au profit de l'Etat :

« 1° Sur les produits ci-après du sol et de l'industrie du pays qui seront exportés :

« Fontes de fer en gueuses ou en saumons, fers en barres, en masseaux, verges ou carillons, rails, coussinets, et généralement tous les gros ouvrages en fer forgé, ou laminé et en fonte, pierres, marbres, chaux et ardoises ;

« Verreries et cristalleries de toute espèce, faïences et porcelaines et généralement les ouvrages de terre de toute espèce ;

« Papiers de toute espèce ;

« Machines et mécaniques de toute espèce ;

« Zinc et cuivre bruts, ouvrés ou laminés ;

« Sel et sucre raffinés ;

« Produits chimiques de toute espèce ;

« Cuirs tannés ou autrement ouvrés ;

« Farines ;

« Tabacs ;

« Boissons distillées et bières en cercles ou en bouteilles ;

« Huiles de graines oléagineuses en cercles ou en futailles ;

« Argiles réfractaires, terres à pipes, à faïence, à porcelaine et à potier, et généralement toutes les terres plastiques ;

« 2° Sur les matières premières exotiques ci-après, importées dans le pays.

« Laines en masse ;

« Cotons en laine ;

« Bois de teinture en bûches ;

« Teintures de toute espèce non préparées ;

« Tabacs en feuilles ;

« Sucres bruts de canne ;

« Chanvres ;

« Potasses ;

« Sel brut ;

« Cuirs et peaux non apprêtés ;

« Minerais de toute espèce. »

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - La loi du 30 juin 1842, dont le gouvernement a demandé la prorogation, a été présentée dans des circonstances tout à fait spéciales et exceptionnelles en ce qui concerne les charbons, et ces circonstances ont cessé aujourd'hui. Secondement, cette loi a produit les résultats qu'en attendait la Chambre, et enfin le gouvernement a pensé que, en ce qui concerne les charbons, il n'élait pas nécessaire de demander la prorogation de cette loi. Seulement il estime qu'il est nécessaire de donner au gouvernement la faculté de maintenir la réduction des péages pour certaines catégories de produits à l'exportation et pour certaines matières indispensables à notre industrie dont il a été impossible au département des finances de déterminer l'importance. Je dis qu'il s'agit d'une simple faculté ; car à la la fin de l'exposé des motifs, le gouvernement a déclaré qui si, à la suite de l'instruction à laquelle il va se livrer, il ne lui paraissait plus nécessaire de faire jouir ces produits de cette prime, il n'userait pas de cette faculté, et la loi tomberait d'elle-même.

C'est le seul point sur lequel nous différions avec la section centrale.

Je dis que la loi du 30 juin 1842 a été portée dans des circonstances spéciales, exceptionnelles. En effet, si je consulte l'exposé des motifs qui accompagne le projet de loi du 15 mars 1842, je lis : (Le ministre cite ce passage.)

C'est donc parce qu'il y avait énormément de charbons à l'intérieur du pays, parce qu'on trouvait difficilement à les placer, que le gouvernement a, par arrêté royal, fait jouir d'une prime les charbons qu'on transportait par les voies navigables. Cette prime a produit les résultats qu'on en attendait. En effet, si vous consultez la statistique en ce qui concerne les charbons depuis 1841, on verra qu'en 1841 on exportait seulement 90,000 tonnes.

Déjà, en 1850, on exportait plus de 200,000 tonnes. Les exportations ont toujours été en augmentant. On peut affirmer que si on laisse tomber la loi, en ce qui concerne les charbons, l'exportation continuera par des causes que tout le monde connaît : c'est que le prix comparatif des charbons anglais et des charbons belges est tout à fait à l'avantage des nôtres. Quoique, en 1852, le prix du fret fût extrêmement bas, quoique l'année 1852 fût plus défavorable aux charbons belges, les charbons de Liège, de Charleroi et du Centre n'en ont pas moins continué à se diriger par les voies navigables sur la Hollande.

Je crois qu'on peut, sans le moindre inconvénient pour l'intérêt du pays, laisser tomber la loi, en ce qui concerne les charbons.

Pour les autres objets je demande qu'on laisse au gouvernement la faculté de maintenir la réduction de péages. C'est-à-dire que le gouvernement s'adressera aux bureaux-frontières, se fera renseigner sur l'intérêt qu'on peut avoir à favoriser l'exportation de certaines matières premières, et qu'à la suite de cet examen qui n'a pu encore être fait, le gouvernement se décidera. S'il croit qu'on n'a pas d'intérêt à accorder de primes, que les matières premières ne cesseront pas d'entrer, il n'usera pas de cette faculté, car il est d'accord avec la législature qu'il est temps de faire cesser les primes, non seulement sur les voies navigables, mais aussi sur le chemin de fer.

M. Vermeire, rapporteur. - La section centrale est tout à fait d'accord avec le gouvernement que les circonstances exceptionnelles qui avaient fait adopter la remise de 3/4 sur les taxes de navigation n'existent plus aujourd'hui.

La section centrale, voulant se rendre un compte exact de l'effet probable de la loi, avait demandé au gouvernement à combien s'élevaient, par catégorie de marchandises, les restitutions de péages qui forment l'objet de la présente loi. Le gouvernement n'a pas pu fournir ce renseignement.

Seulement, dans la note qui a été adressée à la section centrale par le département des travaux publics, Il est dit que les charbons entrent dans la restitution totale environ pour les trois quarts, c'est-à-dire que, si cette appréciation était exacte, il resterait seulement, dans l'état actuel des choses, à répartir entre tous les objets repris à l'article premier, une somme de 90 à 100 mille fr.

Pour que cet encouragement pût avoir un certain effet, il faudrait qu'il pût affecter le prix de la marchandise.

Eh bien, cela n'est point ; car quels sont les objets mentionnés au numéro premier de l'article premier ? Ce sont les fontes, les verreries et cristalleries, les papiers de toute espèce, les machines et mécaniques, le zinc et le cuivre bruts, etc. Ensuite pour l'importation, il y a les laines en masse, les cotons en laine, les bois de teinture, les tabacs en feuilles, les sucres bruts, les chanvres, les potasses, le sel brut, les cuirs et peaux, les minerais de toute espèce.

Prenons le canal sur lequel le péage est le plus élevé : le canal de Bruxelles à Charleroi ; si, pour les laines en masse, la prime est retirée, (page 404) quelle en sera la conséquence ? Que sur une grande quantité de marchandises d'une valeur de 3,000 fr. on ne payera plus une prime de 1 fr. 50 c. ou 1 fr. 75 c. Je le demande, cette prime peut-elle exercer une influence quelconque sur les prix de la marchandise ?

Sur une tonne de fonte, c'est-à-dire sur une valeur de 1,200 fr. environ, la différence sera également de fr. 1 50 ou 1 fr. 75 c. Encore une fois, le prix de fer peut-il en être affecté ?

Le projet, tel qu'il est présenté, n'a donc plus de raison d'être. Conséquemment la section centrale me paraît avoir raison d'éviter au trésor une perte de 100,000 fr., qui, en définitive, ne peut avoir de résultat pour qui que ce soit.

La section centrale cependant avait fait une exception. Cette exception se rapportait principalement aux sels qui peuvent être employés dans les fabriques de produits chimiques. Mais, encore une fois, le prix du sel ne peut pas en être bien affecté et si le gouvernement avait pu nous dire quel a été le chiffre de la restitution pour les sels qui ont été dirigés vers les manufactures, on aurait pu voir s'il était nécessaire de faire une exception pour cette matière première. Mais en présence de l'impossibilité pour le gouvernement de fournir les renseignements qui lui ont été demandés, et d'autre part de l'effet peu utile de la loi, je crois que la Chambre peut très bien conclure comme la section centrale et repousser le projet.

M. Van Iseghem. - Je remarque dans le rapport que la section communale a demandé à M. le ministre des travaux publics quelles ont été les réductions qui ont été accordées sur tous les canaux. Je trouve dans la réponse du gouvernement que sur le canal de Gand à Ostende, une loi du 16 mai 1845 a accordé le même traitement que celui qui a été accordé aux navires arrivant de Gand par le canal de Terneuzen., Je demande à M. le ministre si, dans le cas où le projet en discussion était rejeté, la loi de 1845 tomberait aussi ? Je ne le pense pas. La loi qui nous occupe maintenant est une loi provisoire ; il s'agit de donner au gouvernement la faculté d'accorder des réductions de péages. Mais sur le canal d'Ostende à Gand, nous sommes régis par une loi définitive, qui nous a été accordée comme compensation à la suite du traité conclu avec la Hollande. L'article 16 de la convention du 5 novembre 1842 dit qu'une réduction de péage est accordée aux navires qui montent le canal de Terneuzen vers Gand.

Pour ne pas donner une prime à la navigation étrangère, le gouvernement, en 1845, a soumis à la législature un projet de loi tendant à accorder la même faveur aux navires qui passent par Ostende et Bruges, ainsi qu'aux allèges, bateaux de l'intérieur et radeaux nécessaires pour transporter les marchandises exotiques d'Ostende à Bruges ou à Gand.

Je désire que M. le ministre des travaux publics nous dise, dansle cas où, contre toute attente, l'opinion de la section centrale triomphait, si, d'après lui, la loi de 1845 tomberait aussi. Je suis certain qu'aussi longtemps que nous avons en vigueur une convention maritime avec les Pays-Bas, les navires et marchandises destinés pour Gand et entrant à Ostende ne payeront pas des droits d'écluses et de péage plus élevés que les navires entrant par Terneuzen ; mais pour toute garantie je désire une explication du gouvernement.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Si le vote de la Chambre sur le projet en discussion devait impliquer son adhésion au système de primes qui pourrait être éventuellement maintenu, je comprendrais l'opposition de l'honorable rapporteur de la section centrale. Mais le gouvernement se borne à demander une simple faculté. L'honorable M. Vermeire raisonne dans l'hypothèse du maintien obligé de la prime, et il vous dit : Une balle de laine a telle valeur, que peut faire sur cette valeur une réduction d'un franc ou d'un franc et demi ? C'est précisément ce qui ressortira de l'instruction. L'importance de cette faveur, la nécessité de la maintenir pour certaines catégories de produits, tout cela va ressortir de l'instruction à laquelle le gouvernement se livrera, et s'il résulte de cette instruction que l'on peut sans danger laisser tomber la prime, le gouvernement sera d'autant plus disposé à la laisser tomber qu'il ne la maintient pas pour le charbon, qui constitue un transport important. C'est parce que, pour les autres matières, la recette, au point de vue du trésor, est insignifiante, qu'on a pensé pouvoir provisoirement maintenir le système en vigueur.

Du reste, l'article 2 stipule d'une manière expresse que ces pouvoirs ne sont demandés que pour un an. La loi votée, on consultera immédiatement les chambres de commerce sur l'influence que la suppression de la prime pourrait exercer, et immédiatement on prendra des mesures.

L'honorable M. Van Iseghem demande si, pour le cas où la loi serait rejetée, la réduction dont jouissent les transports qui prennent le canal d'Ostende à Bruges et de Bruges à Gand, serait respectée. Evidemment il ne peut y avoir de doute à cet égard. Une loi spéciale a étendu à cette voie navigable le régime que le traité avec la Hollande avait établi en faveur du canal de Terneuzen, il ne peut être question de rien modifier à ce régime.

M. Vermeire, rapporteur. - Je ne ferai qu'une observation en réponse à ce que vient de nous dire M. le ministre des travaux publics : C'est qu'il est regrettable que le gouvernement n'ait pas pris ses informations avant de nous présenter son projet de loi. Aujourd'hui nous discutons dans le vague ; nous ne savons pour ainsi dire pas ce que nous faisons, et comme, d'après toutes les probabilités, la prime qu'on va accorder ne peut en rien être utile à ceux à qui elle sera dévolue, je crois qu'il vaudrait mieux que la Chambre, à l'exemple de la section centrale, rejetât le projet de loi.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - L’honorable M. Vermeire sait parfaitement que la loi actuellement en discussion est une loi qui a été introduite en faveur des charbons. C'est là le point essentiel ; le reste est purement accessoire.

Je ne puis pas renseigner l'honorable membre sur l'importance des transports autres que ceux de charbon, par la raison, je le répète, que le département des finances n'a pas été en mesure de faire connaître, par la comptabilité qui existe à l'administration centrale, les quantités transportées par les voies navigables.

Mais, si je consulte les documents qui ont été joints aux pièces distribuées il y a plusieurs années, je puis approximativement juger de l'importance de ces transports.

En effet, en 1848, le gouvernement a été obligé de demander aux Chambres la prorogation de la loi en discussion.

Cete loi a été continuée de trois ans en trois ans, et en 1848, il a fallu demander une nouvelle prorogation.

A l'exposé des motifs était joint une annexe. Cette annexe donnait le relevé des produits belges sur lesquels, à leur exportation, les péages des rivières et canaux perçus au profit de l'Etat ont été réduits de 50 p. c.

Ainsi, j'y trouve qu'en 1847, pour la chaux il y a eu 20,773 tonnes qui ont joui de la faveur des 50 p. c ; pour la bière il y a eu 532 hectolitres ; pour les boissons distillées il y a eu 1,118 hectolitres ; pour les clous 5,302 kilog., ainsi de suite. Par l'inspection seule de ce tableau, on demeure convaincu que l'article important sur lequel portait principalement la réduction, c'était l'article charbon.

M. Dechamps. - Messieurs, je ne viens pas m'opposer directement au projet de loi en discussion. J'attendrai le cours du débat pour savoir quel vote j'émettrai. Mais je veux exposer à la Chambre les motifs du regret que j'ai éprouvé d'avoir vu présenter ce projet, et faire des réserves pour l'avenir.

Cette loi figurera parmi les mesures inutiles et inefficaces que les Chambres auront adoptées, en présence de la cherté des denrées et du combustible, pour couvrir leur responsabilité morale devant le pays, et pour donner une certaine satifaction aux exigences, je devrais dire aux préjugés publics.

Messieurs, permettez-moi de vous le dire, je crains que nous ne nous engagions dans une voie regrettable. Nous sommes ici pour redresser les préjugés populaires par la discussion, et non pour les servir.

Si le gouvernement ne peut rien ou ne peut presque rien pour modifier ou pour conjurer des faits que dominent des causes générales sur lesquelles nous n'avons que peu d'action à exercer, il faut avoir le courage de le dire, de le proclamer hautement, afin qu'on ne fasse pas remonter jusqu'au gouvernement la responsabilité des crises qne nous traversons.

Proposer des mesures que l'on sait d'avance être inutiles, les présenter comme remèdes propres à parer à ces crises, c'est provoquer inévitablement une réaction contre le gouvernement et les Chambres, lorsque les faits parleront et que le désillusionnement arrivera.

Messieurs, le charbon est cher comme toutes les valeurs sont chères ; cela tient à des causes que vous connaissez, sur lesquelles je n'ai pas besoin de m'appesantir.

Mais parmi les remèdes indiqués quels sont ceux que le gouvernement choisit ? Il choisit les plus apparents, les plus faciles à décréter, ceux pour lesquels il suffit de deux lignes d'un projet de loi : libre entrée des houilles ; entraves à l'exportation. (Interruption.)

Messieurs, je me fais peut-être mal comprendre :la réduction des péages dont il s'agit a été accordée pour faciliter l'exportation des houilles vers la Hollande ; supprimer cette réduction, c'est donc entraver l'exportation. (Nouvelle interruption.) Vous changez les conditions de l'exportation ; vous la rendez plus difficile. Cela n'est pas contestable.

Messieurs, je dis que tous ces remèdes sont inefficaces. Depuis un an vous avez la libre entrée des houilles ; il y a quelques jours vous avez prorogé la loi qui l'autorise. Eh bien, pas une tonne de houille venant de l'Angleterre (et c'est aux houilles anglaises qu'on faisait exclusivement appel), pas une tonne n'est entrée dans le pays, pas une tonne n'y entrera sous l'empire des circonstances actuelles ; aussi longtemps que le fret de mer restera élevé, et il restera élevé aussi longtemps que les grands transports de céréales auront lieu et que la navigation restera active vers les contrées aurifères. Ainsi cette mesure restera d'une inutilité complète.

On vous propose donc aujourd'hui de supprimer la réduction de 75 p. c. qui a été adoptée pour faciliter les exportations de deux de nos bassins vers la Hollande et pour créer des recettes nouvelles pour le trésor. Le bassin de Charleroi, en temps normal, n'a expédié vers la Hollande que le trop plein de sa production à des prix réduits, à des prix qui étaient souvent au-dessous du prix de revient ; il le faisait pour maintenir la production à un chiffre tel, que le prix de revient pût s'abaisser de manière à permettre de réduire le prix de vente sur notre marché intérieur. Le marché intérieur est donc plus avantageux pour nos producteurs, et dès lors, quand la demande y est active comme aujourd'hui, les producteurs n'exporteront le charbon en Hollande que dans des circonstances tout exceptionnelles.

De deux choses l'une, ou bien voire mesure aura de l'efficacité et elle empêchera l'exportation du bassin du Centre et du bassin de Charleroi (page 405) vers la Hollande, et alors qu'arrivera-t-il ? C'est que le bassin de Liège prendra sur le marché de la Hollande la place qu'y occupent aujourd'hui le bassin de Charleroi et le bassin du Centre ; le charbon belge, dont vous aurez interdit la sortie par Anvers, sortira par Liège.

D'un autre côté, le charbon de Liège jouit maintenant, en vertu d'un traité, d'une réduction de 50 p. c, par le canal de Maestricht à Bois-le-Duc. Cette réduction, vous ne pouvez pas y toucher.

Il en résulte donc que le trésor public et les consommateurs belges n'y auront rien gagné. Ou bien les consommateurs hollandais à cause de la pénurie du combustible dans leur pays, en l'absence d'arrivages de houille anglaise, les consommateurs hollandais consentiront à payer l'augmentation de fret que vous allez provoquer, et dans ce cas, le but que vous voulez atteindre, celui d'exercer de l'influence sur le prix trop élevé du combustible, ce but ne sera pas atteint.

Le trésor fera peut-être momentanément quelques recettes de plus, cela me semble même douteux, mais il perdra bien davantage quand les circonstances extraordinaires actuelles auront cessé. Alors, sans la réduction à l'exportation, les transports, comme avant 1842, seront impossibles et le trésor ne percevra plus rien.

Ainsi, messieurs, dans toutes les hypothèses, ces deux mesures seront frappées de stérilité dans leurs résultats et elles constituent un danger pour l'avenir.

Messieurs, je définis donc ces deux projets en ces deux mots : vous avez décrété la libre entrée des houilles étrangères pour des charbons qui n'entreront pas, et vous voulez empêcher l'exportation des charbons qui s'exporteront par Liège, si la voie d'Anvers leur est fermée.

Messieurs, la proposition que nous discutons en ce moment a déjà été soumise à la Chambre l'année dernière. Lorsqu'il s'est agi du projet de loi relatif à la libre entrée des houilles, un honorable ancien collègue, M. Orban a proposé à la Chambre précisément la mesure que le gouvernement nous soumet aujourd'hui.

Je me suis trouvé alors à côté de M. le ministre des finances, l'honorable M. Liedts, pour combattre cette mesure, comme inutile dans le présent, dangereuse pour l'avenir et surtout comme injuste. Messieurs, je ne savais pas que la discussion aurait lieu aujourd'hui ; sans cela j'aurais pris note du texte du discours de M. le ministre des finances, mais je vous en donnerai le résumé. M. le ministre des finances faisait valoir que des réductions de péages, des primes d'exportation, comme on les a appelées, existaient pour les charbons expédiés en France par la Sambre française, pour les charbons expédiés en Hollande par le canal de Bois-le-Duc et par le canal de Terneuzen ; sur toutes ces voies il existe des réductions de péages de 50 p. c. Ces réductions, on n'y touche pas, on ne peut pas, heureusement, y toucher, elles existent en vertu de traités et de conventions internationales.

Ainsi, messieurs, une seule voie de transport sera exclue du bénéfice de ces réductions de péages, c'est le canal de Charleroi, le canal de Charleroi sur lequel pèse précisément un droit exorbitant à l'intérieur. M. le ministre des finances, en rappelant ces faits l'année dernière pour combattre la proposition de l'honorable M. Orban, concluait en disant : « Cet acte qu'on nous propose serait-il juste ? Il ne le serait pas, il détruirait une règle d'équité. »

Maintenant, messieurs, je me demande : Que s'est-il passé depuis l'année dernière ? Depuis l'année dernière les faits sont restés les mêmes ; la mesure sera tout aussi inutile, ainsi que je l'ai prouvé, et elle restera tout aussi injuste. Elle sera dangereuse pour l'avenir. Le jour ou les circonstances que nous traversons seront passées, lorsque au lieu de prix élevés nous aurons un avilissement de prix, un encombrement de houilles sur le carreau des fosses, les mêmes faits en présence desquels nous nous sommes trouvés lorsque la loi a été faite, en 1842, les mêmes faits provoqueront les Chambres et le gouvernement à décréter de nouveau la faculté à laquelle le gouvernement renonce aujourd'hui.

Messieurs, en 1842, c'est sur les observations de l'honorable M. Dolez et les miennes que le gouvernement a présenté la loi, non seulement dans un but de protection industrielle, pour reconquérir le marché hollandais, que nous avions possédé autrefois et que l'Angleterre et l'Allemagne nous avaient ravi, mais aussi dans un but fiscal ; il n'y avait pas de transports de houille de Charleroi vers la Hollande, ces transports ont été rendus possibles par la loi actuelle et le trésor en a profité ; or, lorsque nous serons dans une situation normale, lorsque la concurrence anglaise deviendra possible sur le marché hollandais comme sur le marché français, qu'arrivera-t-il ? Nous serons dans la position où nous nous sommes trouvés pendant tant d'années, on se préoccupera non de la cherté du combustible, mais des débouchés à maintenir et à ouvrir, et le gouvernement sera obligé de revenir sur la mesure que l'on prend maintenant.

Il est une chose que je ne comprends pas ; la loi actuelle, ainsi que vient de le rappeler M. le ministre des travaux publics, a été faite, presque exclusivement pour la houille ; les autres objets de notre sol et de notre industrie ne figuraient qu'accessoirement dans la loi. C'est la houille qu'on exclut maintenant. (Interruption.) Je ne veux pas priver les autres produits de cette faveur, mais je ne vois pas la raison de cette exclusion exceptionnelle.

C'était, messieurs, une faculté dont le gouvernement pouvait user ; pourquoi le gouvernement demande-t-il à la Chambre de lui ôter cette faculté ? Si les circonstances actuelles sont telles que cette mesure soit nuisible pour les charbonnages et peut-être nuisible aux consommateurs, ce que je ne crois pas, le gouvernement restait libre de ne pa user de la faculté, il n'avait qu'à exclure la houille de l'arrêté royal qui devra être pris en exécution de la loi ; mais je ne comprends pas pourquoi le gouvernement demande à la Chambre de lui enlever cette faculté.

Dans les circonstances normales, ordinaires, le gouvernement sera heureux d'avoir alors entre les mains le pouvoir de rétablir cette mesure qui sera utile et qui deviendra nécessaire, tandis que par suite de la résolution qu'a prise aujourd'hui le gouvernement, il devra proposer plus tard une loi nouvelle et vaincre des difficultés qu'il pouvait éviter.

Messieurs, c'est une chose assez extraordinaire que l'idée qu'on se fait de l'exportation de nos houilles vers les contrées voisines. Effectivement nous avons des exportations très considérables de houille, mais ce n'est pas vers le marché hollandais, c'est vers le marché français. Or, le gouvernement demande-t-il, quelqu'un songe-t-il à demander d'entraver l'exportation de nos houilles vers le marché français ? Ce serait une mesure désastreuse et absurde. L'industrie des houilles produit un excédant annuel de deux millions de tonnes sur la consommation intérieure ; cet excédant de deux millions, il faut l'exporter, sous peine de réduire la production et d'élever le prix de revient et par conséquent, le prix de vente à l'intérieur ; j'ai donc raison de dire que toute mesure de restriction à l'exportation est désastreuse, non seulement pour le producteur mais pour le consommateur. '

Messieurs, comme je le disais, ce sont là des remèdes apparents et inefficaces ; ce sont des quasi-promesses qu'on jette au pays et qui ne se réalisent pas. Si vous voulez des remèdes sérieux, il faut aborder des questions sérieuses. Or, évidemment la question pour les houilles est tout entière une question de transport, c'est-à-dire une question de péages sur les canaux et une question de matériel et de tarif sur le chemin de fer.

Je ne veux pas, le moment serait inopportun, discuter maintenant dans tout son entier la question des péages ; je l'ai fait plusieurs fois dans cette Chambre, et je serai probablement amené à discuter plusieurs fois encore cette importante question.

Mais évidemment si vous voulez que la houille arrive dans nos centres de consommation à des prix modérés, il faut entreprendre la réforme générale de notre système de péage sur les canaux et les rivières ; il faut en second lieu un matériel suffisant sur nos chemins de fer.

Examinons les faits. Le prix de la houille sur le carreau des fosses est très élevé, mais il n'est guère plus élevé qu'il ne l'était en 1838 èt en 1839 ; à cette époque, le prix était de fr. 13-20 ; il Varié maintenant, selon les bassins, de 10 à 14 fr.

Or, savez-vous quel est le fret, par exemple, de Charleroi vers nos grands marchés de consommation ? Le fret est de 7 francs pour Bruxelles ; il a été quelque temps de 8 francs ; il est de 10 francs tant sur Gand que sur Anvers, c'est à-dire que le prix du combustible est à peu près doublé sur nos marchés de consommation. Voilà où est le mal, et c'est là qu'il faudrait chercher le remède.

Le fret est élevé, d'abord à cause du péage exorbitant qui pèse sur le canal de Chareoroi. Le canal a été remboursé et amorti trois fois depuis le rachat ; et néanmoins le gouvernement continue à percevoir un impôt, inégalement réparti, de 10 p. c. sur cette voie navigable. Qui paye ce véritable impôt ? Ce sont les Flandres, c'est le Brabant, c'est la province d'Anvers.

La seconde cause de l'élévation du fret, c'est l'insuffisance du matériel. Je ne reviendrai pas sur cette question qui est épuisée ; évidemment le matériel du chemin de fer est insuffisant et le batelage en profite pour élever démesurément le fret de la navigation pendant les mois d'hiver.

Ainsi la question des péages est la question principale qu'il faudrait examiner. J'adjure le gouvernement d'étudier à fond cette question toujours soulevée et toujours ajournée. Pour moi, je l'ai signalée à l’attention du gouvernement depuis plusieurs années, j'ai préparé moi-même tous les éléments d'un projet de loi pour servir de base à la réforme de notre système de péages sur les canaux et les rivières. J'ai la conviction que celle réforme n'est pas seulement possible, mais qu'elle est facile.

Il est une objection qu'on nous a toujours faite et qui paraît un obstacle impossible à franchir, c'est celle qui concerne le trésor public. On nous a dit que dans les circonstances actuelles, il ne faut pas songer à diminuer les recettes du trésor ; or, une diminution de péages, c'est une diminution de recettes.

On a cru aussi que cette réforme ferait surgir un conflit entre les bassins desservis les uns par des canaux, les autres par des rivières.

Messieurs, ce sont là des difficultés, sans doute, mais qu'avec un peu de bonne volonté on peut vaincre. D'après le système de réforme, tel que je le conçois, le trésor n'y serait pas intéressé et la lutte entre les rivières et les canaux n'existerait pas. Je ferais ce que la France a fait en 1836 ; avant cette époque, le même système vicieux existait en France ; des péages exorbitants pesaient sur certaines voies navigables ; des péages nuls ou insignifiants existaient sur certaines autres. Il y avait beaucoup des difficultés à vaincre, il y avait des questions d'équilibre à résoudre, eh bien, le gouvernement français n’a pas reculé.

En 1836, il a abordé la réforme du régime des canaux et rivières ; il a divisé toutes les voies navigables en trois catégories : fleuves, rivières canalisées et canaux ; il a admis pour chaque catégorie une unité de (page 406) péage différente, mais qui était pour chacune uniforme, comme cela existe sur les routes pavées et sur les chemins de fer. Le fleuve paye moins que la rivière canalisée et celle-ci paye moins que les canaux.

Je voudrais qu'un système analogue fût adopté en Belgique ; il en résulterai une certaine augmentation souvent insignifiante pour les uns et un dégrèvement pour les autres ; mais le trésor public serait indemne : le point de départ serait le maintien de la recette actuelle produite par nos voies navigables, sauf à opérer plus tard des réductions que notre situation financière autoriserait.

C'est là le remède, c'est la réforme que je recommande à l'attention de M. le ministre, je désire que le gouvernement prenne l'initiative de cette réforme ; s'il ne le fait pas, je saisirai la première occasion opportune, pour déposer le projet de loi dont j'ai entretenu la Chambre. Je considère cette mesure comme la plus efficace pour empêcher ces fluctuations fâcheuses des prix de la houille et du fer, prix désastreux pour le producteur, pendant certaines périodes, prix désastreux pour le consommateur, pendant certaines autres.

M. Vilain XIIII. - Messieurs, l'orateur qui se rassied vient avec le charme de parole que la Chambre lui connaît, de prouver l'inanité des mesures qu'on peut vouloir prendre pour faire baisser les denrées en Belgique : il vous a dit qu'elles étaient inefficaces et partant inutiles ; il a parfaitement raison : la loi sur les céréales était certainement inutile, elle ne produit rien, elle ne produira rien ; mais elle ne coûte rien au trésor ; la loi sur l'entrée des charbons étrangers ne produira également rien, mais cette loi est purement et simplement inefficace et inutile, elle ne coûte rien au trésor.

Il n'en est pas de même de la loi dont nous nous occupous ; cette loi que l'honorable membre déclare inefficace et inutile, en ce qu'elle n'empêchera pas la sortie du charbon, amènera 388 mille francs dans le trésor.

Voilà la grande différence qu'il y a entre cette loi et les lois sur les céréales et l’entrée des charbons étrangers.

M. Dechamps. - Si vous exportez !

M. Vilain XIIII. - Sans doute ; mais si on n'exporte pas, le prix du charbon baissera, et si on exporte, le trésor percevra 388 mille fr.

On exportera, soyez-en certains ; par conséquent, vous recevrez les 388,000 fr. que, depuis 17 ans, vous avez abandonnés aux charbonnages et aux consommateurs. Ce sont les Hollandais qui les payeront désormais.

Maintenant, permettez-moi de dire un mot sur l'impôt dont l'honorable membre se plaint que les charbonnages de Charleroi sont frappés, car il qualifie d'impôt les droits de navigation sur le canal de Charleroi. Je ne discuterai pas longtemps la question de savoir si c'est un impôt ou le prix de services rendus, je me bornerai à dire : Heureuses les contrées, heureuses les industries qui payent un pareil impôt !

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Il y a dans le discours de l'honorable député de Charleroi plusieurs contradictions qu'il importe de relever.

Il pose en fait que le gouvernement n'a rien fait pour les bassins houillers, d'autre part il affirme, et je suis d'accord avec lui, que la question des houilles est avant tout une question de transport et qu'il faut améliorer les voies existantes et en créer de nouvelles si l'on veut que les bassins houillers prospèrent.

Je demande si toutes les promesses que le gouvernement a faites aux bassins houillers n'ont pas été tenues.

Au bassin de Charleroi on a donné le chemin de fer d'Erquelinnes, le chemin d'entre Sambre et Meuse, le chemin de fer du Luxembourg, le chemin de Charleroi à Louvain ; au bassin du Centre on a donné le chemin de Manage à Erquelinnes qui, depuis 1845, est resté sans exécution, enfin, au bassin du Couchant on a donné le chemin qu'il avait demandé vainement pendant dix ans, la ligne de Mons à Haumont.

Au bassin de Charleroi on a accordée une réduction de 35 p. c. sur les péages du canal de Charlcroi ; au bassin du Couchant et à celui de Charleroi on a accordé une réduction de péage de 75 p. c. sur le canal de Pommerœul à Antoing, et 75 p. c. sur l'Escaut. N'est-ce donc rien que tout cela ? D'après les prévisions du gouvernement, les recettes sur le canal de Pommeroeul ont été de 200,000 francs inférieures à ce qu'elles étaient avant la réduction des péages.

Il est donc parfaitement inexact de dire que le gouvernement n'a rien fait pour les bassins houillers.

Il y a encore une contradiction dans laquelle a versé l'honorable membre. Il voudrait qu'on augmentât le matériel du chemin de fer et il propose de réduire les péages sur les canaux.

C'est vouloir faire affluer les transports vers les canaux, et en même temps faire dépenser en pure perte des sommes considérables pour l'augmentation du matériel, puisqu'il la fait coïncider avec une réduction de péages sur les canaux.

La loi sur l'entrée des houilles n'a eu aucun effet, c'est parce qu'il n'y a pas eu d'importation de houille anglaise que nos bassins n'ont pas besoin de réduction de péages.

M. Van Iseghem. - C'est une erreur, il est entré des charbons anglais à Ostende, on n'a pas pu les vendre.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - L'importance de la loi que nous discutons est au point de vue fiscal. En 1842, on ne s'est pas préoccupé exclusivement de l'intérêt industriel, on se trouvait aussi en face d'une considération fiscale, on voulait que les charbons belges pussent aller en Hollande ; avant la loi, l'exportation vers la Hollande n'était que de 80 mille tonnes, après l'adoption de la loi, cette exportation s'éleva bientôt à 200,000 tonnes, l'intérêt qu'on avait en vue a été atteint.

C'est parce que nous avons la conviction que notre but sera encore atteint par la mesure proposée que nous conseillons à la Chambre de l'adopter.

L'année dernière le ministre des finances, dit-on, a combattu la proposition de M. Orban. Mais si cette proposition venait à se produire, je la combattrais encore.

M. Orban proposait de supprimer indistinctement toutes les primes dont jouissent certains bassins.

Ainsi, le bassin de Charleroi jouit d'une prime considérable sur la Sambre et sur d'autres cours navigables ; sur le canal de Bruges à Gand et sur le canal de Terneuzen. Si la mesure que nous proposons était généralisée, elle serait combattue comme elle l’a été l'année dernière.

Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas demandé la faculté qu'il a sollicitée il y a trois ans ? Il aurait pu exclure les houilles de la faveur dont elles ont joui jusqu'à présent.

Mais le gouvernement se serait trouvé dans une situation extrêmement difficile, si l'on avait, par la loi, laissé au gouvernement le pouvoir de proroger la prime dont jouissait le bassin de Charlcroi eu ce qui concerne l'exportation vers la Hollande. Il n'aurait pu en user sans s'expliquer devant la Chambre. Celle-ci aurait demandé si le gouvernement allait faire jouir les charbons de la prime. Il aurait dû répondre non. Autant valait demander à la Chambre de supprimer les primes dans la loi même.

L'honorable M. Dechamps est revenu sur une question qu'il a effleurée à plusieurs reprises, et qui a été d'une solution aussi difficile autrefois qu'aujourd'hui. C'est celle de l’uniformité des péages. Cette question a fait l'objet d'un examen approfondi de la part des chambres de commerce. Toutes les chambres de commerce, tous les hommes spéciaux du département des finances ont été appelés à émettre une opinion à ce sujet, et voulez-vous savoir quel a été le résultat de cette immense enquête ? C'est qu'il est extrêmement difficile de toucher en quoi que ce soit aux péages des voies navigables sans toucher à d'énormes intérêts. Il y aurait un moyen tout simple de concilier tous les intérêts, ce serait de supprimer les péages.

Ce système est des plus simples. Mais une des causes principales de la difficulté à résoudre cette grave question, c'est la diversité des voies de communication dans tout le pays. Ainsi, si l'on voulait introduire l'uniformité des péages, on aurait immédiatement la lutte entre les rivières et les canaux. Les bassins houillers qui sont obligés d'effectuer leurs transports par les rivières protesteraient contre l'uniformité des péages.

Le bassin de Mons, qui ne peut arriver à Anvers et à Gand que dans des conditions de transport et de halage extrêmement défavorables et onéreuses demanderait inévitablement et immédiatement une route fluviale canalisée ; il se plaindrait de devoir employer des voies navigables par lesquelles il fait 40 lieues pour arriver à Anvers quand le bassin de Charleroi, grâce au canal dont il fait usage, peut y arriver avec des frais beaucoup moindres.

Je pense qu'il y aurait un seul moyen ; ce serait, comme je viens de le dire, de supprimer tous les péages. Mais ce serait pour l'Etat une perte de 2 millions de francs, et comme on transporte par les voies navigables 1,900,000 tonnes de houille, ce serait une réduction d'un peu plus d'un franc par tonne, réduction insignifiante dont ne profiterait pas le consommateur, de manière que le seul résultat de cette mesure serait une perte de 2 millions.

M. Dumortier. - Je ne veux pas prolonger la discussion ; mais il m'est impossible de laisser passer cette observation, faite par mon honorable ami M. Vilain XIIII, que la loi qui a été récemment portée ne pourrait avoir aucune influence sur le prix des céréales. S'il en est ainsi, comment a-t-il pu engager le gouvernement à faire une circulaire sur les effets de cette loi ?

M. Vilain XIIII. - Je demande la parole.

M. le président. - M. le ministre de l'intérieur l'a demandée.

M. le ministre de l'intérieur (M. Piercot). - Je parlerai après M. Vilain XIIII.

M. Vilain XIIII. - Ce n'est pas à M. le ministre de l'intérieur, c'est à moi que mon honorable ami reproche d'avoir conseillé au gouvernement de faire une circulaire au sujet de la loi des céréales. Quand je me suis permis de lire ici un projet informe de circulaire, ce n'était pas du tout dans l'idée qu'une publication de cette nature pouvait faire baisser ou hausser le prix des grains, en aucune façon ; mon but était d'éclairer le public sur la situation.

Je suis tellement convaincu qu'aucune mesure, aucune loi, aucune circulaire ne peut faire hausser ou baisser le prix des grains, que je me considérerais comme un imbécile si j'avais pensé que le conseil que j'ai donné au gouvernement pût avoir un résultat quelconque sur le prix des grains.

M. le ministre de l'intérieur (M. Piercot). - On vient de faire allusion à une circulaire publiée par le gouvernement et dont on a méconnu le sens dans quelques journaux. Qu'il me soit permis d'en dire un mot pour empêcher le retour de fausses interprétations.

(page 407) Que s’est il passé lorsque l'on a voté la loi sur les denrées alimentaires ? Personne n'a contesté que cette loi ne fût plutôt, en ce qui concerne la prohibition à la sortie, une satisfaction donnée à l'opinion populaire qu'un remède efficace contre la cherté des grains. On l’a acceptée dans cet esprit. Mais on a été d'accord pour recommander au gouvernement d'éclairer la population sur la situation réelle des choses, afin de tranquilliser les habitants et de ne pas faire naître surtout des espérances chimériques que la prohibition à la sortie ne pouvait réaliser.

L'honorable M. Vilain Xllll a exprimé cette pensée en des termes que la Chambre a paru approuver.

Qu'a fait le gouvernement ? Il a traduit en fait le vœu manifesté dans cette Chambre, et il a, en même temps que la loi, publié une circulaire dans laquelle il s'est attaché à faire comprendre au peuple que la Chambre et le gouvernement avaient pris toutes les mesures qui fussent en leur pouvoir pour atténuer, dans la limite du possible, la gravité des circonstances.

Maintenant peut-on reprocher au gouvernement d'avoir reconnu qu'il y avait, dans la récolte un déficit ordinaire, alors qu'il a été constaté, dans cette enceinte et avoué par M. Dumortier lui-même, en 1853, que le déficit annuel de la Belgique, même dans les bonnes années, était de plus de 500,000 hectolitres ?

Messieurs, je répéterai à cette occasion ce qu'on a dit dans le cours de la discussion de la loi, à savoir que ce n'est pas en ménageant les préjugés populaires qu'on apprend aux populations à supporter la cherté des subsistances ; mais en éclairant le peuple sur la véritable situation des choses.

C'est ce que le gouvernement a fait par la circulaire dont il s'agit, et il ne le regrette pas.

J'ajouterai que la circulaire n'a pas empêché les marchés d'être bien approvisionnés, car il est notoire que les grains ont été apportés en quantités beaucoup plus considérables depuis l'époque où la circulaire a paru qu'auparavant ; ce qui prouve, tout au moins, que cette circulaire n'a pas produit les mauvais résultats que quelques uns lui reprochent.

M. le président. - On ne peut pas discuter maintenant la question des céréales ; elle n'est pas à l'ordre du jour.

- Plusieurs membres. - La clôture !

M. Dechamps. - Je demande la parole, non pour insister, mais pour faire remarquer que si la clôture est prononcée, ce n'est pas par impuissance que je n'aurai pas répondu à mon ami le comte Vilain XIIII et à M. le ministre des travaux publics.

- La discussion est close.

L'article premier du projet du gouvernement est mis aux voix et adopté.

Articles 2 à 4

« Art. 2. Les pouvoirs, résultant de la disposition qui précède, cesseront au 31 décembre 1855, s'il ne sont renouvelés avant cette époque, et, en cas de non renouvellement, les anciens tarifs reprendront leur cours de plein droit à la même époque, quand même aucun terme n'aurait été indiqué dans les mesures prises par le gouvernement. »

- Adopté.


« Art. 3. Toute demande en restitution de droits, consignés par suite de la présente loi, devra, sous peine de déchéance, être formée dans les dix-huit mois, à dater de la consignation. »

- Adopté.


« Art. 4. La prësente loi sera obligatoire le 1er janvier 1855. »

- Adopté.

Vote sur l’ensemble du projet

Il est procédé au vote, par appel nominal sur l'ensemble du projet de loi.

76 membres répondent à l'appel.

49 votent l'adoption.

25 votent le rejet.

2 s'abstiennent.

En conséquence, le projet de loi est adopté ; il sera transmis au sénat.

Ont voté l'adoption : MM. de T'Serclaes, Devaux, Dumont, Dumortier, Frère-Orban, Jacques, Landeloos, Lange, Laubry, le Bailly de Tilleghem, Lebeau, Le Hon, Lesoinne, Magherman, Malou, Manilius, Mascart, Mercier, Osy, Pierre, Pirmez, Rodenbach, Rousselle, Tack, Tesch, T'Kint de Naeyer, Vanden Branden de Reeth, Vander Donckt, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Verhaegen, Visart, Wasseige, Anspaçh, Coppieters't Wallant, Dautrebande, de Baillet-Latour, de Bronckart, de Brouwer de Hogendorp, de Haerne, de La Coste, Deliége, de Mérode-Westerloo, de Moor, de Pitteurs, de Royer, Desmaisières et Delfosse.

Ont vote le rejet : MM. de Theux, Dubus, Goblet, Janssens, Julliot, Matthieu, Prévinaire, Thiéfry, Thienpont, Van Cromphaut, Vandenpeereboom, Van Overloop, Van Renynghe, Vermeire, Vilain XIIII, Allard, Ansiau, Calmeyn, Coomans, de Decker, Dellafaille, de Naeyer, de Portemont, de Renesse, et de Ruddere de Te Lokeren.

Se sont abstenus : MM. Brixhe et Dechamps.

M. le président. - Les membres qui se sont abstenus sont invités a faire connaître les motifs de leur abstention.

M. Brixhe. - Je me suis abstenu, parce que je ne voulais pas voter la loi à cause de la question des houilles, et que, d'un autre coté, je n'entendais pas encore priver certains autres articles du bénéfice de cette loi.

M. Dechamps. - Je me suis abstenu par les mêmes motifs.

Pièces adressées à la chambre

Rapport sur la négociation du capital à 4 1/2 p. c. et sur le retrait des pièces de 10 et de 25 francs

M. le ministre des finances (M. Liedts). - Messieurs, en exécution de la loi du 14 juin 1853 et de celle du 31 mars 1847, j'ai l'honneur de déposer un rapport sur la négociation du capital de 20,964,000 francs à 4 1/2 p. c, ainsi que sur le retrait des pièces de 10 et de 25 francs.

- Il est donné acte à M. le ministre du dépôt de ce rapport. La Chambre en ordonne l'impression et la distribution.

Nomination de la commission au roi

Il est procédé au tirage au sort de la commission chargée d'aller complimenter Sa Majesté à l'occasion du jour de l'an. Elle se compose, outre le président, de MM. de La Coste, de Naeyer, Malou, Laubry, Rousselle, de Decker, de Man d'Attenrode, Prévinaire, de Theux, Vilain XIIII et Goblet.

La Chambre s'ajourne au mardi, 16 janvier, à 2 heures.

- La séance est levée à 4 heures.