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Note d’intention
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Congrès national de
Belgique
Séance du vendredi 12
novembre 1830
Sommaire
1) Pièce adressée au congrès
2) Rapport des commissions de
vérification des pouvoirs (Osy)
3) Proposition visant à proclamer
l’indépendance de
4) Motion d’ordre relative à l’adoption
d’un règlement d’ordre, préalablement à toute autre décision et adresse au
gouvernement provisoire (Van Meenen, Lebeau, de Stassart, Van Meenen, Van Snick, Forgeur, de Stassart, de Celles, de Robaulx, Destriveaux)
5) Légitimité du pouvoir détenu par
le gouvernement provisoire (de Foere, Devaux)
6) Motion d’ordre relative à
l’adoption d’un règlement d’ordre, préalablement à
toute autre décision et adresse au gouvernement provisoire (Ch. Le
Hon, Pirson,
Devaux, Gendebien (père), Kockaert, Van Meenen, Forgeur)
7) Nomination de la commission
d’adresse
8) Commission de vérification des
pouvoirs (Yve de Bavay)
9) Projet de règlement pour le
congrès. Fonctions du président (de Foere, de Man, Forgeur, Trentesaux),
distribution des pièces adressées au congrès (Van Hoobrouck de Mooreghem,
de Sécus (père), de Quarré, Destouvelles, Van Meenen, de Gerlache),
fonctions des secrétaires et des questeurs (Jacques, Duval de Beaulieu, de Stassart, Van Meenen, de Robaulx, de Stassart),
communications entre le gouvernement provisoire et le congrès (de Theux),
constitution du comité secret (de Sécus (père), Van Snick, de Robaulx, Destriveaux, Forgeur, Dumont)
10) Démission du gouvernement
provisoire et proposition de proroger sa mission (Rogier, Pirson, Vandenhove, de Quarré, de Stassart, Ch. le Hon, de Foere, Van Snick, de Robaulx, Forgeur)
11) Installation du nouveau
gouvernement provisoire (Th. Fallon)
(E. HUYTTENS,
Discussions du Congrès national de Belgique, Bruxelles, Société typographique
belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1844, tome 1)
(page 114) (Présidence de M. le baron Surlet de Chokier)
La séance
est ouverte à dix heures. (P.V.)
M. Forgeur, secrétaire,
donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, qui est approuvé sans
réclamation. (P.V.)
PIECE ADRESSEE AU CONGRES
M. le président annonce qu'il
a reçu une lettre de M. de Munck, député du district
de Bruxelles, qui déclare ne pouvoir accepter son mandat. (P.V.)
M. le président – L'ordre
du jour est la nomination de la commission chargée de la rédaction de l'adresse
en réponse au discours d'ouverture ; avant d'y procéder, je prie Messieurs les
rapporteurs des commissions chargées de la vérification des pouvoirs de
continuer à présenter à l'assemblée le résultat de leurs opérations. (J.B., 14 nov.)
M. de Muelenaere, rapporteur de
la première commission de vérification des pouvoirs, a la parole – M. de Wael-Vermoelen, élu dans le district d'Anvers, ayant refusé
de venir siéger, les suppléants ont dû être appelés ; mais les trois premiers
suppléants MM. François Verdussen, Jean-Baptiste Dehaen
et Serruys-Diercxens refusent également leur mandat ;
il a donc fallu appeler le quatrième, qui est M. le baron Osy ; le procès-verbal
d'élection a été reconnu régulier par votre commission, cependant elle m'a
chargé de vous soumettre une observation.
M. le baron Osy est né à Rotterdam, il pourrait être
considéré comme étranger ; mais il résulte d'un certificat qu'il nous a remis,
signé de MM. Dubois, comte de Baillet, marquis de Trazegnies et baron
d'Hooghvorst, qu'il a habité Bruxelles pendant sa minorité et depuis 1814. De
plus, il est de notoriété publique dans la province d'Anvers que M. Osy a
résidé constamment en Belgique. Votre commission, ayant trouvé ce certificat
suffisant pour justifier de l'aptitude de M. le baron Osy, a l'honneur de vous
proposer son admission. (E., 14 nov.)
M. le président – Il ne s'élève
aucune réclamation ? M. Osy est admis représentant au congrès national. (E., 14 nov.)
- M. le président invite M. de Langhe à faire son rapport sur
l'élection de M. le marquis d'Yve de Bavay. (U.B., 14 nov.)
M. de Langhe dit que les procès-verbaux
viennent seulement de lui parvenir, et que la commission les examinera pendant
qu'on nommera la commission d'adresse. (U.B., 14 nov.)
M. le président – Il y a
des députés nommés dans plusieurs districts, qui n'ont pas encore opté ; ils
sont invités, s'ils sont présents, à faire connaître de suite leur option, afin
d'accélérer les opérations. (E., 14 nov.)
- Personne
ne répond à cette invitation. (E., 14 nov.)
(page 115) M. le président – J'ai reçu une proposition
dont je vais vous donner lecture :
«
Je demande que le congrès national déclare:
« 1°
L'indépendance
du peuple belge;
« 2°
Que le congrès ne se séparera pas avant d'avoir consolidé la liberté de la
patrie.
« Cette
proposition, si elle est prise en considération par l’assemblée, serait
renvoyée dans ses bureaux pour être examinée dans son principe, et recevoir les
développements de rédaction qui s'y rattachent.
« J'attends
l'assentiment de l’assemblée pour en développer sommairement dès à présent les
motifs.
« Bruxelles,
12 novembre 1830.
« Comte
de Celles, député de Bruxelles. » (U.B., 14 mars, et A.C.)
M. le président – Veut-on entendre M. de
Celles pour le développement de sa proposition ? (V. P., 14 nov.)
M. Van Meenen – Je demande la priorité pour une
motion d'ordre que j'ai déposée sur le bureau. (E., 14 nov.)
M. le président – La
proposition de M. de Celles m'ayant été remise la première, j'ai cru devoir en
donner connaissance à rassemblée. (E., 14 nov.)
M. Van Meenen – En agissant ainsi, et discutant
la proposition de M. de Celles avant la mienne, il peut résulter que votre
délibération soit annulée par l'admission de ma proposition. (E., 14 nov.)
M. Pirson – Avant de déposer
des motions d'ordre, ou toute autre espèce de motion, il faut préalablement
adopter le règlement qui décidera de la forme des discussions et du mode de
déposer les propositions. Je demande l'ordre du jour. (U. B., 14
nov.)
M. Van Snick – Il me semble
que si M. le président lisait la proposition de M. Van Meenen, nous
serions plus à même de décider s'il y a opportunité à la discuter. (U. B., 14 nov.)
M.
Nothomb, secrétaire, donne lecture de la proposition de M. Van
Meenen, ainsi conçue:
«
Le député soussigné propose la résolution suivante :
« Le
congrès,
«
Considérant qu'il ne sera définitivement constitué que par l'adoption et la
mise à exécution d'un règlement d'ordre, décrète :
« Art.
1er. Toutes résolutions, toutes propositions, autres que celles qui sont
relatives à son installation, à la vérification des pouvoirs de ses membres, à
la formation de son bureau et à celle de son règlement d'ordre, sont réputées
non avenues.
« 2.
Le congrès procédera, sans désemparer et sans divertir à d'autres actes, à la
formation et à la mise en vigueur de son règlement d'ordre.
« 3.
Les propositions réputées non avenues par l'art. 1er pourront être reproduites
et mises en délibération, en se conformant au règlement.
« Bruxelles,
palais de la nation, 12 nov. 1830.
« VAN MEENEN.
» (P. V.)
M. le président consulte
l'assemblée pour savoir si elle veut passer de suite à la discussion de son
règlement. (E., 14 nov.)
M.
Lebeau – Il me semble que la proposition de M. Van Meenen tend
à effacer une décision qui a été prise, hier, par le congrès, savoir, celle de
nommer une commission chargée de rédiger une adresse en réponse au discours du
gouvernement provisoire ; or, ce serait tomber dans une contradiction qui
nuirait à la dignité de cette assemblée. Je demande que la proposition ne soit
discutée qu'après la nomination de la commission d'adresse. (U.B., 14 nov.)
M. le baron de Stassart croit d'autant plus convenable, avant tout, de procéder
au choix des membres de la commission chargée de proposer la réponse au
discours du gouvernement provisoire, qu'il n'en résultera point de retard pour le
règlement ; mais tandis qu'il se discutera, le projet d'adresse (qui ne
laisse pas de présenter aussi quelque urgence) pourra toujours s'élaborer par
la commission, ce qui fera gagner du temps. (J. B.. 14 nov.)
M. Van Meenen –
Mon honorable collègue M. Lebeau m'oppose la délibération prise
hier, et qui serait déclarée non avenue si l'on adoptait ma proposition ; mais
sans examiner si cela nuirait à la dignité de l'assemblée, ce qui, je crois,
n'est pas la question, il s'agit de savoir si hier nous avons pu prendre une
délibération ; or, je pense que non. Pour prendre une résolution quelconque,
une assemblée délibérante doit avoir un règlement d'ordre qui indique les
formes de cette (page 116)
résolution, les formes dont l'observation précise et sanctionne seule le
caractère de la délibération ; il y a plus, le bureau définitif n'aurait dû
être nommé qu'après l'adoption du règlement, car il faut des formes aussi pour
nommer un bureau. Je ne conteste certes pas le résultat heureux de la
nomination de notre bureau, je suis au contraire le premier à le reconnaître ;
mais je persiste à croire qu'il eût été mieux de ne le nommer qu'après avoir
adopté notre règlement.
Nous sommes
une assemblée à laquelle ne s'applique aucun précédent ; l'assemblée
constituante avait ses formes déterminées par le pouvoir royal ; la convention elle-même,
qui vint, comme nous, après la chute d'un gouvernement (ici je prie de croire
que je ne veux faire aucune comparaison injurieuse), avait ses formes
déterminées par l'assemblée législative ; le corps législatif de l'empire avait
reçu les ordres de Bonaparte ; les chambres françaises de 1814 avaient, en
partie du moins, les règlements du sénat et du corps législatif. Mais nous,
nous avons été envoyés ici par la nation, dans un moment de trouble, sans
aucune règle antérieure pour nous guider ; notre premier soin devait donc être
de nous constituer à l'intérieur par la vérification de nos pouvoirs ; ensuite
de déterminer le mode de procéder entre nous, l'ordre rationnel et logique des
propositions ; puis de nous faire reconnaître à l'extérieur ; et tout cela
aurait dû être fait avant la nomination du bureau. Cette nomination a peut-être
eu des avantages, malgré la faute logique que nous avons commise; mais je crois
qu'il faut s'arrêter là, et procéder dorénavant d'une manière régulière ; car
la commission que nous nommerions ne saurait elle-même comment procéder et nous
faire son rapport si le règlement n'est pas établi. (U. B., 14 nov.)
M. le président – Si je ne me trompe, M. Van
Meenen n'est pas éloigné de s'entendre avec M. Lebeau ; il ne s'agit que de
nommer la commission, et cette commission nommée, M. Lebeau ne s'oppose plus à
l'adoption de la proposition. (U. B., 14 nov.)
M.
Van Snick – Je demande la parole. C'est moi qui ai demandé la
lecture de la proposition de M. Van Meenen ; si j'ai bien compris l'honorable
auteur de cette proposition, son but principal est de faire reconnaître notre
constitution à l'extérieur. Je ne crois pas que l'adoption du règlement
atteigne ce but ; je ne crois pas que ce soit le règlement qui nous constitue ;
nous nous sommes constitués nous-mêmes en vérifiant nos pouvoirs. Je demande la
priorité pour l'ordre du jour. (U. B., 14 nov.)
M. Pirson – Aux voix ! (U.B., 14 nov.)
M. Forgeur – Il me semble que la
proposition de M. Van Meenen est inadmissible. Il veut faire considérer comme
non avenues, non seulement la proposition de M. de Celles, mais de plus les
résolutions déjà prises par le congrès. La nomination d'une commission
d'adresse a été votée librement, sans opposition, presque à l'unanimité, et on
déclarerait une telle délibération nulle ! Ce serait compromettre la dignité de
la chambre. Il est inconvenant pour une assemblée de revenir sur des
propositions librement adoptées par elle. Je demande la division de la
proposition de M. Van Meenen ; c'est-à-dire que je suis prêt à adopter cette
proposition, sauf ce qui concerne les délibérations
déjà prises. (U.B., 14 nov.)
M. de Robaulx – Je
demande la parole. (Aux voix! aux
voix!) Vous ne devez pas ôter à un orateur la liberté de parler;
nous sommes dans un temps de liberté. (U. B., 14 nov.)
M. le baron de Stassart – Je me range à l'avis de M. Forgeur et
demande qu'il soit passé à l'ordre du jour sur l'art.
1er. (E ., 14 nov.)
M. le comte de Celles
appuie la proposition de M. Van Meenen, comme indispensable, sans revenir
néanmoins sur ce qui a été décidé ; si l'on nomme d'abord une commission,
comment procédera-t-elle puisqu'il n'y a pas de règlement ? (V. P., 14 nov.)
M. de Robaulx –
C’est du règlement que nous devons d'abord nous occuper ; c'est vers ce point
que nous devons porter tous nos soins. Quand on n'a point de règlement, les
questions sont surprises, enlevées. Hier, la question de l'adresse a été
présentée d'une manière complexe : on a demandé s'il y aurait une commission
d'adresse, au lieu de demander s'il y aurait une adresse, chose qu'il fallait
d'abord savoir, car le congrès souverain, investi de tout pouvoir par le
peuple, doit-il faire une adresse au gouvernement provisoire ?
L'Europe a les yeux ouverts sur nous, et nous aurions dû songer s'il
était de notre dignité de faire une adresse à ce pouvoir. Les adresses ne sont
envoyées qu'à des pouvoirs supérieurs, auxquels on veut adresser les vœux et
les supplications des peuples, et si ce pouvoir est au-dessous de nous, nous ne
lui devons que des compliments.
Pour que l'assemblée ne fût pas
surprise et qu'elle pût ne pas compromettre sa dignité, la question aurait dû
être mise à l'ordre du jour et discutée le lendemain, afin que chaque membre
pût apporter le tribut de ses lumières ; c'est surtout l'annulation de cette
décision qui fait (page 117)
l'opportunité de la proposition de M. Van Meenen. (U. B.,
14 nov.)
M. Destriveaux – Je
demande la parole. Je crois que l'honorable préopinant a pris trop de soin de la
dignité de l'assemblée ; je pense que la dignité du congrès serait certainement
beaucoup plus compromise si nous déclarions que nous nous sommes laissé
surprendre et qu'une délibération aussi importante a échappé à notre attention.
Je laisse à part tout ce que cette discussion peut avoir de personnel pour moi,
auteur de la proposition d'adresse. Mais je demande par quel adroit subterfuge,
par quel piège habile on a surpris la religion de l'assemblée. A-t-elle cédé à
une éloquence entraînante ? Certes, si l'éloquence avait dû déterminer les
suffrages, ce n'est pas moi qui aurais eu la présomption de prendre la parole ;
j'ai fait une proposition simple et sans développements, et il m'a semblé que
chacun comprenait les motifs de haute convenance qui me guidaient ; personne ne
m'a interrompu, personne n'a demandé la parole pour me répondre, aucune
réclamation ne s'est élevée. Alors M. le président a posé la question, et le
silence affirmatif de l'assemblée l'a adoptée : étrange manière de surprendre
les délibérations !
On a beaucoup parlé de la dignité de cette assemblée, de la solennité de
notre mission ; je le sais, nous sommes en présence de
On a dit que les adresses étaient des adulations pour les rois, des
supplications de peuples opprimés, des vœux humbles et timides : mais qui donc
a proposé de flatter le gouvernement provisoire ? qui
donc a élevé la voix pour nous conseiller pareille chose ? Personne que je
sache; et on a osé parler d'un pareil scandale !
Quand le gouvernement provisoire, en entrant dans cette assemblée, a été
salué d'une triple salve d'applaudissements, était-ce là une vile adulation du
peuple ? Non, sans doute; c'était l'expression de sa reconnaissance pour de
grands citoyens, qui, élevés au pouvoir dans un instant de troubles et
d'anarchie, en ont usé pour le bonheur du pays. Eh bien ! l'adresse
dira ce que disaient ces applaudissements.
En votant une adresse, ferons-nous un acte de servilité et
de complaisance ? Non, messieurs; nous ferons savoir à d'honorables citoyens
que nous les remercions, au nom de la nation, de leur dévouement et des
services qu'ils ont rendus. Du reste, cette adresse rédigée nous sera lue :
nous en pèserons toutes les phrases, nous verrons si elles renferment autre
chose qu'une récompense domestique et patriotique ; nous verrons si elle ne
contient rien qui puisse blesser l'égalité ; nous la jugerons avec une
franchise républicaine ; mais qu'on ne la repousse pas par avance, sous
prétexte que les formes n'ont pas été observées. J'ai dit. (U. B., 14
nov.)
M.
l’abbé de Foere – Messieurs, les gouvernements se constituent de
deux manières : d'abord, dans des temps ordinaires, par l'assentiment librement
exprimé des nations ; ensuite, dans des temps extraordinaires, par leur
assentiment tacite. J'appelle des
temps extraordinaires ces transitions. violentes
par lesquelles les États passent d'une forme d'existence à une autre, et
pendant lesquelles les nations ont recours à l'impérieuse loi de la nécessité
pour établir l'ordre et la sécurité, pour garantir les États contre les
horreurs de l'anarchie. Tous les publicistes admettent cette loi de la nécessité comme principe provisoirement constitutif des
États anarchiques. Les jurisconsultes la rangent parmi les causes des
exemptions légales, et les moralistes l'adoptent comme raison suffisante de se
croire dispensé de l' observance des devoirs qui nous
sont imposés par des lois humaines. Mais cette loi de la nécessité, de l'aveu
de tous, a ses règles et ses bornes. II est généralement admis que cette loi,
recevant son existence de la nécessité, rentre dans le néant par la cessation
de cette nécessité même. Il est incontestable que notre gouvernement provisoire
se soit établi sur cette loi de la nécessité, incontestable encore qu'il ait
reçu son mandat de l'assentiment tacite de la nation belge ; mais aussi il me
semble qu'il n' est pas moins évident que cette loi a cessé par la cessation de
sa cause, et que, depuis la vérification des pouvoirs des membres du congrès
national, l'assentiment tacite, par lequel la nation belge avait conféré
l'administration de ses intérêts communs au gouvernement provisoire, reste
désormais sans application. Il résulte de ces principes, messieurs, que le
pouvoir du gouvernement provisoire est expiré, à moins de vouloir soutenir que
nous nous trouvons encore sous l'empire de l'anarchie, lorsque la loi
électorale a reçu, sans aucune entrave, ses développements et ses applications,
et lorsque même le congrès national se trouve déjà paisiblement constitué ; à
moins encore de (page 118) prétendre qu'il n'y aurait pas d'absurdité à rester dans les conséquences
de l'assentiment tacite de la nation, lorsque aucun obstacle, aucune entrave ne
s'oppose à la libre expression de ses vœux et de sa volonté par l'intervention
de ses députés au congrès national. Le gouvernement ne peut donc plus se croire
investi de son pouvoir provisoire ; s'il continuait de l'exercer, il ne
trouverait sa justification que dans le pouvoir absolu, dans ses volontés
arbitraires, dans le droit de conquête, principes qu'il vient de flétrir
lui-même si justement dans son discours d'ouverture. Il mettrait de nouveau en
question les vrais principes constitutifs de l'ordre social ; comme son
prédécesseur, il substituerait la force au droit, sa volonté à la justice, et
il s'efforcerait d'élever un pouvoir humain sur ses ruines mêmes. Une nouvelle
expérience nous aurait de nouveau péniblement détrompés. Il ne nous resterait
des premiers généreux efforts des membres du gouvernement provisoire et des
nôtres pour nous délivrer de l' oppression étrangère,
il ne nous resterait, dis-je, que de cruels regrets, des préventions légitimes
contre toute perfectibilité, le découragement, peut-être même le désespoir de beaucoup de gens de bien, tristes apanages de tant de révolutions qui ont précédé la nôtre.
Heureusement, messieurs, j'augure
mieux des membres qui composent notre gouvernement provisoire. Quoique j'eusse
désiré qu'à tant d'actes de générosité et de loyauté que je suis heureux de
leur reconnaître, ils eussent ajouté celui de déposer devant notre assemblée
nationale les titres de leur pouvoir annulé, j'éprouve néanmoins le doux
pressentiment qu'au moins ils se soumettront à la décision que prendra le
congrès sur la nature, la durée et le terme de leur pouvoir. S'ils se sont crus
autorisés à proroger leur mandat au delà du terme que le droit naturel et
public lui a assigné, qui sait si des jurisconsultes mêmes ne les ont pas
bercés dans cette illusion ? Vous savez tous, messieurs, qu'aujourd'hui, par un
excès de civilisation, avec de l'instruction, avec de la flexibilité de talent
et avec de l'esprit, on parvient, sinon à tout prouver, du moins à tout
soutenir. Avant-hier encore, dans l'enceinte de cette assemblée et à propos du
projet de notre règlement d'ordre, présenté par le gouvernement provisoire au
congrès, nous avons entendu soutenir par deux avocats,
d'ailleurs estimables… (J. F., 14 nov.)
M. Lebeau – Il n'y a pas d'avocats ici, il n'y a que des députés. (U. B., 14
nov.)
M. l’abbé de Foere – Par deux
avocats. (De
toutes parts: Députés; il n'y a que des députés dans cette enceinte.) Deux députés, d’ailleurs estimables,
l'étrange doctrine de droits ou de prétentions fondés sur le principe de la
présomption en présence du congrès même, et, par conséquent, lorsque le
gouvernement provisoire, au lieu de présumer l'assentiment du congrès,
relativement à ce projet, pouvait recueillir ses votes de la manière la plus
positive et la plus expresse. Le principe de la présomption légitime a-t-il été
jamais invoqué à l'égard des intéressés qui font acte de présence et que rien
n'empêche d'exprimer leurs droits ou leurs volontés ? Qui sait encore si ce
même principe de la présomption n'a pas servi de moyen pour nourrir notre
gouvernement provisoire dans l'illusion sur la durée de son pouvoir ? C'est ainsi
que de présomption en présomption on pourrait réduire le congrès à n'être qu'un
fantôme de représentation, ou un établissement de sourds-muets dont il faut
souvent présumer les désirs et les volontés.
Quant à
nous, messieurs, nous avons assumé sur nous une grande responsabilité qu'il est
impossible de se dissimuler. La nation qui nous a conféré son mandat et son
pouvoir exige de nous que nous interprétions son assentiment tacite, ainsi que
la loi de la nécessité, d'après les règles généralement admises. Or, les
membres du congrès qui sont versés dans la science du droit public et de la
jurisprudence n'ignorent pas que l'assentiment tacite et la loi et la nécessité
sont, dans les contrats sociaux comme dans les
contrats particuliers, de stricte interprétation. (Des conversations
particulières s'établissent de toutes part ; elles étouffent la voix de
l'honorable orateur) M. le
président, veuillez faire faire silence. (J. F. et U. B., 14 nov.)
M. le président – J’allais vous rappeler à la question, monsieur ; il s'agit
de savoir si on passe à l'ordre du jour, ou si l'on discutera la proposition de
M. Van Meenen, et vous êtes entré dans des discussions de droit public, civil
et même théologique, sur le pouvoir du gouvernement provisoire. Ces
considérations pourront être opportunes lors de la discussion de l'adresse;
mais pour le moment, je vous invite à rentrer dans la question.
(U. B., 14 nov.)
M. Pirson – Je demande la parole. (U. B., 14 nov.)
M. l’abbé de Foere – Après
moi. La question est grave ; elle est immense dans son principe comme dans ses
conséquences. Cependant je ne la crois ni délicate, ni dangereuse. Il ne faut
d'ailleurs jamais reculer devant les principes conservateurs de l'ordre social.
C'est par ces mêmes principes qu'il faut que nous reconstituions (page 119) l'Etat. D'autres questions
d'une tout autre importance seront soumises à nos délibérations. Si nous
pâlissons, nous exposerons notre indépendance nationale aux plus imminents
dangers. Nos hésitations et nos pusillanimités ouvriraient la brèche, par
laquelle l'ennemi entrerait dans le camp retranché de
Quant à moi,
messieurs, je déclare qu'en vous attirant sur ce terrain, je n'ai aucune
intention hostile contre notre gouvernement provisoire. C'est une simple, mais
une importante question de principe que j'aurai l'honneur de vous proposer. Je
la soumettrai à vos délibérations uniquement dans l'intérêt de la justice, qui
doit être la seule règle de notre conduite parlementaire ; dans l'intérêt de
l'État, qu'il est de notre devoir de reconstituer sur des bases que la morale
politique ne désavoue pas ; enfin dans l'intérêt même du gouvernement
provisoire, que le congrès ne saurait assez environner de la considération et
du respect qui résulteraient nécessairement d'une nouvelle sanction légale et
de nouveaux pouvoirs dont il serait investi, jusqu'à ce que les destinées de la
patrie soient définitivement fixées.
Afin de
détruire jusqu'au dernier soupçon que ma proposition pourrait laisser dans
l'esprit de quelques membres, je déclare, en outre, que, si la question de
l'expiration des pouvoirs du gouvernement provisoire est résolue
affirmativement par le congrès, et qu'en conséquence il faille procéder soit à
reconstituer le personnel du même gouvernement, soit à le renouveler ou à le
modifier, je prendrai sa défense, en cas qu'il soit attaqué, sinon dans toutes
les branches de son administration particulière, du moins dans sa marche
générale, considérée sous le rapport des grands principes des droits et des
libertés publiques, ainsi que sous celui de la générosité de ses efforts pour
le bien public et de la pureté de ses intentions, qui n'est pas à mes yeux son
moindre mérite.
Je vous
propose donc, messieurs, de décider, avant de nous mettre en communication avec
le gouvernement provisoire, la question de savoir : 1 ° si, d'après les
principes que je viens de soumettre à votre attention, le pouvoir du
gouvernement provisoire a cessé depuis la vérification de nos propres pouvoirs;
2° dans le cas affirmatif, si la nation, représentée par le congrès, conférera
au même gouvernement de nouveaux pouvoirs, ou si le personnel de ce
gouvernement sera changé ou modifié; et 3° quels seront la nature, l'étendue et
le terme de ces nouveaux pouvoirs. (J. F., 14 nov.)
M. Charles Le Hon demande la
parole. (U. B., 14 nov.)
M. le président – Si les orateurs
ne se renferment pas dans l'ordre du jour, je serai obligé de
les rappeler à la question. (U. B., 14 nov.)
M. l’abbé de Foere – Il s'agit
de savoir si le gouvernement existe ou non, question préalable d'une haute
importance et qui doit être résolue avant de nous mettre en rapport avec lui. (J. F., 14
nov.)
M.
Charles Le Hon - Si M. le président avait fait un instant plus tôt
son observation, je n'aurais pas pris la parole. La discussion dans laquelle
nous sommes entraînés est l'argument le plus fort en faveur de la proposition
de M. Van Meenen. Nous nous sommes constitués, mais nous ne marchons pas : car
un corps ne peut marcher sans règles fixes qui déterminent ses mouvements, ou
du moins, s'il marche, il n'avance pas, et c'est pour moi la même chose. Depuis
que notre bureau est nommé, nous faisons des propositions ; on vote, on décide,
et l'on n'arrive à aucun résultat ; tout cela faute de lois. De là aussi
l'absence de dignité, dont se plaignent quelques orateurs. Du reste, je ne saurais
partager l'avis de quelques honorables préopinants qui ont pensé que la
chambre manquerait à cette dignité en revenant sur sa décision d'hier.
Il y a, au contraire, une véritable dignité à reconnaître ses fautes et à les
réparer. Vous en avez donné la preuve hier ; car, après avoir voté, à une
grande majorité, la nomination d'un membre de chaque province pour la rédaction
de l'adresse, vous êtes revenus sur cette décision après l'observation de M.
Forgeur sur le danger qu'il y aurait à sectionner
l'assemblée en provinces.
Dans l'intérêt même de la considération due au gouvernement
provisoire, je désire que l'on revienne sur la question de l'adresse. Cette
adresse n'a été déclarée adoptée que par le silence de l'assemblée, et le
gouvernement mérite, si on veut lui répondre, que notre délibération soit prise
d'une autre manière. C'est pour notre dignité d'abord, et pour la considération
du gouvernement provisoire ensuite, que je demande que l'on adopte la proposition
de M. Van Meenen. (U. B., 14 nov.)
(page 120) M. Pirson parle en
faveur de l'ordre du jour – La commission d'adresse nous présentera un projet ;
nous l'examinerons, nous l'amenderons, nous le rejetterons si nous voulons,
nous traiterons toutes les questions qui peuvent se soulever. La commission
pourra même nous proposer de ne pas faire d'adresse. (C., 14 nov.)
M.
Devaux – Je demande la parole. (Aux
voix! aux voix !!) C'est pour combattre l'accusation
d'usurpation adressée au gouvernement provisoire, aux citoyens qui se sont
dévoués pour sauver la patrie ; cela vaut bien six mots de réponse. (Silence.) Si le gouvernement provisoire avait déposé ses pouvoirs
au moment où son discours a été prononcé dans cette enceinte, où aurait été la
puissance exécutive ? qui aurait gouverné ? Certes, ce
n'est pas cette assemblée, qui n'était pas encore constituée, dont les pouvoirs
n'étaient pas encore vérifiés. La discussion de
l'adresse soulèvera des questions très délicates sur le pouvoir exécutif, qu'il
est au moins impolitique d'aborder dans cet instant. Quant à la proposition de
M. Van Meenen, je ne saurais admettre, avec l'honorable orateur, que
l'assemblée n'ait pas le droit d'adopter une résolution quelconque avant
d'avoir un règlement : s'il en était ainsi, que ferions-nous de la proposition
de l'honorable membre ? Car c'est une proposition aussi, et les formes sont
nécessaires pour son adoption comme pour l'adoption de toute autre. Il y a
d'ailleurs urgence de trancher les questions soulevées par la nomination de la
commission d'adresse, et je ne crains pas, avec un préopinant, que le congrès
s'humilie et compromette sa puissance en remerciant les citoyens qui nous ont
été si utiles dans ces temps de trouble, et qui ne demandent qu'à rentrer dans
les rangs du peuple dès qu'ils ne seront plus nécessaires au bien du pays.
La chambre de France a clos la révolution en huit jours. Je
sais que les circonstances ne sont pas les mêmes, et que nous ne pouvons pas
marcher avec une semblable rapidité ; mais enfin, voici trois jours que nous
perdons en préliminaires ; et cependant l'hiver arrive, et l'agitation des
esprits va toujours croissant, et le commerce est suspendu. Abordons sans
tarder les grandes questions que nous sommes appelés à résoudre ; ne gaspillons
pas notre temps, et songeons à la responsabilité qui pèse sur nous. (U.
B., 14 nov.)
M. Gendebien (père) – Nous sommes tout
à fait constitués par la nomination de notre président ; jusqu'à nouvel ordre,
notre président est en quelque sorte un règlement. Je demande que l'on passe de
suite à la nomination de la commission d'adresse : quand on ne veut pas
répondre, on prend cette résolution de suite et on n'attend.... (U. B., 14
nov.)
M. Kockaert demande, comme le préopinant, que la décision
d'hier soit exécutée. Il pense que le gouvernement n'a pas perdu tous ses
pouvoirs. Il n'entrait pas, dit-il, dans la pensée de nos commettants de replacer
le pays dans l'anarchie. (Aux voix ! Aux voix !1) (C., 14
nov.)
M. Van Meenen – J'espère que l'assemblée, par
égard pour sa dignité dont on lui a tant parlé, voudra bien entendre le dernier
l'auteur de la proposition. (U. B., 14 nov.)
M. le président – L'auteur de la proposition
demande la parole; nous ne pouvons la lui refuser. (C.,14
nov.)
M. Van Meenen – Un des orateurs qui se sont élevés
contre ma proposition, a cru qu'en proposant son adoption j'avais eu en vue le
rejet de la commission d'adresse : il est dans l'erreur, cela était tout à fait
hors de ma pensée : à la vérité, la proposition d'adresse s'est trouvée
comprise dans le sens général de ma proposition, mais c'est chose que je ne
pouvais éviter, et non pas un but que je voulais atteindre.
Un autre
préopinant nous a dit qu'il était de la dignité de l'assemblée de maintenir ses
décisions ; c'est ainsi que le roi déchu comprenait aussi sa dignité, toutes
ses décisions lui paraissaient aussi irrévocables. Mais cette dignité, moi je
l'appellerais morgue, opiniâtreté, entêtement.
- Après avoir répondu successivement à tous les députés qui
ont attaqué sa proposition, l'honorable orateur en demande l'adoption.
(U. B., 14 nov.)
M. Forgeur insiste pour qu'on procède au choix des membres de la
commission d'adresse.... (La clôture 1 la clôture!) (J. F., 14 nov.)
M. le président – Je pense
que tout serait concilié si l'on remettait la nomination de la commission après
l'adoption du règlement. (C., 14 nov.)
Plusieurs députés – Vous
discutez, vous n'en avez pas le droit. (C., 14 nov.)
M. le président – Je ne
discute pas, je résume la discussion. (V. P., 14 nov.)
M.
Charles Le Hon – La discussion est close. M. Lebeau a demandé
l'ordre du jour qui est la nomination de la commission d'adresse. Il faut d'abord
mettre aux voix l'ordre du jour. (C., 14 nov.)
-
L'ordre du jour est mis aux voix par assis et levé: l'épreuve est douteuse. (U.
B., 14 nov.)
M. de Muelenaere - L'appel nominal ! (U. B.,
14 nov.)
(page 121) - L'assemblée décide qu'on
procédera par appel nominal. (C., 14 nov.)
M.
Nothomb, secrétaire, donne lecture de la liste de présence, dans
l'ordre des provinces. (C., 14 nov.)
167
membres répondent à l'appel nominal ; la majorité absolue est de 84 ; 94
membres votent pour, 73 contre ; en. conséquence
l'ordre du jour est adopté. (P. V.)
Ont voté pour: MM. Kockaert, le baron Joseph Vander Linden
d'Hooghvorst, Barthélemy, Barbanson, Vandenhove, l'abbé Corten, Peemans,
l'abbé Vander Linden, le comte d'Ansembourg, le baron Surlet de Chokier, le
baron de Woelmont d'Opleeuw, de Schiervel, Henri de Brouckere, Olislagers de
Sipernau, Gelders, de Gerlache, Raikem, le baron de Stockhem-Méan, de Behr,
Orban, Leclercq, Destriveaux, Collet, Lardinois, de Thier, Forgeur, Lebeau,
Fleussu, Le Bègue, le comte Vilain XIIII, l'abbé Verduyn, d'Hanens-Peers,
Janssens, Verwilghen, le baron de Terbecq, Blomme, de Decker, Devaux, de Man,
de Coninck, l'abbé Verbeke, Vandorpe, Lesaffre, Buyse-Verscheure, Alexandre
Rodenbach, l'abbé Dehaerne, Blargnies, Du Bus, Dumont, Pirmez, J. B. Gendebien,
Nalinne, le comte Werner de Mérode, Gendebien (père), Defacqz, Bredart, Van
Snick, le baron de Leuze, le baron de Stassart, de Labeville, le comte de
Quarré, Pirson, Henry, J. B. Claes, Du Bois, Albert Cogels, le comte de
Robiano,Ooms, Geudens, De Nef, Le Bon, Peeters, Masbourg, Jacques, Marlet,
Nothomb, de Ryckere, Helias d'Huddeghem , Surmont de Volsberghe , le marquis de
Rodes, Van Innis, l'abbé de Smet, Vergauwen-Goethals, Speelman-Rooman, Camille
de Smet, Thienpont, Liedts, Van Hoobrouck de Mooreghem, Louis Beaucarne, Eugène
de Smet, l'abbé Van Crombrugghe, le baron de Meer de Moorsel, Fransman, Van der
Looy.
Ont voté contre: MM. le comte Cornet de Grez, Huysman
d'Annecroix, le comte de Celles, le baron de Viron, Pettens, Van Meenen, Van
der Belen, Wyvekens, Dehemptinne, le comte de Baillet, de Ville, Nopener,
Baugniet, Hennequin, le comte de Renesse, Destouvelles, le vicomte Charles
Vilain XIIII, de Tiecken de Terhove, le chevalier de Theux de Meylandt,
Teuwens, le baron de Liedel de Well, David, Davignon, de Selys Longchamps,
Gustave de Jonghe, de Lehaye, Delwarde, l'abbé Andries, le comte de Bergeyck,
Hippolyte Vilain XIIII, Coppieters, de Muelenaere, le baron de Pélichy van
Huerne, l'abbé de Foere, Maclagan, Serruys, Morel-Danheel, Buylaert, de
Langhe, Mulle, l'abbé Wallaert, le vicomte de Jonghe d'Ardoie, de Roo, (page 121) Constantin Rodenbach, le
baron de Sécus (père), le comte Duval de Beaulieu, Claus, Goffint, Trentesaux,
Charles Le Hon, Allard, Cauvin, Fr. Lehon, le marquis de Trazegnies, le marquis
Rodrigue y d'Evora y Vega, le. baron Frédéric de Sécus, de Rouillé, le vicomte
de Bousies de Rouveroy, le vicomte Desmanet de Biesme, Fallon, Seron, de
Robaulx, Henri Cogels, d'Hanis van Cannart, Le Grelle, Werbrouck-Pieters, le
baron Osy, l'abbé Boucqueau de Villeraie, Domis, Dams, Zoude (de Saint-Hubert)
, le baron d'Huart, François. (C., 14 nov.)
Nomination
de la commission d'adresse
M. de Gerlache occupant le fauteuil – Nous allons
procéder à la nomination des bureaux de scrutateurs:
1e
bureau MM. Charles Le Hon, le baron de Stassart, Zoude.
2e
bureau MM. le comte Vilain XIIII, Fallon, Barthélemy.
3e
bureau MM. Forgeur, François, de Muelenaere.
4e
bureau : MM. Destouvelles, Devaux, Thienpont. (U. B., 14 nov.)
On
procède ensuite au scrutin pour le choix des membres de la commission
d'adresse, qui, d'après la décision prise hier, doivent être nommés à la simple
pluralité des voix. (P.V.)
M. le baron Surlet de
Chokier reprend le fauteuil et proclame le résultat du scrutin :
M. de
Gerlache a obtenu 112 suffrages.
M. le baron de Sécus (père), 97
M. le baron de Stassart, 72
M. de Muelenaere, 70
M. Destouvelles, 66
M. le comte de Celles, 61
M. Théophile Fallon, 55
M. Hennequin, 52
M. le comte de Robiano, 49
M. le comte
Duval de Beaulieu, 49
M. Charles Le Hon, 49
M. l'abbé de Smet, 44
M. l'abbé
Van Crombrugghe, 41
M. Destriveaux, 34
M. Pirson, 32
M. Forgeur, 29
M. Van Meenen, 26
M. l'abbé de Foere, 24 (C., 14 nov.)
Les
neuf premiers députés sont proclamés membres de la commission d'adresse. (P.
V.)
(page 122) M. de Langhe,
rapporteur de la septième commission de vérification des pouvoirs, propose
l'admission de M. le marquis d'Yve de Bavay, 2e suppléant du
district de Soignies, en remplacement de M. le baron Frédéric de Sécus, optant
pour un autre district, M. l'abbé Duvivier, 1e suppléant, n'ayant
point accepté. (C., 14 nov.)
- Ces conclusions
sont adoptées. (P. V.)
La 2e
commission fera demain son rapport sur les élections du district de
Diekirch. (U.B., 14 nov.)
M. de Gerlache, rapporteur de la commission chargée
de rédiger un projet de règlement pour le congrès, a la parole – La commission
s'est bornée à revoir le projet de règlement qui vous a été distribué au nom du
gouvernement provisoire, et y a fait quelques changements. L'art. 6 est
nouveau. L'art. 12, qui accorde aux membres du gouvernement provisoire entrée
au congrès, a soulevé des difficulté ; il a été
maintenu sauf une addition.
M.
le rapporteur indique encore quelques autres changements. (C., 14 nov.)
DISCUSSION
DU PROJET DE REGLEMENT POUR LE CONGRES
M. le président – La discussion
est ouverte sur le projet de règlement. (J. F., 14 nov.)
« DU BUREAU PROVISOIRE ET DE
Articles 1 et 2
«
Art. 1. Le doyen d'âge occupe provisoirement le fauteuil.
« Les
quatre plus jeunes députés font provisoirement les fonctions de
secrétaires. »
________________
« Art. 2. Le
président d'âge nomme sept commissions de neuf membres,
entre lesquelles seront répartis les procès-verbaux d'élection avec les pièces
justificatives ; chacune d'elles nomme un rapporteur chargé de présenter au
congrès le travail de sa commission.
« L'assemblée
prononce sur la validité des élections, et le président proclame députés ceux
dont les pouvoirs ont été déclarés valides. » (A. C.)
M. de Robaulx demande si
ce règlement est destiné aux assemblées législatives qui doivent suivre le
congrès. (De toutes parts: Non, non!) Alors l'article 2 est inutile
comme l'article 1e, attendu qu'il n'existe pas de bureau provisoire
et (page 122) que les pouvoirs sont
vérifiés. (U. B. et C., 14 nov.)
M.
Fleussu – Pardonnez-moi, il y a encore des suppléants qui ne
sont pas reçus. (U. B., 14 nov.)
Plusieurs
autres membres font la même observation. (C., 14 nov.)
- Les deux
articles sont adoptés. (P. V.)
« DU BUREAU
DÉFINITIF »
Articles 3 à 6
« Art.
« Le bureau
sera renouvelé tous les mois. » (A.
C.)
- Adopté sans
réclamation. (P. V.)
___________________
« Art. 4. Le
bureau pourra adjoindre aux quatre secrétaires deux commis qui assisteront aux séances. »
(A. C.)
M. le marquis de Trazegnies – Je vous demande, monsieur
le président, ce qu'on fera des commis quand les séances seront secrètes. (J.F., 14
nov.)
M. le président
– On les renverra. (Hilarité générale.) (J.F., 14 nov.)
M. le vicomte Charles Vilain XIIII demande la
suppression des mots, « qui
assisteront aux séances. » (J.F, 14 nov.)
M. Van Meenen propose la rédaction suivante:
« qui assisteront aux séances publiques. » (C.,
14 nov.)
- Adopté. (P.V.)
____________________
« Art.
5. La nomination du président a lieu à la majorité absolue des suffrages.
Si au premier tour de scrutin aucun membre n'obtient la majorité
absolue, il est procédé à un scrutin de ballottage entre les deux membres
qui ont réuni le plus de voix.
« Les
autres nominations sont faites à la majorité relative et par bulletin de
liste.
« En cas de
parité de suffrages, la préférence est accordée au plus âgé. » (A. C.)
M. le comte de Quarré., demande qu'il ne soit
procédé au scrutin de ballottage qu'après que le deuxième tour de scrutin n'a
pas amené de majorité.(C., 14 nov.)
- L'article ainsi amendé est adopté. (P. V)
___________________
« Art. 6. Les
secrétaires vérifient le nombre des votants ; des scrutateurs tirés au sort
dépouillent le scrutin. » (A. C.)
- Adopté sans
réclamation. (P. V.)
« Art. 7. Les fonctions du président sont
de maintenir l'ordre dans l'assemblée, de faire observer le
règlement, d'accorder la parole, de (page 123) poser les questions, d'annoncer le résultat des suffrages, de prononcer les décisions de la chambre et de porter la parole en son nom et conformément à son vœu.
« Il ne peut prendre la parole dans un débat que pour présenter
l'état de la question et y ramener ; s'il veut discuter, il quitte le fauteuil,
et ne peut le reprendre qu'après que la discussion
sur la question est terminée. » (A. C.)
M.
l’abbé de Foere voit beaucoup d'arbitraire dans la disposition qui attribue au
président le pouvoir d'accorder et par conséquent de refuser la parole. Il
demande une rédaction plus précise. (C., 14 nov.)
M. de Man propose un amendement conçu en ces termes: « Le président ne peut refuser la parole que
dans les cas prévus par le règlement. » (U. B., 14 nov.)
M. Forgeur propose la rédaction suivante:
« d'accorder la parole suivant
l'ordre des demandes. » (C., 14 nov.)
M. Trentesaux – On a proposé d'ajouter à l'art. 7 : la parole « suivant l'ordre des demandes » et
quand il n'y a qu'un orateur, quel ordre suivra-t-on? (Hilarité,) Je
demande la suppression, (Non! non !) (J.
F., 14 nov.)
- L'amendement de M. Forgeur est adopté. (C., 14 nov.)
M. l’abbé de Foere désire qu'on ajoute à l'article
que le président ne pourra jamais et sous aucun prétexte « qualifier » le discours d'un
orateur.
L'honorable député, prié de remettre son amendement
par écrit, le rédige en ces termes : « Il est interdit au président de qualifier les discours des
orateurs. »
Ou bien:
« Le président
gardera dans les discussions la plus stricte neutralité. » (J. F. et C., 14 nov.)
Plusieurs membres font observer que le président doit avoir le droit de rappeler à l'ordre
ou à la question. (C., 14 nov.)
- Après une assez longue discussion où se fait remarquer beaucoup
d'hésitation, l'amendement est rejeté comme inutile. (C., 14 nov.)
Un membre propose de dire, au § 2, « sur un débat ». (J. F.,
14 nov.)
Un autre membre –
« A un débat ». (Aux voix!) (J. F., 14 nov.)
- L'article 7, amendé par M. Forgeur, est adopté avec la substitution
des mots : « du congrès », à
ceux : « de la chambre. »
(P. V.)
« Art. 8. Le président donne, à chaque séance, connaissance à
l'assemblée des messages, lettres et autres envois qui la concernent. » (A. C.)
M. Van Hoobrouck de Mooreghem demande
qu'il soit défendu de distribuer un écrit « non signé », et que le président soit
autorisé à ne pas en donner connaissance à la chambre. Hier, dit-il, des exemplaires
d'un écrit anonyme, par lequel on nous invite en termes très impératifs à
proclamer la république, ont été, je ne sais comment, répandus parmi nous. (C.
14
nov.)
M. le baron de Sécus (père) : J'appuie
cette proposition. Nous avons vu souvent, dans l'ancienne chambre, des écrits
jeter le trouble dans l'assemblée. (J.
B., 14 nov.)
M. de Robaulx pense qu'il ne faut pas priver
l'assemblée de la lecture d'un écrit même anonyme qui renfermerait des
vues utiles. (C., 14 nov.)
M. le baron de Sécus (père) : Comme les
séances
sont publiques, on pourrait accorder au président la faculté de convoquer
l'assemblée en comité général pour en faire la communication. (J. B., 14 nov.)
M. Barthélemy propose de laisser la commission
des pétitions juger de l'écrit et décider s'il faut en faire ou non un rapport
à l'assemblée. (J, B., 14 nov.)
M. le comte de Quarré : Le
président pourrait donner connaissance de l'envoi et remettre ensuite l'écrit
à la commission des pétitions pour en faire un rapport. (J.B., 14 nov.)
M. Destouvelles propose l'addition suivante: « à l'exception des écrits anonymes. » (C., 14 nov.)
M. Van Meenen demande
qu'il soit ajouté : « et
pseudonymes » (C., 14 nov.)
M. de Gerlache : C'est inutile. Un écrit
pseudonyme est aussi anonyme. (C., 14 nov.)
-
Le sous-amendement de M. Van Meenen est rejeté; l'amendement de M. Destouvelles
est adopté. (C., 14 nov.)
L'article 8 ainsi amendé est adopté. (P. V.)
« Art. 9.
Les fonctions des secrétaires sont de surveiller la rédaction du procès-verbal,
d'en faire lecture, d'inscrire pour la parole les députés suivant l'ordre de
leur demande, de tenir note des résolutions ; en un mot, de faire tout ce qui
est du ressort du bureau.
«
Les secrétaires peuvent parler dans les discussions, mais en prenant chaque
fois place parmi les députés. » (A.C.)
M. Jacques propose d'ajouter aux mots: « tenir note des résolutions », les
mots: « d'assurer la prompte
impression et distribution des pièces qui doivent être remises à chaque
député »; en un mot, etc. (A,.)
M. de Robaulx : Il ne
convient pas de dire (page 124)
cela. Les expressions « en un
mot », etc., en tiennent lieu. (C., 14 nov.)
- L'amendement est
rejeté. (C., 14 nov.)
M. le comte Duval de Beaulieu demande qu'il
soit interdit aux secrétaires qui ont pris la parole dans un débat, de se
replacer au bureau avant la fin de la discussion. Il demande que le paragraphe
de l'art. 7 relatif au président leur soit applicable.
(C., 14 nov.)
Un membre fait
observer qu'il n'y a pas le même motif, et M. le comte Duval de Beaulieu retire son
amendement. (C., 14 nov.)
M. le baron de Stassart demande si,
en ordonnant aux secrétaires qui veulent parler, de prendre place parmi les
députés, on ne préjuge pas une question, celle de savoir s'il y aura une
tribune ou non. (C., 14 nov.)
M. de Muelenaere répond que la question reste
entière. (C., 14 nov.)
- L'article est
adopté. (P.V.)
« Art. 10.
Le président et les secrétaires renvoient aux sections toutes les pièces
relatives aux objets qui doivent y être discutés.
« Les
procès-verbaux et les résolutions sont signés, immédiatement après leur
adoption, par le président et les secrétaires. » (A. C.)
M. Van Meenen propose la rédaction suivante :
« Les
président et secrétaires renvoient aux sections et aux commissions. » (C., 14 nov.)
-
L'article est adopté avec cette addition. (P.V.)
M. de Robaulx propose qu'il soit nommé des
questeurs, et qu'il soit inséré à cet égard une disposition dans le règlement.
(C., 14 nov.)
M. le baron de Stassart – Je pense que la nation
attend du congrès l'examen de questions plus importantes que celle de savoir
s'il y aura des questeurs. Le congrès national peut s'en passer, et le corps
législatif qui nous succédera fera sur ce point ce qu'il jugera convenable. (De
toutes parts: Appuyé! appuyé!) (J. B., 14 nov.)
M. de Robaulx retire sa proposition. (J. B., 14
nov.)
«
COMMUNICATIONS ENTRE LE CONGRÈS NATIONAL ET LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE »
Articles 11 et 12
(ajournés)
« Art. 11.
Dès que le congrès sera constitué, il en donnera connaissance au gouvernement
provisoire.
» Art. 12. Les
membres du gouvernement provisoire ont entrée au congrès; ils ont le droit
d'être entendus quand ils le demandent. Il y a dans la salle des places qui
leur sont exclusivement réservées.
« Le
congrès peut requérir la présence des chefs de comités d'administration
générale.
« Les messages
du gouvernement sont portés au congrès par le chef d'administration générale
qu'ils concernent ; celui-ci peut se faire assister de
commissaires. ») (A. C.)
Il est donné
lecture de la proposition suivante :
« J'ai l'honneur
de proposer à l'assemblée de différer la discussion des articles 11 et 12 du
projet, relatifs aux rapports à établir entre le congrès et le gouvernement
provisoire, jusqu'après l'adoption des autres articles du règlement qui établiront
la forme la plus utile pour l'examen et la discussion dès propositions soumises
à vos délibérations.
« 12
novembre 1830.
« B.
DE
THEUX. » (C., 14 nov.)
M. le chevalier de Theux de Meylandt – Les motifs de cette proposition
sont puisés dans la discussion qui vient d'avoir lieu sur la nature même du
gouvernement provisoire, lorsqu'il s'est agi de nommer une commission pour
répondre au discours du gouvernement provisoire ; cette discussion se
renouvellerait à l'instant même ; tandis qu'il me semble convenable que tout
ce qui tient au gouvernement provisoire soit examiné dans les sections en
comité général, avant la discussion publique. Quant à moi, j'applaudis aussi
au zèle du gouvernement provisoire, mais nous devons procéder avec un soin
particulier au confectionnement de la partie du
règlement dont il s'agit. (C., 14 nov.)
Les articles
11 et 12 sont ajournés. (P. V.)
Article 13
« Art. 13. Le président
fait l'ouverture et annonce la clôture des séances ; il indique à la fin de chacune,
après avoir consulté l'assemblée, l'heure d'ouverture de la séance
suivante et l’ordre du jour, lequel sera affiché dans la salle. » (A. C.)
- Adopté. (P.V)
« Art. 14. Les
séances du congrès sont publiques. Néanmoins l’assemblée se forme en comité général sur
la demande de vingt membres.
« Les membres
qui réclament un comité général en font expressément la demande, et leurs noms
sont inscrits au procès-verbal.» (A. C.)
(page
125) M. le baron de Sécus (père) propose la rédaction
suivante: « Sur la demande du
président ou de vingt membres ». Il peut nous être fait des
communications diplomatiques ou autres qui exigent le secret, du moins pendant
quelque temps. Le président doit avoir le droit de le provoquer. (C., 14 nov.)
M. Van Snick – Messieurs,
les affaires du gouvernement sont celles de la société, et il me semble que les
cas où le comité secret peut être demandé doivent être fort rares ; en
conséquence, bien loin de vouloir donner au président le pouvoir d'ordonner le
huis clos, je demande que le huis clos ne puisse être prononcé que par la majorité
absolue des membres présents. (U. B., 14 nov.)
M. de Robaulx – J’appuie la
proposition de M. Van Snick : dans les circonstances graves où nous nous
trouvons, il est impossible que la chambre veuille consentir à se laisser
dominer par une coterie ; d"ailleurs, il ne peut jamais être juste que
vingt membres imposent leur opinion à un congrès de deux cents personnes. Dans
toute circonstance, l'avis de la majorité doit prévaloir ; le règne des
minorités est passé. Il pourrait résulter de l'adoption de l'art. 14 qu'une
coterie de quelques personnes pourrait nous imposer un perpétuel huis clos :
cela ne saurait être adopté. (U.B.. 14 nov.)
Un membre demande la publicité absolue
et le rejet de toute exception. (C., 14 nov.)
M. le baron de Sécus (père) s'élève
contre cette proposition. C'est dans l'intérêt de la société, dit-il, que les
principes de liberté et de publicité ne doivent pas être poussés à l'extrême.
(C. 14 nov.)
M. Destriveaux pense que les termes sont
trop impératifs. Il propose la rédaction suivante: « néanmoins l'assemblée peut se former,
etc. » (C., 14 nov.)
Plusieurs membres font
d'autres amendements. (C., 14 nov.)
M. Forgeur – Je propose la rédaction suivante,
qui me paraît propre à concilier toutes les opinions : « Néanmoins, l'assemblée se forme en comité
général sur la demande du président ou de vingt membres ; elle décide ensuite à
la majorité absolue si la séance sera reprise en public sur le même
objet. »
Vingt membres ou le président peuvent avoir de très graves
motifs pour demander le huis clos ; ces motifs peuvent être d'une nature telle,
qu'il soit impossible de les développer en public : au moyen de la rédaction
que je propose, l'assemblée ne sera jamais soumise aux influences d'une
coterie, puisque c'est elle qui décidera si le huis clos doit ou non être
maintenu. (Appuyé.) (U. B., 14 nov., et P. V.)
M.
Dumont pense que la demande de dix membres peut suffire. (C., 14 nov.)
-
Le sous-amendement de M. Dumont est rejeté et l'amendement de M. Forgeur
adopté. (C., 14 nov.)
L'art.
14 ainsi amendé est adopté. (P. V.)
COMMUNICATION
DU GOUVERNEMENT
PROVISOIRE
M. le président:
L'assemblée me permettra d'interrompre la discussion du règlement. Je viens de
recevoir le message suivant (mouvement marqué d'attention) :
« Bruxelles,
ce 12 novembre 1830.
« Le
gouvernement provisoire annonce à M. le président du congrès national qu'il a
une communication importante à lui adresser. Il désire connaître le moment où
le congrès national pourra le recevoir.
« Par
ordre du comité central, F. DE COPPIN. » (C., 14 nov.
et A.)
Un membre – A six heures.
Tous les autres – De suite.
(E., 14 nov.)
M. le comte de Quarré – Il est utile de savoir si cette
communication peut être faite en séance publique ou en comité secret. (E., 14
nov.)
Un membre propose de faire demander au comité central si la
communication est de nature à réclamer le comité secret. (J. F., 14 nov.)
M. le président: Un
huissier vient de se rendre au gouvernement pour savoir s'il est encore en
séance; la réponse nous fixera sur l'heure et la forme de la communication.
(E., 14 nov.)
Un membre – Comme il n'y a pas de place désignée pour le
gouvernement dans cette enceinte, si on lui permet de s'y introduire, où le
mettrons-nous? (Hilarité.) (E., 14 nov.)
M. le président – Sur ce
qui vient de m'être rapporté, j'ai l'honneur de prévenir l'assemblée que le
gouvernement est encore en séance. Je dois vous consulter sur l'heure à
laquelle il sera reçu. (E., 14 nov.)
De toutes parts – De suite,
de suite. (E., 14 nov.)
L'un des
secrétaires, sur l'ordre du président, écrit au gouvernement provisoire que
l'assemblée recevra la communication séance tenante (C., 14 nov.)
(page 126) Il fait tout à fait nuit. Le président suspend la séance ; pendant ce temps
les huissiers éclairent la salle au moyen de bougies placées sur les pupitres
des députés et sur le bureau.
Des
conversations particulières s'engagent. On se demande de toutes parts quelle
peut être la communication si mystérieusement annoncée.
M. le président reprend le
fauteuil; il annonce que M. Charles Rogier est délégué par le gouvernement
provisoire pour faire la communication en personne, si l'assemblée le permet. (C., 14
nov.)
L'assemblée
décide que M. Charles Rogier sera entendu en personne. (P. V.)
M. le président charge MM.
le comte de Quarré et Vandenhove d'introduire M. Charles Rogier dans le sein de
l'assemblée. (P. V.)
M.
Charles Rogier entre dans la salle,
accompagné de ces deux députés. (Profond silence.) Il vient se placer devant le bureau et dit que le
gouvernement provisoire le charge, comme son président du jour, de faire une
communication.
Il lit
ensuite un acte du 12 novembre par lequel le gouvernement provisoire résigne
ses fonctions dans le sein du congrès national. Puis il dépose sur le bureau
le recueil des actes du gouvernement provisoire et se retire. (Morne
silence.) (C., 14 nov.)
M. le président – L'assemblée
donne acte au gouvernement provisoire de la démission qu'il vient de donner.
J'ouvre la discussion sur la question de savoir quelle mesure nous devons
prendre. (C., 14 nov.)
M. Pirson – Nous avons
nommé une commission pour faire un projet d'adresse au gouvernement provisoire
; cette commission devient sans objet, le gouvernement provisoire n'existant
plus. Néanmoins comme cette commission est composée de membres choisis par
l'assemblée même, je propose qu'elle soit chargée de nous présenter un travail
sur les mesures à prendre dans les circonstances où nous nous trouvons. (C.,
14 nov.)
M. le baron de Stassart - Nous ne pouvons procéder de cette manière. Il ne peut y
avoir de vacance pour le pouvoir exécutif. Il faut le déléguer sur-le-champ.
Je ne connais personne de plus digne de cette délégation que les membres de
l'ancien gouvernement provisoire. (Bravos! Explosion d'applaudissements
dans la salle et les tribunes.) (C.,
14
nov.)
M. Vandenhove avec émotion –
Nous pouvons avec confiance charger du pouvoir exécutif les grands
citoyens qui ont sauvé le pays et l'ont gouverné pendant deux mois. (Nouvelle
explosion d'applaudissements. ) (C., 14 nov.)
M. le comte de Quarré demande
qu'il soit en outre voté des remercîments au gouvernement provisoire. (Les
applaudissements redoublent.) (J. F., 14 nov.)
- Cette proposition est adoptée ; l’assemblée décide
ensuite que le pouvoir exécutif sera délégué aux personnes qui composaient
l'ancien gouvernement provisoire. (P. V.)
M. le baron de Stassart demande que la résolution de rassemblée leur soit à l'instant
notifiée par une députation. (U. B., 14 nov.)
Plusieurs membres – Le
président du comité central est venu dans notre enceinte nous donner
communication du message, nous pouvons charger notre président et le bureau de
faire connaître notre réponse. (C., 14 nov.)
Plusieurs voix – Nommons une commission! Voix
plus nombreuses: Non! le bureau ! c'est plus facile. (C., 14 nov.)
- Il est décidé que le bureau se rendra dans le local ou
siégeait l'ancien gouvernement provisoire, pour notifier aux membres qui le
composaient la résolution du congrès, et pour installer le nouveau gouvernement.
(P. V.)
Pendant que le bureau s'occupe à rédiger la résolution
de l’assemblée, M. Charles Le Hon prend la
parole. Il désire que l'étendue du pouvoir du gouvernement provisoire soit
déterminée positivement, et que ses pouvoirs se bornent à l'exécution.
(C., 14 nov.)
M.
l’abbé de Foere appuie la proposition de M. Le
Hon. (U. B., 14 nov.)
(page 127) M. Van Snick dit que les limites du
pouvoir exécutif sont déterminées, et qu'on suivra à cet égard les errements de
l'ancienne loi fondamentale. (U. B.,
14 nov.)
M. de Robaulx veut que le nouveau mandat
ne soit ni irrévocable, ni indéfini ; que le congrès n'abdique pas la
souveraineté. (C., 14 nov.)
M. le président – C'est dans ce sens que le
bureau vient d'arrêter la réponse de l'assemblée. Le bureau cependant ne veut
point en avoir la responsabilité. Un de ses membres va nous en donner lecture. (C.,
14 nov.)
M. Forgeur, secrétaire, lit la pièce suivante – « Le congrès
national, appréciant les grands services que le gouvernement
provisoire a rendus au peuple belge, nous a chargés de vous en témoigner et sa
vive reconnaissance et celle de la nation dont il est l'organe ; il nous a
chargés également de vous manifester son désir, sa volonté même, de vous voir
conserver le pouvoir exécutif jusqu'à ce qu'il y ait été autrement pourvu par
le congrès.
« Bruxelles,
le 12 novembre 1830.
» Le président du
congrès,
« SURLET DE
CHOKIER.
« Les
secrétaires,
« LIEDTS,
NOTHOMB, V. VILAIN XIIII, FORGEUR.» (P. V.)
-
Celle adresse est approuvée par l'assemblée. (P. V.)
M. le président. Je déclare
l'assemblée en permanence jusqu'au retour du bureau, et j'invite M. de Gerlache, vice-président, à occuper le fauteuil ; il est tout
simple que l'assemblée attende notre retour, car il n'est pas dit que ces
messieurs accepteront. (U. B., 14 nov.)
Le bureau sort de la salle. Une demi-heure après il entre ; la séance
est reprise.
M. le président : Nous avons eu l'honneur de
transmettre au gouvernement provisoire les vœux du congrès : à cause de ma
mauvaise vue, je prie M: Nothomb, l'un des secrétaires, de lire la réponse du
gouvernement. (U. B., 14 nov.)
M. Nothomb, secrétaire, donne lecture de cette
réponse qui porte que le gouvernement provisoire continuera d'exercer le
pouvoir exécutif jusqu'à ce que le congrès l'ait remplacé par un pouvoir définitif.
Cette lecture est suivie de vifs applaudissements. (E., 14 nov.)
M. Théophile Fallon demande qu'il en soit fait mention au procès-verbal. (E., 14 nov.)
Il est décidé sans opposition que ce document sera
inséré au procès-verbal. (P. V.)
M. le président: L'heure est trop avancée pour que
nous puissions reprendre la discussion du
règlement. (C.,
14 nov.)
- Il est six heures et demie, la séance est levée. (P.V.)